[FORUM FERME]
 
Le Deal du moment : -15%
(Adhérents) LEGO® Icons 10318 Le Concorde
Voir le deal
169.99 €

 

 L'Aigle de Corsilvam

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3
AuteurMessage
Relator

Maitre du jeu

Relator

Messages : 31
Date d'inscription : 27/03/2020


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeDim 2 Aoû - 18:55


Darmuid fit un pas en avant pour achever l'officier ruvien. Il savait que les légionnaires dépendaient de la chaîne de commandement et sans leur chef, les soldats reculeraient pour permettre à ses hommes de respirer un peu et de s'échapper de leur glaives assassins. Il leva sa hache, prêt à mettre un terme à cette bataille improvisée où plusieurs des maraudeurs avaient péris sans réelle gloire. Une motte de boue vint exploser sur sa joue, le forçant à faire un pas en arrière et à secouer la tête pour chasser la terre humide de devant ses yeux. Les mâchoires serrées et les jointures de ses doigts blanchies à force de serrer le manche de sa hache avec hargne, Darmuid lança un regard mauvais à celui qui osait se mettre entre sa proie et lui.

Un légionnaire, un simple légionnaire qui mettait son corps en opposition, protégeant dans un élan de bravoure son supérieur en se relevant pour lui faire face. L'impudent ! Il attaqua, comme le bon petit soldat qu'il était, usant de son gladius et de son bouclier l'un après l'autre, usant des passes qu'enseignaient les instructeurs de la Legio. Un coup, un pas, une parade, un pas. Darmuid connaissait bien ces enchaînements et comment les contrer. Une esquive sur ce coup-ci, un pas de côté et une riposte sur ce coup-là. Sans être une démonstration contre un bleu aux mouvements encore maladroit, le corps-à-corps se passait bien pour le chef des maraudeurs qui remarqua alors le sang qui coulait depuis l'épaule de son adversaire. Le ruvien semblait peiner à lever et abattre son arme à cause de sa blessure et plus le combat durerait, plus Darmuid serait le vainqueur.

Un bruit sourd retentit sur sa gauche et du coin de l'oeil il observa le projectile qui venait de tomber à quelques coudées de lui. Une tête roula dans la boue avant de révéler le visage de Fylhip, un Cléirigh colossal qui avait rejoint ses rangs il y avait des mois de celà. Ce barbare était une véritable force de la nature et quiconque avait triomphé de lui devait être un adversaire redoutable. Il avait vu le géant porter des bûches et des roches énormes et ses coups de masse faisaient des dégâts famramineux au malheureux qui les recevaient. Darmuid avait toujours pensé que ce grand gaillard lui survivrait et que nul ne pourrait être son égal dans un combat. Il s'était lourdement trompé. Une esquive de plus et le ruvien fut légèrement déséquilibré vers l'avant. L'ouverture était trop belle pour qu'il ne se saisisse pas de l'aubaine. Le chef des maraudeurs envoya un grand coup de pied dans le sternum de son adversaire qui recula et se heurta au tronc épais d'un frêne.

Le regard de Darmuid se tourna l'espace d'un instant aux alentours. Ses hommes fuyaient ou mourraient, les ruviens avaient remporté ce combat. Il hésita. Etait-il prêt à donner sa vie ? Une autre question vint alors heurter son esprit. Où était l'Aigle ? Les secondes qui suivirent semblèrent ralentir, jusqu'à un arrêt quasi-total. Ses méninges tournaient à plein régime tandis qu'il tentait de faire le point. Le corps sanguinolent du centurion était à quelques pas. Le légionnaire qui l'avait défendu était repoussé et blessé. Ses braves maraudeurs étaient égorgés et éventrés, la face dans la boue ou les yeux ouverts vers le ciel qui continuaient à déverser des torrents sur eux. Une grimace déforma son visage et il cracha un glaviot vers Falco.

Sale suceur de queue ! RETRAITE !!

***

Grida encocha une flèche et visa calememnt la carriole du ruvien. Le chaman avait préféré se mettre à couvert mais dès qu'il pointerait le bout de son nez, elle l'empalerait sans vergogne. Une silhouette dépassa le cul de la charrette et la flèche siffla pour venir raser le dos du négociant qui s'attelait à couper ses ronces avec entrain. Elle gronda un juron entre ses dents avant d'encocher une nouvelle flèche et de faire quelques pas pour s'approcher de l'engin. Le ruvien semblait avoir trouver une énergie qui lui avait fait défaut lorsque l'archère l'avait rencontrée un peu plus tôt. Il trancha les dernières tiges végétales avant de se diriger vers le banc de conduite. Grida banda l'arc et la corde glissa le long de sa joue en libérant un nouveau projectile. Et ce satané ruvien se baissa au même instant, comme s'il avait été prévenu par ses dieux de sa mort imminente. Un nouveau trait trouva sa place contre la corde et lorsque le chaman sortit de son terrier improvisé, elle tira une nouvelle fois. Le vieillard était prompt et il se réfugia in extremis dans la carriole pour se cacher. Le bruit de la flèche mordant le bois trouva en écho un cri de frustration de la jeune femme. Ces deux guignols venaient d'échapper à sa colère, ils allaient à présent connaître sa haine.

Elle jeta son arc et déboucla la ceinture qui maintenait le carquois contre sa jambe. Elle se mit à courir en dégainant sa dague. Cette arme qu'elle avait reçu en même temps que son Fàinngàirdean. La lame était large et légèrement recourbée, une véritable oeuvre d'art que lui avait offert son forgeron de père. Cette lame vengerait Taralis et c'est comme si toute la famille serait là pour honorer la mémoire de son défunt frère. Elle courut, courut, poussa une branche basse, courut encore, sauta une pierre plate couverte de mousse, prit appui sur une souche et sauta ... Son cri enragé souligna les traits furieux qui déformaient le visage de Grida. Elle atterit dans le plateau de la carriole au moment où le ruvien fouettait le cul du cheval qui s'élança dans un cavalcade endiablée. Le démarrage déséquilibra la jeune femme qui s'effondra sur la droite tombant sur le dos du ruvien. Elle parvint à se redresser tant bien que mal pour toiser d'un oeil torve le chaman dont le sang coulait depuis la large plaie qui barrait son épaule. Elle le tenait.

Marcus:

Licnos:

Pictor:

Asinius:
Revenir en haut Aller en bas
Marcus Cartae

Citoyen

Marcus Cartae

Messages : 51
Date d'inscription : 28/04/2020

Personnage
Âge: 24
Métier: Negociant
Statut: Citoyen


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 3 Aoû - 21:31


Tout se passa très vite ; trop vite pour que le négociant ait le temps de négocier quoi que ce soit. Licnos grimpa sur sa charrette, se couvrit d'un bouclier trouvé là, puis il y eut le départ de Celer, ses rênes qui échappèrent aux mains du charretier, puis l'arrivée - comme une flèche - de la barbare qui, tantôt déjà, avait fait irruption dans la tente du chef pour dézinguer le "lapin". Marcus devait faire quelque chose ! L'adrénaline fit irruption dans son corps et il réagit au quart de tour ; spontanément. Son geste put sembler étrange aux Dieux car il n'avait pas d'accointance particulière avec le grand lièvre gris... et pourtant, ce dernier était sur le plateau de sa charrette alors... il devait le sauver... et puis il y avait aussi ce rejet de la mort. Et cette femme au regard noir qui se jeta sur le vieux chaman pour lui ôter la vie. Cela, il ne pouvait le laisser faire ! Aussi se jeta-t-il sur elle pour tenter d'empêcher ce crime sur son "territoire". Seulement la charrette était détrempée et dans sa précipitation, le marchand glissa et tomba à la renverse, hors sa charrette, dans la boue, au beau milieu du champ de bataille vers lequel cet idiot de Celer avait foncé !

Ces rêves de gloires s'évanouissaient d'un seul coup !

Il se releva tant bien que mal, heureux de ne pas être blessé et s'essuya le visage. Derrière lui il entendit des voix. Il se retourna et vit les quelques légionnaires survivants, les vainqueurs, qui marchaient en ligne vers lui.

"Ave, mes amis..." commença-t-il sans trop de conviction. Et, s'entendant parler, il comprit qu'il aurait besoin de faire meilleur figure que ça s'il voulait s'en sortir. Il prit une grande inspiration et d'une voix pleine d'émotion continua avec la force du désespoir : "J'ai bien cru qu'ils allaient me tuer ! Merci à vous de m'avoir libéré, grand merci ! Je croyais qu'j'allais y rester ! Je n'sais où ils voulaient m'emmener... Quel malheur ! Quelle horreur !"

Il soupira, fit non de la tête, puis eut une idée... Une idée de génie ! Enfin... peut-être... L'avenir le lui dirait.

"Ils ont même volé l'Aigle ! Votre étendard ! NOTRE étendard !!! L'étendard de notre chère légion ! Dans ma charrette ils l'ont caché ! Ils... Ils l'ont volé... notre précieux !"
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t124-marcus-cartae-correcti
Magetobrigos le Sanglier

Cléirigh

Magetobrigos le Sanglier

Messages : 45
Date d'inscription : 01/04/2020

Personnage
Âge: 38 ans
Métier: Roi des Cléirigh
Statut: Cléirigh


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeMer 5 Aoû - 13:17



Derrière son pavois, le monde lui semblait sûr, réconfortant. En fermant les yeux et en y pensant très fort, il aurait pu se croire dans un confortable terrier, revenu à l'âge bénis de la tétée. En y mettant un brin d'imagination, du renifloir il pouvait humer les relents laiteux et humiques qui se dégageaient de la hase, mère et gardienne du foyer. Ô qu'il était bon de revenir à ces instants venues d'une autre vie, d'une autres existence, d'une autre race que la sienne. La réalité lui semblait fade en comparaison, fade et dangereuse. Par le Grand-Lièvre, qu'aurait t'il donné pour une poignée de champignon à large front ! Cela au moins pouvait vous transportez dans le pays de l'été, le pays des spiors et du jour éternel ; à un point tel, que revenir en arrière devenait aussi difficile que de se séparer des cuisses des belles du Val de Cosotiona.
Licnos le savait, il en avait déjà fait l'expérience.

Un violent sursaut envoya sa caboche cogner contre la ridelle arrière. Le choc ne lui fit point souffrir, mais le ramena au présent qu'il espérait fuir à tout prix. Pour sûr que la gueulante fit son effet : la carriole s'en va droit avant, cahotant chaos réconfortant qui pour le chaman, était signe de survie. Mais ce départ n'eut pas l'effet escompté, car avec lui, la mort vint du ciel.

S'étant permis un bref regard au-dessus de la tranche, Licnos écarquilla d'énorme soucoupe à la vue qui s'offrit à lui. Tel fameux faucon de proie fendant les fourrées en un pique vengeur, la bâtarde Pluincéid débarqua sur son espace, son foyer, son sauve conduit. Figé par la consternation et la peur, c'est la colère qui lui tenailla vite les entrailles. Cette femme se révélait être une vraie sangsue, n'avait t'elle donc rien comprit à l'acte charitable qu'il avait effectué pour son frère ? Aucune compassion, aucune reconnaissance ! Se préparant à affronter son sort comme un vieux poil gris qu'il était, les Tuas intervinrent une nouvelle fois en sa faveur, d'une façon qu'il n'aurait espéré.
Le Ruvien. Le marchand. Le notable froussard qui partageait son sort, venait de prendre son envol du siège conducteur. Son geste se voulait noble, fier, même courageux, mais il se finit en une glissade pathétique qui l'envoya à terre, laissant le véhicule sans conducteur. Raté.

La femelle en fut momentanément désorienté, un temps certain que Licnos décida d'exploiter. Envoyant le peu de force d'on, il disposait dans un coup d'umbo vengeur, il frappa la guerrière qui s'en va choir sur les lattes de bois. Maintenant, plus rien d'autre ne comptait que la fuite !

Sans perdre un instant, il se retourna et fouilla avec un désespoir dément, or, il n'eut pas à le faire longtemps. L'Aigle se trouvait à porté, son trophée ! Le calant contre son buste, il pouvait sentir son poids rassurant et malgré la douleur qui lui battait l'épaule, trouva grand réconfort dans ce geste. La ligne de suderon bardé d'acier n'était point loin ! Licnos prit appuie et s'apprêta à sauter, mais la peur de se briser les jambes le retint un moment. Devait-il sauter tête la première, sur le flanc, en brio salto ?
Une explosion de souffrance point dans son dos et coup court à tout questionnement. La douleur était intense, tellement qu'il sut d'instinct qu'elle ne pouvait provenir que de son ennemie toujours présente. Sans réfléchir outre, Licnos sauta de la charrette, serrant toujours l'Aigle contre lui.
« Salooooooooooooooooooope » hurla t'il dans son envol jusqu'à qu'il touche bruyamment terre à plat ventre.



Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t66-magetobrigos-fils-de-ma
Belhiane le Rouge-Gorge

Aonghusa

Belhiane le Rouge-Gorge

Messages : 19
Date d'inscription : 01/05/2020

Personnage
Âge: 21
Métier: Guerrier
Statut: Aonghusa


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeDim 9 Aoû - 15:17

Et la délivrance arriva. A force de ne rien lâcher, à force de résister et de lutter. A force de fatiguer l’ennemi, la chance avait tournée. Les rangs adverses étaient décimés et c’est sous son regard médusé, sous ses rétines tremblantes que le chef des maraudeurs criait à la retraite. Des mots qui ne lui dirent rien évidemment, mais il en percevait le sens lorsqu’il vit les barbares déguerpirent du champ de bataille. Les corps muets et inertes recouvraient le sol ici et là, leur sang comme un linceul les recouvraient autant que la boue. Et la pluie… Elle n’avait cessé de tomber. Le ciel pleurait les morts et les blessés à l’image du centurion, grièvement blessé.

Pictor se rapprocha de lui, il s’agenouilla et déchira un morceau de la cape qu’il appuya fortement contre la plaie. Désabusé, plongé dans un état second, l’adrénaline bouillait encore en lui si bien qu’il ne prenait aucun temps à ménager son supérieur. Machinalement il prit les mains de Falco et les posa sur le linge.

Il ne dit rien en cet instant, il ne constatait qu’un homme blessé à l’image de la cohorte. Pouvait-il en être autrement ? Pourtant il était fier d’avoir servit sous son commandement. Il était la preuve que parfois, l’audace et l’action pouvait primer sur la réflexion. Tout à coup, le hennissement d’un cheval le sorti de cet instant de quiétude. Paniqué, il chercha sa lame sur le sol et c’est avec soulagement et sans attendre qu’il la prît.

Le bras pétri par la douleur, le cuir se mêlait au sang de sa plaie. Harassé par le combat, il eut toutes les peines du monde à se relever. Le bouclier de Falco trônait à présent devant lui et inéluctablement il approchait, pas après pas. A sa suite, il encourageait d’autres à en faire autant. Il avait affronté la mort ou tout du moins l’un de ses fidèles serviteurs, il n’était plus question de survivre ou de fuir. Non, il était question de finir ce qui avait été commencé. De continuer cette campagne jusqu’à son dénouement et peu importe le prix, il avait été payé depuis longtemps.

A son arrivée, il vit un vieil homme à terre, un barbare. Aussi, lorsqu’il vit la charrette et le marchand il se remémorait les traces et la scène qu’il ne comprit pas jusqu’alors venait de s’éclairer sous la forme de cet homme, un de ceux qui sont au mauvais endroit, au mauvais moment.

Toutefois, il n’était plus question de s’attarder sur le passé et sur comment ils étaient arrivé ici. Ce qui importait c’était le pourquoi et il l’avait sous ses yeux. L’aigle, le symbole de la légion, l’honneur des ruviens était là, sur le sol agrippé par un vieux rabougri. La vie était parfois surprenante. Son bouclier en rempart, sur ses gardes et sans jamais qu’il ne sous-estime son adversaire, le bout de sa lame menaçante était pointée vers le museau du vieux rat au sol dont la vie ne dépendait à rien si ce n’est à son éventuelle bêtise.

Lache ça et écarte toi. Dit le légionnaire dans un souffle ô combien menaçant d’après le ton et l’humeur…



Dernière édition par Belhiane le Rouge-Gorge le Lun 10 Aoû - 18:52, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Primo Sicinius Scorpa

Admin

Primo Sicinius Scorpa

Messages : 132
Date d'inscription : 01/03/2020
Age : 33

Personnage
Âge: 47 ans
Métier: Préteur d'Edelmia
Statut: Citoyen


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 10 Aoû - 12:33


Toujours agenouillé auprès de la dépouille de son frère, Asinius priait, sans se soucier de ce qui se tramait autour de lui. A peine entendait-il, sans les écouter, les appels de ses frères d'armes ; félicitations, mises en garde, ordres de repartir au combat ? Allez savoir. Il n'était même pas capable de dire si l'issue de la bataille tournait vraiment en leur faveur. Peut-être l'ennemi s'apprêtait-il à lancer une nouvelle offensive, plus implacable et plus mortelle, qui les décimerait pour de bon. Il serait presque prêt à le souhaiter, prêt à se laisser mourir...
Presque.

Je ne mourrai pas en lâche, Severus, promit-il, plus soucieux de se montrer digne de son frère dans sa mort qu'il ne l'avait jamais été de son vivant. Il ne laisserait pas ces sauvages triompher. Il ne laisserait pas Severus être mort en vain. Severus aurait des funérailles décentes, et serait célébré par les siens comme le héros qu'il était. Son corps retournerait à Edelmia, il ne pourrirait pas dans cette brousse inhospitalière et incivilisée.

Il ramassa son arme, bien décidé à vendre chèrement sa peau et à tailler en pièces autant de barbares qu'il faudrait pour défendre le cadavre de Severus. Il était là, le trésor qu'il devait défendre ; l'Aigle pouvait bien aller aux enfers !

C'est là qu'il remarqua que l'ennemi était en déroute, et que le péril qui s'annonçait à lui était tout autre : un char lancé à toute allure, conduit par une bête folle, le même qui tout à l'heure avait décontenancé son ennemi, celui-ci lui fonçait droit dessus désormais.
Il eut tout juste le temps de l'éviter.
Il n'eut pas le temps, hélas, d'empêcher le corps de Severus d'être broyé sous les roues du chariot...

« NOOOOoooOOOOOoooooOooOOOooon!!!!! »

Emporté par un intense élan de colère, il s'élança au pas de course derrière le chariot, décidé à tailler en pièces ses occupants. Il était peu probable qu'ainsi bardé de son armure, il parvienne à rattraper le véhicule, mais Asinius n'avait jamais été très porté sur la réflexion. Vous allez payer pour ça, bande de colombins.
Revenir en haut Aller en bas
Relator

Maitre du jeu

Relator

Messages : 31
Date d'inscription : 27/03/2020


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 10 Aoû - 19:16


Grida s'apprêta à se lancer en avant lorsqu'elle sentit du mouvement dans son dos. Le marchand voulut jouer les héros et se redressa d'un bond pour s'en prendre à elle. Elle eut un vif mouvement de bras pour gifler le ruvien mais cet imbécilé glissa sur le plancher imbibé de pluie. Le cheval, livré à lui-même et affolé par le bruit des combats et des mourants fit une embardée et cette succession d'évènements en quelques secondes eut pour résultat une gamelle légendaire du ruvien qui virevolta à quelques centimètres de l'archère avant de s'affaler par terre, envoyant des mottes de boue tout autour de lui. Malgré sa rage envers le chaman qui était à sa portée, elle ne put retenir un petit rictus en voyant cette tentative pathétique de fraternisation mal à propos.

Son regard bleu acier se tourna vers Licnos et elle sauta sur le chaman avec un seul but, lui faire rendre gorge. Seulement le vieux lièvre avait de la ressource et il envoya un grand coup de bouclier en réponse à l'assaut de Grida. Un bruit grave résonna tandis qu'elle marquait le coup et se retrouvait déstabilisé en devant s'appuyer contre la rambarde de la carriole lancée à toute allure vers la ligne de légionnaire. Malgré ses rides qui trahissaient un âge avancé, le lapin avait encore de sacrés réflexes et il bondit en avant pour se saisir de l'Aigle doré qui luisait sous le banc de conduite qui accueillait le céans du ruvien quelques secondes auparavant. Des chandelles vacillaient devant les yeux de la jeune femme et lorsque le monde fut un peu moins flou, elle vit la silhouette malingre du chaman prête à sauter par-dessus bord et lui fausser compagnie.

Par Ruigsin, tu vas crever ?!

Elle lança son bras dans un arc de cercle vengeur et vint planter sa dague au creux des reins du salopard d'empoisonneur. Elle vrilla légèrement sa lame dans le corps du vieux bonhomme avant que ce dernier ne réussisse malgré tout à lui fausser compagnie en lui lançant un juron et de s'éclater au sol, serrant contre lui l'enseigne d'or de la légion. Elle posa un pied sur le bord, prête à suivre le chaman et à finir le travail en assistant au dernier souffle qu'il expirerait mais le cheval fit un petit saut qui fit trambler la la carriole et elle bascula de nouveau en arrière. La charrette et sa passagère clandestine trav ersèrent les rangs des ruviens sans heurts en dehors de quelques cahots et une vague d'insultes et le cheval poursuivit sa route sans ralentir. Elle posa une main sur le bord et risqua un oeil pour voir les armures lamellaires étincelantes des légionnaires qui s'éloignaient d'elle et de son carosse fou. Elle sauta finalement, et se maudit très vite de ne pas avoir été plus attentive.

***

Darmuid courait vers le campement lorsqu'il vit le chariot du négociant passer à vive allure non loin. Il reconnut Grida, debout sur le plateau, les mâchoires crispées en une moue sanguinaire et une respiration plus tard, le ruvien tombait de son véhicule pour rouler dans la boue et se relever presqu'immédiatement. Malgré son physique frêle, le gaillard était bien plus solide qu'on le pensait au premier regard. Il se redressa et agita les bras pour hêler ses compatriotes. Et il se lança dans une diatrybe misérable, beuglant comme une pucelle livrée à la vindicte d'un époux trop vieux et trop alcoolisé le soir des noces. S'il s'était contenté de jouer la demoiselle en détresse, le chef des maraudeurs aurait poursuivi sa fuite pour tenter de rassembler les quelques hommes qui avaient survécus et reprendre leur vie de brigands un peu plus loin en pansant leurs plaies du mieux qu'ils le pourraient. Seulement il évoqua l'Aigle, trahissant le secret, SON secret. Il avait vu le campement, avait pu compter le nombre d'hommes à ses ordres et pouvait l'identifier et donner son signalement aux légionnaires. Il devait empêcher ce pleutre méprisable de mettre fin à une vie qu'il menait depuis des années. Pire, il ne voulait pas que les officiers et soldats puissent un jour découvrir son identité ... Sa vraie identité. Il obliqua dans sa course et leva sa hache en approchant du négociant. Des soldats de la légion approchait déjà, il devait faire vite, agir sans hésiter, puis fuir le plus vite possible. Mais avant, il devait couvrir ses traces.

Marcus:

Licnos:

Pictor:

Asinius:
Revenir en haut Aller en bas
Marcus Cartae

Citoyen

Marcus Cartae

Messages : 51
Date d'inscription : 28/04/2020

Personnage
Âge: 24
Métier: Negociant
Statut: Citoyen


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeJeu 13 Aoû - 11:12

D'où sortit-il, son ex-compagnon de charrette ? Son ancien geôlier et néanmoins allié... Marcus n'eut pas le temps d'y réfléchir car une chose était sûre : il ne venait pas pour lui parler du bon vieux temps, boire une bière ou jouer aux dés. Non, il venait tout simplement pour le buter. Pourquoi ? Difficile à dire... Par chance, en tout cas, un bruissement dans un feuillu attira l'attention du négociant qui se retourna in-extremis pour esquiver le premier coup de hache. Le second fut plus rapide et entailla son bras gauche. La blessure, heureusement, était superficielle et eut pour conséquence de réveiller l'instinct de survie de notre malheureux ruvien qui, héroïquement, tenta de répliquer en envoyant son plat du pied en direction des balloches du chef des barbares !

Darmuid sentit le coup de pied arriver et parvint d'un habile pas en arrière à éviter l'attaque du marchand ! Puis il contre-attaqua, enragé sans doute par l'affront que constituait cette rebiffade de son ancien prisonnier ! Sa hache siffla dans l'air humide du champ de bataille à l'odeur d'humus et de sang mêlé et ne toucha pas Marcus... mais sa seconde tentative fit mouche de nouveau. Le beau brun ne put réprimer un gémissement de douleur lorsque le fil de la lame lui entailla sa belle chemise et au delà, même, son beau torse glabre. Il fit un pas en arrière et, par réflexe, posa sa main droite au niveau de sa blessure.

Qu'attendaient les légionnaires pour réagir ? Allaient-ils le laisser mourir dans ce combat inégal contre un puissant barbare armé ? Marcus était encore sur ses jambes et assez lucide pour se poser la question. Une chose était sûre, il n'allait pas se laisser découper sans combattre. Aussi, il recula encore un peu pour se mettre à distance de l'arme de son adversaire et voir un éventuel nouveau coup venir. Cela lui permettrait également - qui sait ? - de voir une faille dans la posture de Darmuid, un point faible qu'il n'avait encore trouvé, un geste de relâchement, de déconcentration coupable mais légitime face à un adversaire armé de ses seuls poings ! Marcus était prêt à exploiter la moindre ouverture pour se jeter sur la "bête" qu'il avait face à lui et l'étrangler tel un Héraclès d'Oncmelia Minor face au lion de Némée !
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t124-marcus-cartae-correcti
Belhiane le Rouge-Gorge

Aonghusa

Belhiane le Rouge-Gorge

Messages : 19
Date d'inscription : 01/05/2020

Personnage
Âge: 21
Métier: Guerrier
Statut: Aonghusa


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeDim 16 Aoû - 14:12

Son sang s’enfuyait lentement, mais surement. A l’image de cette pluie qui n’en finissait pas. Partout où son regard se posait il ne voyait que la mort et la désolation. C’était là le prix à payer pour la gloire de l’empire et qu’en était-il de sa gloire à lui ? Oui, elle était là. Pailletée d’or et sous la forme d’un aigle aux ailes déployés et à qui le ciel avait tout promis. Ce symbole de fierté et de force absolue, de règne sans partage était cloué au sol, dans la boue et sous les mains infâmes d’un immonde personnage.

Un vieil homme rabougri par le temps et qui ne sait surement pas ce que ce symbole signifie. Tout ce qu’il voit c’est qu’il brille à mesure que lui s’éteint. Blessé il git au sol, vaincu, mais s’accrochant à son prestige comme s’il s’accrochait à la vie elle-même. Les mots du légionnaire ne semblaient pas lui parvenir, ou tout du moins, il était incapable d’en percevoir le sens, mais une chose était sure, il ne voulait pas lâcher prise.

Son regard avait quelque chose d’étrange. Partagé entre le terne d’une vie où il avait tout vu et l’étincelle d’envie de vivre encore un peu. C’est quand la mort s’en vient qu’on réalise combien l’on souhaite vivre. Et pourtant il était promis à une mort certaine. Son âge et cette plaie ne lui garantissait pas de voir le lendemain. Mais son regard était emprunt de détermination et de peur. L’opiniâtreté d’un peuple était ancré dans sa rétine si bien que Pictor savait désormais que jamais il ne lâcherait son bien.

Ressentait-il de la pitié en cet instant. Certainement. Ressentait-il le poids des morts, des légionnaires qui jamais plus ne fouleront cette terre ? Oui. Etrangement il voyait son passé à nouveau sonder son âme. Il se revoit perdu dans cette chambre auprès de sa mère qui venait de rendre son dernier souffle. Il se revoit extirper son père de son vomi, de cet alcool qui lui avait tout prit. Pareil à l’aigle il était lui aussi promis à un avenir radieux, mais il avait finit également dans la boue, pris dans les bras de la fatalité, de la vie qui nous joue des tours et qui peut nous mettre à genoux par caprice, pour nous rappeler que nous ne sommes rien. Toutefois, il avait à présent une chance. Il n’avait qu’à s’en saisir elle lui tendait les bras. Alors, transit par cette fresque d’un avenir meilleur, alors que la gloire lui chuchotait à l’oreille, il lut finalement le renoncement dans le regard du vieil homme.

Ainsi il s'approcha pour récupérer son dû, la somme de toute les convoitises allait finalement être sienne...

Revenir en haut Aller en bas
Primo Sicinius Scorpa

Admin

Primo Sicinius Scorpa

Messages : 132
Date d'inscription : 01/03/2020
Age : 33

Personnage
Âge: 47 ans
Métier: Préteur d'Edelmia
Statut: Citoyen


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 17 Aoû - 0:45


Asinius courait, courait, courait, comme s'il était poursuivi par les chiens de l'enfer. A ceci près que c'était lui qui poursuivait présentement la charrette, le regard bouillant de rage, glaive à la main, vociférant des hurlements de damné. Il semblait possédé, habité par la rage qui consumait sa raison. Fou furieux, on le serait à moins : cette charrette, en écrasant le cadavre de son frère, l'avait comme tué une seconde fois sous ses yeux.

Asinius courait, donc.

Et puis, voilà-t-y pas que tout à coup, subitement, subrepticement ou de façon subrogative, comme il aimait parfois à le dire pour faire de belles phrases dont il ne comprenait pas toujours le sens, sa course folle se heurta à un obstacle de taille. Il ne comprit pas vraiment ce que c'était ; il poursuivait la charrette, aveuglé par sa colère, et distingua à peine une ombre l'envelopper avant de se prendre quelque chose de très lourd en pleine face. Le choc le fit lâcher son arme et s'écrouler à terre, entraîné sous le poids de quelque chose de mou et de massif. Comme il se dégageait en reprenant ses esprits, il finit par réaliser qu'une jeune femme était tombée de la charrette et qu'il avait, d'une certaine manière, amorti sa chute. Les cheveux blonds coiffés en chignon, le visage peint de guède, elle avait le regard farouche d'une bête indomptable. Son visage dégageait quelque chose d'effrayant, et pourtant, c'était peut-être l'une des plus belles femmes qu'il ait jamais vues.

L'ancien Asinius se serait peut-être demandé qui était cette beauté et que faisait-elle ici en ce lieu de perdition. Il se serait peut-être demandé, même, si cette soudaine apparition n'était pas un signe des dieux, voire une offrande ; l'amour d'une créature de rêve pour racheter la perte cruelle de son frère adulé ?
Mais Asinius n'était plus cet homme-là. Il n'était plus Asinius le niais ; il était Asinius le cadet portant le poids terrible de son chagrin, Asinius l'homme qui aimait tant son frère, Asinius le vengeur, Asinius le redresseur de torts, Asinius qui en avait gros sur la patate...

Aussi se jeta-t-il littéralement sur la femme et, oubliant son glaive, il abattit ses poings fermes en plein dans sa tronche, encore et encore, faisant pleuvoir les coups sur sa trogne de sale pute tatouée, se vengeant sur elle de tout ce qui avait foutrement mal tourné ce jour-là.

« Espèce de grognasse de sale truie de raclure de sac à foutre, je vais t'apprendre, moi, gblmmmglbllll... »

Il cogna, cogna, cogna de toutes ses forces de légionnaire entraîné, ravageant ce beau visage habité par la violence pour mieux révéler toute la laideur de sa nature profonde. Il cogna, cogna, parce que c'était tout ce qui lui restait : des marrons, distribués par paquets de douze pour nourrir cette morue.
Revenir en haut Aller en bas
Magetobrigos le Sanglier

Cléirigh

Magetobrigos le Sanglier

Messages : 45
Date d'inscription : 01/04/2020

Personnage
Âge: 38 ans
Métier: Roi des Cléirigh
Statut: Cléirigh


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 17 Aoû - 7:45



Brutal fut de chuter ainsi hué par moult entités se gosant de son sort dans cette lande ou gisait déjà tant et tant de morts. La violence avec laquelle parvint le sol à son faciès fut aggravé par le poids qu'il emprisonnait entre ses bras ; sa caboche frappa d'un coup sec une motte qui lui zébra la sourcilière en y imprimant une traînée carmine. Dans son dos explosa un panache de souffrance et de douleur : elles semblaient avoir copulé pour former un être parfait fait de feu et d'acier, né uniquement pour le tourmenter. Licnos bavait, de ses lippes tombaient de gros glaviots rougeâtre qui se mêlaient à la pluie battante, formant un répugnant marais de fluide au balcon de son menton. Le froid commençait à l'envahir et il ne s'agissait pas là de la morsure de l'humidité qui trempait entièrement ses mises, non, il pouvait le sentir, c'était là l'aura de Baran Didom. À ses esgourdes, s'élevèrent les croassements de l'Esprit-Corbeau et de ses ouailles. Balançant un regard malade et injecté de sang aux alentours, le chaman chercha frénétiquement à saisir l'origine de ces appels ; ses frénétiques torsions cervicales ne lui furent d'aucune utilité, aucune corneille ne se présenta à lui.

C'est la sensation brute et froide de son trophée qui le ramena à une réalité douloureuse. Cramponnant toujours l'Aigle avec force, d'une pogne fébrile, il en caressa les contours. Une quinte de toux lui secoua le corps et il en vomit une bile plus rougeâtre qui vint tâcher son précieux. D'un geste malhabile, il essuya le bec et le corps de l'insigne, réussissant plutôt à étaler le gruau qu'à le faire disparaître. Malgré son état lamentable, Licnos fut saisi d'un profond sentiment de plénitude, le sentiment du devoir accompli.

Alors, dans cette scène de tourment et de mort, aux portes de son existence, il commença à psalmodier sa dernière offrande. Plaçant sa paume droite à plat sur l'Aigle, sa paume gauche elle resta tremblotante et suspendue au-dessus du sol, convoquant ainsi les Seigneurs du Dessous et les Spiors chtoniens.

« A toi...Geàrramòr...Gardien du Terrier...Grand Glapisseur...
Sacheur-de-Sentier...Accepte l'offrande...Acceuille...Vallons...Été...
Bluheluhlum....Bulhudmplm...Blu...
»

Protège et veille sur tes serviteurs, mènent les méritants sur les verts sentiers et prévient ce biquet babiller de Tascus que son maître s'est sacrifié dans un trou perdu, pour une cause qui le dépasse, afin qu'il reprenne le flambeau et la gardes des hases du vallon car tel et son devoir. Maudit les forts, les faibles et les vantards qui après moi oserait réclamer se dût que je te consacre aujourd'hui. Prends l'Or et le Sang, la Terre et l'Eau. Que Dias et Tuas soient témoins de mon cadeau et qu'ils en acceptent la donation.

Ces paroles, Licnos les marmonna dans un glouba informe qui n'eut rien d'héroïque ni d'attachant. C'est à la fin de sa prose intérieur, qu'il put sentir l'ombre de Fitheach plané sur lui. L'Esprit-Corbeau le piqua pour vérifier son état, Licnos grogna, pensant que son heure ne pouvait être réellement venu, il fit néanmoins face.
Quelle fut sa surprise quand, à la place d'une robe de plume, il toisa une armure et un glaive.
L'homme semblait bien décidé à mettre la main sur son trophée. Licnos ne pouvait s'opposer à cette force venue des cieux et la scène qui se déroula alors devant lui, semblait freiné par le temps lui-même. Le Ruvien se baissa lentement, prêt à saisir l'Aigle ; le chaman pouvait voir dans ses yeux la même sensation qui l'avait traversé quelques minutes auparavant, et cela, il ne pouvait l'accepter. C'était son précieux.

Son corps se tétanisa sous la colère, la douleur le fuit un instant et c'est au moment ou le légionnaire mit la main sur le buste d'or, que le chaman frappa. De sa pogne gauche, il tira la dague qu'il portait à son ceinturon et la planta d'un geste rageur dans la première chose qu'il croisa : une belle cuisse suderonne. La souffrance revint aussi vite qu'un cheval au galop, cette dernière contorsion le laissa haletants, aux portes de la mort.
Son destin était maintenant entre les mains des Spiors.


Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t66-magetobrigos-fils-de-ma
Relator

Maitre du jeu

Relator

Messages : 31
Date d'inscription : 27/03/2020


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 17 Aoû - 18:11



Falco empoigna la main tendue par un de ses hommes tout proche. Une main sur le flanc, il sentait le sang couler entre ses doigts. Les échos du combat s'étaient estompés et hormis les cris de quelques blessés qui lancinaient dans l'air, seul le clapotis de la pluie sur les armures lourdes des légionnaires brisaient la monotonie. La boue collait partout sur son corps et la bataille semblait avoir fait de lui un vieillard tant il était courbatu. Sa respiration était difficile et un sifflement désagréable bourdonnait au creux de son oreille droite. Les corps sans vie des barbares jonchaient le sol tout autour de la petite cohorte qui avait tenu bon face à l'assaut. Il redressa la tête, jetant un oeil vers les frondaisons d'où avaient surgis leurs ennemis. Le grand barbu qui l'avait lacéré vociférait en tentant de frapper un homme malingre et barbu. L'inconnu avait beau être vif, il prit une attaque de plein fouet et vacilla un instant sous la puissance de l'impact. Sans réfléchir plus avant, pris d'un sentiment de vengeance aveugle, le centurion se saisit d'un pilum qui était planté dans la boue à deux pas de lui. Il grimaca en extrayant l'arme de son écrin spongieux et grogna en levant l'arme au-dessus de son épaule. Il se stabilisa en s'appuyant sur le soldat qui l'avait relevé puis, après deux pas d'élan, jeta le javelot dans un cri rageur avant de tomber en avant en maudissant les Dieux de lui infliger autant de douleur. Une nouvelle fois, le légionnaire le releva en passant ses bras sous les aisselles de Falco.




***



Le petit maigrichon avait du courage, Darmuid devait bien l'admettre. Malgré l'enstafilade qu'il avait réussi à faire au ruvien qui se tortillait comme une anguille sous ses coups de boutoir, le bougre s'était découvert du courage en tentant de lui adresser un coup de pied dans l'entrejambe. L'ouverture était trop belle et il suffit au chef des maraudeurs de faire un simple pas en retrait pour échapper à la douleur que lui aurait causé le pied. Il abattit sa hache une fois de plus et cette fois, il toucha. La lame mordit la peau de son adversaire, lui arrachant un râle aigü. On y était. Il ne restait plus qu'à l'achever. Un coup de plus et le négociant était de l'histoire ancienne et son identité resterait caché. Darmuid leva son bras, visa le cou et se réjouissait déjà du gargouillis morbide qu'émettrait sa victime en recevant son châtiment.

Puis vint le javelot. Sifflant dans l'air, fendant les gouttes de pluie avec célérité, le pilum l'atteignit en plein torse. Les yeux écarquillés, Darmuid observa le morceau de bois qui dépassait de son corps avec circonspection. Un toux agita son corps alors qu'il crachait une gerbe de sang. Son bras s'engourdit alors que sa hache s'échappait de sa poigne d'ordinaire si assurée. Ses jambes flageollèrent avant de se dérober sous lui et il tomba à genoux dans la mélasse qui recouvrait le sol. Il tenta d'inspirer une grande goulée d'air, mais une nouvelle quinte de toux lui fit vomir du sang et de la bile. Alors que ses yeux roulaient dans ses orbites, il aperçut les reflets dorés de l'Aigle qu'il avait dérobé plus tôt dans la journée. Le vieux chaman aux oreilles de lièvre s'accrochait tant bien que mal à ce trophée alors qu'un légionnaire se penchait pour s'en emparer. Malgré le sang qui tâchait son vêtement, malgré les difficultés que le vieil homme avait à se tenir droit, il réussit à planter sa dague dans la jambe du ruvien dans un ultime soubresaut de fureur.

Un sourire naquit sur le visage de Darmuid. Cette journée avait été marqué par la mort. Soltar devait être enchanté par le spectacle qu'ils lui avaient offert dans cette clairière perdu aux confins de l'Empire. Voilà qu'il devenait religieux. Qui aurait pensé que ce serait de la main de ses frères qu'ils périraient ? Ces frères qui l'avaient laissés pour mort bien des années auparavant. Lui qui avaient survécu par sa simple volonté et celle d'une vieille chaman Broìn qui l'avait soigné sans rien demander en retour. Lui qui avait tout abandonné, jusqu'à son identité pour vivre libre, lui qui avait fini par rassembler autour de lui une horde de malchanceux et d'orphelins, qui avaient vus en lui un guide qui les amèneraient sur les sentiers de la gloire. Lui ... Qu'on appelait jadis Decimus ... Il bascula en arrière en expirant un dernier soupir, cet étrange sourire toujours accroché aux lèvres, même lorsque le voile de la mort avait obscurci son regard.

***

Elle avait bondi comme un fauve et alors qu'elle fendait l'air, elle l'aperçu. Engoncé dans une armure presque trop grande pour lui, les mâchoires serrées et le regard rempli de hargne, le ruvien avait pris en chasse la charrette. Surprise comme la biche découvrant le prédateur au détour d'un bosquet, elle n'eut pas le temps de lever son arme qu'elle tomba sur le légionnaire. Son visage heurta le casque métallique du soldat et Grida vit des chandelles qui dansaient devant ses yeux tandis qu'elle et celui qui avait amorti sa chute roulaient sur le sol. Comme dans les sagas pleine de romance qu'aimait chanter le barde de son village, elle se retrouva sur le dos et lui au-dessus. Seulement dans cette histoire, nul baiser, nul confession douce et sirupeuse ne viendrait ponctuer ce batifolage. Le poing du soldat s'abattit sur son visage avant que le monde ne cessa de vaciller. Puis vint l'autre poing, puis le premier et le sencond une nouvelle fois. Et encore. Encore. Encore ...

Il jurait dans sa langue incompréhensible, postillonnant alors qu'il rugissait avec colère. Grida sentit son nez se casser dans un crac retentissant qui résonna dans tout son crâne. Les coups pleuvaient sur la jeune femme qui n'eut même pas le temps de lever ses mains pour se protéger. Alors que sa pommette explosait et que sa conscience vacillait au bord de l'abîme, elle eut une pensée pour Taralis. Sous la vindicte du légionnaire, elle rejoindrait bientôt son cadet auprès de Ruigsin. Un nouveau coup chassa l'image du jeune homme souriant pour lui rappeler le dernier regard qu'il lui avait adressé, tremblant et suant à grosses gouttes sur une paillasse crasseuse du campement. Elle sentit une dent se décrocher de sa gencive et danser la gigue dans la bouche alors qu'elle se consolait en visualisant la lame acérée qu'elle avait planté dans les reins du meurtrier de son frère. Elle sentit encore deux coups s'abattre sur son visage déformé par la violence de son adversaire. Et puis, plus rien ...

Marcus:

Licnos:

Asinius:

Pictor:
Revenir en haut Aller en bas
Belhiane le Rouge-Gorge

Aonghusa

Belhiane le Rouge-Gorge

Messages : 19
Date d'inscription : 01/05/2020

Personnage
Âge: 21
Métier: Guerrier
Statut: Aonghusa


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeDim 23 Aoû - 17:27

Mon corps se tut, abrite une lame perdue.
Je sens la mort me brûler de l’intérieur.
Mon regard se trouble, tout disparait à ma vue.
Je fais un dernier pas vers mon honneur.

Mais avant que ma vie ne s’éteigne.
Et par le fer qui repose dans ma main.
Il n’y a que la colère en moi qui règne.
Je saigne à mon tour ce rat qui s’éteint.

Sous le ciel je m’endors près de l’aigle.
J’ai accompli mon devoir et mon destin.
D’une vie de discipline et de règles.
Ici se termine mon chemin.

Un pas de plus vers la gloire.
Un pas de plus vers la mort.
Plus de lumière, il n’y a que le noir.
Les dieux jugeront de mon sort.

Je n’ai plus mal désormais, je n’ai plus peur.
Mère où êtes-vous ? J’arrive enfin.
Il est arrivé ce jour, il est arrivé mon heure.
Adieu compagnons, je m’en vais rejoindre les miens.

Pictor n’est plus, il git sur le sol inerte. Il est accompagné de l’aigle, objet de toutes les convoitises, un petit sourire en coin semble habiter ses lèvres. Dans la boue, dans le sang, sous cette pluie qui n’en finit pas, le légionnaire repose à jamais avec le sentiment du devoir accompli.

Merci:
Revenir en haut Aller en bas
Marcus Cartae

Citoyen

Marcus Cartae

Messages : 51
Date d'inscription : 28/04/2020

Personnage
Âge: 24
Métier: Negociant
Statut: Citoyen


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeVen 28 Aoû - 21:03

Marcus avait échoué et il allait le payer cher. C'est ainsi que l'histoire devait se terminer ; avec un coup de hache en travers du crâne ou dans le cœur... quelque chose qui arrêterait le voyageur qu'il était une bonne fois pour toute, plus sûrement que les tristes amantes qu'il avait pu avoir dans une ville ou une autre. Et ce stop serait définitif. Il ne fit pas sa prière pour autant. Il avait mieux à faire : une esquive, un pas de côté, une feinte, ce genre de chose... Mais ce ne fut pas l'une de ces actions qui sauva sa vie de combattant novice, ce fut une lance venue d'une main indéterminée, une main salvatrice qui dévia la hache barbare du bon côté de son épaule.

Le barbare tomba et Marcus se retourna. Il fronça les sourcils, cherchant du regard celui qui avait sauvé sa vie... celui qui l'avait arrêté dans sa nouvelle passion pour l'honneur et la chevalerie ! Mais il ne le trouva pas. Il en aurait pleuré. Il aurait aussi pleuré d'avoir échoué à vaincre ou périr. Il était là dans un entre-deux qu'il détestait déjà, ne savourant même pas le fait d'être encore de ce monde, prêt à revoir Virginia, Honoria ou Claudia... Non il aurait voulu une histoire à raconter... ou que les autres auraient raconté pour lui... Mais pas ça, pas ce néant à nouveau.

Il ne vit même pas l'aigle briller dans la boue et le sang. Il resta là, debout, les jambes légèrement écartées comme il avait été lors du combat, comme il resterait encore quelques temps après le départ des soldats... Puis il irait chercher Celer, sa charrette, les restes de sa cargaison, puis il reprendrait la route, entier, avec, encore, toute sa vie à écrire - maigre consolation à cette aventure ratée.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t124-marcus-cartae-correcti
Magetobrigos le Sanglier

Cléirigh

Magetobrigos le Sanglier

Messages : 45
Date d'inscription : 01/04/2020

Personnage
Âge: 38 ans
Métier: Roi des Cléirigh
Statut: Cléirigh


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeLun 31 Aoû - 14:30



Licnos était mort.
Aussi mort qu'on pouvait l'être après avoir reçu tant vicieuses surrinades dans la couenne. Son corps n'était plus, vieille enveloppe de chaire à jamais vidé de sa substance et reposant pour toujours sur le sol boueux d'une clairière sans nom.
Mais le voyage lui, point encore n'était finit.

La vigueur de ses primes-années l'avait rattrapé. Il courrait, courrait à fendre le vent en avant ; d'aval en amont alors que cinglait le slamino et fouettait le foenh, Lièvre-Gris courrait. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter, pas même le sentier tortueux qu'il empruntait avec la vigueur d'un lapereau. Les racines noueuses semblaient vouloir le stopper ; les rochers affutés souhaitaient sans douter le blesser ; les rapaces qui braillaient dans les cieux n'attendaient qu'un instant de faiblesse pour fondre sur lui et mettre fin à sa course effréné. Mais le chaman avait avec lui la force de Grand-Lièvre, pis encore, il était maintenant son messager.

D'un bond majestueux, il enjamba une colline, rebondit sur les flancs d'une montagne et s'éleva loin, loin dans les nuages. Licnos n'était plus que vitesse, véritable bouillon de vif ayant prit la forme d'un lièvre aux oreilles tombantes. Se gosant de la descente, les bourrasques lui firent vibrer les babines alors qu'il retombait lourdement en direction de la terre ; sa chute, brutal mais sans douleur, l'avait emmené non loin de chez lui. De son poste élevé, il toisait le pays des vallons.

Prenant le temps de la réflexion, il se demanda pourquoi donc avait t'il atterrit ici ? Les idées lui vinrent mais filèrent aussi vite, pourtant il en était convaincu, sa présence n'était pas de son fait : on l'avait poussé à se rendre en ces lieux. Creusant sa caboche, grattant sa tête de sa longue patte arrière, il fouilla dans ses songes et ses pensées jusqu'à retrouver un nom qu'il avait commencé à oublié. Tascus.
Son apprenti trop bavard. C'était la le pourquoi de sa venue. Toisant en bas, il reconnut l'endroit, Dunlodùnum serpentait dans la cuvette qu'il observait. D'un nouveau bond, il fendit les toits de pierre et laissa son instinct le porter. Pistant une odeur qui s'effaçait lentement de sa mémoire, il accéléra les pas jusqu'à fendre un mur qui ne l'arrêta pas. Le dénommé se trouvait ici, il roupillait, hagard, allongé su son lit. Alors, Licnos s'approcha, prit un instant pour grommeler une dernière fois sur le sort de celui qui serait son suivant, puis lui envoya un majestueux coup de pattes sur le front et cela, afin que jamais il ne l'oubli.

Quand ce fut fait. Licnos sentit une puissante chaleur l'envahir, fermant des mires, il se mit à pister les effluves herbeuses qui s'élevaient. Aussi puissante qu'enivrante, l'odeur se rapprochait. Quand il rouvrit ses yeux de garenne, c'est alors qu'il le vit.

S'étendait devant lui le Pays de l'Été. Les Vastes Plaines. Enfin. Et c'est sans un dernier regard pour le monde des hommes que celui qu'il était, s'en partit pour sa dernière demeure ; la ou à jamais, il pourrait gambader.


Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t66-magetobrigos-fils-de-ma
Primo Sicinius Scorpa

Admin

Primo Sicinius Scorpa

Messages : 132
Date d'inscription : 01/03/2020
Age : 33

Personnage
Âge: 47 ans
Métier: Préteur d'Edelmia
Statut: Citoyen


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeMar 1 Sep - 19:01


La démarche titubante, Asinius errait, hagard, sur le champ de bataille. Son regard vide croisait sans les voir les légionnaires accourant tout autour, entre les blessés qu'on achevait, ruviens comme barbares, dans des râles lugubres. La pression redescendue, il sentait le sang lui battre les tempes avec une acuité nouvelle, presque à lui vriller le crâne ; son échine s'agitait de frissons glacés, et ses mains, tremblantes, étaient maculées du sang de la catin blonde. Il les essuya sur sa cuirasse, trébucha contre une paire de jambes sans propriétaire, manqua se viander et, de rage, frappa dans un casque vide, qui s'avéra ne pas être si vide que ça.

Une bien belle journée de merde.

Ce n'était pas l'avis de tous, visiblement ; ici et là, quelques imbéciles se congratulaient bruyamment. Des planqués de l'arrière-garde, sûrement, qui s'étaient contentés d'entrevoir le combat, quand d'autres avaient pris les coups. Ça n'avait rien d'une victoire. De retour au camp, on porterait certains en héros, à l'image du légionnaire Pictor, retrouvé mort auprès de l'Aigle perdu, mais Asinius n'était pas dupe. Ce qui s'était joué ici, dans cette forêt minable où nul Ruvien ne voudrait vivre, n'était qu'une farce cynique qui n'intéresserait personne. On s'était battu pour un objet de pacotille, on s'était écharpé comme des chiffonniers pour une chimère absurde.

« Arrêtez de sourire, bande de crétins ! » grinça-t-il à l'adresse d'une bande de légionnaires tout farauds, et ceux-ci perdirent de leur superbe. Il faut dire que, couvert de sang et de bouts de cervelle, le faciès d'Asinius s'en trouvait plus intimidant. « On n'a rien gagné. Rien ! Rien ! Rien ! » Il ôta son casque et le jeta rageusement au sol, tout en continuant de marcher sans but, vociférant comme un désaxé. « Rien ! On n'a rien gagné ! »

Severus n'avait pas trouvé la mort au champ d'honneur, il était tombé dans une vulgaire bagarre. L'humus recouvrirait sous peu la terre témoin de son sacrifice, les cerfs et les loups viendraient y chier. Il était mort en vain. Non, décidément, Asinius n'éprouvait aucun sentiment de victoire ; juste la sensation d'un énorme gâchis.
Revenir en haut Aller en bas
Relator

Maitre du jeu

Relator

Messages : 31
Date d'inscription : 27/03/2020


L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitimeMer 2 Sep - 14:26


1er jour de Secundo Seminare 399
Castrum Corsilvam

Falco avait retrouvé le confort de sa tente en début de soirée. Les combats avaient laissés des stygmates sur chacun de ses hommes, marquant leurs corps de cicatrices qui leur remémoreraient cette escarmouche pluvieuse jusqu'à la fin de leur jour. Les apothicaires avaient oeuvrés toute la nuit pour panser les plaies des blessés mais certaines n'étaient pas de simples sillons tracés dans la peau, mais bien dans l'esprit des soldats. Le centurion avait fait dressé un bûcher de fortune avant de consummer en silence le corps des braves tombé pour retrouver l'enseigne perdue de Corsilvam. Malgré le sous-nombre et les conditions dantesques dans lesquels avait eu lieu l'affrontement, bien peu de légionnaires avaient péris, même si pour Falco, c'était bien trop. La pluie avait accompagné les guerriers jusqu'à leur retour dans leurs pénates et avait clapoté sur la toile des tentes jusqu'au petit matin. Fourbu et encore à demi-tétanisé par la douleur lanscinante au flanc qui lui arraché quelques grognements, le centurion se faisait aider pour revêtir son armure et les cornicem avaient sonnés le rassemblement. Il avait fait son rapport en grimaçant encore et le tribun avait envoyer une missive vers Edelmia afin de faire son rapport au tribun laticlave et au Procurator, soulagé de leur faire part de ce qui ne fut qu'une péripétie.

Il releva le pan de tissu qui gardait sa tente hermétique aux regards de la troupe et plissa ses yeux cernés lorsque les rayons du soleil vinrent heurter sa rétine. Les cohortes attendaient au garde-à-vous devant lui, le menton légèrement relevé et les pilums dressés fièrement vers les cieux. Une petite estrade, à dire vrai une caisse en bois rectangulaire, servait de perchoir au tribun augusticlave en charge du castrum. Falco vint se placer aux côtés des hommes qui avaient combattus la veille sous ses ordres. Le tribun leva la main droite pour signifier sa prise de parole, flanqué de deux esclaves qui portaient des coussins à franges dorées.

Milites ! Hier, plusieurs de vos frères ont fait leur devoir envers la Legio Aquila en honorant leur serment et en remplissant une périlleuse mission. Il est temps de montrer à ces braves que la légion sait récompenser ses héros.

L'un après l'autre, il égraina le nom des légionnaires qui étaient revenus de l'aventure, leur donnant l'accolade et accrochant sur leur coeur une médaille frappé de l'Aigle de Ruvia. Il en vint au légionnaire Asinius, amer dans la victoire et pensant encore à son défunt frère, tombé dans la boue et sous les coups des barbares.

Pour avoir été cité comme un exemple dans les combats par le centurion Falco, le légionnaire Publius Veturio Asinius obtient le grade de centurion de la 3e cohorte de la Legio Aquila. Sa solde sera ajustée en conséquence dès le prochain paiement. À ce titre, lorsqu'il aura effectué ses années de service, il pourra jouir de deux acres de terrain cultivable ainsi que d'une villa rustica à dix lieues au Nord de Telioprate.

Le tribun agraffa la médaille sur la stola que portait le légionnaire sous son armure lamellaire avant de le laisser réintégrer le rang. Puis vint le tour du centurion Falco, qui reçut les mêmes honneurs que les soldats qui s'étaient battus sous ses ordres. Il s'éclaircit la voix en toussant doucement dans son poing avant de reprendre.

Prions en l'honneur de nos frères tombé au combat et recommandons leurs âmes à Kuo. Que le Seigneur des Enfers veillent sur eux jusqu'à ce que nous les retrouvions dans l'Elysium !

Le barrissement des cornus accompagna la fin du discours du tribun qui demeura en silence en adressant une prière muette à l'intention des Dieux des Palais Célestes.

***

4e jour de Secundo Seminare 399
Castrum Corsilvam

L'estafette franchit les portes de Corsilvam avant de tirer sur les rênes pour que sa monture ralentisse. Le soldat bondit de selle avant que le cheval ne fut complètement à l'arrêt et s'engouffra dans la tente du tribun. Il frappa du poing sur son coeur avant de tendre le bras devant lui.

Ave Tribun ! La réponse du Procurator Protero à ta missive.

Le gradé s'empra du vélin et fit sauter le cachet de cire qui le maintenait clos pendant que l'estafette sortait. Il s'adossa au fond de son fauteuil pour lire la réponse de son supérieur.


Tribun Trelidius,

J'ai pris connaissance de ton rapport et ne peut que te féliciter de la promptitude et la diligence avec lesquelles tes hommes ont retrouvés l'enseigne volée. Il est rassurant de savoir que notre légion est peuplée de braves soldats, zélés et compétents et que la frontière de l'Empire est sous la surveillance de l'élite d'Oncmélie.

J'ai également pris bonne note de ce négociant, captif des barbares, qui a su se libérer de ses geôliers pour remplir son rôle de citoyen au-delà de toutes espérances et à aider nos braves légionnaires à retrouver l'Aigle. Même s'il n'est pas un militaire, j'estime qu'il est en droit d'être récompensé pour son héroïsme et j'aimerai rencontré cet homme dans les meilleurs délais. Je te demande de le faire escorter jusqu'à Edelmia et je tiens à lui offrir une récompense en personne.

Que Soltar veille sur les hommes de la Legio Aquila et puisse la paix perdurer.


Caïus Protero Feles
Procurator de la province d'Oncmelia Minor




FIN
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé






L'Aigle de Corsilvam - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 3 I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
L'Aigle de Corsilvam
Revenir en haut 
Page 3 sur 3Aller à la page : Précédent  1, 2, 3
 Sujets similaires
-
» L'Aigle de Corsilvam

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Oncmelia Minor (fermé) :: Province impériale d'Oncmelia Minor :: Le Limes :: Corsilvam-
Sauter vers: