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 Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)

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Gaukka le Voyageur

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MessageSujet: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeJeu 30 Avr - 20:36

Cofhadthràth de Printemps
(année impériale 399)

Quelques jours après avoir fui les abords de Skov, Gaukka était arrivé, avec étonnement, dans la ville portuaire de Nevra. Entraîné par la colonne de réfugiés, il avait bifurqué vers le Nord sans vraiment y prêter attention. La ville, bien que plus ramassée que la capitale majestueuse, partageait de nombreuses similarités avec la cité qu'il avait vu s'embrasé sous les assauts des Ghotaï. Le flot d'exilés l'emporta jusqu'au port, immense et fourmillant d'activité. Les voiles de larges galères coloraient l'horizon entre les nuages bas et les flots tumultueux.

Il chercha pendant deux bonnes heures un navire qui acceptait de le faire monter à son bord. Alors que le soleil était encore haut dans le ciel, il quitta les quais de Nevra en laissant derrière lui une foule agité qui cherchait à fuir les terres qu'ils pensaient condamner à la ruine. Les envahisseurs venus des steppes n'avaient même pas besoin de se montrer pour que leurs ennemis se décontenancent. Leur sinistre réputation de pillards impitoyables suffisaient à vider les villes de leurs habitants et à insuffler la peur dans le coeur des plus vaillants soldats. Laissant derrière ce pays qu'il jugeait déjà condamné, Gaukka trouva une place derrière les banc de rames et parvint à se mettre en boule avant de sombrer dans le sommeil, tandis que l'embarcation naviguait vers le couchant. Le rythme régulier du tambour qui battait la cadence des rameurs eut tôt fait de bercer le Voyageur. Il dormit d'une traîte, sans que le moindre rêve ne vienne le troubler et sans qu'une tempête impromptue ne l'en tire.

*****

10e jour du Printemps
(année impériale 399)

Le voyage dura dix jours. Dix jours à longer les côtes en s'abritant au creu d'une crique lorsqu'un gros grain venait menacer. Au sixième jour, il aperçut les Fiaclann Beinn. Les immenses falaises blanches qui marquaient les limites du territoire de son peuple. Les vagues venaient s'écraser contre elles en projetant de grandes gerbes d'écume. Le druide songea un instant demander au capitaine d'accoster près de l'embouchure de l'Eascann et d'aller prévenir le Roi Ultàn du danger qui chevauchait depuis l'Orient. Il avait profité des premiers jours de voyage pour réfléchir à la question et à songer aux mots qu'ils devraient utiliser pour décrire avec justesse la menace des Ghotaï. Il était convaincu que se rendre à Caladh ne suffirait pas et qu'il était de son devoir de prévenir chacun des grands Rois. Les Pluincéid ne pourraient résister seuls face à la marée d'envahisseurs qu'il avait vu déferler dans la plaine qui entourait Skov. La seule solution qui s'imposait était de convoquer le Coinneamh Righrean. Pour la première fois depuis plus d'un siècle et l'avènement de Wulrrekk, il semblait évident au druide que les Rois devaient se réunir et entamer des pourparlers en vue de s'unir.

De tous, celui qui donnerait le plus de fil à retordre au Voyageur serait indubitablement le vieil Arnec des Broìn. Le vénérable Roi des Marais avait vu naître et mourir plusieurs générations de ses sujets. Même s'il était né pendant la Longue Guerre et avait vu de ses yeux de poupons l'union des quatre peuples, son aversion pour ses voisins Cléirigh serait un obstacle à l'assemblée des Rois et à la possible élection d'un Roi des Rois. Gaukka devrait miser sur son co-Roi et le convaincre de représenter son peuple, même si le Chenu se montrait aussi têtu qu'à l'accoutumée. Cependant et malgré la difficulté qui s'annonçait, le Voyageur préférait que les deux souverains acceptent de se prêter au Coinneamh Righrean.

L'Eilean'an'Dias apparut, vrai rempart contre les flots traîtres de la Muire Dhubh et signifiant à gaukka la fin de son périple à bord du navire. La galère s'approcha lentement d'Arcasadrigun, profitant du temps calme de ce début de Printemps pour entrer dans la rade qui serpentait jusqu'à la cité royale. L'équipage décida de faire halte dans la cité et Gaukka les quitta après les avoir remercié chaleureusement. Endossant son paquetage, il marcha d'un pas décidé, armé de son grand bâton de marche, jusqu'au Bothanmòran.

Deux gardes encadraient la porte qui menait au Grand Hall où les rois des marais recevaient leurs doléances. Le druide s'avança et releva légèrement le menton pour que sa voix ne soit pas étouffé par la lourde capuche qu'il tenait rabattue sur son visage en permanence.

Que Ruigsin veille sur vous, braves guerriers. Je suis Gaukka le Voyageur. Je demande audience auprès des Rois des marais ainsi que l'asile pour la nuit prochaine.

La réputation du druide vagabond le précédait et il avait déjà rendu visite aux souverains du Talamh'Vasaich pour leur conter ses voyages. Il savait que le vieil Arnec avait toujours été friand de ses récits qui décrivaient les richesses et les beautés du monde. Il n'attendit pas longtemps avant qu'un des gardes ne revienne de l'intérieur de la demeure royale et ne le laisse entrer. Il avança entre les poutres épaisses qui soutenaient le toit, son bâton cognant le sol pour seul son qui signifiait sa présence. Les deux trônes qui lui faisaient face étaient vides et, en dehors de quelques servantes qui portaient quelques chopes vides vers les cuisines, la grande pièce carrée paraissait bien vide. Un pas lourd et lent résonna depuis le fond du Hall et sous sa capuche, les lèvres brûlées du Voyageur s'étirèrent doucement en reconnaissant la démarche pataude de Burù.
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeDim 17 Mai - 9:01


La démarche lente et pesante, le géant Burú approchait du voyageur avec un sourire tendre et enfantin. Malgré ses capacités limitées, il se rappelait fort bien du Voyageur et des histoires fascinantes qu’il racontait. Il l’accueillit donc dans une étreinte emplie de force et de douceur, tel un bœuf placide. Passant ses mains derrière le dos de Gaukka, Burú le serra contre lui, content de retrouver son vieil ami. Si le druide levait la tête, il pouvait apercevoir, dépassant d’une des larges épaules du colosse, une tête tout aussi connue, mais bien plus flétrie. Car juché sur le dos de Burú, Arnec observait avec un regard amusé son neveu broyer tendrement le dos de son invité. D’une voix légèrement enrouée, il prononça :

« Au nom de mon peuple, je te salue, savant Gaukka des Pluincéid. Bien des années se sont écoulées depuis ta dernière visite en mon palais, bien trop d’années. »

La solide étreinte fut courte, déliée d’un léger coup de talon d’Arnec dans le flanc de son neveu. Burú s’écarta et fit deux pas en arrière, légèrement voûté pour qu’Arnec puisse se montrer à Gaukka. Les rides sur son visage s’étaient multipliées depuis la dernière fois que le druide était venu compter ses aventures en Arcasadrigun, et sa silhouette s’était encore tassée. Frêle et pâle vieillard, Arnec était pourtant encore vivant. Ruigsin seul devait avoir la réponse à cette énigme.

« Je ne saurais descendre de Burú pour te saluer, ce matin, mes os ont fait perfide alliance avec ma goutte, et poser le pied sur terre est un véritable supplice. »

Si vivre tant de temps était vu par la plupart comme une bénédiction de Baran Didom, il semblait que le prix à payer pour voir s’écouler tant de grains du sablier n’était guère enviable. Les traits tirés d’Arnec en étaient les alarmants témoins. Levant la main vers Gaukka avec lenteur, il déclama ensuite :

« Te voir en ces lieux ravit mon cœur d’ancien. Les vieilles connaissances se font rares, beaucoup ont été renvoyées à Ruigsin. Alors dis-moi, ô savant nomade, quel bon vent Ana fit-elle souffler pour que tu viennes me rendre visite ? »

Alentour, il y avait peu de monde. L’air dans la salle du trône était encore chargée d’humidité et de froideur, chassée peu à peu par les braseros disposés un peu partout. En effet, le trou béant de la Geata’na’Mara, plus qu’un symbole royal puissant, était aussi le cauchemar de tous les serviteurs qui devaient venir chaque matin raviver les flammes pour tuer la fraîcheur des lieux. Ce matin, l’humidité insistante d’une fin d’hiver tenace laissait flotter dans l’air de la salle un froid mauvais. Arnec ne s’attarderait pas ici.
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeDim 17 Mai - 13:16

Burù était un véritable colosse. Ses bras étaient équivalentes à la largeur des cuisses de Gaukka et son corps évoquait le tronc d'un chêne. Malgré cette silhouette intimidante, le visage du géant était aussi jovial que celui de son enfance. Il enserra le Voyageur dans une étreinte d'ours. S'il avait voulu, Burù aurait pu lui briser les os comme une vulgaire botte de bois sec. Une voix légèrement enrouée, trahissant l'âge de son propriétaire s'éleva depuis le dos du placide colosse.

Au nom de mon peuple, je te salue, savant Gaukka des Pluincéid. Bien des années se sont écoulées depuis ta dernière visite en mon palais, bien trop d’années.

Burù fit quelques pas en arrière pour laisser apparaître son aïeul, perché sur son dos. Un spectacle cocasse s'il en était que ce curieux attelage. Le tableau aurait pu prêter à rire l'imprudent, mais Gaukka savait très bien que cette drôle d'alliance alliait puissance et fourberie et s'avérait redoutable.

Je ne saurais descendre de Burú pour te saluer, ce matin, mes os ont fait perfide alliance avec ma goutte, et poser le pied sur terre est un véritable supplice.

Gaukka s'inclina en posant une main sur son coeur, saluant avec humilité le doyen des Broìn. Le druide souriait sous le couvert de sa capuche tandis qu'il rendait le salut à Arnec.

Être reçu en ta demeure est déjà un immense honneur, Righ Arnec. J'imagine qu'une vie qui dure depuis près d'un cycle ne va pas sans quelques inconvénients.

Le vieillard leva la main vers lui avant d'ajouter.

Te voir en ces lieux ravit mon cœur d’ancien. Les vieilles connaissances se font rares, beaucoup ont été renvoyées à Ruigsin. Alors dis-moi, ô savant nomade, quel bon vent Ana fit-elle souffler pour que tu viennes me rendre visite ?

Gaukka se redressa tandis que son petit sourire s'effaçait. Il avait beau être un homme grand, il devait lever les yeux pour échanger un regard avec Burù et tendre le cou pour en faire de même avec le souverain chevauchant le doux géant. Du pouce, il fit doucement glisser sa capuche sur son crâne, révélant un peu plus des stigmates qui couvraient la partie droite de son visage. Le Voyageur prit une grande inspiration avant de s'expliquer auprès du souverain.

J'aurai préféré que ce soit par la simple volonté d'Ana, Righ et que les vents soient doux. Malheureusement c'est un mauvais blizzard de l'Est qui m'a amené jusqu'à toi.

Il s'appuya sur son bâton à deux mains, assailli par le souvenir des cavaliers qui déferlaient sur la majestueuse cité castanienne qu'il avait du quitter dans la précipitation. Il poursuivit.

Nul doute que tu connais l'ancien Empire Castanien, loin à l'Est. Même s'il a depuis longtemps perdu de sa superbe, il y demeure des villes immenses et riches. Enfin ...

La petite hésitation du druide lui permit de faire glisser entièrement sa capuche en arrière afin que son visage ne soit plus obstrué par le tissu éprouvé par les voyages. Il plongea son regard émeraude dans celui du Chenu, afin qu'il puisse réaliser la gravité de ce qu'il allait lui annonçait.

Il demeurait des villes riches ... À l'heure qu'il est, il ne reste probablement plus que Nerva qui puisse encore porter le nom de cité. As-tu déjà entendu parler des Ghotaï ?
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeLun 18 Mai - 11:04


La matinée semblait apporter sur la côte de bien vilaines mouettes. Le plaisir pour Arnec de revoir un si vieil érudit était sensiblement gâché par les tristes nouvelles dont il se faisait le porteur. Néanmoins, comme l’Est se trouvait loin de chez lui, son triste sort n’intéressait que fort peu le roi. Ce n’était pas tant le sort des Castaniens qui dérangeait Arnec, mais bien le fait qu’ils allaient devoir en parler, et en cette matinée le roi des Broín n’était guère d’humeur à évoquer les Orientaux. Il observa un profond silence devant le druide, avant de lâcher d’une voix moins chaleureuse qu’alors :

« Pas ici. Suis-moi donc. Burú, mon antre. »

La créature releva pesamment le dos, avant de faire demi-tour et de marcher en direction d’une porte dérobée, donnant accès à un escalier. Le bois craquait sous les pas lourds de Burú, grinçaient comme dans une bicoque hantée. Tout en haut de cet escalier se trouvait un couloir étroit, à peine capable de laisser le géant passer de front. Quelques fois, il devait jouer de ses épaules. Le tunnel était d’ailleurs plus sombre, car aucune torche ne venait illuminer son bois, y faisant régner une atmosphère oppressante et lugubre. La petite promenade dans les recoins sombres du palais ne dura guère cependant, et Burú s’arrêta soudain devant une porte mal engoncée, qu’il ouvrit d’un geste sûr. S’engouffrant dans la brèche, le géant pénétra dans une pièce de taille moyenne, décorée de meubles, de trophées de chasse et d’un âtre où mouraient quelques vestiges de bûche. Dans le fond, près du feu, un homme de petite stature se releva et salua son roi. Il avait les cheveux bruns et la moustache tombante, sur lesquels trônait un casque de bronze d’une rare finesse, un cône ouvragé dont les paragnathides étaient incrustées d’ambres. A n’en point douter, cet homme était un guerrier, et un guerrier particulièrement riche. Arnec s’adressa à lui :

« Garde la porte pendant que je m’entretiens avec mon honorable invité. Hèle donc aussi la Senia, qu’elle apporte avec elle vin ruvien et fruits secs. »

Le guerrier au casque somptueux baissa la tête, puis la releva en lançant :

« Oui, mon roi. »

Il sortit alors de la pièce en agrippant l’une de ses javelines, prêt à prendre son poste à l’entrée de la chambrée du roi et de beugler à la vieille au fond du couloir les demandes d’Arnec. Pendant ce temps, Burú faisait descendre le vieillard de son dos et le posait sur un tabouret avec toute la délicatesse dont il savait faire preuve avec l’ancien. Le siège se trouvait en face d’une table trônant au centre, proche de l’âtre. Sur celle-ci, une étrange petite planche était disposée. Sa forme était singulière, constituée de trois cases de largeur et de huit de longueur, dont la cinquième et la sixième tuile étaient manquantes de part et d’autre. Nul doute n’était possible : devant le vieux roi se trouvait une planche du jeu de Ru. L’artefact lui avait été offert il y a bien des années par un marchand ruvien lui ayant conté d’étranges histoires. L’ironie voulait que cette tablette soit liée aux récits fantasques des explorateurs de l’inconnu. Désignant un tabouret en face de lui, Arnec clama :

« Prends donc place, druide. Tu reconnais sans doute ce jeu, c’est la même planche sur laquelle nous avions disputé notre dernière partie il y a de cela quelques années. Tu m’avais alors battu. Je réclame une revanche. »

Le vieillard lâcha un léger ricanement, sortant les tétraèdres et pions en os qui constituaient les éléments du fameux jeu. Puis il ajouta d’un ton badin :

« Nous n’aurons qu’à parler de tes mauvais augures pendant que je la prends. »

Pendant ce temps, Burú restait à côté d’Arnec, le regard vide et planté sur la porte. Il y avait des moments au cours desquels le petit-neveu du roi avait des absences, coupé du monde extérieur. Certains chamanes supposaient que lors de sa guérison, une partie de son esprit était parti avec Baran Didom, et que lorsque le géant se masquait d’un air inexpressif et lointain, il regardait en fait directement dans le royaume de Ruigsin. Une pensée qui donnait la chair de poule à bien des serviteurs du palais…
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeLun 18 Mai - 14:15


Les traits d'Arnec s'étaient légèrement crispés à mesure que Gaukka avait parlé, passant d'un visage de joyeux grand-père à celui de vieux souverain concerné. Pendant quelques instants, le silence s'installa dans le Grand hall de la demeure royale. Il se redressa légèrement sur les épaules de son petit-neveu avant de lancer froidement.

Pas ici. Suis-moi donc. Burú, mon antre.

Sur ces mots, le colosse se mit en marche docilement. Le plancher frémissait sous le pas puissant de Burù, qui poussa bientôt une porte cachée dans la paroi. Il se baissa légèrement pour s'engouffrer dans les escaliers qui se dissimulaient derrière l'embrasure. Le druide suivit le duo sans un mot à travers un couloir étroit et plongé dans la pénombre. Le colosse poussa la porte qui se trouvait au bout du boyau étroit et ils pénétrèrent tous les trois dans ce qui ressemblait à un genre de salon. Meubles et trophées en tout genre décoraient les murs de la pièce qui étaient chauffée par un âtre volumineux. Le bois crépitait et rougeoyait tandis que Lochran lui en léchait l'écorce. La voix usée du Chenu héla un guerrier qui saluait le souverain avec respect.

Garde la porte pendant que je m’entretiens avec mon honorable invité. Hèle donc aussi la Senia, qu’elle apporte avec elle vin ruvien et fruits secs.
Oui, mon roi.

L'homme portait un casque richement décoré et résultant d'un travail de forgeron et de joallier particulièrement soigné. Il se saisit de sa lance avant d'obéir aux ordres et de prendre son poste de l'autre côté de la porte. Gaukka l'entendit, par-delà la porte, transmettre les ordres du viux souverain. Près de l'âtre, trônant au centre d'une petite table, Gaukka reconnut la silhouette si particulière d'un plateau de jeu de Ru. Un petit sourire naquit aux coins de ses lèvres brûlées tandis qu'Arnec descendait de son imposant porteur pour se recroqueviller sur un tabouret aux pieds épais. Arnec tendit une mains noueuse devant lui, désigna l'assise qui lui faisait face.

Prends donc place, druide. Tu reconnais sans doute ce jeu, c’est la même planche sur laquelle nous avions disputé notre dernière partie il y a de cela quelques années. Tu m’avais alors battu. Je réclame une revanche.

Il tira les petites pyramides peintes d'une bourse en cuir et les pions noir et blanc qui servaient aux joueurs de ce jeu antique avec un petit gloussement presqu'enfantin. Il ajouta en regroupant les pions par couleur.

Nous n’aurons qu’à parler de tes mauvais augures pendant que je la prends.

Le Voyageur prit place en relevant légèrement sa robe sur ses mollets pour trouver une position confortable sur le tabouret. Les lèvres charnues du druide vagabond s'étiraient sur son visage au profil dépareillé en constatant l'enthousiasme de son hôte pour ce jeu. À leurs côtés, Burù patientait, l'oeil vide qui scrutait la porte par laquelle ils étaient arrivés. Le puissant guerrier offrait un spectacle à la fois déroutant et pathétique lorsqu'il avait ces phases de contemplation muette. Gaukka pointa les pions blancs de son index brûlé.

La dernière fois, si mes souvenirs sont exacts, j'avais pris les noirs, je prends donc ceux-là cette fois.

Il posa sa large main sur les jetons désignés et les amena de son côté du plateau les sept pions. Les règles étaient relativement simples. Les dés pyramidaux avaient des angles peints et d'autres vierges. Ils suffisaient aux joueurs de lancer les dés et de compter le nombre de points de couleurs pour connaître leur score, allant de 0 à 4. Ils pouvaient avancer un pion d'un nombre de cases égales au résultat. Le premier des joueurs à faire le circuit complet avec tous ses pions était déclaré vainqueur. La petite astuce reposait dans le fait que si l'adversaire terminait son mouvement sur la même case qu'un de ses pions, le joueur le récupérait et le pion devait refaire tout le chemin depuis le début. Un jeu de course aussi divertissant que nécessitant une bonne approche stratégique du plateau. Le Druide aligna les pions face à lui et se saisit des quatre tétraèdres qu'il fit rouler quelques secondes au creu de sa paume. Il échangea un regard avec le souverain.

Tu n'as pas répondu à ma question tout à l'heure, Vénérable Righ. Connais-tu les Ghotaï ? On les appelle aussi les Feareich.

Il ouvrit sa main et fit rouler les dés face à lui. Gaukka posa son regard sur la table avant de s'écrier.

Deux !

Le Voyageur posa son premier pion sur la deuxième case. La partie était lancée.
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeMar 19 Mai - 8:30

Arnec se saisit des tétraèdres de ses doigts noueux de vieillesse et les lança sur la table. Un petit sourire illumina alors son visage fripé.

« Quatre ! »

Il fit avancer un pion jusqu’à l’une des cases, la plus colorée de toutes, représentant une fleur aux pétales épanouis. Il n’existait que cinq de ces cases sur le plateau, dont une seule au centre sur la ligne que partageaient les deux joueurs. Atterrir sur cette case avec un pion signifiait que l’on pouvait relancer les dés. Pour la case du centre, en revanche, le bonus était double : car un pion sur ladite case devenait dès lors intouchable tant qu’il restait sur celle-ci.

Le roi reprit alors les dés et les lança à nouveau.

« Deux. »

En lieu et place de bouger son pion, Arnec choisit d’en faire avancer un nouveau sur la piste. Puis il se redressa légèrement pour toiser son adversaire.

« Jamais entendu parler. Je sais en revanche que plus on s’éloigne dans l'est, plus la population devient primitive. Exception faite des Pluincéid, bien entendu. »

Il avait rajouté la nuance en se rappelant d’où venait le druide. Le pensait-il pour autant ? Arnec ne connaissait guère Ultàn ni les hommes des Gàrradh, avec qui il entretenait peu de contacts. Entre leurs deux terres respectives, en effet, il existait une énorme tache que le vieux roi s’était promis de laver un de ces jours, qu’importe la méthode employée. Il suffisait de frotter avec assez de conviction, et ce même s’il fallait pour cela faire un trou dans le linge.

« Je suis d’ailleurs étonné que tu ne sois pas retourné voir ton roi en premier. Aurais-tu perdu ses faveurs ? Ou n’as-tu simplement pas eu d’autre choix que d’échouer sur mes rades ? »

S’il avait fui l’est pour échapper aux destructions de ceux qu’il appelait Feareich, il devait sans nul doute avoir pris le premier navire s’éloignant pour le couchant. Mais si c’était la disgrâce qui l’avait fait venir en ces lieux, Arnec n’était pas très sûr de pouvoir garantir la sécurité de son invité, si le roi Ultàn demandait à ce qu’il lui soit restitué…
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeMar 19 Mai - 12:10

Quatre !

Le vieux souverain posa un pion sur la case marquée d'une fleur qui signifait qu'il pouvait jouer une nouvelle fois. Il se saisit des petites pyramides et les lança à nouveau.

Deux.

Un deuxième pion noir entra en lice. Arnec prenait un léger avantage, mais tout pouvait basculer très vite dans une partie de Ru. Le Chenu redressa la tête avec une mine satisfaite tandis qu'il répondait au druide en lui tendant les dés.

Jamais entendu parler. Je sais en revanche que plus on s’éloigne dans l'est, plus la population devient primitive. Exception faite des Pluincéid, bien entendu.

La nuance apporté en fin de phrase arracha un sourire à Gaukka qui se doutait bien que le vieux baroudeur n'en pensait pas une syllabe. Il se contentait de ménager la fibre clanique du Voyageur au cas où ce dernier s'offusquerait de provocation envers son territoire de naissance. Personne ne semblait comprendre son attachement au monde plus qu'à une infime partie de sa surface que les Hommes avaient décidés de s'attribuer comme leur propriété. Il hocha la tête avec amusement sans prononcer un mot. Il lui semblait bien vain de tenter d'expliquer cela au vieux Roi, qu'il savait relativement obtus sur le sujet. Arnec renchérit.

Je suis d’ailleurs étonné que tu ne sois pas retourné voir ton roi en premier. Aurais-tu perdu ses faveurs ? Ou n’as-tu simplement pas eu d’autre choix que d’échouer sur mes rades ?

Gaukka se saisit des dés et les fit danser un instant dans sa main avant d'ouvrir ses doigts et de faire claquer les tétraèdres sur la tables.

Trois !

À son tour il fit entrer un second jeton sur la piste, préférant ne pas se risquer sur la colonne centrale où les pions pouvaient s'éliminer. Il répondit alors au Chenu.

Je n'ai pas eu le choix, Righ. J'étais à Skov, la Cité-Rubis, loin à l'Est. Après avoir été poussé dehors par les soldats de la ville, j'ai vu les Ghotaï déferler sur la ville et l'assiéger. Des centaines et des centaines de cavaliers, tellement nombreux que l'horizon semblait couvert de chevaux. J'ai gagné la première ville sur ma route pour y prendre un navire et revenir au plus vite jusqu'aux terres des peuples libres.

Il ramassa les dés pour les tendre à son adversaire, tout en poursuivant son discours.

Les Feareich ont jurés de conquérir l'Ouest ... Et j'ai vu ce que conquérir signifiait pour eux. La destruction et le pillage, l'incendie et la destruction. Leur chef, ils l'appellent le Khan, a juré d'écraser quiconque se présenterait sur sa route. Inutile de te dire que nous sommes sur sa route.

Le Voyageur laissa tomber les dés au creux de la main du vieux roi, le laissant poursuivre la partie. Il ajouta avant que les pyramides roulèrent sur le bois.

J'ai déjà vu bien des armées, Righ, mais celle-ci est sûrement la première qui m'a réellement effrayé. C'est la vraie raison de ma visite. Je devais t'avertir, ainsi que ton co-Roi.

Son sourcil gauche se leva tandis qu'il risquait un regard vers Burù qui souriait béatement sans un mot.

D'ailleurs, est-il présent à Arcasadrigun ? Ces funestes nouvelles le concernent tout autant que toi.

Et la proposition qu'il allait faire nécessiterait l'avis des deux souverains des Broìn. Le souverain lança les dés avant de lui répondre, visiblement plus concentré sur la partie en cours que sur les propos du Voyageur.
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeVen 5 Juin - 8:33


Le récit que faisait Gaukka de ses voyages dans l’est lointain, outre leur apparente fantaisie, se teintait d’obscurs auspices. Arnec écoutait d’une oreille faussement distraite les troubles qui semblaient agiter l’autre bout du monde, loin des siens et loin des Ruviens. Les druides eux-mêmes avaient produit une pléthore de prédictions alarmantes. Si de mauvais génies chevauchant des montures se ruaient vers l’ouest dans leur direction, il s’agissait là peut-être d’un souci épineux… Mais avant d’être le sien, ce serait d’abord celui des Cléirigh.

Le vieillard lança à nouveau les dés. Trois. Arnec observa le jeu un instant, avant de décider d’ouvrir un peu plus la partie en avançant son second pion sur la première case de la rangée centrale. Ce faisant, il répondit aussi aux interrogations de son invité :

« Le Righ est loin. Il est présent près du Boglachómar afin d’éviter une nouvelle guerre. »

Disant cela, Arnec se prit à rire, un petit rire sec et moqueur, narquois au possible. Un rire qui avait rougi la face de Magetobrigos en de maintes occasions.

« Oh, et sais-tu quel nouveau jeu mes vassaux ont trouvé pour exciter l’auroch des collines ? Le matin, lorsqu’ils se réveillent et trouvent leurs savates trop usées, ils décident de s’en débarrasser en les jetant de l’autre côté de la frontière. Nous en avons parlé avec mon ami roi, et nous en avons conclu qu’il fallait qu’il aille régler ça sur le champ. En revanche, nous avons également conclu que c’était très drôle. »

La porte s’ouvrit à nouveau sur ces paroles, laissant passer une femme d’âge mûr, aux pattes d’oie prononcées, dont les cheveux brunâtres tiraient en épaisses mèches sur le blanc. Petite rondelette, elle portait enroulée à l’un de ses bras une petite amphore dont elle tenait le trépied métallique dans sa main, et de son autre main, elle tenait un grand bol de fruits secs. Posant le tout sur la table, la servante organisa tout ce gourbis sans l’once d’un sourire, concentrée sur sa tâche. Elle alla ensuite chercher deux chopes taillé dans la corne et les posa sur la table, ouvrant l’amphore pour servir les deux hommes. Un épais liquide noirâtre en sortit, embaumant une odeur de forte de raisin fermenté. Arnec se montrait fort généreux avec son hôte : le vin ruvien était une denrée rare et prisée.

Puis, Arnec décida qu’il était temps de cesser de tourner autour du pot, et dit platement :

« Je vois très bien où tu souhaites en venir, druide. Et sache que si le grand excité des vallons est de la partie, je refuserai de convoquer ne serait-ce qu’un seul ambacte. »
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeSam 6 Juin - 11:18


Les rides du vieillard s’accentuèrent à mesure que ses lèvres s’étiraient en un sourire presque enfantin. Il déclara après avoir lancé les dés et avancer un jeton sur la voie centrale du plateau, entamant les vraies hostilités.

Le Righ est loin. Il est présent près du Boglachómar afin d’éviter une nouvelle guerre. Oh, et sais-tu quel nouveau jeu mes vassaux ont trouvé pour exciter l’auroch des collines ? Le matin, lorsqu’ils se réveillent et trouvent leurs savates trop usées, ils décident de s’en débarrasser en les jetant de l’autre côté de la frontière. Nous en avons parlé avec mon ami roi, et nous en avons conclu qu’il fallait qu’il aille régler ça sur le champ. En revanche, nous avons également conclu que c’était très drôle.

Arnec gloussa de contentement avec la désinvolture et la pointe de cruauté dans le regard d’un enfant turbulent. Gaukka dodelina de la tête avec un petit sourire entendu.Il devrait donc traiter avec le Chenu uniquement pour cette fois. Il se refusait à partir errer dans les marais d’Ambre à la recherche du co-souverain des Broìn. Malgré son expérience de marcheur, il y avait des lieux qu’il préférait éviter autant que possible. Entre les tourbières traîtresses et les Hommes-Crapauds, le Boglachòmar était une lande peu accueillante, même pour le Voyageur. Les provocations du peuple des Vasières envers celui des Collines étaient presques ridicules pour le druide, mais elles trouvaient leurs origines en des temps si anciens que même Arnec n’était pas né lors des premières tensions.

Il s’empara des dés alors qu’une servante entrait en tenant une grosse cruche ventrue et qu’elle versa un liquide noirâtre aux arômes fortes de raisin dans les coupes des deux joueurs. Elle posa également un plat de fruits secs et alors que le liquide tintait contre le bord des verres avec son son si particulier, les petites pyramides claquèrent sur la table et s’immobilisèrent rapidement.

Un !

Un rapide coup d’oeil au plateau plus tard, le druide avança son pion le plus en avant, atteignant la case portant une espèce de fleur peinte, signifiant qu’il pouvait rejouer une fois. Il hocha la tête à l’attention de la servante pottelée avant de se saisir à nouveau des tétraèdres.

Je vois très bien où tu souhaites en venir, druide. Et sache que si le grand excité des vallons est de la partie, je refuserai de convoquer ne serait-ce qu’un seul ambacte.

La sentence du vieux Righ était implacable. Son corps avait peut-être perdu de sa superbe, l’esprit était toujours vif et il avait déjà compris où le Voyageur voulait en venir. Le druide fit rouler les dés dans sa paume couverte de boursouflures et ouvrit la main pour les faire rouler sur la table. Trois. Il pouvait faire la course en avant et s’exposer aux pions du Chenu ou faire entrer un troisième jeton en lice. Il pinça légèrement les lèvres en réfléchissant puis choisi la seconde option. Il se donnait l’opportunité de pouvoir éliminer le prochain jeton d’Arnec avec plusieurs résultats sur son futur jet. Rien ne servait de se précipiter dans une partie de Ru. Il ramassa les dés d’un geste vif avant de les tendre à son adversaire et de les laisser tomber dans la main couverte de tâches de vieillesse.

Je n’ai aucun idée de ce que compte faire le Roi du Cnuiclarann. Et je ne fais pas d’illusions, il aura sûrement les mêmes réticences que toi à l’évocation de mon récit et lorsqu’il comprendra lui aussi mon intention.

Le Voyageur se saisit de sa coupe et la leva en direction d’Arnec. Il resta immobile, attendant que le Righ en face de même afin de trinquer et renchérit.

Cependant avant de t’opposer à la moindre suggestion, prends au moins le temps d’entendre ce que j’ai à dire.

Il plongea ses yeux dans ceux du vieil homme, cherchant à y déceler si ses mots auraient une quelconque portée chez le Chenu.

Je connais les griefs entre vous et comme je l’ai toujours fait et dit, je ne prendrais aucun parti, ni ne chercherais à savoir qui a le plus de raisons d’en vouloir à l’autre. Ce sont vos affaires, vos peuples, votre terre et votre sang. Cependant, si j’ai pris la décision de te rencontrer et de t’en parler c’est qu’il est plus que nécessaire de pouvoir entamer des pourparlers. Cette fois, c’est vital !


Le Voyageur leva un regard légèrement anxieux vers Burù qui souriait naïvement à la servante qui avait déposé l’amphore sur son petit présentoir en métal.

Il est impossible qu’un seul des peuples libres puissent résister aux Feareich. Je sais que tu ne souhaites que le bien pour ton peuple et pour ta famille. Je crains que un refus de rencontrer les autres Righ ne les mettent en péril. Les Ghotaï ne font aucun prisonnier.

Il s’était douté dès le départ que le premier souverain serait probablement le plus difficile à convaincre. Il le connaissait depuis assez longtemps pour pouvoir témoigner de son opiniâtreté et de son côté obtus lorsque le peuple rival voisin était inclu dans la conversation. Il espérait secrètement que la partie de Ru rendrait le vieux Chenu plus ouvert à la discussion.
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeDim 28 Juin - 14:26


Le vieux roi prit une légère lampée de ce vin si capiteux que ses papilles en étaient alourdies. Puis il écouta la tentative du druide pour le convaincre d’abandonner ses armes pour venir étreindre celles de son ennemi héréditaire. Malheureusement, la seule chose que les mains d’Arnec souhaitaient étreindre était le cou de taureau séparant l’horrible tête de Magetobrigos de son corps de barrique. Un discours, si beau fut-il, était bien maigre de sens face à des années de haine mutuelle, de faides sanglantes, de pillages et de rapines.

Néanmoins, Arnec conserva dans un coin de sa tête l’une des vérités lancées par Gaukka. Aucun des peuples libres ne pouvait s’ériger seul face à la menace. Une idée subtile germa dans la tête du Broín. Tout en relançant les dés, faisant avancer piètrement sa première pièce d’une case, Arnec répondit :

« Vous autres druides ne prenez parti que lorsque cela vous arrange. »

Puis, après avoir repris un peu de vin, il tendit une noix à Burú, qui, se réveillant de sa transe, attrapa le fruit sec pour en briser la coquille à-même la paume de sa main, laissant l’imagination s’occuper de savoir ce qu’il pouvait bien briser de ses deux mains et toute sa force réunies. Tout en becquetant les morceaux de noix, Arnec ajouta de manière plus diplomate :

« Laisse-moi t’en apprendre plus sur la réaction de mon ennemi. Après tout, je le connais depuis si longtemps… Je sais exactement quelle sera sa manière d’aborder la chose. »

Il donna les dés à Gaukka, puis poursuivit :

« Il t’accueillera d’abord en bon vivant, exposant ton dos à ses douloureuses bourrades qui se veulent amicales. Il dressera une tablée pour toi, te réservera même peut-être le meilleur morceau de sa chasse du jour. Il t’écoutera attentivement, car c’est un homme pieux et respectueux des traditions. Puis, lorsque tu aborderas le sujet qui fâche, son sourire s’évanouira. Dans la salle, tu trouveras alors plus d’ennemis que d’amis. Ton titre seul empêcherait un massacre, dans sa demeure de Dunlodunum. Mais face à lui, même toute ton éloquence serait futile. Magetobrigos est plus têtu qu’un sanglier. Et encore plus bête, avec ça... »

Burú se contenta de lâcher un petit rire traînant et profond, le genre de ricanement que ne pouvaient produire que les enfants ou les simples d’esprit, suivi d'un long "Yaaaarp".

« Néanmoins, sapient Gaukka, si malgré mes mises en garde tu souhaites persévérer dans ta quête, alors je ne saurais me montrer ingrat devant tant de courage. Convaincs ce jeune pourceau le premier, et si la nouvelle m’atteins que les autres rois ont eux aussi cédé à la prudence, alors peut-être daignerai-je me montrer plus ouvert à la discussion. »

Arnec leva un doigt courbé par l’arthrite à l’intention du druide, avançant vers l’avant.

« Mais prends garde, mon vieil ami, car le temps joue déjà contre toi. Les frontières s’animent… le Boglachómar risque déjà de se rallumer et de provoquer à nouveau la colère des dieux. Il te faudra plus que ta rhétorique pour empêcher la guerre de reprendre : il te faudra courir plus vite ! »

Le vieillard laissa s’échapper un petit ricanement oscillant avec une quinte de toux. Le véritable problème dans l’histoire n’était peut-être pas forcément la réticence du plus vieux roi des Broín , il s’agissait des feux brûlant au cœur des âmes perdues rejoignant la frontière ; il s’agissait des passionnés de haine et de combat qui s’étaient donné rendez-vous dans les marais, pour un sanglant échange de politesses.
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeMar 30 Juin - 17:28

La main d'Arnec lâcha les dés pyramidaux et fit avancer d'une case le pion qui commençait à emprunter la rangée centrale. Il se fendit d'une remarque un brin caustique, un ton que le druide s'étonnait de ne pas encore avoir subi jusque là.

Vous autres druides ne prenez parti que lorsque cela vous arrange.

Le regard des deux hommes se croisèrent tandis que le vieillard rabougri tendait une noix à son colosse de porteur, qui brisa la coquille en la serrant dans sa paume, avant de tendre le fruit sec ainsi libéré de son sarcophage à son aïeul. Le Righ se saisit des morceaux de noix et les picora après avoir passer les petites pyarmides à son adversaire. Il déclara alors.

Laisse-moi t’en apprendre plus sur la réaction de mon ennemi. Après tout, je le connais depuis si longtemps… Je sais exactement quelle sera sa manière d’aborder la chose. Il t’accueillera d’abord en bon vivant, exposant ton dos à ses douloureuses bourrades qui se veulent amicales. Il dressera une tablée pour toi, te réservera même peut-être le meilleur morceau de sa chasse du jour. Il t’écoutera attentivement, car c’est un homme pieux et respectueux des traditions. Puis, lorsque tu aborderas le sujet qui fâche, son sourire s’évanouira. Dans la salle, tu trouveras alors plus d’ennemis que d’amis. Ton titre seul empêcherait un massacre, dans sa demeure de Dunlodunum. Mais face à lui, même toute ton éloquence serait futile. Magetobrigos est plus têtu qu’un sanglier. Et encore plus bête, avec ça...

À peine interrompu par le gloussement enfantin de Burù et du seul son qu'il savait émettre depuis d'aussi loin que la mémoire du Voyageur portait, le Chenu poursuivit, un doigt tendu vers le druide, comme un professeur qui fait la leçon à son élève.

Néanmoins, sapient Gaukka, si malgré mes mises en garde tu souhaites persévérer dans ta quête, alors je ne saurais me montrer ingrat devant tant de courage. Convaincs ce jeune pourceau le premier, et si la nouvelle m’atteins que les autres rois ont eux aussi cédé à la prudence, alors peut-être daignerai-je me montrer plus ouvert à la discussion. Mais prends garde, mon vieil ami, car le temps joue déjà contre toi. Les frontières s’animent… le Boglachómar risque déjà de se rallumer et de provoquer à nouveau la colère des dieux. Il te faudra plus que ta rhétorique pour empêcher la guerre de reprendre : il te faudra courir plus vite !

Un fin sourire était né sur les lèvres à moitié brûlées du druide qui gardait son regard plongé dans celui du vieux Righ. Il faisait rouler les tétraèdres dans sa main couverte de cloques et des stigmates du feu qui l'avait rongé lorsqu'il répondit aux affirmations de son camarade de jeu.

Je ne prends jamais parti, Arnec. Jamais. Tu le sais très bien, inutile de te montrer taquin sur ce point.

Il lança les dés sans y jeter le moindre regard dans un premier temps. Il avait la sensation de redire cette phrase à chacune de ses visites dans la capitale lacustre. Bien des Rois avaient du mal à appréhender le détachement que Gaukka éprouvait envers ce sentiment patriotique qui les animait. C'était sa neutralité qui lui avait permis de voyager à travers le monde et de découvrir une myriade de peuple. Un vagabond ne pouvait préférer un arbre à un autre, une plage à une autre, alors comment pourrait-il préférer un peuple à un autre ? Son sourire s'élargit un peu plus alors qu'il reprenait.

Je prends note de tes avertissements et je saurais choisir avec soin les mots que j'emploierais face à ton ennemi juré. Mais je tenterai ma chance malgré tout auprès du Sanglier. Comme je te l'ai dit, le danger est bien plus grand et infiniment plus mortel que toutes querelles aux frontières.

Il baissa les yeux vers les dés et compta les pointes blanchies. Une, deux, trois. Le druide se saisit du deuxième pion sur sa piste et avança en comptant les cases. Arrivé en bout de course, il suspendit le jeton au-dessus de celui d'Arnec. Il releva les yeux vers le vieil homme et fit glisser le jeton d'Arnec vers lui, avant de poser le sien. Gaukka aait fait couler le premier sang et souligna l'action d'un petit commentaire.

Il y a parfois des combats qu'il faut savoir retarder pour arriver à la victoire. J'irai aussi vite que mes jambes me porteront, mais tu te doutes bien que je ne pourrais avoir rencontrer la Banrigh des Aonghusa avant la fin du Printemps. Puis-je te demander de me laisser une chance de la rencontrer et de la convaincre avant que le Righ Arvel et toi ne vous lanciez à l'assaut des Cléirigh ?

Il fit doucement claquer son jeton contre la piste en bois laqué avant de saisir les dés dans sa large main et de les déposer du côté du Chenu. Il ajouta enfin.

D'ailleurs, pourquoi un telle haine de ce nouveau Roi des Collines ? Je connais vos querelles séculaires mais tu sembles particulièrement l'avoir pris en grippe celui-là ?
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeDim 5 Juil - 12:38

Arnec accueillit la prise du jeton avec un léger claquement sec de la langue. Il avait pris un risque, comme tous les joueurs avides. A présent, c’était son ennemi qui était devant lui, mais Arnec n’était pas du genre à affronter ses rivaux bien en face. Il lança à nouveau les tétraèdres dans un geste presque machinal, adressant silencieusement une prière à Tehach. Trois. Il déplaça un pion de sa réserve, le même qui lui avait été retiré, jusqu’à la troisième case du jeu. Puis un léger silence envahit la salle, le temps qu’Arnec reprenne une gorgée de ce traître vin du sud. Le silence fut ponctué des craquements réguliers de Burú qui, après avoir écrasé une noix, se mettait à briser toutes les autres coquilles.

Arnec sortit finalement de son silence en lançant les dés vers Gaukka, pour qu’il puisse lui aussi jouer, avant de dire d’une voix de grenouille :

« Je te le répète, je ne peux pas t’accorder du temps pour une chose sur laquelle je n’ai aucune emprise. Cependant… je pourrais peut-être trouver une solution. Si elle fonctionne, tu aurais le temps d’aller voir l’autre empaffé. Si elle échoue, alors même le destrier de Mhrag ne pourrait te porter avant qu’une nouvelle guerre n’éclate. »

A ces mots, Arnec gloussa et engloutit une nouvelle portion de noix concassée. Le goût se mariait subtilement à celui du vin, donnant un arôme nouveau en bouche. Il fit claquer sa langue plusieurs fois sur son palais, puis daigna répondre à la nouvelle interrogation du druide.

« Il est dans ma nature de haïr tout ce qui est dangereux pour moi. »

Il haussa les épaules, se renfonçant dans son fauteuil tout en sirotant son godet.

« Je détestais bien plus Magatos que son fils. Ne te rappelles-tu pas que c’est lui qui me priva de Meriel, ma dernière épouse ? C’était un rustre, un butor. Sa mort m’a apporté énormément de plaisir. »

Puis ses yeux se verrouillèrent sur ceux de Gaukka, alors qu’il se relevait un peu de son dossier.

« Et alors que je me croyais débarrassé de cet énergumène, voilà que son immonde bâtard ravit le titre de roi des débiles. Sa femme et son fils se font empoisonner, et l’ignoble pense qu’il s’agit de moi. Alors, il décide de tuer mes descendants durant la dernière guerre… Je te l’ai dit, grand druide. Nos querelles ne sont pas seulement séculaires : elles sont très privées. Tu peux penser qu’il ne s’agit que de vieilles faides ancestrales dont les origines sont d’ores et déjà oubliées. Ce serait insulter la mémoire de ceux que moi et ce porc avons perdus. La guerre est perpétuelle. Elle se fond dans un cycle désastreux de morts, de naissances, de rivalités et de vies brisées. Elle ne s’arrête jamais vraiment. Lorsque nous faisons la paix, nous fourbissons nos armes. Lorsque nous entrons en hivernage, nous nous réchauffons devant le feu en nous racontant nos futures embuscades. »

Arnec désigna un endroit derrière lui, sans même le regarder. En suivant son doigt, Gaukka pouvait voir qu’il désignait une pile de crânes blanchis, certains même jaunis.

« Nos trophées nous rappellent ce que nous sommes, druide. Nous sommes des Broín. Notre destinée, c’est de collecter assez de ces têtes vides pour plaire à nos dieux. Et Baran Didom ne m’ayant pas encore escortée jusqu’en la demeure de Ruigsin, c’est sans doute que je n’en ai pas encore amassé assez pour paraître devant notre créateur. »
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MessageSujet: Re: Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec)   Le plus vieux jeu du monde (PV Arnec) I_icon_minitimeLun 6 Juil - 16:46

Nul besoin d'être un grand psychologue pour s'apercevoir que la prise du druide avait légèrement contrit le vieil homme et lorsqu'il vit le résultat de son jet de dés, Arnec se saisit bien vite du jeton éliminé pour le replacer sur le plateau. Gaukka s'empara des petits pyramides alors que son adversaire lui répondait avec une pointe de malice dans les yeux.

Je te le répète, je ne peux pas t’accorder du temps pour une chose sur laquelle je n’ai aucune emprise. Cependant… je pourrais peut-être trouver une solution. Si elle fonctionne, tu aurais le temps d’aller voir l’autre empaffé. Si elle échoue, alors même le destrier de Mhrag ne pourrait te porter avant qu’une nouvelle guerre n’éclate.

Arnec jeta dans sa bouche un nouveau morceau de noix qu'il rinça d'une grande lampée de vin avant de répondre à la question du Voyageur.

Il est dans ma nature de haïr tout ce qui est dangereux pour moi. Je détestais bien plus Magatos que son fils. Ne te rappelles-tu pas que c’est lui qui me priva de Meriel, ma dernière épouse ? C’était un rustre, un butor. Sa mort m’a apporté énormément de plaisir.

Gaukka posa deux doigts sur son front pour adresser une bénédiction silencieuse à l'esprit de la défunte épouse du Righ, alors que ce dernier poursuivait en plantant son regard dans celui du druide.

Et alors que je me croyais débarrassé de cet énergumène, voilà que son immonde bâtard ravit le titre de roi des débiles. Sa femme et son fils se font empoisonner, et l’ignoble pense qu’il s’agit de moi. Alors, il décide de tuer mes descendants durant la dernière guerre… Je te l’ai dit, grand druide. Nos querelles ne sont pas seulement séculaires : elles sont très privées. Tu peux penser qu’il ne s’agit que de vieilles faides ancestrales dont les origines sont d’ores et déjà oubliées. Ce serait insulter la mémoire de ceux que moi et ce porc avons perdus. La guerre est perpétuelle. Elle se fond dans un cycle désastreux de morts, de naissances, de rivalités et de vies brisées. Elle ne s’arrête jamais vraiment. Lorsque nous faisons la paix, nous fourbissons nos armes. Lorsque nous entrons en hivernage, nous nous réchauffons devant le feu en nous racontant nos futures embuscades. Nos trophées nous rappellent ce que nous sommes, druide. Nous sommes des Broín. Notre destinée, c’est de collecter assez de ces têtes vides pour plaire à nos dieux. Et Baran Didom ne m’ayant pas encore escortée jusqu’en la demeure de Ruigsin, c’est sans doute que je n’en ai pas encore amassé assez pour paraître devant notre créateur.

Les dés quittèrent la main de Gaukka et claquèrent sur le bois de la table avant de s'immobiliser en dévoilant deux sommets blancs. Un rapide coup d'oeil au plateau plus tard, le druide fit avancer le pion sur la piste centrale et s'arrêta sur la fleur peinte qui signifiait qu'il pouvait de nouveau lancer les dés.

La chance semble me sourire pour le moment.

Un léger sourire étirait les lèvres blanchies par les flammes et il récupéra les tétraèdres dans un grand geste. Il les fit rouler dans sa paume en renouant le contact visuel avec le vieux Roi.

Je ne peux juger la pertinence de votre querelle, ni sa teneur, Righ Arnec. Et puisque cele-ci se résout sur les champs de bataille depuis des années, il est malheureusement inévitable que chacun de vous compte ses morts. À chaque combat, l'un de vous perdra un proche et réclamera vengeance. Un cycle perpétuel en effet mais qui pourrait un jour être brisé, si seulement vous acceptiez de vous asseoir à une table, d'égal à égal.

Gaukka savait déjà que ses paroles ne mèneraient nulle part. Chaque camp se retrancherait derrière une haine réciproque qui s'était élevé au rang de tradition. Il lança à nouveau les dés et son sourire s'élargit un peu plus en avançant son premier jeton de trois cases, le plaçant hors de portée de son adversaire et à quelques cases de la fin du plateau et du premier point de la partie. Un premier point symbolique mais qui ne voulait rien dire. Le jeu de Ru était long et rempli de retournements de situation. D'ailleurs en quelques jets de dés idéaux, son pion pouvait encore se faire ramener au point de départ. Seul l'avenir dirait ce que réservait la partie. Il tendit les dés à son adversaire en faisant une remarque sur les propos du Roi.

Même si tu n'as pas d'emprise sur le temps, je suis sûr que tu en as sur tes guerriers pour les empêcher de se débarraser de leurs vieilles savates par delà la frontière. Je suis presque sûr que le Righ Arvel saurait prendre en considération tes dires. Je ne te demande pas de ralentir le temps, ni de faire la paix avec tes rivaux, grand Righ, juste de m'offrir le droit de rencontrer tes semblables afin de les prévenir du danger qui guette nos terres à tous.

Il tendit les dés à Arnec en souriant. Le vieux renard pensait-il vraiment se jouer du druide en prétextant être presque impuissant ? Il avait mené bien plus de guerre contre ses voisins que n'importe quel membre de son peuple et ce serait lui qui donnerait le départ du prochain conflit. À voir à présent s'il jouerait franc-jeu avec son adversaire ou s'il continuerait de faire l'innocent aux mains pleines.
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