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 Gaukka le Voyageur

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Gaukka le Voyageur

Admin

Gaukka le Voyageur

Messages : 139
Date d'inscription : 28/03/2020

Personnage
Âge: 50
Métier: Druide vagabond
Statut: Pluincéid


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MessageSujet: Gaukka le Voyageur   Gaukka le Voyageur I_icon_minitimeMar 31 Mar - 21:01



   


   
GAUKKA LE VOYAGEUR

 










Nom/Prénom : Gaukka le Voyageur

Âge/ Date de naissance : 50 ans. Grianstad d'Hiver (1er jour de Primo Nix) 348
Sexe : Masculin
Faction : Clans barbares
Liens notables :

Fonction : Druide

Personnage
POSSESSIONS :

Gaukka ne possède que bien peu de choses et tout ce qui lui appartient, il l'emmène lors de son périple. Il est vêtu de son long manteau à capuche, autrefois blanc mais désormais marqué des couleurs de la terre et de l'herbe. Gaukka arpente le monde en s'appuyant sur un grand bâton de bois, dont la tête est sculpté en forme boule. Sa taille est entouré d'un solide ceinturon où il peut accrocher une dague à la lame large, qui lui sert à se défendre en cas de besoin ou à dépecer une proie qu'il a chasser.

Sur son flanc, une outre se balance au bout d'une lanière de cuir. De l'autre côté, il porte sa besace, dans laquelle on retrouve divers collets et ustensiles de couture, ainsi que quelques baumes et onguents qu'il se procure chez les chamans qu'ils croisent sur son chemin.

Il porte autour du cou, un collier portant cinq plumes d'aigle en l'honneur Tehach et il porte deux bracelets de fer gravés d'un cerf et d'un serpent, en hommage à Fàis et Fios.

APPARENCE :

Gaukka est grand, parmi les plus grands de son peuple. Il domine généralement la foule de quelques centimètres lorsqu'il entre dans les rues des cités royales. Large d'épaules, on peut difficilement ignoré sa stature quand on croise le chemin du Voyageur. Même s'il dissimule généralement son visage sous sa grande capuche, sa voix grave et légèrement éraillée appuie la silhouette massive et le charisme naturel qu'il dégage.

La partie droite de son corps porte la Morsure de Lochran. Depuis le pied jusqu'au front, sa peau porte les stigmates du feu qui lui a laissé une peau blanchie et légèrement boursouflée, parcourue de veinules rouges. Même s'il n'a pas développé la musculature volumineuse d'un guerrier qui s'entraîne chaque jour, son mode de vie de vagabond lui a permis de développé un corps affuté et sans une once de graisse.

Sur son visage, hormis les brûlures qui tordent ses traits sur le côté droit, on peut apercevoir un nez droit et large, encadré par des yeux verts. Son sourcil gauche est relativement fin et ne crée pas une affreuse disymétrie avec l'absence du droit, incapable de pousser sur les chairs brûlées. Gaukka possède des lèvres charnues et des pommettes prononcées. Son oreille droite se résume à un trou depuis que le cartilage a fondu en se faisant lécher par les flammes. Il se rase la tête et la barbe afin d'éviter que la vermine ne vienne y élire domicile pendant les nuits qu'il passe dans les forêts et les champs.

Sur son bras gauche, Gaukka s'est fait tatoué les représentations des Dias. Tàirne se situe au sommet et couvre sa peau jusqu'à sa clavicule, puis vient Ana qui entoure son biceps, Beinn décore le coude et le creu du bras, Tuinn se déploie sur l'avant-bras et enfin Lochran orne le poignet et le dos de sa main.

PERSONNALITE :

Le Voyageur est un homme dévoué aux Dias et aux Tuas. Il a dévoué sa vie à honorer leur présence et leur puissance, cherchant à attirer les regards bienveillants sur lui et à distiller leurs paroles à ceux qui sauraient l'écouter.

De part sa condition de vagabond, Gaukka a fait le choix de ne pas prendre d'épouse et de ne pas enfanter. Loin d'être un ascète, il peut s'adonner aux plaisirs de la chair, mais s'interdit pourtant de développer des sentiments amoureux envers une personne en particulier. Il tente d'aimer tout être vivant et de n'éprouver de haine pour personne, nouant avec Gradh un lien particulier.
Gaukka ne craint que les Dias et appréhende la mort avec autant de normalité que la vie. Il sait que Baran Didom viendra le chercher lorsque son heure sera venu et il l'accueillera avec la révérence du au Tua. De ce fait, il ne rechignera pas à combattre si sa vie est en jeu, mais ne provoquera jamais le combat. Il se sait investi des volontés de Cogadh et de Neart, qui lui apporteront leurs bienveillances si le besoin s'en fait sentir.

D'une nature plutôt taciturne, il préfère parler lorsque cela est nécessaire et inévitable. Le druide préfère écouter que déblatérer, car c'est ainsi qu'il pourra prodiguer les conseils les plus sages à ceux qui viennent le consulter en quête de réponse. Gaukka demeure curieux d'apprendre, même à son âge et estime qu'il n'arrêtera jamais de le faire jusqu'à son dernier souffle. Il reste humble face à la beauté des territoires qu'il arpente et s'intéresse à chaque individu qu'il croise, car tous, qui qu'ils soient, l'enrichiront de leur savoir et de leur expérience.



HISTOIRE

I. La naissance du Voyageur

Alors que les premiers flocons de neige voletaient dans l'air frais du crépuscule et que les habitants de Caladh se réunissaient pour célébrer le Grianstad et honorer les défunts, Sora la Corneille donna naissance à son fils dans l'ombre du Caladhdun. Les rives gelées de l'Eascann résonnèrent du cri du nouveau-né, apportant le regard de Deür sur la hutte de Rian le Barde, son père, et la joie dans le coeur des nouveaux parents. Un à un, les familles défilèrent pour venir accueillir le jeune Gaukka dans le monde des Hommes, après que Jerodias le Druide l'ait béni en amenant le regard des Dias sur lui.

De son enfance, il y a peu de choses à retenir. Comme beaucoup de jeunes Pluincéid, Gaukka grandit sous l'oeil attentif de ses parents, assistant aux cérémonies que son père présidait et accueillant la naissance de son frère Baldek avec joie et fierté. Il suivit les enseignements des druides, apprenant progressivement les grandes sagas de son peuple et les différents savoirs avec une curiosité grandissante. Il fut très vite remarqué comme un élève studieux, retenant les leçons avec facilité et intégrant rapidement l'influence des Dias et des Tuas sur les Hommes et le monde. À l'aube de son quatorzième anniversaire, alors qu'il n'avait pas encore reçu son Fàinngàirdean, Arelios, le Vergobret Pluincéid et membre du Cromhairle, rendit visite à Rian et Sora pour leur annoncer la grande nouvelle. Après avoir observé pendant plusieurs jours leur fils aîné, l'éminent sage avait décidé de faire de lui son apprenti. La fierté rejaillit sur l'ensemble du clan en sachant que la prochaine génération serait béni par les Dias eux-mêmes. Il reçut un anneau élégamment gravé lorsqu'il devint Inbheach et c'est avec une profonde reconnaissance que Gaukka enfila autour de son bras son Fàinngàirdean. Le lendemain de la cérémonie, il quitta la demeure familiale pour rejoindre son nouveau mentor.

II. Druide

Gaukka reçut une paillasse dans les appartements d'Arelios, au sein même du Caladhdun. Les premières décennales, le jeune homme suivit le Vergobret comme son ombre, apprenant en silence ce qui constituait le quotidien d'un druide. Dès le lever du soleil, il devait honorer Ruigsin et les Dias en leur adressant à chacun une prière et une salutation. Afin d'amener leurs regards bienveillants, il devait suivre un rituel scrupuleux. Tout d'abord, remercier Ruigsin d'avoir créé le monde, puis plonger ses mains dans la terre et l'embrasser pour honorer Beinn. Il passait ensuite ses mains à travers la flamme qui brulait dans l'âtre afin de prier Lochran, c'était ensuite au tour d'Ana d'être prier en silence, en emplissant ses poumons de l'air qu'elle offrait aux Hommes, puis venait le tour de Tàirne, vers qui il fallait tourner le visage et prier les nuages qui le dissimulait et enfin, s'asperger le visage d'eau fraîchement puisé dans l'Eascann en murmurant des remerciements à Tuinn. Chaque aube était marquée par ce rituel, jusqu'à ce que Gaukka le fasse sans que son mentor ne lui ordonne.

Il suivait ensuite Arelios lors de son enseignement auprès des enfants. Tantôt il était question d'astronomie et de religion, tantôt de droit et d'histoire. Même si Gaukka avait déjà assisté à ses cours, il se surprit à apprendre de nouvelles choses à chaque fois. Sa mémoire d'enfant semblait avoir occulté certaines informations ou peut-être qu'Arelios distillait un peu plus son savoir en sachant que son apprenti était présent, il ne le sut jamais. Lorsqu'il se risqua à le mentionner au Vergobret, il ne reçut que de petits sourires attendris en réponse. Les cours étaient tous différents, ayant parfois lieu au centre de Caladh et parfois à l'orée d'une Gàrradh, Arelios, ainsi que les autres druides de la ville, s'efforçait de toujours renouveler la curiosité de son jeune auditoire, attirant leur curiosité sur une plante ou une roche, les questionnant sur le nom d'un oiseau qui s'envolait ou le métier de ceux que le petit groupe croisait pendant ses déplacements. Et même si parfois certains des plus jeunes se montraient distraits et peu enclin à écouter une leçon qu'ils n'arrivaient pas à trouver des plus intéressantes, le vieux druide réussissait toujours à accrocher leur attention sans élever la voix et avec une douceur naturelle qui forçait le respect de chaque enfant.

L'après-midi était réservé à ses leçons particulières. Arelios lui narrait les lignées des Rois et les grands accomplissements de son peuple. Il s'étonna de découvrir que chaque objet qu'il croisait sans y prêter attention avait une histoire qui lui était propre, ainsi qu'une forme et une utilité issue d'une réflexion de son concepteur. Qui aurait pu penser que la taille d'une hache ou la forme d'un marteau avait demandé un savoir-faire aussi profond ? Il avait longtemps cru que chaque outil était immuable et inné et son mentor s'appliqua à lui apprendre avec quelle humilité il devait aborder toutes choses. Même un druide, sage parmi les sages, reconnu et honoré par son peuple, n'était qu'un novice lorsqu'il s'agissait de la coupe des arbres ou lors des semailles. Il était de son devoir de garder en tête que chaque membre de son peuple, du plus humble au plus riche, du plus puissant au plus faible, était un atout, le maillon d'une chaîne inébranlable qui se fragiliserait s'il en manquait un seul. Ruigsin, dans son immense bonté, avait créé les Hommes comme faisant parti d'un tout et il se devait de toujours le garder en tête.

Lorsque le crépuscule arrivait, il était l'heure d'étudier le ciel et les étoiles. Gaukka dut mémoriser le nom des constellations, ainsi que retenir les cycles de la lune. Au fil des mois et des années, il apprit à calculer les Grianstad et les Cofhadthràth en suivant et en comprenant le fonctionnement céleste. Ce qui lui avait apparu si obscur et complexe lorsqu'il était enfant s'avérait plutôt simple à appréhender, une fois que le Vergobret lui expliqua la façon de calculer les solstices. Il lui fit tracer un point sur le sol, le jour du Grianstad d'Eté, au moment du lever du soleil, puis un autre au moment de son coucher. Il relia les deux points, selon les instructions d'Arelios. Le mentor de Gaukka traça une ligne parallèle au sud du premier, et lui indiqua que lorsque le Grianstad d'Hiver arriverait, les deux extrémités marqueraient le lever et le coucher du soleil. Lorsque le soleil se levait au centre des deux lignes, le monde connaissait un Cofhadthràth. Le jeune apprenti fut frappé autant par l'évidence que par l'ingéniosité de la chose et comprit, comme s'acharnait à lui enseigner le Vergobret, qu'il suffisait de choses simples pour comprendre la complexité du monde.

Il assista aux assemblées du Seanadh lors de chaque équinoxe de printemps. Les druides de son peuple se réunissaient au centre du Sagartachd pour priaient les Dias et les Tuas avant de deviser des nouvelles de chaque clan qui obéissaient au Roi et son Cromhairle. Un par un, les membres du Seanadh avançaient au centre du haut monument mégalithique afin de parler de leurs récentes découvertes ou pour expliquer les raisons qui poussèrent deux Eorl à entrer en guerre. Certains faisaient de leurs apprentis des membres du Seanadh en achevant leur apprentissage sous les prières à Ruigsin que chacun entonnaient.

Même s'il était l'apprenti du Vergobret, Gaukka n'avait pas le droit d'assister aux réunions du Cromhairle, qui dirigeaient le peuple Pluincéid. De temps à autre, Arelios laissait son jeune apprenti dans ses appartements dans les étages du Caladhdun pour le laisser mémoriser les sagas mythiques des Tuas, pendant qu'il se rendait auprès du Roi afin de lui prodiguer ses conseils avisés. Plus d'une fois, l'apprenti entendit des éclats de voix monter depuis le Grand hall où se réunissaient le conseil royal, tandis que deux membres s'efforçaient de faire prévaloir leur avis à grand renforts de vociférations, mais il résista à la tentation de risquer une oreille indiscrète hors de la chambre et d'écouter les débats. Plus le temps passait et plus il comprit que le Vergobret en avait fait un test pour éprouver sa patience et sa soif de curiosité. S'il devait demeurer curieux de tout, il devait réaliser que parfois, certaines discussions et certaines décisions n'étaient pas de son ressort et qu'il devait attendre d'y être invité avant d'y participer. Arelios continuait de ponctuer son apprentissage de petites épreuves, parfois sous forme de questions alambiquées qui nécéssitaient une longue rélexion sur le sens de la vie et la religion et parfois par des épreuves mettant en exergue sa patience et sa sagesse.

Il avait fêté son trentième anniversaire lors du Grianstad d'Hiver précédent, lorsque le Seanadh Pluincéid se réunit une nouvelle fois sous les pierres grises du Sagartachd. Arelios avança au centre du cercle qu'avaient dessiné les druides assemblés et, après une prière aux Dias, fit avancer Gaukka pour qu'il le rejoigne. Après toutes ces années d'apprentissage et ayant prouvé par bien des aspects son abnégation et sa sagesse, le Vergobret fit de lui un membre à part entière de l'ordre druidique. Vêtu de sa robe blanche et immaculée, une couronne de lierre ceignant sa tête et sous les chants pieux de ses pairs, son mentor se lança dans le rituel qui ferait de lui un druide aux yeux des Dias et des Tuas. Le vieux druide sortit un serpent d'un sac en toile, avant de le présenter à Gaukka. Le reptile aux couleurs sombres fit vibrer sa langue, venant effleurer la joue de celui qui ne se faisait pas encore appeler le Voyageur. La bénédiction de Fios obtenu par ce baiser, Arelios brandit sa dague rituelle avant de trancher la tête du serpent et de faire couler le sens de l'avatar de Nathair sur le front de Gaukka. Par cette onction sanglante, le Tua pourrait reconnaître en lui un de ses plus sages serviteur. Un jeune apprenti apporta alors une vasque, remplie de sang de cerf, l'avatar de Feidh et le Vergobret versa alors le liquide carmin sur le sommet du crâne du nouvel ordonné. Fàis, à son tour, pourrait identifier le, désormais, nouveau druide et guider ses décisions et ses réflexions sur le droit chemin. Après cette cérémonie qui serra la gorge de Gaukka avec fierté, il fut enfin considéré comme le plus jeune druide du Seanadh Pluincéid.

III. La danse d'Ana

Auréolé de son nouveau statut au sein du peuple, Gaukka fêta la nouvelle auprès de ses parents et son frère. Il était temps pour lui de décider où il pourrait honorer ses fonctions. Bien que ses racines soient à Caladh, le reste du monde l'attirait. Arelios n'avait fait que lui parler des marais des Broìn, des collines Cléirigh et des vastes plaines Aonghusa au-delà du Fumhaireantìr, les îles qui constellaient la Muire Dhubh, l'empire Ruvien qui s'étendait sur des milliers de lieues au sud, les steppes gelées qui se déployaient vers le soleil levant, les rives argentés de fleuves au courant puissant, des déserts de sable qui recouvraient l'horizon d'or, les Montagnes Rouges de Vossulie et bien d'autres paysages qui semblaient plus somptueux les uns que les autres. Ruigsin avait créé tout ceci avec un esthétisme qui faisait naître une soif de découverte intarissable chez le jeune homme. Bien des membres des Pluincéid naissaient, vivaient et mourraient dans le même village, visitant à peine le territoire royal et se contentant des quelques ares autour de leur fief. Gaukka aspirait à bien plus. Poussé par sa curiosité, il se décida à prendre la route et à suivre la danse d'Ana qui lui indiquerait le chemin.

Le vent soufflait vers l'Ouest et il s'enfonça sous la canopée de la Gàrradh Spiordan d'un pas décidé, emmenant avec lui tout ce dont il avait besoin pour sa survie. Ainsi débuta son voyage. Il marcha à travers la futaie, s'arrêtant devant les cairns érigés à la gloire des Dias pour les prier avec reconnaissance et ferveur. Le printemps emplissait la Gàrradh d'odeur de mousse et de fleurs en train d'éclore et il se surprit à suivre celles qui étaient le plus plaisantes. Ana semblait répendre leurs parfums afin de lui indiquer la route qu'il devait emprunter et le druide accepta humblement les bienfaits de la déesse du Vent. Il franchit le Brò, à guet, quelques jours plus tard et arpenta enfin les collines du territoire Cléirigh.

La beauté du Cnuiclarann le frappa. Cette immense contrée vallonnée, abritant des lacs aux reflets argentés entre chacun des collines lui paraissait si merveilleuse et dépaysante. Le matin, les nuages bas s'accrochaient au sommet des reliefs et le soir, l'ombre des collines plongeaient les vallées dans des ténèbres profonds. Les cromlechs qui couronnaient les reliefs offraient une allure majestueuse au pays des Cléirigh. Poussé par Ana, le Voyageur longea les rive mordorées du Loch Orains, avant de remonter vers le Nord et d'atteindre la massive silhouette de Dùnlodunum. Caché derrière son épaisse muraille, Gaukka découvrit les Nabach dédiés aux Dias et aux Tuas, prenant le temps d'honorer chacun d'eux, s'agenouillant devant les idoles qui reposaient dans leurs alcôves creusées à même la roche des cavernes. Le druide poursuivit sa route après quelques jours de repos, suivant la danse de la déesse qui le poussait toujours plus vers l'Ouest.

Bientôt, Gaukka franchit les frondaisons du Bun Beag pour arriver aux abords du Boglachòmar et de son odeur de terre humide si particulière. Le Marais d'Ambre était un lieu où bien des légendes prenaient lieu et où des cadavres en décomposition, vestiges des nombreuses escarmouches entre Broìn et Cléirigh, s'exposaient à un soleil pâle qui peinait à filtrer à travers la brume. Entre les roseaux courbés et les trous d'eau croupie, le druide se fraya un chemin jusqu'à la cité royale d'Arcasadrigun. Encore une fois, il découvrit avec fascination le Pays des Vasières, si différent de son territoire natal. Entre les rades profondes qui serpentaient au coeur des terres, la lande aux couleurs maladives abritait une faune de batraciens et de reptiles aux couleurs aussi chamarrées qu'hypnotiques. Ana continuait de danser vers l'Ouest, au-delà des flots agités de la Muire Dhubh. Suivant son crédo, le Voyageur longea la côte avant de redescendre vers le Sud et d'arriver en vue de la Néra, frontière naturelle avec la province ruvienne.

III. La colère de Tàirne

Gaukka franchit la Néra en suivant un groupe de marchands venu échanger du tissu dans la Mòint'Mhargaidh. Il pénétra sur les terres ruviennes, découvrant l'architecture si grandiloquente de ces envahisseurs venus du Sud. Des routes pavées zigzaguaient jusqu'à de grandes bâtisses ceintes de murs en pierres jaunies. Au fil de son vagabondage, il atteint la ville de Valtaia. Si les territoires du Nord lui avaient parus si purs et magnifiques, l'opulence de la ville qui côtoyait la misère en passant d'un quartier à l'autre frappa le Voyageur. En quelques minutes, il passait de maisons sur pilotis, dont le bois craquait au fil du vent, à des constructions immenses ornées de colonnes massives et soigneusement gravées. Quel peuple étrange que ces hommes de Ruvia, le cheveux noir et court sur pattes, s'agglutinant entre leurs bâtiments de pierre blanche qui semblaient bien froids. Au sommet des falaises qui surplombaient la ville, et bien qu'il n'eut pas le droit d'accéder à ce quartier, Gaukka aperçut la silhouette grandiloquente de l'Aedes Valtai et de magnifiques villas, s'étonnant du faste que les ruviens déployaient pour honorer les Dieux. Il aurait aimé monter jusque là-haut pour observer de plus près le monument et comprendre la raison qui les avaient poussés à érigé pareil temple mais le vent le poussait toujours plus vers l'Ouest et c'est sur les quais de la ville qu'il fini par échouer.

Là, des navires entraient et sortaient du port, les voiles gonflaient par les embruns, évoquant des nuages blancs qui dérivaient paresseusement au-dessus des flots sombres. Ana les poussait vers le large, tout comme lui et après quelques jours à errer sur le front de mer, il parvint à trouver un capitaine qui accepta de l'emmener à son bord, moyennant son labeur contre son voyage. Il avait déjà arpenté l'Eascann sur des barques, accompagnant dans sa jeunesse un groupe de pêcheurs ou suivant Arelios dans une leçon sur la faune et la flore du fleuve. Cependant, voguer sur la mer était un tout autre exercice. Les hautes vagues imprimaient un roulis permanent qui faisaient danser le navire et soulevaient les entrailles du jeune druide qui passa les premiers jours à vomir ses tripes par-dessus le bastingage. Il n'était cependant pas au bout de ses surprises.

Longeant les côtes, le navire s'aventura toujours vers l'Ouest, puis bifurqua au Sud. Au loin, la nuit, il pouvait apercevoir la lumière de quelques phares qui scintillaient, mais ce n'est pas de ces points lumineux que viendraient le danger, mais bien des lourds nuages noirs qui s'amoncelaient rapidement à l'horizon. Le Dia des orages semblait voir d'un mauvais oeil qu'une des enfants des Gàrradh tentent de dompter les flots et il semblait déterminer à le montrer au druide. Le ciel gronda des rugissements du Dia et son écrin de nuages se dirigea vers le bateau qui se faisait chahuter de plus en plus par les flots. Un premier éclair illumina le ciel, révélant la taille des vagues gigantesques qui entouraient le vaisseau marchand Tàirne semblait couroucé et Tuinn comme Ana était emmené dans son giron.

L'équipage se mit en branle, s'emparant des cordages pour baisser la voile selon les ordres du capitaine. Chaque marin semblait connaître parfaitement son rôle et seul Gaukka semblait désemparé face à la tempête qui se déchaîné autour de lui. Une fois, quelques tonneaux et amphores bien arimés, les marins prirent place sur les bancs de rameurs et plongèrent les rames dans les flots tumultueux. Tàirne grondait de plus en plus fort dans le ciel et les éclairs parcouraient la robe sombre des nuages qui cachaient les étoiles et la lune. Sous les ordres du capitaine, les rameurs agirent à l'unisson, tentant de garder un cap correct sans que les flots ne les fassent dériver jusqu'à s'échouer contre des récifs. Gaukka tirait sur sa rame avant de la sortir des flots, pousser et la replonger pour recommencer, encore et encore. Des gerbes d'écumes éclaboussaient son visage tandis qu'ils suivaient les indications sonores du capitaine qui donnait le rythme de rame.

Le druide sentit le navire se pencher vers le bas, alors qu'il continuait à ramer de concert avec ses camarades. Le capitaine, un homme trapu avec les cheveux longs et bruns, le visage d'ordinaire sévère, ne put retenir une certaine expression de malaise tandis qu'il observait la direction que prenait son navire. Gaukka comme ses camarades se trouvait dos au cap qu'ils suivaient, ne pouvant voir ce qu'il voyait. Il devait se contenter d'entendre le mugissement du Dia des orages et sentir la puissance de Tuinn qui se déployait sous la coque qui craquait tout autour de lui. Il risqua un coup d'oeil par dessus son épaule, et alors qu'il s'attendait  à apercevoir l'horizon, il ne vit que les lourds nuages bas qui s'illuminaient d'éclairs. Derrière le capitaine, il n'y avait que la noirceur de la mer et l'écume qui bouillonnait. C'est alors qu'il réalisa qu'ils étaient en train d'escalader le flanc d'une gigantesque vague et que le navire suivait une trajectoire oblique depuis plusieurs minutes déjà. Comme lui avait enseigné son mentor, tout ce qui monte doit un jour redescendre et, après un nouveau coup d'oeil rapide par-dessus son épaule, le navire atteint le sommet de la lame de fond.

ACCROCHEZ-VOUS !

Le hurlement du capitaine ne laissait place à aucune hésitation. Gaukka se cramponna au bord de la galère et l'espace d'un instant, le temps, au même titre que le navire, fut comme suspendu dans sa course. Le monde bascula autour du druide et le navire piqua du nez. Un nouvel éclair révéla l'immensité déchaînée des flots ténébreux. Lorsque la galère toucha de nouveau l'eau, un terrible craquement retentit et fit vibrer tout le corps du Voyageur, jusqu'aux tréfonds de son ossature. La galère fut pulvérisée par l'impact et Gaukka fut éjecté de son banc de rame sans qu'il ne puisse rien faire de plus que de crier de terreur. Il eut à peine le temps d'entendre le tonnerre une fois de plus avant de plonger dans les ténèbres aqueux qui l'entouraient. Il remua des bras et des jambes pour tenter de garder la tête hors de l'eau et parvint à s'accrocher tant bien que mal à une large planche qui passa à portée. Un nouveau rouleau d'eau salée lui tomba sur la tête et le fit dériver, tandis que les éclairs continuaient d'illuminer la noirceur des nuages.

Il s'agrippa avec toute la force du désespoir à sa planche et battit des jambes comme il put pour tenter de garder la tête hors de l'eau, pendant ce qui lui sembla être des heures entières, avant de finalement s'échouer sur une plage de sable blanc. Il fit quelques pas, étourdi par l'effort et trempé, avant de s'effondrer sur le sol mou, s'abandonnant à un sommeil aussi réparateur que bienvenue. Il chercherait à savoir où il avait atteri plus tard.

IV. La morsure de Lochran

Après avoir récupéré de ses péripéties maritimes, Gaukka arpenta la côte avant de tomber sur un petit village de pêcheur qui gardait l'embouchure d'un fleuve aux eaux paisibles. Il retrouva les colonnades, qui caractérisaient l'architecture ruvienne, qui se mêlaient à des constructions plus trapues dans une étrange bâtardise. Incapable de se faire comprendre des quelques habitants qu'il croisa et qui le regardait avec une lueur de crainte dans le regard, il vagabonda en remontant le courant du fleuve vers l'Est. Son errance dura des jours, vivotant de cueillette. Au fur et à mesure, il commença à repérer quelques mots dans les conversations des marchands et voyageurs qu'ils croisaient. "Manger", "dormir", "route", autant de mots qu'il avait appris dans la langue des impériaux, bien moins gutturale que celle de ses ancêtres. Il finit par réussir à se faire employer comme manouvrier sur un dock de chargement en amont du fleuve, dans une petite ville du nom de Loteria.

Les ruviens n'avaient que faire de son savoir ancestrale ou de ses connaissances druidiques, ils ne virent que sa taille et sa largesse d'épaules qui feraient de lui une bonne main d'oeuvre. Les décennales passèrent tandis que Gaukka accumulait de l'argent tout en apprenant la langue et les coutumes de sa ville d'adoption. Les Dias et les Tuas lui jouaient un étrange tour pour étancher sa curiosité du monde en le collant dans les bas-quartiers d'une cité qui semblait à des centaines de lieues de ses Gàrradh adorées. Cependant, il acceptait cette épreuve avec l'humilité qui l'avait toujours caractérisé et il se pliait aux volontés que ses divinités lui imposaient. Après tout, il continuait d'apprendre et de découvrir le monde, voyant défiler devant lui des produits venant de tout l'Empire. C'est ainsi qu'il apprit l'immensité de cet empire voisin que son peuple honissait. Les Ruviens avaient mis au pas la quasi-totalité du monde connu et déployaient des trésors d'ingéniosité pour garder sous leur férule des millions d'habitants. Même s'ils se montraient particulièrement arrogants envers les peuples conquis, Gaukka dut reconnaître une organisation qui forcerait le respect de n'importe quel érudit de son peuple qui avait un quelconque intérêt pour l'intendance. Même leurs armées agissaient comme un seul homme, évoquant au druide, une volée d'étourneaux qui ondulait à l'unisson au début du printemps. Une fois sa bourse remplit, il suivit de nouveau le souffle du vent et la danse de la déesse pour reprendre la route, avançant toujours plus vers l'Est.

De son cheminement qui avait débuté sans autre raison que la curiosité, il savait qu'il devait dorénavant retrouver le chemin de ses terres et rentrer à Caladh. Grâce à une carte qu'il avait pu consulter dans une de ces hautes bâtisses que les ruviens nommaient bibliothèque, il savait dorénavant le cap à suivre. Il devait contourner par le sud une haute chaîne de montagne, avant de retrouver les rives de l'Abhainn Uaine qui l'amèneraient au sud du Fumhaireantìr. Le voyage serait long mais, il n'en doutait pas, riche en enseignement de toutes sortes. Il n'avait pas vraiment anticiper la durée du voyage.

Après plusieurs mois à avancer plein Est, il était toujours en vue de cette chaîne de montagnes gigantesque qui déployait ses sommets enneigés au Nord. La carte était formelle, il devait avoir totalement dépassé les reliefs avant de pouvoir espérer retomber sur le fleuve qui serpentait à travers l'empire depuis le Sud du territoire Aonghusa. Il passa de la province de Rutgie, dont Loteria était la capitale, à celle de Sintamie, puis celle de Garmie avant d'enfin voir diparaître les hauteurs montangeuses au Nord. Il lui fallut encore un mois pour atteindre les berges d'un large fleuve aux reflets verts qui luisaient à sa surface. Il découvrit de nombreuses formes animales jamais vues par son peuple. Des boeufs tellement larges et musclés à la robe noire qui paraissaient plus agressifs que ceux qui paissaient dans les pâturages Pluincéid, des félins portant de petits plumeaux de poils au sommet de leurs oreilles triangulaires, des espèces de grosses chèvres aux bois vrillant autour de leur gueule et qui galopaient sur le flanc des montagnes avec une aisance désarmante. Le voyage était toujours plus enrichissant, tandis que Gaukka améliorait sa pratique de la langue ruvienne et parvenait à se faire de mieux en mieux comprendre par les impériaux. Il bifurqua au Nord en remontant le courant du fleuve, sachant qu'il avait fait près de la moitié du chemin, et trouva un abri pour la nuit dans une grange qui s'adossait à une villa agricola aux murs blancs.

La nuit était déjà avancée lorsque des éclats de voix et une odeur de fumée le tirèrent de son sommeil. La lueur de torches vacillaient dans la pénombres comme des lucioles qui voletaient au-dessus des champs d'orge et de blés qui s'étendaient vers l'horizon. Quelques nuages paressaient devant la lune et baignaient la foule en colère de sa lumière pâle. Un cloche tinta depuis l'intérieur de l'enceinte qui ceignait la villa et les lueurs mordorées commençèrent à escalader le mur. Les yeux encore encroûtés de sommeil, Gaukka avait du mal à appréhender ce qui se jouait devant lui. Un groupe d'homme ouvrit en grand la porte de la grange dans laquelle le druide se terrait pour passer la nuit, le faisant se retourner. Un homme grand à la peau brune toisa Gaukka d'un oeil perplexe, un glaive dans sa main droite qui reflétait les flammes de la torche qu'il brandissait dans l'autre.

Wa bisto ? Wat dochsto hjir, frjemdling?

La langue étrange ne ressemblait à rien de ce que connaissait le Voyageur. Un étrange dialecte de la contrée de l'homme à la peau sombre surement. Le druide leva les mains devant lui en signe d'apaisement, voyant la rage qui déformait le visage de son interlocuteur.

Wa bisto ?

Le ton était bien plus vindicatif que la première sommation et l'homme fut bientôt encadré par deux autres qui brandissaient, eux aussi, des torches. Gaukka fit un pas vers eux, gardant les mains bien en évidence afin de montrer qu'il n'avait aucune mauvaise intention. Cependant, tel un sanglier acculé, l'homme à la peau d'ébène se mit à le charger en hurlant, sa lame légèrement courbe se levant au-dessus de sa tête. Se remémorrant les enseignements de ses jeunes années, Gaukka fit un pas de côté pour éviter l'attaque qui aurait pu lui trancher l'épaule. Les deux autres hommes se ruèrent en avant, tenant des dagues à lames épaisses. Le druide esquiva une estocade qui aurait pu l'atteindre au nombril, avant d'envoyer son poing s'écraser sur le nez du premier assaillant à sa portée. Un craquement retentit sous ses doigts et une gerbe de sang vint éclabousser son visage tandis que l'assaillant reculait. Le premier continuait de vociférer en faisant s'abattre son glaive pour pourfendre le Voyageur. Une nouvelle fois, le druide parvint à faire un pas de côté pour éviter l'attaque, manquant de tomber dans le foin qui jonchait le sol.

Profitant du déséquilibre de Gaukka, un des assaillants envoya un grand coup de pied dans son ventre, lui coupant le souffle et le faisant rouler dans les blés coupés. Il se jeta sur Gaukka qui dans un réflexe parvint à envoyer, à son tour, un coup de pied en ruant et vint le cueillir à l'entrejambe. L'individu fut coupé dans son élan ce qui laissa le temps au druide d'envoyer un crochet du droit en pleine joue. Gaukka parvint à se relever juste pour voir la lame du glaive mordre profondément dans son torse. Le Voyageur eut à peine le temps de porter une main à la blessure qu'il sentit une nouvelle lame lui perforer la peau. Il laissa échapper un cri avant que le premier des attaquants, celui au glaive et à la peau sombre, ne lui envoie un immense coup de tête. Il sentit sa pommette exploser sous l'impact et bascula en arrière. Les trois hommes le toisèrent, tandis que le sang s'échappait de ses plaies. Ils échangèrent dans leur langue étrange avant de se détourner de lui, non sans avoir cracher sur lui.

Sa respiration se faisait difficile et profonde, alors qu'il tentait de contenir le sang en pressant ses mains contre son corps. Le monde vacillait encore après le magistral coup de boule qu'il avait reçu et sa vision était légèrement troublé lorsqu'il aperçut une torche voler dans les airs avant que la porte de la grange ne se ferme. Les flammes embrasèrent le foin sans attendre et en quelques secondes, Lochran déployait sa lumière et sa chaleur. Luttant contre la douleur, Gaukka tenta de se relever en vain, grognant en sentant son fluide vital couler plus abondamment lorsqu'il faisait le moindre effort. Il rampa, tentant de s'éloigner du brasier qui grandissait autour de lui. Le feu semblait rugir tandis qu'il dévorait le foin et le bois qui servait de soutainement au bâtiment. Au dehors, les éclats de voix continuaient, interromous de ci de là par le tintement du métal et du cris de détresse des blessés.

Il parvint à atteindre la grande porte qui menait à l'extérieur alors que la chaleur et la fumée lui déclenchait des quintes de toux douloureuses et que ses mains étaient couvertes du sang qu'elles tentaient de contenir. Il poussa mais les assaillants avaient bloqués la sortie. Il sentait les flammes qui dansaient à quelques pas de lui. Lochran déchainait sa furie tout autour de lui. Il murmura une supplique au Dia du feu pour qu'il lui laisse le temps de sortir de la fournaise. La charpente craquait sous la chaleur et la puissance de l'incendie qui ravageait toute la grange. Gaukka donna un coup d'épaule dans la porte qui refusa toujours de céder, puis un autre et encore un autre, sans succès. À bout de forces, il se laissa glisser sur le sol, levant les yeux vers la toiture qui commençait à geindre tant les flammes la dévoraient avec avidité. Un rire nerveux s'empara de lui, alors qu'il réalisait que sa vie allait prendre fin. Lui qui avait tant désiré voir ce qu'il se passait au-delà des frontières, il n'avait rien vu et périrait seul au fin fond d'une grange en flammes. Il murmura une prière à Ruigsin pour qu'il lui accorde une fin rapide. Le Dia Suprême était joueur. Il fit s'effondrer un mur en partie, ouvrant une brèche au-delà de flammes hautes et presque blanches.

Il avait une dernière chance de ne pas mourir ici, mais il devrait affronter la puissance de Lochran s'il voulait vivre un jour de plus. Gaukka se redressa en sifflant une prière à Neart entre ses dents afin que le Tua lui prête sa force. Il appuya sa main contre la grande porte, laissant une empreinte rouge sur le bois massif, puis il se jeta en avant sans plus réfléchir. Il traversa le brasier, sentant le Dia du Feu mordre sa peau et ses vêtements goulument. Il serra les dents en sautant à travers l'ouverture dans le mur. Les flammes s'engouffrèrent dans son sillage, comme des griffes oranges et jaunes qui tentaient de le saisir. Il poursuivit sa course, sentant le feu qui s'accrochait à sa robe et qui faisait fondre sa peau. Du coin de l'oeil, il repéra un petit canal d'irrigation qui avait été creusé depuis la berge du fleuve et sans plus réfléchir, se jeta dedans afin que Tuinn apaise Lochran qui continuait de se délecter des chairs du druide en train de boursouffler. Le feu s'éteignit dans un sifflement tandis que Gaukka se roulait dans les flots peu profonds du canal, puis il rampa hors de l'eau. Il cracha quelques gouttes de sang dans une nouvelle quinte de toux et parvint à atteindre le pied d'un arbre et s'y adosser, respirant difficilement. Il porta machinalement sa main à son ventre pour se rendre compte que les plaies avaient été cautérisées par l'incendie, mais sa main ainsi que tout son flanc droit affichait une couleur sanguinolente tandis que sa peau avait brulé. Sans réellement s'en apercevoir, il sombra dans l'inconscience.

V. La caresse de Tuinn

Gaukka reprit ses esprits et se rendit compte que l'inconfort du sol avait fait place au moelleux d'un matelas. Des murs peints l'entouraient et sur une table basse qui jouxtait le lit, une lampe à huile brulait doucement. À travers la haute fenêtre qui perçait le mur sur sa gauche, il pouvait apercevoir quelques branches de pommier au bout desquelles les fruits rougeoyaient. Il redressa la tête lentement, sentant un immense cataplasme recouvrir son côté droit, depuis les pieds jusqu'à la tête et l'aveuglant partiellement. Au bout de quelques minutes, un homme entra dans la petite chambre où le druide reposait. L'inconnu était petit et bedonnant, les cheveux sombres et frisés et le visage glabre. Il s'adressa au Voyageur en langue ruvienne, alors que ce dernier tentait de se redresser sur son céans.

Oh ! Tu es réveillé, Etranger. Ne bouge pas trop, tu dois encore cicatriser.
Je ... Où suis-je ?
Tu es chez moi. Je t'ai trouvé au pied d'un arbre hier, à l'aube. J'ai cru que tu n'allais pas te réveiller, par Sanaan. Tu es un sacré chanceux !

Gaukka leva sa main droite, emmaillotté dans des linges humides et légèrement teintés par son sang et ses chairs à vif. Malgré l'espèce de pâte végétale qui dissimulait la moitié de son visage, la moue désapprobatrice aux propos de l'étranger n'était pas difficile à déceler. L'hôte s'esclaffa avant de reprendre la parole.

Comment t'appelles-tu ?
Gaukka.
Je m'appelle Appius Dercio. Et je maintiens que tu as eu de la chance de tomber sur un médecin. À croire que ce sont les Dieux qui m'ont placé sur ta route.
Tu es ... ?
Médecin, oui ! Je revenais d'une villa plus en amont du fleuve où j'ai pratiqué un accouchement. Sur la route du retour, je t'ai vu étendu sur le sol, à moitié carbonisé. Tu étais dans la villa des Tarconus ?
Non ... Je ... Je passais juste la nuit ... Je n'ai pas compris ...
Il fallait que ça finisse par arriver ... Cela fait des années que la révolte d'esclaves couve dans le coin ... Tu étais au mauvais endroit au mauvais moment ...
Une révolte d'esclaves ?
Oui ! Ils s'unissent autour d'un dénommé Cergax. Cela fait des jours que des groupes entiers se rebiffent contre leurs maîtres et incendient les villas.
Je ne sais pas comment te remercier.
Survis ! Ce sera une belle récompense pour nous deux !

Et il survécut. Son corps garderait à jamais la peau blanchâtre et boursoufflée qui témoignerait de sa mésaventure. Il avait perdu le compte des jours, tandis que son quotidien s'était longtemps résumé à dormir, se réveiller à cause de la douleur, boire des décoctions nauséabondes qu'Appius lui donnait et dormir à nouveau. Il fini par recouvrir ses forces et à pouvoir se lever et marcher. Sa peau conservait une raideur étrange, presque comparable à du vieux parchemin trop sec. Il paya son bienfaiteur grassement, vidant les 2/3 de sa bourse. Ses agresseurs n'avaient pas cherché une seconde à le délester de sa petite richesse, ils étaient venus chercher du sang et de la destruction et c'était ce qu'ils avaient trouvés et donnés.

Il suivit donc le fleuve vers le Nord, remontant le courant et se jurant de privilégier les nuits loin des fermes de la région et de privilégier les étoiles comme toit pour la nuit. Les jours se succédèrent tandis que le fond de l'air se rafraichissait et que les forêts s'épaississaient, témoignant de son arrivée prochaine dans ses terres natales. Bientôt l'Abhainn Uaine marqua un coude vers l'Est, symbolisant la limite du territoire des Aonghusa. Les vastes plaines s'étendaient aussi loin que son regard pouvait porter et à l'horizon, il pouvait apercevoir quelques nuages s'accrocher aux cîmes enneigés du Fumhaireantìr. Son errance à travers la plaine l'amena aux abords de la vaste cité royale de Plaincridhe.

Son séjour fut de courte durée, juste le temps de se reposer et de prendre quelques vivres avant de commencer la traversée de la chaîne de montagnes qui le séparait de sa terre natale. Il remonta le cours de l'Uèir, tentant sa chance d'apercevoir le légendaire Tuinncù sous la surface brumeuse du Loch Seann mais le gigantesque gardien du lac ne daigna pas l'honorer de sa présence. Enfin, après des jours entiers, il s'engagea à travers un des cols du Fumhaireantìr. Les premiers jours de l'automne l'accompagnaient dans son voyage, colorant les feuilles qui tombaient doucement de leurs branches. Tandis que la température suivait une courbe inversement proportionnelle à l'altitude qu'il atteignait, la pluie commença à tomber sur ses épaules et à ruisseler le long de ses habits cent fois rapiécés.

Trouvant abri sous un promontoire rocheux lui évoquant la gueule d'un loup, Gaukka laissa passer une averse drue qui cinglait à cause du vent. Sous son toit de fortune, il pria les Dias et les Tuas avec dévotion, implorant Tuinn, notamment, de lui accorder quelques répits pour pouvoir faire un feu. La divinité ne semblait pas prête à lui accorder son attention et à l'image de Tàirne et de Locharan avant elle, il avait la sensation qu'elle le mettait à l'épreuve. Sous les trombes d'eau qui ruisselaient sur la pierre nue, il aperçut, au loin, une meute de loups qui se déployait en arc de cercle, prête à partir en chasse de quelques ovins intrépides qui s'étaient éloignés de leurs troupeaux et de leur berger.

Le Voyageur se décida finalement à affronter le rideau d'eau céleste qui tombait de manière ininterrompue avant de manquer de vivre. La pluie alourdissait ses vêtements et rendaient son ascencion encore plus difficile qu'à la normale. Les cailloux, qui formaient un sentier étroit qui serpentait entre les massifs, étaient rendus glissants et plus d'une fois Gaukka manqua de s'étaler de tout son long. Il entendait derrière lui certains d'entre eux rouler en contrebas, comme des avertissements qu'une chute pouvait s'avérer douloureuse et longue. Après plusieurs jours à errer sous la pluie, le druide passa à côté de deux totems couvert de peaux de loups et gravés de représentation de Cogadh. Il savait qu'il était de retour sur le territoire des Pluincéid désormais. Ces idoles étaient érigés par les clans des montagnes et les féroces Cuthachs. Il ne lui fallut pas plus d'une demi-heure pour arriver en vue de murs de pierres entassés qui s'arrachaient des contreforts de la montagnes et derrière lesquels il devina la silhouette arrondie des maisons d'un village de montagnes.

Il passa la porte trempée de la caresse de Tuinn, sous le regard curieux de quelques oies qui cancannaient en s'ébrouant. Un large totem de bois couvert de peaux de loups trônait au centre du village, devant la demeure de l'Eorl, reconnaissable à la beauté du fronton gravé. Les deux gardes qui encadraient la porte le laissèrent pénétrer dans la haute hutte et il se retrouva nez-à-nez avec un homme grand et chauve, le crâne et le cou couvert de tatouages. Une barbe grise dévorait le visage de l'homme aux yeux gris qui arqua un sourcil en observant le nouvel arrivant.

Qui es-tu ?
Je me nomme Gaukka, fils de Rian. Je viens demander l'asile pour la nuit, avant de reprendre ma route.
Bienvenue, je suis Tregos, l'Eorl de ce village. Et où vas-tu, Gaukka, fils de Rian ?
Je rentre chez moi, à Caladh.
Mes éclaireurs m'ont dit que tu arrives des plaines au Sud.
En effet, Eorl. Je rentre d'un long voyage à travers le continent.
Vraiment ?

À la demande de l'Eorl Tregos, Gaukka conta les péripéties qui avaient émaillés son errance. De la formidable tempête qui l'avait jeté sur les côtes de Rutgie à la révolte d'esclave qui lui avait laissé des stigmates éternels sur le corps, des animaux étranges et inconnus qu'ils avaient vus aux étranges coutumes des autochtones qu'il avait croisé, il captiva Tregos par son récit, alors que la nuit tombait lentement. Par son histoire, Gaukka fit voyager l'Eorl sans que celui-ci n'est besoin de quitter sa hutte, et lorsque le druide eut terminé, il reçut des applaudissements enthousiastes de Tregos et de sa famille qui s'était rassemblée autour de Gaukka au fur et à mesure de l'après-midi. Le récit de son voyage suffit à l'Eorl comme paiement pour la nuit que le Voyageur passa sous son toit. La pluie continuait de clapotait sur le toit lorsqu'une corne retentit, brisant le silence nocturne.

En réponse au barissement d'alarme, la demeure de Tregos s'agita. Gaukka se releva de sa apillasse pour voir l'Eorl se saisir d'un large bouclier et de son épée, vêtu de simples braies et d'un cotte de mailles.

Que se passe-t-il ?
Eorl Harfald nous attaque !

Le druide sortit à la suite du chef du village, de ses fils et de leurs gardes pour voir que les combats avaient commencés autour des murs. Eorl Tregos hurlait ses ordres tandis que des huttes sortaient les habitants en armes. Un étendard marqué d'une hache flottait bien haut au-dessus des combats, le symbole de l'ennemi de ses hôtes. La main de l'Eorl se posa sur l'avant-bras du Voyageur, qui le tira vers le fond du village.

Viens avec moi, Druide ! Toi seul peut m'aider !

Gaukka se laissa entraîner sans vraiment comprendre. Les deux hommes courrirent jusqu'à une caverne qui surplombait légèrement les combats. À l'entrée du cloaque, de nouveaux totems et effigies à tête de loup s'entassaient avec des os et des armes ébréchées. Tergos se tourna vers Gaukka après avoir lancé un regard inquiet en contrebas vers la bataille qui faisait rage. Le cri des mourrants se mêlait aux tintements des lames sur les boucliers et au grondement des cornes de guerre.

Ils ne répondent qu'à la prière d'un druide.
Qui ?
Les Cuthachs ! Ils ne viendront en aide à mon village que si un druide leur ordonne en prononçant la supplique à Cogadh.
Je ... Le druide du village est surement plus ...
Il est mort depuis le début de l'Automne ! Pourquoi crois-tu que Harfald attaque ? Il sait que les Enragés n'interviendront pas ! Aide-nous, Gaukka, je t'en conjure.

Le Voyageur jeta un nouveau regard en contrebas, voyant l'étendard à la hache qui avait passé la palissade et les guerriers de Tergos qui reculaient pour se reformer sur la place centrale. Il hocha la tête et avança de quelques pas dans les ténèbres qui régnaient dans la caverne. Il faisait plus noir à l'intérieur que dans une nuit sans lune. Son coeur cognait dans sa poitrine, alors que les avertissements de son mentor résonnaient dans son esprit. Les Cuthachs pouvaient le mettre en pièce s'il se trompait dans l'invocation de leur puissance et de leur colère. Il prit une grande inspiration et se mit à déclamer la prière à Cogadh et la voix la plus forte qu'il put.

Cogadh ! Puissant guerrier !
L'heure est grave, je suis en danger.
L'ennemi est grand, mais ma foi est immense.
Revêt-moi de ton armure et de ton casque d'or !
Que ta puissance et ta rage me viennent en aide maintenant,
Et abat ta hache sur mes ennemis !
Puisse Madah être mon allié en cet instant !
Cogadh, grâce à toi, la victoire est mienne.
Je t'implore, Ô Tua de la Guerre de laisser tes enfants répendre le sang de mes ennemis.


Il resta immobile, son écho étant la seule réponse qu'il reçut pendant quelques secondes. Puis vinrent des grognements, des glapissements excités et des cris rauques, ainsi que des hurlements de loups. Il sentit plus qu'il ne vit des silhouettes s'égailler dans la pénombre et bientôt des torches s'enflammèrent, révélant les visages peints des Cuthachs qui serraient les dents, les yeux remplis d'une pieuse hargne. Leurs corps semblaient frissonner et la bave s'accumulaient à la comissure de leurs lèvres. Il avait attiré leur attention, il fallait désormais déchaîner leur colère. Gaukka s'empara de la dague qui pendait à sa ceinture et posa la lame dans la paume de sa main avant de poursuivre.

Féroces élus de Madah !
Je suis Gaukka, membre du Seanadh et élève d'Arelios.
Par cette offrande, je vous conjure de combattre les ennemis qui nous menacent
D'honorer Cogadh dans le combat et le sang.
Que votre bras soit guidé par le Tua de la Guerre
Que votre corps soit aussi vif que le Loup.
À la guerre !


Il fit glisser la lame et trancha la chair tendre à l'intérieur de sa main avant de resserrer sa poigne pour faire ruisseler le sang. Lorsque les gouttes tombèrent sur le sol, la rage des Cuthachs sembla se décupler et les hurlements et les grognements emplirent la caverne. Les Enragés se ruèrent en avant, brandissant des haches et des épées à deux mains, aux manches épais et cerclés de pointes. La grotte vomit le flot de guerriers enragés et ces derniers se précipitèrent en contrebas. Gaukka sortit à son tour, appliquant un morceau de sa manche contre la plaie qu'il s'était infligé. Les Cuthachs emboutirent la ligne de guerriers d'Harfald avec violence. Depuis sa plus tendre enfance, il avait entendu parlé des Enragés du Fumhaireantìr mais c'était la première fois qu'il était témoin de leur sauvagerie. Il vit l'un d'eux, giganstesque barbu aux cheveux hirsutes, abattre son large marteau sur la tête d'un adversaire, laquelle explosa comme un fruit trop mûr, dans une gerbe de cervelle sanguinolente. Un autre, quelques pas plus loin, trancha net la tête d'un guerrier qui virevolta au-dessus de la mêlée, témoignant de la force de l'impact. Le hurlement du Loup retentit si fort, que quelques minutes après que les Cuthachs aient rejoint la mêlée, la bataille était terminée. Les Enragés avaient laissés derrière eux, un sillon de mort et de sang et ils revinrent à l'intérieur des murs du village en traînant par le pied, un homme qui s'avéra être l'Eorl adverse.

Tergos ne se fit pas prier pour faire rouler la tête de son rival sur le sol jonché de sang et de tripes qui se mêlaient à la boue. La pluie continuait de tomber sans interruption et les nuages gris s'amonçelaient toujours au-dessus de Gaukka et de ses hôtes, tandis que les Cuthachs regagnaient leur caverne, non sans prendre le temps de s'incliner avec respect devant le druide qui les avait fait se déchaîner au combat.

L'Est s'embrasait de couleurs orangées malgré la pluie qui continuait de tomber, même si elle était désormais plus fine que les jours précédents. Tergos tenta de retenir Gaukka et l'invita à devenir le druide du village, possédant de fait un homme capable d'invoquer la rage des Cuthachs. Le Voyageur dut refuser poliment.

Je ne suis pas fait pour rester au même endroit. Je t'ai raconté toutes les aventures qui ont fait que mon voyage fut long et semé d'épreuves, mais les Dias les ont placés sur ma route pour étancher ma soif de connaissance. J'ai vu les flots déchaînés, l'immensité du monde et désormais la rage des Cuthachs. Je poursuis mon chemin. Je vais retrouver les miens et je t'assure que je ferais part du décès du druide de ton village au Roi. Je dois encore arpenter la route, car il y a tant à voir et à découvrir. Un jour, je l'espère, nous nous reverrons. Que Ruigsin veille sur toi, Eorl, et sur ton clan.

Il reprit sa route comme il l'avait annoncé et après quelques jours, il retrouva Caladh, achevant son premier voyage. Parti aux premiers jours du Printemps, il entra dans son fief le dernier jour d'Automne et put fêter son anniversaire avec sa famille, même s'il apprit la douloureuse disparition de son maître durant l'été. Une dizaine de jours plus tard, il reprit son voyage, bien déterminé à voir le reste du monde.



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MessageSujet: Re: Gaukka le Voyageur   Gaukka le Voyageur I_icon_minitimeSam 25 Avr - 14:42


VI. L'immensité de Beinn

Depuis près de vingt ans, la vie du Voyageur a été constellé de découvertes et de marche, d'errance et d'apprentissage, de rencontres surprenantes et d'enrichissements. Aucun ne connu autant de péripéties que le premier mais tous lui offrirent des aventures qu'il narrait lors de ses retours dans ses terres natales. Bientôt, la réputation de conteur autant que de voyageur de Gaukka enfla et dans les villages comme dans les villes royales, la silhouette du druide au corps portant la morsure de Lochran fut un moment apprécié et attendu.

Il partit vers les vastes steppes de l'Est au lendemain du Seanadh de l'année impériale 398. Il avait parcouru l'immensité de l'Empire Ruvien qui s'étendait au Sud, vu la Vossulie, Khel Bur et les terres brûlantes de Jipsie. Il avait visité Odelia, la Lourmelie et son désert ainsi que les forêts humides de Boémie. Muni de son bâton de marche, sa besace remplit de tout ce dont il avait besoin pour voyager et après avoir honorer les Dias, il traversa la Gàrradh Tuadan et s'aventura vers le soleil levant. Il passa le dernier village Pluincéid au sixième jour du Printemps et suivit la danse d'Ana qui le poussait vers la toundra.

Les jours se succédèrent et se ressemblèrent. Des heures de marche dans l'immensité de ces vastes plaines gelées où ne poussaient que des herbes rases et ou la faune était rare. De temps à autre, un lièvre détalait entre les touffes fleuries, offrant une bien maigre compagnie au Voyageur. Dans cette terre abandonnée par les Hommes, le Printemps ne semblait pas réchauffer la terre et de la buée sortait de la bouche du druide de jour comme de nuit. Alors qu'il commençait à perdre le décompte des journées passés à errer dans ce désert froid et gris, il aperçut une fumée s'élever à l'horizon. Un sourire ourla ses lèvres abîmées tandis qu'il pressait le pas pour rejoindre la civilisation et remplir son estomac d'autre chose que des racines.

Il approcha de ce qui semblait être une caravane marchande. Les chariots avaient été placés en cercle et un grand feu brulait au centre, projetant l'ombre des personnes qui s'agitaient autour contre les toiles tendues. Le druide pénétra dans le cercle prudemment et fut accueilli par une voix tonitruante, appartenant à un homme à la grosse bedaine et à la barbe fournie qui brandissait un glaive dans sa direction.

Khto tudy yide ?

Gaukka leva les mains en signe de paix. Il avait appris à reconnaître de nombreux languages au fil de ses vagabondages même s'il ne savait rarement dire plus de quelques mots dans les différents dialectes. Même s'il n'avait pas saisi l'exact teneur des paroles du bonhomme, il déduit par le ton et la posture qu'il voulait savoir qui il était ou ce qu'il faisait là. La langue ressemblait à celle qu'il avait entendu dans les tavernes populaires de la province d'Arnie, à la bordure Est de l'Empire Ruvien. Il fouilla dans sa mémoire les brides de mots qu'il avait retenu de ce voyage et tenta de dissiper la mine inquiète qui lui faisait face.

Ya Gaukka ... Ya mandrivnyk ... Yisty ? Ya hroshi.
Je suis Gaukka ... Je suis voyageur ... Manger ? J'ai argent.
Ty rozmovlyayesh moyeyu movoyu ?
Tu parles ma langue ?
Trokhy ... Ya mandrivnyk. Ya diznavsya.
Un peu ... Je suis voyageur. J'ai appris.

La bonhomme rengaina son épée courte et se présenta sous le nom de Gori. Lui et ses camarades venaient de contrées plus au Sud et rentraient chez eux après avoir fait un détour vers Skov, la grande cité du Nord. Les historiens et les géographes comparaient souvent Skov à Ruvia, en terme de population et d'opulence. C'était l'ancienne capitale de l'Empire Castin, jadis le plus grand et le plus puissant des terres connues. Quelques histoires étaient parvenues sur la merveilleuse cité de Rubis jusqu'à Caladh et une saga narrait même comment les ancêtres des Pluincéid avaient combattus les castiniens sous les murs de l'opulente cité. Le marchand utilisa un mot qu'il entendit pour la première fois mais qui, au vu du masque lugubre qui avait effacé le sourire de Gori, ne semblait présager rien de bon. "Ghotaï". Skov semblait craindre le ou les Ghotaï.

Shcho tse ... Ghotaï ?
Qu'est-ce que c'est ... Ghotaï ?
Lyuti voyiny zi skhodu. Vony yidutʹ po stepakh i rozchavlyuyutʹ usikh svoyikh vorohiv.

Gori parlait vite et utilisait un vocabulaire que Gaukka ignorait. Il tenta de décortiquer les mots mais ne reconnut que "voyiny" qui voulait dire guerrier. Hors contexte cela pouvait signifier que la cité était en guerre ou que les combats menaçaient. Il n'en fallut guère plus à Gaukka pour demander à Gori de lui indiquer la direction à suivre pour voir la Cité de Rubis de ses propres yeux. Il comprendrait surement ce qu'avait voulu dire son compagnon d'une nuit lorsqu'il serait sur place. Il reprit donc son chemin au petit matin, profitant des premiers rayons de soleil pour se diriger plein Est.

Gori lui avait annoncé six jours de marche pour arriver en vue des faubourgs de Skov. Petit à petit, les températures grimpaient et la végétation se faisait de moins en moins rare, dévoilant des herbes hautes et grasses ainsi que des arbres en fleurs. Au sixième jour, il passa le sommet d'une petite colline derrière laquelle s'étendait une immense vallée. En son centre, chevauchant un fleuve qui serpentait vers le Sud, une immense cité aux toits d'or et aux murs rouges lui apparut. Même à une poignée de lieues de la ville, sa magnificence frappa l'oeil du Voyageur qui prit un temps pour apprécier le spectacle. Les talents incroyables de bâtisseurs des castaniens n'étaient pas une légende. À mesure que le druide s'approchait, il fut frappé par la hauteur de la muraille qui encerclait la cité et par la richesse et la beauté des sculptures et des gravures qui ornaient les remparts. Les larges bâtisses étaient coiffés de dômes dorés qui reflétaient la lumière du soleil comme un phare dans la nuit.

Gaukka passa sous une haute porte alors que le soleil commençait à décliner à l'Ouest. Il régnait une agitation incroyable, alors que passants, marchands, animaux et gardes du guet déambulaient en tout sens dans un merveilleux brouhaha. Empruntant une rue remplies d'échoppes, il reconnut diverses langues qui étaient utilisées pour les tractations. Là, du ruvien, ici de l'ascanien, là du rutgien et bien sûr du castanien, si mélodieuse et particulière langue des autochtones. Le Voyageur dominait généralement la foule de toute sa taille mais ce peuple était immense, même les femmes n'avaient pas besoin de beaucoup lever le nez pour s'adresser à lui lorsqu'il s'arrêtait un peu trop longtemps à leur goût pour observer la stute d'un empereur mort depuis des décennies. Il y avait de quoi comparer la ville à Ruvia, tant aucune autre cité n'avait jamais suscité un pareil étonnement chez Gaukka. La moindre fontaine, le moindre kiosque, étaient soigneusement ouvragé et sculpté. Il lui semblait que chaque balcon était couvert de fleurs blanches qui tranchaient avec la pierre carmin des murs.

Le druide déambula pendant des jours entiers dans les rues pavées de Skov, sans jamais cesser de s'émerveiller sur la richesse de l'art et du savoir-faire des locaux. Au centre de la cité, une grande halle couverte abritait une myriade de marchands qui venaient de contrées totalement inconnues dans l'Orient lointain. Là, des êtres à la peau jaunâtre en cotôyaient d'autres à la peau marron ou blanche et s'échangeaient des biens de luxe. Pierreries, soie, ivoire, il découvrit également une plante odorante venu de l'Orient, qu'on faisait infuser dans de petits bols. Les marchands orientaux appelaient cela du "thé". Gaukka avait marché pendant plusieurs décennales et pensait arriver au bout du monde en atteignant la légendaire Skov mais encore bien des mystères et des aventures l'attendaient. Il se promit qu'un jour il irait jusque dans ces étranges contrées où les paysans cultivaient le thé et une céréale curieuse et blanche qu'ils appelaient le "riz". Cependant, ces mêmes orientaux ne semblèrent pas vouloir trop s'attarder dans la ville et à peine, deux jours après avoir déployé les tentures chamarrées qui annonçaient leur présence, ils plièrent bagage avant de disparaître vers le Sud. Eux aussi avaient régulièrement prononcés ce mot qui semblait les tétaniser, "Ghotaï".

Le Grianstad d'Eté offrit une journée particulièrement chaude, pour ne pas dire étouffante. Etrangement, la cité se vidait peu à peu de l'agitation qui y régnait depuis des mois et la garde semblait de plus en plus nerveuse et autoritaire envers la population. Sur place depuis une demi saison à peine, le Voyageur n'avait pas encore retenu assez de mots pour tenir une conversation avec les autochtones, mais il sentait bien que l'inquiétude grandissait parmi les castaniens. Un soir qu'il regagnait son dortoir dans une auberge située non loin des murs de la ville, et dont le propriétaire parlait ruvien, Ruigsin en soit loué, il trouva une patrouille du Guet qui stationnait devant la porte. Iergov, le patron de l'auberge était en train de vociférer à l'encontre de l'officier qui dirigeait la patrouille, reconnaissable aux deux plumes de faisan peintes sur son casque qui pointaient vers le ciel. Le druide s'avança et se risqua à entrer dans la conversation, en ruvien.

Un problème, Iergov ?
Ils veulent que je ferme mon établissement, ces couilles de bouc !

Si Gaukka avait bien retenu une chose, c'est que cette insulte était une des pires en castanien. L'officier éructa dans sa langue maternelle et Iergov répondit avec aplomb, sans une once d'hésitation. Le ton monta rapidement, mais c'est l'homme en arme qui eut le dernier mot, lorsqu'il fit glisser sa lame de quelques pouces hors du fourreau. De l'altercation, une nouvelle fois le terme "Ghotaï" résonna au creux de l'oreille du Voyageur. Iergov baissa la tête, dépité, avant de s'adresser au druide, les mâchoires serrées.

Désolé, Gaukka. Je n'ai pas le choix. Tu devrais quitter la ville avant qu'ils ne te chassent.
Qu'est-ce que le Ghotaï ?
LES Ghotaï. Un peuple venu de l'Est qui a juré de conquérir le monde.
Comme bien d'autres avant eux.
Personne n'a réussi à les arrêter et d'après les dernières rumeurs, ils seraient entrés sur les terres de notre empire il y a quelques jours. Leur armée semble se diriger vers Skov.

L'officier lança un regard froid vers Gaukka et lui aboya un ordre qu'il ne comprit pas. Iergov se chargea de faire la traduction.

Il te demande de quitter la ville dès maintenant.
Je ... Très bien. Merci pour tout, Iergov. Adieu.
Adieu, Voyageur.

Une heure à peine après cet échange, le Voyageur passait la grande porte de la ville au milieu d'un flot d'habitants qui poussait des chariots et évacuaient la ville avec empressement. L'inquiétude qui avait flotté au-dessus de la cité s'était mué en une panique à peine dissimulée. La moindre anicroche était à deux doigts de dégénérer en une bagarre entre parents inquiets pour leurs enfants. La nuit tombait peu à peu sur la vallée qui accueillait la mégalopole en son sein et lorsque Gaukka risqua un dernier regard vers la fantastique cité qui l'avait accueilli pendant tout l'été, il aperçut à l'horizon une série de lueurs mordorées qui vacillaient. Il ne fut pas le seul à avoir cette vision et quelques cris d'horreur fusèrent depuis la colonne de castaniens qui fuyaient la ville. Les Ghotaï étaient là et ils ne prirent pas le temps de faire une halte.

Le druide vit les points lumineux s'approchaient à toute vitesse des rempart de la cité de Rubis, précédaient par le grondement des sabots qui martelaient le sol. Les habitants apeurés pressèrent le pas pour s'léoigner des orientaux qui piaillaient des cris de guerre aigus. Gaukka fut comme hypnotisé par la marée humaine qui déferlaient depuis l'horizon sous la lueur branlante de leurs torches. Les cloches d'alarme résonnaient depuis l'intérieur de la cité tandis que les Ghotaï tournaient autour des murs en agitant leurs flammes et témoignaient de la coordination incroyablement précise dont faisaient preuve les cavaleirs venus d'Orient. Pendant près d'une heure, les cavaliers poursuivirent leur course effrenée autour de Skov, tandis que de ci, de-là, on distinguait une volée de flèches luire sous la lune. Le Voyageur resta sur place, observant le spectacle de cette armée montée qui semblait infinie, tant de nouveaux points lumineux apparaissaient à l'Est. Tout autour de lui, les fugitifs s'éparpillaient en implorant leurs dieux de les protéger et de leur épargner la fureur des Ghotaï.

Il se tourna vers l'Ouest, prêt à reprendre sa route, lorsqu'une immense gerbe de flammes embrasa un pan de la solide muraille de Skov. Les yeux écarquillés, Gaukka vit la fureur de lochran qui attaquait la pierre rouge sous les vivats des cavaliers qui poursuivaient leur manège autour de la ville. Les cris des Ghotaï répondaient aux tintements cuivrés des bourdons qui appelaient les soldats castaniens à défendre leur ville. Une fumée noire s'élevait déjà de la cité et assombrissait le manteau bleu nocturne et la lune elle-même. Son estomac se serra lorsqu'il vit toute la puissance de ce peuple inconnu. Si ces cavaliers menaient leur volonté à bien et poursuivait leur chemin guerrier vers l'Ouest, il finirait par atteindre Caladh. La capitale Pluincéid n'avait rien de comparable en terme de défense et de puissance avec l'énorme cité qu'il voyait s'embraser sous ses yeux en quelques instants.

Il devait rentrer chez lui et en faire part au roi Ultàn. Non, à tous les rois. Même unis, les quatre grands peuples devaient craindre ces terribles envahisseurs. Peut-être était-il temps de réunir le Conseil des Rois. L'heure était grave. D'un pas décidé et sans attendre le lever du jour, ni le dénouement de l'assaut sur Skov, Gaukka prit la route de l'Ouest et de ses paisibles terres natales.

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MessageSujet: Re: Gaukka le Voyageur   Gaukka le Voyageur I_icon_minitimeSam 25 Avr - 21:04

Et de leurs steppes déboulèrent une multitude de putains de mongols o_o

J'aime bien cette fiche. Une grande aventure déjà écrite qui commence une plus grande pas encore contée. Ça risque d'être épique, bro. Aussi, je te valide, selon le terme consacré.


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Te voilà enfin validé par l’équipe administrative. Nous te souhaitons tous la bienvenue officielle parmi nous. Afin de te faciliter la tâche, voici quelques liens qui pourraient t’être utiles très prochainement :
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MessageSujet: Re: Gaukka le Voyageur   Gaukka le Voyageur I_icon_minitime

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