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 Le crépuscule des vivants (Solo)

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Gaukka le Voyageur

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Gaukka le Voyageur

Messages : 139
Date d'inscription : 28/03/2020

Personnage
Âge: 50
Métier: Druide vagabond
Statut: Pluincéid


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MessageSujet: Le crépuscule des vivants (Solo)   Le crépuscule des vivants (Solo) I_icon_minitimeSam 31 Oct - 16:30


68e jour du Printemps
Année impériale 399

Les derniers rayons du soleil coloraient de teintes mordorées l'horizon. L'astre cuivré laissait peu à peu la nuit étendre son manteau bleu au-dessus des plaines Aonghusa. Dans le dos de Gaukka, la Coille Geal résonnait des derniers piaillements des oiseaux qui s'assoupissaient. Le Voyageur poursuivait son chemin, toisant le couchant avec détermination. Il avait réussi à rencontrer les souverains de chaque peuple libre et tous l'avaient entendus et semblaient enclin à se rendre au Coinneamh Righrean qu'il appelait de ses voeux. Pourtant il ne parvenait pas à ôter ce goût de cendre de la bouche et ce sentiment que le regard du Baran Didom était fixé sur lui.

Bien sûr, le vieil Arnec ne s'était pas engagé formellement, aveuglé par une querelle qui avait trouvée ses origines bien avant sa naissance. Bien entendu, Magetobrigos du Cnuiclarann avait lui aussi posé des conditions et se méfiait d'une assemblée où il devrait s'asseoir aux côtés des deux rois des marais. Evidemment, Ultàn avait été le seul à se montrer concerné en entendant les paroles du druide vagabond et vieux camarade. Comme attendu, Morgana n'avait fait qu'accepter en coupant court à leur entretien, lui, le vieux Pluincéid annonciateur de chaos. Malgré ces accords verbaux, tant de choses pouvaient se dérouler pendant qu'il arpentait les routes, tant de tensions couvaient entre Broìn et Cléirigh, la moindre étincelle pouvait embraser les coeurs et tous les efforts que Gaukka avait fourni jusqu'ici n'auraient eu aucun sens.

Le Voyageur arriva face à une grande statue de Mhrag. Le druide releva légèrement sa capuche du bout du pouce et avança sa main couverte de peau blanchie par le feu pour toucher l'idole. Même si les sensations étaient étouffées par les boursoufflures qui couraient sur sa peau, il sentit une espèce de liquide visqueux sous ses paumes. Il tourna sa main vers son visage pour la voir peinte en rouge. Il renifla et se risqua à goûter du bout de la langue. Le goût métallique ne laissait aucune place au doute. Du sang ! Il leva les yeux et fit basculer sa capuche sur sa nuque. L'effigie du Tua était couverte du fluide vital et alors qu'il posait ses yeux sur le haut de la statue, il vit que celle-ci avait été décapité. Qui avait bien pu profaner la représentation de Mhrag sur les plaines où il était si puissant et respecté.

Des caquètements étranges agitèrent les futaies plus au Nord et Ana elle-même sembla s'inquiéter en faisant souffler un vent froid qui poussait une nappe de brume épaisse. L'astre du jour offrait encore quelques rayons dorés mais la lune avait déjà pris sa place, triomphante, dans un ciel violacé. Un bruit étrange, semblable à un homme tentant de respirer sans jamais y parvenir, retentit tout autour du druide. Il tourna la tête vers l'arrière pour voir la brume, blanche et éthérée, envahirent les plaines à une vitesse ahurissante. Puis vint un cri, strident, puissant, qui transperça l'âme du voyageur jusqu'au plus profond de son être. Le sol trembla sous une immense charge de cavalerie qui jaillit de la brume pour se diriger à toute vitesse vers Gaukka.

Une clameur retentit en réponse depuis l'Ouest. Alors que les dernières lueurs du jour cherchaient encore à maintenir les ténèbres nocturnes à distance, les cris de guerre de fantassins des peuples libres se firent entendre. Le Voyageur vit des guerriers de chacun des peuples libres se ruer en avant, portant peintures de guerre et armures épaisses pour se jeter à la rencontre des cavaliers fantômatiques. Le druide était comme paralysé, tétanisé lorsqu'il réalisa que les montures qui sortaient de la brume, avaient des lambeaux de chair qui pendaient sur les os. Les tendons et les muscles étaient parfois à nu et une étrange lueur verte lusait au creux de leurs pupilles, lorsque les orbites n'étaient pas vides. Les cavaliers avaient la peau grise, comme momifié par le temps et les armures bordées de fourrures miteuses, où grouillait de la vermine, peinaient à refléter la lueur de la lune. Ils brandissaient des armes rouillées et ébréchées, écumant et poussant des cris inhumains. Des plaies croutées et purulentes suintaient sur les pans de peaux grisâtres qui n'étaient pas protégés.

Les deux armées se fracassèrent l'une contre l'autre. À la tête de ses frères et soeurs, Gaukka vit les souverains mener la charge et combattre avec toute la rage du désespoir. Il voulut les rejoindre mais ses jambes refusèrent de bouger. Il baissa les yeux vers ses pieds et vit que le sol s'était changé en sables mouvants. Le limon épais et collant était monté jusqu'aux cheville et poursuivait son oeuvre. Il se sentait aspirer vers la terre, irrémédiablement. Il posa une main sur le bord du socle de la statue mais la pierre s'éfrita sous ses doigts comme du sable. Il tourna un regard paniqué vers les armées qui s'afrrontaient, mais les forces libres avaient fondues comme neige au soleil. Les morts balayaient les vivants sans efforts.

Comprenant qu'il ne pouvait compter que sur lui pour s'extirper du piège où il s'était fourré, il tenta de planter son bâton en profitant de son allonge. En vain. Même en étendant son buste et ses longs bras, il ne parvenait qu'à plonger l'extrémité de son appui dans une mélasse identique à celle qui remontait le long de ses cuisses. Une fois encore, il leva les yeux pour s'apercevoir que les combats avaient cessés. Pluincéid, Aonghusa, Cléirigh et Broìn jonchaient le sol sans distinction, éventrés ou transpercés de flèches. Le limon arrivait à la taille du druide. Son bâton lui échappa des mains après une énième tentative de faire levier pour retrouver des appuis corrects. Sa respiration se faisait de plus en plus intense et rapide. Il sentait son coeur cognait de plus en plus fort dans sa poitrine. Il redressa une nouvelle fois les yeux, cherchant une solution vers l'horizon de cadavres qui s'étendait devant lui.

À l'ouest, le soleil, tel un oeil d'airain, continuait d'offrir quelques lueurs, comme une flamme de bougie vacillant au bout de la mèche. Un jeune guerrier, Cléirigh à en juger par la façon de nouer ses cheveux et à ses vêtements, observaient de ses yeux sans vie le druide qui luttait pour sa vie. La gorge du jeune homme avait été profondément lacérée et suintait d'un sang épais et sombre. Un soubresaut agita le corps sans vie. Gaukka pouvait jurer qu'il était mort et pourtant, le corps entier se mit à être pris de tremblements avant que la mâchoire ne se mit à claquer. Le mort se redressa et se tint assis, observant aux alentours dans une série de geste erratiques et désordonnés. La boue venait de dépasser le nombril du druide et montait lentement vers sa cage thoracique. Le mort tourna des yeux blancs luisant de vert vers le Voyageur et ouvrit la bouche en grand. Un bruit de gorge répugnant et sans air sortit de la plaie béante qui avait fait passer le guerrier de vie à trépas. Il se mit sur ses pieds et déambula en traînant les pieds, se dirigeant vers le couchant.

Le druide sentit la terre monter encore le long de son corps et il lança un regard perdu autour de lui, sentant que sa fin était proche. Il vit le Righ Ultàn en train de se repaître des entrailles de son épouse, la douce Asdis qui hurlait de douleur. La tête de Morgana, plantée au bout d'une pique, le toisait d'un oeil éteint alors que son corps était traîné à l'arrière de son char de guerre. Magetobrigos, le crâne ouvert et laissant voir sa cervelle sanguinolente, était en train de dévorer le visage d'Arvel, un des deux Rois rivaux. Un peu plus loin, l'autre Roi des Marais, celui dont on disait qu'il défiait la mort elle-même, était toujours juché sur le dos du brave Burù. Le colosse à la force aussi impressionnante que son absence de vocabulaire, était à genoux, empalé sur deux piques qui le maintenait presque droit. Le vieil Arnec, le regard vide, plongeait les mains dans le crâne de son porteur pour arracher des pans entiers de cervelle et les mastiquer bruyamment. Tous. Ils étaient tous là. Ils étaient tous morts. Le limon arrivait aux larges épaules de Gaukka qui tentait encore de garder la tête hors de la vase.

À l'Ouest, le dernier rayon doré perça la nuit avant d'être soufflé par la noirceur. Une main s'extirpa de la tourbe pour venir se poser sur le front du druide. Puis une autre, et une autre et encore une. Les ongles jaunies lacérèrent sa peau en l'entrenant vers les profondeurs. Il voulut crier mais la boue emplit sa bouche et alors qu'il sombrait dans les ténèbres, il entendit au loin, un barrissement cuivré et un cri.

RUVIA VICTOR !

***

Le druide se réveilla en sursaut, haletant et le visage dégoulinant de sueur. Sa robe était trempée et l'odeur âcre de la transpiration flottait dans la petite clairière où il s'était assoupi. Il écrasa quelques gouttes qui roulaient sur son front en s'effroçant de calmer le trouble de son esprit. Un songe, un simple songe. Un petit sourire vint étirer ses lèvres sèches et crevassées, dédramatisant comme il pouvait les visions que l'Entre-Monde lui avait envoyé.

Il regarda autour de lui, savourant le chant de la canopée qui bruissait pour accompagner la Danse d'Ana. Les Dias lui avaient envoyés un message et alors qu'il plongeait ses mains dans le petit ruisseau qui coulait à quelques pas de sa couche, il tenta de percer la signification du message divin. Les Dias semblaient convaincus que les peuples libres courraient à leur perte. Pourtant, ce soleil qui luttait contre les ténèbres à l'Ouest, ce son de cornicem et cette phrase en ruvien semblait être un espoir. Un espoir fou car les voisins impériaux n'accepteraient jamais de s'allier aux peuples libres, de même que les Righ et Banrigh refuseraient de combattre aux côtés de ce que nombre d'entre eux voyaient comme des envahisseurs. Le Coinneamh Righrean ne se déroulerait pas avant les premiers jours de l'été, aussi le Voyageur avait encore un peu de temps devant lui pour sonder cette piste, aussi saugrenue soit-elle. Tandis qu'il s'adonnait aux prières rituelles pour saluer les Dias, il tenta de les interroger sur leurs volontés. Ses interrogations reçurent pour simple réponse une bourrasque de vent qui partait vers l'Ouest. Il se redressa et frappa le sol du bout de son bâton, comme pour vérifier qu'il avait bel et bien échapper à sa prison de boue.

Il prit la direction de l'occident. Si le désir de Ruigsin était de faire appel aux ruviens, il se chargerait d'être Son messager. Il prit une profonde inspiration avant de sortir du sous-bois et de s'avancer dans la plaine. Il se rendrait en Oncmélie.
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