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 Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)

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Arzhura fille de Gwyngad

Cléirigh

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MessageSujet: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeMar 5 Jan - 20:37

An 399, jour 50, dans un val entre Lagan Tuin et Bun Beag

Je marchais dans la brume, je ne comprenais pas où j’étais. Je regardais autour de moi avant de trébucher et de rouler au sol. Sur quoi avais-je trébuché ? Je tendis la main en tâtant le sol gluant avant de refermer les doigts sur quelque chose de long, de dur et de poisseux. Je tirai dessus, mais quelque chose retenait, je pus quand le tirer à moi. Une canne. Couverte de sang et enroulait dans des chaînes. Une canne. Une canne. Et je reconnaissais la canne couverte de sang. C’était celle d’Ulter ! Les chaînes se resserrent brusquement et la canne se brisa avec un craquement sonore.

Mon hurlement de terreur me réveilla et Oonagh vient aussitôt me prendre dans ses bras, ses mains sur mes épaules. Elle me les pressa tout doucement en me murmurant des paroles apaisantes et en réussissant à me tirer les explications de mon rêve. Elle réussit à me faire parler pendant une trentaine de minutes, le temps que je me calme à nouveau. Je sentais la sueur tremper ma chemise et coller mes cheveux à mon front. Elle finit par allumer une chandelle, laissant la lueur de la flamme finir de m’apaiser. Cela ne valait pas du tout mon frère… mais Oonagh restait près de moi, me parlant, finissant de me caresser le front. Elle me sourit tout doucement.

« Je crois que tu as besoin de voir ton frère demain. »

Je hochais la tête avant qu’elle ne m’aide à me recoucher doucement. Elle garda ma main dans la sienne un petit moment en me caressant doucement le front. Je me réveillais un peu après les premières lueurs de l’aube. J’aidais ma mentor avec le petit déjeuner, mais aussi les quelques réserves à faire et faire quelques prières. J’observai le ciel avec attention. Je cherchais un peu pour voir s’il y avait un aigle. Pourquoi ? J’avais encore voyagé sur les rives d’Eadar… Que devais-je comprendre ? Je secouais la tête avant de laisser mes cheveux libres en une crinière épaisse et indisciplinée.

« Tu peux aller voir ton frère. »

Me signifia gentiment ma maîtresse et je hochais la tête. Je me dirigeais aussitôt vers le village, nous vivions un peu à l’écart. Je comprenais après tout, nous avions besoin de calme pour honorer les Spiors, sans parler de la divination. Enfin, pour l’instant, je voulais voir mon frère et c’était le plus important pour moi. Visiblement, le temps que je range et tout cela, ma mentor avait eu le temps d’aller voir le mentor de mon frère. Je fis signe rapidement à Lochan ainsi qu’à ma mère. Je préférais éviter de leur parler à eux de mes rêves. Et surtout je voulais m’assurer que mon père ne me voyait pas faire un câlin à mon frère. Chamane ou non… je restais sa fille  et sa ceinture pouvait toujours se montrer très agile.

Je souris au mentor de mon frère avant de venir me nicher dans ses bras un instant avant de prendre son visage dans mes mains pour l’examiner avec attention. Je baissais les yeux sur sa jambe, sur lui, sa cane. Je secouai un peu la tête.

« Ça te tente si on va faire un tour avec Barrique ? J’ai besoin de me changer les idées ? »

Mes cernes lui hurlaient la raison, j’avais juste… envie de le voir et de parler avec lui.


Dernière édition par Arzhura fille de Gwyngad le Jeu 7 Jan - 21:55, édité 1 fois
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Ulter fils de Gwyngad

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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeJeu 7 Jan - 21:27


An 399, jour 50,
Val de Noravogh,
Entre Lagan Tuin et Bun Beag

Les ombres du maître et de l'apprenti tapissaient le devanture de la petite maison où résidait le barde. En ces belles semaines, le tandem s'installait sur le perron pour les leçons quotidiennes. Un petit vent venait ainsi jouer en duo avec les doigts d'Ulter, dans les cordes de sa lyre. Les heures d'entraînement s'enchaînaient. Le jeune homme testait en ce jour une nouvelle harmonie, sous l'oreille et le regard sourcilleux de Wandus. Le professeur tantôt battait la mesure du bout du pied, interrompait, faisait reprendre une mesure – tantôt exprimait au fils de Gwyngad toute sa fierté d'un bref coup d’œil entendu. Sur son ordre, l'élève répéta ses notes et se concentra pour y broder le dernier texte de sa composition. Si le maître en était satisfait, il s'agirait de la première strophe de sa louange pour le prochain Grianstad. Les R de sa voix claire roulèrent comme roc entre les vals :

Au creux de la colline esquissant un sillon
Ô Tuas épousez les courbes de la Terre.
Faites couler, nos mains, le vin comme une mer
Et dansent les odeurs de nos libations...


Ulter inspira, s'apprêta à engager le vers suivant mais bloqua son souffle quand une silhouette bien familière attira son regard. Et celui du maître à sa suite. C'était celle d'Oonagh. Elle approcha, salua brièvement le jeune homme mais fit signe à son professeur de se lever. Le fils de Gwyngad se pinça un coin de lèvre : quelque chose de sérieux semblait se passer. La chamane n'interromprait pas sans raison ni son apprentissage journalier avec Arzhura, ni celui de son frère. Ulter cilla, tendit l'oreille pour tenter de comprendre ce qui se disait. Il vit le barde acquiescer. Il décida finalement de poser sa lyre, d'empoigner sa canne et de rejoindre le duo. À peine se fut-il présenté devant eux qu'une autre personne – oh si familière ! – venait à leur rencontre de son pas rapide. Le soleil printanier découpait la silhouette d'Arzhura. Son allure pressée, que même de loin le frère sut deviner nerveuse, vint confirmer ses premières craintes. Il arqua un sourcil. Sa sœur devait avoir traversé quelque chose de particulier pour avoir été autorisée à suspendre ses leçons – et que la chamane soit venue à le rencontre de Wandus. D'ordinaire, les jumeaux ne se retrouvaient que le soir. Cela n'augurait rien qui vaille.
Le barde se retourna vers Ulter : « Ta sœur a besoin de te voir. Oonagh l'y autorise. Tu peux y aller, mais nous prolongerons la leçon de demain. » L'intéressé hocha la tête, remerciant du même coup son maître et la chamane. Avec leur permission, il clopina jusqu'à se trouver à la hauteur d'Arzhura, qui lui chavira dans les bras pour une étreinte dont la force en cria le besoin urgent. Par réflexe, le jeune homme glissa quelques précautionneuses œillades aux environs : il s'agissait de vérifier que leur père ne traînait pas dans les parages comme cela pouvait fréquemment arriver. L'eorl se fâcherait une énième fois de cette accolade... Rien en vue. Ulter referma tendrement ses bras solides autour des fines épaules de sa jumelle. Leurs tiédeurs s'entremêlèrent. Il n'eut qu'à consulter quelques secondes le visage d'Arzhura pour comprendre, à ses cernes violacées, que cette nuit encore les ombres de l'Eadar ne l'avaient pas laissée en paix. Soupir retenu. Ravalé au creux de sa gorge. Souffle encagé.
Se détachant finalement de sa sœur, il surprit son geste étrange : pourquoi aviser sa canne avec cette insistance ? L'instrument faisait tellement partie de lui que ni lui ni elle n'y prêtaient plus garde. Cachant ses inquiétudes, Ulter offrit un sourire à sa jumelle et s'enthousiasma sans hésiter à sa demande : « Je ne dis jamais non à une promenade avec Barrique. Allez, viens ! »

Et de lui prendre la main. De l'emmener en béquillant jusqu'à l'écurie familiale guère si loin de là. La joie toujours accrochée au visage du jeune homme, la lumière aux prunelles : cela aussi, dans l'espoir de changer les idées d'Arzhura, même s'il sentait bien qu'elle ne serait pas longue à lui confier ses nouveaux tourments... Oonagh et Wandus s'étaient éloignés.
Ulter pénétra dans les granges. Les claquements de sa canne résonnèrent entre les box, jusqu'à celui de Storm. Loquet tiré, grincement de porte, et le voici qui vole aussitôt hors de sa cabine. Il semblait avoir envie de se dégourdir les jambes. Cela tombait bien, pour une chevauchée qui tentait plus que jamais Arzhura. Le fjord trottina autour du tandem, vint chercher quelques grattouilles à la ganache. Ulter lui adressa une caresse le long du chanfrein.

« En selle ! » lança-t-il en enroulant ses bras autour de sa sœur pour l'aider à se hisser, une fois qu'il eut lâché sa canne pour tenir bien sur ses deux jambes et libérer brièvement ses mains. « Où veux-tu aller, ô future grande chamane ? » sourit-il avec malice en montant à son tour sur le dos de Barrique. Il aura au passage récupéré sa canne, qu'il bloqua en travers, entre ses jambes, une fois bien installé sur Storm.


Dernière édition par Ulter fils de Gwyngad le Ven 22 Jan - 22:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeVen 8 Jan - 9:18


An 399, jour 50, dans un val entre Lagan Tuin et Bun Beag

Je me sentis tout de suite mieux une fois dans les bras de mon frère, c’était tellement rassurant pour moi. Je fermais les yeux le laissant me bercer sans rien dire. Je restais immobile avant de rouvrir les yeux et regarder sa canne. La sentir couverte de sang… Je me mordis les joues avant de proposer une ballade à mon frère pour essayer de me changer les idées. Nos professeurs étaient en train de discuter ensembles. Je ne dis rien et souris simplement à mon frère, rassurée qu’il accepte de venir. C’était… J’avais besoin de lui… J’avais juste besoin de lui parler, de lui raconter. Je ne pouvais pas lui… lui cacher, mais en même temps, si je lui disais ? Je souris quand même à mon frère. Je serrais doucement sa main dans la mienne avec un clin d’œil. Sa main était chaude alors que j’avais l’impression que la mienne était glacée. J’avançai avec lui vers les écuries de notre père avant qu’il n’ouvre la porte de la stalle.

Barrique s’approcha aussitôt en trottinant, je le flattai, laissant mon frère l’occuper avant de le préparer, jetant un tapis sur son dos et préparant juste de quoi chevaucher. Je lui passais son filet également avant de sourire à mon frère. J’eus un rire quand il me souleva dans les airs pour m’aider à grimper sur le cheval alors que je pouvais le faire toute seule. Je lui tendis la main pour l’aider à mon tour pour qu’il grimpe avec moi. Depuis le temps Barrique, ou Storm, avait l’habitude de nous avoir tous les deux sur son dos. Je regardais mon frère avec attention avant de plisser le nez. Où aller ? Pas le lac ! Je préférais Bun Beag.

« Bun Beag. Au vu de l’heure il va avoir encore de la brume sur le lac. »

Et je ne voulais pas voir de la brume. Je souris à mon frère avant de presser les genoux pour faire avancer Barrique qui obligeamment se dirigea vers la sortie au petit trot. Je dus tirer les rênes pour éviter Lochan qui jaillit brusquement. Barrique s’ébroua un peu, mécontent d’être aussitôt interrompu, mais grand-frère ne sembla nullement gêné de ce détail :

« Vous allez où les jumeaux ? Vous n’avez pas cours ?
- Bun Beag. Non, ils nous ont laissé notre journée. »

Il nous observa avant de hocher la tête et s’écarter. Je poussai à nouveau notre poney qui reprit sa route avec souplesse, je tournais la tête vers mon frère jumeau un instant en le regardant avec attention, puis mes yeux caressèrent sa canne, je baissais la tête avant de regarder devant moi :

« Je suis désolée Ulter… de te voler une journée d’apprentissage… »

C’était compliqué pour moi de lui expliquer. Machinalement je cherchais sa main pour la serrer dans la mienne comme un point d’ancrage nécessaire pour ne pas sombrer. J’avalais ma salive en restant silencieuse pendant un petit moment, observant juste le paysage que je connaissais par cœur autour de nous. J’observais le lac au loin.

« J’avais raison : il y a encore du brouillard regarde. »

Je lui indiquais du doigt avant d’avoir un frisson presque de peur en repensant à cette nuit. Je secouais à nouveau la tête avant de repousser en arrière les quelques mèches qui échappaient à ma pauvre tresse faite à la va-vite.

« Tu crois que je vais trouver un nouvel bel arbre où grimper ? »

J’eus un sourire amusé, malgré ma chute, j’avais continué de grimper aux arbres.
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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeVen 22 Jan - 22:56


An 399, jour 50,
Val de Noravogh,
Entre Lagan Tuin et Bun Beag

Une chance que Wandus et Oonagh aient accepté de les laisser prendre ensemble ce moment hors-temps. Sans doute avaient-ils compris qu'Arzhura en avait besoin. La main dans la main, comme lorsqu'ils étaient petits – et comme à chaque fois que s'imposaient les douceurs du réconfort – frère et sœur gagnèrent les écuries. À la paume de sa jumelle, Ulter sentit le gel. Ce souffle froid qui avait dû lui galoper les veines à mesure d'un cauchemar dont il ignorait encore tout. Au moins la bonne humeur revint-elle quand tinta le rire de la jeune femme, alors qu'il l'installait sur le dos de Storm. Oh sûr qu'elle n'avait pas besoin d'aide ! L'un et l'autre s'avéraient d'excellents cavaliers. Cependant il y avait toujours ce plaisir de la surprise, de la minime intention qui allégeait l'atmosphère. Ulter prit la main tendue d'Arzhura pour s'installer à son tour. La destination fut vite décidée.
Évidemment pas le lac. Les brumes faisant le charme ténébreux des terres Cléirigh étaient teintées d'une pesanteur qui ne pouvait qu perturber l'apprentie chamane après ses visions. Bun Baeg, donc.
« Wohoo ! » s'esclaffa Ulter quant leur aîné surgit devant eux, obligeant Arzhura à faire dévier la pauvre Barrique de son chemin à peine son trot entamé. Le cheval s'ébroua. Se calma toutefois bien vite après un piaffement qu'accompagna le brin de terre soulevé par un de ses sabots. Il lâcha un rire et lui tapota doucement l'encolure tout en laissant sa jumelle répondre à Lochan. « La chance ! » blagua ce dernier, avant de vite comprendre au regard appuyé d'Ulter que cette dispense de cours relevait davantage d'une nécessité. Coups d'yeux entre les trois enfants. L'aîné comprit enfin de quoi il en retourna à la mine blafarde d'Arzhura puis les laissa aller après un bref sourire.

Enfin seuls sur la route, au petit trot, il surprit un autre regard de sa sœur sur sa canne. Trop appuyé décidément pour qu'il ne soit pas signifiant. Le garçon se décida à ne pas poser de question pour le moment, d'autant qu'il fut surpris avant même d'ouvrir la bouche par des excuses qui lui serrèrent le cœur. « Mais non, ce n'est pas grave ! Wandus comprend. Et moi... je patinais dans mon marais lexical et les vers boiteux aujourd'hui, alors tu n'auras pas interrompu une séance particulièrement inspirée. » plaisanta-t-il. Son marais lexical... Une expression facétieuse désormais consacrée par Ulter – adoptée aussi par son professeur quand il était d'humeur au bon mot – afin de qualifier l'état flasque de son propre esprit, quand il ne s'estimait pas au meilleur de son style. Expression qui mettait en outre au passage un petit coup gratuit – mais qui ne se refusait jamais – aux chers voisins-bourbiers des Cléirigh. Plus d'une fois, Arzhura avait elle aussi entendu son jumeau pester contre ses jours « sans » en tels termes. Ourlant un coin de lèvre, il lui adressa un sourire entendu pour la rassurer de son visage en plus de ses mots : non, elle ne le dérangeait jamais.
Il sentit sa main revenir dans la sienne – à ce point à la recherche d'une prise... Ulter se retint de soupirer. Son pouce lui effleura la paume. D'un coup de rêne, il imprima à Barrique un rythme plus doux encore puis logea son menton tout près de l'épaule d'Arzhura. Quasi emmêlés l'un à l'autre. Les prunelles du jeune homme suivirent le doigt de sa jumelle vers le lac tout fumeux sous son tapis de brume. Tel un habit de deuil. Il préféra que sa sœur ne s'arrête pas davantage sur cette image et imprima un virage à Storm. Conjurer loin d'eux les eaux intranquilles et ce qu'elles représentaient pour Arzhura. Au frisson qu'elle ressentit, Ulter attrapa sa longue cape qu'il envoya tournoyer autour d'eux, afin qu'elle enveloppe la gorge de sa jumelle. Qu'elle en chasse cette vilaine chair de poule.

« Bel arbre ou pas, ce n'est pas comme si tu ne te trouvais pas toujours avec talent quoi que ce soit à grimper. » répliqua-t-il, une douceur logée dans ses accents espiègles. « Au premier qui trouve notre victime du jour ! » lança-t-il. Que celui d'eux deux qui, le long de leur promenade, trouvait d'abord le tronc ou le roc le plus intéressant à escalader interrompe le trot de Storm ! Et naturellement, Ulter avait sous-entendu qu'il grimperait aussi ! Un peu. Jusqu'au point que sa patte folle voudrait lui autoriser. Il ne la laissait pas l'empêcher d'accompagner Arzhura au moins sur une partie de ses aventures aériennes. « Ma canne pourra rester sage en bas, à surveiller Barrique. » sourit-il, revenant mine de rien, à petits pas de mots détournés, vers ce qui paraissait tant obséder la jeune fille et que son frère souhaitait comprendre. Attendre d'en parler, c'était reculer pour mieux sauter. Autant évacuer, puis s'amuser et oublier. Nouant ses doigts entre ceux de sa jumelle, posés au chaud sur le poney, il souffla : « Raconte-moi, Arzhu'. » Entre cette voix chuchotée et le geste d'attention d'Ulter, le tout juste après avoir blagué sur sa canne... elle saurait très bien ce qu'il voulait qu'elle raconte.
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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeSam 23 Jan - 11:00


An 399, jour 50, dans un val entre Lagan Tuin et Bun Beag

Père voulait très souvent nous séparer, Ulter et moi. Il détestait nos longues étreintes et notre... Besoin ? De nous retrouver toujours tous les deux. Craignait-il une rumeur d'inceste ? J'adorais mon frère, mais je n'avais que pour lui une... Adoration ? Un lien profond ? Je pensais que c'était que ça. Enfin... " que ça" c'était vite dit. Petitq nous faisions tout ensemble si bien qu'on finissait toujours collé ensemble physiquement. Mais c'était comme ça : mon frère était le seul, ou presque, à calmer mes terreurs la nuit. Et même encore aujourd'hui si nous passions la nuit proche et que je paniquais c'était vers lui que je me tournais. Je n'y pouvais rien, c'était lui et personne d'autre. Combien de fois avions nous grugé notre père ? Moi passant la nuit avec mon frère avant de regagner ma chambre au petit matin. Même si parfois nous nous faisions attraper. C'était le jeu. Et ce rêve avec la canne de mon frère... Non ! Je ne pouvais tolérer qu'il lui arrive malheur. Je lançais un regard noir à Lochan quand il affirma que nous avions de la chance de ne pas avoir de leçon. Je me serais passé de cette chance à dire vrai.

Chacun une rênes en main, comme toujours, on prit la direction des bois. Je m'agrippais à la main de mon frère alors qu'il se serrait contre moi, son visage presque contre le mien. J'inspirai profondément en le sentant près de moi et un sourire étira mes lèvres quand il nous enroula tous les deux dans sa cape. Ainsi nous devions ressembler à un être étrange : une paire de bras quatre jambes deux têtes. Une âme ? Sans doute. Je m'excusais de le déranger en pleine leçon avant de sourire à sa remarque sur sa journée marécageuse en vers.

« Et bien je ferais tout pour y faire revenir une forêt luxuriante ! Ta magnifique lyre ne t'aide pas ? »

Je lui avais offert cette lyre et lui ma cape bleue. J'eus un sourire à sa remarque. Oui je grimpais toujours très souvent ça me faisait du bien et obligeait mon esprit trop papillon à s'apaiser et se concentrer.

« Ah ! Que veux-tu mon cher frère ! J'aime être près du ciel et des nuages ! Comme les aigles ! »

Aigle qui était mon totem ce qui n'était pas du tout étonnant. Enfin autre chose à penser. Les bois étaient emplis de sons, d'odeur... J'aimais m'y perdre un peu. Peut-être que je ne devrais pas rentrer au village ? Je ne savais plus. Est-ce que je portais malheurs avec mes visions ? Pouvaient-elles seulement se réaliser. Je souris à mon frère, heureuse qu'il grimpe avec moi :

« Et bien tu diras bonjour aux aigles toi aussi petit frère ! »

Craquement.

Je sursautais en fouillant les alentours du regard, écoutant à peine mon frère lorsqu'il me parla de sa canne. Un lapin. Lièvre ? Lièvre. Les craquements des branches, le bruit des sabots sur l'herbe, le vent, le soleil, les odeurs. Tout se mélangeaient brusquement dans ma tête, autour de moi. La voix de mon frère me semblait lointaine, comme un écho. La vision me revient en tête. La brume. Le bruit de mes pas dans l'eau, la difficulté à marcher comme-ci une grange de boue emprisonnait mes pas. Le silence pesant, l'air suffocant. La canne, le goût boueux de l'eau et sa froideur qui imbibe mes vêtements... La canne que je prends... Poisseuse, collante, les chaînes qui m'empêchent de la prendre, le sang qui dégouline.

Craquements.

Morceaux dans l'eau.

Mon nom prononçait comme un écho lointain avant de brusquement revenir comme un coup de fouet. Je sursautais à nouveau, revenant à la réalité. Je n'avais pas assez dormis, voilà que... Je secouai la tête légèrement gênée. Je finis par regarder mon frère avec tristesse.

« Je... Je marchais dans un endroit recouvert de brume, il y avait de l'eau et de la boue. À un moment j'ai glissé sur quelque chose et je suis tombée dans l'eau. Quand j'ai pris sur ce quoi j'avais glissé... C'était... Ta canne entourée de chaîne... Et couverte de sang. J'ai tiré pour la garder, la reprendre des chaînes... Elles se sont enroulées autour plus fort et... L'ont brisé...»

Je détournais le regard pour fouiller la forêt a la recherche d'un bel arbre pour nous deux. Je ne savais pas quoi dire d'autre, j'avais encore l'impression d'avoir les mains couvertes de sang. Je finis par faire tourner Barrique en voyant un énorme chêne, absolument magnifique.

« Voilà notre Perchoir ! Il te plaît ? »
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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeMar 2 Fév - 22:34


An 399, jour 50,
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À la mauvaise plaisanterie de Lochan, le regard orageux d’Arzhura aura laissé voir combien elle ne l’avait pas entendu de cette oreille. Et pour cause, tout le long de leur promenade sur le dos de Storm, Ulter avait tout de suite senti sa détresse. Celle qui s’exprimait par la recherche d’un contact. De leurs doigts serrés comme les nœuds d’une corde qu’il faut empêcher de céder. Oh, à vrai dire il n’y avait souvent même pas besoin d’une angoisse à panser pour qu’ils viennent l’un à l’autre. Loin de tout autre regard que cela aurait pu gêner – ce que le jeune homme comprenait parfaitement, à l’instar de la sévérité de leur père quand bien même ils y dérogeaient encore souvent – ils refaisaient un comme dans toute leur enfance.
« Oh bien sûr que si ! Elle fait même de son mieux. » s’outra Ulter, plaisantin, au sujet de cette lyre comme s’il s’était agi de défendre les bons offices de quelqu’un. Il ajouta, rieur : « Elle a même cassé sa première corde, je ne sais comment je dois le prendre ! » Wandus lui avait bien dit que tôt ou tard cela arrivait. Et cela avait été l’occasion pour le futur barde d’apprendre à réparer l’instrument, à nouer un nouveau fil, pas avant d’avoir observé derrière son maître l’acquisition d’un de ces boyaux qui servaient au prélèvement et à la découpe des cordes avant graissage.
À jouer ainsi dans ses réponse, il espérait bien vainement reculer le moment d’apprendre ce qui pesait tant à sa sœur, tout en sachant bien que cela arriverait bien assez tôt. Rêveur, il sourit à son image de l’aigle caressant les nuées. Plus jeune, lui aussi s’était vu oiseau – aimant au passage se rappeler que ces locataires du ciel eux aussi étaient sur la terre bien maladroits de leurs maigres pattes. Qu’il ne fallait à chacun que trouver son espace d’épanouissement, son infini. Être près des nuages ? « Et j’aime être dedans. » ponctua-t-il. « Comme tout doit sembler plus petit, bien moins grave aussi, de là-haut depuis les sommets du monde. » Se ragaillardissant, Ulter ajouta d’un tons moins contemplatif : « Mais allons, ce n’est pas l’absence d’ailes qui peut nous arrêter ! Hi ja ! » Sur cette apostrophe, il s’amusa à faire prendre un bon petit galop à Barrique sur quelques virages. Il s’enivra d’air à pleins poumon, secoua la tête pour laisser le vent baigner entre ses cheveux… et rira volontiers au passage de l’effet de surprise qu’aura sûrement eu Arzhura.

Dans leur cavalcade, le jeune homme se permit quelques secondes de lâcher la bride pour ouvrir grand les bras tels les aigles. « Mais absolument, que nous les saluerons. Et tu vois, je m’y entraîne. » Enfin, il freina la chevauchée, laissant cette pauvre Barrique reprendre un peu son souffle. Ulter lui flatta l’encolure d’une petite caresse valant un tu es bien vaillant alors qu’on t’en fait voir, merci !
Des branchages craquèrent sous les sabots. Le sol se remuait, se semblait-il avec lui : les mauvais souvenirs d’Arzhura. Elle ne l’entendit même pas du premier coup lui adresser la parole. Ulter répéta son nom. Une ou deux fois avant qu’enfin elle ne quittât sa trouble, mais pour mieux lui présenter des yeux si tristes, ombragés sous la cassure inquiète de ses sourcils. Il écouta sa vision. Se retint de déglutir, quand bien même un frémissement lui passa sur la nuque. Un présage ? Les esprits manifesteraient-ils de la sorte qu’il lui arriverait quelque chose ? Ou bien sa canne serait-elle le symbole d’autre chose… car après tout il n’était pas le spécialiste de l’interprétation des songes. Qui – ou quoi – allait-il se briser ? Ulter laissa passer un temps de silence après les confidences de sa sœur, manière respectueuse de les accueillir, tandis que ses bras étaient revenus envelopper Arzhura dans une douce étreinte, accompagnée par les petits souffles de Storm. « Brisée… Du sang ? Oh, c’est... » Que pouvait-il être dit qui ne fut maladroit ? Ulter ne s’avancera pas à quelque mauvaise interprétation. Ni à de vaines formules du type [i]’’Non voyons, que peut-il bien arriver ?’’[i] car seul Dias et Tuas le savaient. Chaque nouveau tournant de l’existence s’en venait comme on voleur et orgueilleux serait celui qui se pensait prémunir. « Je suis désolé, Arzhu… J’espère qu’il n’augure rien de funeste. » Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire apaisant. « Oonagh a-t-elle pu te dire quelque chose de ce songe ? »
Alors qu’il posait cette question, sa jumelle pointa un somptueux arbre et ses mille branches. Le visage d’Ulter s’illumina d’admiration et d’enthousiasme à la perspective de leur escalade. « Magnifique ! » lança-t-il avant de se rappeler les vers d’un début de chanson qu’il composa jadis. « Tu te souviens ?

Vieux chêne tu t’étends au ciel de tes vingt bras
Vers Lune tout là-haut, pour la toucher du doigt...
Ou lui faire du pied, si en monde à l’envers,
Racines sont au ciel et branches dans la terre. »


Tout en disant le dernier vers de ce poème d’enfant, il se sera un peu renversé sur le côté, comme pour expérimenter cet univers inversé évoqué par la strophe – mettant un instant le sol en haut et le ciel aux pieds des jumeaux ; renversant le chaîne comme sablier.
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Arzhura fille de Gwyngad

Cléirigh

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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeMer 3 Fév - 9:17


An 399, jour 50, dans un val entre Lagan Tuin et Bun Beag

J’eus un sourire à sa remarque sur sa Lyre en secouant un peu la tête, faisant danser mon humble natte qui avait tout à envier aux coiffures d’Ulter. Je faisais moins attention à mes coiffures que lui. Il fallait dire qu’une chamane, quand bien même cela serait sûrement dans six printemps, n’avait pas toujours le temps de se coiffer convenablement. Ce n’était pas du tout une excuse pour ne pas vraiment me coiffer et toujours laisser mon frère le faire ! En même temps… c’était aussi une manière de passer du temps ensemble. Mon petit sourire s’élargit lorsqu’il me conta l’aventure avec sa lyre et sa corde cassée. Je chatouillais doucement mon frère.

« Elle veut te dire que tu dois te reposer ! C’est tout ! »

Si sa corde se cassait… L’image de la canne couverte de sang et brisée me revient en mémoire. Ma moitié d’âme ne me laissa même pas réellement perdre la tête dans ces images, enchaînant sur mes quelques paroles sur les aigles et le fait de se perdre dans les nuages. J’eus à peine le temps de sourire un peu plus à sa remarque face à sa déclaration d’amour sur les nuages et les aigles. Je poussais un petit cri de surprise quand il fit partir Barrique au galop. Mais bien vite je talonnai le pauvre cheval pour qu’il aille plus vite. Je profitais du vent qui fouettait mon visage. Je finis par tirer sur les rênes pour ralentir ce pauvre Barrique en lui frottant l’encolure. Avant qu’un craquement ne me refasse penser à la vision que j’avais eue. Je finis par lui raconter ce que j’avais vu avec angoisse. Je haussais un sourcil à sa remarque avant d’ajouter un peu cassante :

« Inquiétant, angoissant, terrifiant, affolant, alarmant, troublant, sinistre ? Je continue ? Ou on en a assez ? »

J’étais un peu trop cassante, je le savais… mais c’était sorti tout seul… Je baissais les yeux sur l’encolure de notre pauvre cheval qui soufflait toujours. J’allais descendre et quitter l’étreinte rassurante de mon frère… Mais le pauvre cheval ne pouvait pas trop… souffrir de nous porter tous les deux après notre course. Je posais la tête contre l’épaule de mon frère.

« Non… Comme toujours elle y réfléchit un moment avec moi… mais là… on ne sait pas trop… IL n’y a aucune raison que tu sois réduis en esclavage par les ruviens… tout ça… je ne sais pas Ulter… tout ce que j’ai peur… c’est de te perdre. »

Je finis par lui montrer le grand arbre que j’avais vu au loin et visiblement il en était heureux. J’attrapais sa ceinture quand il se pencha en arrière, renversant l’ordre du monde avec sa tête en bas. Est-ce que je m’en souvenais ? Mmmh… peut-être c’était ça ?

« Que sur la terre tombent vos fruits murent ? Quelque chose dans ce goût-là, non ? »

Je n’étais pas douée pour la poésie, les alexandrins et compagnies… Non, très peu pour moi, je préférais mille fois mes plantes. Je me dégageais, à regret, de l’étreinte de mon frère pour mettre pied à terre une fois qu’il se soit redressé avant de prendre les rênes du cheval pour le guider en écartant doucement les branches sur notre chemin, préférant attendre pour dire à mon frère de descendre. Bon et il y avait même de quoi boire et brouter pour Barrique le temps que nous nous amusions à grimper un peu. Je souris à mon frère avant de lui tendre les bras pour qu’il puisse descendre. Je repris les rênes pour attacher gentiment le cheval qu’il ne s’enfuit pas, mais assez proche du petit ruisseau et des herbes pour qu’il puisse brouter. J’entrepris même de lui enlever la scelle pour qu’il puisse se détendre un peu après nous avoir supporté. J’ôtais mes chaussures en regardant Ulter…

« J’adore marcher dans la mousse. C’est trop agréable ! »

J’eus un rire avant de revenir l’enlacer et lui embrasser la joue.

« Ulter ! Tu piques ! »

Fis-je avec un petit rire avant de lui ébouriffer les cheveux, ruinant au passage, volontairement, sa coiffure. J’avais presque envie d’une petite joute physique avec lui, quand bien même on allait bientôt grimper. Je lui fis un clin d’œil :

« Tu crois qu’on trouvera un nid de pie avec un collier cette fois ? »

Rapport avec la cicatrice de ma jambe. J’avais appris à en rire beaucoup.
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Ulter fils de Gwyngad

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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeMer 3 Fév - 16:51


An 399, jour 50,
Val de Noravogh,
Entre Lagan Tuin et Bun Beag

« Peut-être bien. » acquiesça-t-il, conscient du travail qu’il ne cessait de fournir chaque jour pour sa formation et qu’Arzhura n’ignorait pas. C’était cela que de vibrer d’une telle passion pour l’apprentissage de son futur office ! Ulter savait combien sa sœur elle-même mettait du cœur à l’ouvrage. Des heures entières à apprendre les herbes et leurs vertus, à mémoriser les gestes de soins, les techniques incantatoires promptes à solliciter l’aide des Tuas et Dias dans l’interprétation des visions. Il ajouta donc une œillade entendue après sa réponse : tous deux se reconnaissaient souffrants d’une tare similaire, pour la plus grande satisfaction de leurs pédagogues.
Les jumeaux rirent de bon cœur de la cavalcade impulsée à Storm, avant que dans un geste commun ils ne freinent l’animal d’un bref coup de rêne maîtrisé. Barrique mérita quelques grattouilles et câlins, avant qu’Ulter et Arzhura ne reprennent eux-mêmes leurs souffles. Leurs crinières brassées par le vent de la course leur tombait n’importe comment sur le visage. Le jeune homme passa les doigts dans les mèches de sa sœur, assez pour réordonner la coiffure toute simple – mais tout de même digne de ne pas rester en un tel sens-dessus-dessous – qu’elle portait comme lors de chacun de ses jours de travail. Le complexes ornements ne restaient que l’apanage des jours de fête, ceux-là où le frère se plaisait à consacrer son inventivité à de nouvelles formes et torsades à imprimer aux tresses auburn d’Arzhura. Lors de chaque banquet, chaque cérémonie, le val avait l’occasion de découvrir quels chemins encore inexplorés empruntaient les teintes auburn au milieu de la brune tignasse de l’apprentie chamane. Dans un rapide geste des doigts au creux de ses propres mèches, Ulter se recoiffa à son tour.

Il baissa les yeux en l’entendant compléter sa phrase hésitante par une série d’adjectifs aussi abrupte qu’un rafale de pierres. Elle s’inquiétait évidemment et son frère ne pouvait que comprendre l’acidité avec laquelle ces angoisses faisaient éruption hors de sa bouche. Il accueillit la tête d’Arzhura dans le creux de son épaule, l’effleura presque du bout de son nez en se penchant vers elle et l’écouta. Apparemment, Oonagh non plus ne disposait que de peu de pistes.
« Esclave. » cracha Ulter, aussi interdit que révulsé. Il n’avait jamais considéré une pareille option. Être asservi chez des Ruviens ? Le jeune homme serra les dents, se figurant ces marchés dont les estrades accueillaient des captifs en rang d’oignon, chargés de chaînes, prix notés sur des affichettes pendues à la gorge. Il secoua la tête. Si telle chose devait arriver, Ulter se dit qu’il préférerait encore se suicider aussitôt qu’il en aurait l’occasion. Un Cléirigh privilégiait la mort à la servitude. Et après tout, il chassa vite cette vision d’un sec geste de main : Arzhura avait raison, quels risques pouvait-il y avoir pour que cela arrive ? Les Ruviens les laissaient relativement tranquille actuellement et leur commerce n’était pas au beau fixe. Et puis même s’il pouvait accomplir bien des choses de ses mains, qui aurait comme première idée instinctive de capturer un esclave à patte folle ?

Beaucoup plus doux, il murmura après les craintes de sa sœur : « Oh non… Non, Arzhu, il n’y a aucune raison pour que nous nous perdions. » Au moins le grand chêne fut-il bientôt leur diversion et Ulter laissa tinter un petit rire quand sa jumelle se remémora à son tour une autre tentative de vers qu’il avait eue fort longtemps en arrière. Il inspira et retint son souffle en se sentant attrapé à la ceinture dans sa pirouette improvisée. Il s’esclaffa, se redressa, et reprit sa canne en main pour descendre finalement de Storm à la suite de sa sœur. Un large sourire aux lèvres, il la regarda se réjouir tant de traverser à pieds nus le petit sentier moussu. Lui-même s’y engagea, tanguant, dans son habituelle démarche d’oiseau ivre rythmée par les claquements de sa troisième patte.
Ulter cilla à la bise de sa sœur, avant de mimer de petits dards de ses doigts quand elle lui rappela ne pas être rasé de frais ce jour-là. Il ne se priva pas de mettre une pichenette à la tempe de sa sœur après qu’elle lui eut remué les cheveux en tous sens par un savon dont elle avait le secret. À peine le forfait commis qu’il accéléra son rythme clopinant, parfaitement conscient qu’elle allait le poursuivre et que l’un d’eux – eux deux, plutôt… – allaient finir par terre au pied de l’arbre.
Après la chamaillerie qui ne manqua pas d’arriver, Ulter, rieur et les cinq fers en l’air – non sans avoir entraîné sa jumelle dans la chute entre deux chatouilles – contempla l’immense arbre depuis le petit bout d’herbes où reposait sa tête. Il plissa les yeux à la question d’Arzhura. « On ne peut pas avoir la même chance à tous les coups. » répondit-il un brin cynique. Au moins, tous deux s’étaient habitués depuis le temps à rire de cet épisode dont la jambe gauche de sa sœur gardait trace. « Sur ce, alors ! Par quel bout allons-nous attaquer ? » fit-il en se redressant du mieux qu’il put sur sa canne, non sans qu’elle émît quelques tremblements assortis à ceux de ses chevilles dans la manœuvre.
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MessageSujet: Re: Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter)   Sur les abbords d'Eadar, je t'ai vu (Ulter) I_icon_minitimeMer 3 Fév - 17:44


An 399, jour 50, dans un val entre Lagan Tuin et Bun Beag

Oui. Esclave. Ce mot me brûlait les lèvres, la gorge et l’esprit. Imaginer mon jumeau, la moitié de mon être ! De mon âme ! Enchaîné et impuissant me levait le cœur et me saignait par avance. Je ne voulais pas le savoir ! Je ne pouvais pas le concevoir ! J’inspirais profondément en essayant de chasser cette image de ma tête alors qu’il me serrait doucement contre lui. Je fermais les yeux pour savourer ce petit moment en cherchant à calmer les images que j’avais dans la tête. Je préférais oublier un peu. De toute façon qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? J’en avais parlé à deux personnes… je voulais juste… oublier tout ça pour quelques heures. Alors je laissais mon frère me détendre, est-ce que c’était bien que je soulage mon cœur en parlant à mon frère ? C’était lui que je chargeais… C’était pas mon rôle de faire ça, c’était pas à moi de charger les autres de mes soucis. Je souris à mon frère :

« Te perdre… ce serait… comme perdre la moitié de mon être… de mon âme… »

Je finis par descendre de cheval avec lui avant de me mettre à marcher à ses côtés, à Ulter et du cheval. Pauvre Barrique, toujours obligé de nous supporter tous les deux ensemble sur son dos. Je finis de m’occuper de lui pour lui permettre de se reposer un peu avant d’aller embêter mon frère, lui embrassant la joue avant d’affirmer qu’il piquait. J’eus un rire quand il pointa ses doigts vers moi, comme pour me chatouiller avant qu’il ne s’enfuît lâchement ! Je lui sautais aussitôt dessus pour le chatouiller sans pitié et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous étions tous les deux couchés par terre, têtes proches l’une de l’autre, à regarder le ciel entre les branches. Je parlais de mon accident avec détachement et cela le fit sourire. Je haussais un sourcil :

« Nan, t’as raison, cette fois on trouvera une pierre précieuse ! »

Qu’est-ce qu’on en savait ? J’eus un sourire en le regardant se mettre debout. Je l’imitais en brossant le dos de ses vêtements couvert de brins d’herbe et de mousse. Je lui désignais la première branche basse.

« Enlève tes chaussures et ta cape et je te fais la courte échelle. »

C’était plus facile de grimper pieds nus. J’en savais quelque chose. Je croisais les mains avant de le propulser à la première branche avant d’à mon tour le rejoindre souplement, je lui fis un clin d’œil. Je préférais grimper près de lui, on était jamais trop prudent. Et s’il s’arrêtait, était bien installé… je grimperais encore plus haut. Encore que grimper c’était facile, descendre ça l’était beaucoup moins.

« Tu me dis quand t’es à une bonne hauteur ! »

Je grimpais encore un peu avant de m’arrêter à une branche, passer les jambes autour et me suspendre tête en bas un moment. Je tournai la tête vers lui :

« En tout cas, on a pas changé depuis qu’on est gamins. Je suis toujours celle qui t’entraîne dans les aventures et loin des senties battus et sécurisé. Celle qui fait plus de connerie que toute la fratrie réunie. »

J’eus un sourire avant de me remonter après un dernier regard à la terre devenue ciel, et le ciel devenu terre. J’avais les cheveux plus en vrac que la crinière de Barrique après une journée dans le pré.
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