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 Fin de printemps, début d'été [an 399]

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MessageSujet: Fin de printemps, début d'été [an 399]   Fin de printemps, début d'été [an 399] I_icon_minitimeJeu 8 Avr - 19:53


Premier jour de l'été
1 de Prima Aestas 399
Edelmia

Le sol crissait sous les sandales d'une petite silhouette enrobée qui trottinait au milieu des colonnes qui couraient le long des couloirs de la Curie. Darius Cartus était de ces citoyens qui ne faisaient jamais de vagues, se contentant de remplir son rôle du mieux qu'il pouvait, sans lâcheté, ni zèle. Près de dix ans après avoir pris ses fonctions de scribe aux archives de la province, il se rendait comme chaque matin derrière son écritoire, retrouvant ses tablettes de cire et ses stylets et accomplissant sa tâche. Pourtant en ce jour, un tiraillement s'emparait de ses entrailles alors qu'il réalisait la tâche qui lui incombait. La fin du printemps de l'année 399, en Oncmelia Minor, avait été de celle qui marquerait pour des années l'histoire de ce petit bout d'Empire. Ironiquement, l'Empire semblait également en train de vivre des heures sombres d'agitation, et l'Oncmélie avait toujours été un miroir de ce qui agitait et apaisait Ruvia.

Il baissa la tête en passant devant la statue monumentale d'Ukko, qui toisait de son regard de pierre le citoyen qui avançait de sa démarche chaloupée. Darius poussa la porte lourde avant de se diriger vers sa place, saisissant au passage une tablette qui reposait dans une des cases de la bibliothèque. Un esclave venait de raviver les flammes qui se consumaient dans les lampes à huile en libérant des effluves boisées. Il prit le stylet qui était posé soigneusement au bord de l'écritoire et en tapota la pointe contre le bois en prenant une longue inspiration. Il passa une main sur son front pour en chasser la sueur qui commençait déjà à perler puis se mit à graver la tablette.

Faire un résumé des troubles qui ont agités la province d'Oncmélie Mineure est une tâche fastidieuse. Depuis tant d'années, la province a vécu si peu d'agitations qu'aujourd'hui, il me semble que ce sont les Dieux eux-même qui nous ont accablés. Si tel est le cas, eux seuls savent lorsqu'ils cesseront de nous mettre au défi.

Tout commença par l'enlèvement de la fille du Préteur, la jeune Honoria Sicinia, pendant la session magistrale de Secundo Seminare. Cela faisait des années que le Bassium n'avait été secoué par un acte aussi ignomineux et les évènements qui en découlèrent furent funestes. Prompt à accuser son éternel rival, le Préteur Primo Sicinius Scorpa soupçonna aussitôt le Censeur Lucius Sevinius Galba. Ce qui commença par un esclandre public se mua bien vite en véritable vendetta entre les deux partis, et Populares et Optimates se livrèrent à des joutes qui n'avaient plus rien d'oratoire. Le premier sang fut verser par le fils aîné du Préteur, lequel se battit contre le fils du Censeur au petit matin. Ce dernier a depuis disparu et les rumeurs sur sa mort ont bien vite remplacées celles sur sa culpabilité.

Les échos de la fureur de Scorpa résonnèrent dans la moindre ruelle du Latriae et c'est Galba lui-même qui en fut la victime. Alors qu'il partait se mettre au vert dans sa villa agricola au Nord d'Edelmia, son convoi fut assailli par une bande de malandrins qui larda le volumineux orateur de plusieurs coups de couteaux. Trois jours plus tard, c'est Scorpa qui se fit poignardé en sortant du temple d'Hedelma, son sang colorant les marches blanches qui séparaient le temple du forum. Les deux chefs de file ont depuis cessés toute apparition publique et certains supposent même qu'ils luttent entre la vie et la mort, ourdissant leur vengeance auprès de leurs partisans. Partisans qui ne se sont pas cachés pendant les jours qui suivirent, pour se battre et s'invectiver à la moindre occasion. Il fallut de nombreuses interventions de la cohors urbana pour mettre un terme aux escarmouches qui ont ensanglantés les rues de notre belle cité.

Le chaos semblait gangréner de plus en plus le coeur d'Edelmia, et la venue de moults négociants et autres artistes en prévison des Jeux, ne fit qu'amplifier la délinquance. Péregrins et citoyens d'autres provinces vinrent s'ajouter à la population et les geôles se remplirent à un rythme effréné. Au désordre civile, s'ajouta le départ du Censeur Comatus qui fut envoyer dans le sud pour des raisons de santé. À croire que son célèbre transit, sujet de nombreuses plaisanteries douteuses, a eu raison de lui, au moins pour un temps. Si on ajoute à cela la défection de l'Edile Firmius et la suite des évènements, la magistrature oncmélienne est dans un marasme total.

Car oui, les déconvenues ne sont pas terminées. Parvenant tant bien que mal à faire cesser les heurts entre les deux factions, les tensions ne semblèrent s'apaiser qu'avec une avancée dans l'enquête sur la disparition de la Sicinia et du fils Sevinius. Le Questeur, Marius Tullius Barbatus se retrouva accusé d'avoir fomenté les troubles. Sur la base de témoignages accablants de la part d'un honnête plébéien, un dénommé Quintilius Lamius, et alors qu'il paraissait se rapprocher des Lubanii et de leur fortune, la maison Tulli est accusé d'avoir troublé la quiétude d'Edelmia. Mis aux fers et incapable de prouver sa non-implication dans cette sinistre affaire, surtout que les déconvenues de plusieurs grandes familles de la capitale semblent profiter aux Tulli, le magistrat attend son sort au fond de sa cellule. Et là où on aurait pu croire à un soutien des Lubanii, tous semblent abandonnés la cause du Questeur et de son père. Certains esprits comploteurs et complotistes y voient même une indication d'une manipulation des Lubanii, que beaucoup définissent comme des déviants incestueux et leur mutisme depuis le début de cette affaire ne va pas faire taire les rumeurs, à moins qu'eux aussi ne soient les victimes de tout cela.

Même l'Edile de Valtaia a été touché dans sa chair lors de sa dernière visite dans la capitale. On l'a vu être emmené précipitamment chez un medicus et quitter la ville au plus mal le lendemain. Un malheur n'arrivant jamais seul, ce tragique incident arriva le jour de décès du curiate et respecté citoyen, Cinnarius. Même si l'affaire a été noyé dans les troubles qui ont agité la cité, il court la rumeur qu'il a été empoisonné. Cependant, la cohors urbana n'a semble-t-il pas eu la possibilité d'enquêter sur ces faits plus avant.

Et pendant ce temps, les nouvelles venant de l'Empire sont tout aussi sombres. Les Antii, désormais en rébellion ouverte contre le nouvel Imperator, ont rassemblé des légions en Khel Bur et la guerre civile semble de plus en plus imminente. Et là où on aurait pu penser ces révoltés vite dénoncés et réduits au silence par les citoyens, la contestation gronde un peu partout. Même au Sud de l'Empire, de l'autre côté de la Mare Maxima, les échos de défiance envers l'Empereur Paetius sont arrivés jusqu'au Nord.

Puissent les Dieux se montrer clément et cesser de nous mettre à l'épreuve. Je prie chaque jour les Palais Célestes pour qu'ils daignent nous protéger de nouveau. À l'aube d'Aestas et des Grands Jeux, qui furent maintenus par le Procurator et le Tribun pour divertir le peuple d'un cité qui en a grand besoin, Oncmelia Minor doit retrouver la quiétude qui la caractérise tant, car je crains qu'elle ne survive pas à d'autres chamboulements comme ceux que nous avons vécus en quelques semaines.



Il reposa le stylet avant de se relire en se grattant la tempe du bout de l'index. Même en étant l'auteur de cet écrit, il peinait encore à en concevoir la véracité. Il se saisit du gobelet d'eau qui était posé à côté de lui et but une longue rasade. Il prit une autre tablette, prêt à poursuivre son oeuvre. Chaque archive devait être copié trois fois et bientôt le stylet se mit à graver la cire de nouveau.
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