Messages : 132 Date d'inscription : 01/03/2020 Age : 33
Personnage Âge: 47 ans Métier: Préteur d'Edelmia Statut: Citoyen
Sujet: Primo Sicinius Scorpa, préteur d'Edelmia Mar 7 Avr - 15:34
PRIMO SICINIUS SCORPA
Nom/Prénom : Primo Sicinius Scorpa
Âge/ Date de naissance : Prima Aestas de l'an 351, le 12ème jour. A la création de cette fiche, Scorpa est âgé de 47 ans. Sexe : Masculin Faction : Oncmelia Minor Liens notables : - Flavia Veturia Sicinia, son épouse, - Honoria Sicinia, sa fille aînée, 19 ans, - Primo Sicinius Scorpa Minor, dit « Scorpa le Jeune », son fils aîné, 16 ans, - Galla Sicinia, sa seconde fille, 14 ans, - Manius Sicinius Simplex, son deuxième fils, réputé simple d'esprit, 13 ans, - Gaius Sicinius Scorpa, benjamin de la fratrie, 8 ans.
Fonction : Préteur d'Edelmia
HISTOIRE
Primo Sicinius Scorpa naît à Edelmia en l’année 351, le 12ème jour de la Prima Aestas. Hasard, ou clin d’œil du destin ? Le même jour, le Questeur Mallipus s'étouffe avec un noyau d'olive, causant un grand émoi à Edelmia. Force est de constater, toutefois, que cette anecdote n'a aucun rapport avec notre histoire ; aussi n'en parlerons-nous pas davantage.
La gens des Sicinii, est une vieille famille patricienne, dont les origines remontent au moins à Servius Sicinius Castus, l’un des colons ruviens qui fondèrent Edelmia en 178. Les choses sont plus sujettes à débat lorsqu'on évoque leurs plus lointains ancêtres : les Sicinii se targuent d'avoir joué un rôle de premier plan dans l'ordre sénatorial ruvien, mais l'Histoire n'explique pas ce qui a pu amener une famille influente à quitter la capitale pour s'établir dans une province reculée de l'Empire. Selon certains chroniqueurs, les Sicinii auraient fui la pression de créanciers dont ils avaient épuisé la patience ; d'autres avancent l'idée farfelue selon laquelle Servius Sicinius Castus et ses ancêtres n'auraient jamais été des sénateurs, mais d'anciens pirates venus s'établir en Oncmélie à la faveur de la colonisation ruvienne. Quoiqu'on en pense, la question est rarement posée de but en blanc aux premiers intéressés : ça a tendance à les mettre dans de mauvaises dispositions.
Laissons de côté ces considérations pour nous intéresser à des temps plus récents. En 351, l'influence des Sicinii à Edelmia est bien réelle. Au moment où naît notre Primo, son grand-père, Honorius Sicinius Scorpa, est l'un des grands pontes locaux : élu à la puissante magistrature de Tribun consulaire en 353 et 354, il jouit d'un grand prestige et d'une grande fortune. Las, les revers de chance ne devaient point tarder ; alors qu'il achevait son second mandat et se préparait à en briguer un troisième, le Tribun rencontrait à la Curie une opposition croissante. Nombre de patriciens de faible envergure, jaloux des privilèges qu'il avait octroyé à des hommes plus méritants qu'eux, s'étaient mis à le considérer comme un obstacle dont il fallait se débarrasser au plus vite ; leur rancœur trouva écho dans les mots du patricien Estiaminus, un médiocre parmi les médiocres, qu'ils élevèrent comme leur porte-voix, nonobstant son timbre efféminé et sa rhétorique prétentieuse - l'homme adorait s'entendre parler, et il parlait à profusion. A grand renfort de témoignages tronqués et de pièces à demi-conviction, Estiaminus sut instiller le doute et la confusion au sein de la Curie, jusque dans les propres rangs du Tribun. Mis en accusation, le vieux Scorpa dût renoncer à se présenter aux élections pour préparer sa défense. Le tribunal ne statuant qu'après les élections, l'infâme but des calomniateurs était atteint : un autre Tribun consulaire fut élu, Scorpa ne redevenant qu'un patricien parmi les autres. Il fut blanchi peu après devant le tribunal, ce qui sauva son honneur, mais le mal était fait. Si les choses avaient pu s'arrêter là, alors !
Quelque temps plus tard, la cité d'Edelmia était en émoi : l'un des fils de Scorpa avait publiquement harangué Estiaminus sur le Forum et tenté d'en venir aux mains. Il n'en fallut pas plus pour que la vendetta s'enclenche ; une série de coups de sang s'ensuivirent de part et d'autre, et des pêcheurs ramenèrent un matin le corps sans vie du fils Scorpa, qu'on avait retrouvé sur les berges de la Neropola. Fou de rage, Honorius Sicinius Scorpa se rendit chez Estiaminus avec un fort parti d'hommes en armes ; il prit d'assaut sa demeure et assouvit sa vengeance. Lorsque l'Edile arriva sur place avec la cohorte urbaine, on trouva l'ancien Tribun hébété et couvert de sang dans la maison exsangue, près de la dépouille lardée d'Estiaminus. Apercevant l'Édile, il s'écria, le regard fou et le sourire dément : « je lui ai appris à fermer sa gueule, vous y croyez ? »
Si les Sicinii comptaient encore de nombreux soutiens à la Curie, dont beaucoup firent l'apologie du massacre - au vrai, personne n'aimait beaucoup Estiaminus - l'affaire n'en jeta pas moins une tâche indélébile sur l'honneur de l'ancien Tribun. Honorius Sicinius Scorpa dût s'acquitter du prix du sang en versant une fortune à la cité et aux parents encore vivants d'Estiaminus ; après quoi on ne le revit plus en public. Sa carrière politique était terminée.
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Son deuxième fils, Marcus Sicinius Scorpa - le père de notre Primo - restait largement méconnu à la Curie. Difficile de se lancer en politique quand la cité reste secouée par les agissements de votre père meurtrier. Il n'aurait pas à s'y risquer : le Pontife d'Edelmia le nomma au sacerdoce de Flamine de Tidé, faisant de lui le premier serviteur de la déesse du savoir et de la connaissance ; c'était là une charge d'un grand prestige, et par ce choix, le Pontife sut satisfaire toutes les parties prenantes. Les amis des Sicinii y virent une récompense ; leurs rivaux quant à eux pouvaient se satisfaire de ce que ce sacerdoce empêcherait le fils Scorpa de briguer la moindre magistrature.
L'unique fils de Marcus - notre Primo, donc - avait six ans lorsque son père fut élevé à la dignité de Flamine. Un sacerdoce qui soumettait son titulaire à de nombreux interdits : le Flamine ne pouvait en effet quitter Edelmia, d’autant que monter à cheval lui était proscrit ; seuls des hommes libres pouvaient lui couper les cheveux, et il ne pouvait toucher ni nommer la chèvre, la viande crue, le lierre ni la fève sans commettre sacrilège. Il lui était interdit de voir des hommes travailler, ce qui, quotidiennement, l’obligeait à déployer une organisation complexe pour le moindre de ses déplacements. Son épouse, Attilia Valga, était soumise aux mêmes règles que lui ; de fait, un tel foyer était bien peu propice à l’éducation d’un jeune patricien.
L'enfant fut rapidement confié aux bons soins de son oncle maternel, Gaius Valgus Caepio. A peine sorti des griffes de ses dévots parents, le garçonnet, chétif et timide, était jeté entre les pattes de ses turbulents cousins ; Caepio comptait pas moins de quatre fils, tous plus âgés, plus grands et plus forts que le jeune Scorpa. De dangereux petits cons, pardonnez-moi l'expression ; la venue du cousinet les fit remiser quelque temps leurs rivalités fraternelles pour se liguer contre le morveux, qui accusa dans le silence tous les sévices qu'on put lui faire subir.
L'oncle Caepio connaissait le caractère bouillonnant de ses fils, et il ne pouvait ignorer les cicatrices et les bleus de son neveu ; il ne s'en formalisait guère. C'était la jeunesse, après tout ; à cet âge, les gamins doivent se battre, faute de quoi ils resteront hargneux toute leur vie et pour de mauvaises raisons. Ainsi le jeune Scorpa devait-il apprendre, à la dure, ce qu'était la loi du plus fort. Hélas ! Le temps passant, le neveu semblait désespérément incapable de se défendre. Conscient qu'il ne pouvait pas plus longtemps le laisser être le souffre-douleur de ses fils, Caepio décida enfin d'intervenir ; puisqu'il semblait incapable d'agiter les poings, mieux valait lui donner la chance d'utiliser l'autre moyen de se faire une place en ce bas-monde : sa tête. A l'âge de dix ans, le jeune Scorpa fut expédié à Ruvia, où il devait recevoir une éducation de première main.
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A Ruvia, Scorpa fut placé sous l'apprentissage de l'érudit Diodore le Mycosien. Ce dernier, philosophe et théoricien, passait pour avoir épuisé d'ennui tous les apprentis qu'on lui avait refilés ; il imposait à ses pupilles une discipline de fer, les forçant à se lever avant les aurores pour étudier de Gallicinum à Solis Occasus ; surtout, il vivait dans une maison austère, où le divertissement était rare, car Diodore considérait les loisirs comme frivoles et futiles ; le vrai bonheur, disait-il, était dans le dépassement de soi.
Seul un garçon comme le jeune Scorpa était à même de s'épanouir dans un tel décor. Loin des griffes de ses cousins, il goûtait pour la première fois un sentiment de sécurité, en même temps qu'il prenait goût à l'étude. Diodore lui enseigna la grammaire ; Scorpa y montra grand intérêt, et bientôt ses leçons portèrent également sur la philosophie. Son précepteur lui fit découvrir les écrits du sage Herménégildoricius, un auteur antique ; cette découverte devait avoir une grande influence sur le jeune pupille, Herménégilodiricus demeurant aujourd’hui encore son maître à penser. Plus tard, le rhéteur Athénagore lui enseigna les secrets de la rhétorique, tandis que le grand jurisconsulte Salvius le comptait également au rang de ses élèves. A l'âge de dix-huit ans, Salvius lui fit intégrer le collège des jurisconsultes, permettant au jeune Scorpa d'associer ses connaissances théoriques à la pratique du droit. On a toujours besoin d'un connaisseur des lois, disait Salvius ; le puissant, qu'il cherche à se prémunir d'un procès ou à imposer un décret, ne peut se passer d'un esprit bien affûté ; s'il ne décèle lui-même ses propres failles, son adversaire ne manquera pas de le faire.
Du point de vue de l'intéressé, ces austères années furent de belles années ; les meilleures peut-être, car il cultivait son amour des sciences dans une plaisante insouciance. Las, le temps du retour approchait à mesure que s'écoulaient les jours et les mois. Et c'est non sans amertume qu'il songeait à sa vie future en Oncmélie, loin des ravissements de Ruvia. Comme il contemplait, émerveillé, les portes du Sénat, les oriflammes impériaux, cœur battant de l'Empire, rutilant d'éternité, il savait que son destin à lui se résumerait, au mieux, à quelques magistratures dans une province reculée et lointaine, dont aucun sénateur ne se souciait vraiment. Mieux vaut gouverner là-bas qu'être esclave ici, se persuadait-il ; après tout, ce n'était pas comme si l'Oncmélie lui était étrangère. Il était d'Edelmia ! Il l'avait simplement oublié, pendant ces quinze années passées à contempler le soleil ; il avait oublié qu'il appartenait à l'ombre.
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A l'âge de vingt-cinq ans, il fit ses adieux à la capitale impériale et s'en revint en ses pénates. Son père, le flamine, venait de mourir ; Scorpa hérita de ses biens, et cela était heureux, car il ne tenait guère à retourner sous le toit de l'oncle Caepio et de ses fils - lesquels, s'ils avaient grandi, étaient restés de fieffés imbéciles.
C'était sa vie d'homme qui débutait alors ; les premières désillusions également. Il déboulait à Edelmia fier comme un paon, persuadé que ses années de formation à Ruvia le rendaient meilleur que quiconque, et certainement trop bien pour la province. Cynique réflexion ! Depuis près de quinze ans, les Sicinii étaient absents de la Curie. Or, dès l'instant où Scorpa fut admis à y siéger lui-même, la déchéance de son nom le frappa de plein fouet : le temps béni de son grand-père n'était plus, et les anciens soutiens de ce dernier l'avaient oublié.
Bien que dépourvu de toute influence, Scorpa ne manquait ni de courage ni d'ambition ; il s'attacha dès lors à se rebâtir un nom et une réputation, grâce à son activité de jurisconsulte. Il apparut bien vite que le métier recelait de grandes opportunités à Edelmia, car ils s'y faisaient rares. Un temps, Scorpa s'attacha à développer ses relations à mesure qu'il prodiguait analyses et conseils. Son aide lui assurait des amis à la Curie ; des amitiés qui seraient utiles le moment venu. Mais avant cela, il lui fallait ravaler encore un peu son orgueil.
A l'âge de vingt-six ans, Scorpa fut élu à la Questure. Pas celle d'Edelmia, toutefois ; la Curie l'envoyait à Telioprate, ce qu'il devait vivre comme un crève-cœur. Telioprate, au vrai était une ville détestable, et Scorpa y contemplait chaque jour le délitement de la culture ruvienne. Une ville sale, corrompue, impie, bordée par une forêt maudite ; cette année-là, en vérité, fut la pire. Mais au bout du compte, cela s'avéra utile ; il s'attacha en ce temps l'amitié d'un homme, Flavius Veturio Corvus, alors Édile de Telioprate. Tous deux partageaient une vision commune, la fierté du noble sang patricien et l'amour des valeurs ; tous deux idolâtraient la science d'Herménégildoricius ; tous deux, surtout, se considéraient comme de bien trop grands esprits pour une cité comme Telioprate. Leur amitié se mua en une tacite alliance, qui devait se matérialiser à leur retour à Edelmia ; dès lors, ils se soutinrent mutuellement à la Curie, usant de positions communes pour gagner en influence dans les rangs de la noble assemblée. L'alliance fut scellée par le sang, Scorpa épousant la jeune fille de Corvus, Flavia Veturia, qui lui donnerait pas moins de cinq enfants.
Dans les années qui suivirent, Scorpa occupa par trois fois la Questure d'Edelmia, tandis que Corvus devenait Édile, puis Préteur, et envisageait déjà d'atteindre la dernière marche, celle du Tribunat consulaire. De ces deux alliés, égaux jusqu'alors, l'un s'effaçait peu à peu au profit de l'autre, se heurtant pour la première fois à cette sinistre réalité : la plus haute marche du podium ne se partage pas. Entre laisser le champ libre à son compère, ou tenter de le remplacer en haut du piédestal, il lui fallait choisir ; mais ils risquaient fort, en cas de conflit, de tomber ensemble. Et ils tombèrent.
La brouille mit longtemps à éclater au grand jour, mais il est certain qu'elle couva un long moment entre les deux hommes. A l'épreuve du pouvoir, Corvus changeait ; c'était un brillant orateur, mais il cédait peu à peu à un populisme qui horrifiait Scorpa ; il flattait les esprits simples, s'attachait l'amour des gens ordinaires, tous ceux que Scorpa préférait ignorer. En public, les deux hommes continuaient d'afficher leur entente cordiale, mais les sourires étaient de façade. On les vit célébrer ensemble les naissances successives des enfants de Scorpa - Corvus était, de fait, leur grand-père - mais Scorpa décelait toujours, dans les petites phrases innocentes de son beau-père, des sous-entendus mesquins. Ainsi, lors d'un banquet précédant la naissance du premier enfant, Corvus, enjoué et aviné, philosopha longuement sur la virilité des hommes, clamant qu'il avait eu quatre fils avant Flavia et que tous étaient grands et forts, et qu'ils le devaient à l'énergie qu'il avait déployée dans la chambre à coucher. Quelques jours plus tard, Flavia donnait une fille à Scorpa ; lorsqu'il vint voir l'enfant, Corvus, qui n'avait guère oublié, glissa à son beau-fils un regard hilare, tout en glissant : « tu feras mieux la prochaine fois, quand même ? »
Alors que s'achevait son mandat de Préteur, et qu'il espérait être réélu, Corvus semblait se satisfaire de voir son beau-fils demeurer à la Questure ; garder le Trésor sous le contrôle d'un allié le protégeait d'éventuelles obstructions. Mais alors qu'approchaient les élections et que la poursuite de leurs mandats respectifs semblait n'être qu'une formalité aux yeux de Corvus, Scorpa jeta subitement l'éponge et déclara qu'il ne se représenterait pas. Dès lors, la rumeur d'un désaccord entre les deux hommes devint publique. Ébranlé par la défection de son allié de toujours, Corvus échoua aux élections cette année-là, et certains en attribuèrent la responsabilité à Scorpa, qui avait écorné son image en défiant son autorité.
Par la suite, les choses n'allèrent que de mal en pis ; la scission fut consommée lors d'un absurde affaire judiciaire où les deux hommes s'écharpèrent à propos d'une villa près de Telioprate dont ils revendiquaient tous deux la propriété. Scorpa obtint gain de cause au tribunal, mais leur réputation à tous les deux fut singulièrement atteinte ; ils avaient en effet passé une bonne partie de l'audience à s'échanger des noms d'oiseaux, déballant au passage de vieilles querelles sans rapport avec l'instance, et qu'ils auraient mieux fait de laisser enfouies.
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Corvus abandonna la politique ; Scorpa continua de siéger à la Curie, mais s'y fit discret, préférant reprendre son activité de jurisconsulte. Il se racheta un nom en publiant plusieurs ouvrages de théorie politique, de philosophie et d'étude des lois. Un livre particulier devait rencontrer un fort succès : De Lex Comata, une oeuvre fictionnelle dans-laquelle il dépeignait une Edelmia de cauchemar, où les Ruviens auraient été remplacés par les barbares ; des hommes poilus à longues barbes et longs cheveux forniquaient dans la Curie et dans les temples et se livraient à des duels absurdes dans les tribunaux. Au vrai, le public qui s'arracha l'oeuvre s'intéressa peu au message que Scorpa tentait de faire passer ; ils la trouvaient drôle, alors que Scorpa tentait - sans succès - de dépeindre le lent délitement de la culture ruvienne, l'abrutissement des nouvelles générations et l'irrémédiable décadence du pouvoir.
S'il fuyait dans l'étude et l'écriture ses échecs passés, Scorpa fuyait aussi, sans doute, des blessures plus personnelles. Flavia lui avait donné cinq beaux enfants - deux filles et trois fils ; hélas, les années s'écoulant, un mal funeste semblait frapper l'un d'entre eux. Son avant-dernier fils Manius n'était encore qu'un enfant, mais il accusait, outre une santé fragile, une grande introversion et ce depuis le plus jeune âge. Solitaire, il ne décrochait jamais plus que quelques mots, plongé le plus clair de son temps dans un profond mutisme. Lorsqu'il apparut que même son frère Gaius, de cinq ans son cadet, se montrait autrement plus sociable, Scorpa décréta que le jeune Manius était simple d'esprit. Il réfléchit longuement à ce qu'il convenait de faire de l'enfant : pouvait-il décemment traiter ce fils comme les autres, avec le risque de voir un jour un simple d'esprit lui succéder à la tête de la famille ? Un temps, il envisagea même de le renier, en dépit des protestations répétées de Flavia - que Scorpa accusa d'avoir surprotégé l'enfant. Finalement, Scorpa obtint des censeurs d'Edelmia que le cognomen de son fils soit changé, de sorte que Manius Sicinius Scorpa devint Manius Sicinius Simplex. Ainsi distingué de ses frères, Simplex ne serait jamais une menace d'aucune sorte pour eux ; de par son cognomen, son crétinisme devenait notoire. L'enfant put ainsi demeurer dans la maison, mais, délaissé par son père, il devait demeurer à jamais un cas à part, privé de l'affection que ce dernier portait à ses frères et sœurs.
Les années passant, le politicien comme le père s'effaçaient derrière l'auteur et théoricien. Scorpa se forgeait l'image d'un homme sage et instruit, soignant au passage sa réputation. En se tenant à l'écart de l'exercice du pouvoir, il lui était d'autant plus aisé de le commenter et d'en faire la critique. On se mit à rechercher ses analyses. Parce qu'il ne passait pas pour un rival dans leur course effrénée aux magistratures, les patriciens n'hésitaient plus à s'en faire un ami ; parce que ses écrits se diffusaient peu à peu dans les cercles de penseurs, il devint l'un de ces hommes qu'on peut avoir à sa table quel que soit le camp qu'on occupe sur l'échiquier curial. Un notable en apparence inoffensif, fort pourtant d'une autorité morale presque religieuse. Mais chassez le naturel, il finira toujours par repointer le bout de son nez.
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Près de quinze ans après sa dernière magistrature, son soudain retour à la Curie aboutit à un succès aussi fulgurant qu'inattendu : au dernier jour de dépôt des candidatures pour les élections de fin d'année, Scorpa fit savoir qu'il briguait la Préture pour l'année 399. Ce vœu souleva un fort enthousiasme, là où, quelques années plus tôt, il n'aurait récolté qu'une ferme opposition. Qui de meilleur qu'un jurisconsulte chevronné pour exercer la Préture ? Plébiscité par une écrasante majorité, Scorpa se vit enfin récompensé de ce qu'on lui avait si longtemps refusé ; quinze ans après, il grimpait enfin les échelons.
Et il espérait bien ne pas attendre quinze années de plus pour continuer.
Dernière édition par Primo Sicinius Scorpa le Ven 24 Juil - 18:34, édité 1 fois
Sujet: Re: Primo Sicinius Scorpa, préteur d'Edelmia Dim 26 Avr - 22:58
Bon.
La première fiche était meilleure. Sinon j'ai beaucoup ri. Tu sais ce que je pense de toi, j'ai pas besoin de m'étendre d'avantage ici. J'ai hâte de reprendre le rp.
Mange 3 fruits et légumes par jour. Brosse toi les dents après chaque repas.
On se lave les mains après être allé aux toilettes (non, avant ça ne sert à rien).
Primo Sicinius Scorpa, préteur d'Edelmia
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