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 Caïus Protero Feles, Procurator

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Caïus Protero Feles

Citoyen

Caïus Protero Feles

Messages : 192
Date d'inscription : 01/03/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Procurateur impérial
Statut: Citoyen


Caïus Protero Feles, Procurator  Empty
MessageSujet: Caïus Protero Feles, Procurator    Caïus Protero Feles, Procurator  I_icon_minitimeDim 29 Mar - 18:08



   


   
CAÏUS PROTERO FELES

 









Nom/Prénom : Caïus Protero Feles

Âge/ Date de naissance : 35 ans, né le 6e jour de Primo Seminare 364
Sexe : Masculin
Faction : Oncmelia Minor
Liens notables : Epoux de Laelia Antia Protera, père d'Octavia Protera (4 ans)

Fonction : Procurator de la province d'Oncmelia Minor

Personnage
POSSESSIONS :


Il serait illusoire de dresser un inventaire complet des possessions d'un Procurator de haute naissance. La famille Protero est une ancienne famille patricienne de Ruvia, descendante de l'illustre général Titus Protero Victor, conquérant de la Jipsie, au sud de l'Empire. De plus, son mariage avec Laelia Antia, descendante d'une non moins illustre lignée ruvienne, a encore accentué sa richesse et son influence.

Outre les bijoux, les statues élégantes, les tenues raffinées et variées, il est important de mentionner les nombreux esclaves au service du Procurator et de sa jeune épouse. Outre les magister, ayant la charge de l'intendance, du secrétariat, de la comptabilité ou encore de l'enseignement de la jeune Octavia, nombre de minister s'attèlent aux travaux ménagers, à l'entretien de la domus ou aux cuisines. La famille du Procurator possèdent quelques agricola (domaines agricoles), entretenus par ses esclaves ruraux, et qui servent de pied à terre, pour échapper à l'agitation permanente qui règne dans les rues bouillonantes d'Eldelmia.

La domus du Procurator est opulente, véritable symbole de richesse et de gloire ruvienne. Au coeur du Bassium, le large bâtiment est décoré de splendides mosaïques relatant la conquête de la province ou diverses scènes mythologiques célèbres. Autour de l'enceinte, et avant de pousser la lourde porte qui donne sur le vestibule, on découvre un jardin soigné et bien entretenu, à l'herbe rase et aux parterres de fleurs colorées. Une fois, le vestibule franchi, on entre dans l'atrium, au centre duquel un large impluvium recueille les eaux de pluie qui tombent depuis le compluvium. De chaque côté de l'atrium sont distribuées les pièces spacieuses, le tablinum où sont donnés les réceptions, le triclinium, où les dominii prennent leur repas et l'oecus (salon), où peuvent se prélasser sur leurs méridiennes couvertes de coussins moelleux. Viennent ensuite les cubicula (chambres), d'abord celle des dominii, puis celle d'Octavia et enfin, d'autres laissées libres pour héberger des invités. Au-delà, du laraire, petite chapelle dédiée à l'ensemble du Panthéon, on trouve les cuisines puis la cour arrière et enfin, les quartiers des esclaves.

APPARENCE :


Le Procurator est un homme plutôt grand, aux épaules marquées, lui donnant une fière stature lors des débats à la Curia. Il a les cheveux châtains et ondulés, qu’il garde coupés courts, suivant la mode ruvienne. Comme ses pairs, il a le visage soigneusement rasé, marquant ainsi la différence avec les barbares hirsutes qui rôdent aux frontières d’Oncmélia, ou même de certains plébéiens se laissant aller à la fainéantise de paraître propre. Il a gardé un corps musculeux, pratiquant dès qu’il en a l’occasion, quelques activités sportives, comme le lancer de disque ou la levée d’haltères.

Ses yeux marrons sont légèrement en amande et trouvent leurs places sous des sourcils épais. Son nez est droit et large, remontant très légèrement en trompette. Ses lèvres sont charnues et surmontent un menton carré qui fait se rejoindre une mâchoire carrée. Ses pommettes sont assez peu marquées et son front est haut et volontaire.

La majorité des habitants d’Edelmia verront le Procurator porter la toge blanche au liseret bordeaux qui signifie sa fonction au sein de la Curia, et comme Procurator de la province, au nom de l’Empereur.

PERSONNALITE :


Ambitieux. Voilà le terme qui pourrait résumer Caïus en un mot. Depuis son enfance, Protero n’a eu de cesse de viser toujours plus haut et d’honorer le glorieux nom hérité de ses ancêtres. Grimpant les échelons de la magistrature grâce à ses talents d’orateur et une certaine opiniâtreté, il sait convaincre au coeur des débats en cherchant toujours à user d’arguments pertinents. D’une nature pragmatique, que certains de ses détracteurs jugent même froide et impitoyable, il s’efforce de mettre de côté ses à priori pour prendre les décisions les plus logiques. Sûr de lui, il sait qu’il ne doit sa réussite qu’à lui, créeant  chez lui une certaine arrogance et une forme de condescendance envers quiconque ne partage pas ses valeurs et ses opinions. Cette nature est d’ailleurs à l’origine de son surnom, Feles, le Chat, à qui on attribue les mêmes aspects d’indépendance et de froide décision envers ses proies comme envers ses maîtres.

Il serait abusif de dire que le Procurator est un homme extrêmement pieux, mais il s’applique à honorer le Panthéon chaque jour, comme le veut la tradition ruvienne.

Caïus aime Laelia, malgré la différence d’âge et l’union politique qui a voulu ce mariage entre les maisons Antii et Proterii, il a beaucoup de respect pour elle, qui s’est mué en un amour tendre depuis la naissance d’Octavia. Elle a fait de lui un père, un de ses buts dans la vie, et son soutien lors de son ascension à la fonction de Procurator a renforcé cet amour. Il n’est pas un homme très affectueux, plutôt secret sur les sentiments qu’il éprouve, mais n’est pas un être austère qui ne montre qu’un visage de marbre à sa famille, alors qu’il sait très bien revêtir ce masque lorsqu’il remplit ses fonctions.


HISTOIRE


I. Enfance

Alors que la rigueur de l'hiver s'effaçait pour céder la place aux douceurs printannières, la maison Protero accueilli son héritier. Second enfant après Marcia, la naissance d'un garçon fit la joie de son père Manius Protero Crispus, alors tout jeune sénateur. Sa mère, Lucia, fut éprouvé par la grossesse et les longues heures de travail, si bien que le medicus avertit Manius des possibles déconvenues d'une future grossesse pour son épouse bien-aimée.

Caïus grandit paisiblement sous l'oeif attentif de ses parents et fut bientôt confié à un précepteur du nom de Decimus. Cet esclave, lettré, magister de ses parents, enseigna au garçon la lecture et l'écriture, les mathématiques, ainsi que les bases d'astronomie et d'histoire nécessaire à tous jeunes citoyens de bonne famille.

La première épreuve de sa vie survint à l'aube de son dixième anniversaire, sa mère succomba à une fièvre terrible qui dura la moitié de l'hiver. Il se retrouva très vite seul dans la domus familiale, alors que son père accordait sa bénédiction à Marcia, pour qu'elle épouse Claudius Crassus Flavus, sénateur d'au-moins deux fois son âge et qui scella l'union de deux familles puissantes qui agirait de concert sur les bancs du Sénat. Sa soeur ayant quitté la maison, son père plus occupé avec les affaires de Ruvia et de l'Empire, le jeune Caïus se plongea à corps perdu dans l'apprentissage de la magistrature et de la guerre, attendant avec une impatience non dissimulée, le moment où il pourrait enfin prouver sa valeur à Manius, qui ne semblait voir en lui qu'une bouche à nourrir.

II. Caïus Protero Felix

À l'aube de ses quinze ans, prêt à entrer de plein pied dans sa vie d'adulte, les devoirs de citoyens s'imposèrent à Caïus. Unique héritier de sa maison, Manius, le pater familias, l'emmena face à l'un de Censeurs de Ruvia. Membre de l'Ordo Equites (les chevaliers ruviens) par le sang, Caïus refusa la magistrature, se voyant être un homme d'action. La réputation et l'honneur du nom Protero suffit au Censeur pour accepter sous refus et l'inscrire sur les registres de la préfecture. C'est ainsi que quelques semaines après sa majorité, le jeune Caïus Protero fut catapulté sous-préfet des vigiles de la cité impériale.

Sous les ordres du préfet Quintus Roscius Silus, le jeune patricien prit ses fonctions dans le quartier général sur les rives de l'Alania. Afin de le laisser prendre ses marques, le préfet affecta d'abord Caïus à la prévention des incendies. Avec ses vigiles, il arpentait les rues de l'opulente cité pour veiller à la sécurité des greniers à grains et des docks. Il aimait à s'attarder sur les quais, le soir avant de rentrer dans la domus des Protero, regardant paisiblement les galères des commerçants venant de tout l'Empire pour décharger leurs biens.

C'est dans ces jeunes années, au détour d'une de ses flâneries qu'il fit la rencontre de la belle Lucretia Juventia, fille du Praefectus Annonae, Lucius Juventius Burrus. Le préfet de l'annone et sa famille vivait à quelques rues du quartier général des vigiles et Aïka, elle-même, sembla bénir les deux jeunes gens en les plaçant sur la route de l'un et l'autre à de multiples reprises. Caïus engagea la conversation sous le regard amusé de ses hommes qu'il dut rappeler à l'ordre pour faire cesser les rires sous cape qui fusaient depuis les rangs. Les jours passèrent, puis ils se transformèrent en mois et après avoir pris son courage à deux mains et avec la bénédiction de son père, Caïus se rendit à la domus des Juventius pour demander la main de la jeune Lucretia.

Les prières du prêtre d'Hedelma résonnèrent sur le forum lorsque furent célébrer les noces. Les jeunes mariés emménagèrent dans la domus des Protero et les premières années furent heureuses. Lucretia se révéla être une domina sachant gérer le foyer avec talent et il ne manquait plus qu'un héritier à Caïus pour faire prospérer le nom des Protero. Zélé dans ses fonctions, heureux dans son mariage, recevant des regards plein de fierté de la part du pater familias, les vigiles donnèrent au jeune sous-préfet le surnom de Felix, l'homme heureux. Pourtant, la vie n'est pas faite que de joies et de rires et Kohta semblait bien décidé à jouer avec le destin du jeune Caïus.

À 18 ans, Caïus avait pris la pleine mesure de ses fonctions, assurant les nocturna vigila autant que la prévention incendiaire, alternant les postes avec le préfet Roscius. Et rentrant de sa nuit de labeur, il découvrit que la domus s'agitait de façon inhabituelle. La mine éplorée de Manius trahit la tragédie qui venait de frapper la maison Protero. Marcia était morte en couche, en donnant naissance à une petite fille, que le sénateur Crassus n'osait même pas tenir dans ses bras.

Les années continuaient de défiler et le sous-préfet atteignit les vingt ans en se plongeant dans sa fonction avec toujours plus d'abnégation. Sous sa veille, il parvint à conscrire quelques incendies mineurs dans des insulae des quartiers populaires, s'attirant une sympathie dans la plèbe qui semblait enflé au fil des mois. Le sourire qu'il arborait régulièrement s'estompait de plus en plus à mesure que ses traits se figeaient dans un masque plus sérieux. Petit à petit, citoyens et vigiles cessèrent d'utiliser le surnom de Felix, ne voyant plus un jeune homme heureux diriger sa patrouille, mais un sous-préfet d'abord sévère. Sa promotion au rang de Praecfectus Vigila, découlant de celle du préfet Roscius en temps que Prafectus Praetorio, ne fit à revenir la jovialité sur le visage de Caïus, bien au contraire. À l'âge de 22 ans, il se retrouvait à la tête de sept cohortes de 1000 hommes, devant organiser les patrouilles de prévention et celle nocturne, gérer le recrutement et le ravitaillement des sept casernes disséminées dans les quartiers de Ruvia, compiler les rapports des centurions et du sous-préfet ainsi que de patrouiller lui-même.

L'idylle avec Lucretia se poursuivait, même si Hedelma ne se montrait guère généreuse avec le couple, leur refusant la joie d'être parents. Même sept ans après leur union, aucun héritier n'était venu égayer la domus de ses gazouillis, faisant naître quelques remarques de Manius, qui s'interrogeait de plus en plus sur la capacité à enfanter de sa brue. Malgré des baumes et des tisanes donnés par le médicus, les prières et les offrandes généreuses à la Déesse de la Fécondité ainsi que la consultation de différents augures, rien n'y faisait, la jeune domina ne parvenait pas à tomber enceinte, à son grand désarroi et à celui de son époux.

Il fallut attendre la dixième année de mariage pour que l'heureuse nouvelle tomba. Enfin, au lendemain du vingt-septième anniversaire du préfet des vigiles, son épouse attendait un heureux évènement. La nouvelle fut accueilli avec une grande joie par toute la maison Protero. Manius en vint à s'enorgueillir d'un nouvel héritier portant le nom des Protero et, malgré les dernières années à se montrer prompt à l'agacement envers l'épouse de son fils, sembla s'adoucir à l'idée de devenir grand-père. Caïus, lui, ressentit une fierté débordante à l'idée d'être père et voyait de nouveau un sourire fendre ses lèvres. Une fois encore, Kohta allait s'amusait avec les fils de son destin, maintenant qu'elle lui avait donné du bonheur pendant des années, elle lui donnerait de l'amertume et de la tristesse.

Le préfet était assis derrière son bureau, parcourant une tablette de cire qui faisait état des besoins en hommes de la caserne Nord. Secondé par un esclave, il rédigeait une annonce à faire prononcer par le crieur public. La porte de son bureau retentit de coups puissants et la voix de Nunius, magister de son père, retentit pour l'inviter à rejoindre la domus.

Dominus ! La domina ... Il faut que tu viennes tout de suite !

Sans un mot de plus, le préfet sortit en trombe du quartier général et se dirigea d'un pas alerte jusqu'à la maison familiale. Il prit à peine le temps d'ôter son casque pour traverser l'atrium et atteindre la chambre. Les mines étaient contrites et il régnait dans la pièce une odeur d'encens et d'urine âcre. Le medicus se lavait les mains, couvertes d'un sang pourpre et épais, le regard grave, alors que quelques esclaves larmoyaient autour du lit où était allongé Lucretia. La jeune femme avait le teint blême et ses yeux semblaient cerclés de suie violacée. Les lèvres gercées et les joues creusées, elle avait poussé son dernier soupir avant que Caïus ne puisse la rejoindre. Paa n'avait pas fait le voyage que pour Lucretia, la sage-femme s'approcha du préfet pour lui signifiait que l'accouchement avait coûté également la vie de son fils. Les larmes déferlèrent sur ses joues alors qu'ils s'approchaient du couffin où était emaillotté le petit corps blafard et sans vie.

À peine sorti de son deuil, Caïus se concentra sur sa mission, noyant sa peine dans le labeur. Plus personne ne l'appèlerait Felix. Une année entière passa, le laissant ruminer sa perte tragique, mais qu'il passa à assurer la sécurité des citoyens de Ruvia avec détermination. Son quotidien s'articulait entièrement autour des patrouilles, des incendies circonscrits et des enquêtes qui en découlaient. Il vivait au rythme des vigiles et s'appliquait à mener sa patrouille nocturne dans les quartiers les plus en proie aux troubles nocturnes. Petit à petit, l'empire plongeait dans la crise économique, le denarii perdait de la valeur et les prixs commençaient à flamber, créant de fait un début de famine et un mécontentement chez les plus humbles plébéiens. Des éclats de voix s'élevaient de plus depuis les ruelles, des rassemblements nocturnes se multipliaient autour de leader à la voix puissante, les torches brûlaient et la gronde s'intensifiait.

III. Famine et révolte

Profitant de son image appréciée et de son autorité évidente, Caïus parvint à tempérer les ardeurs de plusieurs groupes qui vociféraient leurs revendications avec de plus en plus de hargne. La plèbe l'interpelait de plus en plus régulièrement pour qu'il parle de ses difficultés à nourrir les enfants auprès du Préfet de l'Annone, son ex beau-père, ou au Préfet de la Ville en personne. Voyant la misère emplir les rues, la maigreur de certains et la détresse dans le regard d'autres, Caïus décida d'accéder à leur demande. Il rencontra tout d'abord le Préfet Juventius. L'homme se dégarnissait et s'engraissait avec l'âge et sa bedaine dépassait de derrière son bureau. Fronçant les sourcils, le préfet Protero prit la parole, la mine concernée, faisant part de ses inquiétudes.

Le peuple a faim, Lucius. Chaque jour la situation empire ! Chaque nuit, mes hommes doivent faire face à des rassemblements de plus en plus vindicatifs.
Je sais bien, Caïus. Mais je ne peux rien faire de plus ! Les récoltes ont été mauvaises cette année et les champs de blé de Jipsie et de Khel Bhur ont connus diverses maladies. Je dois rationner les greniers.
Tous les jours, je vois des bateaux décharger sur les quais.
Tous ne transportent pas du grain, mon jeune ami. Et dernièrement, nous avons surtout reçu du bois et de la pierre d'Odela, sur ordre du Préfet de la Ville, Pontius. Tu devrais voir directement avec lui.

Et ainsi fut fait. Du moins le crut-il en allant rendre visite au préfet, qui lui présenta porte close et refusa de le rencontrer. Le mécontentement grandissait à Ruvia et le préfet Pontius continuait d'esquiver les rencontres avec le préfet des vigiles. Le sous-préfet comme les centurions multipliaient les rapports indiquant que la populace s'agitaient de plus en plus et qu'une révolte couvait si la situation ne s'améliorait pas rapidement. Même dans les quartiers plus hupés, la criminalité commençait à se répandre la nuit. Caïus réussit à rencontrer son ancien mentor, Quintus Roscius Silius, faisant part au préfet du Prétoire des menaces qui couvaient. Roscius écouta attentivement les inquiétudes de Caïus et l'assura de les faire remonter auprès de l'Empereur en personne, mais pourtant, rien ne semblait changer. Le préfet Protero assistait à l'activité foisonnante sur les quais de l'Alania, sans que les greniers des quartiers les plus pauvres ne soient approvisionnés. La colère et l'épuisement de la plèbe se mua en une rage que les vigiles avaient de plus en plus de mal à circonscrire et dans la nuit du 4e jour de Tertio Semiare 393, les premières émeutes incendiaires éclatèrent.

Les casernes des vigiles résonnèrent du tintement frénétique des cloches alors que la cité s'embrasait. La foule en colère avait décidé de gagner les beaux quartiers pour prendre la nourriture là où elle ne manquait pas. Sur le chemin, les révoltés jettèrent leurs torches contre les insulae et les échoppes, qui prirent feu comme de vulgaires fêtus de paille trop sèche. Caïus hurlait ses ordres tandis que les hommes couraient à l'avant de leur chariot à bras sur lesquels les citernes d'eau brinquebalaient. Sous le regard taciturne de Musta et Metsa, le préfet et ses hommes luttèrent contre les flammes et tentèrent de raisonner la foule furieuse en les repoussant vers les bas quartiers. Il laissa les hommes qui s'occupaient des émeutiers sous la supervision de son sous-préfet, le jeune Titus Vebius, tandis qu'il prit en charge la gestion des troupes en train de lutter contre l'incendie qui se propageait rapidement de toit en toit.

Les flammes dévoraient les charpentes et l'atmosphère devenait étouffante. Loïmu semblait apprécier le spectacle, tant les braises incandescentes voletaient dans l'air pour venir allumer de nouveau départ de feu. Le brasier était sur le point de devenir incontrôlable et Caïus voyait les grandes domii des sénateurs et nobles familles ruviennes apparaître non loin. Des estafettes venaient le trouver pour lui faire part de situations identiques un peu partout dans la cité.

Le feu ! Notre priorité est d'éteindre le feu !

Prenant quelques hommes avec lui, il se dirigea vers les maisons des patriciens en amont de l'incendie. Il tambourina aux portes, extirpant de leur sommeil des citoyens affolés en découvrant les flammes majestueuses qui dansaient sur les toits et la fumée épaisse qui s'élevait dans la nuit étoilé. Le sénateur Lucilius Antius fut le premier à proposer ses esclaves pour aider les courageux vigiles à lutter contre les flammes, bientôt imiter par ses pairs. Le préfet Protero organisa les chaînes humaines partant des fontaines de rue et qui s'attelaient à passer les seaux de main en main afin de faciliter la tâche de ses cohortes. Il fit évacuer les habitations les plus exposées, aidant les vieillards et les jeunes enfants à se mettre à l'abri, avant de prendre sa place dans la chaîne et lutta contre le brasier une abnégation remarquable.

À l'aube, tandis qu'Aurin chassait les ténèbres de Mutsa, le visage couvert de suie, Caïus contempla les carcasses fumantes des insulae qui avaient été ravagées par l'incendie nocturne. Grâce à son organisation et son anticipation, il avait réussi à isoler le feu et à le vaincre sans que les demeures patriciennes ne souffrent trop. Il prit un instant pour s'asseoir sur le bord de la chaussée, s'adossant au mur de la première domus qu'il avait réussi à garder intact. Seuls les murs noircis de fumée témoignaient de la catastrophe qui avait failli emporter l'opulente maison. Son regard s'attarda sur quelques flammèches qui achevaient de consumer une poutre en crépitant tandis qu'une silhouette s'approchait de lui.

Merci à toi et à tes hommes, préfet !

Les yeux plein de lassitude, Caïus leva les yeux vers le sénateur Antius, beau-frère de l'Empereur en personne. Il tenta de se redresser, fourbu et courbatu.

Repose-toi ! Allons ! Tu l'as bien mérité !
Je n'ai fait que mon devoir, sénateur.
Ton devoir ? Je t'ai vu te montrer plus altruiste que bien des hommes de cette cité. Tu as sauvé un nombre incalculable de vies cette nuit.
Combien n'ont pu être sauvés ?
Allons, mon jeune ami, il ne sert à rien de ruminer ce qui n'a put être accompli. Tu m'as sauvé la vie, tu as sauvé la vie de ma famille. Tu as même sauvé ma maison.

Le sénateur désigna la domus contre laquelle s'était adossé le préfet, un petit sourire se dessinant sur son visage. Il poursuivit.

Tu es un héros, préfet.
Pardonne-moi de te contredire, sénateur, mais un héros aurait empêché tout ça.
Comment ? Tu penses que tu peux t'opposer à la volonté des Dieux ?
Des Dieux ? Tu penses que c'est la volonté des Dieux ?
Qui d'autre peut créer un tel enfer de feu ?
Le peuple, sénateur ! Un peuple affamé et en colère. Un peuple qui ne sait plus comment faire entendre au Sénat et à l'Empereur qu'il dépérit. Ici. Dans les rues de Ruvia ! Voilà, des mois que les greniers sont vides et que la plèbe meurt de faim.
Meurt de faim ?
Je sais, sénateur. Ici les greniers débordent de grains, mais dans les bas-quartiers ce n'est pas le cas. J'ai passé les dernières semaines à vouloir prévenir le préfet de la Ville, sans succès. J'en ai parlé à mon père pour qu'il en fasse part aux éminences du Sénat et pourtant rien ne change. J'ai peur que tout ceci ne soit que le début, sénateur.
Qui est ton père, préfet ?
Manius Protero Crispus.
Tu es le fils du vieux Crispus ?
Oui, il m'a promis d'en parler en séance.
Il l'a fait, préfet. Il l'a fait et s'est fait copieusement rabroué par plusieurs membres du Sénat. Bien peu de mes pairs considèrent la plèbe comme le problème le plus urgent auquel nous devons faire face.
Vois par toi-même l'urgence du problème, sénateur.

Caïus désigna les ruines fumantes qui s'étendaient face aux deux hommes, une lueur amère dans les yeux. Le sénateur posa à son tour son regard sur les vestiges des habitations carbonisées, la mine concernée. Pendant quelques secondes, le silence s'installa entre les deux patriciens, avant que Lucilius ne le brisa.

Tu as raison, préfet. Je pense savoir à qui tu dois t'adresser ... Laisse-moi t'inviter dans ma domus demain. J'ai envie de te récompenser pour ta bravoure et je suis sûr que tu auras l'occasion de pouvoir exprimer tes craintes à des oreilles bien plus attentives pendant un convivium que ton père au milieu des débats du Sénat.
Je ...
Accepte, je t'en prie. Vois cela comme un symbole de la gratitude de ma famille envers tes actions de cette nuit.
Très bien, sénateur. Je viendrai.
Amène ton père également ! Les Proterii sont les bienvenues dans ma demeure. Je te promets que tu ne le regretteras pas.
Je vous remercie, sénateur.
Encore une fois, c'est moi qui te remercie, préfet. Je te dis donc à demain. Que les Dieux veillent sur toi.

IV. Feles, le Chat

Le lendemain, après qu'un esclave se soit rendu au quartier général des vigiles pour préciser l'heure à laquelle il était attendu chez les Antii, Caïus répondit à l'invitation du sénateur en compagnie de son père. Les carcasses noircies des logements détruits dégagaeient toujours de fines fumerolles alors que les convives pénétraient dans la splendide domus. À peine, le porche franchi, les Protero furent accueillis par une musique douce et des éclats de rire qui tranchaient avec l'atmosphère apocalyptique qui régnait au dehors. Des danseuses faisaient virevolter leurs voiles autour d'elle alors que des esclaves à demi-nu déambulaient avec des plateaux d'argent chargés de coupes de vin. La mâchoire serrée, Caïus avait du mal à savourer l'insouciance de certaines patriciennes s'esclaffant en mordant dans des fruits confits comme si la cité n'avait pas connu le chaos quelques heures plus tôt. La voix du sénateur Antius retentit dans son dos.

Ave préfet Protero ! Ave Crispus ! Vous êtes là ! Bienvenue.
Ave sénateur.
Ave Lucilius.
Ton fils est un héros, Manius. Sans sa bravoure, je serais à la rue aujourd'hui. Sans lui et ses hommes, la cité toute entière aurait pu partir en fumée !
Tu me fais trop d'honneur, sénateur Antius.
Ne sois pas modeste, par Ukko ! Les félicitations sont de mise.

Il tendit la main sur le côté, un petit sourire éclairant son visage.

Laissez-moi vous présenter mon épouse, Cordelia Julia Antia, ainsi que mon fils, Primus et ma fille, Laelia.

Caïus inclina la tête pour saluer la famille du sénateur, échangeant un petit sourire aimable avec la jeune Laelia. La jeune femme avait été béni par Aïka, tant sa beauté resplendissante rejaillissait. Le jeune Primus avait le nez camus de son père. Il n'eut guère le temps de s'attarder sur Cordelia que le bruit de caligulae martelant le sol retentit dans son dos. Des gardes prétoriens pénétrèrent dans l'atrium tandis qu'un murmure bruissa au-dessus de la foule. Légèrement voûté et maigre, engoncé dans une toge élégante et couronné de laurier doré, l'Empereur Numerius Julius Paetus fit son apparition.

La domina se précipita à la rencontre de son frère, un large sourire sur le visage, tandis que le sénateur Antius passait un bras autour des épaules du préfet.

Viens avec moi. Je t'ai promis une oreille attentive, il est temps que tu le rencontres.

Protero se laissa entraîner par Lucilius et les deux hommes se plantèrent face à l'Empereur, à la suite des enfants du couple. L'Empereur déposa un baiser affectueux sur la joue de Laelia et de Primus, avant de se tourner vers eux.

Ave Imperator. Que les Dieux veillent sur toi. Comment te portes-tu ?
Ave Lucilius. Je me porte mieux. Mon medicus a fait des merveilles.
J'en suis ravi. Laisse-moi te présenter le préfet Caïus Protero, le héros qui a dompté les flammes qui menaçaient la ville.
Ave Imperator !

Malgré sa silhouette chétive et sa mine fatiguée, Numerius possédait un regard acéré, malgré le strabysme qui lui avait valu le surnom de Paetus, et il dégageait une sage sérénité. Le préfet cogna son poing contre sa poitrine, ressentant une bouffée de fierté et d'honneur en se tenant devant lui.

Ave préfet. Ruvia te doit beaucoup. Accepte mes remerciements pour ton courage et ton dévouement.
Tu me fais trop d'honneur, Imperator.
Tu l'as mérité, préfet. On m'a raconté avec quelle bravoure toi et tes hommes avaient géré ce drame et bien des vies ont pu être épargnés grâce à toi.
Merci, Imperator.
Sais-tu ce qui a causé un tel incendie ? Les coupables doivent être punis comme il se doit.
Il a beaucoup à dire à ce sujet, Imperator. Peut-être pourrez-vous en deviser un peu plus tard ? Nous ne pouvons pas te monopoliser dès ton arrivée et face à l'impluvium. Nombre de convives ont, j'en suis sûr, beaucoup de choses à te dire.

Le préfet s'inclina au passage de l'Empereur qui claudiqua en attrapant le bras de Laelia. Elle emmena son oncle vers un canapé débordant de larges coussins, suivie de près par quatre gardes prétoriens à l'armure noire. À l'invitation du sénateur Antius, Caïus rejoignit son père, mangeant quelques crevettes marinées et autres beignets de carottes en sirotant une coupe de vin au miel. Il discuta avec quelques curieux venus l'interroger sur son identité, ou se fit introduire par son père auprès de quelques sénateurs qui partageaient ses idées. Bien qu'il tentait de faire bonne figure, le préfet jetait régulièrement un oeil vers l'Imperator, tentant de déceler le bon moment pour pouvoir reprendre la discussion à peine amorcée à son entrée. Le jour avait cédé la place à la nuit lorsque Lucilius vint le solliciter à nouveau pour l'emmener rejoindre l'Empereur qui regardait paisiblement les danseuses qui ondulaient leurs formes généreuses face à lui.

Prends donc un siège, préfet.

Sur les mots de Numerius, un esclave apporta une sella et Caïus prit place.

Ta soirée se passe-t-elle bien ?
Très bien, merci Imperator. Et la tienne ?
Oh oui. Cela me change les idées de sortir du palais. C'est toujours un plaisir de partager une ambiance festive avec les citoyens et ma famille. Tu es le fils du sénateur Protero, n'est-ce pas ?
Oui, Imperator.
Un homme passionné ! Bon orateur.
Il sera ravi de connaître ton opinion à son sujet, Imperator.
Haha, probablement. Où en étions-nous ? Ah oui, l'incendie.
Tu me demandais si je connaissais les responsables.
Oui et Lucilius évoquait ta vision "intéressante". Je t'écoute, préfet.

Caïus s'agita sur son assise, quelque peu intimidé de discuter comme si de rien était avec l'Empereur ruvien en personne.

Je dois achever mon enquête pour identifier précisément les instigateurs. Mais ...
Mais ? ... Allons, parle.
Voilà des jours entiers que je tente de prévenir de la situation dans les quartiers de la plèbe. J'en ai même fait part au préfet du Prétoire, Roscius.
Ah oui ?
Il m'a dit qu'il t'en informerait.

Numerius fronça les sourcils un instant, jetant un regard par-dessus l'épaule du préfet, semblant légèrement contrarié, avant de poser un regard plus doux sur Caïus.

Plus besoin d'intermédiaire, je t'écoute.
Le peuple a faim, Imperator. Les greniers sont vides ailleurs que dans les quartiers riches. On me dit que les récoltes sont mauvaises et que les sacs de grains arrivent moins fréquemment sur les quais, mais je n'ai pas l'impression de voir moins de navire de fret arriver dans le port. L'estomac vide d'un homme désespéré peut conduire à faire des actions aussi dangereuses que stupides. Comme cette nuit ...
Il est vrai, préfet. J'ignorais que le peuple souffrait tant ... Et tu me dis que les récoltes ont été mauvaises ? De qui tiens-tu cette information ?
De ... Du préfet de l'Annone, Lucius Juventius Burrus.
Burrus, hein ? Et qu'en dit le préfet de la Ville ?
Je n'ai jamais réussi à m'entretenir avec le préfet Pontius, Imperator.
Ah ? Et pourquoi ça ?
Il ne peut jamais me recevoir lorsque je me rends chez lui ou à son office. Impossible de le voir ...
Ou il refuse de te recevoir.
Je ... Je ne peux accuser le préfet Pontius de quoi que ce soit, Imperator. C'est un homme occupé ...
Oui, bien sûr. Point d'accusation, je réfléchissais juste à voix haute, préfet.

Une nouvelle fois, l'Empereur leva son regard non aligné derrière le préfet, pinçant légèrement ses lèvres avec contrariété. Caïus tourna la tête à son tour, tombant sur un groupe de sénateurs qui devisaient non loin, détournant leurs regards du duo lorsqu'ils remarquèrent qu'ils étaient observés. La voix de Numerius le fit de nouveau tourner la tête.

On parle de toi, préfet. Et on écoute ce que tu as à me dire.

L'Empereur leva l'index vers sa gauche, pointant un esclave qui s'attardait en empilant maladroitement des coupes vides sur un plateau trop petit. Se voyant repéré, le jeune homme détala sans lever les yeux, ni demander son reste. Numerius tendit une main vers Caïus.

Aide-moi, veux-tu ?

Le préfet bondit de sa sella et empoigna le bras de l'Empereur pour l'aider à se relever. Profitant de la proximité, l'Imperator chuchota.

Viens au palais dans deux jours, au crépuscule. Et ne dis à personne que tu t'y rends. Pas même à ton père. Il y a trop d'oreilles indiscrètes ici.
Oui, Imperator.

Une fois ses deux pieds posés correctement sur le sol, l'Empereur haussa le ton pour donner le change aux curieux qui les entouraient.

Bon courage dans ton enquête, préfet ! Trouve ces fauteurs de trouble et punis les sévèrement. On ne menace pas Ruvia sans en payer le prix fort ! Je te laisse profiter du reste de la soirée. Bois ! Mange ! Tu es le héros de Ruvia ce soir !

L'Imperator serra le poignet du préfet en signe de respect et s'éloigna de lui en boitant légèrement, encadré par deux prétoriens. La soirée se poursuivit jusque tard dans la nuit, tandis que divers patriciens venaient entourer Caïus pour le féliciter et le remercier de son dévouement.

***

Comme convenu, Caïus se rendit au palais impérial qui surplombait la cité depuis les hauteurs des collines. Pendant les deux jours qui le séparait de l'entrevue rapide avec l'Imperator, le préfet avait fait arrêté plusieurs plébéiens qui avaient menés la foule furibonde dans leur épopée incendiaire à travers les rues de Ruvia. Alors qu'Aurin cédait sa place à Mutsa, l'Ouest s'embrasait de couleurs flamboyantes, rappelant amèrement au préfet le souvenir douloureux des insulae en flammes. Il grimpa les larges marches blanches qui menaient à l'entrée du palais et fut accueilli par un groupe de prétoriens qui montaient la garde. Les lances des gardes de croisèrent pour barrer la route de Protero qui croisa le regard des soldats fièrement dressés face à lui.

Je suis le préfet des vigiles, Caïus Protero. Je suis ici à la demande de l'Empereur en personne.

Les mots ne provoquèrent aucune réaction chez la garde prétorienne qui demeura immobile et silencieuse. Un homme, portant une simple tunique malgré la finesse de la confection, sortit de l'ombre des épaisses colonnes qui soutenaient le fronton du palais et s'avança vers Caïus.

Préfet ! Suis-moi !

L'homme passa entre les lances croisées, s'inclinant avec respect devant Protero, puis bifurqua sur la droite, contournant le palais pour se diriger vers les jardins. Le duo longea une multitude de saintes statues, tandis que l'inconnu reprenait la parole après quelques pas.

Je me nomme Vetius. Mon maître t'attend mais il préférait te recevoir en-dehors des murs.

Vetius descendit alors une volée de marche et conduisit Caïus à travers des parterres de fleurs et de petites fontaines, au centre desquelles des faunes de marbre semblaient batifoler. Après une poignée de minutes, la silhouette voûtée de l'Empereur Numerius apparut, seul, assis sur un banc, observant un couple de cygnes qui flottaient paresseusement à la surface d'un plan d'eau délimité par un muret blanc.

Ave préfet ! Bienvenue dans mon jardin.
Ave Imperator.
Alors ? ... Ton enquête avance-t-elle bien ?
Oui, Imperator. Nous avons déjà identifié et arrêté seize citoyens qui ont harangués la foule plusieurs fois avant de mener l'émeute qui a conduit à l'incendie. Les bas-quartiers semblent avoir retrouvés la paix.
Pour le moment ... Seize, dis-tu ?
Oui, Imperator !
Un si petit nombre et pourtant tant de dégâts causés. Les réparations vont coûtés des centaines de milliers de denarii.
Il suffit d'un homme pour mettre le feu, Imperator.
Et de la bravoure d'un seul pour l'étouffer, préfet.

Les lèvres fines de Numerius s'ourlèrent en un sourire affable, posant son regard tordu sur le visage légèrement anxieux de Caïus. Il poursuivit.

J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit l'autre soir. Tu m'as dit en avoir parlé avec deux Praefectii, n'est-ce pas ?
Oui, Imperator.
J'ai interrogé Roscius à ce sujet, il m'a assuré ne pas t'avoir parlé depuis des années.

Les yeux de Protero s'écarquillèrent sous l'incompréhension. Il déglutit en balbutiant.

Je ... Je vous jure, Imperator ... Qu'Ukko me foudroie sur place si je mens !
Oh ... Laisse donc les Dieux en dehors de tout ça, veux tu ?
Mais ...
Je te crois, préfet. Tu n'es pas le seul à mener ton enquête.
Imperator ?
L'autre soir, tu m'as dit que le préfet de l'Annone affirmait que les récoltes étaient mauvaises, n'est-ce pas ?
Oui, Imperator. Et que même le grain de Jipsie et de Khel Bur avait souffert de maladie.
Le même jour, Lucius Juventius Burrus m'a fait parvenir un inventaire complet, affirmant que les greniers de la ville étaient tous remplis jusqu'à en déborder. J'ai même vu les tablettes jipsiennes avec les quantités de céréales livrées lors du dernier mois. Et crois-moi quand je te dis qu'on parle de bateaux entiers.

La mine circonspecte du préfet sublima le silence qui s'installa entre les deux hommes. Sous sa chevelure ondulée, il réfléchissait à toute vitesse, tentant de comprendre ce qui se tramait.

Je me suis souvenu de l'intervention de ton père. J'ai trouvé bien prompte la réaction de quelques sénateurs qui l'ont catalogués d'affabulateur. Les récents évènements, en plus de ton témoignage, semblent indiqués qu'il avait raison. Le peuple est affamé et désespéré.
Oui, Imperator.
Je trouve très étonnant que des sénateurs comme trois de mes préfets ignorent ou mentent à ce sujet.

À cet instant, un chat au pelage roux et blanc apparut. Le félin observa les deux hommes qui devisaient avec une certaine méfiance avant d'avancer doucement vers l'Empereur Paetus de son pas chaloupé. Les deux billes jaunes fendues de leurs pupilles ovales toisaient l'Imperator, alors que le petit animal agile bondissait sur le banc. Numerius gloussa d'un petit rire amusé, approchant sa main lentement pour caresser le dos du chat. Le regard tourné vers le félin, l'Empereur poursuivit.

Il y a bien longtemps qu'il n'y avait pas eu ce genre de pratique à Ruvia.
Quel genre, Imperator ?
Qu'on veuille me nuire, préfet ... Aimes-tu les chats ?
Je ... Je ne sais pas ... Je ... Ils sont utiles ...
Très ! Ils empêchent la vermine de proliférer et de dévorer les réserves. Ils sont indépendants, audacieux, à l'image de celui-ci. Peu lui importe mon titre et où il trouve, il a envie de s'installer sur ce banc, il s'y installe.

Caïus resta silencieux, écoutant les paroles de Numerius sans vraiment comprendre où il voulait en venir.

Accepterais-tu d'être mon chat, préfet ?
Imperator ?
Il semble que de la vermine s'est immiscée dans mon palais. Dans le Sénat. Qu'elle gangrène la cité et en fait payer le prix aux citoyens. J'ai besoin de quelqu'un d'audacieux et de courageux, qui saura traquer et éliminer ces rats en toute indépendance. Te sens-tu capable de mener à bien cette mission ?
Oui, Imperator.
Tu ne rendras des comptes qu'à moi. Personne ne doit savoir que tu enquêtes en mon nom.
C'est un honneur que de te servir, Imperator.
Bien. Je te ferais savoir quand j'attendrais de tes nouvelles. Ta femme doit t'attendre.
Je ... Je n'ai pas de femme, Imperator.
Ah oui ? ... Tu dois pourtant attirer bien des regards et des envies. Bah ! Peu importe. Va et chasses-moi la vermine ... Feles !

V. Traquer la vermine

Caïus s'attela à sa nouvelle mission dès le lendemain de l'entrevue dans les jardins. Il fit venir Titus Vebius, le sous-préfet et réorganisa les patrouilles et les quartiers que chacun aurait à sa charge pendant la surveillance de nuit. Il s'attribua les docks marchands, assurant au sous-préfet sa volonté de veiller personnellement au bon ordre de cette partie de la ville particulièrement agitée. Toutes les nuits suivantes, il fit le tour des entrepôts et des tavernes où les manouvriers dépensaient leur maigre salaire. Depuis les fenêtres de son bureau, il continuait d'observer et de noter le nombre de bateaux qui accostaient, chargeaient ou déchargeaient de la marchandise. Chaque jour ressemblait au précédent et le nombre de voiles qui apparaissait à l'horizon était équivalent à celui des nuages qui dérivaient dans le ciel. Fort de ses premières observations et lisant dans les rapports de ses centurions de cohorte que rien ne changeait dans les greniers des bas-quartiers, Caïus se rendit une nouvelle fois chez son ancien beau-père, Lucius Juventius Burrus. Le préfet de l'Annone était le plus facile à approcher et les liens qui les avait uni jadis demeuraient une raison parfaite pour lui rendre visite. Le soleil commençait lentement à décliner vers l'horizon lorsque Caïus s'assit sur une cathèdre face à son ex beau-père.

Ave Caïus ! Qu'est-ce qui me vaut le plaisir de ta visite ?
Ave Lucius. Je viens une nouvelle fois te faire part de mes inquiétudes pour les réserves des bas-quartiers.
Ah ... Oui. Malheureusement, Vehna n'a pas daigné faire pousser du blé en quelques semaines.
Je me doute bien. J'ai peur que les émeutes ne reprennent. N'y a-t-il vraiment aucun moyen de faire acheminer des vivres pour la plèbe ?
Hélas, mon jeune ami, non. Je ne suis qu'un magistrat, je collecte des chiffres, les compile et les transmet au Sénat et à l'Empereur, je n'ai guère plus de pouvoir. As-tu parlé avec Pontius ?
Impossible ! Et puis j'imagine qu'il aurait la même réponse que toi. Il ne peut pas faire pousser du grain par magie.
Oui, probablement.
En revanche, tu pourrais peut-être prioriser la prochaine livraison pour les quartiers populaires au lieu des hauts quartiers.

Burrus rougit et une goutte de sueur se forma sur son front. Son regard, d'ordinaire si calme, se mit à être fuyant, comme celui d'un enfant pris en faute. Après avoir humecté ses lèvres, soudainement devenues sèches, le préfet de l'Annone bredouilla une excuse.

Il ... Il y a peu de livraisons et ... il y a ... une pénurie partout ... Ce n'est pas comme si j'avais le ... le choix.
J'ai pourtant vu, de mes yeux, des bateaux livrer du grain tous les jours.
Le ... le problème n'est pas le nombre de livraisons, Caïus. Mais la quantité !
C'est bien ce que je te demande, Lucius. Réserver la prochaine pour éviter de créer de nouvelles émeutes.
Je ... Je ne pense pas pouvoir ...
Tu préfères que la cité brûle à nouveau ?! Mes hommes sont épuisés à force de calmer les esprits. Ma fonction est de maintenir l'ordre, mais je ne peux pas y arriver si tu ne m'y aides pas !
Je verrais ce qui est possible de faire, mais je ... je ne peux rien te promettre.
C'est notre mission de préfet de s'assurer que la cité prospère.
Je le sais bien, Caïus ... J'ai dit que je ferais au mieux. Maintenant ... Si tu veux bien m'excuser, j'ai à faire ...
Bien sûr ... Bien sûr. Pardonne mon emportement. Je sais que je peux compter sur toi. J'ai besoin de ton aide, Lucius.
Je ... Je t'aiderai ... Je te le jure.

Protero sortit de l'office de l'Annone et s'éloigna du bâtiment, avant de se cacher au coin de celui-ci dès qu'il fut hors de vue des fenêtres. Il n'eut guère à patienter très longtemps pour qu'une litière à porteurs apparaisse et que le préfet Burrus se faufile à l'intérieur. Les quatre escalves à la peau brunie par le soleil et aux bras épais emmenèrent le préfet et Caïus prit l'équipage en filature. Il ressassait les paroles maladroites de son homologue, qui prétextait tantôt le manque de livraison, puis la quantité, alors que ses rapports à l'Empereur affirmait que tout allait bien. Lucius Juventius n'avait jamais été un grand orateur et il avait suffi de le confronter en quelques mots pour le déstabiliser. Caïus en avait la certitude maintenant, il mentait. La litière entra dans la domus des Juventii, au grand dam du préfet des vigiles. Il espérait secrètement tomber sur un indice qui lui ferait comprendre un peu plus les raisons des mensonges de Lucius. Il laissa échapper un juron avant de s'en retourner à son quartier général.

Flanqué de ses hommes, il mena sa patrouille le long de l'Alania, dont la surface reflétait la lumière du phare monumentale qui gardait son embouchure. Quelques torches et braseros vacillaient sous la bise nocturne et tout semblait calme. Tout au bout des quais, à l'extrémité sud, la troupe de vigiles remarqua pourtant une certaine agitation et une source de lumière plus importante. À une heure aussi tardive, l'activité était généralement nulle, presque proscrite. Caïus emmena ses hommes en silence, approchant le dernier quai du port, où une galère avait jeté l'encre. Une poignée d'hommes déchargeaient des sacs de toile et les chargeaient sur une charrette à bras, tandis que l'un d'eux écrivait sur une tablette de cire. D'un hochement de tête, le préfet fit comprendre à ses hommes de se préparer et il avança à la rencontre du mystérieux attroupement.

Au nom de l'Empereur Numerius Julius Paetus, veuillez cesser immédiatement vos activités et m'en informer de la teneur !

La voix du préfet suspendit l'activité l'espace d'une seconde. Puis, comme un seul homme, tous se mirent à fuir, tandis que Caïus et ses hommes engageaient la poursuite. L'homme à la tablette, grassouillet, fut rattraper par Protero en quelques foulées, qui le plaqua fermement au sol. Les vigiles s'égayèrent en saisissant d'autres fuyards, tandis qu'une partie d'entre eux sécurisaient les amarres afin que personne ne les leva. En quelques instants, la tentative désorganisée d'échapper à la patrouille échoua misérablement et Caïus tourna le visage de son captif vers lui.

Burrus ?
Caïus ! Je ... Qu'est-ce ... Je peux t'expliquer ... J'ai ... Je ...
Qu'est-ce que tu fabriques ici ?
Je ...

La voix d'un des hommes de Caïus résonna tandis qu'il inspectait la charrette.

Ce sont des sacs de grains, préfet !
Je ... J'ai voulu ... Par rapport à notre discussion de tout à l'heure ... C'est ... C'est pour les quartiers p...
Au milieu de la nuit ?! Par Kuo, tu me prends pour un imbécile.
Je ...
Emmenez-les à la caserne ! Et que cette galère ne quitte pas ce quai jusqu'à nouvel ordre.

Il fallut une heure pour emmener l'équipage clandestin et leur cargaison jusqu'à la caserne la plus proche. Dans une petite pièce, Caïus fit installer une sella et fit défiler un à un les membres d'équipage de la galère, leur posant les mêmes questions avant de les renvoyer en cellule. Finalement vint le tour de Lucius Juventius Burrus. Caïus serrait les mâchoires en voyant son ex beau-père lui faire face, les jambes tremblantes et la tunique souillée de boue.

Je pense que l'un comme l'autre, nous déplorons cette situation, Lucius. Saches que si je prends le temps de t'écouter c'est par respect pour toi et la mémoire de Lucretia ...
Ne prononce pas le nom de ma fille, alors que tu m'enchaînes comme un esclave.
Si tu réponds à mes questions, je te ferais sortir de cet endroit. Qu'est-ce que tu faisais sur ce quai au milieu de la nuit ?

Le préfet de l'Annone baissa les yeux et fit tinter les chaînes qui le maintenait entravé. Caïus renchérit.

Tu sais que tes hommes ont déjà parlés ? D'où vient ce chargement ? Pourquoi le débarquer en pleine nuit ?

Une fois encore, seul le son des maillons se heurtant répondit aux interrogations du préfet des vigiles. Protero haussa légèrement le ton, agacé par ce soudain mutisme.

Lucius ! Cesse ces enfantillages, par Ukko ! Tu veux vraiment être inculpé de contrebande et jeter le déhonneur sur ton nom et ta maison ?
Le déshonneur s'est déjà emparé de mon nom, Caïus. J'ai failli à mes ancêtres, j'ai failli à ma fonction.
Pourquoi Lucius ?
Je ... Je ne peux pas ...
Pourquoi affamer la plèbe ? À qui était destiné le chargement ?
Je ...
Parle, par Valta ! Comment un noble membre de la famille Juventius peut s'abaisser à de telles pratiques ?!
Parce que cette ville est devenu un repaire de cafards ! Parce que j'ai besoin d'argent ! Parce qu'il est temps que les choses changent à Ruvia !

Caïus reçut les paroles du préfet de l'Annone comme un coup de poing dans l'estomac. Ses yeux étaient écarquillés par l'incompréhension et sa mâchoire à demi-ouverte. Ses sourcils se courbèrent alors qu'il reprenaient contenance.

Et tu comptes faire changer les choses en privant le peuple de nourriture ?

Une nouvelle fois, Burrus se mura dans le silence en regardant ses pieds. Le préfet des vigiles commençait à vraiment perdre patience.

Qu'aurait pensé ta fille de toi ? Elle qui me vantait ton amour de l'empire et de la cité. Elle qui s'enorgueillissait d'être la fille d'un préfet généreux et bienveillant. Elle qui ...
Cesse de parler de ma fille !
CESSE DE ME PRENDRE POUR UN IDIOT ! Pourquoi ?!! Pourquoi fais-tu cela ? À qui destinais-tu cette cargaison ? Quel est ton but là-dedans, Lucius ?! Parle !!
Si tu n'avais pas montré autant de zèle la nuit dernière ... Tu aurais vu !! Notre plan était presque parfait !
Notre ?

Burrus détourna le regard mauvais qu'il avait lancé à son ancien gendre en se mordant la lèvre inférieure. Il en avait clairement trop dit sous le coup de l'emportement.

Qui sont tes complices, Lucius ?
Je ne dirai plus rien, Caïus.
L'incendie ... Quel rapport avec l'incendie ?

N'y tenant plus, il envoya son poing s'écraser sur la joue du préfet Juventius qui tituba de quelques pas en arrière avant d'être arrêté dans sa course par le mur. Caïus le saisit par le col de sa stola et approcha son visage de celui de Burrus, postillonnant de rage.

Ne m'oblige pas à recommencer, Lucius. Je n'ai aucune envie de te torturer pour avoir des réponses mais je n'hésiterai pas s'il le faut. Par le con d'Hedelma, je te le jure !
Je ... Roscius avait raison. Tu es pire qu'un fauve ...
REPONDS-MOI !
Je ... Je vais parler ... Je vais tout te dire ...

Et il lui dit tout. La perte de ses mines dans l'arrière pays de la capitale suite à des effondrements, comment du jour au lendemain, il s'était retrouvé endetté sans entrevoir la solution qui lui permettrait de rembourser. Il lui raconta comment le préfet de la Ville, Pontius était venu le trouver pour lui parler du complot qui s'ourdissait contre l'Imperator que beaucoup trouvait trop faible pour gouverner. Il lui expliqua comment il avait détourner un tiers des livraisons de nourriture qui était acheminé la nuit dans la caserne des prétoriens et combien les préfets de la Ville et du Prétoire lui versait pour s'acquitter de cette sinistre besogne. Il détailla la volonté des comploteurs de créer une famine pour que la plèbe se révolte et sème le chaos en ville, pendant qu'au Sénat, on s'organisait pour créer un vrai contre-pouvoir afin de renverser Paetus le moment venu. Tandis que son oeil devenait violacé, il dévoila la ribambelle de conspirateurs qui trempait de près comme de loin dans cette triste affaire. Lorsqu'il eut terminé sa longue diatrybe, Caïus le fit enfermer à double tour dans une cellule isolée, abasourdi par les révélations qu'il venait d'entendre. Son sommeil fut court et agité cette nuit-là.

VI. Piéger comme un rat

Le soir du lendemain de l'arrestation du préfet de l'Annone, Vetius, l'esclave de l'Empereur qui l'avait escorté jusqu'aux jardins du palais, frappa à la porte de la domus des Proterii. Caïus le rejoignit dans l'atrium, un parchemin entre les mains qui contenait les précieuses informations que lui avait révélé Burrus.  

Ave préfet.
Ave Vetius. Donne ceci à ton maître.

L'esclave au crâne chauve et à la barbe courte leva les mains en secouant la tête, souriant timidement avant de parler de sa voix suave.

Tu m'en vois navré, préfet. Mais mon maître m'a explicitement dit de ne porter aucun message. Il m'a chargé de te prévenir qu'il t'attendra demain à Meridies, dans le temple de Sanaan.
Dis lui que j'y serais, sans faute.
Il m'a aussi demandé si tu pouvais lui donner le nom d'un rat ... Aussi étrange que me paraisse cette requête.
Quintus Roscius Silus
Qu ... Bien ... Je ... Je lui dirai.

L'esclave s'inclina avant de sortir de la demeure des Proterii et disparut dans les rues qui s'assombrissaient lentement.

***

Comme convenu, le lendemain en milieu de journée, Caïus pénétra sous les colonnes de marbres qui marquaient l'entrée du temple du Dieu-Messager. Une odeur d'encens flottait dans l'air et la litanie mélodieuse d'une prière résonnait sous les arches finement gravées. Au fond du temple, un groupe de soldat, en armure noire et au casque plumé de blanc, entourait une silhouette chétive, enroulée dans une toge d'un bleu élégant et profond. Le préfet se dirigea vers l'Empereur, qui gardait la tête basse lorsque la voix de Vetius lui fit tourner le regard.

Préfet ! Par ici.

L'esclave lui faisait signe d'approcher et l'emmena dans une alcôve sur la gauche du temple, avant de lui dire d'attendre ici et de disparaître. Quelques instants plus tard, il entendit la voix de l'Empereur demander à ses gardes de lui laisser quelques instants pour prier seul. Il pénétra dans la petite alcôve fermée d'un rideau et vint se placer face à Caïus qui cogna son poing contre son coeur. Numerius porta son index sur ses lèvres avant d'ajouter, bas.

Il nous faudra chuchoter, Feles.
À tes ordres, Imperator.
Je t'écoute.

Caïus délivra alors son rapport, expliquant à l'Empereur les évènements qui s'étaient déroulés sur les quais puis les révélations du préfet de l'Annone sur l'ampleur du complot qui était en cours. Numerius hochait la tête, concerné, pinçant ses lèvres. Il se gratta le menton, pensif, avant de reprendre la parole, toujours à mi-voix.

Et le préfet Juventius a nommément cité Roscius et Pontius ?
Oui, Imperator. Il a aussi évoqué des membres du Sénat. Mon père m'a déjà parlé du sénateur Pavinius mais les autres noms me sont inconnus.
Ah ... Sextus Pavinius Laevinus ... Je ne l'ai jamais aimé et c'est réciproque ... Bien plus intéressé par sa solde que par la cité et l'empire.
Je n'ai rien de plus à t'apprendre, Imperator.
Tu as déjà bien oeuvré, Feles. Où est Burrus ?
Toujours en cellule. Dans la caserne Sud.
Bien. Je pense avoir une idée pour nous occuper du préfet du Prétoire. Il fut ton supérieur chez les vigiles, n'est-ce pas ?
Oui, Imperator.
Parfait. Voici mon idée ...

***




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MessageSujet: Re: Caïus Protero Feles, Procurator    Caïus Protero Feles, Procurator  I_icon_minitimeVen 3 Avr - 16:31


Caïus attendait à l'entrée de la caserne des prétoriens, une main nonchalamment posé sur la garde de son glaive. Son regard suivait les courbes et les angles d'une statue de Soltar non loin de la porte qui menait au bureau du préfet du Prétoire. Le son d'une marche vive lui fit tourner le visage pour découvrir la silhouette trapue de Quintus Roscius Silus, son ancien mentor. Les sourcils brouissailleux de Roscius se levèrent lorsqu'il aperçut le préfet des vigiles.

Caïus ?
Ave préfet Roscius. Je dois m'entretenir avec toi. Il y a ... Un gros problème avec l'Empereur ... J'ai bien peur que certains conspirent contre lui.
Viens dans mon bureau.

Le préfet du Prétoire poussa la porte gravée et les deux hommes pénétrèrent dans une petite pièce aux murs hauts et blancs, au milieu de laquelle trônait un large bureau en bois laqué et sombre. Roscius désigna une sella avant de s'asseoir face à lui. Le visage de Quintus semblait légèrement crispé par l'inquiétude.

Tu es sûr de toi ?
Certain. On en veut à l'Imperator. Je crains pour sa vie.
Attends, attends ... Reprends depuis le début. Comment as-tu découvert ce complot ?
Par hasard. Lors de patrouille nocturne, nous sommes tombés sur ce que je pensais d'abord être des contrebandiers. À ma grande surprise, je suis tombé sur le préfet de l'Annone qui détournait des vivres à destination des quartiers pauvres. Après quelques heures à l'interroger, il a tout révélé.
Tout révélé ?
Les raisons qui le poussaient à faire ce genre de chose, le complot contre l'Empereur, le nom de ses complices aussi.

Roscius remua dans son siège en passant sa langue sur ses lèvres soudainement asséchées. Protero marqua une petite pause en observant la réaction du préfet du Prétoire avec un sourire fin qui étirait ses lèvres, puis il poursuivit.

Des sénateurs, des proches de l'Empereur lui-même. Ils voulaient créer le chaos dans la cité avant de tenter un coup au Sénat.
C'est le préfet Juventius qui t'a dit tout ça ?
Oui, Quintus. Le propre père de ma défunte femme. Je me suis demandé si Uni m'avait fait monter à bord de sa barque pendant un instant, mais ce n'est pas un mauvais rêve. La menace est réelle. On en veut à l'Empereur.

Roscius ouvrit un tiroir de son bureau avant d'en sortir une petit tablette en cire et un stylet. Ses sourcils étaient constamment froncés, faisant ressortir les rides qui s'accumulaient aux coins des yeux.

Je vais faire une liste de noms pour commencer. Je pourrais mener mon enquête en parallèle. C'est donc Burrus qui t'en as parlé ?
Oui.

Le stylet s'agita et des copeaux de cire tombèrent sur le bureau tandis que le préfet du Prétoire gravait le nom.

Ensuite ?
Il a affirmé que le préfet de la Ville, Appius Pontius Varus, était impliqué.
Varus lui-même ?
C'est ce qu'il m'a dit.
Qui d'autre ?
Le sénateur Pavinius ainsi que ses amis, les sénateurs Gentius, Cassius et Dilvius.

Caïus se gratta le menton, faussement pensif, faisant mine de réfléchir à d'autres noms qui pourraient lui échapper.

Je pense n'avoir oublié personne.
Très bien. C'est très préoccupant cette histoire. Cassius et Gentius sont d'anciens questeurs, Pavinius envisage de devenir censeur de ce que j'ai entendu. Si tout est avéré, cela implique des gens influents à tous les niveaux de la magistrature.

Il reposa la tablette sur la table avant de croiser les mains devant sa bouche, accoudé sur le bureau.

À qui en as-tu parlé ?
Tu es le premier, Quintus. Je ne savais pas à qui en parler. Il y a tellement de noms influents qui sont impliqués. Je me suis dit qu'il fallait prévenir le préfet du Prétoire. D'autant que tu as toujours été de bon conseil lorsque j'étais sous tes ordres. Et tu as l'oreille de l'Empereur, tu peux le prévenir et prendre les dispositions pour veiller sur lui plus attentivement.
L'Imperator est constamment accompagné de gardes, sauf dans le palais, mais personne n'oserait attenter à sa vie là-bas. Ce serait du suicide.
Tu ne penses pas qu'il pourrait y avoir des membres du complot infiltrés dans le palais impérial ?
Les esclaves de l'Imperator sont triés sur le volet, la plupart le servent avec dévouement depuis des années.
Et dans tes hommes ?
Des prétoriens ? C'est le rang le plus prestigieux auxquels peut prétendre un militaire au sein de la cité. Impossible !

Le préfet du Prétoire se leva, aussitôt imité par Caïus qui suivit Roscius du regard. Ce dernier se dirigea vers la porte, comme pour le congédier silencieusement. Il ouvrit la porte en grand avant de reprendre.

Merci de m'avoir prévenu, Caïus. Je vais mettre mes hommes au courant et enquêter sur les sénateurs. Je dois prévenir l'Imperator au sujet de Pontius, même si j'ai encore beaucoup de mal à croire qu'il fasse parti d'un complot contre l'Empereur.
Il y a bien des noms qui créent un tel sentiment.
C'est vrai ... D'ailleurs, où est Juventius ?
Caserne Sud. Je le garde en cellule pour le moment.
Je vois.
Veux-tu l'interroger tout de suite ? Ce sera un bon point de départ pour ton enquête et tu as peut-être d'autres questions à lui poser.
Bonne idée, laisse-moi te raccompagner, j'irai le voir tout à l'heure.

Quintus tendit la main vers la sortie et laissa Caïus passer le premier avant de lui emboîter le pas. Le duo se dirigea vers la sortie du bâtiment, descendant l'escalier qui les mènerait à la cour d'entrainement des prétoriens.

Ah oui ! J'oubliais ... Il y a encore un nom que Burrus a cité. Par Kuo, je suis étourdi.
Ah ? ... Je l'ajouterai sur la tablette plus tard. Qui est-ce ?

Les deux hommes franchirent la double porte qui donnaient sur la cour et tombèrent sur les rangs des soldats, attendant au garde à vous, portant leurs armures d'apparât. Même le porte-enseigne avait revêtu sa peau de lion et brandissait l'étendard de la garde surmonté d'un aigle, symbole de l'Empereur. Quintus fronça les sourcils, circonspect, tandis que le préfet des vigiles répondait à sa question.

Quintus Roscius Silus.

Les cornicens soufflèrent dans leurs instruments en réponse à la révélation de Protero et la silhouette maigrelette de Numerius apparut à l'entrée de la cour. Il avança d'un pas serein malgré son léger boitement et leva son regard convergent vers Quintus qui pâlissait à la vue de son Empereur. Les deux préfets frappèrent leur plastron du poing, alors que Numerius arrivait à leur niveau.

Ave préfet Roscius !
Ave Imperator.
Ave préfet Protero.
Ave Imperator.

L'Empereur se tourna vers la garde prétorienne, un petit sourire sur les lèvres et s'éclaircit la voix en toussant légèrement. Il leva sa main droite, prenant une pose d'orateur avant de s'adresser aux soldats.

Braves soldats ! C'est avec un grand plaisir que je me trouve parmi vous en ce jour heureux et béni par Ukko. Voilà des années que vous me servez avec zèle et dévouement. Pour cela, je suis venu vous remercier.

Les gardes frappèrent du poing sur leur poitrine, marquant leur approbation aux paroles de l'Imperator qui leva sa seconde main pour apaiser le brouhaha.

J'ai l'honneur de vous avoir à mes côtés chaque jour et chacun d'entre vous est le garant de ma sécurité et de ma sérénité quotidienne. Encore une fois, merci !

Une nouvelle fois, la troupe bruissa du son de métal cogné qui marquait la gratitude envers les paroles de l'Empereur.

Afin de poursuivre votre mission avec la même efficacité, je vous ai fait réunir aujourd'hui, afin que vous apportiez un dernier hommage au préfet Quintus Roscius Silus, qui prend aujourd'hui une retraite des plus méritées, après tant de bons et loyaux services.

Numerius se tourna vers Roscius, devenu livide et transpirant. L'Empereur posa une main sur l'épaule du préfet du Prétoire, un sourire bienveillant lui illuminant le visage. Il lui dit à mi-voix.

Moi aussi, Quintus, je sais faire des cachotteries.

Il se tourna de nouveau vers les prétoriens, parlant de nouveau fort afin que chacun l'entende.

Ainsi, je vous présente votre nouveau chef et préfet du Prétoire. Caïus Protero Feles. Que les dieux veillent sur lui et que Tidé le guide avec sagesse.

Caïus restait ébaubi, lançant un regard interloqué vers l'Empereur qui lui adressa un petit sourire espiègle. Il lui avait simplement demandé d'amener Roscius dans la cour à la suite d'un entrevu où il aurait dévoilé tout ce qu'il savait, pas d'une nomination éclair à un poste aussi prestigieux. Quintus, quand à lui, n'en était pas moins estomaqué, passant du blanc au cramoisi en comprenant ce qui se déroulait sous ses yeux. Il tenta de protester en chuchotant tandis que les soldats martelaient à nouveau leur poings sur leurs torses.

Imperator, je ...
Tu te tais ... Voilà ce que tu vas faire, Quintus.
Mais ...
Tu t'es joué de moi. Tu as trahi ton Empereur, ta cité et ta fonction en trempant dans une sinistre affaire.
Jamais, Ô Imperator.
Voyons cela ...

Numerius leva à nouveau les bras et appela au calme. Les rangs discplinés se turent à nouveau, sous le regard abasourdi de Caïus qui se sentait bien plus spectateur qu'acteur en voyant le piège qui se refermait sur son ancien mentor.

Qu'on fasse venir l'intendant de la caserne ! Et qu'il amène avec lui son dernier inventaire.

Il ne fallut guère plus d'une minute pour qu'un homme sorte des rangs avec une besace contenant de petites tablettes. L'Empereur se saisit de l'inventaire tendu par le solide gaillard aux cheveux ras et fit demander l'ouverture des celliers de la caserne. Numerius désigna quatres gardes au hasard pour qu'ils fassent les comptes des réserves et lui en fassent le compte-rendu. Une certaine incompréhension agita les rangs en voyant l'Imperator se livrer à cette basse besogne mais bientôt les quatre hommes désignés revinrent avec les chiffres.

Un total de 604 sacs de grains, Imperator.
604 ? Vous en êtes sûrs ?
Oui, Imperator. Une pile de sacs en compte dix et il y a soixante piles entières et quatre autres.
Selon le décompte fait par l'intendant, que je tiens ici, la caserne en possède ... cinquante ! Intendant, tu peux confirmer ?
Oui Imperator, cinquante suffisent amplement à nourrir toute la garnison pendant un mois. Je n'en prends jamais plus pour garder de la place pour de la viande et des légumes. Je ne sais pas d'où proviennent ...
Oh, j'ai bien peur de le savoir, Intendant

Numerius se tourna vers les préfets, lançant un regard noir vers Roscius qui baissait les yeux. L'Empereur expira longuement avant de s'adresser à Caïus.

Préfet Protero. Mets ce traître aux arrêts !

Caïus prit une seconde pour réaliser la demande, encore interdit par sa promotion inattendue. Il se ressaisit avant de prononcer son premier ordre en temps que préfet du Prétoire.

Au nom de l'Empereur Numerius Julius Paetus, je t'arrête, Quintus Roscius Silus, pour détournement de biens de la cité impériale, pour complot contre Ruvia et ses habitants et pour complot contre l'Empereur. Qu'on le mette au cachot !

Les prétoriens se jettèrent sur leur ancien préfet sans une ombre d'hésitation, répondant aux paroles de Caïus, comme si elles avaient été prononcés par l'Empereur en personne. Roscius tenta bien de vociférer mais la main de Numerius vint l'entraver sur-le-champ. L'Imperator que Protero avait toujours vu si calme et doux, arborait sur le visage un masque de rage et de dégoût.

Garde ta salive pour ton procès et celui de tes complices misérables. Que Kuo t'emporte dans les pires tourments.

Quintus disparut tandis que les prétoriens l'emmenèrent vers sa cellule. Numerius se tourna vers Caïus, retrouvant un petit sourire aimable qui contrastait énormément avec le faciès qu'il venait d'offrir au précédent préfet du Prétoire.

Il est temps pour toi de faire remplir les greniers des bas-quartiers, Feles.

VII. Récompenser l'honneur

Auréolé de sa nouvelle fontion, Caïus prit possession de son nouveau quartier général le jour même de l'arrestation mmouvementée de Roscius. L'Empereur Numerius et lui avaient ainsi l'occasion de multiplier leurs entrevues sans avoir à se cacher dans les jardins et les temples de la cité. Vêtu de sa nouvelle armure noire richement gravée, le, désormais, préfet du Prétoire retrouva Paetius dans le tablinum du palais. Caïus retrouva Numerius en train de se faire éventer par un esclave longiline à la peau sombre.

Ave Feles ! Comment vas-tu ?
Ave Imperator. Encore surpris de ma promotion, mais je me porte bien. Et toi ?
J'ai dormi comme un loir ! Savoir que Roscius n'est plus une menace a visiblement apaisé mon sommeil. Comment se passe la redistribution du grain ?
Bien. Les vigiles ont pu surveiller à la distribution pendant toute l'après-midi et ce matin. Aucun heurt n'a été signalé par le préfet et ses centurions.
Fort bien. Il ne reste plus qu'à te charger de Pontius n'est-ce pas ?
Oui, Imperator. Même si la tâche s'avère compliquée.
C'est pour cela que je t'ai fait préfet du Prétoire, Feles. Tu n'es plus son subalterne dorénavant.
Je crains qu'il ne refuse de juger ses complices, Imperator.
Il faudra se charger de son cas avant d'entamer le procès.
Et il refusait de me voir lorsque j'étais préfet des vigiles, il n'aura pas plus de raison de me rencontrer maintenant que je sers au Prétoire.
J'ai réfléchi à comment tu pourrais le rencontrer de manière certaine, Feles.
Comment, Imperator ?

Numerius se saisit d'une coupe de vin qui attendait sur un plateau non loin et but une rasade avant de reprendre la parole.

Il y a peu d'évènements où tous les patriciens de Ruvia sont conviés et probablement encore moins où ils se rendent tous.
À part des Jeux.
Trop grand ! Et impossible d'être sûr de quel jour sera présent telle ou telle personne. Je pensais à quelque chose de plus ... intime !
Intime ?
Comme un mariage par exemple. Tu es célibataire n'est-ce pas ?
Euh ... Oui, Imperator. Mais ... Je ne ...
Quelle plus belle récompense pour toi que de t'unir à ma famille ?
À ta famille ?
Le héros de Ruvia ! Celui qui a empêché la cité de brûler entièrement. Celui qui a permit à la plèbe de se nourrir à nouveau. Celui qui a fait tombé les préfets complotistes. Récompensé par l'Empereur en le mariant à sa nièce favorite.
Ta nièce ?
Tu te souviens de Laelia ? Nous nous sommes rencontrés chez son père pour la première fois.
Oui, je m'en souviens Imperator.
J'ai soufflé l'idée à son père, il l'a trouvé très bonne. D'autant qu'une alliance entre Proterii et Antii serait puissante, même au sein du Sénat. Cela pourrait nous servir pour faire tomber les sénateurs séditieux. Tu penses que ton père serait d'accord ?
Certainement, Imperator. Et si je lui dit que l'idée vient de toi il n'aura même pas l'envie de la contester.
Voilà une excellente nouvelle !

***

Le mariage eut lieu en grande pompe sous les voûtes massives du temple d'Hedelma. L'Empereur Numerius observa la cérémonie aux côtés de sa soeur, souriant avec bienveillance à l'arrivée de sa nièce favorite. Le premier mariage de Caïus avait attiré quelques membres de chaque famille, mais celui-ci fut célébré avec faste et liesse populaire. L'union d'un membre de la famille impériale, lié par le sang au conquérant de l'Ascanie, Lucilius Antius Victor, avec celui que beaucoup identifiait désormais comme un héros de la cité, digne héritier d'un autre général conquérant, fut accueilli par la plèbe avec joie. On aurait dit que Ruvia entière saluait le cortège qui s'éloignait du forum pour se rendre vers la domus des Proterii.

Manius avait fait préparer un véritable festin et fait venir des mets délicats depuis les confins de l'Empire. La dot, généreuse, avait participé à augmenter le luxe dans lequel baignait la cérémonie, permettant la venue d'un duo de gladiateurs du ludus Gamilus, qui s'affronteraient pour le plus grand plaisir des convives. Un par un, les invités défilaient face à Caïus et sa jeune épouse, présentant leurs voeux de bonheur et d'enfants et leur offrant quelques présents qui serviraient d'offrandes à Hedelma. Ce fut au tour de l'Empereur de s'approcher du jeune couple, un doux sourire ourlant ses lèvres. Il déposa un tendre baiser sur la joue de Laelia et serra le poignet du préfet du Prétoire avec respect. Il profita de cette proximité pour souffler aux jeunes mariés.

Que les Dieux bénissent votre union, chers enfants.
Merci, Imperator.
Merci mon oncle, puissent-ils t'entendre.
Avez-vous déjà vu le préfet Pontius ? Je l'ai aperçu dans le cortège en sortant du temple.
Le cherches-tu ? Il doit être près des autres convives. Il me semble l'avoir vu parler à quelques sénateurs.
Pas vraiment ma nièce. C'est plutôt ton époux qui le cherche, n'est-ce pas Feles ?
Il n'est pas encore venu se présenter à nous. Il est là-bas, Imperator.

Caïus donna un petit coup de menton discret, balayant la pièce du regard avec un petit sourire innocent. L'Empereur ne prit même pas la peine de tourner son regard vers la direction indiquée et renchérit.

Tout est en place ?
Oui, Imperator. Quand le combat des gladiatores débutera, mes hommes passeront à l'action.

La jeune femme fronça les sourcils, faisant passer son regard gris de son oncle à son époux.

Il se passe quelque chose ? Que voulez-vous au préfet Pontius au milieu de nos noces ?
J'en ai bien peur, ma nièce.
Il est coupable de trahison.

Les mots de Caïus furent prononcer avec une morgue froide, tandis que son regard, au même titre que son ton s'était refroidi. Numerius poursuivit, comme s'il n'avait pas remarqué la mine concernée de Laelia.

Qu'as-tu prévu, Feles ?
Je vais le faire venir dans le vestibule. Là mes hommes pourront intervenir sans déranger la cérémonie.
As-tu prévenu Lucilius ?
Oui, Imperator. Lui et mon père sont justement en train de parler avec lui.

Laelia fit un pas de côté, s'éloignant de son époux pour faire face au deux hommes en train d'échanger des messes basses. Son visage trahissait clairement l'outrage qu'elle ressentait et elle haussa le ton.

Ce mariage... Ne me dites pas que c'était un prétexte à vos manigances !

L'Imperator observa sa jeune et fougueuse nièce en arquant un sourcil, tandis que les mâchoires de Caïus se serraient légèrement d'anxiété. Numerius prit la parole sur un ton doux, qu'il voulait apaisant et même complice.

Non, Laelia. Ce mariage est fait pour t'offrir celui qui est probablement le meilleur parti de Ruvia aujourd'hui et d'unir cet homme à notre famille, qu'il protège depuis des mois sans que personne ne s'en rende compte. Je suis certain que ton père te l'a déjà expliqué. En revanche, cette cérémonie grandiose, ces inombrables convives, ce faste digne du triomphe de ton père à son retour d'Ascanie ... Tout ceci est en effet un prétexte.
Un prétexte à la justice, mon épouse, pas à des manigances.
Il me paraît étonnant que tu ne te sois pas interrogé sur cet excès de frivolité. Je t'ai connu plus perspicace, ma nièce.
Qui donc se méfierait de son propre mariage mon oncle ? N'était-ce pas censé être un jour particulier ? J'ai pris cet excès de zèle pour ce qu'il est et non un piège à rat. Et qu'aucun de vous deux n'ait cru bon de m'en toucher un mot montre bien qu'ici, les plus idiots sont loin d'être les plus jeunes.

La jeune femme montrait un caractère bien trempé, osant s'adresser à l'Empereur ruvien avec un aplomb qui aurait valu à quiconque de gros ennuis. Numerius sourit, bien plus amusé que Caïus du tempérament bouillonnant de sa nièce.

Viens-tu t'insulter ton Empereur, citoyenne ? Dois-je en informer ton pater familias ? Ou punir ton époux pour des propos que tu prononces sans réfléchir ? Ce genre de réaction est précisément la raison qui fait que tu n'avais pas à en savoir davantage. Lorsque tu sauras te conduire comme une femme, peut-être seras-tu mis dans la confidence.
Très bien

À ces mots, la jeune femme tourna les talons pour aller se mêler aux convives sans un regard en arrière. Numerius émit un petit gloussement amusé, alors que Caïus tournait vers lui un regard interloqué.

Sacré caractère.
Tu n'as pas connu sa mère au même âge. Ma nièce a hérité de son tempérament mais elle me semble plus intelligente. Même si l'idée lui déplaît sur l'instant, je ne doute pas qu'elle comprendra pourquoi nous avons dû organiser une telle entourloupe.
Je lui expliquerai, Imperator.
Attends-toi tout de même à subir ses accès de mauvaise humeur. Elle semble brûler du feu de Loïmu quand elle a décidé de faire la tête.

L'Empereur donna une petite tape amicale sur l'épaule du préfet avant d'aller, lui aussi, se mêler aux convives. La réception battait son plein au son des flûtes et des tambourins et bientôt, il fut l'heure de la démonstration de gladiature. Le laniste fit avancer ses deux combattants, des hommes aux bras larges comme des cuisses, aux muscles couvert d'huile qui donnait l'impression qu'ils étaient encore plus volumineux. Tandis que le propriétaire de l'écurie présentait ses gladiateurs en énonçant leur palmarès glorieux, Caïus s'approcha du préfet Pontius.

L'homme qu'il avait eu tant de mal à rencontrer était petit et sec, le nez aquilin et les yeux ronds et enfoncés dans leurs orbites. Ses cheveux commençaient à former une couronne autour de son crâne et les rides redessinaient les contours de son visage. La mine sévère, Caïus se porta à sa hauteur avant de se pencher vers lui.

Ave, préfet Pontius.
Ave, préfet Protero. Mes félicitations pour cette belle union. Qu'Hedelma et Tuodé veille sur toi et ta ravissante épouse.
Je te remercie, préfet. J'aurai aimé t'entretenir quelques instants d'une affaire urgente.
Cela peut peut-être attendre la fin de la démonstration ...
J'aimerai régler cette histoire au plus vite. Je n'ai pas pu t'en parler plus tôt, et j'ai peur que plus tard, avec les esprits qui s'enivrent, l'occasion soit manquée. Il y en a poiur quelques minutes à peine.
De quoi s'agit-il ?
Je crains qu'un des préfets de Ruvia ne soit impliqué dans un complot visant l'Empereur. J'aimerai ton conseil.

Pontius lança un regard neutre vers Caïus, donnant l'impression de le sonder afin de découvrir ce qu'il savait. Le préfet de la Ville soupira légèrement avant de hocher la tête et s'éloigner du reste de l'assemblée. Les deux hommes atteignirent le vestibule alors que Caïus prenait la parole.

J'ai déjà essayé de te rencontrer à de multiples reprises, préfet, mais sans succès.
J'ai eu beaucoup à faire ces derniers mois. Le propre de ma fonction tu t'en doutes bien.
Bien sûr !
Quelle est cette affaire impliquant un préfet ?
Tu es au courant, j'imagine, de la disgrâce du préfet de l'Annone. Il a affamé sciemment une partie de la population pour son propre bénéfice.
Sinistre affaire, oui.
Pendant son interrogatoire, il a commencé à nous parler de ses complices.
Ses complices ?
Il a affirmé que nombre de patriciens étaient impliqués dans un complot qui visait directement l'Imperator. Les traîtres sont nombreux, même au sein du Sénat.
Que Valta protège Ruvia. Cette cité est un vrai nid de serpent.

Pontius avait prononcé cette dernière phrase avec une contenance discutable, tentant de donner le change tandis qu'il sentait bien la corde se resserer autour de son cou. Caïus ouvrit la lourde porte de sa domus, dévoilant une escouade de prétoriens qui fondirent sur l'homme dégarni.

Des serpents, en effet. Je n'aurai pas trouvé meilleure image pour te décrire, toi et tes traîtres. Appius Pontius Varus, tu es mis aux arrêts pour trahison et complot envers l'Empereur Numerius Julius Paetus. En raison de ta fonction au sein de la magistrature et en attendant la sentence définitive de l'Empereur, tu es déchu de ta citoyenneté, de ton titre et de ta richesse. Emmenez-le dans les geôles du palais.

Il voulut protester, crier, vociférer son indignation mais un solide baillon vint entraver sa voix cassée et il fut bientôt ficeler comme un gigot et traîné au dehors comme le vulgaire malfrat qu'il était. S'il en croyait ce que lui avait soufflé l'Empereur quelques jours plus tôt, Pontius finirait dans l'arène, face aux lions. Caïus referma la lourde porte et retourna sans un mot vers les jardins où le bruit des glaives des gladiateurs retentissaient, sous les applaudissements des invités de la noce. Il aperçut l'Empereur qui lui adressait un regard attentif auquel il répondit d'un simple hochement de tête. C'était comme si une enclume venait d'être retiré de son poitrail. En quelques mois, les trois préfets complotistes avaient été éliminés de l'équation, pour le plus grand bien de Ruvia et de Numerius.

Sans vraiment s'en rendre compte, Caïus s'était laissé entraîner dans les machinations de l'Empereur, et il avait gravi les échelons hiérarchiques avec une célérité que Sanaan n'aurait pas renié. Il vint se placer aux côtés de sa jeune épouse qui lui adressa une moue toujours désapprobatrice, mais sans lui faire de remarque vexée. Il observa les deux athlètes poursuivrent leur démonstration jusqu'à ce que l'un d'eux finissent par envoyer l'autre au sol, après un déluge de coups tournoyants. Les applaudissements des convives marquèrent la fin du combat et les époux levèrent leurs pouces vers le ciel, avant que la musique ne retentisse de nouveau. La fête reprit, alors que Numerius laissait son Chat profiter enfin de sa soirée. Ce dernier savait qu'il y avait encore beaucoup à faire pour éradiquer la vermine qui gangrénait Ruvia et plus particulièrement le Sénat. Après ces derniers mois, il se découvrait une ambition nouvelle et dévorante, celle de purger l'institution dirigeante de l'empire. Mais il ne semblait plus le faire uniquement pour son Empereur, mais de plus en plus, pour lui et pour apporter plus de gloire et d'honneur à son nom. Il se prit même à rêver soudain d'éclipser le nom de son illustre ancêtre, pour que l'on se rappelle des Proterii, comme la lignée du héros de Ruvia, le Feles. Plongé dans ses pensées de plus en plus ambitieuses, il s'interrogeait sur la façon de faire tomber Pavinius et ses acolytes sénateurs.

VIII. L'héritage des Empereurs

Un an après son mariage avec la nièce de l'Empereur, Caïus poursuivait ses investigations pour confondre les sénateurs impliqués dans le complot qui visait Numerius. Il mettait un point d'honneur à assister au plus de séances possibles au Sénat, laissant trainer les oreilles lorsque Pavinius, Gentius et Cassius devisaient avec certains de leurs pairs, en dehors des débats. Jusqu'alors, aucun d'eux n'avaent fait de faux pas qui laisseraient présager de leur appartenance à ce qu'on avait fini par nommer 'le Complot des Préfets". Les arrestations et le procès avaient fait grand bruit à travers Ruvia et l'Imperator avait dévoilé que le préfet du Prétoire était celui qui l'avait démantelé, agissant seul et avec une dévotion à l'Empire remarquable. La renommée de celui que tous surnommaient désormais Feles avait atteint des sommets et on le regardait avec respect lorsqu'il déambulait dans la rue avec sa jeune épouse. Certaines histoires commençaient à circuler, le décrivant comme un favori des Dieux et lui prêtant même une ascendance divine parfois.

Un soir, il rentra dans la domus familiale légèrement crispé. Dans l'après-midi, une esclave était venu lui remettre un message de Laelia, qui déclarait vouloir l'entretenir de quelque chose d'important, qui ne pouvait pas attendre. Avec les mois qui étaient passés en sa compagnie, il avait appris à faire avec le tempérament volcanique de sa jeune épouse, mais la savoir aussi insistante pour parler avec lui, avait fait naître une petite aigreur au niveau de son estomac. Elle pouvait être prompt à faire des remontrances et à s'emporter par jalousie envers certaines femmes qui regardaient son époux d'un oeil envieux. Il ôta son manteau et le tendit à un esclave avant de rejoindre Laelia qui était allongé sur leur lit, grignotant une grappe de raisin noir. La domina était accompagnée d'une esclave qui lui massait les mains avec une huile parfumée à la rose. Caïus pénétra dans la pièce et son épouse leva les yeux vers lui avant de congédier l'esclave d'un geste de la main. Elle se redressa et vint s'asseoir au bord du lit, invitant son époux à en faire de même. Protero prit une profonde inspiration, s'attendant à tout, même si le contexte de cette future discussion était tout à fait inédit.

Qu'y a-t-il de si important que tu m'envoies une esclave ?

Sans un mot, elle prit la main de son époux pour venir la poser sur son ventre, soutenant le regard du préfet. L'espace d'un instant, Caïus ne sembla pas comprendre, arquant un sourcil en observant sa main posée dans le giron de la jeune femme. Il releva le regard vers les grands yeux gris de Laelia, les yeux écarquillés par un mélange de surprise et de joie.

Tu ... Tu es sûre ?
Oui

Ce simple mot et le sourire de la jeune femme lui firent l'effet d'une lance qui transperçait son coeur et qui faisait naître une explosion de joie. Une bouffée de bonheur monta depuis ses entrailles pour venir empourprer son visage et humidifier ses yeux. La main toujours posée sur le ventre de Laelia il s'apporcha d'elle pour lui donner un baiser appuyé, rempli de l'amour et du bonheur dont il débordait sur l'instant. Il enroula ses bras autour des frêles épaules de son épouse et la serra doucement contre lui, déposant un nouveau baiser sur son front. La gorge serrée par l'émotion, il parvint à articuler quelques mots malgré tout.

Quand as-tu su ?
Il y a trois décennales. J'attendais d'être certaine pour te le dire...
Tu penses que ce sera un fils ?
Je n'en sais rien, mais nous prierons Hedelma pour qu'elle nous accorde sa bienveillance.

Le couple resta un moment dans le silence, l'un contre l'autre. Caïus sentit alors une pointe d'inquiétude jaillir en lui, réminiscence d'un douloureux souvenir qui lui avait paru si lointain. Il repensa à ce bébé au visage blafard, dont les mains minuscules demeuraient immobiles lorsqu'il avait tenté de caresser leurs paumes. Il se remémorra ses joues rondes et rebondies qui n'avaient jamais pris la teinte rosée qu'on attendait. Il se rappella l'odeur âcre et acide qui flottait dans la chambre de sa défunte femme lorsqu'il était arrivé trop tard. La joie faisait place à l'anxiété et Caïus adressa une prière silencieuse à Hedelma pour qu'elle protège sa femme et à Kohta pour qu'elle cesse de jouer avec son destin, le temps de pouvoir enfin connaître le bonheur d'être père.

***

Octavia naquit le 17e jour de Secundo Fructus 395. Caïus entendit le cri que poussa sa fille avec un mélange de joie et de soulagement. Laelia avait délivré l'enfançonne après de longues heures de travail mais elle était toutes deux sauves. Il déposa un tendre baiser sur le front encore noyé de sueur de son épouse tandis que le medicus l'invitait à laisser la jeune femme se reposer après son accouchement. Le coeur léger et le sourire aux lèvres, Caïus annonça à son père l'identité de sa petite-fille, lequel bondit de joie, comme s'il avait rajeuni de quelques années. Une nouvelle génération de Protero voyait le jour avec Octavia.

Kohta avait entendu les prières du préfet du Prétoire, mais alors que sa fille grandissait en gazouillant allégrement, la déesse décida de tordre à nouveau les fils de la destinée et de couper celui de Manius. Alors qu'une longue séance de palabres s'était achevé au Sénat, au sujet des déboires que rencontraient les légionnaires dans les provinces frontalières, le vieux Manius Protero Crispus s'écroula comme une masse en descendant les marches qui le conduisaient au forum. Caïus qui se tenait auprès de l'Empereur Numerius se précipita en voyant la silhouette du pater familias s'affaisser quelques pas devant lui. Une main crispée sur sa toge et le regard fixant sans les voir les nuages qui défilaient ce jour-là, le sénateur protero s'en était allé avant même que son corps ne touche le marbre froid.

Les larmes roulèrent sur les joues de Caïus alors qu'il levait les yeux de la dépouilles de son père pour observer, perdu, l'attroupement des sénateurs qui avaient formés un cercle autour du corps sans vie de Manius. Le préfet du Prétoire balaya du regard les visages attristés des patriciens en toge blanche qui l'entourait avant de s'arrêter sur l'un d'eux. Le faciès de Pavinius lui frappa la rétine. Depuis la naissance de sa fille, il s'était contenté de surveiller les agissements du sénateur, alors que lorsqu'il traquait les préfets il s'était dévoué à sa tâche et les avait confondu les uns après les autres sans relâche. Voir le visage émacié de Pavinius fit ralluma un feu qu'il avait cru éteint depuis des mois. Il s'était depuis trop longtemps conduit comme le chien de garde de Numerius, il était temps de redevenir le Feles et de traquer la vermine qui infectait les bancs du Sénat.

***

Plus les années avançaient et plus Pavinius semblait se montrer prudent. Malgré des jours et des nuits à le faire espionner, à soudoyer des esclaves et à intercepter la moindre de ses missives, Caïus ne parvenait pas à trouver un indice qui l'impliquerait dans un complot visant Numerius. Depuis l'arrestation des préfets, les sénateurs qui avaient été dénoncés par l'ancien préfet de l'Annone n'avaient plus jamais fait parlé d'eux. De temps à autre, ils protestaient contre une décision que l'Imperator soumettait au Sénat, mais ils avaient toujours su trouver l'appui d'une partie des patriciens qui s'asseyaient autour d'eux. Numerius avait catégoriquement refusé une arrestation arbitraire sans au moins une preuve accablante. L'Empereur convoqua son Feles, un doux matin de Secundo Aestias, alors que les années avaient achevés de le dégarnir.

Ave Feles.
Ave Imperator.
Comment se porte ma petite-nièce ?
Très bien, Imperator. Elle grandit bien trop vite. Je me vois encore toute rose dans son couffin mais elle parle et elle court maintenant. Laelia me fait part de ses progrès quotidiens et j'ai parfois l'impression qu'un jour, je rentrerai chez moi et elle sera en âge de se marier alors que le matin encore elle était une enfant s'émerveillant devant les mosaïques de l'atrium.
Le temps file à toute allure. Prends le temps de profiter de ta fille.
J'essaie Imperator. Je compte d'ailleurs en profiter encore plus dans les mois à venir.
Ah oui ? pourquoi cela ?
Laelia m'a annoncé il y a quelques jours qu'elle attendait un autre enfant.
Quelle excellente nouvelle ! Je prie les Dieux qu'ils t'accordent un fils cette fois !
Nos avons fait des offrandes à Hedelma, nous l'espérons de tout coeur, Imperator.
Je suis ravi pour toi, Feles ! Mais ce n'est pas pour pour parler de ta progéniture que je t'ai demandé de venir. As-tu une idée de la raison ?
Pas vraiment. Un lien avec la session au Sénat de demain peut-être ?
En effet ! Je compte faire une grande annonce. Il est temps que je pense à ma succession.
Tu vas nommer ton neveu ?
Primus ? Il est tribun en fonction près de Sternia, à l'orée du désert lourmélite. Et je crains qu'il n'ait aucun intérêt pour une fonction politique. Je crois qu'il va me falloir adopter mon héritier.
En effet, Imperator. Tu as déjà décidé de qui ?
Ma décision est prise depuis longtemps. Que dirais-tu de porter le nom des Julii ?

Le silence s'installa entre les deux hommes tandis que Caïus regardait le visage ridé de son Empereur qui souriait doucement. Les yeux du préfet clignèrent sous la surprise et après quelques secondes pour réaliser tout ce que la proposition impliquait, il parvint à donner sa réponse.

Ce ... Ce serait un honneur, Imperator.
Allons, Caïus. Demain, à la même heure, tu pourras m'appeler Père ! Je te donne rendez-vous demain à la première heure au Sénat. Je pourrais alors faire la proposition aux sénateurs et je sais déjà que la majorité acceptera de bon gré d'élever le héros de Ruvia au rang d'héritier. Va ! Et embrasse Laelia pour moi.

***

L'ombre que projetait l'astre du jour, sur le grand cadran solaire qui se trouvait face au Sénat, indiquait Mane et les sénateurs prenaient place dans les gradins. Caïus patientait à l'entrée de la Grande Salle pendant que ses hommes escortaient Numerius jusqu'à son trône élégamment décoré de mufles de lions rugissants. Il régnait une agitation inhabituelle parmi les membres du Sénat lorsque l'Imperator prit sa place. Il n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot que le sénateur Pavinius leva la main et se vit confier la parole. Il avança au centre du sénacle, tenant dans ses mains un rouleau de parchemin qu'il déroula avant de s'éclaircir la voix.

Ici sont conciliés les paroles de Publius Acilius Ravilla, Tribun Consulaire de la province d'Oncmelia Minor. Imperator, chers membres du Sénat c'est avec un immense chagrin que je vous apprends par cette missive le décès de Marcus Galcius Pulcher, le Procurator de la province d'Oncmelia Minor et dirigeant de la Legio Aquila en faction dans la province. Le Procurator a été emporté par une fièvre après un combat acharné contre la maladie et malgré tout le zèle des medicii d'Edelmia. La province se tient donc prête à accueillir un nouveau Procurator dès que le Sénat et l'Imperator pourront nommer un homme digne d'incarner la prestigieuse fonction qui l'attend.

Le sénateur enroula le parchemin une fois achevé sa lecture et toisa les tribunes en laissant les murmures s'emplifier. Il tourna le regard vers l'Imperator, un petit sourire étirant ses lèvres. Il leva les bras, signifiant qu'il n'en avait pas terminé et qu'il désirait conserver la parole.

J'ai un nom à proposer et je pense que mes pairs seront d'accord. Pour cette fonction, il faut un homme intègre, un homme courageux et honorable. Je sais que ma proposition pourrait paraître étrange et qu'elle créera un précédent dans l'Empire. Cependant, je pense que nous ne connaissons qu'un homme qui, malgré son jeune âge, a prouvé depuis des années qu'il possédait toutes les vertues et toutes les qualités pour honorer la fonction de Procurator d'une province. Un homme dont la lignée d'homme honorable et vertueux remonte aux temps de la fondation de l'Empire. Un nom qui a fait rejaillir la gloire de Ruvia à l'autre bout du monde connu. J'aimerai proposer au vote du Sénat, le héros de Ruvia, Caïus Protero Feles !

Un nouveau bruissement agita les rangs des sénateurs tandis que chacun échangeait à demi-mot avec son voisin. Caïus tourna le regard vers l'Empereur Numerius qui se mordait la lèvre avec anxiété. Le sénateur avait pris les devants et sa motion devait être soumise aux votes des sénateurs avant qu'il ne puisse suggérer l'idée de l'adoption du préfet du Prétoire. Le bâton du doyen du Sénat frappa le sol pour réclamer le silence. Sa voix chevrotante retentit.

Le sénateur Pavinius a proposé un candidat au poste de Procurator d'Oncmelia Minor. Le vote est soumis à l'acclamation.

Il y eut une seconde de silence puis une paire de mains applaudit, bientôt suivi d'une autre, et d'une autre encore. Ce fut finalement l'intégralité des sénateurs qui applaudit la proposition de Pavinius qui tourna la tête vers Caïus. Un large sourire ourlait ses lèvres mais son regard semblait bien froid, comme celui d'un vautour qui se délecte de sa charogne. Pour la première fois depuis des années, le Feles avait échoué à battre son adversaire et ce dernier triomphait en offrant une promotion empoisonnée. Certes le poste demeurait prestigieux mais Caïus était promu aux confins de l'Empire et son adoption ne pourrait être proposé par l'Imperator, le Sénat n'accepterait de le promouvoir deux fois de suite.

La suite de son histoire se jouerait donc sous les nuages pluvieux d'Oncmelia Minor.

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MessageSujet: Re: Caïus Protero Feles, Procurator    Caïus Protero Feles, Procurator  I_icon_minitimeMer 8 Avr - 17:43


Bon et bien nous y voilà.

J'ai eu le plaisir de lire ta fiche tout au long de son écriture et d'y participer dans une moindre mesure. S'il reste quelques fautes par-ci par-là, elle est de loin très complète et à la hauteur du poste auquel tu prétends. J'aime à croire que cette sombre histoire de complots n'est qu'à son commencement.

C'est donc sans grande surprise et avec beaucoup de plaisir que je te valide officiellement.
(Oui, ça va te coûter cher)


VALIDATION
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Te voilà enfin validé par l’équipe administrative. Nous te souhaitons tous la bienvenue officielle parmi nous. Afin de te faciliter la tâche, voici quelques liens qui pourraient t’être utiles très prochainement :

Demande de RP : Si tu souhaites te lancer séance tenante il n’y a pas mieux. Les joueurs se feront un plaisir de partager un bout d’aventure avec toi.
Journal de bord : Afin de garder une trace de tes différents rps, et aussi pour te permettre d’établir une timeline claire pour toi et tes partenaires, nous t’invitons vivement à créer ton journal de bord où tu pourras archiver tes pérégrinations.
Si jamais tu as encore des questions, n’hésite pas à contacter l’équipe administrative ou à poser tes questions dans le sous-forum adéquat.

Bon jeu !
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MessageSujet: Re: Caïus Protero Feles, Procurator    Caïus Protero Feles, Procurator  I_icon_minitime

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