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 En travers du gosier [Ulvar et Arius]

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Harmonia Iustia

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Harmonia Iustia

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MessageSujet: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeLun 28 Déc - 20:12


10ème jour de Tertio Seminare

Bassium
Edelmia


Les jours se rallongeaient et le temps était de plus en plus chaleureux. Et pourtant, j'avais le sentiment permanent d'être entourée d'une aura glaciale.
Trois jours auparavant, j'avais eu le déplaisir de faire personnellement la connaissance de Laelia Protera, l'épouse du procurator. Cette dernière s'était permise de m'insulter dans ma propre maison en remerciement du dîner à grands frais que mon intendant et cuisinier Marcurus avait fait préparer pour elle. C'était pour moi d'autant plus grand désarroi que j'avais absolument besoin d'appuis solides dans la cité : Lucianus minor demeurait en grand danger.
Je savais par Aerona que mon cher beau-frère Murena essayait de son côté d'être bien vu notamment par ce serpent vicieux de Scorpa. Qu'arriverait-il si ce dernier décidait comme faveur d'aider mon beau-frère à s'emparer de la fortune des Iustii ? De plus, je demeurais sans nouvelles de mon père Honorius Alexandrius depuis la nouvelle de la déchéance de l'ancien imperator. Autant dire que la relative liberté dont je jouissais en tant que veuve était précaire. Si Murena parvenait à faire valoir un quelconque droit d'héritage sans devoir forcément se débarrasser de Lucianus Minor, je pourrais bien me retrouver avec mon fils dans la rue sans nulle autre possession que ma stola et encore. Hors de question de laisser cela arriver, pas plus que d'accepter un mariage avec le premier patricien venu.
Il me fallait d'abord tout tenter pour lever le mystère sur la mort de mon défunt époux. Une fois débarrassée des comploteurs, la question de mon remariage pourrait être abordée plus sereinement.
L'imbécile heureux de Titus Sevinius Merula m'avait révélé que les Tulii pouvaient fortement avoir participé au complot ayant provoqué la chute de mon époux, mais ces lâches n'avaient certainement pas agi seuls. Aussi, avais-je également décidé de reprendre un peu contact avec les Cinnarii. Gaius Cinnarius Lupus était veuf depuis presque un an et ses deux fils étaient en âge de siéger à la curie. Sauf que le fils aîné avait, d'après mon époux, trempé dans plusieurs affaires louches. Et d'ailleurs, il avait incendié l'établissement d'un pauvre tavernier. A l'époque, quand mon époux avait évoqué cette affaire, je n'en avais pas vraiment retenu les détails, les règlements de compte étant monnaie courante dans la cité. C'était après que Merula m'eût cité ce nom que je m'étais rappelée qu'en ce qui concernait l'honnêté et la décence, les Cinnarii ne pouvaient guère briller devant les dieux, même si personne à Bassium n'aurait osé le dire ouvertement. Attia Sillia ne les avait d'ailleurs invités qu'une fois ou deux à ses cenae.
Cependant, ils étaient bel et bien présents chez les Tullii, le fameux soir où mon époux était mort. Aussi, si je trouvais un moyen de faire chanter Gaius, son témoignage pourrait être accablant pour Usurius Tullius.

Depuis maintenant trois jours, j'envoyais régulièrement ma discrète et si douée Aerona espionner la domus des Cinnarii, à la recherche d'un quelconque scandale. Cela n'avait pas tardé. Nous soupçonnions maintenant Gaïus d'avoir une liaison avec Marsalina Sevia, mariée à Lucius Sevius, marchand de soierie ventripotent alors que Gaïus avait encore fière allure du haut de ses quarante-cinq printemps. Aerona l'avait aperçu parlant discrètement à la patricienne dans une ruelle avant de s'éclipser. Sans nulle doute avaient-ils convenu de quelque rendez-vous galant. Restait à en connaître le lieu...

En attendant qu'Aerona parvînt à récolter d'autres informations utiles, j'avais décidé de profiter du soleil dans l'un des petits parcs de Bassium avec Lucianus Minor, accompagnée par Arcus, mon garde du corps muet, et de mon fidèle Ulvar, commis de cuisine, mais surtout gardien attitré de mon enfant, à qui il ne refusait presque rien. Juché sur les épaules puissantes de cet ancien forçat des carrières, Lucianus Minor s'égayait de ce qu'il voyait, posait des questions, voulait tout connaître du monde et Ulvar lui répondait avec patience. Mon coeur se serrait de tendresse à les voir ainsi, en même temps que j'en éprouvais un terrible sentiment d'injustice. Il était évident que cet esclave, cet être primitif, était prêt à donner sa vie pour mon petit. Certains diraient que c'était le devoir de ce brave chien fidèle, certes, mais sa dévotion restait remarquable. Pourquoi Lucianus ne pouvait-il inspirer cet attachement à un patricien quelconque ? Pourquoi fallait-il qu'ils le voient tous comme une gêne, l'héritier d'une famille prestigieuse dont la coquette fortune leur passait sous le nez ? La bonté et l'honnêté étaient censées être des valeurs ruviennes, mais sous mon toit, c'était cet esclave qui les incarnait depuis que mon époux était mort.
Son regard vert croisa brièvement le mien et j'en sentis un étrange frisson. Le feu aux joues, je m'éloignai de quelques pas pour m'approcher d'un petit étang.

- Regarde, Lucianus, les cygnes ! Tu veux leur donner du grain ?

Mon enfant pépia avec enthousiasme. Au même moment, cependant, j'entendis un léger cri.

- Domina !

Je me retournai. Aerona arrivait vers moi. A en juger par la tête qu'elle faisait, il s'était passé quelque chose. J'accourus à elle.

- Tu sembles terrifiée. Ne me dis pas que cet imbécile de Gaius t'a répérée, tout de même !
- Il ne pourra plus voir grand chose, il est mort, répliqua-t-elle d'un ton tranchant. C'est l'attroupement devant sa domus.
- Mort ? Comment ça, mort ?
- Son fils dit qu'il a fait un malaise et qu'il est tombé d'un seul coup, raide comme une branche.
- Un malaise ? Lui ? Sans plaisanter !

Je croisai de nouveau le regard d'Ulvar. Depuis ce qui s'était passé au théâtre, je m'étais curieusement attendue à un incident de ce genre. Je pris une profonde inspiration :

- Aerona, Arcus, ramenez Lucianus Minor à la maison. Ulvar, viens avec moi. Il faut que nous en sachions davantage sur ce qui a pu arriver à Gaïus Cinnarius. Qu'il meurt comme ça peu après que Merula m'ait révélé qu'il avait gardé rancoeur à Lucianus Primus n'est pas normal.

Je serrai les poings en repensant à l'exécrable fils du censeur, qui avait mystérieusement disparu de la cité. Je lui avais bien dit qu'il était trop bavard ! A tout parier, ivre, il avait été crier sur les toits que quelqu'un recherchait activement le meurtrier de l'ancien édile et le coupable avait décidé de liquider les témoins gênants.

Lorsque nous atteignîmes la domus des Cinnarii, nous fûmes effectivement surpris par le nombre de personnes qui s'étaient arrêtées. Il faut dire que les deux fils montraient un spectacle insoutenable de douleur, se frappant la poitrine et s'arrachant les cheveux. Parmi les badauds, je reconnus d'ailleurs une personne que je ne m'attendais point du tout à voir, ce qui me fit ouvrir les yeux ronds.

- Ca alors, mais regarde ça, Ulvar ! Que peut bien faire ce paon d'Arius Pontius ici ?

Mais que pouvait bien faire l'édile de Valtaia ici et d'où pouvait-il bien connaître les Cinnarii ? C'était une famille patricienne de moyenne importance comparée aux Sillii, aux Iustii, bien entendu, ainsi que les Sinicii et les Sevinii. Lucianus Primus et moi connaissions un peu l'édile de Valtaia, vu que nous y tenions nos terres vinicoles, mais pas au point de le recevoir à nos cenae tous les seminare.
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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeSam 2 Jan - 18:06

Cela faisait environ neuf mois que j’étais au service de Domina Harmonia et je dois bien avouer que cela se passait plutôt bien. Je n’avais pas à me plaindre quant à ma condition d’esclave car, même affublé de ce titre peu enviable, j’étais bien traité. Il semblerait que j’en ai finit des carrières et ce n’était pas plus mal. J’occupais maintenant un poste de commis de cuisine mais mon activité principale était de garder le jeune Lucianus Minor.

Domina et moi avions eu une très longue conversation après qu’elle m’eu acheté au marché. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est son fils qui m’avait choisie, à la plus grande surprise de sa mère et par-dessus tout de la mienne. Par un regard et un sourire, le petit avait décidé. Il avait scellé quelque chose qui m’avait happé. Je m’étais laissé envoûter et j’étais maintenant le gardien de cette jeunesse.

Cette jeunesse, sise sur mes épaules, qui me tirait les cheveux sous l’excitation de la promenade, agitant son bras en direction des cygnes que sa mère avait repérée.

Doucement Lucianus ! Je finirais chauve avant le dîner à ce rythme !

Je rejoignais ma maîtresse, un sourire aux lèvres, lorsque nous parvient le cris d’Aerona. Elle avait les traits tirés et l’effroi se lisait sur son regard. Je me plaçais au côté d’Harmonia, tournant le dos à la femme qui arrivait pour que l’enfant ne soit pas témoin plus que nécessaire de ce qui allait suivre. C’était également une façon que j’avais de montrer à Domina que je ne m’immisçais pas dans ses affaires tant qu’elle ne le demandait pas. En tournant le dos à la scène, j’indiquais que je n’étais pas à l’écoute.
En revanche, ma réelle première intention était bien d’épargner à Lucianus les tracas des paroles des adultes.

Je me tournais vers Domina lorsqu’elle nous interpella pour nous distribuer nos tâches. Je déposais donc le petit au sol.

Tu as entendus Dominus ? Je te rejoindrais plus tard.

Je suivis alors Domina Harmonia jusqu’à l’endroit de l’étrange nouvelle. Cela grouillait de monde et je n’aimais pas cela. Trop de personnes à surveiller qui pourraient en vouloir à Harmonia. Car, elle me l’avait bien expliqué, plusieurs personnes étaient susceptibles de chercher à attenter à sa vie ainsi qu’à celle de son fils. Raison numéro une de ma présence d’ailleurs.

Je ne saurais te dire Domina ! Je doute qu’il soit ici pour faire la roue. Sans doute que, comme toutes les personnes présentes est-il là pour constater ce spectacle désolant ?

Je m’approchais de ma maîtresse pour ajouter à voix basse à son oreille.

Je trouve que la scène que nous offrent les deux fils sonne faux. Ce n’est pas logique d’ainsi exposer son chagrin au lieu de l’exprimer à côté du corps.

A moins qu’il ne s’agissent encore là d’une pratique ruvienne dont je n’avais pas connaissance…
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Arius Pontius Hortator

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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeMer 6 Jan - 7:59

L'arrivée à Edelmia s'était faite discrètement ou presque. Il était arrivé de nuit, ne voulant pénétrer dans la capitale en grande pompe car il avait quelques entretiens privés qui l'attendaient et qui nécessitaient une certaine discrétion. Néanmoins, Arius savait que les rumeurs se propageaient rapidement, à peine le soleil levé, la présence de l'édile de Valtaia serait connue de tous. Il rencontra ses contacts tard dans la nuit, ce qui ne l'empêchait pas de se lever tôt pour affronter cette nouvelle journée. Il aurait peut-être l'occasion de quelques visites, officielles cette fois, mais pas tout de suite. Puisque ses affaires officieuses étaient terminées, il comptait bien profiter un peu de la cité pour se promener dans les rues, confirmant ainsi les rumeurs sur sa présence en ville.
Il faisait beau aujourd'hui. L’animation habituelle régnait sur la ville, les places marchandes étaient toujours aussi bruyantes, les enfants criaient toujours dans les ruelles de leurs masures et les vendeurs aux étals beuglaient tout autant leurs prises du jour que d’habitude. Rien ne semblait sortir de l’ordinaire alors que pourtant toute une procession d'agglutinait devant la demeure de Gaïus Cinnarius. La raison de cet attroupement n’était pas connue, et nul doute que quiconque s'approchait d'une scène de crime s'ajoutait immanquablement à la liste des suspects. Mais pousser par la curiosité, Arius n'avait pas résisté et il s'était approché. Après tout, escorté d'une poignée de gardes dont les lames acérées tenaient les curieux à distance il ne risquait pas grand chose, et nul ne songerait à accuser l'édile de Valtaia.
C'est alors qu'il remarqua parmi les spectateurs une femme qui le dévisageait avec insistance. Il ne tarda pas à reconnaître Harmonia Iustia, la veuve d'un ancien et cher ami regretté. Il y avait longtemps qu'il ne l'avait vue mais sa vue ravivait dans son cœur de douloureuses plaies. Iustius avait été un bon camarade, bien qu'ils s'étaient perdus de vue les dernières années car ils s'étaient connus plus jeune, avant qu'il n'épouse Harmonia. Il s'approcha tout de même pour saluer la veuve de son regretté ami, remarquant l'homme aux allures barbares qui se trouvait à ses côtés. Étrange.

" Avé, Harmonia. Cela fait si longtemps ! Sais-tu ce qu'il s'est passé ici ? Pourquoi ces gens se morfondent-t-ils ? "

Il regardait étonné les deux frères se donner en spectacle de façon pitoyable. Il en arrivait à la même conclusion que l'esclave, cela sonnait faux. Ces deux hommes avaient sans doute quelque chose à se reprocher.
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Harmonia Iustia

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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeLun 11 Jan - 18:22


J'eus un très léger frisson en sentant le souffle chaud d'Ulvar contre ma nuque, mon coeur s'emballa en respirant sa fragrance boisée d'homme des contrées lointaines. Embarrassée, je m'écartai légèrement, non sans prendre en compte la justesse de ses remarques.

- En effet, les afflictions publiques sont plutôt à donner à la cérémonie de funérailles du mort, répondis-je. Mais tais-toi maintenant, Arius avance droit vers nous...

Chuchotant encore plus bas, je murmurais :

"Il faut absolument que nous trouvions un moyen d'approcher le corps. S'il s'agit d'un empoisonnement, tu le sauras en le voyant, n'est-ce pas ?"

Sur ces paroles, je m'avançai vers l'édile de Valtaïa qui me hélait.

" Avé, Harmonia. Cela fait si longtemps ! Sais-tu ce qu'il s'est passé ici ? Pourquoi ces gens se morfondent-t-ils ? "

"Bonjour à toi Arius, il est vrai que cela fait longtemps depuis la dernière fois que nous nous sommes vus."

Je désignai d'un signe de tête la domus devant laquelle se déroulaient la scène :

"C'est la maison de Gaïus Cinnarius Lupus, le patricien marchand d'étoffes. Apparement, ses fils viennent de le trouver mort. C'était pourtant un homme dans la fleur de l'âge. N'es-tu point d'accord qu'il doive y avoir quelque mystère là-dessous ?"

Je baissai la voix pour ajouter :

"Scarius Cinnarius, le fils aîné, n'est pas un exemple de probité. A vrai dire, c'est même quelqu'un de violent. Il a mis le feu à une taverne dans le passé pour ruiner un aubergiste qui l'avait selon lui offensé. Je le sais car mon époux l'a obligé à dédommager ce malheureux plébéien. Cela a fait du bruit. Imaginons qu'il se soit querellé avec son père, qui sait ce qu'il aurait été capable de faire."

Forcément, mes premiers soupçons se portaient sur Scarius. Cependant, avait-il réellement suffisament de finesse et d'intelligence pour empoisonner son propre père ? Ne l'aurait-il pas plutôt fait égorger et jeter dans le fleuve par un esclave ? En tous les cas, la mort naturelle était sûrement à exclure, et Ulvar me le confirmerait si nous arrivions près du corps. En attendant, je n'avais pas d'autre choix que de laisser Arius s'en mêler et rester en retrait. Après tout, officiellement, je n'étais qu'une femme et ce n'était pas mon rôle de mener des enquêtes.
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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeMar 12 Jan - 10:43

Domina s’écarta légèrement de moi après que j’eu chuchoté mon analyse. Elle confirma mes doutes avant de me dire de me taire. En effet, l’édile mentionné par Harmonia approchait. Je ne l’avais personnellement jamais vu, mais il semblait que tous deux se soient bien connu par le passé.

Cela dit, je perçu les paroles soufflées par la mère de Lucianus. La question qu’elle me posait me fit arquer un sourcil et je m’empressais de répondre avant que d’indiscrètes oreilles n’approchent de trop.

Tout dépend du poison Domina. S’il s’agit de ce que vous appelez muguet, cela sera invisible, cela provoque des arrêts cardiaques. En revanche, s’il s’agit de ciguë, une abondante écume blanche se sera formée aux lèvres de la victime.

J’eu tout juste le temps de finir ma phrase que l’homme arriva et saluait Domina en me lorgnant d’un œil indifférent.
Je reculais donc d’un pas pour leur laisser autant d’intimité que possible et me cantonnant à mon rôle de servile accompagnateur. Harmonia s’avança vers lui et ils échangèrent sur la situation. Ils se connaissaient bel et bien de longue date.
J’étais embarrassé de la situation. Il semblait que Domina attende beaucoup de mes capacités relatives aux plantes. J’avais certes appris beaucoup auprès de ma mère, mais c’était vieux. Par ailleurs, nous n’usions pas forcément des plantes de la même façon, comme je l’avais déjà constaté par le passé. Il me semble qu’ici, les poisons sont bien plus concentrés, les effets souvent plus violents.
J’espérais dès lors être en mesure d’aider Harmonia. Si je suivais son raisonnement, le premier coupable potentiel était le plus costaud des deux fils. La réputation de ce dernier le précédait, disant qu’il avait dans les bras ce qu’il lui manquait dans la tête.

Je gardais un œil sur l’homme qui nous avait rejoins tout en hochant la tête aux paroles de Domina. Scarius était incapable d’établir un tel plan. Il se serait contenté de broyer la gorge de son père. Cela aussi serait visible si l’on parvenait à s’approcher.
Dans tous les cas, il fallait approcher.
Alors je m’éclipsais en direction de la scène, jouant des coudes avec douceur. Je m’arrêtais suffisamment loin du corps pour ne pas violer l’espace privé du clan, mais assez près pour être vu. Je dû crier pour attirer l’attention.

Dominus ! Je peux vous aider à soustraire le défunt à la vue de cette horde assoiffée.

Je réduisis la distance en faisant quelques pas, mains visibles en signe de soumission polie.

Souhaitez-vous que je le ramène à l’intérieur ?

Je n’avais pas attendu l’ordre de Domina, espérant qu’elle ne m’en tiendrait pas rigueur. J’attendais maintenant l’aval des fils pour approcher davantage. Sans cela, ce serait risquer de mettre Domina dans l’embarras.
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Arius Pontius Hortator

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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeVen 22 Jan - 7:29

Arius trouvait étrange qu'Harmonia soupçonne aussi vite le fils du défunt. Après tout le pauvre homme avait peut-être fait des erreurs par le passé mais il venait de perdre son père. Entre l'attaque d'un bête aubergiste et un parricide, il y a un fossé béant encore plus large que les eaux de la Mare Tenebris. Harmonia devait avoir envie de jouer les détectives pour assouvire sa curiosité féminine mais pour l'instant Arius n'était pas convaincu par ses talents, à moins qu'elle n'aie accès à d'autres informations qui rendent son hypothèse crédible. Certes les deux frères exprimaient leur chagrin un peu trop bruyament devant la foule, ce qu'Arius trouvait suspect... Mais ça ne les rendait pas coupable. Il s'approcha de la veuve de Lucianus Iustus et lui murmura à l'oreille :

- Nous ne devrions pas accabler ce pauvre homme, il vient de perdre son père. A moins que tu sache des choses qui pourraient intéresser les autorités ?

Arius n'avait aucun pouvoir à Edelmia, il était ici comme tout citoyen ordinaire. Si ce crime abject avait été commis dans sa ville, il aurait déjà ordonné une enquête. Mais il ne tenait pas à marcher sur les plates bandes de ses homologues.
A sa grande surprise tout à coup, l'esclave d'Harmonia s'éclipsa parmi la foule pour rejoindre les deux frères. Arius le suivit des yeux d'un air méfiant, qu'allait-il faire ? Il allait de surprise en surprise. Il ne faisait que proposer son aide aux deux frères pour ramener le corps à l'intérieur mais ce n'était pas habituel de voir un esclave prendre cette initiative, après tout Harmonia ne lui avait pas donné l'ordre.

- Ton esclave me paraît indiscipliné. Lui donne-tu le fouet de temps à autre ?
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Harmonia Iustia

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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeLun 15 Fév - 10:34

Ulvar n'avait pas été long à réagir lorsque je lui avais fait part de mes soupçons. Lui-même trouvait après tout l'attitude des deux fils Cinarii suspecte.
Malheureusement, nous en avions tous les deux oublié certains codes sociaux dans notre précipitation, à savoir qu'un esclave ne peut point prendre d'initiative. Aussi Arius n'avait-il pu s'empêcher de persifler. Cependant, je n'étais jamais à court de répartie.

- Allons donc, Arius ! Je te trouve bien prompt ! Etre sévère, oui, mais point de trop. Le philosophe Soton ne nous encourageait-il pas à être "bon envers toute créature, dotée ou non de raison, car elles sont aussi créations des dieux" ? C'est servir les dieux que d'être juste avec les faibles et les esclaves, surtout lorsque c'est la compassion qui les fait agir. Mon Ulvar est un brave chien fidèle et doux, et je l'ai éduqué à venir en aide à autrui lorsqu'il en a besoin. En ce qui concerne Scarrius, rien de plus que ce que je viens de te dire, en effet. Il est vrai qu'une seule erreur dans la vie d'un homme ne suffit point à en faire un coupable... Mais il est vrai que je m'interroge, car il semble que l'on meurt beaucoup en ce moment...

Pendant ce temps, la proposition d'Ulvar ne sembla pas plus gêner que cela Scarius Cinnarius qui m'offrit son sourire le plus hypocrite à travers ses larmes en m'aperçevant.

- Ah, Harmonia Alexandria Iustia, ta compassion nous réchauffe le coeur. Très aimable à toi de nous dépêcher ton esclave. Il est vrai qu'il a l'air fort, le bougre !

Je m'approchai de lui et lui rendit un sourire empli d'une fausse compassion.

- Sois sûr que nous soyons désolés du malheur qui vous frappe, en dépit du passif que tu as eu avec feu mon époux. Puisse Kuo accorder repos à ton père.

Tandis qu'Ulvar et un autre esclave de la maison Cinnarii s'affairaient, accompagnés des deux frères, je continuai d'entretenir l'édile.

- L'autre jour, au théâtre, un comédien s'est effondré empoisonné et le coupable court toujours. On s'est donné beaucoup de mal pour supprimer un baladin frappé de l'infamia. Et entretemps, il y a aussi eu cette affaire de l'enlèvement de la jeune Honoria Sicinia et la disparition du fils du censeur, Titus Sevinius Merula. Je ne saurais dire si tous ces événements sont liés ou non, mais en tous les cas, j'ai le sentiment qu'il se passe des choses étranges ici.
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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeLun 15 Fév - 15:46

Je fus accueilli par des regards suspicieux et, après s’être concerté du regard, le plus grand des frères me fit un signe.
Je m’approchais donc avant d’incliner respectueusement la tête. Je m’agenouillais à côté du corps et mis à profit les quelques secondes dont je disposais.
Aux lèvres du vieil homme, une bave blanchâtre avait séchée plus ou moins. Des effluves douceâtres en montaient, amenant comme une odeur de pourriture. Je levais le regard au ciel en marmonnant des mots incompréhensibles, à l’image d’un esclave barbare implorant un quelconque dieu païen de la mort. J’embrassais les doigts de ma main droite avant de les déposer sur les lèvres du défunt, les y frottant discrètement. Je ramenais ensuite la main vers ma bouche et mimais d’y apposer un nouveau baiser, en vérité je reniflais l’odeur de l’écume, avant de déposer de nouveau les doigts sur son front.

J’eu toutes les peines du monde à ne pas laisser échapper un haut-le-cœur. Le plus jeune frère venait d’appeler un de ses esclaves et, avec l’aide de ce dernier, nous soulevâmes délicatement le corps inerte pour le porter en un lieu plus propice à honorer un mort. Je profitais de notre trajet pour jeter quelques regards à gauche et à droite. Le cadavre n’était pas lourd et je portais l’essentiel de son poids. L’autre homme, finalement, ne servait qu’à le porter dignement.
Les deux frères nous suivirent et ne semblèrent pas remarquer mes regards. Après tout, ils étaient triste et avaient la mine basse, ou du moins en donnaient l’air.

Une fois le vieil homme déposé sur un lit, je m’inclinais de nouveau face à lui en un ultime salut. Dans un geste tendre, je frottais ma manche sur les lèvres du vieux père pour les nettoyer et posais doucement ses bras le long de son corps. Après avoir demandé au plus âgé des frères s’ils avaient encore besoin de moi, je pris congé et retournais auprès de Domina. Sagement, je viens me placer derrière elle, en parfait domestique. Je conservais la main et la manche souillée dans mon dos et posais l’autre main sur son épaule avant de me pencher à son oreille.

Son doux parfum me prit doucement les narines après l’agression de l’odeur du fluide buccale. Une légère bourrasque envoya danser quelques mèches de la femme sur mon visage et je dû secouer la tête.

Domina, il y a bien eu empoisonnement !


Je portais ma manche à proximité de son nez avant de poursuivre.

Le défunt avait de la bave aux lèvres que j’ai essuyées. Sens mais rapidement. Pour moi c’est de de la Mortenoire, tu trouves cette odeur de pourriture ? C’est un poison violent, même à petite dose. Il génère de terribles crampes musculaires et va jusqu’à arrêter le cœur. L’agonie dure en revanche de très longues minutes qui sont atrocement douloureuses. Le vieil homme a eu là une mort…

J’approchais un peu plus les lèvres de son oreille et m’exprimais d’une voix grave.

Pour être parfaitement clair Domina, je ne souhaite cette mort à personne, pas même à ceux qui m’ont arraché à mon peuple.
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MessageSujet: Re: En travers du gosier [Ulvar et Arius]   En travers du gosier [Ulvar et Arius] I_icon_minitimeDim 4 Avr - 13:58


La déclaration de l'esclave de la matrone plongea le trio dans un mutisme profond. On aurait presque pu entendre les neurones s'agiter sous les chevelures de deux ruviens. Devant eux, le corps blafard fut couvert d'un linceul tandis qu'un prêtre de Paa alluma un encensoir qu'il se mit à faire vaciller au bout de sa chaîne. Le fils Cinnarius, désormais pater familias s'éloigna des trois curieux en baissant un regard attristé vers la cérémonie improvisé qui veillerait à ce que l'âme de son père rejoignit les Manes de Kuo. Il chuchota quelques mots à un esclave qui se dirigea finalement vers Harmonia et ses deux compères, avant de déclarer, la mine grave.

Dominus vous demande de partir. Vous pourrez venir accorder vos respects à son défunt père d'ici demain.

Le ton était ferme sans céder à un excès d'autorité, impardonnable pour un esclave s'adressant à de prestigieux citoyens. L'Edile de Valtaia fut le premier à sortir, bientôt suivi par Harmonia et Ulvar. Arius serrait les dents et quelques gouttes avaient commencés à perler sur son front. Ils fendirent la foule de curieux qui gonflait à mesure que les théories de chacun étaient établi. Certains parlaient de la vie d'excès de Lupus, d'autres avançèrent son âge, d'autres encore soupçonnèrent un meurtre perpétré par un curiate rival. Cette dernière thèse sembla remporter plus de succès alors que des noms fusaient parmi les détectives de marché qui devisaient avec un voyeurisme déplacé. Sevinius, Tullius, Rodus, Firmius, tous y passèrent et chacun trouva des partisans qui hochèrent la tête à l'évocation de tel ou tel patronyme.

Le trio s'extirpa de la foule et l'Edile se tourna vers ses compagnons en grimaçant. Son front était devenu luisant de sueur et ses cheveux collaient son front. Il avait commencé à secouer sa main et à masser son avant-bras avec hargne. Ses sourcils froncés, il lorgna vers l'esclave, ressassant les paroles qu'il avait prononcé un peu plus tôt, quand aux effets du poison. Des crampes, des engourdissements, le genre de choses qui saisissaient son bras depuis quelques minutes. Lentement, la sensation de tétanie s'insinuait le long de son bras et ce fut au tour de sa cuisse de se mettre à trésaillir sous l'effet d'une crampe. Il se tourna vers Harmonia. Ses yeux cherchèrent à croiser le regard de la patricienne qui conitnuait à regarder par-dessus son épaule la domus du défunt Lupus. Il fit un pas en avant et voulut engager de nouveau la conversation mais c'est au mollet cette fois que la douleur le prit. Il bascula en avant, tenant de se rattraper comme il put à la fontaine qui décorait le carrefour, en vain. Sa tête heurta la pierre, faisant couler le sang qui se mêlait à la sueur sur son visage.

Ses doigts se crispèrent sur les pavés et ses yeux passaient de gauche à droite en cherchant un responsable à ce qui lui arrivait. Sa respiration s'accéléra et on put lire la panique dans le regard sombre du valtaien. Ulvar se précipita vers le ruvien et porta sa main à une petite sacoche qui battait contre son flanc. Une rumeur naquit dans le dos de la matrone, alors que les badauds remarquaient la déconvenue d'Arius. L'esclave passa une main sous la nuque du ruvien, attirant son regard à lui. D'un oeil expert, il inspecta la plaie qui courait le long du front d'Arius. Malgré l'image impressionnante du sang qui tombait en masque sur le visage de l'Edile, la blessure était superficielle. Ce qui l'inquiéta bien plus, était l'odeur si caractéristiue qui s'échappait de la bouche du ruvien à chacune de ses expirations paniquées. Il tourna son regard vers Harmonia avant de hocher la tête et de dire à mi-voix.

Domina ... Lui aussi.

La ruvienne eut un hoquet de surprise et porta la main à ses lèvres, choquée l'espace d'un instant. Puis la détermination revint et alors qu'elle fronçait les sourcils, elle ordonna à son esclave de faire quelque chose. La bave commençait à converger sous forme de mousse épaisse à la commissure des lèvres de l'Edile. Les licteurs de l'Edile repoussèrent les curieux, se sentant impuissants à faire quoique ce soit de plus utile.

Connais-tu l'antidote ?

Ulvar observa sa mâitresse, l'air navré puis ses traits se détendirent alors que la solution jaillissait dans son esprit. Il héla un des licteurs.

Toi ! Il faut emmener l'Edile chez un medicus immédiatement ! Demande à ce qu'on lui donne de la gentiane et de la fumaria. Il a été empoisonné à la Mortenoire.

L'homme en arme observa l'esclave d'un air interrogatif avant de tourner son regard vers Harmonia. Cette dernière ne retint pas un ton cinglant et légèrement teinté d'inquiétude.

Es-tu sourd ? Si tu veux le sauver, fais ce qu'il t'a dit.

Le licteur donna une tape sur l'épaule de son camarade avant de se pencher vers le corps trempé et ensanglanté de leur maître et l'emmenèrent au pas de course vers le bas de la rue. Ils s'engouffrèrent sous une poterne au-dessus de laquelle trônait l'enseigne d'un apothicaire. On ne revit plus le valtaien apparaître dans la capitale d'Oncmelia Minor depuis.
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