Nom/Prénom : Ottavia Acilia Caelia, dite Tenera, "la tendre"
Âge/ Date de naissance : 30 ans, née à l'aube de la Prima Nix de l'an 369 Sexe : Féminin Faction : Oncmelia Minor Liens notables :
- Publius Acilius Ravilla, père et tribun consulaire (PnJ) - Firmina Albina Acilia, mère (PnJ) - Decimus Acilius Major, frère aîné - Titus Acilius Tertius, frère cadet (PnJ) - Livia Acilia, soeur cadette
- Lucius Sevinius Galba
Fonction : Première fille de la maison Acilius, Domina des Acilii, Veuve de Paullus Caelius
HISTOIRE
9eme jour de Tertia Nix {année Impériale 399}
Comme le suggéraient les quelques empreintes laissées par les téméraires chariots s'étant aventurés sur les chemins prolongeant les voies pavées ; l'hiver touchait enfin à son terme. La vie, faune, flore, mais aussi activités humaines, s'éveillaient doucement d'un bien long sommeil. Oh, non pas que l'ère du redouté Nix soit propice à une interruption totale de l'existence, mais en effet, l'usage Oncmélien incitait les habitants de la province à ne guère trop défier la rudesse hivernale. La mi-Tertia augurait lentement le renouveau incarné par Seminare. Le fin manteau blanc des basses neiges achevait de se dissiper quant au contact d'un air plus humide toute forme de glace se muait en onde. Durant cette période, Ottavia demeurait généralement en la Domus de Pasithéa, que l'indulgent climat côtier préservait de la rigueur des terres de l'Est. Valtaia se faisait l'écrin des patriciens de toutes horizons, le Joyau d'Oncmélie devenant alors protectrice d'un trésor de quiétude. Quant les brouillards cessaient enfin d'encombrer le paysage opalin, la citoyenne prenait la route depuis les rivages de la Mare Tenebris vers le domaine agricole des Acilii, par delà l'enceinte d'Edelmia, à l'ombre naissante des cimes australes. Comme à chacune de ses visites en la Villa, Antonia, l'ancilla de la maisonnée, la menait aussitôt arrivée à la plus éloignée des chambres de la propriété. Là, à l'abri des regards indiscrets ou autre hôte inopportun et loin du terrible écho des mondanités et de leur venin logeait Firmina Albina Acilia, épouse du tribun consulaire d'Oncmélie Mineure. Assise sur le lit lui servant d'univers depuis de nombreuses années, celle que les plus fielleux et bien informés désignaient comme la Demensa faisait face à la petite lucarne donnant sur les vergers encore endormis. Sans un mot, Tenera se glissa sous le pan de tissu que retenait la vieille servante en tremblotant. Le contact de sa paume contre l'épaule de sa parente se fit particulièrement serein, lui livrant en une presque imperceptible caresse toute la tendresse qu'elle lui inspirait. La pièce se drapa d'une douce chaleur tandis que résonnait la petite voix d'Epicharis, plus loin dans la maison. « Ottavia, le Dominus est là. » L'avertissement n'avait rien d'étrange, le puissant politicien avait également dû profiter de la clémence de la fin de saison pour cheminer vers ses pénates champêtres. Tout comme sa prime héritière, Publius Ravilla se rendait aussi souvent qu'il lui était possible en sa villa rustica. « Dois-je te mener à lui, Domina? » Reprit l'adolescente en passant son plaisant minois par delà la tenture sombre. Pour toute réponse, l'Acilia se redressa en un soupir un peu agaçé. Comme à l'accoutumée, le Duumvir était accompagné de l'être le talonnant plus près encore que son ombre. Il était rarissime de voir le ministrus Paulon sans son maître, et inversement. Il inclina courtoisement la tête quand la silhouette nivéene de la jeune femme pénétra l'alea, suivie de la chétive Epicharis. « Ma fille, je suis heureux de te revoir. » Lâcha enfin l'homme aux yeux de feu après un bénin silence de circonstance. « Je savais que je te trouverai en ces lieux. » La contrariété d'avoir abandonné hâtivement la cubicula n'avait point quitté son visage, d'ailleurs, elle ne faisait guère en sorte de dissimuler son déplaisir. « Suis-je si prévisible, Père ? Ou ai-je encore quelques habiletés de te surprendre ... » Répliqua sèchement la flavescente en s'approchant pour baiser la joue de son géniteur. Il se laissa aller à un rictus moins pincé que son masque habituel. « Je dois l'admettre, ton fameux caractère m'avait manqué. J'omets parfois combien tu peux être exquise avec les tiens, Ottavia. Allons, as-tu fais bonne route depuis Valtaia ? » Poursuivit Publius, sans plus relever le don de politesse de sa cadette ni vraiment lui donner le temps de répondre. « Que dirais-tu de partager une timbale d'un de ces délicieux mulsum ? » Lui proposa le tribun en l'invitant à prendre place sur une des solia occupant l'œcus. « Epicharis, va donc nous chercher une amphore du meilleur cru que nous possédons ici. » La jeune disparu aussitôt tandis qu'Ottavia ajustait le drapé de sa stola en s’asseyant. « Comment refuser une si aimable proposition. » Maugréa t-elle en soutenant le regard fauve de Ravilla. Si les minauderies et autres simagrées faisaient partie intégrante de son rôle dans la société Ruvienne, l'orateur était plus distingué pour sa fermeté et sa maestria d’opiniâtreté. Aussi affable pouvait-il être avec sa progéniture, tant de manières ne lui ressemblaient guère. Du moins … sans visée. « Et que me vaut l'honneur de ta présence, Père ? J'arrive à peine en notre domaine après avoir sillonné la province depuis la grève, et voilà que tu sembles avoir pris tes quartiers ici, toi que la Curie n'a de cesse de réclamer chaque jour qu'Aurin daigne nous dévoiler. Je te connais, tu n'es pas ici par une heureuse coïncidence. » Reprit-elle sans fard. « Que me veux-tu ? » Le Ruvien s'apprêtait à réagir quant un glapissement profond vint s'immiscer dans le fil de leur échanges, l'interrompant tout à fait. A la pénombre de son refuge, l'Albina ne lui était pourtant pas apparue plus souffrante, ni même particulièrement égarée comme à ces moments épars où elle retrouvait ses esprits dans la nébuleuse que Kohta avait fait s'épanouir autour de sa conscience. « Je crains que ta mère ne nous accorde son dernier printemps, Ottavia. » Sa voix rauque oscilla légèrement. « Quand Antonia m'a fait parvenir des nouvelles de Firmina, je suis venu dès que possible. Tu l'as trouvée dans un de ces bons jours, mais le mal qui la ronge aura bientôt raison de son existence … Tu sais déjà cela, aucun médecin Impérial, ni guérisseur barbare n'a pu endiguer ses maux, tout au plus soulager quelques uns de ses tourments. Il ne reste que des fibres ténues au fil de son destin, plus que jamais, j'ai besoin de toi à mes côtés. » Tenera remua nerveusement sur son siège. Son aïeux lui faisait là un fort triste aveu, dont elle avait parfaitement connaissance en son fort intérieur. Un flot de souvenirs remontant à son enfance la submergea, quant la maladie ne s'était point encore invitée chez les Acilii et que la petite Livia accompagnait de sa précieuse présence la maisonnée. L'esclave réapparu alors avec une jarre de terre cuite et un trio de godets, la ramenant à la réalité. « Je...Heu... Père, je suis et serai là. Nous affronterons les chagrins à venir ensemble, nous nous soutiendrons dans les épreuves qui nous attendent, comme nous l'avons toujours fais, tu le sais. » Soupira la demoiselle dorée en escortant ses paroles d'une pression discrète sur la poigne de son patriarche. A quoi bon le rassurer sur des évidences ? Commençait-il lui aussi à perdre la raison .. ? Sa servante versa le contenu liquoreux de la cruche avant de proposer à chacun sa ration d'élixir. « On m'a fait parvenir ceci. » Paulon lui tendit le vélin chiffonné qu'il suppliciait depuis leur rencontre. Prestement, Ottavia le déplia et parcouru les quelques lignes finement esquissées, pour offrir à Publius sa moue la plus circonspecte. « Oui,... Et ? » Trancha froidement la jeune veuve. L'Honoratum sirota un instant sa boisson. « Ce patricien a t-il un rapport avec ... Avec... » Il hésita. « Avec ..Ce que tu sais ? ... » « Non. » Mentit aussitôt la Tendre. Il était vrai que de nombreux légionnaires en permission dans la région de Valtaia avaient pu trouver refuge en sa demeure, après la disparition de Caelius. Oui, cela l'avait fréquemment menée à se révéler telle qu'Aïka l'avait conçue et sans autre fioriture. Non, cela, son père n'avait à le savoir, du moins, confirmé de ses propres lippes. « Je ne comprends pas ce qui t'inquiète. Tu es tout à fait en mesure d'en décider pour moi. Si je puis te donner ma pensée cependant... Alors que les chairs de Paullus lui collent encore aux os …. » « Laisse donc ce cher Caesula là où il est, à côtoyer les racines et le royaume de Kuo. » S'amusa t-il en achevant de vider sa coupe et signifier à Epicharis de le servir à nouveau. Sur ce point là, la belle ne pouvait que rejoindre son avis. Cette union d'amour véritable que le patriarche avait consenti à offrir à sa première fille, il n'y l'avait jamais vraiment adhéré, le crépuscule de leur histoire lui avait donné raison. « Je sais la sagacité dont tu peux faire preuve. Il est des choses que tu peux convenir par toi même, comme... des noces. Cela fait plusieurs lunes que tu es douairière, et une douairière proposant un intérêt certain. Te trouver un parti n'aurait rien de particulièrement ardu, non, mais de là à accepter la requête de cet Aulus Maercius ! Oui, j'ai besoin de toi Ottavia, j'ai besoin de toi et de la Domina que tu incarnes pour les Acilii. Mais j'ai également besoin de toi et de tout l'esprit dont je t'ai pourvu car nous sommes aux prémices d'une ère nouvelle ... » Ravilla se saisit du récipient destiné à sa descendance et lui flanqua dans une de ses mains. « L'Empereur a nommé un nouveau Procurator. Cela s'est fait promptement, comme toutes les décisions ayant ce degré d'importance, et s'il ne chemine point déjà vers l'Oncmélie alors je n'ai jamais présidé la Curie. Ruvia nous envoie du sang neuf, Seminare s'éveille et l'hiver du nord se termine. Les choses s'apprêtent à changer. Allons Ottavia, trinquons ! »