Sur la colline... [Libre]

Le 20eme jour de Primo Seminare 399

Si rares étaient ces instants de paix et de liberté, ces moments durant lesquels elle pouvait se promener à loisirs, oubliant quelque temps ses responsabilités, comme n'importe quelle jeune femme. Si Virginia avait fort à faire pour assurer la prospérité des Vipsanii, elle n'oubliait pas non plus ses devoirs à l'égard des dieux, mais ses fréquentes escapades vers l'Aedes Valtai étaient aussi un moyen pour elle de se retrouver elle-même.
Elle y allait souvent les bras chargés de paniers d'offrandes, des fleurs et de l'encens qu'elle destinait aux dieux en haut de la colline. Elle la gravissait à pied et tout au long de la promenade, Virginia pouvait laisser libre court à ses pensées. C'était des moments passés hors du temps, loin de son mari et de ses responsabilités qui lui permettaient de se ressourcer et de reprendre les forces nécessaires pour les affronter une fois redescendue.

Virginia était donc partie au petit matin et profitait du panorama en solitaire. Sous les rayons pâles du soleil printanier scintillait la baie en contrebas, qui se parait de milles reflets pour le plus grand plaisir de la jeune femme.

Profitant de la fraicheur, Virginia sentait le vent gonflait ses longs cheveux lâchés sur ses épaules. Le nez levé vers le ciel, elle souriait. Le vent taquin s'engouffrait dans ses manches et s'aventurait gaillardemment sous sa tenue. Elle ne portait qu'une tunique blanche toute simple, et elle frissonnait légèrement mais elle était habituée à la fraîcheur. Hormis le murmure du vent, rien ne perturbait la quiétude des lieux. La brise soufflait autour d'elle, formant la mélodie. Différentes races d'oiseaux chantaient, combinant toutes leurs tessitures pour créer une chorale enchanteresse. Même les feuilles des arbres plantés entre les petits autels dédiaient leurs chutes à un ballet ravissant.

Comme elle arrivait au sommet, la jeune femme aperçut une silhouette. Avec prudence, elle se rapprocha. Une mauvaise rencontre détonnerait avec l'ambiance sereine, mais elle préférait rester méfiante pour s'éviter de fâcheuses surprises.

Marcus était arrivé à Valtaia la veille en provenance d'Edelmia. Il s'était rendu directement chez ses parents pour profiter un peu de leur présence et aussi - surtout - de la bonne cuisine de sa mère ! Sur la route depuis 2 ou 3 jours, et même si quelques auberges n'avait pas été si mauvaises que cela, rien ne pouvait dépasser la cuisine de la "mama", n'est-ce pas ? Au dîner, la conversation avait abordé, un moment, le sujet de la religion, des Dieux et du manque de piété de leur fils unique.

"Mais, voyons, je suis tous les jours sur la route. Comment voulez-vous...
- Ce n'est pas une raison ! Il y a mille endroits pour prier sur les routes... et en plus tu viens de nous dire que tu étais resté cinq ou six jours à Edelmia. N'ont-ils pas de temples à Edelmia ?! Demain matin, à l'aube, tu montras à Aedes Valtai et tu prieras les Dieux d'être clément envers toi, de te pardonner ton dilettantisme !
- Allez...
- Il n'y a pas de "Allez". Tu iras.
- Rhooo..."

C'est avec conviction, donc - tiré du lit par sa mère - que le lendemain matin, le fils prodigue se rendit sur le petit sentier qui montait vers les "cieux" de Valtaia. Il observa avec un intérêt léger les statues des filles de Valta qu'il y croisait... sans pouvoir s'empêcher de penser à Caudia et Honoria, deux jeunes femmes qui, chacune à sa manière, l'avait marqué ces derniers temps. Il n'était pas sûr de ce que ces histoires deviendraient. Mais, bizarrement, il se sentait bien, serein, rasséréné par la présence des déesses de pierre à ses côtés et, arrivant enfin au sommet, il profita de la quiétude du lieu pour se tourner vers la mer et admirer les flots scintillants qui, à ses pieds, semblaient lui murmurer "viens viens !"

Piquer une tête dans la grande bleue semblaient une bonne idée. Mais il attendrait l'après-midi pour cela. Et encore... En ce début de Seminare, la mer était encore bien fraîche. Et puis, il avait quand même du pain sur la planche. Même si les derniers mois avaient été plutôt faste au niveau des ventes, il n'était pas Crésus !

Un bruit le sortit de ses pensées. Des pas, derrière lui... Une mauvaise rencontre détonnerait avec l'ambiance sereine, mais il préférait rester méfiant, aussi s'assura-t-il de la présence de sa dague à sa ceinture avant de se retourner vers celui qui venait perturber sa méditation transcendantale.

"Bonjour... Tu m'as fait peur ! Je... excuse-moi. Je m'appelle Marcus Cartae."

Étonnant de voir comme le volubile marchand bafouillait à présent qu'il était pris de court. Il prit une longue inspiration, se détendit et recommença :
"Que disais-je ? Marcus Cartae, marchand en pèlerinage au sommet de la colline. Quel bel endroit, n'est-ce pas ? Quel beau temps ! On pourrait passer la journée ici à admirer chaque détail de ce formidable panorama. C'est si apaisant, ce lieu... loin de l'agitation de la cité. Ah ! Parfait. Simplement parfait. Parfaitement parfait. A qui ai-je l'honneur ?"

Cela allait mieux à présent. Il avait recouvré ses réflexes de beau parleur. Et même s'il n'avait rien à vendre, il était aussi souriant que sur les marchés d'Oncmelia et d'ailleurs... surtout que sa "cliente" était d'une beauté loin d'être banale ou anodine. Ses cheveux détachés, dans la brise d'altitude, conféraient à sa personne un charme légèrement sauvage qui tranchait agréablement avec cette sorte de retenue qu'il lui sembla percevoir chez elle.

Virginia sourit pendant que l'inconnu se présentait avec un flot de paroles. Apparemment, elle avait fait peur à cet homme. Elle arrangea sa robe et sourit en le regardant. Elle était donc si impressionnante ? Pourtant elle était toute frêle comparée à lui, même s'il n'était pas taillé comme un légionnaire. Elle le détailla avec curiosité, il n'était pas si grand que ça mais sa barbe lui donnait un air faussement sauvage. Il était plutôt bel homme et Virginia devinait qu'il en profitait sûrement, surtout pour un tel moulin à paroles.

- Enchantée Marcus. Je m'appelle Virginia, et je suis moi aussi venue rendre honneur aux dieux sur la colline.

Contrairement au marchand, Virginia n'avait révélé ni son nom de famille ni son métier. Un peu par prudence, un peu aussi pour garder une part de mystère. En bas de la colline, elle était Virginia Vipsania l'Affranchie, l'épouse de Spurius l'Absent. Les commerçants de Valtaia la connaissaient comme une femme dure, parce que le monde l'avait endurcie et qu'il fallait bien ça pour une femme faisant le commerce d'argent, surtout une ancienne esclave. Dans un monde de loups, elle avait du devenir louve. Pour une fois, elle voulait juste être Virginia.

- Bel endroit, en effet. La température est encore douce. Quand viendra Aestas, gravir le sentier sous le cagnard sera plus pénible.

Elle s'appelait Virginia. C'était un prénom agréable à l'oreille.

"Enchanté, Virginia..." répondit-il.

Elle lui parla du but de sa venue... anticipant sur celui du marchand.

"Vois-tu, je suis surtout venu pour faire plaisir à mes parents ! Tu sais ce que c'est... Ils te voient, ça fait longtemps que tu ne les as pas vu, ils s'inquiètent pour toi, ils s'en remettent aux Dieux, et te demandent d'aller les prier, car tu ne pries pas assez, tu es jeune, tu es beau - ou belle - tu crois que tu as ton destin entre tes mains et que rien ne pourra jamais t'arriver ! Et c'est là qu'en général BIM il t'arrive un problème. N'est-ce pas ?"

Le marchand était souriant. Il aimait l'air qui l'entourait, l'atmosphère matinale, la rencontre avec cette jeune femme en tunique blanche - tunique qui éblouissait ses yeux clairs. Lui n'était pas habillé de couleur si claires. Il portait rarement des couleurs claires, d'ailleurs. Il aimait le noir, le brun, voire le bleu marine, les jours de gaieté. Il trouvait que ça "en imposait" et, ainsi, pour que sa marchandise soit prise au sérieux, appréciée à sa juste valeur et achetée à bon prix, il fallait incarner cette image de droiture, de puissance et de loyauté.

Ce matin, il portait une stola brune et un pallium noir.

"Tu es d'ici ? Ton visage me dit quelque chose... Je suis de temps en temps sur le marché de Nisaéa... Je vends des tissus, des bijoux... Ça ne te dit rien ? Il y aussi des armes pour ces messieurs, de la coutellerie également..."

Mais surtout...

"Je ne te dérange pas avec mes bavardages ? On me dit souvent "Marcus, arrête de parler, emballe ton tissus, prends la monnaie et laisse moi partir, j'ai à faire !" ou juste "Vil bavard, tu n't'arrêtes donc jamais !" ce qui est faux, je suis souvent discret, voire secret, voire silencieux, mais cette matinée me met en joie, c'est vrai ! Tu viens souvent ici, profiter du lever de soleil, du paysage ou de la tranquillité du lieu (certes un peu moins tranquille avec moi mais il faut c'qu'il faut, c'est c'que ma mère dit souvent !)"

Mots qui ne s'appliquait pas vraiment ici, mais si elle lui demandait des précisions sur leur sens dans cette situation, il n'aurait aucun mal à trouver un bonne réponse à lui fournir. Il n'étais jamais à court de répartie - ou presque.

Mais comment faisait-il pour parler autant ? C'était un mystère. Virginia devait s'accrocher pour ne pas perdre le fil de la conversation du jeune homme, enfin si on pouvait appeler ça une conversation parce qu'il la faisait un peu tout seul... pourtant, Virginia ne perdait aucun détail. Même si ça n'avait pas vraiment d'importance, elle était habituée à retenir tout ce que les gens pouvaient lui révéléer d'eux-mêmes, parce que ça lui avait souvent été utile par le passé, et ça l'était encore aujourd'hui. Une argentière doit connaître les moeurs de tous ses potentiels clients pour savoir s'ils seront fiables ou non. En quelques minutes elle avait apprit que Marcus n'était pas un homme très pieux puisqu'il allait seulement prier par obligation et par précaution, il voyait ça comme une corvée qu'il ne devait visiblement pas accomplir très souvent. Et il croyait que les couteaux étaient l'apanage des hommes. Cette pensée la fit sourire mais elle garda ses pensées pour elle-même. En revanche elle ne put s'empêcher d'éclater de rire, d'un grand rire cristallin, quand il lui demanda s'il n'était pas un peu trop bavard.

- Bavard est un mot trop faible pour te définir, Marcus. Nous venons à peine de nous présenter et j'ai l'impression que tu m'en as plus dit à ton sujet que la plupart des gens que je fréquente depuis des années ! Mais ce n'est pas désagréable. Je trouve cela amusant. Tu devrais quand même te méfier, cela ne plaît peut-être pas à tout le monde.

Elle aurait pu ne pas lui faire ce conseil, mais il lui était sympathique. Il y avait quelque chose chez le marchand qu'elle aimait bien, et elle trouverait dommage qu'il se fasse abîmer à cause de ces bavardages. Marcus ne le savait pas, mais il était rare que Virginia fasse cela pour quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas.

- Et pour te répondre, oui, je viens souvent ici. Mais pas pour profiter du paysage ou du soleil. J'accomplis mon devoir pour les dieux, et je viens chaque fois que j'ai le temps. Mais je reconnais apprécier la tranquillité. Même en ta compagnie. Il faut ce qu'il faut, comme le dit si bien ta mère... D'ailleurs je constate que vous êtes très proches tous les deux, vu comment tu en parles...

Elle retint un petit rire en portant la main à ses lèvres. Elle ne voulait pas se moquer, mais c'était amusant de voir un homme adulte se comporter comme si sa mère lui dictait tous ses faits et gestes.

Virginia s'amusa de la question de Marcus et lui répondit que ses bavardages étaient amusants. Il en fut bien heureux. Il aimait amuser les autres, parfois. Et elle, elle semblait avoir besoin d'un peu d'amusement... Prier les Dieux n'était pas la chose la plus enthousiasmante du monde, n'est-ce pas ?

"Oh tu sais, ma mère, et bien... ça reste ma mère. Quand je suis loin d'elle, je m'en passe très bien... Mais quand je rentre à Valtaïa, que je vais la voir, elle remet sa main sur moi... elle installe ses petits fils entre mes bras, mes jambes et ses doigts ! Et alors je deviens sa marionnette ! Elle fait comme ça, tchic tchac - il fit quelques pas, jambes tendues comme un automate - tchic tchac et moi je marche jusqu'aux temples. Ensuite elle bouge comme ça et hop - il applaudit alors bras tendus comme un imbécile - me voilà qui applaudit ! Ce n'est pas toujours de tout repos... comme ce matin, pour monter ici, si haut, mais, comme je ne la vois pas tous les jours, je peux lui permettre ça... et puis il y a du bon à ça ! Seulement écouter, faire ce qu'on te demande. On ne réfléchit pas. On n'a aucune responsabilité. On se laisse aller. On rentre le soir et la soupe est prête. On attend la consigne du lendemain et on va se coucher l'esprit léger !"

Evidemment, Marcus exagérait, et le ton de sa voix, ses gesticulations ridicules, le laissaient aisément deviner. Il avait pioché dans ses souvenirs d'enfance cet heureux ressenti qui n'existait plus vraiment dans sa relation avec sa mère. C'était peut-être une toute petite part de ce qu'il ressentait en venant ici. En réalité, il était relativement d'accord avec sa mère : il ne fallait pas fâcher les Dieux. Alors autant grimper jusqu'ici.

"Les garçons sont souvent proches de leur mère et les filles de leur père. Est-ce le cas pour ce qui te concerne ?"

Il sourit, se demandant si la jeune femme allait se livrer un peu à son tour. Il avait un bon ressenti avec elle, un bon "feeling", alors peut-être qu'elle accepterait d'en dire un peu plus sur elle.

Il fit un pas en direction du premier temple et, d'un élégant geste de la main, proposa à Virginia de continuer la conversation vers le lieu sacré. La promenade ne pouvait être que plaisante en si belle compagnie !

Comme Marcus racontait avec entrain la façon dont sa mère lui dictait sa conduite, un air de tristesse s'était emparé de Virginia. Ce n'était pas sa faute, mais comme elle l'écoutait raconter comment vivait un homme libre, Virginia se surprenait à être un peu jalouse. Elle n'avait rien connu de tout ça... ni le bonheur d'avoir des parents, ni celui de pouvoir se laisser vivre avec insouciance en laissant d'autres personnes veiller sur elle même. Même aujourd'hui, elle ne se sentait ni libre ni insouciante. Elle aurait voulu vivre ne serait ce qu'une journée ce que Marcus vivait tous les jours. Être simplement quelqu'un de normal...

Marcus lui demanda si elle s'était sentie plus proche de son père ou de sa mère. Une question à laquelle Virginia était incapable de répondre, elle n'avait connu ni l'un ni l'autre. Elle ne tenait pas à évoquer le sujet, parce que c'était lié à son passé d'esclave et qu'elle détestait en parler. Pour une fois qu'elle appréciait la compagnie d'un inconnu, elle ne voulait pas se sentir obligée d'assumer son statut d'affranchie. Elle ne voulait de Marcus ni le mépris ni la pitié.

- Je ne sais pas. Cela dépend des gens, j'imagine. De leur caractère. Et de leur vécu.

Elle n'était pas encore prête à confier des choses personnelles à cet inconnu. Mais elle ne voulait pas non plus donner l'impression d'être fermée à la conversation. Alors elle répondit sans aller jusque dans les détails :

- L'homme qui m'a élevée n'était guère affectueux. Il était juste mais sévère. Je n'étais pas certaine de l'aimer de son vivant, pourtant aujourd'hui il me manque.

Le vent s'agitait autour d'eux tandis qu'ils arrivaient au temple de Valta. Virginia bougea d'un geste une mèche de cheveux rebelle qui lui cachait la vue. Le temple était magnifique avec toutes ses colonnes et sa façade tout de bleu comme la mer resplendissante au soleil. Il n'y avait rien de plus majestueux en Oncmelia Minor.

- Tes parents vivent à Valtaia ? Je ne crois pas t'avoir déjà vu au marché mais peut être que je les connais.

Virginia avait un léger voile de tristesse devant les yeux. Marcus s'en rendait compte et se sentait impuissant face à cela.

"Je ne sais pas. Cela dépend des gens, j'imagine. De leur caractère. Et de leur vécu." répondit-elle laconiquement.

Il n'insista pas et pensa que la conversation - au moins sur ce sujet - s'arrêterait là. Pourtant, la jeune femme ajouta quelques mots :
"L'homme qui m'a élevée n'était guère affectueux. Il était juste mais sévère. Je n'étais pas certaine de l'aimer de son vivant, pourtant aujourd'hui il me manque."

Ainsi indiquait-elle à demi-mots qu'elle n'avait pas connu son père (ni sa mère, sans doute). Le marchand posa une main attentive sur l'épaule de son interlocutrice.

"Désolé pour toi, Virginia... et... et merci : je ne mesure pas toujours la chance que j'ai."

C'est là que, sans se concerter, peut-être guidés par le vent, il se rendirent au temple de Valta. Marcus regarda la jeune femme se recoiffer et fit de même, souriant et assez impatient - finalement - de redécouvrir les trésors cachés à l'intérieur du somptueux bâtiment. Peut-être le fait de ne point y aller seul y était pour quelque chose.

"Tes parents vivent à Valtaia ? Je ne crois pas t'avoir déjà vu au marché mais peut être que je les connais.
- Oui, oui, mes parents ont toujours vécu à Valtaia. Mon père est joaillier. Pour ma part, j'ai quitté la maison à dix-huit ans. Je suis négociant. Je voyage à travers l'Oncmelia Minor à longueur d'années pour acheter ici et vendre là différents produits, des tapisseries de Telioprate, des perles d'Edelmia, des lames de Delgica, pas mal de choses comme cela. Il ouvrit la porte du Temple. Mais je t'en prie, entre..."

A sa suite, Marcus entra dans la maison sacrée de Valta et en fut époustouflé par la grandeur et l'harmonie des traits. Les pierres et les marbres étaient magnifiques et pour un esthète comme Marcus, tout cela était un ravissement pour les yeux.

"Que c'est beau... j'avais oublié à quel point ce Temple était grandiose !"

Il adressa une prière muette à Valta et marcha avec lenteur vers le grand autel du Temple. Une drôle de question lui vint en tête : Virginia était-elle mariée ? Il ouvrit la bouche pour lui poser la question avant de se raviser. Il ne voulait se montrer trop indiscret une seconde fois. Alors, tandis que Virginia déambulait, il tentait d'apercevoir à sa main si une alliance ornementait ses fins doigts.

Pendant que Marcus racontait sa vie, Virginia avait l'impression de se voir parcourir avec lui les routes entre Edelmia, Telioprate et Delgica. Elle aimait Valtaia mais elle se sentait si souvent prisonnière ici. Parfois elle se demandait où elle était née. Peut-être dans une de ses villes que Marcus avait eu la chance de visiter au cours de ses nombreux voyages ? Mais elle ne le saurait jamais. Ça ne servait à rien de ressasser le passé, surtout un passé comme le sien. Elle préférait largement son avenir.

Ils approchaient du grand autel du temple et Virginia s'agenouilla pour prier. En joignant ses mains elle révéla sans s'en rendre compte l'alliance qu'elle portait au doigt, l'alliance de son mariage avec Spurius Vipsanius, et ce détail n'échapperait pas au regard curieux de Marcus. Virginia continuait évidemment de la porter. Il y avait longtemps que leur idylle avec Spurius n'était plus celle qui avait été à l'époque où ils étaient encore tout jeunes. Mais Virginia gardait une certaine affection pour son mari, et puis il fallait être honnête, cette bague la protégeait. En dehors de Spurius elle n'avait aucune famille et elle n'était pas citoyenne. Sans Spurius, elle pouvait perdre tout ce qu'elle avait en un clin d'œil...

Quand elle eut fini de prier elle se tourna vers Marcus en souriant.

- Il fait trop beau pour redescendre maintenant. Serais-tu intéressé par une promenade dans les sentiers ? Tu me raconteras tes voyages. J'ai si souvent rêvé de prendre la route et partir en laissant tout derrière moi...

Elle savait en disant ça qu'elle serait incapable de partir. Parce qu'aujourd'hui elle était en train de réaliser d'autres rêves à Valtaia. Elle était devenue maîtresse de maison, elle avait des esclaves. Une belle maison et de l'argent en quantité. Elle n'y renoncerait pas, mais elle ne faisait de mal à personne en rêvant un petit peu...

Marcus marmonna les prières... en se basant sur ce qu'il percevait des mots de Virginia. C'était un exercice assez compliqué car les prières, honnêtement, il ne les connaissait pas tout à fait par cœur. Alors il se concentrait autant pour s'en souvenir, que pour écouter la version impeccable - mais basse - de la jeune femme... Et il fallait (du moins, c'est ce qu'il pensait) que sa voix, son débit, soit assez fluide pour paraître naturel. Passer pour un trop mauvais fidèle pouvait lui être préjudiciable lui semblait-il.

"Et qu'il en soit ainsi pour moi-même, ma famille et la multitude."

Cette dernière phrase il la connaissait bien. Non pas qu'il l'aimait particulièrement ou qu'il y voyait plus de sens que les précédentes. Non, simplement elle signifiait pour lui : fin de la prière, tu peux reprendre le cours de ta vie là où tu l'as laissée.

Il sourit à sa pieuse voisine.

"Bien sûr. Quoi de plus agréable qu'une belle promenade méditative après de belles prières ?"

Au sortir du temple, ébloui par la lumière du soleil, il s'étira et leva son visage, yeux fermé, vers le ciel. La douceur de ces moments étaient Divins.

"C'est VRAIMENT une belle matinée ! On part de ce côté là ?" fit-il en désignant en chemin qui partait vers le Nord-Est à travers des petits arbustes aux fruits rouges et opaques.

*

Les senteurs et les bruits de cigales étaient un ravissement pour les sens et Marcus fut presque embêté de devoir y mettre fin pour raconter ses histoires. Malgré tout, il aimait bien bavarder "alors voilà - je ne vais pas tout vous raconter mais seulement une petite histoire qui m'est arrivée récemment - je venais de partir de Taritus à l'Est de Telioprate et je me rendais en territoire barbare, en Aonghusa. J'arrivais à l'orée d'un village qui s'appelait Grouklate - les barbares donnent à toutes choses des noms aussi rugueux qu' imprononçables ! - où je fus, sans le savoir, la cible d'une groupe de bandits. Je continuais d'aller, sur ma charrette, en direction de Grouklate et, au moment où je m'apprêtais à franchir le pont de bois qui traverse la rivière Krobroum (je vous disais pour les nom...) quatre types patibulaires sortent de derrières des arbres et me braquent avec des haches et des gourdins. Je croyais ma dernière heure arrivée... d'habitude je vois les bandits venir et je peux soit faire demi-tour (s'ils sont devant) soit accélérer (s'ils sont derrière)... mais là, sur le pont... je n'avais pas le choix, je devais tout miser sur Celer, mon cheval... Je lui mis un bon coup de fouet et il se mit au galop, il rua et nous traversâmes le barrage humain en renversant deux de ces hommes."

Le marchand, surpris par une racine qu'il n'avait pas vu, trébucha, se rattrapant au bras de Virginia pour éviter la chute...

"Oups, désolé ! J'ai pas fait attention !"

Il trouva une chaleur heureuse dans ce contact avec Virginia. Il garda un instant sa main sur l'épaule de la jeune femme avant de la laisser. Il lui sourit et ajouta :

"Où en étais-je ? Je ne vous ennuie pas ? Mmmh... alors... ah oui. L'un des barbares parvint à me mettre un coup de gourdin quand je passais, mais je ne m'arrêtais pas. Nous filâmes jusqu'au village, priant les Dieux pour que les hommes ne nous suivent pas... mais malheureusement, les vilains couraient derrière nous comme des dératés ! J'ai cru qu'au village, d'autres de ces hommes nous attendraient pour nous prendre en étau... mais non, au contraire, des villageois étaient là, attirés par le bruit du galop de Celer et les cahots de la charrette, pour nous venir en aide. Ils connaissaient cette bande et voulaient à tout prix s'en débarrasser. M'ayant vu leur échapper, ils me prirent pour un guerrier et voulurent que je fasse demi-tour pour les aider à dézinguer les brigands... Heureusement, et malgré le fait que je ne connaisse que quelques mots de leur langue ils comprirent qu'ils s'étaient trompé sur mon compte et me laissèrent aller à l'auberge de leur village pour me reposer et on m'y prodigua même quelques soins. Le lendemain je pouvais m'occuper de vendre et d'acheter des marchandises et le surlendemain je repartais plus à l'Est encore... Heureusement, le reste de mon voyage en Aonghusa fut plus calme et joyeux !"

Marcus s'arrêta sous un arbre. L'ombre était rafraîchissante après la longue marche qu'ils avaient effectué jusque là.

"Ca va, pas trop fatiguée ? J'aurais du prendre à boire... Je... Je ne sais pas si c'est d'avoir tant parlé mais j'ai une sacrée soif..."

Tout en marchant, Virginia prêtait à Marcus une oreille attentive. De temps en temps elle portait une main à ses lèvres pour dissimuler un petit rire quand elle le soupçonnait s'en faire un peu trop. Il y avait des passages de son récit qui étaient sûrement exagérés, comme celui où il avait renversé un groupe de bandits en traversant un pont à cheval. Cela demandait beaucoup d'adresse de la part du cavalier, et Marcus était plutôt maladroit. Il le montra bien lorsqu'il trébucha et se rattrapa à elle. Prise par surprise, Virginia faillit tomber elle aussi, mais elle se rattrapa à une branche d'arbre pour garder l'équilibre. Elle sentit la main de Marcus s'attarder sur son épaule plus longtemps que nécessaire et un léger trouble s'empara d'elle. Un peu gênée de se sentir proche d'un homme qui n'était pas son mari, elle se rappela qu'elle le connaissait depuis à peine une heure. C'était étrange qu'elle se sente autant à l'aise en sa compagnie comme s'ils étaient des amis de longue date. Il était sans nul doute agréable mais les choses ne devaient pas aller plus loin et elle espérait qu'il ne se fasse pas d'idées. Heureusement, Marcus brisa la glace en reprenant son récit. Il parla des villageois qui l'avaient pris pour un guerrier alors qu'il était visiblement en train de fuir, et Virginia ne put retenir un petit rire. Ce n'était pas méchant, mais elle avait beaucoup de mal à l'imaginer jouer les héros, d'ailleurs il reconnaissait bien qu'il n'en était pas un. C'était agréable de voir un homme avec de l'autodérision, elle n'en avait pas l'habitude. La plupart des hommes qu'elle connaissait avaient un ego très fort et voulaient toujours avoir l'air plus forts que tout le monde. Son mari était comme ça. Lorsqu'elle avait épousé Spurius, Virginia ressentait le besoin d'être protégée et choyée par un homme fort. Aujourd'hui elle avait changé, elle ne voulait plus être la propriété d'un homme ou qu'on la protège et elle se donnait les moyens d'y arriver toute seule.

Le vent lui caressait la peau, soulevait ses cheveux. Le soleil lui réchauffait le front et les épaules. Marcher était agréable mais elle commençait à fatiguer, Marcus aussi. Il proposa de faire une halte et ils trouvèrent refuge à l'ombre d'un arbre. Il remarqua qu'ils n'avaient pas d'eau et elle se sentit sotte de ne pas y avoir pensé. Heureusement Virginia connaissait les environs.

- Il y a un ruisseau non loin d'ici. Marchons encore un peu, et nous ne mourons pas de soif.

Elle sourit et prit les devants pour indiquer le chemin. Pendant que Marcus la suivait elle décida de reprendre la conversation, car à force de laisser Marcus parler tout seul, il allait attraper une extinction de voix. Elle décida donc de parler un peu pendant qu'ils marchaient jusqu'au point d'eau.

- Tu sais, tout à l'heure j'ai bien vu que tu ne connaissais aucune prière et que tu répétais tout ce que je disais ! J'aurais pu en inventer pour voir si tu tombais dans le piège... Mais cela n'aurait pas plu aux dieux. Je devrais peut-être aller voir tes parents sur le marché et leur dire de te tirer les oreilles.

Bien sûr elle ne ferait pas une telle chose, elle voulait juste le taquiner un peu. Puis elle devint un peu plus sérieuse car elle venait d'avoir une idée.

- Toi qui voyage, je suppose que tu connais bien Edelmia ? Tu sais peut être auprès de qui je peux obtenir les meilleurs matériaux de construction ? Et s'il y a de bons architectes là-bas ?

Marcus regarda Virginia lui dire qu'elle l'avait gaulé et ne put s'empêcher de rougir de rire ! Heureusement, il aurait bientôt de l'eau pour rafraîchir ce soudain excès de chaleur !

"Je t'en conjure, ne dit rien à ma mère ! Je ferais tout ce que tu voudras !"

Dans un premier temps elle lui posa une question concernant son éventuelle connaissance d'un architecte et de vendeurs de matériaux de construction...

"Et bien oui, je connais pas mal Edelmia... enfin, les marchés, les artisans... mais des architectes... je t'avoue que c'est pas vraiment mon rayon. Je pourrais demander à mes amis de la capitale s'ils en connaissent et je viendrais te dire le résultat de mes recherches dans... c'est pour bientôt ? Ou bien sinon tu pourrais m'accompagner lors de mon prochain voyage. Je pars dans trois ou quatre jours pour Edelmia... bon après il faudrait te trouver un moyen pour retourner à Valtaïa... bouais, j'avoue, c'est pas le meilleur plan... m'enfin..."

Il ne savait pas vraiment quelle liberté avait la jeune femme, ni le degré d'urgence de son besoin. Il la laissa donc parler, tout en appréciant la relative fraîcheur de l'endroit...

Cette fraîcheur !

Frénétiquement il regarda autour de lui, regarda Virginia - elle et où elle regardait - et, enfin, regarda dans cette même direction pour faire les quelques mètres qui les séparait du ruisseau.

"Aaaah, magnifique ! Cela m'a l'air tout à fait exquis !"

Il plongea ses deux mains dans l'eau et, emportant toute l'eau qu'elles pouvaient contenir, s'en aspergea le visage dans un soupir de soulagement. Il en but quelques bonne gorgées avant d'enfin se redresser.

"Une riche idée que tu as eu tout à l'heure ! Viens, viens, elle est bonne !"

Il fit place et regarda la jeune femme approcher. C'est là, alors qu'elle avançait lentement vers le petit cours d'eau, qu'il eut cette idée saugrenue...

Il prit une nouvelle brassée d'eau... et l'envoya en direction de la jeune femme...

"Voilà pour la vile délatrice !"

Virginia rit lorsque Marcus faire mine d'être effrayé à cause de sa mère. S'il était si facile d'avoir du pouvoir sur lui, le pauvre allait passer sa vie à se faire marcher dessus... Heureusement pour lui que Virginia n'avait pas l'intention d'abuser de ce pouvoir. Avec un concurrent ou quelqu'un d'influent pour ses affaires, elle ne se serait pas gênée. Elle n'avait jamais hésité à manipuler les gens pour ses intérêts... Mais aujourd'hui c'était différent. Elle n'était pas avec Marcus pour lui soutirer des renseignements, elle était avec lui parce qu'elle appréciait sa compagnie tout simplement. Depuis quand ça n'était pas arrivé ? Elle ne savait plus... Elle avait presque envie d'accepter sa proposition d'aller à Edelmia avec lui. Mais ce n'était pas raisonnable. Spurius n'aimerait pas qu'elle prenne la route avec un inconnu, et il y avait la question du retour...

- Ne t'inquiète pas. Je peux y aller par mes propres moyens. Mais qui sait, nous pourrions nous retrouver là-bas ?

Elle se mordit la lèvre, se sentant sotte d'avoir dit ça. Il n'avait peut-être pas envie de la revoir, il avait sans doute d'autres choses à faire. Après tout, il devait être très occupé avec ses voyages. Et elle aussi d'ailleurs. Elle avait tellement à faire, ce n'était pas le moment de penser à prendre du bon temps. Si elle voulait aller à Edelmia, ce n'était pas pour ça...

Ils arrivèrent au ruisseau. Marcus se précipita aussitôt comme un assoiffé. Virginia le regarda en souriant, enfin jusqu'à ce qu'il s'amuse à l'éclabousser. Surprise elle recula, et elle le fusilla du regard.

- Comment oses-tu ?

Quelques secondes s'écoulèrent, puis elle eut un grand sourire et le poussa de toutes ses forces pour le faire tomber dans l'eau.

Se retrouver à Edelmia semblait une riche idée.

"Bien sûr ! A Edelmia ! Nous nous reverrons !"

Mais c'était étrange, Marcus ne voulait pas attendre une hypothétique rencontre dans une ville lointaine, sans vraiment savoir ni où ni comment il pourrait se retrouver. Il ne voulait pas attendre pour profiter de cette agréable rencontre et de cette présence chaleureuse. Alors les jeux d'eau tombèrent à point nommé pour jouir simplement de l'instant présent. Il crut un instant avoir froissé la jeune femme en l'éclaboussant, mais quand il s'approcha d'elle pour lui demander pardon, elle le poussa à l'eau et il fut entièrement trempé ! Avec la chaleur qu'il faisait, il ne prendrait pas froid, certes, mais...

"'Tain ! ça va pas ? Ma mère va m'tuer !

Faussement énervé, il attrapa Virginia par la main pour la tirer dans l'eau à son tour. Il n'allait pas se laisser faire tout de même ! Galant, il voulut la retenir de tomber complètement mais sa main humide glissa contre celle de la belle... si bien qu'elle aussi fit un joli "plouf" dans l'onde rafraîchissante.

"Oups, je suis désolé, je n'voulais pas..." S'excusa-t-il presque... avant d'ajouter "enfin... pas autant que ça ! Mais... après tout... j'ai fait que te rendre la monnaie de ta pièce !"

Il ricana un peu avec de re-proposer sa main à Virginia.

"Allez, sans rancune ? On sort de l'eau ?"

Allait-elle s'assagir ou faire au marchand un autre coup bas ?

Elle éclata de rire de son petit méfait, mais Marcus s'était rapidement vengé et elle tomba à son tour dans l'eau. Ce plongeon improvisé n'était pas totalement désagréable par cette chaleur, mais ses vêtements étaient trempés, ce qui l'était beaucoup moins. Elle s'amusa des excuses du marchand dont elle ne savait si elles étaient sincères ou fausses. Après tout elle l'avait bien cherché. Marcus lui tendit gentiment la main pour l'aider à sortir, mais Virginia préférait éviter, pour ses raisons évidentes. Il faut dire que la tunique blanche qu'elle portait n'était pas le vêtement le plus indiqué pour la baignade et elle tenait à rester décente.

- Tourne-toi, s'il te plaît. Et pour de vrai ! N'essaie pas d'en profiter.

Elle attendit qu'il obéisse avant de s'extraire de l'eau. Celle-ci ruisselait de son vêtement qui lui collait à la peau. Elle essaya d'essorer de ses mains les plis de sa tunique, puis croisa les bras devant elle pour couvrir ses formes. Heureusement que le soleil la réchaufferait vite. Si son mari la voyait... Elle n'osait même pas imaginer la tête de Spurius s'il savait ce qu'elle faisait en ce moment. D'ailleurs tout Valtaia serait surpris de voir l'argentière dans une situation si inconvenante alors qu'elle était toujours si sérieuse. Elle espérait que Marcus saurait tenir sa langue... Mais vu comment il était bavard, elle rêvait peut-être un peu...

- En voilà des manières ! Je crois vraiment que je vais devoir prévenir ta mère...

Elle rit et elle lui frappa gentiment l'épaule. Elle aurait bien aimé rester plus longtemps... Mais elle s'était déjà suffisamment attardée ici. Elle avait tant à faire, il allait falloir qu'elle rentre. Néanmoins, cette petite escapade lui laisserait un souvenir appréciable auquel elle repenserait souvent durant les semaines suivantes.

- Je vais devoir partir. Mais nous nous reverrons peut-être, et je te montrerais si je garde d'autres tours en réserve.

La main de Marcus resta un instant suspendue dans l'air chaud de cette belle journée d'été. Virginia ne l'avait pas prise et le marchand en fut désolé. Il aurait aimé ce petit supplément de proximité, ce contact qu'il avait imaginé, doux, chaud et humide...

"Tourne-toi, s'il te plaît. Et pour de vrai ! N'essaie pas d'en profiter" fit la jeune femme avant de sortir de l'eau.
"Bien sûr, bien sûr ! Pour qui me prends-tu ?!" répondit Marcus en cachant à merveille sa déception.

Il tint néanmoins parole, déçu de ne pouvoir apprécier comme les quelques abeilles qui butinaient par là la vue du corps de Virginia à travers le tissus blanc détrempé qui lui collait à la peau.

Il tenta bien un "C'est bon ?" légèrement prématuré mais la blonde resta fidèle à ses principes.

" En voilà des manières ! Je crois vraiment que je vais devoir prévenir ta mère...
- Oh non, je t'en supplie, ne fais pas ça ! Je n'voudrais pas qu'elle me prive de sortie... elle en est capable, tu sais ?!"

Après cela, le temps de la séparation se présenta. Les deux nouvelles connaissances se souhaitèrent une bonne fin de journée et Marcus s'excusa pour toutes ses facéties. Le marchand rentra chez ses parents avec l'image de la jolie femme à la robe mouillée imprimée durablement dans son esprit.

Quelle chance ce serait de la revoir...

» Donner du pain à ceux qui ont faim [libre]

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