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 [Terminé]Tendre la main [Laelia]

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Harmonia Iustia

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MessageSujet: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeJeu 12 Nov - 17:41


Quatorzième jour de Tertio Seminare,
Villa Iustii
Bassium,
Edelmia


Après la session à la curie, Aerona, qui ne se trouvait pas très loin et déguisée, avait suivi mon beau-frère jusque devant chez lui. De là, en corrompant toujours la même esclave, elle avait pu apprendre plusieurs nouvelles qui me firent hurler de rire.


"-Primus a ciré les cuirs de Scorpa ? Et bien, je suis surprise que les patriciens n'aient pas glissé à la sortie du forum, il y a dû avoir une mare entière de suif sur le sol !

- Et ce n'est pas tout, domina. Ils ont fait voter deux motions. La première, apparement pour voter la création de nouvelles armées... Je ne sais pas trop, ils ont parlé de castrum et de renforcer la sécurité des frontières...
- Tiens donc. Et qui a proposé cette motion ? Ce n'est tout de même pas mon beau-frère...
- Non apparement, il était contre et c'est pour cela qu'il tempêtait. Nuna raconte qu'il accuse le procurator de préparer un coup d'état, que c'est un traître en puissance et il est furieux de le voir si populaire auprès des autres patriciens.
- Et la deuxième ?
- Ils veulent préparer des jeux aux colosseum en honneur au Procurator, Domina.

J'esquissai un sourire. Il fallait croire que Murena n'avait pas tort concernant la mégalomanie potentielle de Caïus Protero Feles.

- A vrai dire, ma chère Aerona, je pense que pour une fois, mon beau-frère n'a pas tort dans ses réflexions. Quand j'ai rencontré Feles dans les bains, il m'a bien fait l'effet d'un homme qui se croit à la hauteur d'Ukko ! Alors qu'il puisse vouloir devenir imperator à la place de l'imperator coule de source ! Quel faquin...

Je pouffai de rire :

- Il est audacieux quand même de proposer telle motion dès sa première session à la curie. Et Galba l'a soutenue ? Notre censeur ventripotent préféré serait-il donc aussi stupide que son fils ? Dans ce cas, ils méritent largement ce qui va leur arriver si vraiment Murena et Scorpa s'avèrent avoir raison à son sujet...

Mes prunelles grises étincellèrent soudain.

- Mais... Je suis d'accord.

Je marquai une pause :

- Caïus Protero Feles veut devenir un souverain tout-puissant ? Par ma foi, ce n'est point moi qui chercherais à faire déjouer ses plans à Edelmia, surtout s'il me débarrasse de Murena. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Je n'ai confiance en aucun des patriciens oncméliens siégeant à la curie. Tous ont pu conspirer contre Lucianus. Florus m'a bien dit de me méfier de tout le monde et en particulier des Tulii.

J'ajoutai :

- Aussi, si Scorpa et ses partisans le fuient comme un pestiféré, nous allons au contraire lui tendre la main. Je vais les inviter à dîner, lui et son épouse. Laelia Protera ne doit pas se sentir très à l'aise à Edelmia en ce moment. Après tout, elle est la nièce d'un homme déclaré rénégat. Je pense que cela lui ferait du bien de savoir qu'elle n'a pas le monde entier contre elle."

Je venais de parler sincèrement. Pauvre femme. Sa position n'était guère enviable. Le procurator s'était sûrement fait beaucoup d'amis, mais aussi une belle phalange d'ennemis. Scorpa n'était pas le genre d'homme à avoir à dos. Quant à mon beau-frère, c'était un sacré serpent sournois.
Certes mon désir de la connaître davantage partait d'un froid calcul -me mettre dans les bonnes grâces du plus puissant homme de la province pour protéger mon fils et être hors d'atteinte de mes ennemis-, cela ne m'interdisait pas pour autant une honnête sympathie pour quelqu'un qui devait se sentir étrangère à cette ville tout comme j'avais du mal à m'y sentir à ma place depuis que mon époux était mort et que j'étais devenue une bourse d'or à saisir pour le vautour suffisamment malin pour y parvenir.


Ce fut ainsi qu'environ trois huitaines après, mon esclave Marcurus se surpassa de nouveau au marché. En effet, le malin parvint à nous dénicher une très belle pièce de sanglier de la forêt Volisfodia, qu'il fit macérer dans du vin de paille et des épices pour en faire un délicat rôti. Deux faisans complètaient les venaisons, il refit également de son délicat meli-mela. Quelques magnifiques perches et écrevisses trouveraient sûrement grâce dans les premiers plats. L'été approchant, il fit grande provision des premières fraises et framboises, confectionna des tartelettes et toutes sortes de petites merveilles qui embaumèrent la cuisine et l'atrium. Je lui fis également préparer quelques légumes simplement cuisinés dans de l'huile d'olive et des accompagnements peu épicés : l'épouse du Procurator avait accouché il y a peu de huitaines et était peut-être encore sujette aux nausées.

Je dus gronder Lucianus Minor, car celui-ci tenta de se faufiler entre les jambes des esclaves pour faucher une ou deux gourmandises avant le repas. Il se mit à brailler.
Cela faisait un moment qu'il n'avait pas été aussi capricieux, mais je compris qu'il ne serait certainement pas sage de le laisser prendre place au dîner. Aussi, je chargeai Aerona de le faire rapidement dîner, lui fis comprendre gentiment, mais avec fermeté que les enfants capricieux ne méritaient pas de tartes aux framboises (nouveaux cris, il fallut appeler Ulvar en renfort...) et l'envoyai au lit. Après cela, il me resta juste assez de temps pour achever ma toilette.
J'avais choisi pour ce soir-là un maquillage discret, ainsi qu'une stola et des voilages bleu pâle. Mes boucles rousses étaient remontées en une tresse enroulée en partie sur mon front, à la mode des matrones ruviennes les plus pieuses. La dernière chose dont j'avais besoin, c'est que Laelia Protera pût penser que son époux m'intéressait, aussi, j'évitai toute coquetterie inutile. Le miroir me renvoya une image valorisante, celle d'une personne douce et chaleureuse comme je savais encore l'être avec mon fils.
Enfin, je la vis entrer, joliment vêtue dans mon atrium, mais ne vit pas le procurator. Tiens donc ? Avait-il eu un empêchement ? Cela ne serait guère surprenant, les hommes traitent tardivement leurs affaires, j'en sais quelque chose. Ma foi, tant pis si cela était le cas. Sans doute serait-il heureux que je divertîs honnêtement sa femme par ma conversation. Maints hommes redoutent de voir leurs épouses prendre amant, la laisser passer la soirée avec moi ne pourrait que le tranquiliser.
J'esquissai un sourire aimable et m'approchai pour l'embrasser cordialement sur les deux joues, ainsi que l'on se saluait chez les patriciennes d'Oncmelie. Même mon parfum était léger, avec des senteurs fraîches de lavande, mais peu prononcées. Après, tout, j'avais appris que la jeune femme avait accouché il y avait peu de temps et les odeurs fortes risquaient de l'incommoder.

- Sois la bienvenue en ma demeure, Laelia Protera. Je n'aperçois point ton époux. A-t-il eu quelque empêchement de dernière minute ?


Dernière édition par Harmonia Iustia le Dim 13 Déc - 23:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeSam 14 Nov - 22:04


Les yeux de la patricienne lurent et relurent encore le pli que lui avait tendu quelques minutes plus tôt Naïra. Un sourcil levé, elle cherchait sûrement un certain sens caché entre les lignes de cette banale invitation sans y parvenir. L’écriture était certes soignée, mais elle demeurait interdite. C’était finalement la seconde invitation officielle que le couple Proterii recevait depuis leur arrivée en Oncmélie, et si l’idée de se mêler à la population locale ne la dérangeait guère, elle ne savait trop s’il s’agissait ici d’un sombre canular.

« Tu m’as dit que c’était ?... »
« La veuve Iustia, Domina ».

Le silence flotta un instant alors qu’elle abandonna le morceau de papier là où elle reposait quelques secondes plus tôt. La vieille magistera s’empressa de le récupérer pour le replier soigneusement avant de se glisser dans l’ombre de sa maîtresse comme elle l’avait toujours fait. La mélodie de la pluie printanière habillait la maison qui résonnait de çà de là d’une douce activité. Le tablinum se trouvait un peu à l’écart de l’agitation usuelle, dans une pièce calme et ordonnée. Elle était à l’image de l’homme qui était penché sur le bureau ; les rouleaux s’entassaient avec sens sur quelques étagères, mais l’apparent désordre n’était en fait qu’un amoncellement de devoirs dont il ne pouvait se défaire. Laelia ne put retenir un petit sourire lorsqu’elle posa ses yeux sur ce visage concentré, qui n’avait même pas pris la peine de la regarder. Après tout, il n’y avait qu’elle qui pouvait le déranger lorsqu’il travaillait de la sorte, et peu lui importait sa mauvaise humeur. Pesca la salua brièvement alors qu’il se tenait tout près de son époux, prêt à l’épauler dans sa tâche.
La Protera avança sans se soucier de l’avis de Caïus qui continuait à regarder les lettres et les cartes avec attention. Il savait sans doute que quoiqu’il eut pu dire, la têtue nièce de l’Imperator ne partirait qu’après avoir eu gain de cause. Plus tôt il assouvirait ses envies et plus tôt il en serait débarrassé. Sa route ne souffrit d’aucun obstacle, si bien qu’elle crut presque cela trop beau. Une main délicate se posa sur la sienne alors qu’elle réclamait à présent sa pleine conscience.

« Dis-moi Caïus, connais-tu une certaine Iustia ? ».

Le ton employé était bien trop mielleux et la caresse de ses doigts trop tendre. Elle détestait voir rôder quelques matrones autour de son époux, et ne lui en déplaise, s’arrangeait pour les éloigner à chaque fois. Le Feles était un homme charismatique qui, par son statut, attirait bien des convoitises. Peu prêteuse comme elle l’était, elle ne tolérait aucun écart. Et puis cela l’aurait bien trop peiné ; elle l’aimait d’un amour sincère et immuable. Il ne lui accorda qu’une brève œillade.

« Jamais entendu parler »
« Et bien cette mystérieuse veuve nous invite pour un repas ».
La dernière phrase retint son attention, assez pour qu’il daigne enfin lui adresser un regard franchement irrité. « Quand ? ».
« Il est écrit qu’elle souhaite nous rencontrer aujourd’hui ». Elle avait froncé les yeux, pouvant presque deviner déjà la réponse du Protero. Elle le connaissait si bien, qu’elle aurait pu certainement formuler une phrase similaire à la sienne. Et lorsqu’il balaya la pièce des yeux, elle était assurée de ne pas s’être trompée.
« J’ai autre chose à faire que d’aller chez la première matrone du coin pour boire du vin de mauvaise qualité. Qu’est-ce que nous irions faire là-bas ? ».
Laelia sourit en haussant les épaules. « Je n’en ai aucune idée. Qui sait ce qu’il peut se passer dans la tête de ces provinciaux ».
« Vas-y si tu en as envie » Il haussa les épaules à son tour et dit avec évidence « J'ai plus intéressant et urgent à régler. Je préfère rencontrer des gens qui seront utiles pour assurer notre position ici. Si tu veux, Pesca t'accompagnera ».
« Bien, j’en déduis que de toute façon tu avais décidé de passer ta journée ici ». Elle s’écarta un peu, reprenant le chemin vers la sortie. Elle aurait sans doute préféré passer du temps en sa compagnie, mais il n’avait pas tort. Il y avait autrement plus important à gérer en ce moment. « Tu as plus besoin de Pesca que moi. J’irai avec Naïra ».


[Terminé]Tendre la main [Laelia] Barre17


La demeure était belle et bien entretenue, bien que moins grande que sa propre domus. Laelia s’était habillée sobrement, et ses longs cheveux cascadaient sous sa palla. Les licteurs l’avaient escorté sans mal et Naïra avait chargé trois autres esclaves de venir avec eux. Difficile de ne pas s’apercevoir de l’étrange convoi qui pénétrait enfin la mystérieuse bâtisse, qui abritait une toute aussi étrange domina. Elle l’attendait patiemment dans l’atrium, un sourire aux lèvres. Elle était jolie, mais d’une grande banalité. Il n’y avait rien d’étonnant à cela et elle ne lui en tenait pas rigueur ; vivre si loin de la capitale rendait la tâche plus ardue pour les femmes de bonne famille. Au moins appréciait-elle sa simplicité. L’extravagance avait grande tendance à enlaidir. Elles s’embrassèrent brièvement, à peine assez longtemps pour qu’elle distingue l’essence florale dont elle s’était parée. Ainsi donc la veuve Iustia avait fait en sorte de ne rien laisser au hasard. A dire vrai – et sans qu’elle ne ressente pourtant de réelle concurrence -, la Protera semblait soulager de ne pas avoir embarqué Caïus jusqu’ici. C’était généralement des plus sages dont il fallait se méfier.

« J’espère que tu excuseras le Procurateur de son absence. Certaines affaires le tiennent loin de ces mondanités. Il te remercie néanmoins pour ta généreuse invitation ».
Elle lui offrit un sourire parfait. « J’avoue moi-même avoir été quelque peu surprise de cette dernière… Il ne me semble pas avoir eu le plaisir de te rencontrer avant cela ».
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeJeu 19 Nov - 10:11


Un rien de condescendance dans le regard, et de la méfiance. Jusque dans la question, formulée pourtant de manière aimable. Elle avait un très beau sourire et beaucoup de charisme, mais je n'étais pas dupe. Le sourire était un sourire de façade, du moins, pour le moment.
Je connais bien ce regard : j'arborais souvent le même malgré moi. Et la méfiance, le souhait de ne pas en dire trop, c'était mon lot quotidien lorsque je me trouvais en compagnie de cette vipère en robe de velours de Caecillia Lubania ou en compagnie de ce terrible vautour femelle qu'était Attia Sillia. Forcément, l'épouse du procurateur s'attendait sûrement à ce que durant cette soirée, je tente de lui demander une faveur, pour moi ou pour l'un des miens. Les deux matronae que je viens d'évoquer ne se seraient pas gênées !
Les réelles amitiés sont très rares dans notre milieu, tant notre société privilégie l'individualisme, la compétition et pour unique loyauté celle que nous nous devons au sein d'une gens. Et encore, même celle-ci peut être compromise. Il ne reste pas rare que le frère tue le frère, et très souvent le mari l'épouse. Ou l'inverse. Gagner même un peu de sa confiance ne serait pas aisée, et je n'y arriverais peut-être pas ce soir. Cependant, sa question me fit également sourire. Je réagis avec humour à l'absence de son mari.

- Pauvre de lui. Point de rôti pour lui ce soir, alors. Puissent les dieux lui donner longue santé et qu'il ne se tue point à la tâche !

Puis je répondis à sa question.

-La première raison, en effet, était une manière de m'excuser pour ces présentations tardives. Tu as effectivement dû croiser mon beau-frère Primus Cassius Murena, l'avocat, à la soirée d'accueil que vous a organisé le tribun, mais je n'y étais pas. J'ai croisé brièvement ton époux en ville et ai pu le saluer, mais ce n'était guère le moment pour palabrer. Néanmoins, il faut savoir que les gens qui font ravaler sa langue si bien pendue à mon cher beau-frère, qui qu'ils soient, ont tendance à m'inspirer immédiatement grande sympathie !

J'eus un petit rire sur ce trait d'humour et la guidai aimablement jusqu'à l'oeculus où la table était dressée de la façon la plus raffinée possible. Marcurus avait choisi la plus belle vaisselle. Mon époux Lucianus s'était parfois rendu à la capitale et n'avait point négligé de se procurer un intendant et cuisinier digne de ce nom.

- Mais puisque ton époux n'est point là, nous laisserons la politique où elle se trouve pour ce soir. Je pense que tu apprécieras toi aussi un peu de répit. J'imagine très bien qu'être l'épouse du procurator ne doit pas être tache facile tous les jours. Mon défunt époux bien-aimé n'était qu'édile, mais il lui arrivait bien souvent de fulminer et de gamberger sur les diverses affaires de la ville jusqu'à l'aube ! (Mon regard fut brièvement nostalgique à cet instant). A vrai dire, en ce qui concerne la deuxième raison, j'avais très envie de te connaître aussi, Laelia. Au vu de la situation, je me doute que tu ne dois pas toujours te sentir très à l'aise à Edelmia. Pour ma part, à ta place, je crois que j'aurais envie de fuir. Je sais les épreuves que ta famille a dû traverser dernièrement et je suis de tout coeur avec vous. Aussi pour ce soir, parlons de choses plus gaies. Comment s'est passé ton accouchement ? Le petit grandit-il bien ? Peux-tu de nouveau boire du vin ? J'en ai choisi un assez jeune et peu corsé, de notre propre vigne.

Mes dernières paroles ne transpiraient point de cette fausse compassion exagérée qu'avaient dû lui servir les autres patriciens et leurs épouses qu'elle avait pu croiser. Elles énonçaient simplement des faits. Ma voix était douce et bienveillante sans que j'eûs à forcer les traits, car à cet instant, je pensais ce que je disais.
J'étais assez sûre de moi concernant mes choix de boisson. Notre vin était réputé jusqu'à la capitale, surtout notre cuvée d'il y avait plus de quatre ans. Certes, ce n'était pas un peu de vin, si capiteux et doux fut-il qui me garantirait une place durable dans les affections de Laelia Protera, mais il amènerait peut-être du baume à son coeur méfiant.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeDim 29 Nov - 12:57


Laelia acquiesça lorsque la domina adressa aux Dieux une requête de bonne santé. C’était pour le moins tout ce qu’elle espérait, et ils auraient bien le temps de s’excuser pour leur mensonge. Car la vérité était bien différente de celle servit poliment à son hôte ; Caïus n’avait ni d’intérêt ni l’envie de se rendre chez la veuve Iustia. D’ailleurs, il en avait même oublié l’existence. C’était là le symptôme malheureux de l’insipidité des femmes d’Oncmélie. Elle se serait bien plus vexée s’il ne lui avait rien dit à la capitale. Là-bas, elle savait comment était les femmes. Toutes aussi perfides que leurs maris, elle trahissait sans gêne les mœurs si cela leur conférait un peu de pouvoir. Et puis, elles étaient belles, et pour la plupart la surpassaient de loin. Ecoutant d’une oreille distraite par ses souvenir, la patricienne se laissa mener au travers de la demeure.

Elle maintenait son prime avis : la maison était ordonnée et bien entretenue. Il n’y avait aucune folie, mais elle appréciait la sobriété qui apportait un air propre et élégant. Peut-être n’y avait-il pas tout à jeter chez cette mystérieuse hôtesse ? Plutôt, elle s’installa près d’elle, et chassa de son esprit les dernières réminiscences de sa vie passée. Tout cela n’avait plus guère d’importance à présent : sa vie, son œuvre, tout se trouvait dans la fange bourbeuse de ce coin perdu de l’Empire. Elle accordait toujours un sourire calme, écoutant la voix douce de sa commensale. C’est que la bougresse parlait, parlait, parlait encore et toujours dans un flot mielleux de paroles. Elle n’aimait pas beaucoup ces expositions mondaines privées. Cela n’apportait généralement que peu d’intérêt à sa famille, et à part perdre son temps, c’était tout ce qu’elle y gagnait.

Mais ce soir-là, elle était curieuse. La Protera n’avait pas encore eu le loisir de se mesurer aux femmes de cette terre, mis à part sa brève rencontre avec l’épouse du Préteur. La pauvre ère lui avait fait autant d’impression qu’une plante laissée trop longtemps au dehors. Déçue, elles n’avaient tenu qu’une fade conversation. Cette dernière avait été si superficielle qu’elle douta même de la culture de son interlocutrice. Alors, n’en déplaise à la charmante rousse qui se tenait près d’elle, il pesait sur ses épaules tout le poids de l’imbécilité de ses commensales. A sa charge de lui prouver dès lors qu’elle se trompait. Pourtant ce n’était guère en évoquant la mort de son oncle ou même l’annonce de la rébellion des Antii qu’elle s’attirerait sa sympathie. Il était clair que la veuve touchait peu à la politique, et oubliait sûrement de se taire lorsque cela lui aurait été utile.

Plus patiente qu’à l’accoutumée, l’épouse du Procurateur mua son sourire de complaisance à un visage neutre. Ses billes grises détaillèrent l’hôtesse avant d’attraper du bout des doigts un premier petit plat dont l’odeur était fort appétissante. Voilà une chose bien ; Harmonia pourrait être de bien meilleure compagnie si elle ne jacassait pas de trop.

« J’apprécie mon rang et mon statut. J’ai été élevée pour connaître ces choses qui font défaut à bien trop d’épouses d’honorables patriciens. Alors non, je ne trouve pas que la tâche soit trop ardue, ni même déplaisante. Je pense que les femmes gagneraient beaucoup à épauler leur famille plutôt qu’à se prélasser autour de repas frivoles et de coquetteries malhabiles ».
Elle avait parlé doucement, d’une voix égale. Puisqu’elles en étaient à énoncer des faits, voilà qui devrait ravir l’oncmélienne.
« Et c’est d’ailleurs parce que j’ai eu une éducation correcte que je n’ai ni l’envie ni l’intention de fuir. Il n’y a aucune raison de le faire ; je ne suis pas coupable des actions d’autres que moi-même. Je n’aime pas tellement donner de la confiture aux cochons ».
« Mais je te remercie pour ta sollicitude qui semble sincère. Mon enfant se porte à merveille et les medicii m’ont trouvé en fort bonne santé également. Les quelques jours passés à Valtaïa ont sûrement aidé à ma récupération. Et toi alors ? J’ai cru comprendre que tu étais veuve. As-tu des enfants ? ».
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeSam 5 Déc - 21:35

J'étouffai un léger rire lorsque Laelia Protera évoqua avec humour les "femmes qui se prélassaient autour de repas frivoles et de coquetteries malhabiles". La brave épouse du procurator aurait bien assez le temps de revoir son opinion à mon sujet. De plus, j'avais voulu éviter de tomber dans le piège d'apparaître femme un peu trop intelligente pour être honnête. Visiblement, l'échange de banalités avait eu cet effet escompté, si j'en jugeais par cette petite pique.

- Je suis tout à fait d'accord sur ce point. Les hommes ont tendance à beaucoup trop nous sous-estimer... Pour répondre à ta question, j'ai en effet un jeune fils de mon mariage et je consacre la majeure partie de mon temps à son éducation, quand je ne gère pas notre commerce viticole.

J'esquissai un sourire affectueux :

- Lucianus Minor. Il va sur ses six ans. Il commence à savoir ses lettres et apprend vite. Nul doute qu'il a un brillant avenir devant lui.

S'il échappe aux menaces qui pèsent sur lui.

Un frisson me parcourut alors que cette pensée me frappait malgré moi. La sourde menace de l'empoisonneur pesait sur ma tête. Je bus une légère gorgée de vin à la fin de ma phrase. J'avais entendu dire que la femme du procurator était une mécène avisée et sans nul doute une femme d'une grande culture. Aussi, j'ajoutai :

- L'autre jour, son praeceptor lui a donné à apprendre une strophe des Lamentations de Ruvios, du poète Victius. Il a réussi à la connaître par coeur avant le coucher du soleil. Certains diraient que c'était peut-être précoce, mais les enfants gagnent à étudier les plus grands écrivains au plus tôt. Vers quels poètes vont tes préférences ?

Le poème auquel je faisais allusion était l'un des grands classiques de notre époque et quelqu'un d'intellectuellement éveillé comme Laelia Protera ne pouvait manquer de l'avoir entendu déclamer bien des fois. Ceci nous ferait sans nul doute conversation plus stimulante que de trop s'attarder sur les enfants.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeDim 13 Déc - 13:28


Rien d’étonnant pour une mère que de trouver son enfant brillant. La ruvienne offrit un sourire poli à son hôte tandis que celle-ci faisait l’éloge d’un petit garçon semblable à tous les petits garçons. Elle ne lui en voulait pas ; elle-même éprouvait une profonde fierté de voir sa fille, Octavia, s’éveiller au monde chaque jour un peu plus. D’ailleurs, les deux petits ne devaient guère avoir beaucoup de différence d’âge, un an ou deux peut-être. Elle proposerait sûrement au petit Lucianus de venir jouer avec sa fille, le moment venu. Les différents changements avaient ébranlé quelque peu la jeune fille, et la naissance de Terentius avait contrarié la caractérielle Octavia. Les dernières nouvelles rapportées par Pesca et Naïra avait un peu inquiétées la mère, rapidement rassurée par les paroles réconfortantes de sa magistera. C’était là un phénomène normal qui tendrait à s’apaiser avec le temps. Et si Laelia offrait en plus un ami de son âge avec lequel jouer, nul doute que la prunelle de ses yeux retrouverait bientôt sa joie et son enthousiasme pour toute chose.

Elle trempa ses lèvres dans le vin, qui sans être le meilleur qu’elle eut pu goûter, n’était pas non plus le plus mauvais. Le succès des vignes que la Iustia laissait entendre n’était pas usurpé, et elle saluait le travail fournit par la veuve pour entretenir les actions de son fils. Car lorsqu’il serait en âge, tout lui reviendrait de droit. Il n’était pas rare que de mauvaises gestionnaires dilapident les fortunes de leurs chérubins, qui se retrouvait majeurs et sans le sou. Aussi, elle espéra sincèrement que cette prospérité durement gagnée ne s’évapore pas d’ici-là. Et si elle hocha la tête satisfaite de sa boisson, un sourire plus amer s’étira lorsque la malhabile Harmonia évoqua la poésie. Bien sûr, elle connaissait l’œuvre en question, mais l’hôte allait bientôt être déçue de la réponse qu’elle lui fournirait.

« La poésie, comme le théâtre, sont à la culture ce que la plèbe est aux patriciens. Ils offrent un divertissement sans finesse et se complaisent dans leur médiocrité. Pour autant, ils sont indispensables aux esprits les moins vifs».
Elle posa le verre et grappilla de sa main droite quelques fruits posés sur une jarre non loin. « A cela je préfère la philosophie, les mathématiques et la rhétorique. Si ces disciplines ne conviennent pas à tout le monde, elles ont pour avantage de vraiment élever l’esprit. Nous sommes mères de la prochaine génération de décideurs, et il me semble plus important de les préparer à diriger de manière éclairée qu’à se soucier du divertissement des plébéiens, ne trouves-tu pas ? ».
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeDim 13 Déc - 15:50


Lorsqu'on invite aussi gentiment quelqu'un à dîner en sa domus, on ne s'attend guère à se faire insulter sous son propre toit. Incroyable.
Je retins à grande peine une répartie cinglante et un rictus méprisant. Puis émis un petit sourire en coin. Pathétique. Et, devais-je reconnaître, très amusant !
Laelia Antia Protera se donnait des allures de bonne éducation et de raffinement, mais n'en avait en réalité aucune pour se montrer aussi effrontée avec son hôtesse. La propre nièce d'un imperator défunt ! Quelle honte... Maintenait-on donc les femmes aussi sottes à la capitale de Ruvia ? N'importe quel patricien un peu éveillé savait que les textes de Victius, loin de se contenter de louer la beauté de telle ou telle déesse comme la plupart des écrivains médiocres, donnaient des leçons de sagesse, de morale et de politique dignes des philosophes. D'autant plus que ce poète avait également écrit plusieurs textes philosophiques. Ceux qui n'étudiaient que la rhétorique pure et dure et travaillaient leur esprit à la logique manquaient de vivacité et de réelle intelligence, se contentant d'adapter à leur guise des discours maints fois répétés. Mon père connaissait bien l'importance de l'instruction, lui.
Je savais que mon époux avait visité la capitale peu avant nos noces. Lorsqu'il m'avait courtisée, il ne s'était pas gêné pour affirmer que je surpassais en esprit, en bonté et beauté toutes les femmes patriciennes d'Edelmia. A l'époque, j'avais ri, pensant qu'il s'agissait d'un simple boniment pour gagner mes faveurs et me faire accepter de bon coeur d'être donnée à lui.

On dirait qu'il disait la vérité. Sacrée mauvaise nouvelle pour l'Oncmélie...

En ce qui concernait la beauté, mon interlocutrice en était pourvue, point de mystère. Ses cheveux châtains avait de jolis reflets dorés à la lumière, et la grossesse ne paraissait pas avoir endommagé trop ses courbes. Mais cela était tout. Quelle déception. Si j'avais pris sa première pique pour de l'humour un peu caustique, me visant moins que les autres patriciennes d'Edelmia, maintenant, le doute n'était plus permis. Elle me méprisait sans même me connaître, tout simplement parce qu'elle avait grandi à la capitale dans une famille à la tête d'un Empire et ne se sentait pas à sa place en Oncmelia non parce qu'elle ne s'y sentait pas en sécurité dans cet exil forcé, mais parce que pour elle, nous étions d'excécrables provinciaux à peine à distinguer des plébéïens.

Une petite fille gâtée et choyée n'ayant jamais eu à réfléchir et maintenant, une pauvre dinde au plummage d'oie, déguisée sous un habit de Matrona prétendûment raffinée. Comique.  Pour ma part, je dirais qu'elle ne détonnerait point dans un lupanar pour patriciens riches qu'elle pourrait divertir entre deux passes avec un rien de conversation, mais elle n'avait point place au bras d'un homme aussi éduqué et important que le procurator. Le malheureux ! Me voici à deux doigts de le plaindre. Avoir une telle compagne alors qu'il devrait bientôt démêler parti avec mon ignoble beau-frère, ainsi qu'avec ce serpent vicieux de Scorpa, cet infâme porc repu de Galba et les autres vautours !

Car certes, il était aussi égocentrique et vaniteux qu'elle, mais au moins, il avait un cerveau et savait s'en servir. Quelques instants de conversation avec lui m'avaient suffi pour en juger.
Bien évidemment, je n'allais pas laisser transparaître cet état d'esprit de sitôt. Et moi qui pensais converser avec une femme de réelle grande classe et non avec une pâle copie d'Attia Sillia... Au moins, cette dernière savait apprécier la littérature à sa juste valeur. Hormis cela, la seule chose qui les différenciait, ces deux péronelles, c'était que Laelia Protera devait porter des stolae d'un tissu plus cher que les siennes.
Soit. A moi de mettre un peu d'eau dans mon vin, dans tous les sens du terme, en n'oubliant point que je m'adressais à la femme la plus puissante d'Oncmelie, toute... médiocre fût-elle. Sans m'agenouiller à ses pieds, je devais m'efforcer de lui faire prendre plaisir à ma compagnie de façon à ce que nous nous voyions régulièrement. Ce ne serait point difficile, en réalité, si elle s'était comportée ainsi avec les autres patriciennes, elle ne recevrait point longtemps d'invitations ou alors, uniquement celles des femmes vraiment prêtes à jouer les serviles pour le bien de leur famille. Ce dont elle se rendrait compte très vite.

Supporter les avances malabiles et grossières de Titus Sevinius Merula. Faire les boutiques avec cette vipère de Caecillia Lubania. Devoir probablement coucher avec Marius Tullius Barbatus. Avoir régulièrement à souper avec cette dinde, corvée supplémentaire des huitaines.
Que voulez-vous que je vous dise, être mère et devoir assurer l'avenir d'un petit patricien nous amène parfois à supporter quelques petits désagréments...

- « Mais voici  qu’il  nous faut modeler  le  type  de  l’orateur parfait et  de  l’éloquence  suprême.  C’est par cette seule chose, c’est­-à­-dire par le style, qu’il l’emporte, comme l’indique le nom lui­même, et toutes les autres demeurent dans  l’ombre.  Car on n’a pas  appelé  inventeur, ni  compositeur,  ni  acteur celui  qui  les  a  toutes réunies. En effet de toutes les autres choses qui se trouvent dans l’orateur chacun peut revendiquer quelque partie ; mais la puissance suprême de la parole, c’est­à­dire  l’élocution,  n’est  concédée  qu’à  lui  seul. » Cinicius Tullius Hortensius*, énonçai-je avec lenteur en réponse. Il a tout à fait raison et je te concède qu'il est important de savoir discourir pour diriger. Mais la littérature, tout comme la philosophie, selon moi, apporte morale et sagesse, également indispensable pour siéger dans une assemblée. De plus, mon petit est encore trop jeune pour travailler ses lettres avec les écrits d'Hortensius, tu ne penses pas ?

J'espèrais ne pas y avoir été trop fort en citant de tête cette phrase de l'un des plus grands rhéteurs de Ruvia, mais Laelia Protera devait comprendre qu'elle n'était pas la seule femme instruite en Oncmélie. Aussi, pour éviter qu'elle pensât que je cherchais délibérément à l'offenser ponctuai-je ma répartie de mon sourire le plus charmant :

- Mais tu as fort raison de souligner l'importance des autres disciplines que tu évoques. Je gage que mon jeune fils aurait beaucoup à apprendre au contact de personnes telles que toi. Aurais-tu d'autres conseils tout aussi éclairés ?

Par cette question, je me retirais prudemment, m'abstenant de la défier davantage. Je devais absolument la laisser mener la conversation le plus possible, paraître suffisament insignifiante à ses yeux pour ne pas être une menace, mais suffisament intéressante pour qu'elle laisse mon fils fréquenter ses enfants, par exemple. Car si elle se mettait à penser que je pouvais la surpasser dans un domaine ou un autre, alors elle deviendrait immédiatement une ennemie. Et les femmes étaient effroyablement plus dangereuses que les hommes, quand elles voulaient détruire quelqu'un. Je savais de source sûre qu'Attia Sillia, par exemple, avait calomnié le pauvre Marcus Tarius Bellono avec une telle férocité que sa belle carrière à la curie s'était vue interrompre brusquement. Il avait été criblé de dettes, ses biens confisqués et avait échappé de peu à la pendaison.
Si vous voulez réellement être plus malin que votre adversaire, qu'il ne s'aperçoive surtout pas que vous l'êtes.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeDim 13 Déc - 17:35


Laelia retint un petit rire amusée tandis que l’hôte, certainement piquée par l’affreuse vérité, se débattait dans un bain d’huile. Elle l’écouta avec attention, et ne se départissait jamais tout à fait de la flamme rieuse dans ses prunelles. Voilà qui était bien plus intéressant que les badineries précédentes. Il lui aurait fallu plus de temps qu’elle n’aurait cru pour montrer son vrai visage : une femme instruite certes – comme on l’attendait d’une bonne patricienne -, mais sans grande intelligence. Car la pauvre ère, plutôt que de se souvenir de sa propre question, s’était empressée de déblatérer avec la hâte d’un vendu quelques propos aussi inutiles qu’hors sujet. Au moins montrait-elle un peu de culture, réchauffant le cœur de la ruvienne. La veuve Iustia aurait au moins réussi l’exploit de la divertir une soirée ; pas une mince affaire ! Elle pourrait bien se targuer de cela devant ses amis à la prochaine réception. D’ailleurs, la Protera se promettait de lui faire savoir combien le spectacle valait mieux que toutes les comédies infâmantes.

« Là, là mon amie, ne t’offusques pas ainsi ». Elle récupéra la coupe posée plus tôt, et tira une gorgée fruitée du contenant. « Ne me demandais-tu pas quels poètes avaient ma préférence ? Crois-moi, je ne voulais pas t’attrister avec ma réponse, pas plus que je ne comprends pourquoi tu mêles le pauvre Lucianus à mes goûts personnels ».

« Et à tout te dire, peut-être devrais-tu prendre ce conseil. Je crois qu’il te sera utile. On tend à croire que l’instruction palie l’intelligence ; mais ce sont deux choses bien distinctes qu’il convient de séparer. Dès lors, quelqu’un d’instruit peut parler avec de belles citations qui feront une grande impression sur son auditoire. On s’extasiera sur la beauté de la prose, sur l’élocution parfaite et la mémoire infaillible. C’est à cela qu’éveille la poésie. Toutefois, la poésie ne répondra jamais aux questionnements de l’âme que seule une Vérité franche et construite par une dialectique stricte saura éclairer. C’est ce à quoi sert les arts concrets et intellectuels de la philosophie et des mathématiques. »

« Bien sûr, tu sauras me rétorquer qu’une bonne poésie peut être emprunte de morale. Et à cela je t’accorde le point. Toutefois, il est bon de se souvenir que la morale ne nait que d’une réminiscence, acte philosophique. La poésie est alors une copie romancée, idéalisée même, d’une idée philosophique qui détourne son lecteur du fond consacré. L’on revient alors à ma première constatation : la poésie, comme le théâtre, est la culture des pauvres. »

« Concernant Hortensius, j’ai pu de le côtoyer à Ruvia, avant qu’il ne soit jugé pour plagiat après une plainte de quelques imminents esprits. Une simple connaissance des écrits de Soton et Plucrate aurait suffi à reconnaître l’école Vossulienne. Il est encore là bien triste d’établir un sombre portrait ; une personne qui dit de belles choses de manière péremptoire, ou encore sait faire de longues logorrhées n’est pas forcément un prêcheur de vérité ou quelqu’un de recommandable. Porter aux nus quelqu’un d’instruit en le pensant intelligent ne fait que montrer une profonde naïveté et certainement un manque de réflexion ».

Laelia Antia Protera posa le verre sur la table avec douceur et se leva avec grâce en faisant face à son hôte, ravie du dialogue et de sa soirée. « Il est déjà tard, et je ne voudrais abuser de ton hospitalité. Cette soirée a été distrayante, je gage de ta qualité de maîtresse de maison. Je te ferais sûrement une commande de ce vin, il était parfaitement à mon goût ». Ainsi, sous l’œil presque émue de la Ruvienne se terminait l’histoire de l’âne qui voulut être un cheval de course.
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MessageSujet: Re: [Terminé]Tendre la main [Laelia]   [Terminé]Tendre la main [Laelia] I_icon_minitimeDim 13 Déc - 21:06


Etait-ce bien vrai, cette histoire de plagiat ? Il est vrai que le philosophe que j'avais cité était mort deux ans auparavant et que visiblement, nous n'avions point toutes les nouvelles de la capitale dans cette province reculée. Dans ce cas, peut-être bien venais-je de passer pour une imbécile. Cependant, je me retins à grande peine de rire lorsqu'elle me parla de Soton et de Plucrate, car j'étais prête à parier qu'elle n'avait fait que survoler leurs écrits. Autrement, elle aurait su par exemple qu'Hortensius avait révoqué la plupart des préceptes de Soton dans son oeuvre "La sagesse à l'usage des lois."
Elle ne semblait d'ailleurs point vouloir poursuivre la discussion, ce qui me conforta dans cette hypothèse : même en admettant qu'Honorius fût réellement impudent plagiaire, elle avait deviné que j'avais suffisament de répondant pour la remettre en place. Et cela ne lui plaisait guère. Un autre mauvais point, je craignais. Le but avait été de gagner son respect en parlant d'égale à égale, non point de déclencher son inimitié.
Car j'aurais pu, en un clin d'oeil, lui répliquer que les écrits de Soton et d'Hortensius était bien suffisament distincts pour que l'on ne pût l'accuser de plagiat de cet auteur. Tout comme j'aurais pu ajouter, par ailleurs, qu'elle ferait bien d'appliquer ses conseils à elle-même, car d'esprit, elle n'avait point, pour proférer des insultes à peine voilée à son hôtesse. Quant oser dire que la poésie était de la culture des pauvres, j'aurais pu lui rappeler que plusieurs imperator avait été des mécènes pour de grands écrivains, et qu'ils devaient donc certainement y trouver instruction, pour consacrer du temps à les lire.
J'aurais pu également la coiffer au poteau en lui signalant que l'intelligence ne sert point sans modestie et humilité et qu'à trop regarder en hauteur, une chute pouvait faire bien mal; ah, tout cela eût été plaisant à lui dire. Sans plaisanter, même le plus rustaud de mes esclaves avait plus de finesse que cette dinde qui paradait dans mon oeculum.
Mais il y a des moments où il vaut mieux se taire. Je n'avais rien à gagner à lui montrer ma supériorité, j'avais au contraire beaucoup à perdre. L'abominable garce pourrait être une alliée précieuse dans le futur.
Même si je devais avouer que je ne savais plus que faire. Mon esprit et ma conversation me valaient de briller en toute occasion et d'ordinaire, je savais au besoin comment ménager la jalousie des autres patriciennes.
Fort heureusement, cette cervelle d'oie à la parade de coq ou devrais-je dire, de chapon, vu l'absence potentiel d'appareil masculin, me signala qu'elle avait apprécié le vin au point de vouloir en faire commande pour sa domus. Ce qui l'obligerait sûrement à revenir prendre contact.

- Pourquoi m'affligerais-je ? Les goûts et les couleurs sont différents chez chacun, et c'est bien ce qui fait l'individualité de chacun. Lorsque tu m'as dit ne point aimer la poésie, je n'allais point insister et t'entraîner dans une conversation ennuyeuse pour toi. Quant à l'affaire de plagiat, je dois bien avouer que nous n'en avons pas entendu parler ici. Ma foi, je me coucherai moins bête. Il reste néanmoins étonnant qu'Hortensius ait pu plagier un auteur qu'il a tant fustigé par le passé. Mais tu as raison, il se fait tard. Nous pourrons toujours reprendre cette conversation un autre jour et ce sera un plaisir de t'entendre me rappeler les subtilités de l'école Vossulienne : je t'avoue que j'ai lu la plupart de ces écrits avant mon mariage. Nul doute que les revoir me rendrait plus sage.

C'était la seule option qu'il me restait que de démontrer une soif de culture comparable à la sienne. Vu sa pédanterie, une fois lancée, elle devait sans conteste être le genre de personne à adorer s'entendre parler et donner des avis. Si je réussissais à éveiller cette facette de sa personnalité, alors j'aurais gagné.
Je l'accompagnai à la domus et lui fis les civilités d'usage.

- Reviens me voir quand tu le souhaiteras, que ce soit pour ta commande, ou simplement pour le plaisir de la conversation. Cette soirée fut un plaisir pour moi aussi."

Je mentais à peine en disant cela. Après tout, je venais de faire battre en retraite une patricienne réputée pour sa culture et son esprit vif ! Apparence que tout cela, j'en étais convaincue ! Si mon défunt époux avait assisté à la scène, il s'en serait amusé.

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