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 La Traque [Attegiovanos le Taciturne]

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Magetobrigos le Sanglier

Cléirigh

Magetobrigos le Sanglier

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MessageSujet: La Traque [Attegiovanos le Taciturne]   La Traque [Attegiovanos le Taciturne] I_icon_minitimeDim 13 Déc - 11:12

43ème jour du Printemps
Sud-Ouest du Cnuiclarann, Pays Cléirigh
Prêt du zénith
Suite de L'Embûche Fumante






Il existait une fable chez les Cléirigh qui contait l'histoire de Grandadon, le l'Affreux Brun du pays des vallons. Ce patibulaire porc des forêts terrorisait depuis des siècles les malheureux qui ne montraient point déférence aux Spiors des lochs et des eaux qui clapotaient au fond des vallées.
Grandadon se disait l'envoyé des divins, ses pas lourds résonnant dans le sable à son arrivé, ses défenses raclaient la boue menaçant ; on ne l'entendait que lors des grandes lunes et on ne le voyait qu'à l'aube des jours : sa venue était symbole de malheurs, car quiconque posait la vue sur sa trogne malingre, se savait condamné, maudit jusqu'à l'éternité. Les raisons de ses apparitions n'étaient point bien connus, mais assurément résidaient dans quelques erreurs de croyants. Une offrande omise, un rite bafoué, un autel profané, tant de chose que Grandadon ce devait de venger.
Un matin, il s'en vient de l'Ouest, attiré dans le Val de Loch Sgòthach par l'irrespect d'un homme qui répondait au nom de Beos Belle-Oeil. À la veille du Grianstad d’Été, le fripon avait consciencieusement omis de rendre grâce aux Spiors du vallon, préférant lutiner et boire à foison sur les berges de limon. Alors que pointait le jour, Beos se réveilla, caboche en miette, braque en chaussette, perturbé dans ses rêves par d'intenses grognements qui se rapprochaient inexorablement. L'espace d'un instant, il prit peur, sur de la venue de celui qu'on disait toujours prêt à maudire les manants. Mais il ravisa sa fuite, sûr que son destin se jouait en ces lieux.
Grandadon se présenta alors dans toute sa puissance et odeur, il renâclait bruyamment, farfouillant le sol de son museau, grattant des arrières, envoyant la boue voler dans les airs.
Beos le prit de cour et s'inclina sans le regarder.
« Salut à toi Seigneur des Auges, Salut à toi Grandadon le Laineux qu'ont appel à tort l'Affreux. »
« Tu as courroucé les Tuas, relève de la trogne et affronte ta malédiction en homme. »
« Ô Grande Bête, je le ferais, mais à celui qui affronte sa fin, permet une dernière demande. »
Surprit par l'impertinence du fanfaron, Grandadon mit un moment à répondre, mais se décida de trouver bien courageux et remplis de manières, cet homme qui ne prenait point l'escampette à sa venue. Il grogna avec force, faisant trembler la surface du loch qui s'étendait à ses côtes, puis enfin répondit.
« Parle mortel, mais soit bref, car ils sont nombreux, ceux à qui il me faut encore rendre visite. »
« Sois bénis Ô plus grand des cochons, et permets moi de te demander. Est-il vrai, que c'est à ta vue et à elle seule, que s'abat sur l'errant, les malédictions que tu traînes dans tes foulées ? »

« C'est le cas, Beos fils de Bossos, car celui qui me contemple perçoit ce qui s'étend derrière les voiles de ce monde. Est aucun mortel ne peut se targuer, de supporter vision du Pays de l'Éternel Été sans en être maudit à jamais. Maintenant, hâte toi. »
« Soit remercié Ô Grandadon le Grand et permets moi alors d'être le premier à te contempler sans craindre ni blâme, ni damnation. »
Et Beos Belle-Oeil releva du chef, sourire aux lèvres et contempla de ses yeux vides et aveugle, l'Affreux Brun du pays des vallons. Son rire s'éleva longtemps, allant jusqu'à couvrir les grognements de colère du sanglier divin qui venait d'être ainsi trompé. Grandadon s'élança à la poursuite du vantard qui lui-même, pris fuite à sa charge ; ils s'élancèrent alors dans une course éternelle et sans but, se pourchassant sur les berges de limons. Depuis lors, on peut parfois entendre, charrié par les vents, les grondements de l'Affreux Brun et les esclaffades de Beos Belle-Oeil qui, toujours cours en avant.

Alors qu'il chevauchait en tête de sa troupe, Magetobrigos se remémorait cette ancienne fable et aujourd'hui, il se sentait comme Grandadon le Seigneur des Auges. On l'avait trompé alors qu'il se trouvait plein de certitude ; car la chasse qu'il avait entrepris quelques jours auparavant, n'avait été que tromperie et labeur qui les avaient tous conduits à l'échec.
Bodocenus semblait depuis troubler, le jeune druide venait d'essuyer lui aussi cuisante défaite dans les signes qu'il avait eut à interprète. Mais le Sanglier ne pouvait lui en vouloir, car la Forêt Fumante était trompeuse, et cela, pour tout homme ou femme qui en franchissait les frondaisons.

Le récit de la traque n'avait rien de glorieux : ils avaient poursuivi un dix-cors sur presque toute la surface du bois et la chasse n'avait prit fin, qu'au moment où ils débouchèrent, surpris, sur la lisière sud. Ébétés, fatigués et ayant la sensation de s'être fait duper par les Spiors des Bois, Magetobrigos et son escorte durent encaisser le coup. Ils prirent un jour de repos sur les berges du Bro et c'est ici, qu'ils reçurent une visite tout aussi surprenante. Tascus, fils de Talis, s'en était venu à leurs rencontres. Le jeune chaman semblait effrayé et la raison en était simple : Licnos son maître, avait trouvé la mort.
Magetobrigos ne pouvait douter de sa parole, mais lui demanda néanmoins le pourquoi du comment et surtout, ou l'avait t'il apprit ? L'intéréssé lui répondit que ses rêves étaient clair, qu'ils faisaient référence à un immense rapace, peut être un aigle, vêtu d'or et de diamants, qui avait dévoré un vieux lièvres gris. Le songe lui revint plusieurs fois et à chaque fois, se déroulait en forêt de Mor Fiodha.
Cette annonce ne laissa pas le Roi des Collines de pierre, car Licnos était une de ses oreilles les plus fidèles et il appréciait fortement ses conseils, qui bien que souvent fantasque, se révélait souvent sage. S'il était bien mort, il devait savoir pourquoi.

Alors, il ordonna que l'on se rende à l'Ouest en direction de la forêt du Sud. Soldures et ambactes avaient retrouvés leurs pugnacités , rabatteurs et autres piquiers courraient avec plus de fougues, et mêmes les limiers semblaient retrouver un but.

Ne souhaitent pas s'arrêter plus que de mesure, au matin du dernier jours avant qu'ils ne pénètrent dans les bois. Magetobrigos décida d'une halte. Il fallait refaire quelques stocks de vivres, remplir leurs outres de cormas et changer les montures en ayant le plus besoins.
Alors, il prit la direction du Val de Nemodia.
En cet endroit, résidait un de ses sujets d'on, il appréciait aussi la compagnie, et cela, malgré son surnom évocateur : Attegiovanos le Taciturne. Il partageait nombreux points communs avec l'Eorl, tout deux n'étaient pas de très grand démonstratif, mais accordaient grande importance à la coutume et aux traditions des vallons.
Alors qu'il pénétrait sur les terres du Taciturne, il chargea son plus jeune suiveur de faire porter le message à dos de rosse.

« Va, rends toi à Nemodia en toute hâte et annonce notre venue. Nous passerons la nuit dans la vallée avant de reprendre notre route au lendemain. »

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MessageSujet: Re: La Traque [Attegiovanos le Taciturne]   La Traque [Attegiovanos le Taciturne] I_icon_minitimeMar 22 Déc - 0:37


« Il va mourir, Seigneur », avançait Congiomar avec lassitude. « Comme les précédents. Tu perds ton temps, comme d'habitude.
- Il faut bien que l'on essaie »
, répondit Attegiovanos, marchant vers l'étable alors que le petit braillait dans ses bras. « Certains survivent, parfois.
- Tu devrais dire à Uuinic d'arrêter de les ramener de la colline. Des bébés agneaux, bordel ! On a quel âge, Attegillos ? »


L'Eorl ne répondit pas. Comprenant qu'il pouvait aussi bien pisser dans un carnyx, Congiomar se contenta de hausser les épaules en bougonnant. Il savait bien qui était à blâmer dans l'affaire : Deirdre, encore et toujours. Mais à Nemodia, on ne blâme pas les morts, a fortiori celle-ci. Cette lubie avait commencé il y a des années, un jour où Uuinic s'en était revenu de la colline en trimballant un agnelet orphelin. Sa mère ayant été tuée, le petit était condamné, faute de mamelle à téter, à mourir de faim. D'aucuns conseillaient à Uuinic d'abréger les souffrances du petit être au plus tôt, ce qu'il aurait fait si Deirdre n'avait pas déboulé comme une furie. Elle avait interdit qu'on fasse du mal à l'agnelet, et chacun eut beau lui expliquer que c'était la chose à faire, la petite s'entêta tant et si bien qu'on la laissa faire. Comme elle s'était mise en tête de sauver le petit, Congiomar lui avait demandé, goguenard, si elle entendait le nourrir au sein ; elle l'avait foudroyé d'un regard haineux, puis emporté l'agnelet dans l'étable. A l'aide d'un tissu imbibé de lait, elle avait improvisé une méthode astucieuse pour maintenir en vie le petit. Tout le monde, même Congiomar, avait applaudi l'initiative, reconnaissant qu'elle leur avait bien cloué le bec ; et puis, quelques jours après, l'animal était mort, parce que ce procédé fastidieux avait tout de même ses limites.

On imaginait que Deirdre en tirerait une leçon, mais c'était mal la connaître. Elle continua de porter secours à chaque bestiole dans le besoin, se démenant comme s'il s'était agi de l'un de ses enfants. Au début, ces intentions faisaient sourire tout le monde ; puis, au fil du temps, comme elle accumulait les fausses couches, chacun comprit quel grand vide la malheureuse cherchait à combler, et nul ne chercha plus à l'en dissuader. Elle avait toujours souffert en silence de ne pas pouvoir donner d'enfant à Attegiovanos. Ce dernier ne l'en avait jamais ouvertement blâmé, mais sans doute éprouvait-il quelque rancune en son for intérieur, et elle le ressentait. Lorsque Deirdre mourut par un triste hiver, d'aucuns pensaient que cela sonnait le glas des agnelets. Attegiovanos n'avait jamais pris part à ses efforts, mais lors qu'elle n'était plus, il s'en fit une obligation. Était-ce un hommage à sa dulcinée perdue, un sentiment de culpabilité qu'il voulait étouffer ? Lui-même ne saurait dire, mais il avait nourri plusieurs agnelets à la main depuis, et quelques-uns s'en étaient sortis. La plupart mouraient, mais il continuait de s'imposer cet effort, refusant de confier cette tâche à quelqu'un d'autre.

Il portait donc le petit dans ses bras, marchant vers l'étable flanqué de Congiomar, quand se présenta le messager du roi Magetobrigos. La venue imminente du souverain des Collines de pierre se répandit à grande vitesse dans le val, suscitant un vif émoi. Il y avait longtemps que Nemodia n'avait été honorée d'une telle visite, et Attegiovanos s'inquiéta de l'état de sa demeure ; était-elle présentable pour y accueillir un si prestigieux invité ? Son grenier était-il suffisamment garni pour nourrir la suite royale ? Que n'avait-il pas été prévenu à l'avance ! Le messager, toutefois, laissait entendre que la visite royale serait brève. Magetobrigos n'était que de passage. Ce n'était nullement une visite de courtoisie. Aussi Attegiovanos se demanda-t-il ce qui pouvait bien conduire son seigneur sur ses terres, et où ses pas le conduisaient-ils. Il ne tarderait probablement pas à le savoir.

Si Nemodia ne s'était pas préparée à accueillir le roi, le printemps, toutefois, avait paré le domaine de ses plus beaux atours. Des primevères, violettes, lis et renoncules poussaient joyeusement dans les prairies. Des oiseaux se rassemblaient dans les arbres touffus qui jouxtaient le ruisseau, et leurs chants se mêlaient au coassement des grenouilles. C'était une saison magnifique, mais Attegiovanos avait appris à ne pas se fier à de tels signes ; les drames les plus tragiques se jouent parfois dans les plus beaux jardins.
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MessageSujet: Re: La Traque [Attegiovanos le Taciturne]   La Traque [Attegiovanos le Taciturne] I_icon_minitimeSam 26 Déc - 19:51




Fugaces furent les souvenirs qui lui revinrent des lieux, à vrai dire, il doutait presque du sentier que lui et ses hommes empruntaient en cette mi de journée. Nemodia n'était pas un de ces vallons de l'ouest qui sentaient la vase et la marée, non, c'était un endroit fiable et charmant ; ici, le sol était riche, ici la nature s'exprimait dans toute sa splendeur et, si on y trouvait moins de rochers que sur ses propres terres, la multitude de tumulus herbeux qui jalonnaient l'endroit vous enchantez le regard tout autant. Se perdant dans quelques observations bucoliques, le Roi des Collines fut presque surpris de déboucher aussi rapidement sur les premières traces de vie. Quelques-uns des gens du domaine s'agglutinèrent et saluèrent l'escorte avec tout le flegme de ceux des vallons, leurs chiards aux braies terreux se mirent à poursuivre la troupe à grande crillardises, attirés dans quelques quêtes imaginaires que leur évoquaient la vue impressionnante d'autant de torques dorées. Soldures et ambactes avancèrent imperturbable, ils avaient un but et manifestement, peu le temps de rendre toutes les politesses que demandait l'usage.
Malgré tout, le Sanglier apprécia l'instant : après tant de jours à poursuivre chimère dans les bois de son royaume sans aucunes traces de vie humaine, la vue simple de ces enfants braillards lui réchauffait le palpitant. On n'en vit trace sur ses traits si ce ne sont les quelques rides qui tiraillèrent ses pommettes.

La demeure de l'Eorl se dessina enfin, sobre et sans superflus bien qu'une nuée de serviteurs s'y affairaient, semblables en tout point au rassemblement de mouches que réanimaient les belles journées.

Magetobrigos tira des rennes, stoppant sa fidèle rosse qui renâcla bruyamment. Quittant sa selle de voyage d'un mouvement assuré, il grimaça au contact du sol, une douleur particulière s'étant réveillée dans son séant. Faisant quelques pas pour faire passer la crampe qui lui coinçait la fesse, ses proches guerriers vinrent le rejoindre et ensembles, ils formèrent troupe. Flanqué des tartans et des braies typiques du val d'Altitona, rehaussé des insignes royaux, l'or, le cuivre et l'acier luisaient avec force sous les rayons mordant de ce mi de printemps.
S'attendant à ce qu'on le conduise à l'intérieur de la bâtisse, c'est dans une autre direction qu'on les escorta. Arquant un broussailleux sourcil, le Roi ne s'en offusqua point et fut moins troublé que le domestique qui ouvrait la marche. Quand les contours d'une étable furent présenté comme le bon endroit, on put entendre quelques guerriers s'indigner de l'acceuille fait, mais ils turent leurs langues sous les oeillades furieuses du Sanglier.
Pis encore, c'est seul qu'il pénétra sous l'imposant portail de bois.

À l'intérieur, la curieuse scène s'étala sous ses sévères mires ; celui qu'il reconnut comme l'Eorl, tenait dans ses bras un agneau chétif.

« Salut à toi Attegiovanos fils d'Ascagnorix, la coutume à Nemodia aurait t'elle tant changer depuis ma dernière visite, pour que la charge des pâtres soit attribué au Seigneur de ces lieux ? »

Sa voix rauque, teintée d'une bienveillante cocasserie, contrastait avec la dureté de son faciès. Dans cette assemblée aux joues barbues, aux cheveux soyeux et aux torses velus, c'est porté par une curiosité simple qu'entre pailles et foins, trônait le souverain.

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MessageSujet: Re: La Traque [Attegiovanos le Taciturne]   La Traque [Attegiovanos le Taciturne] I_icon_minitimeDim 3 Jan - 16:00


Tandis que l'Eorl de Nemodia s'affairait à nourrir l'animal à l'aide de la méthode de Deirdre, le roi des Cléirigh fit irruption dans l'étable. Attegiovanos sursauta, surpris, car il n'imaginait pas recevoir son prestigieux invité de cette manière, et l'agnelet se mit à geindre. « Salut à toi, Magetobrigos, roi des Cléirigh », lança respectueusement l'Eorl tout en redressant l'animal dans ses bras. « Pardonne cet accueil ; j'avais pourtant dit à Uuinic qu'il vienne me chercher à ton arrivée, mais cet idiot a encore tout compris de travers. »

L'agnelet ponctua ces paroles d'une plainte faiblarde. « Rendons grâce à Ghra, nous ne manquons guère de pâtres », dit Attegiovanos tandis qu'il essayait tant bien que mal de réinsérer le bout de tissu imbibé de lait dans la bouche de l'animal, mais sa tête n'arrêtait pas de bouger. « Mais Deirdre s'était entichée de ces bestioles, et moi, je m'étais entiché d'elle, alors voilà. Quelquefois, je me dis qu'il aurait été simple qu'elle se passionne pour l'entretien des armes, le polissage des lances. » Il fronça les sourcils, craignant que cet exemple soit compris sous un autre sens par le roi des Cléirigh. Aussi enchaîna-t-il rapidement : « les loups pullulent dans nos pâturages cette année. Je n'en avais jamais vu autant. En soustrayant cette proie aux meutes de Madah, j'espère ne point m'attirer l'ire de Cogadh ; mais la venue de mon seigneur roi sur mes terres répond peut-être à un autre des plans du grand cornu. » Il releva la tête, se désintéressant un moment de l'agnelet pour considérer son invité, et le regard de l'Eorl de Nemodia se fit perçant, comme si, dans la semi-pénombre de l'étable, il cherchait à déceler les desseins cachés du souverain. « Mais je t'en prie, Magetobrigos, installe-toi où tu peux, le temps que j'en finisse. Cette étable n'est pas digne de ton rang, j'en conviens, mais ces tabourets ne sont pas plus inconfortables que la selle d'un cheval, fût-ce celle d'un roi. En outre, nous y sommes seuls, et j'ignore quand nous en aurons de nouveau l'occasion. »
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MessageSujet: Re: La Traque [Attegiovanos le Taciturne]   La Traque [Attegiovanos le Taciturne] I_icon_minitimeMar 5 Jan - 12:27




« Cela suffira. Crois bien qu'il existe demeure bien moins accueillante que cet endroit. » Clama le Sanglier d'instinct en acceptant l'invitation de l'Eorl. Sans fourberie, c'est de bon cœur qu'il prit place sur siège de trois pieds qu'on utilisait traditionnellement pour la traite. Bien que cavalier accomplit, après des jours et des jours passé sur le dos de sa rosse, le contact ferme du bois réussit à lui arracher quelques grimaceries. Pourtant, le résultat se révéla agréable et après quelques minutes, son séant cessant de le faire souffrir, Magetobrigos put s'adonner aux quelques pragmatiques observations qu'il appréciait tant.

Sur la grange d'abord. Des bonnes conceptions, ses piliers monolithiques trahissaient le savoir-faire des manieurs de gouges qui les avaient trouvé, débité et enfin conçu, tout cela à partir d'un seul tronc. Les linteaux, solives et la toiture semblaient provenir du même bosquet ; en somme rien d'exceptionnel car on retrouvait ce type de bâtisse partout sur le territoire Cléirigh, mais c'étaient les petits détails qu'appréciait de dénicher le Roi. Une moulure inconnue, une gravure alambiquée, des stigmates de quelques jeux enfantins, aux quelques autels structurels qu'il ne serait décrypté. Tant de choses qui rendaient l'édifice unique à ceux des gens de Nemodia.
C'était en soit un palais. Celui des pâtres, des bergers, éleveurs et autres serviteurs qui en étaient les seigneurs quotidiens.

Sur l'homme qui lui faisait face en suite. De quelques années à peine, son cadet, son visage portait certaines cicatrices qu'ils avaient en commun, de celles qui n'épargne nul homme en ce monde et que seul le temps peut apposer. Attegiovanos faisait partie de ceux à qui le surnom collait à la peau, aux yeux et à la vue de tous. Une seule œillade sur son renfrogné faciès, vous dévoilez une vérité brute : cet homme ne parlait pas pour ne rien dire. Un trait que Magetobrigos appréciait particulièrement. Ensembles, ils partageaient une même souffrance, silencieuse et que rien ne pouvait guérir. Magetobrigos la décelait sous le masque et la croûte de peau qui lui recouvrait la trogne. Sur cette trace, il ne s'étendrait pas, car elle était propre à ceux à qui on avait arraché l'amour sur le Daonnshaogal.

Ces différentes pensées mêlées créaient une atmosphère particulière ; propre aux vérités et aux confidences. Peut-être le souvenir de Venica y jouait t'il pour beaucoup. Las de la route parcourus pour arriver à Nemodia, Magetobrigos détacha une flasque qui pendait à son ceinturon. Elle contenait une de ces liqueurs du val d'Altitona, que les bouilleurs arrivaient à épicer et à accommoder pour donner quelques fameux breuvages.

« Profitons donc de cet occasion, pour nous épandre sur quelques sujets qui le mérites. » Annonça-t-il en remuant le flacon et en dégoupillant son bouchon.

Tandis qu'ils partageaient le liant du lien qui unissent tous les hommes, le Roi des Collines décida de faire son récit sur le pourquoi de sa présence en Nemodia. Il dut remonter loin pour suivre son récit, très loin, à vrai dire, il en profita pour décrire ses aventures du Val de Cenyd, la rencontre avec le Voyageur et surtout, les nouvelles que ce dernier apportait avec lui. C'est la qu'il biffurca sur les visions que son jeune chaman révéla au banquet et à leurs seconde rencontre en Forêt Fumante. Ainsi, il lui afficha aussi son but et celui de sa troupe : se rendre en Mòr Fiodha pour vérifier quelques vérités prophétiques.

Quand il eut fini, on pouvait entendre le vide à l'intérieur de la flasque.

« Il me faudrait rester à Dùnlodunum, j'attends que mes ambactes envoyaient à l'Est rentre d'un jour à l'autre. Pourtant, les Spiors m'appellent à l'Ouest ou le danger semble grand. Est ce un moyen de me détourner du Coinneamh Righrean qui s'annonce ? Ruigsin lui seul sait ce qui risque d'arriver une fois que je me retrouverais face à face avec la Vieille Carne. Mais si le Voyageur dit vrai, nous devrons nous préparer à la guerre Attegiovanos.»

Tendant le fond à son hôte, Magetobrigos tendit de l'esgourde, prêt à ourdir ses dires.

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MessageSujet: Re: La Traque [Attegiovanos le Taciturne]   La Traque [Attegiovanos le Taciturne] I_icon_minitimeDim 10 Jan - 12:34


Le roi lui parla longtemps, et, fidèle à sa réputation, le Taciturne écouta sans l'interrompre. Ponctuant le récit de gorgées de liqueur d'Altitona, Magetobrigos entretint l'Eorl d'inquiétantes nouvelles. Dans les steppes, loin à l'est, un peuple de chevaucheurs sanguinaires réduisait des cités en cendres. L'écoutant en silence, Attegiovanos accueillit d'abord le récit avec une certaine réserve ; ce n'était pas la première fois que des rumeurs de tumulte leur parvenaient de régions lointaines, car il est dans la nature des hommes de se faire la guerre. La fureur des batailles portait parfois les armées sur de longues distances, mais jamais aussi loin. Le roi, pourtant, semblait préoccupé, aussi ses craintes ne tardèrent-elles pas à trouver leur écho dans l'esprit de l'Eorl. Magetobrigos le Sanglier n'était pas homme à s'effrayer de quelques rumeurs, et Attegiovanos le savait bien. Quelque chose de plus grand était à l'œuvre ; un péril qui menaçait tous les Peuples libres. A l'évocation du Coinneamh Righrean, hypothétique assemblée réunissant les chefs de tous les clans, Attegiovanos se sentit gagner par un nouvel élan de scepticisme. L'idée de réunir à une même table les différents rois relevait de la gajeure ; celle de réunir les rois cléirigh et broin était carrément obscène. Le lointain péril des steppes paraissait subitement insignifiant, comparé aux risques que représentait une entrevue entre les peuples ennemis. Il en aurait ri, si le roi ne lui avait fait part, alors, d'une autre nouvelle accablante.

Ainsi, le sage Licnos n'est plus, songea amèrement l'Eorl de Nemodia, songeant combien ces dernières années avaient arraché aux Cléirigh des êtres chers et précieux. Il n'était pas un intime du chaman, mais la sagesse de l'homme était reconnue, et sa disparition privait le roi Magetobrigos d'un ami fidèle. Or, les amis fidèles, nul n'en disposait sans limites ; chaque fois que disparaissait un membre de l'entourage proche du roi, le pouvoir de celui-ci vacillait au moins en apparence, et ceux qui guettaient leur heure se frottaient les mains. Comme tout souverain, Magetobrigos devait composer avec certains chefs aux loyautés changeantes. Face aux dangers qui se dressaient devant eux, voir fleurir des dissensions internes était bien la dernière chose dont les Cléirigh avaient besoin aujourd'hui.

« Nous devrons nous préparer à la guerre, c'est une certitude », affirma Attegiovanos en s'emparant de la flasque que lui tendait son roi. « La seule inconnue dans cette affaire est l'identité de notre ennemi. »

Contre qui allaient-ils tourner leurs lances cette fois ? Contre ces chevaucheurs sanguinaires du Levant, si tant est qu'ils existent ? Ou de nouveau les Broin, dont l'existence ne faisait hélas guère de doute ? A moins qu'un autre péril encore ne se dresse en forêt de Mor Fiodha. Magetobrigos faisait face à un dilemme de taille. Un dilemme de roi.

« Si tu dois te présenter au Coinneamh Righrean, Magetobrigos, ce ne peut être dans l'ignorance de ce que trament les Spiors. Nous ne pouvons fermer les yeux sur ce qui se trame dans la Mor Fiodha. Nous devons faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles Licnos a rencontré son destin. » Dans ses bras, l'agnelet se remit à geindre, comme pour appuyer ses dires. Attegiovanos jeta un regard las à l'animal. « Il y a trop longtemps que je me morfonds ici, et j'ai sans doute mieux à faire que de soigner ces bestioles. Si tu requiers ma présence, je suis prêt à t'accompagner dans la forêt, seigneur roi. »
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