Personnage Âge: 38 ans Métier: Roi des Cléirigh Statut: Cléirigh
Sujet: Magetobrigos fils de Magatos, Roi des Collines Lun 6 Avr - 9:44
LE ROI DES COLLINES
« Sanuonar ! Sanuonar ! Sanuonar ! »
Prénom & Surnom : Magetobrigos
Fils de Magatos
An Torcag, Le Sanglier d'Altitona
Magetos pour ceux de son sang
Âge & Date de naissance : 38 ans, an 361 aux alentours du Cofhadthràth d’Automne Sexe : Masculin Faction : Tribus Barbares Liens notables :
Le Triùirglic
Les Eorls du peuple Cléirigh
Les Rois Broin, d'on Arnec le Chenu (Némésis) et leurs cours.
Le Roi Pluincéid, Ultàn le Fléau et sa cour.
La Reine Aonghusa, Morgana L'Insoumise et le Roi consort Pergasos et leurs cours.
Quelques patriciens et notables Ruviens.
Fonction : Roi des Cléirigh
HISTOIRE
An 361
Le Cofhadthràth d’Automne venait de s'écouler, hommes et bêtes se préparaient à l'arrivée de la saison sombre et des jours sans chaleur. À l'Est du territoire Cléirigh, dans le Val d'Altitona, on avait comme partout, clôturé les récoltes. Le grain fauché et battu remplissait maintenant les greniers ; les dernières plantes d'été séchaient tête en bas à la faveur des vents ; le raisin vendangé et foulé avait rendu son jus qu'on conservait précieusement dans les barriques de chênes en attendant qu'il mature. Dans les foyers, on avait remercié les Dieux pour leurs bienfaits en sacrifiant les plus belles têtes de bétail et à l'occasion des nuits sacrés de l'équinoxe, festoyé jusqu'à que les derniers des héros ne roulent sous les tables, emportés par l'ivresse. La liesse était d'autant plus grande, plus folle et plus intense, car il s'agissait là de la dernière avant le retour des beaux jours. Tous célébraient le faste éphémère de l'instant, tous sauf ceux de la demeure de Magatos.
Dans la loge du chef de clan, nul festoiement, nul corma offerte aux ancêtres, nul coupe levée en l'honneur des dieux, nul chant s'élevant dans les airs. Les hommes patientaient devant l'âtre en silence, se lançant quelques anxieuses œillades, osant à peine porter la chope aux lèvres. La tension à son comble n'étant brisée que par les crieries de la pièce voisine, la ou les femmes du clan se réunissaient en une cabale obscure. Ils leur étaient interdis de pénétrer au delà du rideau de lin tombant. Ils leurs étaient interdis de venir déranger Banna la maîtresse des lieux qui s'affairait à mettre au monde l'enfant. Dans ces moments semblant s'étirer au-delà du temps ou la vie et la mort se côtoyait de prêt, les guerriers d'Altitona préféraient faire profil bas et qu'importe les célébrations sacrées. Magatos transit d'excitation et d'une peur qu'il ne pouvait avouer devant ses ambactes et soldures, se posait moult question. Son épouse survivrait t'elle à la mise bas, elle qui depuis des heures déjà s'ébrouait telle une génisse ? Et l'enfant, serait t'il assez fort ? Le druide du Val, Cimarius le Niveleur, avait toujours mis en garde contre les malfaits d'élever un nourrisson pendant les jours froids. Des inquiétudes et des interrogations qui se dissipèrent comme fétu soulevé par le vent, alors que retentissait les hurlements juvéniles et les hourras des accoucheuses. Figé par la surprise, le jeune chef ne sut que faire jusqu'à qu'un croassement aigu le tire de sa torpeur.
« Eorl, Eorl ! C'est un fils ! Un fils ! »
L'interdit enfin levé, Magatos passa le mince voile le séparant de sa belle, palpitant gonflé de fierté, les bras tremblants d'une joie intense. La scène avait de quoi le laisser sans voix, entre les linges souillées de sang et les effluves des fumées d'encensoirs purificateurs, son épouse reposant sur le dos lui adressait un pâle sourire. Une vieille servante lui fourra un amas de nippes entre les paluches sans ménagement. La chose s'égayait, braillait, pleurait ou riait, il n'aurait pas su le dire. Mais le temps pressait, il fallait le nommer avant que Baran Didom ne change d'avis.
« Magetobrigos ! Magetobrigos, fils de Magatos, fils de Magerteunos le Jalon, voilà qui tu es. Mon fils. »
An 373
Pour le leanabh qu'il était, le val d'Altitona devint très vite étriqué.
Il ne s'agissait pas là d'un petit vallon ou les masures de pierre s'agglutinaient les unes sur les autres dans un besoin d'économie de place, non loin de là, Altitona était grande et vaste. Implanté dans une véritable cuvette, son plateau était long et bosselé. Les différences de niveaux étant nombreuses entre les différentes parcelles exploitées par ses habitants et les coteaux les mieux exposés se voyaient réservés à la culture des vignes. S'il existait quelques fourrées pouvant servir de cachette aux gibiers de passage le bois provenait principalement de Coille Smocaidh qui s'étendait au pied du val, ses frondaisons faisant office de frontière à l'Est. Dans ce cadre pastoral, les têtes de bétail s'égayaient sous la surveillance assidue des gardiens de troupeau et de leurs fidèles dogues. Les carriers et autres tailleurs de pierres se devaient eux aussi d'être armées, les meutes de loups affamés représentait un réel danger. Situé idéalement en périphérie de la cité chef de Dunlodunum, Altitona bénéficiait d'une situation privilégié, lui permettant de compter parmi les vals les plus riches du pays des collines.
Pourtant, ces considérations n'atteignaient pas Magetrobrigos. Lui ne voyait dans ces sentes et ces reliefs qu'un immense territoire de jeux d'on il était le futur maître. Il en connaissait chaque recoin, chaque fourré, chaque courbure. Escorté dans toutes ses péripéties par son frère Banatobrigos d'un an son cadet, ensembles, ils formaient une équipe de fameux chafouins à la réputation turbulente. Dans tout le val, on craignait leurs apparitions autant qu'on appréciait leur présence, car bien qu'intenable et à l'humeur bravache, les deux garçons n'avaient point mauvais fond. En secret on riait de leurs différences, l'aînée étant déjà dépassé par son cadet d'une bonne tête et pourtant, c'était lui le meneur de leur infernale duo. Malheur à celui élevant un peu trop la voix à ce sujet, car le fils de Magatos avait la rancune tenace et se vexait rapidement quand on lui faisait remarquer sa particularité. Les gamins des autres familles en savaient quelque chose, les chicaneries enfantines finissaient souvent en pugilat chaotique dans lequel les deux frères se démarquaient avec brio.
Magetrobrigos n'avait peur de personne, ou presque. Son père était un homme sévère, mais qui ne résistait que rarement dans la durée à ses caprices, trop fier de pouvoir exhiber les qualités naissantes de son héritier. Sa mère avait toujours était douce et en sa présence, le turbulent enfant se transformait en agneaux doux. Il n'y avait que Cimarius le Niveleur pour lui tenir tête sans faillir. Le druide en charge de son éducation et de ceux de tout les leanabh d'Altitona était un homme à la voix lourde mais chantante, capable des mots les plus soyeux aux colères les plus sourdes. Ses œillades semblaient capables de vous lancer de terrifiants charmes et tous même parmi les guerriers, parlaient de lui avec respect. Cette aura de mystère entourant le vieux serviteur des Dias suffisait à calmer tous ses soubresauts de jeunesse et il préférait faire profil bas quand le druide prenait sa grosse voix. Il redoutait de finir changer en rocher ou en cep de vigne pour un mot dépassant sa pensée.
Curieusement, c'est ce même personnage qui lui annonça au cours d'une matinée d'été, alors qu'il finissait l'enseignement journalier, qu'ensembles, ils se rendraient à Dunlodunum.
Le Roi Talavix le Tonnelet venait de rejoindre l'autre monde. Il n'avait point trépassé de la mort des guerriers, mais de son grand âge. Le Triùirglic avait alors invoqué le rassemblement des Eorls du pays Cléirigh pour l'élection d'un nouveau Roi. Magetobrigos se rendait pour la première fois dans la capitale et ces jours bénis d'été furent pour lui les plus beaux de toute son enfance. Quitter Altitona en compagnie de son père et de son escorte de soldure, voyager à dos de rosse à travers les vals voisins le torse gonflé de fierté pour enfin, découvrir les impressionnants remparts de pierre de la capitale : ce fut la plus belle de toutes les aventures qu'il avait pu vivre jusqu'ici.
Ils avaient rejoint une demeure non loin des imposants flancs des collines bordant la cité. Autant de gens agglutinés dans un même endroit avait quelque chose d'enivrant, on ne savait pas ou donner de la tête. Arrivé quelques jours en avance, Magetrobrigos toujours accompagné de son frère purent découvrir les lieux, s'émerveillant de tout. Ils tombèrent sur d'autres bandes de gamins locaux avec qui ils sympathisèrent après le temps de la méfiance passé. Les inbheach étaient eux occupés à festoyer durant d'interminable banquets ou ils honoraient autant les dias, les tuas, les spiors, les ancêtres et l'ancien Roi à grande goulée de corma. De toute cette agitation, Magetrobrigos ne comprit pas grand chose, mais dans les nombreuses conversations qu'il détectait, dans les nombreuses rumeurs qu'il ourdissait, il avait compris une chose important : son père, Magatos, faisait office de favori. On disait de lui qu'il serait le prochain Roi des Cléirigh, car il n'existait pas d'homme plus courageux. Autant dire que ces on-dit le gorgeait d'une vanité éclatante.
À la veille des nuits sacrée, on lui autorisa lui et Banatobrigos à participer au dernier banquet. La salle était comble, Cimarius les avaient placés aux places d'honneur réservés au plus grand des guerriers. Des bardes jouaient frénétiquement sur des lyres et chantaient à s'égosiller des chants qu'il ne connaissait pas. À cette époque, la notion de la fameuse Deuchain'nan'ceo restait bien vague pour lui, car il était interdit d'en décrire le déroulement à ceux n'ayant pas reçu le Fàinngàirdean. Tout ce que Magetobrigos savait, c'était que son père serait en danger, mais que tous considéraient qu'il s'en sortirait et reviendrait en Roi du peuple. La liesse l'avait atteint, on lui avait autorisé à goûter le vin d'Altitona qu'on avait ramené spécialement pour l'occasion. Alors que l'ivresse avait atteint tous les héros présents, son père se fendit d'une longue tirade bravache qui soulevèrent de nombreux cris de fierté. Il ponctua son discours en dévoilant une amphore d'on la seule vue souleva d'autres borborygmes de joie. Faisant sauter le bouchon, il prononça avec force ces quelques mots.
« Embrumés nous sommes et nous resterons. »
Descendant une longue rasade qui lui écuma la barbe et les moustaches, venant tâcher le sol. Magetobrigos acquiesça d'un rire bruyant, suivis de l'ensemble des gens d'Altitona qui ne se firent pas prier. Les hurlements se transformèrent en quinte de toux, en borborygmes gras et en appels aux anciens. Tendant les bras pour tenter de goûter au breuvage, son père le toisa d'un regard flou en levant la paluche en sa direction. À mi chemin, il laissa choir l'amphore qui éclata dans un fracas de terre cuite au sol. Le bruit ne couvrit pas le brouhaha ambiant, mais les cris qui s’élevèrent de la gorge du druide le firent. Les plaintes de Cimarius tirèrent les guerriers de leurs ivresses et firent cesser les bardes. Au sol, secoué de spasmes, l'écume aux lèvres, Magatos tremblait de tout son être, les traits crispés. Il semblait sur le point d'exploser de l'intérieur. Toujours sans comprendre, Magetobrigos serra d'instinct la main de son frère dans la sienne tandis qu'on les éloignés du banquet. La joie qui l'envahissait quelque temps auparavant s'en était allé. Elle ne reviendrait plus. Tout comme la fierté. Comme l'hiver qui chasse les derniers jours d'automne, Magetrobrigos venait d'entrée dans la saison froide de son existence.
An 384
« Magetos, sur la gauche ! »
L'avertissement lui vint d'en dos. Banatos le suivait telle une ombre depuis le début de cette traque qui s'étendait sur moult décennale maintenant. Accompagnés de leurs ambactes, les deux frères avaient pénétrés dans Coille Smocaidh au début des jours nouveaux. Ils chassaient pour le clan, ils chassaient pour la gloire, ils chassaient pour oublier leurs réalités. Le temps avait passé depuis l’empoisonnement de Magatos. De l'eau avait coulé en aval et pourtant, les blessures de ce jour funeste étaient toujours bien ouvertes. Leur père n'était pas mort, mais peut être mieux aurait t'il fallut. Après des mois de souffrance, il s'était réveillé d'un sommeil agité en ayant perdu sa vue et sa force. Baran Didom avait refusé de le reprendre, sans douter pour une bonne raison, mais Magetobrigos ne savait pas quoi penser des desseins du tua de la vie et de la mort. Lui ne voyait qu'une chose, l'unique chose que tous les regards pouvaient admirer en contemplant son paternel ainsi avachis tel un vieillard mourant sur sa couchette. C'était la honte qui avait frappé sa demeure. Cette honte l'avait plongé dans une existence haineuse et morne que rien ne semblait pouvoir alterner.
Même au jour sacré ou on lui remit le Fàinngàirdean et l'Acier de son clan, ou il devint enfin un homme et un inbheach parmi les siens, nuls sourires ne vint égayer son faciès.
La colère avait longtemps brûlé en lui. Il avait joué des poings contre tous les imprudents qui osaient salir la réputation de son père et pourtant, au fond de lui, il détestait cet homme qui aurait dut choisir la mort plutôt que le déshonneur. Pour sur qu'on avait tenté de remonter la trace de la funeste amphore qui avait brisé les rêves du fier Magatos, mais aucun coupable n'avaient put être jugé. On soupçonnait les perfides Broin, mais comme il en était de coutume, chez les Cléirigh. Alors, Magetrobrigos c's était réfugié dans sa rancune et dans le val d'Altitona, il s'était taillé une réputation d'homme teigneux, insensible à tout humour. C'était maintenant un guerrier accompli qui remplaçait son allonge manquante par une opiniâtreté à toute épreuve. Bien que sa compagnie n'était pas des plus plaisante, il c'était entouré d'un groupe de fidèle suiveur partageant sa morgue. Parmi eux, son frère, mais aussi Epos fils de Broccos, Carancatrix, fils de Carantagos et Vercombiogos le Malin. Tous avaient leurs défauts et leurs qualités propres, mais partageaient un point commun : ceux d'être d'accomplis bretteurs. Ils seraient bientôt ses soldures et partageaient eux aussi la traque. Magetrobrigos appréciait leur loyauté et leurs humeurs, ils le dépassaient tous d'une bonne tête, mais jamais ne lui faisait ressentir cette tare, au contraire, le fils de Magatos pouvait lire dans leurs yeux le respect.
Remontant la trace dans les sous-bois, javelot en mains, ils suivaient tous une vieille carne aux sabots lourds qui ne cherchait point à cacher sa présence. La bête traçait droit en faisant fis des racines et des obstacles, donnant du fil à retordre aux hommes et aux limiers s'étant jetés sur sa trace. En tête de troupe, Magetobrigos se mouvait avec aisance, sa petite taille étant un atout dans ce fatras de branches basses et de ronces épaisses. Remonter la piste était son seul objectif et il traçait toujours plus amont sans ralentir d'un pouce, son esprit fermé. Sa course folle l'avait amené à se séparer de sa troupe, mais il pouvait le sentir, il pouvait le voir : son but serait bientôt atteint.
Le décor changea sans crier gare, passant d'un épais bosquet à une clairière évasée. Au centre de celle-ci, trônait son adversaire. Un vieux sanglier à la défense brisé le toisait en soufflant bruyamment du groin, grattant furieusement le sol. Il semblait renoncer à la fuite, préférant affronter son destin en faisant face. L'espace d'un instant, chasseur et proie se jaugèrent dans le blanc des yeux. Magetrobrigos savait d'expérience qu'il ne devait pas se laisser surprendre, car cette large hure aurait tôt fait de l'éviscérer d'un coup défense féroce. Ainsi, il évita une première charge d'une roulade leste, ses appuis bien ancrés. Piquant le flanc de la bête, il ne réussit qu'à le blesser. Le Sanglier faisait déjà volte face et fondait sur lui rendu fou par la douleur. Protégeant ses propres cotés, le fils de Magatos se servit de sa hampe pour bloquer le rostre. Il regrettait d'avoir laissé son bouclier, mais qui partait traquer en s'en équipant ? Repoussé par un coup de tête, il faillit trébucher, trahit par une aspérité du sol. Sentant son pied riper sur une matière dure, prit d'un doute, il étira des mires et son doute se confirma : il profanait un ancien rocher à cupule. Les dias seraient mécontent, la vieille bête l'avait bien roulé en trouvant refuge dans cet ancien néméton, elle l'avait voué à s'attirer les foudres de l'autre monde. Magetobrigos, enragé ainsi d’avoir, était dupé. Une rage sourde naquit en lui, il ne pouvait plus reculer ou l'affront serait encore pire. D'un élan puissant, emplis de colère et de frustration, il contre chargea la bête qui fonçait sur lui. Le choc fut terrible, Magetrobrigos vola dans les airs, projeté comme un brin de méteil avant de retomber lourdement sur le dos. Son corps vibrait de douleur et il pouvait sentir le sang s'écouler d'une plaie à la cuisse, là ou le gorce l'avait percuté. Se remettant machinalement sur le dos, il cherchait son adversaire du regard et le trouva à quelques pas de lui, avachis au centre du cercle sacré. La bête était morte et avait faillit l'emporter avec lui.
Alors, il se rapprocha, poussé par son instinct. Tirant sa petite lame, il commença à dépouiller la carcasse. Cherchant frénétiquement le cœur, il le retira après quelques coups bien placés. Chaud et palpitant, fumant dans les brumes des fourrés, la vie ne l'avait pas encore quitté. Reprenant sa lance, Magetobrigos se tint à genoux, bras tendus et se mit à invoquer.
« A toi, Sanuonar, Gardien du Val, prend mon geste en témoin. À toi Torc le Sauvage, veille à accueillir ce noble fils à tes cotés. À toi Neart le Fort, reçoit le don du sang. À toi Beinn, Maître des Forêts, reçoit le don du fer. À toi Ruigsin l'Incréé, pardonne mon offense car c'est sans aucune rouerie qu'elle fut causée. »
Posant le cœur au creux d'un des réceptacles sacrés, il ficha sa lance, pointe dans le sol non loin. L'arme était d'une fracture exceptionnelle, aussi lui manquerait t'elle, mais il se devait d'offrir bien précieux pour espérer le pardon divin. C'est alors qu'il était pris d'un vertige terrible, ne pouvant faire se relever, il chuta lourdement au sol. Son existence se résuma à un songe perpétuel où il fut visité par de nombreux spiors, chacun tentant plus que le précédent, de le convaincre de rester parmi eux. Moult fois, il déclina leurs alléchantes offres. À quel point la fièvre l'avait t'elle poussée en dehors de la réalité ? Il ne pourrait le dire avec certitude. Se réveillant de cette transe après avoir perdu le fil du temps, il récupéra comme simple trophée, les défenses de la vieille hure. Faible, chancelant, une marche erratique avec pour seul but la survie, le conduit en dehors des lisières de la forêt. Quand il atteint enfin le val d'Altitona, il put lire le mélange d'angoisse et de surprise qui se peignait sur le visage de ses gens. L'avait-il tous crus mort ? Sans douter. C'est le vieux druide Cimarius qui vint en premier à sa rencontre en clamant ces mots énigmatiques qu'il n'oublierait jamais. « Salut à toi Magetobrigos. Ton père s'en est allé dans le pays de l'été, son corps repose déjà sous le dolmen. Les dias t'ont ramené parmi nous. Accepte ton devoir et guide nous, Sanglier d'Altitona. »
An 389
Le soleil de cette mi d'année n'était pas encore mordant, ses rayons perçaient avec difficultés les nuages bas qui s'écoulaient lentement dans les vallons. Cette matinée n'avait pas grand chose à envier à celles passées, ni à celles à venir, Cnuiclarann se réveillait lentement au rythme du chant des galines et des braillements du bétail. Mais dans la cité royale de Dùnlodunum régnait une toute autre ambiance que seul l'initié aurait sut décelé. Derrière les hautes et antiques murailles de pierres, l'air, se trouvait vicié, chargé des remugles d'alcools et de foutres, sans douter qu'on eût longtemps festoyé la nocte passé. Bien sûr en pays Cléirigh, il n'était pas rare que les soirées de liesse se transforment en heure d'ivresse et le peuple de la capitale avait une digne réputation à tenir. On disait d'eux qu'ils étaient premiers à lever la chope et derniers à la descendre. Dans les venelles de terre et de pavés, les derniers soûlards s’épanchaient en grognements et en rires, cherchant à regagner leurs chaumes.
Magetrobrigos lui aussi était éveillé. Il n'avait pas bu.
Car cette aurore naissante n'avait pour lui, rien de banal. Non, c'était la le jour d'accomplir son destin, celui pourquoi les dias l'avaient épargné dans la forêt fumante, celui pour lequel il avait tant bataillé. Celui qui le libérerait de la haine sourde qui lui mangeait les entrailles depuis tant d'années. Son regard sévère balayait les toits nappés de brume, comme pour tenter d'y distinguer un ancien savoir caché. Il ressassait le passé et le chemin accomplit, de l'empoisonnement de son père, à la rencontre de sa femme, de la jalousie de son frère, à la naissance de son premiers fils. Sa vie ne semblait que succession de défaites et de victoire et pourtant, aujourd'hui, il se sentait entier. Car voilà trois décennales maintenant qu'il s'était rendu devant le Triùirglic pour annoncer son intention de défier Nemodianus. Les sages l'avaient écouté, puis renvoyé à Altitona, augurant qu'ils la feraient savoir leur réponse. Cinq jours plus tard, des messagers à dos de rosses avaient défilé dans tous les vallons pour annoncer la nouvelle : les Eorls étaient conviés à participer à la Deuchain'nan'Ceo.
Les deux nuits qu'il venait de passer en compagnie du Vergobret furent dédiés aux divinités des peuples. L'expérience fut mystique, mais par-dessus tout, cocasse. Car il avait partagé l'espace contiguë de la loge druidique avec des hommes qu'il allait bientôt affronter dans un combat à mort. Nemodianus avait affiché un faciès serein, le Roi actuel connaissait les secrets du loch, il semblait sûr de sa victoire. Pour Magetobrigos, sa présence relevait du détail, car un autre personnage partageait leur condition, il s'agissait de Banatobrigos, son frère et sang de son sang. Les sages avaient joué une farce que seul les dias avaient pu leur susurrer, la coutume n'acceptait pas qu'un simple guerrier se présente à l'épreuve sacrée, mais le conseil royal avait décrété la demande valide après s'être entretenu secrètement avec lui. Durant les longues heures de la nuit, alors qu'ils se faisaient préparer et peignés de guède, alors qu'ils étaient soumis à d'ancestraux rites, alors que les fumerolles emplissaient leurs poumons, Magetrobrigos n'avait cessé de toiser celui qu'il considérait maintenant comme un traître.
Maintenant qu'il quittait enfin le Nàbach'Dias, son regard avait quitté les faîtages pour plonger dans l'opaque brume qui occultait le Stòr a ’cheò. Avançant totalement nu dans les ruelles froides, leur cortège ne fut arrêté par aucun manant. À l'approche du lac, les mines graves et peu éveillé des Eorls se dessinait déjà et il put ressentir le frétillement qui parcourut l'assemblée quand le chant guttural du Seann'sgeulach s'éleva dans l'air. Maintenant, il n'était plus possible de reculer. Magetrobrigos ressentait une profonde plénitude durant cette lente marche. Toutes les sensations du monde semblaient décuplées, il appréciait grandement le contact froid de la pierre sous ses pieds quand enfin, il avança sur le promontoire. Et à cet instant précis, la peur le saisit.
Devant lui s'étendait un océan de fumée, une mer de nuage, un parterre de brouillard. Rare était les êtres à avoir contemplé la surface des eaux miroitaient en dessous. Plus que le saut dans l'inconnu, dans un vide qu'il imaginait sans fond, Magetobrigos redoutait de passer dans l'autre monde. Car Stòr a ’cheò était un portail menant à la terre des dias et des tuas. Il était fort, mais que pouvait t'il faire face aux façonneurs de monde et à leurs chimères ? Cette pensée fut écourtée, car le doyen des bardes avait rompu son charme, terminé son chant, il était temps. Sans réfléchir, il se jeta tête la première. Pas un regard pour Banatos, encore moins pour Nemodianus. Il avait rendez vous avec l'inconnu.
La chute lui sembla durer éternellement. Autour de lui se déclinait des nuances de gris et de blancs dans lesquels il distingua de gigantesques mains tentant de le saisir et de le faire dévier de sa route. À un instant, il crut s'être fait frapper avec force et il put se sentir dévier de sa route légèrement. Jamais il ne ressentit une terreur plus grande. Le vent lui cinglait le visage, l'air se raréfiait dans ses poumons, il avait perdu toute notion du sens du monde et il crut devenir fou. Puis ce fut la délivrance. La brume se rompit brutalement, dévoilant une multitude de nuances d'azur. Magetobrigos eut à peine le temps de fermer la bouche, qu'il percuta avec violence la surface des flots en s'enfonçant loin dans le lac sacré. Son univers se brouilla une nouvelle fois, dans le tumulte d'écume et de bulles, il pensa distinguer d'immenses poissons aux crocs acérés et aux corps reptiliens. Une nouvelle fois, la panique l'envahit, mais elle lui sauva la vie. Battant frénétiquement des bras, il regagna l'air libre dans une grande inspiration salvatrice. N'ayant jamais été un bon nageur, il devait avoir bien mauvaise allure ainsi trempée. Les rives lui semblaient lointaines, l'atmosphère était lourde, la visibilité moindre. Mais le Sanglier distingua néanmoins deux lueurs à l'Est, elles l'appelaient comme une phalène attirée par la lueur d'un feu. Redoutant qu'on lui happe les jambes ou les pieds, il se démena comme un forcené, allongeant les longues brasses, faisant fit de l'épuisement et du choc, car il le savait, l'épreuve n'était pas terminée.
C'est une nouvelle vision troublante qui l’accueillit une fois qu'il put patauger sur le sable gris et les galets coupants. La sur cette mince plage, l'attendait un être de légende, le Draoiloch. Le décrire avec précision serait difficile tant, il semblait être déchiré entre deux mondes. Magetobrigos n'avait que rapidement passé le portail, mais le Chaman du Lac lui, y vivait presque perpétuellement. Son corps entièrement nu était badigeonné d'un mélange d'argile et de guède bleuâtre lui donnant un aspect irréel. Sa barbe hirsute se trouvait agrémentée d'os humains, d'algues et d'artifices qu'il ne reconnaissait pas. Il portait sur le crâne un couvre-chef dantesque, taillé dans le crâne d'une créature inconnue qui lui masquait le regard. Dans sa main droite, il tenait une lance à la feuille de bronze vert grisante. Sans un mot, il lui désigna sa place autour d'un cercle fait de galet. Magetobrigos n'était pas dupe et comprit vite qu'il s'agissait la d'une arène ou les survivants du plongeon devrait se livrer à un combat à mort.
Magetobrigos reprenait lentement son souffle, il fut le premier à se présenter. Scrutant les eaux, il patientait transi de froid dans l'attente de ses adversaires. Une ombre se détacha bientôt, s'avançant chancelante. Il s'agissait là de Nemodianus. Il arborait un sourire franc, ses longs cheveux plaqués sur ses épaules, le torse bombé. Saluant le Chaman, il ne reçut point de réponse et vint se placer à la place que le gardien lui désignait. Le Sanglier maintint longtemps son regard, bien qu'il devait lever la tête pour capter les mires de son concurrent qui le dépassait de deux bonnes têtes. Ainsi, ils patientèrent à nouveau. Le temps s'étira, peut être à la surface, faisait t'il déjà nuit ? Peut-être avait-on déjà bien avancé dans la décennale ? Impossible de l'affirmer, dans les domaines des dias, la temporalité n'avait pas même impact. Ce fut le Draoiloch qui brisa le silence s'étant installé en frappant de la hampe sur le sol trois fois.
« La Source des Brumes réclame l'affrontement. Dans les cieux et sous les eaux, tuas et spiors vous jaugent et prennent paris : qui rejoindra le monde des hommes auréolés d'or et de gloire ? Qui rejoindra les brumes pour siéger en leurs compagnies ? Faites honneur. Soyez digne. À deux, vous pénétrez dans le cercle, seul l'un de vous en ressortira.»
La voix cassée et étouffée insinuait sans douter de puissant charmes, car un frisson parcouru l'échine de Magetrobrigos, il pouvait sentir les regards divins se poser sur sa nuque. Oubliant alors que son frère n'avait point réapparu, il fit un pas et pénétra sur le sable. Son adversaire fit de même et la lutte s'engagea. Nemodianus était fort, ses muscles saillaient comme les nœuds d'un vieux chêne. Quand ils se rencontrèrent, Magetobrigos sut d'instinct que le Roi défié se révélait être un adversaire redoutable. Originaire d'un vallon haut du sud du pays, il descendait d'une lignée de bouvier célèbre pour leur pugnacité. Plus lourd que lui, il disposait aussi d'une plus longue allonge et ses poings s’abattaient sur sa défense comme la foudre. Le sang monta rapidement à la tête du Sanglier d'Altitona, il avait déjà encaissé de nombreux coups : sa lèvre inférieur fendu, son arcade gauche suintant un sang chaud, ses cotes endoloris, son souffle se faisait cours et son corps n'était que douleur. Alors Nemodianus se permit de l'invectiver, ses paroles pleines de vanités.
« Quelle folie, Sanglier d'Altitona, quels charmes sournois t'ont t'ils donc compté ? Penses-tu vraiment pouvoir me défier ? Me défier moi ?! Je suis le champion des Dias. Je suis celui qui terrassa Maglani le Pourpre, mais aussi Corvirus fils de Corvidos et Banuo le Séquoia. Voilà quelques noms fameux, peux, tu en dire autant ? Leurs têtes ornent mes pierres sanctuaires et chantent à mes victoires passés. Qui es-tu donc toi Magetrobrigos ? Dit le moi donc ? Qui es-tu sauf le dernier héritié d'une lignée honteuse. Tu aurais dû rester dans ton val et ne jamais en sortir. Au moins, recevras-tu une meilleure fin que ton aveugle de père ! »
L'insulte de trop explosa en lui, libérant un le flot de haine accumulé toutes ses années. Poussant un cri qui résonna entre les parois rocheuses, Magetrobrigos chargea en avant et sauta toutes jambes devant, percutant son adversaire avec violence et force. Le colosse chuta, dévoila son épaisse jugulaire. Sans réfléchir, Magetobrigos enfonça ses crocs dans la chaire et tira sec, le sang lui emplit la bouche en grande goulée. Il hurlait toujours alors que de ses doigts, il enfonçait les orbites de Nemodianus, lui occultant à jamais la vue. Le voile rouge qui c'était abattu sur lui ne le quitta que lorsque que le corps de son adversaire ne semblait plus qu'à une charpie de viande. Une nouvelle fois, ce fut le Draoiloch qui intervint, faisant cesser la folie. Le Chaman pénétra dans le cercle et s’agenouilla à sa hauteur. Il plongeant deux doigts dans le sang du vaincu et marqua une zone blanche de son front avec, avant de faire de même avec celui de Magetobrigos. Puis il se releva et clama.
« Relève toi Magetobrigos fils de Magatos. Relève-toi et quitte le cercle. Relève-toi et rejoins les hommes qui en haut t'attendent. Tu ne devras rien révéler des savoirs de Stòr a ’cheò, car ses savoirs, sont la propriété des dias. »
Groggy d'une multitude de sentiments, le Sanglier se releva du carnage et suivit le pas hagard la sente que lui dévoilait le Chaman. Sa tête semblait sur le point d'exploser une nouvelle fois, une pression forte lui serrait les tempes. Il commença alors la longue remontée qui le mènerait à Dùnlodunum. Durant cette marche, il faillit perdre moult fois la vie, trébuchant sur une pierre glissante, se raccrochant inextrémiste. La roche était coupante, le chemin traître et zigzaguant, la visibilité nul. Une nouvelle fois, il n'aurait pu dire combien de temps, il mit à remonter jusqu'à la capitale. Durant ce dernier périple, au hasard d'une courbe, il tomba sur le corps disloqué de son frère. Banatobrigos reposait brisé entre deux effleurements de roches en contrebas. Cette vision ne souleva aucun sentiment en lui, les Tuas ayant jugé qu'il n'avait pas été assez digne d'accomplir le rite. Quand enfin, il revint à la surface du monde connut, il lui fallut reprendre son souffle. Le Vergobret s'approcha de lui et lui posa le casque royal sur la tête en disant ces mots.
« Salut à toi Magetobrigos, Roi des Collines. »
Et le son d'airain des carnyx résonna dans toute la capitale, étouffant toutes les clameurs. Le Sanglier crut enfin que sa haine pourrait s'envoler, mais il n'en fut rien. Seulement commençait le chemin.
An 398
En réalité, la gestion d'un royaume, n'était pas bien différente de celle d'un val.
Les années avaient passé à une vitesse telle, qu'il m'était impossible de dire quand l'âge m'avait réellement rattrapé. Les matins froids se faisaient plus douloureux, les muscles de mon corps mettaient plus de temps à se désengourdir. Les lendemains de beuverie me laissaient un goût plus âpre dans la bouche et plus longtemps. Les fins de jours réveillaient en moi d'ancienne cicatrices et quelques douleurs fantômes faisant poindre la nostalgie des époques passées. Des signes qui ne trompait pas et qui assaillaient toutes les âmes ayant dépassés un certain âge. Je me plaisais à repenser aux doux moments de l'existence. Les tumultes de l'épreuve des brumes s'effaçaient doucement en moi, mais jamais je n’oublierais ma première nuit entre les murs de Ceàrnagdun. Le palais m'avait semblé trop grand, trop luxueux, trop ambitieux pour moi. Mon escorte s'y étaient installés, profitant d'instinct de la grande loge et de la fosse à feu, les rires et les chants s'élevèrent bientôt dans les couloirs de pierres et pourtant, j'avais le sentiment de ne pas être totalement à ma place. Ce sentiment s’apaisa lui aussi, aujourd'hui le palais est pour moi comme une vieille maîtresse, rude et acariâtre, mais toujours accueillante. Je ne pourrais compter le nombre exact de banquets donnés en ses lieux, le nombre de héros ayant foulé ce sol, le nombre de défis lancés, perdus ou remportés entre ses murs. Moments de liesses, grandes joies, vastes tristesses et nombreux deuils se mêlèrent dans un imbroglio d’événements tous plus importants les uns que les autres. Il m'avait fallu freiner mon tempérament, il m'avait fallu apprendre la sagesse, il m'avait fallu savoir régner.
J'apprenais à le faire en tirant les leçons de mes échecs et de mes victoires et en recevant de bon conseils, car il était important pour un Roi d'être bien entouré. Les dias me récompensèrent une première fois en permettant à mon ancien maître, Cimarius le Niveleur d'atteindre la place de Vergobret. Le druide quitta le val d'Altitona et vint s'installer à Dùnlodunum où il me seconde encore aujourd'hui. Celui que j’avais craint avec respect par le passé, se révéla être mon plus proche ami et confident, à vrai dire, il est bien possible que j'aie failli dans mes devoirs sans sa présence éclairée. Nombreux furent les moments de fastes, nombreux furent les moments de doutes, mais si je tirais une seule leçon du temps écoulé, c'était celle de toujours aller de l'avant. Il m'était impossible de m'arrêter. Il me fallait toujours aller plus loin. Résister face aux épreuves que m'envoyaient les dias et toujours faire face.
Cette année avait un goût particulier, elle humait la mort et le sang.
Voilà trois ans maintenant que nous avions débuté querelle avec ces foutus écluseurs de marais Broin. Des soldures des vallons de l'Ouest étaient venus me rapporter des nouvelles troublantes à l'aube de l'an 395 : On avait retrouvé de vieilles brogues de paludiers au-delà des marais. Les marauds avaient osé ! Faisant fis des accords tacites entres nos deux peuples, certains s'étaient permis de pénétrer dans Cnuiclarann. L'insulte se devait d'être relevé et afin de calmer leurs ardeurs, j'accordais aux guerriers des vallons limitrophes quelques pillages de circonstance. Les racleurs de tourbes répliquèrent et tout s'envenima rapidement comme toujours entre nos deux peuples. Cette guerre n'avait rien d'un glorieux champ de bataille ou les guerriers se taillaient des noms et devenaient des héros. Les affrontements étaient nombreux, mais de petites ampleurs : aux villages incendiés, on répliquait par des embuscades vengeresses, aux vols de bétails, on répondait par des incendies de prisonniers, aux insultes on promettait moult défis. En 397, je menais moi-même une embuscade aux alentours des Marais d'Ambre. Des pâtres nous avaient avertis de la présence d'un groupe de guerrier sur nos terres et nous comptions bien les renvoyer chez eux, du moins en partie. L'affrontement fut bref, nous tombions sur leurs flancs non loin des lisières sud de Bun Beag. Je fus alors surpris par la présence d'un certain Gabarú dans leur rang, il s'agissait là d'un membre éloigné du clan de la vieille carne qui régnait sur la moitié de se pays de tourbes, Arnec le Chenu. C'est alors avec grand contentement que je prélevais son crâne comme trophée. Cette petite victoire devait être fêtée dignement et je regagnais le campement pour rejoindre femme et enfants. Venica m'avait rejoint en compagnie de mon aîné Magusatios, de mon cadet Venobreug et de ma dernière enfant, Macaria. Peut-être fusse là une des erreurs les plus lourdes. Sûrement me suivrait t'elle jusqu'à la fin de mes jours. Car à l'occasion du banquet que nous organisions trois jours plus tard, j'évitais une tentative d'empoisonnement.
Comme mon père en son temps, on avait cherché à me tuer par sournoiserie. Les dias m'épargnèrent, mais comme souvent, se jouèrent de moi. Durant la jaillerie, Venica but ma coupe et en l'adressant aux Tuas, Magusatios lui, par roublardise en préleva quelques gouttes aussi. Ils moururent dans de terribles souffrances, leurs cris de douleur résonneraient à jamais dans mon esprit. Je sombrais alors dans une morgue sourde me rapprochant des moments les plus sombres de mon existence. En moi, naissait la certitude que l'auteur de cette tuerie fourbe était le même que celui qui attenta à la vie de mon paternel trépassé. La haine qui avait finit par s'envoler, revint avec force et fougue, les jours qui suivirent furent dur pour tous, car je trouvais refuge dans les armes et le sang des combats. L'année 398 fut la plus sanglante. Les échauffourées se multiplièrent et nous avions abandonné les petites vendettas marécageuses pour des affrontements rudes. Plongé dans ma douleur, blessé intérieurement, je rongeais mon frein et maudissait dans les moments les plus sombres de la nuit, les Tuas qui se jouaient de moi. Les festivités d'été approchaient à grand pas, mais dans ma tourmente, honorer les dias et les rites du Grianstad me semblait futile. Nous dépassions les jours de fêtes, et même si Cimarius me conseillait d'honorer les feux nouveaux, je dédaignais ses consignes.
Vint alors le point culminant de celle que l'on appellerait par la suite, la Guerre des Brogues.
À l'aube d'une journée caniculaire, je me présentais sur le champ de bataille le corps entièrement marqué par la guède, prêt à chercher ma vengeance. Sur le dos de ma fidèle rosse Umpos, j'engageais mes forces sans aucune retenue dans Boglachòmar. Véritable avatar de Codagh et de Neart, j'abandonnais toute prudence au profit d'un affrontement brut. Nous Cléirigh sommes des combattants, les Broin ne pouvaient rivaliser face à nos forces coalisés. Bien sûr, dans cette terrible mêlée, je ne distinguais pas vraiment les corps des miens qui tombaient, en réalité, les pertes furent terribles aussi bien chez les ceux des collines que ceux des marais. Mais je n'avais qu'un seul objectif : tuer ceux de la lignée d'Arnec. Cherchant à travers la mêlée les tartans de la Loidha'Boglach, j'en découvris plusieurs et décidais de suivre mon instinct. Plusieurs de mes soldures me suivirent dans la folie de ces moments, je n'entendis aucune réclamation. Devant notre fureur vengeresse, je me délectais de la fuite de mes adversaires, ils furent trois à périr par ma lame et à finir le crâne attaché à ma selle. J'apprendrais par la suite seulement leurs noms, Arfúid, Cadfael, Hoël, les rejetons de la vieille grenouille.
Ces victoires m'avaient galvanisé, pourtant le combat n'était pas encore gagné. L'air était devenu irrespirable, les marais s'étaient teintés de sang, des fluides et de la merde des mourants. Le crépuscule approchait à grand pas alors que je me lançais, transi de fatigue dans une nouvelle charge. Umpos mon destrier, se blessa dans un creux de tourbe et m’éjecta à quelques mètres des combats. J'enrageais à grande voix, contre les Broin, contre les dias, contre les tuas et les spiors, contre les morts. C'est ce moment précis que l'impossible se produisit. L'air lui-même s'enflamma, les marécages explosèrent et je fus soufflé par le choc. Les cris s'élevaient dans l'air, le monde entier venait de s'embraser. Les combats venaient de cesser brutalement et chacun regagna son camp respectif. Dans les jours qui suivirent, les druides des deux peuples se réunirent et en vinrent à une conclusion simple : nous avions offensé Lochran en dédaignant les rites de l'été et le Maître des Flammes avait décidé de réclamer son dû en personne. Par la force des choses, j'avais dû accepter la paix. Nous avions moult plaies à penser et peut être valait t'il mieux pour tous les Cléirigh que les affrontements cessent.
La fureur m'avait quitté, mais pas la rancune.
Dernière édition par Magetobrigos le Sanglier le Sam 25 Avr - 22:47, édité 4 fois
Magetobrigos le Sanglier
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Personnage Âge: 38 ans Métier: Roi des Cléirigh Statut: Cléirigh
Sujet: Re: Magetobrigos fils de Magatos, Roi des Collines Sam 25 Avr - 17:04