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 Traverser les marais (pv Bronach)

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Gaukka le Voyageur

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MessageSujet: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeDim 3 Mai - 13:55

12e jour du Pintemps
(année impériale 399)

La rencontre avec Arnec le Chenu avait été ce qu'elle était. Le Voyageur n'avait pas le temps de nourrir quelques regrets à ce sujet. Il devait se hâter de rencontrer les autres souverains. Le prochain était le rival du vieillard, le Roi des Collines et pour lui rendre visite, il devait traverser la lande piégeuse. De ses précédents voyages, Gaukka avait retenu bien des leçons. Celle que lui avait enseigné le pays des Broìn était de toujours avoir sa besace remplie d'antivenin et de baumes cicatrisants pour ne pas subir les attaques mortelles de la faune étrange des marécages.

Dans son dos, Arcasadrigun rapetissait à mesure qu'il s'enfonçait dans le Talamh'Vasaich. Il plongea la main dans la besace qui battait contre son flanc au rythme de ses grandes enjambées, vérifiant le contenu pour s'assurer d'avoir tout ce dont il avait besoin. Il se saisit d'un petit pot en argile et en fit sauter le bouchon en liège. Il inspecta le contenu, laissant échapper un juron en constatant la pommade sèche qui formait une croûte beige dans le fond. Il était sûr de ne pouvoir empêcher les morsures des divers insectes qui pullulaient dans les tourbières et sans baume, il était quitte à devenir à moitié fou à cause des démangeaisons. Lui qui avait tant l'habitude d'arpenter les terres et qui s'était toujours appliqué à préparer soigneusement ses voyages, il avait cédé à la précipitation et risquait d'en payer le prix. Le plus grand danger venait de la moitié de son corps brulé, qui même si elle ne le démangeait plus, était propice à l'infection s'il ne désinfectait pas les boutons, vestiges des attaques d'insectes.

Les Dias ne l'avaient jamais abandonnés et une fois encore, ils ne lui firent pas défaut. Entre les joncs jaunis et les trous d'eau stagnante, il remarqua les contours d'une hutte faite de branchages et de torchis. Quelques crânes étaient plantés sur des piquets et servaient d'entrée clôturée à la bicoque. Il passa entre les totems tordus et s'approcha de la porte de bois. Il cogna contre celle-ci du bout de son bâton avant de s'annoncer.

Y a-t-il quelqu'un ? Je cherche un chaman qui pourrait m'aider !
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Bronach la Noyeuse

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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeDim 3 Mai - 23:27

Un jour gris et lourd planait sur les roseaux, alors que Bronach dodelinait du chef, assise dans les mottes d'herbe mouillée qui entouraient la petite maison de la chamane. Comme souvent, elle s'était installée derrière la hutte en attendant le retour de Saoirse. Sans bruit, elle étirait entre ses doigts le fil rêche de son fuseau. La bobine oscillait en rythme des gestes répétitifs, presque absents, qui agitaient machinalement les phalanges où agrippait la fibre rétive : l'esprit était ailleurs, et se portait vers d'autres songes qui tournoyaient sous le front plissé par le souci. Autour d'elle, le silence bruissait de l'agitation fugace qui courait sous les eaux et les vasières, taisait l'écho de la mer qui battait un lointain rivage piégé sous de longues nappes de brouillard. Au milieu du calme, quelque chose lui fit tendre l'oreille : de loin en loin, de brefs appels aigus se répercutèrent, comme les ondes qui se déploient sur une eau calme et trahissent une présence. Les cris d'alerte des oiseaux allèrent croissant jusqu'à sonner de plus en plus proches et à mesure qu'ils froissaient le silence de leurs aboiements sifflants, Bronach suspendit son geste.

Elle entendit quelques coups, frappés à la porte, puis l'homme qui parla. Un sourire très fugace étira sa bouche et elle se leva en rangeant son ouvrage dans son tablier, pour aller se porter au-devant du visiteur.

- Je reconnais ta voix, peux-être te souviens-tu de la mienne, lança celle de Bronach qui roula un écho venu de derrière la maison, alors que la petite femme franchissait à grandes enjambées les bouquets de joncs et les quelques massifs d'herbes qu'elles faisaient pousser dans l'enclos. Par ici, Voyageur !

Bronach se tint à quelques pas de lui, et c'est un œil curieux qui se posa sur le druide, par-dessous les mèches éparses que l'humidité collait comme des algues sur le front de la chamane. Rares étaient les visages connus qu'elle retrouvait sans déplaisir : plus rares encore étaient ceux qui reconnaissaient le sien sans faire la grimace. Quelle que soit la réaction de Gaukka, cela n'enlevait rien au bref plaisir de retrouver celui qui avait tissé pour elle tant d'histoires, autrefois.

- Que voilà une heure curieuse pour revenir sur nos rives, et il y eut une once de chaleur dans son sourire. Viens, entre donc, si tu le veux. La mère Saoirse n'est pas encore revenue, mais peut-être puis-je t'être utile en son absence.

Une pause, le temps d'un battement de cils, et l'expression de son visage avait déjà retrouvé toute sa dureté coutumière.

- Tu peux attendre au-dedans, si tu préfères t'adresser à elle.

D'un ample mouvement du bras, elle écarta le pan de bois qui fermait l'entrée de la hutte, non sans diligemment prévenir de se garder de la bassesse du seuil que même Bronach devait franchir en courbant l'échine. Le printemps n'était guère clément encore, si une saison pouvait l'être à Talamh'Vasaich, mais la même grisaille qui régnait à l'extérieur avait étendu son empire sur la frustre demeure que l'apprentie partageait avec sa maîtresse. Eut égard à son visiteur, Bronach alla s'accroupir près du foyer, ramenant sous elle les pans de sa robe et de son manteau, pour y jeter quelques fagots de bruyère et raviver les braises qui couvaient sous la cendre encore tiède du matin. L'air humide faisait siffler les flammes avares sur leur petit bois fumant, dispensant une chiche lumière et une chaleur toute aussi parcimonieuse, à mesure que se révélait au regard un paysage de fagots mis à sécher, de guirlandes de champignons et de paniers emplis de toutes sortes de choses indistinctes. Des colifichets d'os, de bois flotté, de coquillages oscillaient et tournoyaient lentement sur leurs supports et tombaient dans l'ombre en cliquetant faiblement lorsqu'ils étaient effleurés par le souffle d'air d'un seul mouvement.

- J'ai entendu les oiseaux crier à ton passage, reprit-elle d'un ton pensif. Tu as pris la route qui vient de la mer, n'est-ce pas ?

La question n'en n'était qu'une à demie, et sous la paupière lourde, un regard curieux lançait une oblique couleur de fer.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 10:40

Gaukka n'eut pas le temps d'attendre très longtemps, qu'une voix féminine retentit depuis l'arrière de la hutte.

Je reconnais ta voix, peut-être te souviens-tu de la mienne. Par ici, Voyageur !

Des voixs, il en avait entendu des milliers depuis qu'il avait débuté son voyage. des nourissons étaient devenus parents, des Eorls passés de vie à trépas. Le temps avait filé plus vite qu'il ne l'avait vraiment réalisé et on se souvenait bien plus souvent de lui qu'il ne se souvenait de chaque visage et chaque nom. Pourtant, lorsqu'il aperçut le visage fermé de son interlocutrice, à demi-dissimulé sous quelques mèches de cheveux qui collaient à son front, il ne put retenir un sourire de fendre ses lèvres abîmées. Même si les années avaient accentués les traits, il reconnut la petit-fille du Chenu. Sous sa large capuche, il hocha la tête en guise de salut.

Quel heureux hasard, Bronach.

Elle surenchérit en indiquant la bicoque dans son dos d'un geste de la main.

Que voilà une heure curieuse pour revenir sur nos rives. Viens, entre donc, si tu le veux. La mère Saoirse n'est pas encore revenue, mais peut-être puis-je t'être utile en son absence. Tu peux attendre au-dedans, si tu préfères t'adresser à elle.
Je te suis.

Bronach poussa la porte de la hutte et s'engouffra à l'intérieur. Gaukka la suivit et se plia en deux pour franchir l'embrasure basse et étroite. Sous les colifichets et les attrape-rêves qui cliquetaient, le Voyageur avait la sensation d'être un géant tentant de progresser dans le terrier d'un lapin. Le Voyageur, voûté, parvint à s'installer sur un tabouret non loin de l'âtre où crépitait un petit feu qui laissait échapper quelques senteurs étranges. Elle reprit la parole.

J'ai entendu les oiseaux crier à ton passage. Tu as pris la route qui vient de la mer, n'est-ce pas ?

Le druide releva sa capuche pour la rabattre derrière sa tête chauve. Même s'il rechignait à montrer ses stigmates aux plus jeunes afin de ne pas les effrayer, Bronach avait passé l'âge, jugeait-il, d'être épargné par le spectacle intriguant qu'offrait les strilles blanches qui rongeait la moitié de son visage. Il répondit avec la douceur qui le caractérisait.

En effet. J'arrive d'Arcasadrigun. J'ai pu constater que ton grand-père à toujours l'esprit vif même si ses jambes ne le portent plus. Il est toujours aussi entêté aussi.

Un petit rire râcla le fond de sa gorge en songeant au spectacle cocasse que représentait le Roi des marais trônant fièrement sur les épaules de son colosse de petit-neveu, un duo aussi intriguant qu'amusant. Le Voyageur passa une main sur son crâne pour éponger les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Le feu n'était pas bien gros, mais il régnait dans la demeure de la chaman une atmosphère presque étouffante qui contrastait avec la fraîcheur des marais environnants.

Et toi, Bronach, quelles nouvelles ? Je me souviens encore de la jeune femme qui était passionné par les arbres siffleurs de Vossulie et qui n'avait de cesse de me demander un nouveau récit et je te retrouve aujourd'hui au coeur des vasières sous la tutelle de Saoirse. J'ignorais que tu avais quitté la capitale.

Il sourit, étirant les boursoufflures de sa joue droite et croisa le regard de son hôte.

J'ai toujours pensé que tu étais parti vagabonder hors des terres de ton aïeul.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 12:26

Sous la paupière encore, le regard en embuscade n'avait pas cillé. Tout juste se détourna-il de Gaukka quand la chamane souffla sur les braises pour mieux faire prendre les flammèches trop timides, avant de revenir à lui. Il confirma ses intuitions et elle eut un curieux petit hochement de tête : à la mention de son grand père, le visage de la femme demeura impassible, mais beaucoup de choses filèrent subrepticement dans l'onde grise. De vastes remous, des ombres, des choses tapies sous la surface qu'effleurait la lueur du feu. Elle oscilla du chef et feignit à peine un sourire.

- Arnec n'a rien perdu de son esprit, il est vrai. La chair est faible, mais le reste n'a pas décru.

Et puisque l'on parlait de croître, l'oeil incisif ne put s'empêcher de détailler le visage du druide qui avait retiré son capuchon. La lueur tremblante du feu se faufilait jusqu'à lui pour jeter une clarté rasante qui révélait chaque aspérité de sa figure qui lui évoquait, plus que jamais, le modelé tourmenté d'une vieille écorce. Il avait vieilli, peut-être bien plus qu'elle ne l'avait soupçonné de prime abord, mais à bien y compter, quinze ans pouvaient peser bien lourd sur l'échine d'un errant.

Il lui demanda ce qu'elle était devenue, elle. Bronach ferma brièvement les yeux, et de nouveau, elle eut un de ces sourires vagues qui tiraient sur ses joues des ridules et des fossettes qui atténuaient peut-être un peu de sa dureté coutumière, mais qui disaient sans concession ce que l'âge lui avait déjà pris.

- Je me souviens, oui, dit-elle à mi-voix.

Comme un air de déjà-vu, d'autres images se superposèrent au présent. Un autre foyer, d'autres murs et la rumeur de l'océan tout proche qui jetait ses embruns jusque le long des murs de bois confit par le sel, mais la même voix qui disait pour elle, dans l'ombre, les contes et les merveilles du monde extérieur. Des rêves, des choses belles et terribles à voir et à entendre, tant d'histoires qui s'entremêlaient comme les écheveaux du tisserand. Elle souleva ses lourdes paupières et le regarda un instant de ces pupilles couleur d'orage qui, elles, n'avaient pas changé. Quelque chose affleura furtivement sous la surface, comme un vestige qui remonte des tréfonds à faveur d'une marée : le souvenir d'un printemps, d'une autre vie pour celle qui n'était pas encore la Noyeuse.

Et puis, dans une légère oscillation du chef, le très léger vestige de l'innocence se brisa net quand elle comprit un détail surprenant : Gaukka ignorait visiblement tout de ce qu'il était advenu d'elle depuis leur dernière rencontre.

- Ah, fit-elle avec un haussement d'épaules. Si tu demandes encore, c'est donc que tu ne sais rien. Eh bien, j'ai voyagé, fut un temps, mais me voici revenue auprès de la vieille mère Saoirse et de mon vénérable grand-père. Je n'ai pas vraiment quitté Ascarsadrigun, à dire vrai, j'y reviens souvent quand on y a besoin de moi. Mais tu sais combien j'ai toujours eu goût pour la solitude, n'est-ce pas ?

Et ce disant, le sourire qui se déploya sur son visage en lui faisait montrer les dents avait quelque chose d'une lame de couteau.

- Et toi, Voyageur, tu sembles sur le départ, t'en vas-tu vers l'est ?
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 15:55


Les années avaient à peine modifiés les traits de Bronach, tout juste avait-il figé un masque impassible qui se fendait rarement d'un petit sourire. L'évocation de son grand-père ne fit naître aucune émotion chez elle, tout juste risqua-t-elle une remarque pleine de justesse à son sujet.

Arnec n'a rien perdu de son esprit, il est vrai. La chair est faible, mais le reste n'a pas décru.

Lorsqu'il évoqua ses lointains souvenirs qu'il avait d'elle, alors toute jeune adulte ayant passé son Fàinngàirdean autour de son avant-bras, elle ferma les yeux comme pour revivre cet instant.

Je me souviens, oui.

Elle rouvrit les yeux, une lueur nostalgique brillait au fond de ses prunelles grises. Elle répondit aux interrogations du Voyageur sans qu'une autre émotion ne fut lisible sur son visage.

Ah. Si tu demandes encore, c'est donc que tu ne sais rien. Eh bien, j'ai voyagé, fut un temps, mais me voici revenue auprès de la vieille mère Saoirse et de mon vénérable grand-père. Je n'ai pas vraiment quitté Ascarsadrigun, à dire vrai, j'y reviens souvent quand on y a besoin de moi. Mais tu sais combien j'ai toujours eu goût pour la solitude, n'est-ce pas ?

Elle sourit et Gaukka lui rendit. Elle répondait sans répondre, éludant la question en choisissant ses mots pour ne pas entrer dans les détails. Si tel était son choix, le druide le respecterait. Il ne prenait que ce qu'on voulait bien lui offrir et même s'il était curieux du monde, il savait qu'il fallait laisser à chacun le loisir de parler de lui quand et lorsqu'il en avait envie. Il répliqua en gardant ses lèvres ourlées d'un sourire bienveillant.

La solitude appelle la multitude. Tu as les Dias, les Tuas et les Spiors avec toi. Les oiseaux t'ont annoncés mon arrivée. Je suis certain que le chant d'une grenouille ou le bruissement du jonc sont autant de compagnons pour toi que les serviteurs de la capitale pour les deux Rois des marais. Toi comme moi, nous ne sommes jamais totalement seuls.

Il étendit ses longues jambes devant lui et redressa son dos avant que des courbatures se s'insinuent pernicieusement dans ses muscles fins. Elle le questionna à nouveau.

Et toi, Voyageur, tu sembles sur le départ, t'en vas-tu vers l'est ?

Son sourire se mua en petit rire amusé. Les yeux de Gaukka se plissèrent légèrement, offrant un regard complice à la jeune chaman.

C'est le propre d'un vagabond d'être sur le départ, ne penses-tu pas ? J'ai encore tant à faire, tant à voir. Ce n'est que lorsque Baran Didom viendra me chercher pour mon ultime voyage que je cesserai d'arpenter les chemins.

Sa bouche se tordit en une grimace contrite, tandis qu'il repensait à la quête qu'il s'était fixé. Au contraire de son interlocutrice, il n'avait rien à cacher, aussi poursuivit-il sa confession.

Pourtant, il est vrai que pour la première fois depuis longtemps, ce n'est pas la danse d'Ana qui guide ma route. Après mon entrevue avec ton aïeul, je dois maintenant rejoindre le Cnuiclarann pour y rencontrer le Roi des Collines.

Il leva une main en signe de paix, avant que la Broìn est eut le temps de protester.

Et je te saurais gré de m'épargner le sermon sur vos éternels rivaux qui vivent au-delà du Boglachomàr. Ces querelles ancestrales ne me concernent pas et ne m'ont jamais concernés. Il faudra un jour que tout ceci cesse, car il sera bientôt temps de s'unir, Bronach. Mais passons ... J'imagine que tu as déjà compris ce qu'un voyageur vient chercher chez une chaman avant de traverser le Talamh'Vasaich ?


Dernière édition par Gaukka le Voyageur le Lun 4 Mai - 17:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 16:43

Il n'était pas dans la nature de Gaukka d'être curieux, et elle lui sut gré de ne rien vouloir savoir de plus. Il se tint au peu qu'elle voulut bien lui délivrer, car en définitive, il n'y avait rien d'autre à ses yeux qui vaille la peine d'être raconté.

Et puis, pour la première fois depuis que la mine sévère de la chamane s'était laissée apercevoir dans la grisaille du jour, Bronach eut un véritable sourire. Il passa, comme une vague, alors qu'elle contemplait encore Gaukka de ses yeux profonds. Ils ne perdirent rien de leur acuité, rien de leur mordant qui semblait vouloir tout engloutir : mais tout autour, l'expression se teinta d'un rien plus de douceur et elle hocha lentement la tête. C'était étrange, parfois, d'entendre ses propres pensées dites par la voix d'un autre. Souvent, c'était mauvais signe, parce qu'il ne faisait pas bon avoir dans son entourage quelqu'un qui savait trop bien ce qui se disait dans l'obscurité de son propre crâne. Mais cette voix-là, elle lui pardonnait de dire tout haut ces vérités-là.

- Cette multitude-là me convient mieux, acquiesça-elle en posant son menton dans le creux de sa main. Mes yeux et mes oreilles s'étendent tout autour de moi, comme les racines.

Et ce disant, elle écarta ses longs doigts autour de son visage.

Très lentement, comme de vieux sédiments érodés par la brise qui révèlent quelque chose d'enfoui, elle s'animait un peu plus alors qu'ils parlaient. Ses traits retrouvaient un peu de chaleur, un rien d'humanité qui atténuait le masque impassible qu'elle s'était forgé. Sa voix profonde avait perdu un peu de sa mélodie d'autrefois, lorsque l'adolescente la mêlait à celle des oiseaux : un autre signe de l'usure et du nombre des années qui étaient passées.

Un rien d'amusement lui dansa dans la pupille quand il répondit à sa question par l'une de ces formules énigmatiques dont les druides se plaisent à s'entourer. Rien n'est donc jamais simple, avec eux, mais comme Gaukka avait reçu des Tuas le don de la concision en sus de l'éloquence, il ne tarda pas à faire la lumière sur ce qui l'amenait si loin de tout. Au début, Bronach oscilla du chef, la curiosité au bord des lèvres, un peu comme un oiseau intrigué, et puis elle siffla légèrement entre ses dents quand il lui donna le fin mot de son projet.

Une série de claquements de bouche irrités répondit au geste de paix qui cherchait à faire taire une éventuelle protestation de sa part, et lorsqu'il eut terminé, elle se leva en agitant une main par-dessus son épaule.

- Ah, tu sais bien que je n'ai rien à redire de tes errances, moi, et les jeux du pouvoir ne sont pas vraiment mes affaires, lança-elle en lui jetant une œillade sarcastique. Mais tu devrais surveiller tes fréquentations, voilà tout.

Une pause, et on l'entendit remuer quelques pots alors qu'elle lui tournait le dos. Le ton acerbe s'estompa quand elle reprit :

- Pour le reste, oui, je devine bien. Ta besace est-elle toute vide, Voyageur ? Dis-moi ce qu'il te faut, j'ai sans doute assez pour te fournir, et si cela ne suffit pas, j'irais cueillir quelques ingrédients de plus, sitôt que la vieille mère sera rentrée.

De nouveau, elle resta silencieuse un instant, puis se retourna vers lui.

- Alors, c'est ça qui t'emmène sur les routes cette fois ? Tu plaides pour que nous vienne un Roi des Rois ?
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 18:42

Il était agréable de voir un vrai sourire qui illuminait le visage de Bronach. Malgré les quelques rides que les années avaient peintes, le Voyageur retrouvait mieux l'adolescente qui l'écoutait religieusement, assise en tailleur sur le sol frais du Bothanmòran. Il eut la sensation qu'elle allait protester lorsqu'il évoqua sa destination et malgré sa main levée en guise d'apaisement, la chaman ne put retenir quelques grimaces irritées et une réplique quelque peu acide.

Ah, tu sais bien que je n'ai rien à redire de tes errances, moi, et les jeux du pouvoir ne sont pas vraiment mes affaires. Mais tu devrais surveiller tes fréquentations, voilà tout.
J'ai pourtant moins de morts sur la conscience en ne surveillant pas mes fréquentations que ceux qui veulent se trouver des ennemis car ils y voient là, une tradition.

Elle s'était dirigée vers une collections de pots et de jarres qu'elle observait d'un oeil expert avant d'en prendre d'autres pour en jauger le contenu. Gaukka avait prononcé ses mots à mi-voix, presque pour lui-même, sachant d'avance la cause perdue qu'était une tentative de réconciliation entre les deux peuples. Bien des guerriers avaient oublié les raisons de la querelle et tous semblaient vouloir croire qu'elle était né au coeur du Marais d'Ambre. Il secoua la tête en souriant avec une pointe d'amertume dans le regard, tandis que Bronach poursuivait son discours.

Pour le reste, oui, je devine bien. Ta besace est-elle toute vide, Voyageur ? Dis-moi ce qu'il te faut, j'ai sans doute assez pour te fournir, et si cela ne suffit pas, j'irais cueillir quelques ingrédients de plus, sitôt que la vieille mère sera rentrée.

Elle marqua un petit arrêt, cherchant visiblement l'approbation du druide, qui répondit d'un ton complice, qui flirtait avec une douce moquerie.

Les talents de voyants des chamans sont toujours aussi impressionnants. Même un vieux Voyageur peut parfois se montrer trop prompt à rejoindre sa destination, en effet. Je n'ai ni baume pour apiser les escarres et les piqûres, ni d'antidote contre le venin de vos grenouilles à peau rouge dont le nom m'échappe. Et tant qu'à y être, quelques plantes pour protéger mes brûlures de l'atmosphère suintante des marais.

Elle se retourna et le toisa à nouveau avant de lancer.

Alors, c'est ça qui t'emmène sur les routes cette fois ? Tu plaides pour que nous vienne un Roi des Rois ?

Le sourire disparut totalement du visage aux profils dissociés. Les jours avaient beau passer, il n'arrivait pas à s'ôter les images terribles des cavaliers des steppes hurlants de la pupille. Il secoua la tête, en baissant les yeux vers le sol. Le ton du Voyageur parut moins doux et plus concerné.

Un jour ... Bientôt ... Le plus tôt possible ... Les quatre peuples libres du Nord devront s'unir ... Ou périr ... Là où Wulrrekk avait uni les clans pour combattre les ruviens et le danger venu de l'Ouest, c'est bien pire qui nous guette depuis le levant. Ils ne chercheront pas à dominer les terres et à réduire les enfants en esclavage ... C'est la mort et la ruine qui arrive ... La destruction pure et simple de notre mode de vie et des Dias ... S'il faut un Roi des Rois pour nous permettre de survivre aux Feareich, alors je suppose que je plaide pour son retour.

Il redressa les yeux pour retrouver le visage dur de Bronach. Son sourcil gauche se leva, l'autre avait de toutes façons depuis longtemps disparut sous les boursoufflures blanches et rouges.

Toi aussi, tu penses que je suis naïf et beaucoup trop optimiste si je pense y arriver ?
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 20:14

Bronach se félicita de lui tourner le dos, quand il répondit à sa remarque acerbe, pour qu'il ne perçoive pas le pli amer que prenait sa bouche alors qu'il parlait, tout doucement, presque pour lui-même, d'à quel point ses mains étaient épargné par le sang. Elle baissa les yeux sur les siennes, et crut saisir au vol un rien d'abattement dans le ton du druide, qui disparut dans la moquerie légère des paroles qui suivirent.

Un petit rire secoua les épaules de la chamane alors qu'elle prenait mentalement note de ce qu'il demandait, et avisait les quelques contenants dont elle aurait besoin. Gaukka n'avait rien perdu de sa verve, ce à quoi sa fierté pouvait consentir : rares étaient ceux qui plaisantaient de la sorte avec elle, sans méchanceté embusquée, et surtout, sans mépris. Plus rares encore étaient ceux à qui elle le permettait.

Mais la gaieté disparut très vite avec la question qu'elle posa : le regard bref qu'elle saisit au sol, avant qu'il ne baisse les yeux en parlant, en disait bien assez long sur le sérieux des choses qui amenaient le druide errant à se faire agent d'une diplomatie précaire qui semblait soudain si vitale. Elle resta silencieuse un moment, quêtant les bribes de réponse supplémentaire logés dans l'interstice entre chaque mot. Lui qui parlait d'ordinairement si aisément et avec tant d'aisance paraissait soudain peiner à trouver les mots adéquats qui portaient chacun leur propre hantise du danger qui les guettait. Un frisson se faufila le long de son échine, parce qu'elle avait vu, elle aussi, les sombres présages qui s'amassaient comme des nuées d'orage au fond d'un ciel d'été.

Bronach lui opposa une figure grave, accrochant sans ciller le regard qu'il avait posé sur elle. Plus que jamais, Gaukka accusait l'âge qui avait mordu profondément la chair déjà tourmentée par les cicatrices terribles de son calvaire ; le temps n'avait été clément ni pour l'une, ni pour l'autre, et l'ombre d'un profond souci obscurcissait à présent la joliesse de ses yeux verts.

- C'est déjà arrivé, dit-elle. Cela arrivera encore. Du moins, je le souhaite, si c'est à cela que tient notre survie à tous. Mais je sais que ce n'est ni avec des espoirs, non plus qu'avec des souhaits, que l'on fait face à ce qui nous guette aux frontières du monde. Je l'ai vu, tu sais, comme tous les autres : Saoirse aussi, et tous ceux qui savent percevoir ces présages ont vu le sang et la ruine qui se profile, et nous avons entendu jusqu'ici les échos de la marée qui gronde au loin.

Elle secoua la tête, les lèvres pincées dans une expression pleine d'amertume.

- Mais tant que cela reste loin, je crains que ça ne soit pas assez écouté par ceux qui devraient l'entendre en premier lieu. Il faudra que cela soit à nos portes pour vraiment porter ses fruits. Pour autant... Je ne crois pas que ce soit une vaine entreprise que la tienne. Il faut bien agir plutôt que d'espérer et je suis certaine que les Dias ne peuvent nous abandonner en cette heure si critique
.

Qu'elle était étrange, cette heure, où la jeune réconfortait l'ancien qui avait autrefois tant apporté de sagesse. Elle taisait ses propres doutes sur l'issue de ce qui s'annonçait, mais à bien y réfléchir, le Voyageur qui avait l'oreille de tous était peut-être la voix qu'il fallait pour transpercer le tumulte et les dissensions. Il fallait bien quelqu'un d'extérieur, quelqu'un qui n'appartenait vraiment à aucune terre ni à aucun pays, pour réussir à créer un lien là où ne régnait que la disharmonie. A tout prendre, c'était encore bien mieux que rien.

- Ferme l'oreille à ceux qui disent que tu as tort, Gaukka,
dit-elle enfin. Fais ce que tu penses être bon et juste, parce qu'à la toute fin, c'est tout ce qu'il nous reste à faire.

Brièvement, elle se demanda ce qu'en avait dit Arnec. La haine qui l'opposait au roi des collines était de celles qui durent toute une vie et puisent dans une infinité de crimes et de vengeances où elle-même avait pris sa part, bien plus d'une fois. C'était étrange de conforter Gaukka dans la voie de cette paix qui lui était si chère, alors qu'elle-même avait été si souvent agente du chaos et de la mort qu'on semait sans bruit aux fond des tourbières de Boglachòmar ; une main défaisait ce que l'autre avait tissé, une voix couvrait le mutisme des cadavres éparpillés aux frontières de Cléirigh.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 4 Mai - 21:49


Les épaules voûtés, les coudes sur les genoux et les mains jointes entre ses jambes, le Voyageur gardait ses yeux rivés sur la chaman qui lui faisait face. Le druide était amer et sa compagne semblait partager son amertume, tant sa réponse était roide.

C'est déjà arrivé. Cela arrivera encore. Du moins, je le souhaite, si c'est à cela que tient notre survie à tous. Mais je sais que ce n'est ni avec des espoirs, non plus qu'avec des souhaits, que l'on fait face à ce qui nous guette aux frontières du monde. Je l'ai vu, tu sais, comme tous les autres : Saoirse aussi, et tous ceux qui savent percevoir ces présages ont vu le sang et la ruine qui se profile, et nous avons entendu jusqu'ici les échos de la marée qui gronde au loin. Mais tant que cela reste loin, je crains que ça ne soit pas assez écouté par ceux qui devraient l'entendre en premier lieu. Il faudra que cela soit à nos portes pour vraiment porter ses fruits. Pour autant... Je ne crois pas que ce soit une vaine entreprise que la tienne. Il faut bien agir plutôt que d'espérer et je suis certaine que les Dias ne peuvent nous abandonner en cette heure si critique.

Les yeux du druide s'écarquillèrent légèrement sous l'effet de la surprise. Les chamans avaient déjà rêvé d'un danger à l'Est, voilà une chose qui pourrait lui servir lors de ses futurs entretiens. Si les favoris des Spiors avaient des visions qui appuyaient ses dires, nul doute qu'il trouverait une oreille plus attentive chez les souverains. Elle poursuivit avant qu'il n'eut le temps de renchérir.

Ferme l'oreille à ceux qui disent que tu as tort, Gaukka. Fais ce que tu penses être bon et juste, parce qu'à la toute fin, c'est tout ce qu'il nous reste à faire.

La situation prêtait à sourire. C'était d'ordinaire lui qui savait trouver les mots qui faisaient écho dans le coeur des autres et qui les réconfortaient. Lui, le vieux sage écoutait les paroles d'une jeune femme non moins sage. Il sourit en se redressant et releva sa main droite vers son visage. Du bout de l'index abîmé, il indiqua le trou qui rompait le magma de peau qui lui recouvrait la moitié droite avec un sourire.

Celle-ci est déjà presque sourde, je n'ai plus besoin de la fermer, tu as raison.

Quelques rides apparurent au coin de l'oeil gauche du druide alors que ses yeux se remplissaient de nouveau d'une certaine jovialité. Il secoua la tête en chassant les pensées maussades qui l'avaient envahis l'espace d'un instant et surenchérit, sa voix retrouvant une certaine douceur.

J'espère que les Rois comprendront que ce danger n'est pas si éloigné que ça et qu'attendre que le danger soit à nos portes est la meilleure façon de nous condamner. Mais si toi et Saoirse avaient eu des visions qui confirment l'imminence du danger, alors je ne dois pas douter du bien-fondé de ma quête.

Il se gratta la joue brulée. L'air étouffant qui régnait dans la bicoque commençait à créer des démangeaisons sur sa peau recouverte de lymphe. Il poursuivit en cherchant à nouer le contact avec les prunelles grises de Bronach.

As-tu parlé de tes visions à ton grand-père ? Ou à l'autre Roi des marais ? A d'autres chamans ? Ou même au Seanadh de ton peuple ? Si ces visions se repètent, j'aurai besoin des chamans Broìn pour nous préparer à l'invasion qui s'en vient !

Des quatre grands peuples, celui des Vasières était le plus sensible à la parole des chamans, parfois même plus qu'à celle des druides. Ils pourraient être le levier qui lui manquait pour les faire rejoindre une grande alliance derrière le prochain Roi des Rois.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeMer 6 Mai - 23:10

- Tu l'ignorais ? Demanda Bronach sans pouvoir retenir un mince sourire amusé par sa plaisanterie. Gaukka, la vieille mère dit que tous les voyants d'ici à la mer l'ont vu. Le monde bruisse de la rumeur qui monte, n'as-tu rien entendu ?

Les yeux gris s'accrochèrent aux siens, comme s'ils pouvaient refléter quelque choses des visions qui s'étaient dessinées dans la fumée, dans les remous de l'eau et le vol des oiseaux. Tout grand, tout grand la pupille qui faisait une semblance de miroir de fer poli, comme ceux où l'on cherche, à la lueur d'une flamme, l'image brouillée d'un futur incertain.

- J'en ai porté mot à Arnec, acquiesça-elle. Il est lui-même instruit en ces choses et il sait ne pas prendre les choses à la légère lorsque les Dias parlent par la bouche des Hommes. Est-il le seul ? Je n'en sais rien. Mais tu trouvera des appuis parmi les chamans, n'en doute pas.

Elle oscilla du chef, curieuse. Bronach se souciait assez peu du vaste monde s'il ne menaçait le sien, mais avec ce qui s'annonçait, sans doute se rappelait-elle qu'il y avait bien des contrées en-dehors de celle qui était son foyer et que de vastes choses pouvaient s'agiter loin de ses frontières. La réclusion des marais et la protection qu'ils offraient à son peuple était certes gage de tranquillité durable, mais partout où il y a des routes, il a des gens pour les emprunter, et partout où se pose le pas du marchand, celui du soldat peut en faire de même. Un curieux sentiment de vulnérabilité s'insinuait progressivement : c'était comme de découvrir la vulnérabilité de ses murs, une brèche dans la cloison, sans savoir ce qui pouvait s'y engouffrer.

D'un geste qui put sembler anodin, elle chassa de son visage quelques mèches sombres qui s'y enroulaient mollement ; du même coup, elle dissipa le souvenir de ses songes où les grands feux montaient de l'est pour tout engloutir.

- Nous ne sommes sans doute pas les seuls à avoir vu tout ceci. Ce ne sont que les prémisses de la vague qui se gonfle derrière l'horizon, et tu sais bien le désamour que j'ai pour les gens des collines ; pour autant, je ne les crois pas sots au point de ne rien percevoir de tout ceci. Et si c'est le cas, eh bien -elle secoua la tête avec un sourire narquois- c'est bien triste pour eux.

Une pause, puis elle darda sur lui un regard perçant.

- Veux-tu que j'y jette un œil ? Demanda-elle en désignant de la tête les cicatrices du druide. L'air des marais ne doit pas faire grand bien.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeJeu 7 Mai - 11:00

Les regards se croisaient et un léger sourire fendit le visage dur de la chaman lorsqu'elle répondit aux questions de Gaukka.

Tu l'ignorais ? Gaukka, la vieille mère dit que tous les voyants d'ici à la mer l'ont vu. Le monde bruisse de la rumeur qui monte, n'as-tu rien entendu ? J'en ai porté mot à Arnec. Il est lui-même instruit en ces choses et il sait ne pas prendre les choses à la légère lorsque les Dias parlent par la bouche des Hommes. Est-il le seul ? Je n'en sais rien. Mais tu trouvera des appuis parmi les chamans, n'en doute pas.

Le druide hocha la tête en fronçant légèrement les sourcils.

Je suis arrivé hier après dix jours de bateau depuis la ville de Nerva, loin à l'Est. J'ai pu trouver une galère qui m'a fait débarquer à Arcasadrigun et je n'ai pas eu le temps d'écouter les rumeurs. Et une fois le jour levé, j'ai pris la route de Dùnlodunum.

Ce fut comme un poids qui s'ôta de son estomac. Malgré sa réputation, malgré sa fonction et la sagesse que tous lui attribué, si sa parole était la seule à annoncer le danger, ses interlocuteurs auraient pu miser sur une douce folie à foce de déambuler sans destination à travers le monde. Mais avec les visions des favoris des Spiors, ses avertissements seraient pris encore plus au sérieux. Bronach replaca quelques mèches rebelles sur le côté en poursuivant.

Nous ne sommes sans doute pas les seuls à avoir vu tout ceci. Ce ne sont que les prémisses de la vague qui se gonfle derrière l'horizon, et tu sais bien le désamour que j'ai pour les gens des collines ; pour autant, je ne les crois pas sots au point de ne rien percevoir de tout ceci. Et si c'est le cas, eh bien c'est bien triste pour eux.

Les doigts du druide frottaient sa peau brûlée sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, réfléchissant aux propos de la chaman en essayant d'estomper les démangeaisons qui le parcouraient. La voix de Bronach le tira de sa réflexion.

Veux-tu que j'y jette un œil ? L'air des marais ne doit pas faire grand bien.

Il observa sa compagne avec le même regard que si elle l'avait tiré du sommeil. Il jeta un coup d'oeil à sa main comme s'il allait y trouver la réponse à la question de la chaman avant de revenir à elle.

Hm ... Oui ... Oui si tu veux. L'air du Talamh'Vasaich m'a toujours fait cet effet. Je ne pense pas qu'il faille s'inquiéter mais mieux vaut prévenir que guérir. Fais ton office.

Il laissa Bronach approchait pour inspecter ses cicatrices rougies, traçant dans son esprit un itinéraire pour gagner les terres Cléirigh le plus rapidement possible. Malgré les tensions entre les peuples rivaux, il devait se résoudre à passer par le marais d'Ambre. Il continua d'interroger sa compagne à la recherche de quelques informations précieuses.

Quelles nouvelles du Boglachomàr ? Tu penses que je pourrais le passer sans encombres ou les escarmouches avec les Cléirigh y sont toujours journalières ?
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeJeu 7 Mai - 15:09

- Voilà qui explique ton pessimisme, peut-être, lâcha Bronach en secouant légèrement la tête de côté, un curieux sourire aux lèvres. Je ne crierai pas victoire trop tôt, quoiqu'il arrive : avoir notre parole avec toi alertera sans doute les souverains, mais l'union sera chèrement gagnée.

Qu'il était étrange de se dire que, peut-être, des choses cruciales pour leur avenir à tous étaient en train de se jouer à l'instant. Peut-être pas ici-même, entre les quatre murs de cette petite masure, mais il fallait bien une infinité de fils, une infinité de mots pour tisser les plus grandes choses et peut-être bien que ceux de Gaukka seraient cruciaux, le temps venu. Ou peut-être bien que son entreprise serait vaine, qui pouvait le savoir ?

Tout en parlant, ses yeux ne quittaient pas le Voyageur qui semblait s'abîmer dans une réflexion profonde. S'il avait tout ignoré de cela jusqu'ici, voilà qui devait lui donner matière à réfléchir, et de cela, elle ne pouvait vraiment le blâmer : cela l'amusait même, car voilà que celle qui avait écouté tant de fois la sagesse du druide se trouvait à lui enseigner ce qui avait échappé à ses yeux et à ses oreilles. Le temps qui passe faisait de drôles de tours.

Elle remonta ses manches sur ses bras secs et prit le temps de rincer ses mains dans un peu d'eau vinaigrée avant de s'enquérir de l'état des cicatrices qui paraissaient tourmenter quelque peu Gaukka. Bronach l'avait toujours connu avec cette moitié de figure fripée en semblance d'écorce rouge et blême, boursouflée là où la peau s'était soulevée en cloques et en marbrures. Cela lui donnait souvent l'air plus impressionnant encore quand il contait et que le feu chatoyant dans la nuit jetait des ombres profondes sur les aspérités. Elle avait vu peu d'arbres dans sa vie, peu qui méritaient vraiment ce nom, mais il avait toujours pour elle le modelé et l'allure de ces saules têtards qui portent encore bien haut leurs moignons tourmentés, sans que leur force n'en soit altérée.

Pourtant le temps avait passé depuis et la science des maux des Hommes avait dilué un peu de ces illusions d'enfant : aujourd'hui elle savait que de telles blessures ne vont pas sans séquelles irrémédiables. Gaukka n'était pas immortel et c'était une chair qui avait bien souffert, que celle qu'elle touchait avec précautions en examinant son aspect. La chamane était restée debout, parce qu'elle n'avait guère qu'à se pencher un peu pour se tenir à bonne hauteur tant il était grand. Elle posa une main sur sa joue pour diriger son visage vers la leur des flammes et examina soigneusement l'état des cicatrices, éprouvant parfois du pouce les rigidités de certains endroits.

- Tu y touches trop, dit-elle avec un claquement de langue désapprobateur. D'ici à ce que tu franchisse les marais, tu finira avec la face à vif. ça ferait mauvais genre devant le roi.

Elle ponctua ses paroles d'un petit sourire et s'en fut chercher quelque chose sur l'établi.

- Je n'ai guère reçu de nouvelles de l'est, ces temps, répondit-elle tandis que les couvercles claquaient sur la céramique. Après la guerre, les choses se sont tendues mais je crois que le calme est encore de rigueur. Il y a des escarmouches comme il y en a toujours, mais tu pourras sans doute faire ton chemin à travers le marais sans trop d'encombres si tu évites les uns et les autres. Je crois que ta plus grande préoccupation seront plutôt les insectes : la saison est précoce, cette année, et le marais grouille déjà.

Avec un peu de chance, les crapauds seraient trop occupés à aiguillonner les Cléirigh pour se soucier d'un voyageur qui devait sans doute leur être déjà connu. Pour l'heure, mieux valait l'équiper solidement pour se défier de ce qui représentait sans doute le plus grand danger dans ces régions-là, c'est à dire le pays lui-même et tout ce qui se plaisait à y vivre.

- Tu auras besoin de baume pour faire passer les démangeaisons, reprit-elle en se tournant vers lui pour l'appliquer aux endroits les plus critiques. Je vais t'en mettre de côté mais sitôt dans les collines, cherches de la mauve, elle te fera un bon complément en cataplasmes. La pommade te sera utile aussi si les plaies s'ouvrent ; garde les bien imprégnées et elles devront passer sans trop de mal. As-tu des linges et des bandages avec toi ?

De toute évidence, quelques habitudes reprenaient le dessus et Bronach faisait avec lui comme elle faisait avec les autres, c'est à dire avec une sorte d'autorité maternelle qui ne souffrait pas vraiment que l'on se dérobe à ses prescriptions. Son attention était perceptible, quand bien même ils vaquaient d'un sujet de conversation à l'autre, car elle finissait toujours par revenir à ce qui l'occupait en premier chef, comme une boussole qui revient toujours au même point. C'était bien souvent la moindre des choses, en vérité : offrir la plus complète attention à qui venait cherchait son savoir, quelle qu'en soit la raison.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeJeu 7 Mai - 20:52


Bronach s'approcha du druide en relevant ses manches après s'être lavé les mains rapidement. Elle se pencha sur lui, inspectant de près la partie de son visage qui portait ses vieilles brûlures et cicatrices. De temps à autre, elle palpait la lymphe du bout du pouce, parcourant les crevasses et les cloques d'un regard attentif.

Tu y touches trop. D'ici à ce que tu franchisse les marais, tu finira avec la face à vif. ça ferait mauvais genre devant le roi.

Elle se détourna de lui avec un léger sourire accroché aux lèvres et se dirigea vers un petit établi où un grand nombre de pots en céramique se serraient contre des fioles en verre. Elle poursuivit en triturant les contenants d'une main habile.

Je n'ai guère reçu de nouvelles de l'est, ces temps. Après la guerre, les choses se sont tendues mais je crois que le calme est encore de rigueur. Il y a des escarmouches comme il y en a toujours, mais tu pourras sans doute faire ton chemin à travers le marais sans trop d'encombres si tu évites les uns et les autres. Je crois que ta plus grande préoccupation seront plutôt les insectes : la saison est précoce, cette année, et le marais grouille déjà.

Elle revint à ses côtés pour commencer à appliquer le baume par petites touches sur son visage. Elle continuait ses prescriptions et indications à son patient avec un certain aplomb.

Tu auras besoin de baume pour faire passer les démangeaisons. Je vais t'en mettre de côté mais sitôt dans les collines, cherches de la mauve, elle te fera un bon complément en cataplasmes. La pommade te sera utile aussi si les plaies s'ouvrent ; garde les bien imprégnées et elles devront passer sans trop de mal. As-tu des linges et des bandages avec toi ?

Il lorgna sur le petit pot qu'elle tenait dans sa main avant de relever les yeux vers le visage de Bronach. Elle s'appliquait tellement et il sentait qu'elle voulait bien faire, mais il ne put retenir un petit rire amusé. Il se saisit de sa besace et en tira différents bandages larges et épais. Son regard se posa de nouveau sur le pot minuscule que la chamn tenait. Rares étaient ceux qui avaient déjà vu le visage de Gaukka sans que sa capuche ne cache en partie la morsure de Lochran, plus rares encore étaient ceux qui avaient déjà vu à quel point le Dia du Feu avait consumé les chairs du druide.

Est-ce que ceci suffira ? Même si je crains que tu n'en aies pas assez pour apaiser les démangeaisons.

Il marqua un petit arrêt, observant en silence Bronach qui ne semblait pas vraiment comprendre là où il voulait en venir. Il glissa sa main droite dans son col.

Si tu me permets.

Elle n'était plus une enfant. Elle agissait comme une chaman accomplie, parlait comme tel, elle était en mesure de supporter la terrible vérité. Il tira sur sa robe la faisant glisser sur son dos et révélant son torse. Même si la partie gauche révélait une musculature dessinée et fine, presque étonnante pour un homme qui arpentait la terre des Hommes depuis un demi-cycle, la moitié droite était à l'image de son visage. Les veinules blanches et rouges couraient sur l'ensemble du tronc et de son bras et plongeait sous ses braies, comme une promesse de voir sa peau noueuse et vitrifiée par la chaleur continuait sur toute sa jambe. Sa moitié brûlée affichait les mêmes irritations que sur son visage et le Voyageur leva les yeux vers la chaman, la mine légèrement crispée.

Je vais avoir besoin d'un peu plus que ce petit pot comme tu peux le constater.


Dernière édition par Gaukka le Voyageur le Ven 8 Mai - 20:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeJeu 7 Mai - 21:50

- Tu es bien outillé, je n'en attendais pas moins, répondit-elle en hochant la tête lorsque Gaukka lui montra ce qu'il avait sur lui. Ceci devrait te suffire, et si tu le permets je garderai mes bandages pour mes petits gens.

Bronach avait l'estomac bien accroché, après des années à œuvrer auprès des malades et des souffrants et à constater souvent de très près l'effet des poisons et des venins, et tout ce qui faisait son oeuvre de destruction sur le corps des gens. Elle était familière des maux, du sang et des peaux à recoudre et avait appris à ne pas s'émouvoir des difformités et des stigmates, aussi ce n'est pas la vision du désastre qui la surprit et lui fit légèrement écarquiller les yeux, mais plutôt son étendue. Elle laissa échapper un petit sifflement, puis haussa les épaules avec un rire franc.

- Eh bien, fit-elle en secouant la tête. J'ai l'air bien sot avec mon petit pot, c'est un plein seau qu'il te faudrait, Voyageur ! Ton écorce viendra à bout de mes réserves. Mais enfin, garde au moins ceci, il te faut garder figure humaine sans quoi tu ferais peur même aux Sintuama.

Elle tortilla du nez, l'air préoccupé, et puis le contourna pour regarder l'état de son dos. Elle souleva délicatement son bras et s'intéressa aux endroits où elle savait la peau plus fine et plus fragile qui présentaient les mêmes lésions que le reste. C'était étrange de le voir sans ses pelures qui occultaient au regard tout ce qui avait été mangé tout vif par le feu : comme souvent, le corps disait bien plus long que le reste sur le vécu des hommes et il racontait, sans fards, sans faux-semblant, tout ce qu'un être était capable d'endurer. Sous ses doigts, la chair criait une agonie brute et sans parole, au-delà même de ce qu'on aurait sans doute pu exprimer par le verbe.

Et pourtant, il vivait, il parlait, il riait encore et c'était un crève-coeur de contempler la cartographie des mutilations qui avaient emporté la moitié de lui. De dos, elle ne le reconnaissait qu'à peine, comme un arbre dépouillé de sa ramée qui rappelle à quel point toute chose est fragile, et que tout ce qui vit n'est qu'une esquille éphémère qui va, vient et périt. Il y eut alors un rien plus de douceur dans les gestes de la chamane, comme une infime concession faite à ce qu'elle voyait. Rien qui soit de la pitié, parce que cela lui était étranger : mais il y eut, un instant, la même solennité qui vient au seuil d'un sanctuaire. Une distance respectueuse, eut égard au secret qu'il livrait, et la bouche close sur les questions qui voulaient sortir.

Bronach avait vu, plus d'une fois, ce que la souffrance fait aux hommes ; et plus d'une fois encore elle s'était étonnée de voir que certains d'entre eux avaient assez de force pour faire encore preuve de bonté et ne pas laisser ce poison étouffer leur cœur.

- Je devine que le reste est à l'avenant, dit-elle après un moment de silence en revenant face à lui. Je ferais ce que je peux pour soulager ce qui peut l'être en l'état, Saoirse aura peut-être plus dire à son retour.

Elle pianota pensivement des doigts sur son menton puis se détourna un moment pour prendre d'autres ingrédients, puisant ça et là dans des pots et des paniers, sans cesser de parler.

- J'ai assez pour te faire un peu plus de baume mais il te faudra l'user avec parcimonie, je le crains. Des bandages imprégnés pourront t'aider et seront plus aisés à transporter, tu pourras même les garder sur toi sous tes vêtements pour éviter qu'ils ne frottent.

Une intense réflexion ralentissait de manière assez perceptible le rythme naturel de sa voix profonde tandis qu'elle se mettait à l'ouvrage, jonglant entre son propre savoir et ce qui devait être connu du druide qui n'avait décemment pas pu survivre si longtemps sans avoir lui-même quelque savoir. Elle lui prodigua néanmoins quelques conseils de plus, avec cette sortie d'oscillation constante entre la franchise très nette qui semblait être la sienne couramment, et une certaine délicatesse qui cherchait courtoisement à ne pas froisser la fierté de son aîné.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeVen 8 Mai - 10:36

Un sifflement qui oscillait entre étonnement et admiration s'échappa des lèvres de la chaman.

Eh bien, j'ai l'air bien sot avec mon petit pot, c'est un plein seau qu'il te faudrait, Voyageur ! Ton écorce viendra à bout de mes réserves. Mais enfin, garde au moins ceci, il te faut garder figure humaine sans quoi tu ferais peur même aux Sintuama.

Le trait d'esprit fit s'élargir le sourire du druide tandis que Bronach laissait son regard vagabonder le long des cicatrices qui parcouraient son corps. Un brin circonspecte, elle poursuivit

Je devine que le reste est à l'avenant. Je ferais ce que je peux pour soulager ce qui peut l'être en l'état, Saoirse aura peut-être plus dire à son retour. J'ai assez pour te faire un peu plus de baume mais il te faudra l'user avec parcimonie, je le crains. Des bandages imprégnés pourront t'aider et seront plus aisés à transporter, tu pourras même les garder sur toi sous tes vêtements pour éviter qu'ils ne frottent.

Elle parlait plus lentement qu'à l'accoutumée, semblant peser chacun de ses mots. Il hocha la tête doucement en écoutant les sages indications de la chaman.

Je ne veux pas vider tes réserves. Et puis, je ne peux pas attendre que Saoirse revienne, je ne me suis arrêté chez toi que pour quelques doses d'antivenin. J'enroulerai quelques bandages sur mon torse pour éviter les frottements et les irritations et j'ai bon espoir qu'une fois dans le Cnuiclarann, les vallons offriront un peu de répit à mes cicatrices.

Il passa la main sur son front pour en chasser les quelques gouttes de sueur qui s'y accumulaient avant de reprendre la parole.

Que puis-je t'offrir en échange de tes soins ? Je ne peux pas piller tes réserves sans t'offrir quelque chose en paiement.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeVen 8 Mai - 14:02

Du coin de l'oeil, elle épia le sourire, l'indice du rire qui ensoleillait l'air maussade du printemps. Dans un coin de sa tête, une petite voix énumérait les signes qu'il fallait surveiller et ceux qui rassuraient quand à l'état général du druide. Le regard froid de la chamane dépouillait le corps de ses illusions et des souvenirs de l'enfance, quand il n'était encore qu'une grande silhouette sous son manteau effrangé, un demi regard embusqué dans les ombres du capuchon, un rien de vert sous des paupières qui s'abaissaient parfois en parlant, et surtout une voix. Et à présent, voilà l'âge lui creusait les flancs et les joues, mais sans pouvoir entamer sa force. Sans doute était-il fait de ce bois que l'on croirait fait pour vivre cent ans.

- ça me semble sage, en effet, acquiesça-elle de nouveau. Si tu dois repartir au plus tôt, je ferais sans la science de la vieille mère, alors.

Tout en parlant, elle continuait à faire son office, maniant pots et pilons avec une patience méthodique et bien ordonnée qui semblait mouvoir ses gestes et son esprit selon des habitudes bien rodées. Ses mains savaient d'elle-même, parfois à tâtons, où trouver ce dont elle avait besoin : dans la pénombre saumâtre du lieu, les yeux pliaient boutique bien vite faute de clarté suffisante et l'habitude faisait le reste, en sus du toucher.

- Qu'as-tu à me donner ? Répliqua-elle à sa question. Tu es bien légèrement chargé et je ne suis pas si mauvaise femme que je t'enlèverai de la bouche le peu que tu transportes pour ton voyage. Contente-toi de tes mots, Gaukka, et si tu as le temps de t'attarder un peu, ils me suffiront pour paiement. Dis-moi des choses du vaste monde, tu as du bien voir de nouvelles choses depuis ces vingt dernières années.

Tout en parlant, elle s'était légèrement retournée vers lui, l'éclat de ses yeux de fer perçant à travers les boucles noires qui tombaient de son voile rabattu sur son front. Un léger sourire avait couru sur sa figure avant qu'elle ne retourne à son ouvrage, comme si la mince offrande de quelques récits pouvait vraiment chercher à combler la distance qui s'était irrémédiablement creusée depuis la dernière fois qu'elle avait eu le loisir de prêter l'oreille à ce qu'il avait à dire. Sous ses mains les choses se pliaient docilement à sa volonté, égrenant les noms dans sa tête : l'asphodèle contre la vermine, un rien de salicaire, trois mesures d'armoise, la graisse d'un cochon tué pendant l'hiver et quelque gouttes de son propre sang pour dire aux bêtes du marais de se détourner de celui qu'elle protégeait.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeVen 8 Mai - 16:42

Elle acquiesça aux suggestions du Voyageur en jouant du mortier au son sec du pilon qui râclait le fond du bol.

Ca me semble sage, en effet. Si tu dois repartir au plus tôt, je ferais sans la science de la vieille mère, alors.

Vint alors la question du paiement. Même s'il ne possédait pas grand chose en dehors de son savoir et ses conseils, Gaukka avait toujours quelques richesses qui reposaient au fond de son sac. Un fragment de cristal sanguin venu des îles Salfarides ou quelques pièces ruviennes en argent pouvaient servir à payer le labeur de la chaman. Elle répondit calmement et avec une certaine évidence dans le ton.

Qu'as-tu à me donner ? Tu es bien légèrement chargé et je ne suis pas si mauvaise femme que je t'enlèverai de la bouche le peu que tu transportes pour ton voyage. Contente-toi de tes mots, Gaukka, et si tu as le temps de t'attarder un peu, ils me suffiront pour paiement. Dis-moi des choses du vaste monde, tu as du bien voir de nouvelles choses depuis ces vingt dernières années.

Ses lèvres étaient toujours élargies par un sourire franc. Ses yeux s'illuminèrent lorsqu'elle l'interrogea sur ses voyages, comme à chaque fois qu'il partageait les beautés du monde avec un auditoire curieux. Il s'assit de nouveau, restant torse nu et étalant sa robe sur ses cuisses avec soin. Il débuta son récit comme il le faisait à chaque fois.

J'ai vu bien des lieux, bien des peuples et bien des merveilles. Dis-moi où tu veux que je t'emmène par les mots ? Qu'est-ce que tu rêverais de voir ? Le désert lourmélite et ses dunes gigantesques en sable fin ? Les cités troglodytes de la province de Halifa ? La mer de marbre d'Odelia peut-être ? Oh ... Tu aimerais peut-être entendre parler des peuples à la peau brune qui vivent au-delà de la Grande Mer ? ... Dis moi et je te raconterai ce que je sais.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeSam 9 Mai - 20:57

Il n'avait pas commencé son récit encore, et déjà la musique de la voix se déployait dans le silence qui bruissait encore au-dehors et faufilait sa rumeur de brises aquatiques et d'herbes longues. Bronach sourit à elle-même, un tout petit peu, de ce sourire qu'elle ne dérobait à tout autre regard que celui qui ne se ferme jamais et épie chaque geste des hommes : ses yeux s'étaient fermés à demi, bercés par la simple évocation des lieux qu'il cita sans qu'elle n'en sache rien. Pour l'heure, ce n'étaient que des bribes, des appâts lancés pour éveiller l'appétit de la curiosité qui avait toujours agité l'esprit de la chamane enclose entre ses brumes.

Ses dernières paroles happèrent toute son attention et elle se retourna en suspendant son geste, une étincelle nouvelle au fond des pupilles. Un mot avait suffi à la ferrer : pour avoir grandi près de la mer et le long de ses franges incertaines, elle avait toujours considéré l'océan comme une ultime limite au-delà de laquelle il n'y avait plus rien, comme si elle et son peuple s'étaient toujours tenus aux marges du monde, à son extrémité. Elle avait entendu les récits et les contes sur ce qui se trouvait par-delà les étendues marines, mais c'était une toute autre chose d'en écouter la vérité par la bouche d'un homme qui y avait été.

Un instant, elle le fixa comme si elle le voyait pour la première fois, mais de quoi s'étonner, en vérité ? Le Voyageur allait partout, comme si aucune route ne pouvait se dérober à son pas, aucun lieu à ses yeux, aucune histoire à sa voix. Il était tout tissé de secrets, et cela, cela n'avait pas changé.

- Parle-moi de la mer, dit-elle avec cette même curiosité impérieuse qu'avait eue l'enfant qu'elle était autrefois, quand la fascination dictait le cheminement de ses pensées partout où le druide se plaisait à la conduire. Dis-moi, Voyageur, je veux savoir ce qu'il y a au-delà.

Elle qui n'avait jamais quitté sa terre, qui l'avait même jusque dans son sang et qui en avait la couleur au fond des yeux gardait parfois un rien de l'âme vagabonde qui naît aux esprits avides d'autres horizons. Elle se tut, après cela, et elle se contenta d'écouter. C'était que Bronach avait toujours eu ce don là, ce don rare de faire silence, de faire un silence qui creusait dans la rumeur du monde comme un espace supplémentaire pour laisser la parole s'y loger et s'y déployer avec toute sa force. Elle continua de travailler, ce faisant, mais dans chaque coup d’œil qu'elle jetait à Gaukka, il y avait l'indice de l'attention constante qui buvait chaque syllabe. La force de l'écoute tirait le fil du verbe depuis le lieu obscur où il naissait, comme une attente, comme un gouffre qui voulait qu'on le comble. Dans le calme austère du jour qui filait, tout sembla faire de même autour d'elle et les murs très humbles de la masure de terre firent comme un creuset pour recueillir le récit.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeDim 10 Mai - 13:30

Tandis qu'il évoquait quelques destinations toutes différentes, chacune recélant une aventure et des découvertes uniques, il vit que l'une d'entre elles avaiet piqué l'attention de la chaman. Comme un grand retour en arrière, il retrouva cette lueur de curiosité dans les iris gris de Bronach, la même que lorsqu'elle était encore une toute jeune adulte dans le Grand Hall du Bothanmòran.

Parle-moi de la mer. Dis-moi, Voyageur, je veux savoir ce qu'il y a au-delà.

Il se redressa légèrement et sa voix se fit un peu plus profonde alors qu'il commençait à partager son voyage avec la chaman qui continuait d'oeuvrer à la confection de ses décoctions.

Loin au Sud, par delà la Muire Mhòr s'étend un autre continent. Si le Talamh'Vasaich est la racine d'un arbre, humide et boueuse, ce serait le sommet des feuilles du même arbre. Ici, les troux d'eaux et les rades sont communes et la terre est noire. La mer déferle sur nos côtes avec fracas et Ana nous apporte les embruns salés depuis le coeur des vagues. Là-bas, la terre est ocre et le soleil est écrasant. Les vagues paresseuses viennent lécher le rivage avec une douceur et une mélodie semblable aux pépiements d'un moineau. Les habitants de cette terre la nomme, Ufalme.

Il marqua une pause brève, laissant à Bronach le temps de faire vagabonder son imagination et qu'elle puisse peindre le tableau qu'il venait de lui décrire. Il poursuivit son conte.

Les Ruviens y ont établis des villes et conquis la bordure d'Ufalme, mais c'est hors des frontières de ce puissant Empire, plus au Sud encore que j'ai rencontré le peuple à la peau brune, les Mwana. Un peuple fier, grand et féroce, dont les lances et les boucliers en amande sont tout aussi redoutables que la meilleure épée de nos guerriers. Ils vivent dans de grandes huttes au toit de chaume et aux murs de boue séchée. Ils n'ont pas de druide, ni de chaman, mais des sorciers. De puissants guérisseurs qui revêtent la peau d'énormes félins couronnés d'une crinière noire. Les ruviens nomment cet animal un lion. Si tu as déjà aperçu les lynxs qui rôdent parfois sur nos territoires, imagine que cette bêtes est au-moins deux fois plus grosse et que leurs pattes font cette taille.

Il souleva son bâton et indiqua la grosse boule qui trônait au sommet. La sphère de bois faisait presque la taille d'une tête d'homme, laissant à Bronach le soin de se figurer l'envergure de la bête. Il continua à narrer ce qu'il avait vu, sentant la jeune femme suspendu à ses lèvres.

Dans ce paysage extraordinaire, où l'herbe est jaune et haute, quelques arbres torturés se dressent vers le ciel. Et c'est près de l'un d'eux que j'ai vu une des bêtes les plus incroyables que j'ai jamais vu. Les Mwana le nomment Tembo. Un animal gigantesque à la peau grise et ridée, avec de grandes oreilles plates et un nez allongé qui se place entre deux cornes immenses, qui font la taille d'un homme. Cette bête, ce Tembo est plus grand que ta demeure, Bronach.

À mesure qu'il racontait son voyage, il revivait la même émotion que lors de sa découverte de cet animal gigantesque et fascinant qui broutait placidement en se ventilant avec ses oreilles. Son sourire était franc et il décida de marquer une pause à cet instant. Les auditeurs de Gaukka aimaient souvent interrompre son récit d'une foule de questions curieuses qui lui arrachaient souvent de petits rires complices. À moins que sa compagne ne souhaita juste qu'il poursuive à étancher sa soif de connaissance. C'était à elle d'en décider.

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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeDim 10 Mai - 14:50

Tout doucement, tout doucement, à la faveur des mots qui déployaient leur mélodie dans le silence, l'esprit s'en fut. La main de Bronach ralentit son ouvrage, comme captée par la course lente de cet astre qui avait amené entre les quatre murs tout ce qu'il y avait de lumière et d'étrangetés par-delà les flots salés. De temps à autre, elle guettait le visage de Gaukka, et c'était merveille de le voir s'animer et revivre des choses qu'il décrivait : des choses concrètes, derrière la barrière des mots qui cherchaient à traduire un réel dont elle ne savait rien. Elle regarda et écouta, chaque geste, chaque mot, avec parfois un rien de perplexité quand elle se demandait ce qui, dans le récit, se tenait sur la mince frontière qui sépare la vérité des enjolivements dont les conteurs aiment à parer leurs dires.

Un instant, elle porta la paume sur le bout du bâton pour mieux en saisir l'ampleur, et on la vit froncer vaguement les sourcils en essayant de se figurer la taille de l'animal qu'il décrivait, et puis regarda encore autour d'elle pour se figurer encore ce que ça pouvait être que de voir une bête grosse comme une maison.

- J'ai ouï dire qu'il y avait toutes sortes de monstres et de merveilles dans les confins, mais je n'y croyais pas vraiment. Mais tu les as vus, toi, et je ne peux croire que tu me fais des contes pour le seul plaisir de dire des choses très belles, mais qui n'existent pas.


Le ton et la figure étaient un rien perplexes, encore.

- ça ressemble à ce que disent les marins sur les bêtes dans la mer qui sont comme des îles et sur le dos desquelles les hommes peuvent marcher sans y prendre gare. Mais qu'est-ce ça mange, ces monstres-là ? Tes hommes bruns les chassent-ils aussi ? Ce doivent être de fameux guerriers pour venir à bout de montagnes pareilles, si déjà ils se font des manteaux de la peau de fauves bien plus grands que les nôtres.

Tout en parlant, elle continuait à travailler, et ayant terminé de préparer plus de baume pour les plaies de Gaukka, prit un moment pour se préoccuper de celles qu'il avait dans le dos et qu'il ne devait pouvoir atteindre qu'avec difficultés. Elle avait mis de côté plusieurs onguents qui devaient servir d'antidote et de parcimonieuses quantités de plantes repliées dans des feuilles fraîches liées avec de l'osier et tout le nécessaire de protections et de remèdes pour sa traversée, si bien qu'elle put aller s'asseoir à son tour près des braises sifflantes du foyer. Elle se garda bien de l'interrompre, toutefois : le paiement d'abord et le don ensuite, et puis il était fort discourtois de l'empêcher de parler, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeDim 10 Mai - 16:29

Le druide et la chaman avaient remontés le temps au fil du récit du Voyageur. Il revoyait les mêmes expressions étonnées et perplexes qui apparaissaient sur le visage de Bronach que lorsqu'elle vivait encore à Arcasadrigun. Elle pensa à haute voix, comme à l'époque.

J'ai ouï dire qu'il y avait toutes sortes de monstres et de merveilles dans les confins, mais je n'y croyais pas vraiment. Mais tu les as vus, toi, et je ne peux croire que tu me fais des contes pour le seul plaisir de dire des choses très belles, mais qui n'existent pas.
Je n'ai jamais eu beaucoup d'imagination. Ce que je te dis aujourd'hui est ce que j'ai vu hier.

Il ne pouvait s'empêcher de sourire en disant ces quelques mots. Il y avait toujours quelques esprits sceptiques dans son auditoire, refusant de croire sur parole le récit d'un vagabond, tout druide qu'il était. Bronach n'était pas de ce métal, mais il concevait tout à fait qu'elle eut du mal à appréhender ces étranges merveilles de l'autre bout du monde. Elle renchérit.

Ca ressemble à ce que disent les marins sur les bêtes dans la mer qui sont comme des îles et sur le dos desquelles les hommes peuvent marcher sans y prendre gare. Mais qu'est-ce ça mange, ces monstres-là ? Tes hommes bruns les chassent-ils aussi ? Ce doivent être de fameux guerriers pour venir à bout de montagnes pareilles, si déjà ils se font des manteaux de la peau de fauves bien plus grands que les nôtres.

Gaukka hocha la tête, rebondissant sur la remarque de sa jeune compagne.

Oh ! Tu as déjà entendu parler des baleines ? Savais-tu que certains peuples du Nord, au-delà de la Muire Dhubh, chassent ces énormes bêtes sous-marines ? ... Mais je m'égare ... C'est à l'autre bout du monde que ta curiosité se porte.

Un petit éclat malicieux brilla dans les yeux de Gaukka. Des histoires, il en avait des centaines à raconter et par cette petite phrase, il piquait la curiosité de la chaman pour qu'un jour peut-être, il parle des terres gelées du Grand Nord. Il reprit le chemin d'Ufalme en répondant aux questions de Bronach, les lèvres toujours ourlées d'un sourire bienveillant.

Les Tembo se nourissent de feuilles et de fruits et non, les Mwana ne les chassent pas. De ce que j'ai compris de leurs croyances, ils sont assez proches de nos Spiors. Ils ne tuent que pour protéger leurs villages et défendre leurs enfants et font de nombreuses offrandes à la faune qui les entoure. Ils m'ont d'ailleurs fait comprendre qu'il ne fallait jamais déranger ces géants. On les observe, de loin, mais on ne trouble pas leur royaume.

La chaman s'était approché de lui entre temps et s'appliquait à étaler les onguents sur sa peau vitrifée par la chaleur qui couvrait son dos. Parlant par-dessus son épaule, le Voyageur prolongea le récit de son voyage.

C'est un peuple fascinant. Fascinant et Joyeux. Ils chantent presque toute la journée. Que ce soient leurs femmes lorsqu'elles pilent leurs céréales pour en faire de la farine ou les hommes quand ils coupent un arbre pour construire un nouvel abri pour leur bétail, ils chantent. On dirait un peuple de barde. Ils tapent sur des tambours de différentes tailles au son plus ou moins grave et se livrent à des cérémonies chantées et dansées presque toutes les nuits. Lorsqu'un Tembo meurt, ils récupèrent ses cornes et y sculptent toutes sortes de choses, dont des flûtes aux sonorités envoûtantes. Ils m'ont accueillis comme un des leurs, alors que si un des leurs n'avaient pas eu, comme moi, quelques notions de ruviens, nous ne serions jamais compris. Ils appliquent sans le savoir les préceptes de Ruigsin, se voyant comme faisant parti d'un tout et ne cherchant à n'avoir aucun ennemi. Ils m'ont même montré un de leurs arbres sacrés.

Il ouvrit les bras, déployant toute son envergure avant de poursuivre.

Impossible de faire le tour du tronc. J'arrivais à peine à enbrasser un dixième de cet arbre. Et comme si mon émerveillement n'avait pas suffit, dans les hauteurs, assis sur les branches hautes et noueuses, j'ai aperçu d'autres êtres étranges. On aurait dit des Hommes, petits et poilus, qui me regardaient avec des yeux ronds et curieux, comme je devais les regarder moi-même. Les autochtones les appelent les Tumbilis et ils m'ont confiés qu'il y en avait de toutes les tailles et de presque toutes les couleurs, même si tous ceux que j'ai vu ce jour-là avaient le même aspect.

Le druide laissa son regard se poser sur les braises qui crépitaient dans l'âtre, laissant la chaman achever son office. Il conclut enfin.

C'est un pays fascinant. J'espère un jour pouvoir y retourner et même pousser mon chemin encore plus loin. Il paraît qu'il y a une immense forêt au Sud et des montagnes et qu'il y a encore bien d'autres territoires au-delà.

Les flammes se reflétaient dans ses yeux brillant d'une excitation presque palpable.

Le monde est si vaste et j'ai encore tant à découvrir.

Ses paupières papillonèrent tandis qu'il revenait à la réalité, comme sorti d'un songe en sursaut par Tàirne qui grondait. Sa voix se fit moins joviale et plus amère.

Mais avant, je dois remplir ma mission et tout faire pour que nos peuples survivent au danger qui approche.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeDim 10 Mai - 22:41

Un rire léger échappa à Bronach et elle haussa les épaules.

- Soit, Voyageur, je te crois volontiers : personne n'a sans doute assez d'imagination pour égaler tout ce que tu peux dire.


Elle sourit encore, et ses yeux voilés de gris se posèrent brièvement sur lui, observant non sans plaisir la malice qui venait adoucir un peu les traits tourmentés de l'arbre-druide qui étendait son feuillage de paroles par toute la maisonnée. Elle s'était toujours amusée de voir à quel point, parfois, il arrivait à prendre tout l'espace. Ce n'était pas seulement sa haute taille solidement charpentée, c'était sa voix qui semblait prendre essor et faire surgir des ombres les fantômes des paysages qu'il évoquait. A l'esprit de Bronach qui ne savait du sable que ses mollesses déchiquetée sur la grève, il parlait d'immensités inconcevables, écrasées de chaleur et de soleil, figées dans une sécheresse qui n'empêchait toutefois pas la floraison d'une vie bien étrange. Elle ne pouvait que se figurer, avec ses propres images et ses propres idées, un soupçon, un reflet déformé.

A tout prendre, c'était bien assez pour s'échapper un peu, happée par l'immensité du ciel et du monde qui vivait au-delà des rivages.

- Voilà qui semble sage
, commenta-elle, un peu pour elle-même. Les Spiors prennent bien des visages et ceux qui font la taille d'un homme méritent bien d'être laissé en paix. Mais quel pays où règne la sécheresse peut produire assez d'herbages pour nourrir pareille montagne ?

Elle recula d'un pas quand il ouvrit les bras, et cela la fit sourire encore alors qu'elle le contournait pour aller s'asseoir. De nouveau, les yeux profonds l'observèrent avec une nuance plus heureuse au fond des iris qui perdaient un peu de leur dureté. A le voir, à l'entendre, elle s'imaginait l'ampleur du tronc et des branchages, la hauteur majestueuse de la ramée qui escaladait le ciel pour abriter dans ses branches une foule d'esprits espiègles. C'était étrange d'y trouver des choses familières, dans ce récit d'ailleurs, comme si tous les hommes finissaient un peu par se ressembler et qu'on ne pouvait varier à l'infini les motifs tissés d'une même étoffe. Ces hommes qui chantaient à l'ombre de leurs arbres sacrés n'étaient finalement pas si dissemblables d'elle qui aimait tant donner de sa voix à la solitude et au creux des reposoirs où les Spiors s'attardaient parfois pour tendre l'oreille aux complaintes des mortels.

- Ils semblent aimables, tes Mwana. Je ne doute pas que tu aies pu gagner sans mal plus d'amitié encore qu'ils t'en ont offert en premier lieu : j'ai souvenir que ta parole est un précieux sésame partout où tu te rends. Ils me plaisent, à moi, en tout cas.


Et Gaukka contait, Gaukka parlait, et de ses bras ouverts semblait embrasser un espace qui s'ouvrait soudain tout grand, comme si on avait ignoré jusque là qu'il avait pu exister. Elle l'observa longuement, accroupie près du feu, et sur le visage austère de la chamane, il y avait une sérénité très douce qui goûtait la rareté d'un moment d'émerveillement qui rappelait bien des souvenirs d'un temps plus heureux et plus innocent, sans doute. Mais cela, c'était avant les eaux meurtries et les voix qui s'étaient élevées dans la froidure, avant l'exil et la blessure. C'est sans doute pour cela que toute la joie qui put paraître sur ses traits pour dissiper l'usure ne se fit voir qu'à travers le sombre voile qui était tombée sur elle depuis bien longtemps. Le miel et le sang, la douceur et la peine, et une amertume toujours présente qui mêlait étroitement à tout cela le soupçon d'une profonde mélancolie.

Elle n'avait rien dit, quand il s'était enquis de son passé, et elle ne dirait rien de plus, mais à qui savait voir, peut-être que quelques réponses se firent jour alors, brièvement, dans une apparition aussi incertaine et fugace que les mirages sur les eaux troubles des mares.

Et puis, dans un silence, tout se rompit. La voix décrut, et changea, imperceptiblement. C'était subtil, comme beaucoup de choses, chez le Voyageur : le ton qui s'était élevé avec allégresse et avec une gaieté presque juvénile sur ses dernières paroles se délita et perdit de sa clarté alors que le réel se rappelait à eux. Bronach hocha la tête et se redressa, et tout passa, le flot se referma sur ses songes et les miettes des rêves grappillées au coin du feu.

- C'est tout le mal que je te souhaite, Voyageur. Que les Tuas t'entendent, et qu'il te gardent sain et sauf jusqu'à ta prochaine odyssée.


Ce fut dit avec toute l'ordinaire franchise dont elle faisait preuve, et quelque chose en plus qui avait le goût de la solennité d'une promesse ou d'une bénédiction.

- C'est que le monde serait bien triste s'il n'y avait personne pour y faire entendre pareilles choses, et si c'est à ta voix que tient notre salut à tous, eh bien, j'irais plaider ta cause auprès des Spiors pour qu'ils éloignent les dangers de ta route.


Ce disant, Bronach posa une main sur l'épaule valide du druide, comme pour appuyer ses paroles et puis lui montra d'un geste ce qu'elle avait préparé pour lui sur l'établi.

- Voilà pour toi, ce que tu m'as demandé pour ta traversée. Au moins pour te prémunir des poisons et des venins, et aussi un peu pour tes cicatrices. Tu me rendra les pots quand tu le pourras, à ton prochain passage.

Elle avait dit cela avec une assurance souveraine, parce que le Voyageur reviendrait, bien entendu. On disait parfois qu'il ne fallait pas tenter le mauvais sort et se garder de trop d'optimisme : en dépit de cela, il y avait dans le ton quelque chose d'une volonté inflexible de faire mentir tous les présages.

- Pour le reste, j'ai quelque chose, aussi.

La chamane se tut un instant, et chercha quelque chose parmi la floraison de colifichets et de pendeloques qui grelottaient sous la charpente. Elle décrocha un coquillage gravé de cercles et de flèches entrecroisées et le noua d'une cordelette tressée de tiges d'herbe, de cheveux noirs et de lanières de peau pour le tendre au druide.

- Prends ceci avec toi.

Elle ne dit rien de plus à ce sujet, mais quelque chose dans son silence, dans l'éclat résolu du regard alors qu'elle lui faisait une boucle autour du bras avait assez d'éloquence pour cela. Il en avait toujours été ainsi avec elle : bien des choses devaient être déchiffrées à travers son mutisme et quand la bouche ne savait comment l'exprimer, les yeux parlaient à sa place. Le regard qu'elle levait vers lui, alors, semblait le mettre au défi d'échouer, de ne pas revenir, de se taire à jamais. Elle ne se faisait guère d'illusions sur les sombres temps qui s'annonçaient, et les murmures qui s’amassaient à l'extrémité du monde en menaçant de déferler sur eux. Si tout devait tenir à la parole d'un druide, à ces prémisses lancées dans la pente pour déclencher l'avalanche, elle voulait bien y croire, parce que sans cela, que restait-il ?

A la toute fin, peut-être qu'il ne s'en fallait que de cela, la voix d'un arbre brûlé pour conjurer le souvenir des flammes qui avaient consumé ses visions.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeLun 11 Mai - 11:01

L'engouement qui résonnait dans la voix du druide s'était estompé à mesure qu'il achevait le récit de son voyage en Ufalme. La voix était devenue moins forte et résonnante, les gestes qui décrivaient le paysage moins vifs et moins amples et son regard avait perdu un peu de la lumière du soleil de ces lointaines contrées. Il était revenu dans la hutte de Bronach et de Saoirse, dans le Pays des Vasières, à quelques heures de marches de la capitale du peuple Broìn. Au-dehors, le bruissement du vent dans les hautes branches des arbres sacrés avaient laissés la place aux bourdonnements de moustiques et aux croassements aigüs de batraciens enfouis dans les roseaux. Elle avait ponctué le récit de Gaukka de petits commentaires et de questions auxquelles il n'avait pas de réponse et elle ne reçut que des haussements d'éapules ou de petits regards amusés en échange.

La chaman posa une main délicate sur l'épaule du Voyageur avant de déclarer calmement.

C'est tout le mal que je te souhaite, Voyageur. Que les Tuas t'entendent, et qu'il te gardent sain et sauf jusqu'à ta prochaine odyssée. C'est que le monde serait bien triste s'il n'y avait personne pour y faire entendre pareilles choses, et si c'est à ta voix que tient notre salut à tous, eh bien, j'irais plaider ta cause auprès des Spiors pour qu'ils éloignent les dangers de ta route.

Elle indiqua son petit établi, montrant les fruits de son labeur pendant que Gaukka s'était perdu dans son récit.

Voilà pour toi, ce que tu m'as demandé pour ta traversée. Au moins pour te prémunir des poisons et des venins, et aussi un peu pour tes cicatrices. Tu me rendra les pots quand tu le pourras, à ton prochain passage.

Il tourna le visage vers la chaman, cherchant son regard avec une légère incrédulité qui luisait au fond des prunelles. Elle devait avoir conscience que faire la pari de le croiser à nouveau était risqué. Une fois, sa mission accomplie, qui pouvait savoir où sa route lamènerait. Ils avaient mis près de vingt ans à se retrouver et il ne se leurrait pas sur la possibilité de ne peut-être pas survivre à vingt années de voyage supplémentaire.

Pour le reste, j'ai quelque chose, aussi.

Elle s'éloigna quelques instants, fouillant dans les différentes breloques qui cliquetaient depuis les poutres du toit. Elle se saisit d'un coquillage avant d'y passer une cordelette sombre et d'en faire un pendentif qu'elle tendit à Gaukka.

Prends ceci avec toi.

Le Voyageur déploya son long bras, prêt à saisir le petit objet et Bronach le noua en silence autour du poignet crevassé de cicatrice. Il observa les gravures qui ornaient la petite coquille grise qui pendait désormais sur sa peau. Il avait beau avoir vu bien des choses et en avoir appris encore plus, les rites des chamans lui avait toujours paru obscurs. Il inspecta en silence le bracelet avant de relever les yeux vers Bronach, piqué à son tour par la curiosité.

Merci, Bronach. Mais ... Qu'est-ce ?

Il remua légèrement la main, faisant danser l'étrange coquillage devant lui avec un amusement semblable à celui d'un enfant qui découvrait un nouveau jouet. Les superstitions variaient tant d'un peuple à l'autre, parfois d'un clan à l'autre qu'il était facile de se perdre sur les significations de runes et de symboles. Il reprit la parole, précisant les raisons de son interrogation.

S'il s'agit d'un talisman, j'aimerai savoir à quel Tua je devrais adresser mes remerciements à chaque lever de soleil.

Laissant sa compagne lui répondre, il commença à replier la robe sur elle-même afin de pouvoir l'enfiler rapidement. L'heure du départ approchait pour lui et il s'était invité chez la jeune femme pendant bien plus de temps qu'il ne l'avait pensé.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeMar 12 Mai - 21:47

Un instant, il chercha son regard, avec incrédulité : ils savaient tous les deux ce qu'il en était, ce qu'il y avait de chances pour que leurs routes se croisent encore, mais le visage de Bronach ne varia d'un rien et se contenta de rayonner, dans un sourire, d'une impérieuse sérénité. Il reviendrait, ou ne reviendrait pas : elle acceptait le fait comme on accepte les allées et venues des oiseaux mûs par des nécessités qu'ils étaient les seuls à connaître, comme si le pas de l'errant allait du même, guidé par la volonté des Dias et des tissages qu'ils faisaient avec le destin des hommes.

Un rire lui échappa, tout bas.

- Rien ne résiste à ta curiosité, Voyageur.

Elle oscilla légèrement du chef avec amusement et reprit :

- C'est à Sliogáin qu'il te faudra dire tes hommages au matin. Peut-être que tu l'entendra parfois quand il secoue son manteau de coquillages et qu'il danse dans les profondeurs : prête l'oreille et garde-toi dans ses bonnes grâces pour qu'il garde ta route sûre. Pour le reste, eh bien, un peu des herbes magiques et un peu de mes cheveux suffiront à éloigner de toi les bêtes et les mauvaises choses qui hantent Boglachòmar. J'ignore si cela te sera d'aucune aide là où tu te rends, mais peut-être que la bénédiction de nos Tuas pourra te porter jusqu'aux collines de l'autre côté des eaux. Et lorsque la cordelette se brisera, fais-en en une offrande à jeter dans la première rivière que tu trouvera.

Cette fois, c'était la voix de Bronach qui se déployait dans le silence, l'éclat des yeux suspendu dans les ombres que le feu déclinant rabattait sur son visage. Elle jeta un regard par l'ouverture de la porte qui découpait une parcelle de lumière dans la pénombre de la maison : le jour filait, et sur les herbes longues, le jour amorçait un lent déclin qui ramènerait vite la froidure et les brumes par-dessus la grisaille du paysage.

- Je devine que tu t'es bien assez attardé.

On devina presque une très légère nuance de regret dans sa voix, et ce fut peut-être la seule concession faite à ce que pouvait lui inspirer la brève retrouvaille d'un visage amical. Ces choses-là était bien trop rares, mais c'était sans doute aussi ce qui les faisait si précieuses. Bronach n'avait jamais été douée pour les adieux, aussi cela fut-il sans plus d'effusions et d'émoi que la première salutation : elle se contenta de le regarder finir de s'apprêter, les bras croisés près du foyer, jusqu'à ce qu'il soit temps de lui dire au revoir, de faire de ces bénédictions qui portent le pas de ceux qui s'en vont.
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MessageSujet: Re: Traverser les marais (pv Bronach)   Traverser les marais (pv Bronach) I_icon_minitimeMer 13 Mai - 10:33

Un éclat de rire, trop rare au goût du druide pour une jeune femme, retentit dans la petite hutte. Bronach déclara en hochant la tête avec une pointe d'amusement dans les yeux.

Rien ne résiste à ta curiosité, Voyageur. C'est à Sliogáin qu'il te faudra dire tes hommages au matin. Peut-être que tu l'entendra parfois quand il secoue son manteau de coquillages et qu'il danse dans les profondeurs : prête l'oreille et garde-toi dans ses bonnes grâces pour qu'il garde ta route sûre. Pour le reste, eh bien, un peu des herbes magiques et un peu de mes cheveux suffiront à éloigner de toi les bêtes et les mauvaises choses qui hantent Boglachòmar. J'ignore si cela te sera d'aucune aide là où tu te rends, mais peut-être que la bénédiction de nos Tuas pourra te porter jusqu'aux collines de l'autre côté des eaux. Et lorsque la cordelette se brisera, fais-en en une offrande à jeter dans la première rivière que tu trouveras.

Gaukka continuait d'oberser le coquillage gravé qui tournait au bout du mélange de cheveux et de fibres qui servait de collier. Sliogáin. Un Tua des marais, propre aux Broìn et même aux habitants du centre du Talamh'Vasaich si les souvenirs du Voyageur étaient exacts. Il faisait parti de ces Tuas protecteurs d'un endroit très spécifique, puissant là où on le connaissait mais inconnu de la plupart des autres membres des peuples libres. Il passa le collier autour de son coup avec déférence avant d'enfiler sa robe tandis que la chaman jetait un coup d'oeil à l'extérieur. Elle dit alors.

Je devine que tu t'es bien assez attardé.

Il hocha la tête en enfournant les pots et les fioles que lui avaient offert la chaman. Il se saisit de son bâton et s'en servi comme appui pour se redresser sur ses longues jambes. Il dut se maintenir voûté pour ne pas se cogner au plafond bas, ni à la myriade de colifichets qui pendait depuis la charpente. Un doux sourire était resté sur ses lèvres lorsqu'il tourna son visage vers elle.

Est-ce vraiment s'attarder que de rattraper un peu le temps perdu ?

Un petit gloussement s'échappa de sa gorge tandis qu'il avançait vers la sortie. Il posa délicatement sa main sur l'épaule de Bronach, lui offrant un regard reconnaissant.

Merci pour tes soins. Pour tes paroles ... Et pour ton talisman protecteur. Si je mène ma quête à son terme, ce sera en partie grâce à toi.

Il attira la jeune femme contre lui, lui donnant une accolade affectueuse, puis passa le pas de la porte. Le soleil commençait sa course descendante vers l'Ouest et il était temps pour le Voyageur de poursuivre sa route vers les collines du Cnuiclarann. Il fit quelques pas à l'extérieur avant de lancer par-dessus son épaule.

Jusqu'au revoir, Bronach. Parle à ton grand-père de tes rêves. Je suis sûr que ce ne sera pas de trop pour le convaincre.

Il dissimula son visage sous sa large capuche avant de reprendre son chemin. Il leva sa main gauche sans se retourner, lançant un dernier au revoir à son hôte.

Tu salueras Saoirse de ma part.

La prochaine étape serait Dunlodunum.
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