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 L'Aigle de Corsilvam

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 28 Juin - 19:03


Campement des maraudeurs

La lame effilée de Grida tremblait au rythme de sa main. Le visage de la jeune femme était crispée dans une grimace de haine et si ses yeux avaient pu lancer des éclairs le pauvre chaman aurait été carbonisé sur place. Le chef des brigands s’était interposé in extremis et malgré sa largesse d’épaule, il avait presque du mal à empêcher Grida de poignarder à mort la gorge de Licnos. Et alors que se jouer un moment dramatique, à deux doigts du morbide, le ruvien beugla, à moitié recroquevillé sur le sol. Darmuid n’avait pas le temps de s’occuper du négociant qui hurlait son innocence, proposant même ses services pour aider les maraudeurs à lever le camp. Quel immonde pleutre pensa alors Darmuid alors qu’il raffermissait sa poigne autour des bras de Grida. Il n’eut qu’une courte réponse envers le captif.

Ferme-la !

Une réponse concise qui résumait bien l’urgence de la situation qu’il tentait d’empêcher. Le chaman balbutia alors des explications sans se défendre des accusations de la jeune femme. Il assuma pleinement son acte, montrant face à une mort imminente bien plus de courage et d’aplomb que le ruvien qui ne risquait rien de plus que le vol de sa marchandise. Le vieux bonhomme jouait sur les mots, préférant suggérer qu’il avait aidé le jeune frère de Grida à trouver l’apaisement plutôt que d’avoir assassiner l’adolescent, mais il ne nia pas son implication direct dans le trépas de Taralis. Le chef des maraudeurs se fit d’ailleurs la réflexion muette que la sentence avait été prononcée rapidement et que l’étrange mixture qu’avait mâchonné le vieux lièvre avait fait effet bien plus rapidement qu’il ne l’aurait crû possible. Seulement, l’aveu du chaman ne fit que renforcer la détermination de la blonde à lui planter sa lame dans le corps.

Je vais te crever, sale bâtard des Collines !

Elle rua, se tordit, gigota comme un ver au bout de l’hameçon et parvint à envoyer un coup de pied dans la cuisse de Licnos. Darmuid jouait de sa stature pour retenir les bras furieux de l’archère mais il n’avait pas prêté attention aux jambes. Voyant le coup partir, il fronça les sourcils et haussa le ton en tordant le poignet de Grida et en la faisant reculer de deux pas.

Grida, ça suffit ! Des hommes meurent au combat, ça arrive tous les jours ! Que ce soit ton frère ou un inconnu ne change rien ! Sors de ma tente et va aider les hommes à lever le camp !

En entendant les éclats de voix, deux hommes à la barbe fournie firent irruption en soulevant le pan de toile qui fermait la tente de leur chef. Il poussa Grida dans les bras d’un des deux gaillards à la mine patibulaire en continuant à houspiller.

Emmène-la récupérer ses affaires et empêche-la de s’approcher d’ici. Nous devons partir le plus vite possible.

Il se tourna vers Licnos, le visage toujours crispé et de la salive s’étant accroché à son menton pendant qu’il avait postillonné de rage.

Quand à toi, chaman. Je te conseille de prendre ton barda et de quitter ses lieux le plus vite possible. Tu as aidé mes hommes et je t’ai aidé, nous sommes quittes !

***

Face au pont qui enjambe la Nera

Falco étudia rapidement les environs. Les flots gris du fleuve grondaient face à ses soldats et lui. La pluie tombait de plus en plus sur leurs têtes et le centurion avait la sensation que le temps jouait contre eux. En entendant plusieurs légionnaires deviser à voix haute, il eut l’impression que certains d’entre eux prenaient leur mission à la légère et avait oublié les enjeux de leur mission secrète. C’est alors que Severus interpella Darius qui tourna le regard vers lui. Le centurion serra les mâchoires en rétrécissant ses yeux vers l’endroit que le légionnaire indiquait. Ses paroles claquèrent dans l’air avec une froideur agacée.

Ai-je l’air de ta mère, légionnaire ? Allez-vous me signaler le moindre oiseau qui vole sans prendre l’initiative d’aller vérifier par vous-même ?

Agacé, le centurion se dirigea vers le fossé pour y jeter un coup d’oeil rapide. Ne sachant pas vraiment quoi chercher, il balaya rapidement l’endroit du regard et vit un petit blaireau se carapater en longeant le cours de la Nera. C’est alors que le légionnaire Pictor s’approcha et proposa un plan d’action. Falco l’écouta sans un mot, haussant les sourcils devant l’aplomb du soldat qui se substituait à lui. Le plan avait le mérite de ne pas être idiot, mais ce n’était clairement pas à un simple soldat de le proposer à son supérieur. Il voulait sûrement bien faire, mais Falco avait autant horreur des fayots que des déserteurs et si la pluie ne le trempait pas jusqu’aux os et qu’il n’avait pas toute son attention fixé sur l’Aigle, il lui aurait répondu de manière cinglante. Il saurait lui rappeler sa place lors de leur retour au camp, mais il y avait plus urgent. Le centurion se tourna vers ses hommes et cria ses ordres.

Nous allons traverser au pas de course ! Formez une colonne de deux et gardez cinq coudées entre chaque duo. Asinius, Pictor, vous êtes les premiers ! En avant !

***

Campement des maraudeurs

Darmuid attendit un court instant que Grida s’en fut allé dans le camp et désigna d’un coup de menton l’autre des hommes qui les avaient rejoint en trombe.

Emmène-le et assure-toi qu’il ne croise pas Grida.

Le chef observa laissa passer le chaman et son garde du corps puis sortit à leur suite pour observer aux alentours. Les maraudeurs avaient commencés à replier les tentes et à rassembler le butin dans des grands sacs de toile. Alors qu’un petit groupe s’approchait de la carriole du négociant, Darmuid gueula dans leur direction.

On laisse la charrette ici … On doit s’enfoncer rapidement dans la forêt elle risque de nous ralentir.

Ce lâche de négociant retrouverait son cheval et son moyen de locomotion, même s’il serait sans aucune richesse à transporter à part sa propre vie. Il en serait quitte pour avoir une sacré aventure à raconter à ses enfants lorsque … Le négociant ! C’est seulement à cet instant qu’il réalisa que le pleutre avait été laissé seul et sans surveillance dans la tente. Même un lâche peut se voir poindre du courage si on l’abandonne sans geôlier pour le garder à l’oeil. Le chef des maraudeurs se dirigea à grands pas vers sa tente et alors qu’il se saisissait du pan de tente qui pendait devant l’entrée, un long sifflement retentit depuis les futaies au sud de leur position. Des étrangers approchaient du camp.

***

Marcus:

Licnos:

Légionnaires:

Severus:
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Marcus Cartae

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeMer 1 Juil - 20:26


Marcus comprit qu'on ne voulait pas de ses conseils. Tant pis, il les garderait pour d'autres, plus réceptifs à ses mots. Il faut dire que la situation semblait extrêmement tendue dans la tente - normal en un sens ! - la femme barbare tentait de frapper l'homme lapin tandis que le chef de meute essayait de les séparer. D'autres hommes entrèrent précipitamment. On parlait dans une langue inconnue à Marcus. Il ne comprit rien. Enfin, aux intonations, aux attitudes, aux gestes, le marchand se dit qu'il devait y avoir une urgence. La situation aurait pu sembler claire pour beaucoup... mais Marcus - homme fort empathique s'il en est - fut pris d'une sorte de panique qui l'empêcha de bien réfléchir. Il imagina quelque improbable danger comme un grand incendie ou une attaque de bêtes sauvages ! L'arrivée du cohorte de légionnaire ne lui effleura même pas l'esprit...

Seul, du bout des doigts, il s'empara de sa dague et se lança dans la coupe de ses liens. Dans son état d'esprit, dans sa précipitation, il fut assez maladroit et l'opération lui prit quelques longues minutes. Une fois libéré, il se dirigea vers l'ouverture de la tente et passa sa tête à travers elle pour voir ce qui se tramait à l'extérieur, ce qui était la cause de tout ce remue-ménage... mais il ne vit ni feu, ni bêtes sauvages, il vit - tenez-vous bien ! - la tête patibulaire du chef des barbares ! Il poussa un petit cri de pucelle en voyant ce regard sombre fixé sur lui et, pour se donner une certaine contenance - et tout en faisant un pas en arrière et un second sur le côté pour laisser passer l'impressionnant mâle à la voix de stentor.

"Tout va bien ? Tu êtes sûr que tu n'veux pas un p'tit coup d'main ? J'étais sérieux tout à l'heure quand je t'ai proposé..."

Mais pas plus... car il avait cru comprendre que l'homme n'était pas adepte des papotages... Mieux valait aller droit au but. Il lui laissa dire ou faire ce qu'il avait à dire ou faire... car c'était sans conteste un homme fort occupé... mais il n'en oublia pas pour autant de se justifier :

"Du coup, je n'ai pas bien saisi où se trouve ma charrette... j'ai cru comprendre qu'il fallait fuir... mais je préférerais autant le faire avec mes p'tites affaires, histoire de pas repartir à zéro... c'est pas facile de repartir à zéro dans l'métier, tu sais..."
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Magetobrigos le Sanglier

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeVen 3 Juil - 15:45



Tout ceci allait bien vite pour Lièvre-Gris.
Bien que ceux des collines étaient réputés au cuir dur et à la brette facile, appréciant les champs de batailles et la rudesse des combats ; lui devait se l'avouer, n'avait jamais apprécié ces ambiances de violence et ces décors de charnier. Ainsi, toute sa vie, avait-il réussi à se tenir loin des oppositions entres les hommes, cherchant par tous les moyens en sa possession les portes de sortie qui lui montrerait les sentes de la fuite, loin des lames. Un bruit inconnu et ses craintes se réveillaient, une tension sous-jacente dans la végétation et ses peurs lui hurlaient à la face ; un changement presque indistinct et il se retrouvait le plus alerte des hommes.
Il loupa néanmoins l'instant fugace qui annonça le changement des événements, car sous la toile de peau et de jute, se jouait le fil de son existence : la guerrière n'avait pas entendu raison - maudit soit t'elle, mais elle avait respecté - à contrario, les ordres du chef de meute.
Licnos pouvait le jurer, il avait déjà observé mainte fois ce comportement parmi les loups rôdant dans les vallons. L'individu brimé se mettait alors en quête d'une vengeance perpétuel qui le conduisait souvent à fauter lourdement. Le chaman doutait grandement de la différence qu'il pouvait exister entre ses observations et la situation actuelle.

Sans perdre son aplomb, il toisa la moiselle s'en aller, cherchant à imprimer son regard dans le sien. Une vieille technique qui selon lui, pouvait vous sauver la couenne. Puis ce fut au tour de Darmuid de le rudoyer d'une façon plus perverses : le maraudeur pensait avoir respecté une certaine balance entre eux, pensant une dette remboursé. Mais pour Licnos, ses paroles n'étaient que bruissement de vents dans herbes folles ; lui était sûr de n'avoir rien contracté, ni de s'être acquitté d'aucun paiement. Il évoluait dans une sphère que ces batteurs de sentier n'imaginaient sans doute point, il évoluait dans la trace du Grand-Lièvre et c'était là tout ce qui lui importait.

On le conduisit alors loin, au détour d'un chemin, lesté d'un garde de chaire à l'air patibulaire.
Licnos ne daigna pas lui adresser un seul regard, ses pensées obnubilé par les éclats d'or qu'il avait aperçu dans la tente de Darmuid. Il devait s'emparer de cette chose. Quand un inquiétant signal se fit ourdir et que l'ambacte qui lui collait au train fila direct inverse, il en fut certain : Geàrramòr venait de lui envoyer un autre signe. Sans attendre, le chaman se jeta dans l'épaisse fourrée la plus proche. Cherchant à se soustraire aux regards, tentant de faire oublier au plus vite sa présence dans la cohue qui s'élevait dans le campement, il commença par faire un rapide inventaire de ses biens :
Le poids de son petit poignard le rassura un instant qui ne dura pas, car il était incapable de tuer une de ces brutes par la force. Mais la constellation de bourses qui celles-ci, lui pendaient au-dessus de la ceinture, eurent bien meilleur effet. La plupart n'étaient que base de décoction et autres ingrédients à baumes et potions, mais il possédait aussi quelques créations de son cru : des poudres irritantes et quelques aiguillettes enduites de poisons tétanisant.
Avec ceci, il pourrait venir à bout des récalcitrants ou au moins, se donner le temps de fuir.

Lièvre-Gris partit alors à la chasse à l'offrande. Tapis dans les fougères et les fourrées entourant le campement qui s'agitait toujours, il fit ce qu'il savait faire le mieux : observer, ramper, avancer, discrèter et remonter la piste de sa proie. Darmuid ne pouvait être autre par, qu'entrain de donner des ordres, il devait le repérer et s'assurer qu'il portait toujours son précieux colis.
Ensuite, tel un limier, Licnos atteindrait le bon moment pour s'emparer de son dû.

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Honoria Sicinia

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeSam 4 Juil - 23:34


Severus encaisse la remarque sans broncher. Il objecterait bien que si chacun sort du rang à chaque fois qu’une mouche pète, ca ferait désordre mais il se tait. Un danger potentiel se présentait, c’était son devoir de l’avertir, point. Severus reste digne malgré cet incident et reste sur place le temps que Falco aille lui-même vérifier. Il n’a pas signalé cela pour que Falco agisse à sa place. Mais bon…Visiblement, il a l’air totalement excédé. Severus prend les choses avec diplomatie et calme.

Il faut donc traverser le pont.

Asinius est devant avec Pictor. Severus reste derrière pour former un duo avec un autre légionnaire et traverse sans encombre.

Il allait approcher de son frère pour lui glisser un mot quand soudain un mouvement furtif attire son attention. Il tourne vivement la tête vers les arbres, persuadé d’avoir vu une silhouette humaine.

- Silence.

Le ton est donné, il ne le fait pas exprès, c’est juste qu’il vient d’entendre un bruit qui n’a rien de naturel malgré les efforts de celui ou celle qui le produit. Un bruit de martèlement de bois contre du bois, suivi d’un autre, au loin, sur la droite. Severus pose la main sur la poignée de son glaive et le sort lentement de son fourreau.

- Nous sommes repérés, dit-il dans un souffle. Ecoutez ce bruit. Il y a eu une réponse sur la droite… Ils communiquent…J’ai vu une silhouette là bas derrière les arbres. J’y vais.

Il a un regard pour Asinius puis pour Falco, avant de s’éloigner et de se diriger vers les arbres. Seul ou accompagné, peu importe. Il est à découvert, donc à priori le ou les personnes cachées là-bas le verront arriver, quoi qu’il fasse. Il ne sert donc à rien de tenter la discrétion. Tout ce qu’il peut faire c’est rester terriblement attentif, garder son glaive dans sa main droite, son bouclier dans la main gauche placé devant son corps, le casque solidement vissé sur la tête. Ne devait-il pas prendre des initiatives ? Severus n’est pas un pleutre. Et il obéit aux ordres, parce que c’est ce qu’il fait de mieux.

Le voilà qui s’enfonce parmi les arbres, tout en avançant à pas lents et mesurés, aux aguets. Il est sûr et certain d’avoir vu cette silhouette, elle ne peut pas être très loin.
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Belhiane le Rouge-Gorge

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 5 Juil - 17:21

Bien centurion !

Et la pluie tombait toujours. Maudissant cette situation, il acquiesça aux ordres et avançait en compagnie de son rival. Il souriait en coin l’observant régulièrement tout en faisant attention de progresser à bonne allure.

Asinius tu va vite monter en grade ! Tu avais raison, le centurion aime les hommes d’action. Tu n’as pas ton pareil pour cerner le cœur des hommes qui t’entourent l’ami. J’ai fait exactement ce que tu m’as dit et ça a marché, que les dieux louent ce jour pour m’avoir fait l’honneur de te rencontrer !

La naïveté plutôt que la roublardise mise en avant. Faussement certes, mais en soit son compagnon d’infortune avait ouvert une brèche et lui s’y était engouffré. Savoir profiter des opportunités, c’était ce qu’il savait faire de mieux. Après avoir franchi le pont sans encombre, il tournait son regard en direction de Severus. Avisé par ce dernier de la situation, il se désintéresse d’Asinius qui, il le sait, va s’empresser de porter de l’aide à son ami.

Gaius avance en suivant les traces. Le bouclier dressé en avant, il guide un légionnaire afin que ce dernier se positionne à sa hauteur. Attentif, alerte, il arrive jusqu’au sentier. Un véritable étau naturel qui empêche d’avoir une visibilité parfaite. La pluie n’arrange rien à l’affaire et tandis qu’il observe son monde de toutes parts, des racines des arbres jusqu’aux branches il prend le pari que le centurion ne fera jamais machine arrière. Pire, s’il lui demande des instructions, il risque de l’envoyer seul en éclaireur. Alors le légionnaire ouvre toujours la marche, progressant lentement, bouclier en avant tout en faisant signe à ceux qui le suivent d'avancer ensemble en bloc.

Dans cet espace confiné, il avait troqué sa lance, trop longue pour la topologie des lieux, contre son glaive. Plus léger, plus prompt à répliquer en cas de corps à corps, il se souvenait des morts et de leurs glaives encore aux fourreaux. Ainsi progressait-il, avançant à pas de loup, s’assurant du sol avant même d’y poser les pieds. La sueur de son front coulant jusqu’à ses tempes.

Celle de sa nuque glissait sur son dos. Les mains cramponnées à ses effets comme à sa propre vie, il s’immisçait entre les arbres, avertissant la troupe de marquer parfois des temps d’arrêt afin de tromper d’éventuels archers qui auraient repérés leurs gestes réguliers pour faire mouche au jugé.

A un pas de plus de la gloire, à un pas de plus de la mort… se répétait-il

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 5 Juil - 19:49


Au-delà du pont qui enjambe la Nera

Après quelques jurons silencieux, Asinius s’était élancé aux côtés du lèche-bottes de Pictor à travers le pont. Il traversa au pas de course avant de s’arrêter sur le chemin et de brandir son bouclier devant lui. Le pas cadencé de ses camarades qui le rejoignaient pour former le rang le rassura un brin. Du coin de l’oeil, il vit son aîné le rejoindre en fermant la marche, quelques foulées derrière Falco qui inspectait les environs d’un oeil mauvais. Un tambourinement sec retentit en écho dans les futaies qui faisaient face à l’escouade en charge de retrouver l’Aigle perdu.

Infestis signis !

L’ordre de former les rangs retentit clairement et les hommes se rassemblèrent autour de l’officier. Les barbares les avaient repérés, Ukko savait depuis quand, mais ils ne pourraient pas compter sur l’effet de surprise. Severus s’avança alors, gladius en main, prenant l’initiative qui lui avait fait défaut jusqu’alors. Son cadet lui emboîta le pas et plutôt que de gueuler sur la fratrie qui brisait le rang, le centurion encouragea les autres légionnaires à avancer.

Progredi !

Les hommes suivirent l’ordre d’avancer et bientôt la ligne rattrapa les deux frères qui se dirigeaient vers les ombres aperçues entre les troncs.


***


Tente de Darmuid

Darmuid écarquilla les yeux en voyant la tête du négociant le toiser à quelques centimètres entre les pans de toile de sa tente. L’instinct du chef des maraudeurs ne l’avait pas trompé, il avait bien senti que laisser le pleutre sans surveillance lui donnerait l’occasion de retrouver une paire de baloches sous sa stola. D’un geste vif, il écarta le tissu et entra dans la tente, une grimace furieuse tordant ses traits. Il tira l’épaisse dague qui battait contre son flanc pendant que le négociant balbutiait quelques mots, tentant en vain de paraître décontracté.

Ta gueule !

S’il avait jusque là parut être des plus courtois et s’était efforcé de parler avec respect à son prisonnier, Darmuid n’avait visiblement plus la patience de ne pas lui aboyer des ordres. Les plis de ses doigts blanchissaient tant il serrait sa poigne autour du manche de son arme. L’apparent salut du négociant apparut sous la forme d’une homme svelte aux cheveux roux nattés sur le haut du crâne. Il parla avec une anxiété évidente même si la teneur des propos échappait à Marcus.

Des ruviens ont passés le pont ! Ils seront là dans quinze minutes !

Les mâchoires du grand barbu se crispèrent un peu plus, faisant battre ses maxilaires sous la peau au rythme de son coeur. Gardant le négociant dans son champ de vision, il donna ses ordres sans même tourner la tête vers le maraudeur aux cheveux oranges.

Il faut les engager avant qu’ils arrivent au camp. Trouve Grida et fais la réunir les archers sur-le-champ !

Un hochement de tête plus tard l’homme disparut. Les sourcils froncés, le chef des maraudeurs fit un pas en avant, dominant le marchand de toute sa taille. La pluie tombait drue sur la toile tendue et brisait le lourd silence qui s’était installé. Il fit un pas sur le côté et contourna le négociant pour se saisir du paquet qui s’était légèrement ouvert en dévoilant son contenu aquilin en or. Il s’empara de l’Aigle et le recouvrit de son linge avant de lecaler sous son bras. Il rangea sa lame au fourreau et posa sa lourde main sur l’épaule du négociant.

Tu vas m’aider, morveux.

***

Dans le camp

Où est Grida ?!

La réponse ne reçut que des haussements d’épaules de la part des archers qui s’agglutinaient sous les branches qui s’entrelaçaient au-dessus de l’entrée du camp. Chacun tentait de protéger la corde de son arme de l’eau céleste qui déferlait de plus en plus violemment. Urdos essuya l’eau qui s’immiscait dans son cou depuis sa natte rousse. Les ordres de Darmuid étaient clairs, mais aucune trace de la jeune femme depuis qu’elle avait été sorti de la tente du chef. Il lâcha un grognement et fit un signe de tête à l’attention des hommes pour s’éloigner du camp en profitant du couvert de la forêt. Ils progressèrent rapidement entre les fougères et les branches basses pour se mettre en place. Ils n’attendaient plus que leurs cibles.

***

À l’entrée du sentier

Falco avançait de concert avec ses hommes. La pluie tintait sur les casques et les armure lamellaire de la petite cohorte de ruvien qui pénétrait sous les frondaisons. Il aperçut une silhouette se carapater entre les troncs, probablement l’ennemi qu’avait aperçu et signalé le légionnaire Severus.

Pila sursum !

Les légionnaires se saisirrent d’un pilum en entendant l’ordre de leur centurion. Un second ordre retentit dans la foulée.

Pila jacere !

Et les javelots volèrent en direction de la silhouette qui se sauvait. Deux touchèrent et l’homme s’écroula dans un râle. En réponse, vinrent les flèches. Puis des beuglements vindicatifs droit devant.


Marcus:

Licnos:

Légionnaires:

Pictor:
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Marcus Cartae

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeMer 8 Juil - 21:37

Le négociant leva les bras lorsque le chef des barbares sortit son arme... Oh non, il n'allait pas sortir sa dague et croiser le fer avec cette nerveuse montagne de muscles qu'il avait devant lui ! Il maintint sa "gueule" fermée comme le chef le lui demanda. L'instant d'après, un rouquin entra dans la tente et un court échange s'engagea entre les deux barbares. Le chef semblait très énervé mais Marcus, malgré les quelques mots qu'il connaissait dans certaines langues barbares ne put comprendre les raisons de la colère du chef. Il resta calme et silencieux... jusqu'à ce que le dénommé Darmuid s'approcha de lui, l'air particulièrement belliqueux. Marcus sentit ses jambes s'engourdir !

"Tu vas m’aider, morveux."

Ouf, ç'aurait pu être pire. L'homme rangea son arme et mena Marcus, sous une pluie battante, vers un objectif que lui seul connaissait.

"Avec plaisir, chef, qui puis-je faire pour toi ?
- Progredi !
"

Non, avec Darmuid, on pouvait vraiment dire que barbare ne rimait pas avec bavard. De cela Marcus était certain. Et c'était bien la seule certitude qu'il avait tant l'agitation autour d'eux était désordonnée... Finalement, Marcus, malgré la pluie, était pas si mal que ça avec le seul bonhomme qui semblait savoir ce qui se passait sur ce camp !

Arrivé à hauteur de sa charrette, il caressa le museau de Celer puis s'apprêta à monter sur le banc du conducteur, sa place habituelle, mais la main du lourd barbare le retint.

"Si tu fais ce que je dis tu vis, tu essayes de me trahir tu meurs."

L'homme beugla quelques ordres à ses hommes qui repartirent de plus belle dans leurs courses... légèrement plus ordonnées. Marcus sentit la lame du butor contre sa gorge.

"Compris ?
- Ah euh oui, pas d'souci, chef ! Tu dis, je fais !
Il se gratta la barbe. Euh... et je fais quoi, là, maintenant ?"

Économisant toujours ses mots plutôt que ses muscles, Darmuid ficha Marcus dans la charrette, parmi ses marchandises, tandis qu'il s'asseyait confortablement sur le banc de conduite.

Il manque pas d'air, pensa le commerçant en constatant que les barbares avaient eu plus d'appétence pour le vin que les beaux tissus... Tant mieux, il n'y perdait pas au change, d'autant qu'ils avaient "offert en compensation" des javelots et d'autres matériels de la légion... Mais !

C'est à ce moment là, seulement là, que Marcus s'étonna du fait que son directeur parlait parfaitement le ruvien... et qu'il lui avait dit, tantôt, "Progredi" un ordre que l'on n'entendait que dans la légion, justement ! Voilà qui était étrange, voire surprenant... voire même bizarre !

Une légionnaire barbare, chez des barbares, avec des armes de légionnaires, non loin d'un charnier de légionnaires... Vous avez dit bizarre ?

"Quand tu vois un légionnaire, tu l'empales !
- Euh... ouais. Ouais, ouais... J'l'empale.
"

Marcus prit un javelot, peu sûr de sa capacité à empaler des légionnaires. Mais il allait devoir le faire, alors il le ferait. Il le ferait. Il le ferait, hein ? Darmuid fouetta le cul du cheval. Et Marcus trembla des cuisses. Vous avez dit bizarre ?
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeVen 10 Juil - 13:59



Et le moment arriva.
Darmuid, chef et meneur de la belle troupaille qui s'égosillait à travers les fourrées, venait de poindre le bout de son nez les bras lourdement lestés. Il était difficile de penser à autre chose pour le chaman, qu'a l'offrande qui se nichait entre les mains noueuses de ce tueur professionnel. Il devait l'acquérir, s'en emparer, l'emporter avec lui et la cacher, pour enfin, la consacrer au Grand-Lièvre qui le récompenserait alors pour temps de foi. Les idées fusèrent dans le crâne de Licnos qui, s'il était habitué à régler quelques conflits entre hardes de fouisseur et autres différents lupin, n'avait jamais côtoyé la violence humaine d'aussi proche.
Il lui fallut dériver dans quelque pensée bien sombre, se souvenir des moments les plus fugaces et éphémères de sa vie, forcer à dénicher l'indénichable qui résidait en lui.
Puis, il eut une illumination venu directement des Dias.
Rivaliser par la force, imiter les hommes dans ceux qu'ils avaient de pire, cela n'était clairement pas de son domaine. Car le sien résidait dans les êtres des fourrées, la faune et la flore qui, chaque jour l'abreuvait de mille et un exemple à suivre et cela, dans tous les domaines existants.

Comme le lièvre, il devait continuer à jouer la discrétion, pister Darmuid aux limites du danger, toujours dans l'ombre protectrice du feuillage qui l'entourait.
Comme le loup alors, il décida de choisir la diversion, car c'est ainsi et seulement ainsi, qu'il pourrait remplir son objectif.

Patientant que Darmuid ne soit point trop loin, il joua sur la tension ambiante pour essayer d'attirer son attention sur une fausse piste. Il fallait essayer de l'éloigner de la masse, pour espérer réussir son coup. Quand il jugea le moment opportun, il se saisit d'un lourd morceau de bois qu'il balança sans ménagement dans un taillis boueux. Grattant de sa lame contre la pierre en essayant de simuler le bruit de l'acier, il comptait ainsi gagner l'attention du chef.
Il lui fallait l'attirer à tout prix, en suite, et seulement en suite, il tenterait d'imiter la guêpe pour frapper.

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Primo Sicinius Scorpa

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeSam 11 Juil - 10:34


Ça sifflait de toutes parts. Les traits acérés fendaient l'air dans des souffles stridents et l'écho de chocs sourds sur le bois résonnait en continu lorsque les flèches se fichaient dans les boucliers des légionnaires... quand ils avaient de la chance. Et cette foutue pluie qui n'en finissait pas de tomber ! Le sang battait aux tempes d'Asinius, son cœur battait à toute allure, l'eau ruisselant sur son casque altérait sa vision d'une scène où tout allait trop vite, bien trop vite pour qu'il ait le temps de comprendre ce qui se jouait en temps réel. L'ordre du centurion lui parvint distinctement, néanmoins. Tirer le glaive ? Est-ce que ce débile sait seulement ce qu'il fait ?

« FORMATION TORTUE ! » hurla Asinius, si fort que sa voix couvrait le martèlement de la pluie et des flèches. « ON RESSERRE LES RANGS ! MUR DE BOUCLIERS ! MUR DE BOUCLIERS ! »

Il n'avait aucun droit de proférer ces ordres, mais il fallait bien que quelqu'un se dévoue pour éviter à la troupe d'être taillée en pièces. Cet imbécile de centurion, non content de les avoir attirés dans un guet-apens, semblait incapable de prendre des décisions logiques et simples. Ils n'avaient aucune visibilité, étaient assaillis de tirs de tous côtés, et ce merdeux voulait qu'ils aillent au combat ! Certes la formation tortue les empêcherait de se mouvoir rapidement et laisserait l'initiative à l'ennemi... mais de toute évidence, l'ennemi l'avait déjà, l'initiative. Mieux valait une progression lente qu'une mort rapide.

Attendant fébrilement de voir s'il serait écouté, Asinius resserra la poignée de son précieux bouclier, comme s'il s'agissait d'un talisman protecteur, comme si rien ne pouvait l'atteindre tant qu'il l'avait. Les légionnaires qui tombaient autour de lui et poussaient des râles de douleur affreux n'étaient sûrement pas de cet avis, mais Asinius les ignorait ; il avait besoin d'y croire. Il ne laisserait pas la peur le submerger, quand il avait besoin de toute son audace pour combattre et survivre. Il ne mourrait pas ici comme une merde, pas dans cette forêt de merde, par ce temps de merde, percé par une flèche de merde tirée par un archer de merde de ce peuple de barbares de merde.
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Honoria Sicinia

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeSam 11 Juil - 14:40


Il semble que l’initiative prise a encouragé Asinius à le suivre. Ainsi que tous les autres, après un ordre de Falco. A son sens, cet ordre n’est pas très judicieux. Il n’y a pire traquenard que les arbres, les bosquets et les futaies. Si Severus s’est volontairement présenté comme éclaireur, c’est surtout pour éviter un massacre. Un homme seul a cet avantage d’être rapide. Un homme seul a cet avantage d’être plus discret. Un homme seul fait très nettement moins de bruit que plusieurs légionnaires armés…Pour la discrétion, ils repasseront donc. Puis si un homme seul meurt, le reste a une chance de pouvoir s’en sortir en évitant de prendre le même chemin.

Autre désavantage de la légion, cette manie de toujours avancer en ligne, alors qu’en face, les barbares, eux, agissent sans réelle cohésion. Du moins c’est ainsi qu’il a toujours constaté les choses au combat. L’armée ruvienne se distingue par son sens de l’organisation mais peut-être qu’ici, justement, ce sera synonyme de défaite. Avancer en ligne alors que les arbres sont des obstacles derrière lesquels tout barbare peut se cacher, sans parler de ceux qui peuvent se dissimuler dans les branches…Une fois de plus, il ne dit rien parce que cela ne sert à rien de contredire Falco. Un ordre est un ordre. Il sait juste qu’il y en a qui sont moins sensés que d’autres.

Le glaive à la main, le corps soigneusement protégé par un bouclier soutenu par l’autre main, il avance donc jusqu’à ce qu'un sifflement se fasse entendre. Puis un autre, et encore un autre, en un flot ininterrompu de flèches se fichant dans les troncs, dans les boucliers. Et dans les légionnaires. Les cris des malheureux qui tombent comme des mouches sont effrayants. Il tombe des flèches de partout. Et par un miracle qu’il ne s’explique pas, il est toujours en vie. Son frère aussi. Un frère qui d’ailleurs hurle aux autres survivants de se mettre en formation tortue.

- … !

Severus est coincé entre son désir de protéger son frère, son désir d’obéir aux ordres, et l’envie de se sortir de là. Le temps de la réflexion est bref, l’instinct prend le dessus. Il se place aux côtés de son frère et avance au même rythme que lui. Autant mettre un maximum de chances de leurs côtés et sortir de là en vie.

- Mon frère, si on parvient à rentrer au camp en vie, je te paye tout ce que tu veux avec ma solde. Avançons !

Au moins, il sera près de son frère et il pourra peut-être le protéger encore un peu.

S’ils ont de la chance.

Les barbares, eux, ne se montrent pas, ils tirent depuis les arbres. C’est qu’ils ne doivent plus être loin du but.

- J’ai entendu des beuglements droit devant. On ne doit plus être loin. T’es prêt à charger ?
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Belhiane le Rouge-Gorge

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeSam 11 Juil - 21:44

Et la mort avait frappée. Là, près de lui, une vie venait de s’éteindre. Il revoit une gerbe de sang jaillir de l’œil du malheureux inanimé sur le sol. La pluie lui empêche d’avoir une bonne visibilité, tout est flou. Les hurlements et les cris se mélangent et à présent le chaos est partout sous la forme de ses barbares prêts à tout. Son corps est lourd et engourdi, la peur le fige sur place et le sifflement des flèches précédent les impacts qui foudroient son bouclier et l’alourdit. Son cœur ne demande qu’à rompre son écrin, à s’échapper loin de ce tumulte et pourtant l’issue était inévitable.

L’instinct de survie avait pris le pas sur son intellect, il avait glissé sur le sol, afin d’être moins exposé et dans le même temps, récupéré le bouclier encore valide du défunt à sa droite. Luttant pour se relever en maudissant ses jambes et son courage, il serrait les dents avant de s’adosser à un tronc d’arbre, salutaire pour un instant. Puis, un cri le sorti de sa torpeur.

FORMATION TORTUE ! Asinius ? Ainsi il avait vu juste, derrière un esprit étriqué il y avait du courage.
Pictor resserra les rangs, ajoutant son bouclier à celui d’un légionnaire, maillant sa vie à celle du groupe. Relayant alors la demande de formation son regard était partout et avait du mal à ne pas tressaillir lorsque les innombrables traits assassins se figeaient sur le fer des boucliers ou sur la terre rendue meuble par la pluie qui continuait inlassablement de tomber.

La progression de l’ennemi sur le flanc gauche l’inquiétait, pire encore le centurion était pris pour cible. S’il venait à mourir, cela fragiliserait considérablement les rangs déjà au plus mal. De plus, il avait l’expérience du combat au corps à corps et était en cela un atout plus important que lui.
Le bruit était partout et la mort aussi. Un courage qu’il ne soupçonnait pas naquit en lui, ou n’était ce que le début de la folie ? Lui-même n’aurait su le dire sur le moment. Rare étaient les fois ou il prit la parole sans avoir mûrement réfléchit à ses propos, mais le temps jouait en sa défaveur, la mort et la vie ne tenait même plus à une décision, mais à la chance et au bon vouloir des dieux.

SUR LA GAUCHE, ALLEZ ! Cria t’il afin de tenter d’orienter le groupe pour que ces derniers le couvrent.
Toutefois, sans attendre il se précipitait vers le centurion en lui hurlant de se mettre à terre. Son bouclier porté au-dessus de l’épaule, il masquait tant bien que mal son flanc afin d’établir un rempart entre les flèches de l’ennemi et la vie du centurion qu’il méprisait en cet instant…
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 12 Juil - 12:37


Camp des maraudeurs

Peu à peu, le camp se vidait de ses occupants. Les maraudeurs avaient pris les armes et s’étaient dirigés vers le sud-ouest sous les ordres que Darmuid aboyait autour de lui. Les échos de l’engagement parvenaient jusqu’aux tentes à demi-démontées qui formaient un cercle large autour des foyers aux braises fumantes. La pluie clapotait dans les ornières gorgées d’eau et sur les toiles pliées. Quelques buissons frémissaient sous les bourrasques et l’averse giflait les feuilles des arbres en les faisant danser dans tous les sens. Grida avançait accroupie entre les branches basses gorgées d’eau. Elle avait vu le chaman s’éclipser à la première occasion et disparaître entre les futaies qui bordaient le camp. Les ruviens pouvaient bien avoir débarquer, ils pouvaient menacer la vie de chacun de ses camarades, elle s’était fixé une mission bien plus importante, qui outrepassait tout engagement d’honneur envers Darmuid. Elle avait une dette de sang de honorer et c’est avec celui du chaman des Collines qu’elle l’épongerait. Le chasseur était patient et appliqué et traquer une proie pouvait prendre des heures. Le Lièvre ferait bien une erreur à un moment et le collet se refermerait autour de lui. Elle écarta des branches épineuses de son chemin avant de progresser prudemment, l’oreille tendue et l’oeil attentif. Elle aperçut Darmuid qui balançait le négociant sur le plateau de la charrette avant de monter sur le banc de conduite. Ses yeux azurés s’ouvrirent avec amertume. Le grand barbu n’était pas en train de mener ses hommes au combat. Que pouvait-il bien trafiquer ? La question n’eut comme réponse qu’un fracas dans les taillis un peu plus loin sur sa droite. La jeune femme se colla face contre terre, cherchant à déceler la provenance du bruit. La boue émit un bruit de succion lorsqu’elle se décollait de ses bras alors qu’elle rampait lentement derrière une souche moussue. Il n’y avait aucun bruit de pas ou de tintement métallique propre aux armures lamellaires que portaient les ruviens. Quelqu’un d’autre observait depuis les fourrés.

***

À l’orée du bois

Les flèches trouvèrent leurs cibles dans un concert de claquement sec bientôt submergé par les cris de douleur de quelques légionnaires touchés par la salve. Falco serrait les dents en voyant un de ses soldats s’effondrer à ses côtés, la gorge percée et les yeux grands ouverts. Bafouant toutes les règles de la légion, les hommes s’éparpillaient en brisant toute chaîne de commandement. Des siècles entiers de discipline militaire qui avait assuré la victoire aux forces de l’Empire semblait avoir été oubliés par les légionnaires. La ligne s’était à peine formée qu’un des soldats appelaient à la formation en tortue. Un sentiment de panique semblait gagner les troupes et pendant une seconde, le centurion s’interrogea sur la valeur des hommes qui l’entouraient. Bien décidé à reprendre la main sur le commandement, il gueula ses ordres.

STABILI GRADU !

Tenez la ligne. Les cris belliqueux qui retentissaient face à eux témoignaient des prémices d’une charge et si les ennemis impactaient les légionnaires en tortue, ils se feraient massacrés avant d’avoir pu riposter. À croire que ses soldats n’étaient pas prêts à subir de blessure, ni à voir de camarades mourir à leur côté. Le légionnaire Pictor accourut vers lui en tenant son bouclier sur l’épaule. Les flèches sifflèrent vers le centurion qui leva son bouclier pour se protéger. Les traits cognèrent contre le bois peint et Falco sorti la tête de derrière son scuta avant de briser les flèches d’un coup de glaive sec. L’eau ruisselait sur le casque du centurion qui continuait de beugler sans un regard pour le soldat qui s’était précipité vers lui.

Par Soltar ! Milites ! Stabili gradu !!

Les premiers fantassins adverses apparurent face à eux. Le contact empêcheraient les archers de faire pleuvoir la mort sur ses hommes. Il fendit les rangs pour se placer à l’avant de la ligne. Il donnait des coups de pommeau contre les boucliers pour captaer l’attention des plus fébriles et bientôt il leva son glaive bien haut.

AD GLADIOS ! AD CLADEM ! RUVIA VICTOR !

L’ordre était équivoque. Pas de quartier, pas de prisonniers ! La mort ou la gloire. Falco s’élança à la rencontre des quelques gaillards hirsutes qui couraient vers lui et ses hommes. Une nouvelle volée de flèche siffla alors que les légionnaires chargeaient droit devant.

***

Darmuid fit claquer les rênes sur la croupe du cheval, lequel s’élança dans un trot lent. La bête de bât n’était guère habitué à galoper mais lorsque le cuir fouetta son cul une nouvelle fois, il imprima un rythme plus soutenu. Une troisième fois, le chef des maraudeurs fouetta l’animal, et encore, et encore, jusqu’à ce que la bête s’élança à pleine vitesse en faisant branler la carriole. Les hurlements de l’officier ruvien parvinrent jusqu’à ses oreilles malgré le bruit des coups et le rideau de pluie qui estompait les fracas. Le martèlement des sabots dans la boue et le cliquetis des roues qui tournaient autour de l’essieu furent l’espace d’un instant les seules sons qui faisaient le monde de Darmuid. Il dirigea la bête vers les combats. On disait des Aonghusa qu’ils combattaient parfois juchés sur de larges chariots de guerre, Darmuid les imiteraient, même si son camarade de char était un pleutre maigrelet et trop bavard et si le cheval cagneux qui caracolait devant lui n’avait rien d’un étalon anguse.

La distance qui les séparait des combats fut avalé en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire et le chef des maraudeurs se saisit de sa hache en criant par-dessus son épaule.

Le centurion ! Vise le centurion !

Il fouetta une nouvelle fois les rênes sur les reins du cheval en criant. Il prit la hache qui était accroché à sa ceinture et serra le manche avec férocité. Alors que l’équipage passait en trombe au niveau des archers qui cherchaient à se repositionner, Darmuid leur hurla dans la langue des peuples libres.

À LA GUERRE ! À LA MORT !


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Marcus Cartae

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeLun 13 Juil - 9:34


Marcus eut à peine le temps de s'attacher un tissu autour du visage, soudain conscient de la gravité de ce qu'il s’apprêtait à faire, que sa charrette s'ébranla, accéléra et, enfin, prit à l'allure d'un véritable char de gladiateur... Lui était alors l'arme principale du chef des barbares. Il n'aurait jamais cru devoir un jour se battre contre des légionnaires. Il n'aurait d'ailleurs jamais cru devoir se battre... tout court ! Mais là, étonnamment, sous les trombes d'eau s'écoulant du ciel sombre comme des lianes aquatique, une force qu'il ne soupçonnait guère, une folie sourde s'empara de lui et, le souffle court, agenouillé contre le rebord de la charrette, les cheveux aux vents, il pointa la pointe de l'emprunté pilum vers le plastron du patron des pioupious...

Le sang dans son corps (au moins pour l'instant) semblait filer comme un torrent au début de l'Aestas. Son cœur battait si fort. Son cœur battait si vite. L'adrénaline brûlante se rependait en lui comme brûlait une traînée de poudre. Il entendait distinctement chaque cri, chaque appel, chaque choc de matériel sur le plateau où il se trouvait, chaque grincement de sa carriole, chaque murmure du vent, chaque impact de goutte de pluie autour de lui. Il avait les sens aux aguets et les mouvements du monde même, semblaient ralentis par quelque incroyable sortilège... peut-être nés de la rencontre avec l'étrange sorcier autochtone de la forêt de Quenicum où il avait mené son amie Claudia, il y a de cela une vingtaine de jours. Ses yeux ne voyaient que le chef des légionnaires, cet homme fort au casque emplumé de rouge. Il le visait avec détermination... et il l'aurait !

Malheureusement, le sortilège n'aida guère notre cher Marcus. Son manque d'entrainement guerrier fut flagrant et son pilum ripa sur une pièce métallique de l'armure du centurion, le déséquilibrant, le faisant tomber de la charrette, dans la boue, au beau milieu du champ de bataille ! Sa seule chance, dans son malheur, fut que son pied gauche, gauche, s'accrocha à la lanière d'un bouclier qu'il entraîna dans sa chute. Marcus s'en empara et s'y agrippa comme un marin tombé à l'eau à sa bouée. Lui sauverait-il la vie dans quelques instants ? Rien n'était moins sûr...
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 19 Juil - 11:47


Quand était-ce ? Quand est-ce qu’il laissa s’insinuer en lui le doute ? Quand avait-il troqué la raison pour la peur ? Peut être depuis le début. A suivre la piste de l’ennemi il s’était perdu, il avait préféré son instinct plutôt que l’obéissance aux ordres. Il avait douté du centurion, de son jugement, jaugeant que sa capacité à analyser les situations avait laissée toute la place à son envie furieuse de récupérer l’aigle et de laver l’affront commis dans le sang de ces barbares.

Pictor redresse la tête et le vois crier, hurler. Sa voix pousse au loin ses mots et tranche les liens qui le liaient encore à l’hésitation. Falco avance et dans son sillage il le suit. Son glaive pointé vers le ciel dissipe pour un temps sa honte et sa peur. Les sensations dans ses jambes lui reviennent, il ne se sent plus flotter et prisonnier d’un marécage d’incertitudes. Non, il était là. Là où il devait être. A tenir la ligne, à avancer le bouclier en avant.

Son visage se grimaçait de douleurs, le sang ruisselait depuis une entaille sur son bras. Serrant les dents, il grapillait pas à pas les quelques mètres qui le séparaient de l’opposant avec conviction, abandonnant derrière lui sa critique pour un temps et devenant pleinement le fer du glaive qui pourfendra l’ennemi là où il se tenait.

Une nouvelle volée de flèches entrouvrit l’air. Des traits assassins meurtrissaient les chaires et percutaient le fer des armures. L’une d’entres elles vint se figer sur son bouclier. Il vacillait et pliant la jambe, il prit appuie sur le sol à l’aide de son glaive. Un pilum buta sur son pied et sans réfléchir il s’en saisit. Sous pesant ce dernier il inspira profondément et lorsque ses doigts se refermèrent fermement sur la hampe, le rouge de sa plaie lui arracha un râle de douleur. Une plainte qu’il ne dissimula pas, qu’il hurla de toute ses forces afin de transformer sa peine en rage matérialisée par le pilum qui s’éleva par-dessus son bras emportant avec lui sa détermination en direction de l’ennemi.
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 19 Juil - 14:21


L'instant de gloire d'Asinius avait été bref. Comme le centurion reprenait la main et désavouait sa petite initiative, le légionnaire obtempéra, boudeur, resserrant la ligne en suivant les ordres. Il n'eut même pas le temps de beugler la moindre insulte ; l'ennemi fondait sur eux en rugissant. Rassemblant ce qu'il pouvait de courage, confiant dans la force de son frère qui se tenait à ses côtés, Asinius avança avec la troupe au devant du grabuge.

A peine s'engageait le contact que la situation bascula brutalement. Tout juste Asinius eut-il le temps d'entrapercevoir l'ombre d'une silhouette gigantesque qu'un choc meurtrier projeta Severus à terre, disloquant la ligne. Son sang ne fit qu'un tour, mais alors même que s'imposait l'impérieuse nécessité de secourir son frère, un énorme type au crâne d’œuf se présentait face à lui, armé d'une hache. L’œillade assassine du barbare fit frissonner Asinius jusque dans les tréfonds de son âme, et l'espace d'une demi-seconde, il se sentit aussi vulnérable qu'un vulgaire arbuste dont on s'apprêterait à faire du petit bois.

Mais Asinius ne serait pas la proie. Je suis un putain de prédateur, se persuada-t-il, et il leva son bouclier pour parer les coups furieux de son ennemi. Las, ce dernier y mettait tant de violence que le légionnaire, trop concentré à ne pas se laisser déstabiliser, restait incapable de frapper le moindre coup. Tout autour d'eux résonnait le tumulte de la bataille, les clameurs des hommes se mêlant aux clameurs du fer contre le fer, alors que le ciel continuait de déverser cette maudite pluie sur leurs têtes. Et puis, une rumeur indicible agita soudainement les rangs de part et d'autre, attirant des regards interloqués. Trop occupé à ferrailler, Asinius ne remarqua pas tout de suite l'objet de cette nouvelle agitation. Jusqu'à ce qu'une charrette passe à proximité d'eux, manquant de renverser son adversaire, lequel eut tout juste le temps de faire un bon de côté pour l'éviter. Asinius ne chercha pas à comprendre le pourquoi du comment ; laissant à plus tard l'apparition incongrue, il profita de la seconde d'inattention du barbare pour lui allonger une estocade assassine.
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 19 Juil - 15:23


Près du campement des maraudeurs

Le chariot emporta Darmuid et le négociant ruvien hors du camp sous le regard contri du chaman. Sa tentative avait échouée et il resta un instant interdit devant le camp vide où l’averse tapotant sur les tentes à demi pliées était l’unique son qui berçait l’atmosphère. Il se ressaisit bien vite et avança en profitant du couvert des buissons à la suite de la charrette et surtout de l’Aigle d’or qui s’y trouvait. Pas à pas, il franchit avec précaution les racines tordues qui dépassaient du sol et les branches basses qui cherchaient à s’accrocher à ses vêtements et à érafler sa peau. Le fracas des armes et le cri des blessés s'amplifiait à mesure qu’il progressait, lentement mais sûrement. Il ne fallut que quelques minutes pour apercevoir les premiers cadavres qui gisaient sur le sol et les guerriers s’empoignaient en vociférant des injures. Au milieu du tumulte, Darmuid fendait le corps-à-corps sur la carriole en invectivant les ruviens et en encourageant ses hommes. Sur sa gauche, des archers jetèrent leurs armes de jet au sol et dégainèrent d’épaisses dagues pour plonger dans le combat. Les ruviens tenaient bon. Comme une falaise qui encaissait les vagues que Tàirne jetait contre elle, les légionnaires enarmurés semblaient faire front sans sourciller.

***

Le chef des maraudeurs continuaient de crier ses encouragements à ses hommes alors qu’il emboutissait un légionnaire qui passa sous les roues du chariot dans un gargouillis répugnant ainsi qu’une série de craquements secs. Le cheval hennissait de peur et la bave écumait à gros bouillons sur le mord. La bête se cabra en agitant les sabots devant lui, puis rua, frappant sous le banc de conduite où Darmuid bataillait. Le grand barbu vit le pilum de son passager manquer sa cible et le négociant disparut du plateau dans un cri de pucelle. Le cocher n’eut pas le temps de jurer que le cheval recommençait le même cirque et il se retrouva couché en travers du banc. La bête renâclait et agitait la tête frénétiquement, peu habitué aux tumultes de la bataille et à la vue du sang. Ce fut à la troisième ruade que Darmuid perdit l’équilibre et tomba dans la boue. Libéré du joug du conducteur et sentant les rênes pendre mollement sur son dos, l’animal de bât ne demanda pas son reste et se mit à galoper vers l’arrière, s’éloignant des combats le plus rapidement qu’il le put.

Putain de sale bête !

Darmuid frappa du poing dans la boue avant de se redresser en grognant. Sa hache était tombé à ses côtés et il s’en saisit d’un geste rageur. Il regarda autour de lui, cherchant un adversaire pour passer sa frustration. Un pilum passa au-dessus de sa tête et vint se planter à quelques coudées de lui. La pluie continuait de tombait drue, même si le couvert des arbres créait des espaces de trous d’eaux et d’autres parties sèches. Il jeta un oeil à la ligne de légionnaires qui après la surprise s’était rétabli sous le commandement du centurion et commençait à prendre le dessus grâce à leur équipement et à leur entraînement. Du coin de l’oeil, il vit Urdos qui progressait sur le flanc droit des ruviens. Il était pour lui de montrer ses capacités de commandement. Il leva son arme au-dessus de sa tête avant de gueuler tout son saoul.

MARAUDEURS ! À MOI !

Les têtes des hommes se tournèrent vers la voix de leur chef et malgré quelques inconscients qui refusèrent de quitter le corps-à-corps sur-le-champ et qui périrent en quelques secondes, le gros des maraudeurs engagés fit quelques pas en arrière pour le rejoindre. Darmuid tourna son regard vers la droite, n’apercevant plus les archers mais sachant qu’ils étaient là, dissimulés dans les taillis.

ARCHERS ! TIREEEEZ !

Les flèches fendirent l’air en sifflant pour s’abattre sur la ligne ruvienne qui dut faire pivoter leurs boucliers pour recevoir la pluie de traits empennés de noir.

CHAAAARGEEEZ !

Et les guerriers fondirent une nouvelle fois sur les légionnaires.

***

Falco sentit une javeline riper le long de son flanc alors qu’il se débarassait d’un adversaire hirsute et sentant la bière de mauvaise qualité. Les barbares semblaient jeter tout ce qu’ils avaient dans la bataille lorsqu’une charrette passa en trombe devant lui. Après quelques instants de flottement, les légionnaires avaient repris leurs esprits et bientôt la discipline ruvienne prit le dessus sur le champ de bataille. À sa droite, deux grands gaillards étaient aux prises avec Asinius et Severus, sur sa gauche, après un premier impact qui avait fait vaciller ses soldats, ils reprenaient le dessus. Un gros bonhomme à la toison rousse se présenta devant le centurion qui envoya un magistral coup de bouclier dans l’ennemi avant de rapidement faire pivoter son buste pour embrocher le ventru. Falco pivota son poignet pour que sa lame vrille les entrailles du barbare qui grimaça en grognant avant de s’effondrer dans un râle d’agonie. Il tourna les yeux vers la droite pour assister à un spectacle horrible.

Le légionnaire Severus s’était retrouvé au sol en combattant un barbare gigantesque. Le guerrier aux cheveux jaunes et tressés fit virevolter son arme rustique au-dessus de sa tête et cogna contre le bouclier du légionnaire qui avait du mal à se relever sous les coups de boutoir du géant. Severus tenta un coup vers les jambes du barbare, tentant de mordre la cuisse ou l’arrière du genou de son adversaire. C’était sans compter sur les réflexes du géant qui fit un petit pas de côté pour esquiver l’estocade avant d’abattre sa masse en plein milieu du visage de Severus. Un craquement fut suivi d’une gerbe de sang et le corps du légionnaire s’effondra dans la boue, secoué de spasmes avant de s’immobiliser. Le barbare extirpa son arme de son écrin de cervelle et d’os, faisant apparaître une pulpe sanguinolente à la place du visage légèrement ridé du vétéran.

Les barbares se retirèrent soudain du combat, laissant derrière eux le corps d’un des leurs, chauve et musculeux, qui s’affaissa face aux coups de gladius du légionnaire Asinius. Une volée de flèches siffla depuis la gauche.

Boucliers !

Et comme un seul homme, les légionnaires accueillirent la volée bien protégés derrière leur scutae. Les guerriers chargèrent à nouveau en profitant de la manoeuvre des soldats ruviens pour fondre sur leur flanc exposé. Nul doute que le chef des barbares n’était pas un imbécile sans conscience du combat. Une nouvelle fois, les deux lignes s’entrechoquèrent dans un tintement métallique.



Marcus:

Licnos:

Légionnaires:

Asinius:

Pictor:

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeJeu 23 Juil - 21:54


Marcus fut le premier surpris de ne voir personne, ni légionnaire ni barbare, s'en prendre à lui. Peut-être parce qu'il ne ressemblait ni vraiment aux uns, ni vraiment aux autre, peut-être parce que lui-même ne se montra nullement offensif, peut-être que son positionnement ne le mettait ni dans un camp ni dans l'autre. Il vit son conducteur tomber, rameuter ses troupes, alors il fila discrètement vers son cheval. Il n'était pas un guerrier, cela était certain... mais - qui plus est - il n'aurait su dans quel camp se battre... La bataille semblait serrée et il n'était pas assez fin tacticien pour déterminer et choisir celui des futurs vainqueurs.

Il se faufila donc jusqu'à Celer et la charrette... dont les roues arrières étaient empêtrées dans les ronces ! Il fallait couper tout ça pour s'échapper au plus vite ! Étonnamment lucide, sans perdre un instant, il se dressa au dessus du plateau de la charrette pour y récupérer une dague. Son cheval ruait, s'excitait... alors il lui dit de se calmer, que tout irait bien, que papa Marcus allait le sauver. En même temps, il commença à trancher ce merdier végétal qui le tenait encore trop près du champ de bataille dégoulinant de pluie, de sang et de cris ! Il se tourna vers ce cri strident pour voir ce qui se passait et si quelqu'un avait la mauvaise idée de se soucier de lui. Mais ce n'était pas le cas. Ce n'était qu'une belle barbare qui semblait avoir été touchée. Son visage harmonieux était couvert de sang et de boue. La pauvre, quel tragique destin pour une femme aussi belle et courageuse ! Quel gâchis...

Mais Marcus n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort, il continua de trancher tant et plus ces vils végétaux griffus et griffants qui l'empêchaient de fuir le funeste théâtre de ces violents combats. Après un temps qui lui sembla bien long, il parvint enfin à dégager la première roue de sa charrette. Il contourna alors l'arrière de celle-ci pour atteindre la seconde roue piégée.

Allez, plus qu'une ! S'encouragea-t-il intérieurement.
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeSam 25 Juil - 8:23


Une bouffée d'orgueil envahit Asinius tandis qu'il plongeait son glaive dans les entrailles de son adversaire, et qu'il le retirait, couvert de sang et de moult saloperies dégoûtantes. Il ressentait une satisfaction intense, non seulement parce qu'il venait de gagner ce face à face, mais aussi et surtout, parce que, bordel de merde, il était toujours en vie ! Galvanisé par ce succès, il s'apprêtait déjà à poursuivre, ce premier contact ayant échauffé sa combativité. Il jeta un œil en direction de son frère, trop heureux de pouvoir se vanter auprès de son aîné, lui montrer qu'il avait du courage, qu'il en avait sacrément dans le froc...

Le monde lui sembla remuer sous ses pieds. Ses entrailles s'entortillaient comme des serpents, un frisson lui parcourait l'échine, il lui semblait même que ses cheveux se raidissaient sous son casque. La vision de ce visage applatti, comme celui d'un vulgaire poupée de chiffon, lui paraissait irréelle, alors même que tout autour d'eux, le sang et la souffrance se manifestaient de toutes parts. Incapable de fixer plus longtemps cette bouillie crânienne, il se mit à regarder alentours, s'attendant à apercevoir son frère un peu plus loin, parce qu'il était impossible que ce soit lui. Pendant ce temps, le centurion Falco distillait ses ordres. Asinius les entendit à peine, mais il accompagna le mouvement, de façon presque passive, se protégeant des tirs de flèches à l'aide de son bouclier tandis que son esprit hébété cherchait des réponses. Comme les barbares revenaient, son regard rencontra celui d'un colosse, celui-là même qui se battait un peu plus tôt contre Severus, et lui lui sembla que cette montagne de muscles lui décochait un sourire assassin, pour autant que son faciès de brute soit capable de sourire. Comme s'il savait combien sa souffrance était grande.

Une vague de haine déferla sur Asinius, alors même que le monstre s'élançait vers lui en rugissant.
Alors Asinius hurla, lui aussi. Il hurla, et j'aimerais vous dire qu'il hurla un cri viril, mais ce n'était pas tout à fait le cas, c'était plutôt une plainte aigüe, assez gênante en vérité ; mais dans le tumulte des combats, cela se remarqua à peine. Il hurla, tandis qu'il s'élançait lui aussi au contact. Peu importait que son adversaire fasse bien deux fois sa taille, qu'il soit quatre fois plus fort. Il le lui ferait payer. L'Aigle, la Légion, l'Empereur, les filles de Telioprate, sa mère, le monde entier pouvait aller se faire voir ; il n'y avait plus que lui, son ennemi et sa vengeance.

Il n'attendit pas que le géant prenne l'initiative du premier coup. Il avait tout juste contenu les assauts de son précédent adversaire, et il ne faisait aucun doute que le colosse briserait son bouclier en moins de temps qu'il n'en faut pour dire hippopotomonstrosesquipedaliophobia. Ce dernier avait pour lui la force, l'endurance, la robustesse ; Asinius avait la rapidité et la souplesse, du moins était-ce ce qu'il voulait croire. Sa chance, son unique chance, reposait sur l'initiative ; il ne lui laisserait pas le temps de soulever sa masse.
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Magetobrigos le Sanglier

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 26 Juil - 10:42



Battre les taillis, fouler les fougères, fendre les buis et les branches, ceci, il en avait l'habitude. Mais se retrouver à portée d'une mort imminente pouvant surgir à tout moment d'au-delà des bois, cela s'en trouvait bien moins être son quotidien. Les multiples enseignements du Grand-Lièvre lui furent plus qu'utiles, se déplaçant avec agilité et silence ; pourtant, il prit ce qui lui semblait être un temps infini avant de pouvoir rejoindre le chariot. Autant que le chaman pouvait en juger, les combats se voulaient violent : Licnos pouvait entendre les crissements des fers, les hurlements des hommes et les gargouillis des mourants.
Pour sûr, il n'avait aucune envie de gargouiller lui aussi.

C'est alors qu'il le vit.
La, devant lui, s'étalant outrageusement à sa vue comme une ces femmes vendant leurs charmes dans les venelles de Dùnlodunum. Il pouvait presque le toucher, presque le lipper, presque le sentir ; cette offrande avait pour lui quelque chose d'hypnotisant, car il en était sur, elle était la solution à tous ses problèmes. Mais son instinct le rappela à l'ordre, se manifestement par un grattement violent au niveau de la nuque. Il lui fallait prendre le temps de l'observation, il lui fallait une nouvelle fois analyser la situation avant de quitter son couvert.
Et la scène qui se déroulait sous ses yeux, n'augurait rien de bon. Les maraudeurs recevaiet une correction à l'acier suderon ; ils mourraient, fauchés tels les blés lors des moissons. Mais de leur sort, Licnos n'avait que faire, car les Spiors lui envoyaient un nouveau signe : le chariot se trouvait empêtré dans un nœud de racines et de ronces.

Il ne lui en fallut point plus pour se décider, les combats faisant rage, il pouvait maintenant profiter de la situation pour passer inaperçu. Quittant les buissons, il se mit à ramper, profitant de quelques mottes forestières pour parfaire son couvert. C'est plutôt facilement qu'il parvint à rejoindre la charrette et la surprise l'étreint quand il reconnut le marchand en train de s'échiner à débourber un des cerclages. Le malheureux était bien trop prit à sa tâche, si bien qu'il ne semblait point l'avoir vu non plus.

Licnos tenta alors d'escalader le coffre ; il y régnait un tel désordre que l'opération fut plus que périlleuse et il manqua de s'aveugler avec le manche d'un objet inconnu. Mais sa quête fut récompensée quand enfin, il tint l'aigle entre ses mains. Son regard parcourut les courbures dorées et scintillantes ; le chaman pouvait sentir le pouvoir d'un tel objet, car on avait sans douter adressé maintes prières à ailes et son profil busqué.
« Aya, enfin ! » Glapit-il, le timbre fredonnant.
La joie l'envahit, revigorant son corps et ses membres, allant même jusqu'à le faire atrocement souffrir. Souffrir ?
Licnos mit un temps à comprendre, que le picotement qu'il ressentait dans l'épaule droite était en réalité une blessure. On lui avait tiré dessus ! Un regard en arrière lui fit comprendre que la flèche plantée avait faillit lui ôter la vie. De douleur et de surprise, il lâcha sa future offrande qui tomba lourdement au sol. Dans un réflexe de survie pur, il se jeta au sol et prit comme abris le dessous de la carriole. Pestant entre ses dents ravagées, il reluquait toujours l'aigle qui se trouvait à une portée de bras et qui pourtant lui semblait plus qu'inaccessible.
Car la peur l'avait emporté sur la fierté.
 



Dernière édition par Magetobrigos le Sanglier le Mer 29 Juil - 12:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeLun 27 Juil - 18:21

Sa posture était équilibrée, son geste presque parfait, mais sa douleur était telle qu’il avait flanché au dernier instant. Ce rien qui, une fois le pilum lancé, devint une différence abyssale. Un fossé et en même temps une fine feuille de papier, tout ce qui sépare en réalité la vie de la mort. Un choix, une inattention, un détail… La vie tenait à peu de choses. A rien pour ainsi dire dans ce bourbier ou le tintement du fer rejoignait les tambours que battait son cœur. Un bruit constant qui appelait à la prudence, qui le rappelait à son devoir et à sa discipline.

Pictor observait le monde qui n’était qu’ombre et sang. La peur ? Elle l’avait quittée complétement, il n’avait plus le temps de s’en rendre compte. Il était à présent dans un état second ou seul son instinct rappelait à son corps les heures innombrables passées à porter le bouclier tenue fermement par les sangles et le support de l’avant-bras. Son regard était fixé sur l’ennemi. Il était inutile de tenter de repérer les barbares lorsqu’ils étaient cachés. Non, c’est le son qu’il fallait percevoir, le sifflement de la mort qui rappelait les vivants à l’ordre.

Son épée cognait le bouclier du légionnaire le plus proche et ainsi de suite tous se tournèrent vers la même direction. Avançant malgré la pluie faites d’eau et de traits assassins. Et puis, comme à l’accoutumé, elle annonçait la ruée. C’était prévisible. Pictor encaissait l’assaut comme la houle des vagues qui vient inlassablement se briser sur le rivage. Le visage grimacé par l’effort et la douleur, il cri de tenir bon. Son bras est poissé par le rouge de son sang, mais il est toujours aussi capable de tenir la mort qui repose dans sa main sous la forme vengeresse de son glaive.

Les pieds crampés sur le sol boueux, il pivote et tente de donner l’exemple pour finalement tenter de fendre l’ennemi en faisant pivoter son bras pour lui donner plus d’élan. Un pas en avant, un pas de plus et à nouveau il pousse son bouclier pour accomplir la même attaque. Il se coordonne du mieux qu’il peut à la phalange. Il cri à la réussite, à la gloire des ruviens et tente de se donner du courage tout en souhaitant galvaniser ceux autour de lui dont la vie dépend.

Le temps semble suspendu, sa tête tourne et un semblant de lucidité l’anime encore. Toujours en vie sur le sentier qui le conduira à la gloire où à la mort, il avance. Le doute et la peur sont derrière lui et la mort est la devant, à lui sourire et à l’attendre tandis qu’il se refuse à finir dans ses bras. A finir comme ses compagnons dans la fosse en contrebas. Eux qui n’avaient pas eu le temps de riposter, qu’ils l’observent à présent faire face de toute sa vie pour survivre, à bout de souffle, mais encore vivant.
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeLun 27 Juil - 18:30


Sous de basses branches, Grida scrutait calmement les alentours. À quelques pas d’elle, ses camarades se battaient contre les ruviens. Elle aurait aimé rendre hommage Cogadh aux côtés de ses frères d’armes et faire rendre gorge aux légionnaires les uns après les autre, mais elle avait une vengeance à accomplir, la mémoire d’un frère de sang à honorer. Silencieusement, consciencieusement, elle avait suivi la piste du chaman, inspectant chaque empreinte laissée dans la boue, chaque brindille couchée, jusqu’à arriver en vue du combat sanglant qui tonnait dans le sous-bois. Les feuilles bruissaient sous les gouttes de pluie et les bourrasques qui les faisaient danser dans tous les sens. Il était là, quelque part, se terrant comme le lièvre qu’il priait, mais l’archère avait appris la patience de la chasseresse. Il allait finir par sortir de son terrier et à cet instant précis, elle le criblerait de flèches, comme le vulgaire gibier qu’il était.

Non loin de la charrette qui s’était empêtrée dans les ronces, elle aperçut la silhouette maigrichonne du négociant ruvien qui rampait jusqu’à son cheval en s’éloignant des combats. Il calma son cheval par quelques caresses avant de dégainer sa dague et de trancher les doigts végétaux qui étraignaient l’essieu arrière de la carriole. Puis les buissons non loin s’agitèrent et une silhouette filiforme en jaillit. Elle n’eut aucun mal à reconnaître le bonnet étrange de Licnos qui avançait vers le banc de conduite. Elle encocha une flèche avec une hargne qui brûlait ses prunelles. Elle banda son arc, effleurant sa joue du bout des doigts. Elle visa, prenant le temps de calmer sa respiration qui s’était emballée en apercevant sa proie. tchac. La flèche quitta la corde qui vibra près de l’oreille de l’archère. Le trait traversa l’air en sifflant et en fendant la pluie qui tentait de lui barrer la route. Au dernier moment, la cible se décala d’un pas, un petit pas qui lui sauva la vie. Au lieu de se planter en plein milieu du dos, entre les omoplates et de lui perforer un poumon, la flèche se ficha dans le haut de l’épaule et creusa un sillon sanglant avant de rebondir sur l’os. Elle pesta, maudissant une fois de plus cette râclure d’empoisonneur, avant d’encocher une nouvelle flèche. Le pleutre se baissa et se mit à couvert sous le chariot du ruvien. Il ne s’en sortirait pas aussi facilement. Elle passa l’arc autour de son corps et avança afin de trouver un bon angle de tir et si le Baran Didom ne lui permettait pas de prendre une vie de loin, c’est au corps-à-corps qu’elle assouvirait sa vengeance.

***

Falco ôta son gladius du corps d’une femme à la tête à demi-rasée. Ces barbares envoyaient à la mort même des représentantes du beau sexe. Ses hommes tenaient bon et l’assaut de leurs adversaires avaient perdus de l’élan. Face au mur de bouclier et à l’entraînement des légionnaires, les guerriers barbus et mal protégés commençaient à flancher. Sur la gauche, quelques légionnaires avaient pivotés pour tenir en respect les maraudeurs qui avaient tentés de les flanquer. Il reconnut le légionnaire Pictor, aussi prompt à donner son avis qu’à verser le sang de ses ennemis. À l’opposé, Asinius s’était lancé dans un duel contre le colosse qui avait tué son frère. Qui aurait cru que le plus jeune des frères se révélerait comme un âme vengeresse ? Avec la force et la dextérité de Soltar en personne, le ruvien esquiva le coup horizontal de son adversaire avant d’envoyer un grand coup de glaive ascendant dans la cuisse adverse, arrachant un cri rauque au barbare.

D’un rapide coup d’oeil sur le combat, le centurion vit que ses hommes tenaient sans faillir, même si la situation était légèrement plus préoccupante sur le flanc gauche. Laissant le légionnaire Asinius poursuivre son combat aux côtés de ses camarades, il s’approcha de Pictor pour repousser l’assaut sur ce côté.

Ave Centurion.

Les mots l’interpelèrent et la lame de la hache le cueillit au flanc. Le centurion eut à peine le temps de tourner le regard vers Darmuid, qui souriait de toutes ses dents, qu’il basculait en arrière en sentant une douleur atroce lui saisir le côté. Falco s’accrocha par réflexe à son glaive tandis que le monde entier vacillait autour de lui. Son bouclier lui échappa et tomba dans la boue avec un son étouffé. L’officier fit un pas en arrière avant de perdre l’équilibre.



Marcus:

Licnos:

Asinius:

Pictor:
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeMar 28 Juil - 21:43


L'homme-lapin était là, tapi sous la charrette du marchand comme un lapereau en son terrier, visiblement effrayé ou blessé. Marcus ne vit pas sa blessure. Il vit juste que l'homme était loin d'être belliqueux... il était visiblement là pour échapper au carnage qui avait lieu à quelques mètres d'eux. Il ne semblait pas représenter un danger pour le négociant qui s'affaira donc à dégager la deuxième roue de sa charrette aussi vite que possible. Contre les ronces il batailla, faible adversaire comparé à ceux qu'il aurait pu avoir à combattre ce jour là... mais justement, s'il ne voulait pas avoir affaire à l'un ou l'autre des partis, il avait intérêt à gagner ce combat... et à le gagner vite !

Avec l'expérience du premier débroussaillage, il parvint assez rapidement à dégager sa charrette et n'hésita pas une seule seconde sur la suite à mener : il se baissa pour dire au sorcier de grimper sur le plateau, usant de quelques gestes aussi explicites que possibles pour se faire comprendre de cet homme dont les mots n'étaient évidemment pas les siens...

Il se dirigea alors vers le banc du conducteur, son banc... et sous ce dernier, il vit quelque chose de brillant. Il se baissa pour observer cet objet de plus près, évitant miraculeusement, par ce geste, une flèche destinée à l'occire sans autre forme de procès !

C'était un aigle... l'Aigle de la légion ! Bons Dieux ! Que faire ? Marcus fut pris d'un sentiment inhabituel... Était-ce d'avoir ainsi échappé à la mort ? Un orgueil soudain le poussa à tendre sa main vers l'Aigle doré et à le hisser avec lui sur le banc de sa charrette. S'il voulait sauver sa peau, il pensait aussi que récupérer pareil trophée était une chance inouïe ! Un fait d'arme digne d'un valeureux guerrier. Il pourrait s'en gargariser pendant des siècles ! Il pourrait conter son exploit, à sa famille, ses amis, ses clients... Il en rajouterait un peu, bien sûr : il aurait tué quelques barbares sauvages et quelques légionnaires zélés pour obtenir ce trophée ! Il aurait, à lui seul, gagné ce combat contre deux camps en surnombre. Et il aurait la preuve de son exploit ! Et personne ne pourrait témoigner contre lui, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeMer 29 Juil - 12:09



Ainsi prit au piège comme mulot dans vulgaire collet, Licnos s'en remit entièrement au Grand-Lièvre.
Lui seul avait le pouvoir de le sortir de ce mauvais pas. Le chaman lui adressa un chapelet myriadique de conjuration en tout genre ; il lui demanda de faire pousser l'herbe afin qu'elle le dissimule, il lui manda d'ouvrir la terre afin qu'il puisse rejoindre un terrier protecteur, il le supplia de convoquer la Grande Chasse afin de distraire le tireur qui voulait le priver de la vie, il le pria aussi de bien vouloir déchaîner la colère des cieux et de réduire tout ce ramassis de manieurs de glaives en un tas de cendre informe. Mais son totem ne lui envoya aucune de ses choses, loin de là : au lieu de ses nombreux bienfaits demandés, le Grand Lièvre lui envoya le marchand Ruvien. Celui-là même a qui il avait craché au visage, celui-là même qui avait essayé de l'ensorceler, celui-là même qui le pointait actuellement avec un poignard.

Les plans des Dias étaient réellement impénétrables.

Lièvre-Gris aurait pu s'esclaffer dans une quinte de rire nerveuse si la peur ne l'avait pas autant paralysé. Une ritournelle haineuse lui embrouilla l'esprit, il se jura et se rejura de ne plus jamais approcher un seul charnier de bataille s'il s'en sortait. Jamais ! Pendant un instant qui s'éternisa, le chaman ne sut que faire, mais c'est le suderon frisé qui s'activa en premier : commençant à retirer quelques ronces tenaces qui engluaient la chariote, il l'invita dans un même temps à monter. Licnos s'était t'il trompé sur le manant ? Sans doute. Le Grand Lièvre avait t'il influé dans la décision de l'étranger ? Fort possible !
Quoi qu'il en soit, il ne se fit pas prier plus longtemps !

Sans un mot de trop, le chaman quitta avec fougue son risible couvert. Sachant qu'on pouvait lui planter un dard à tout moment, il scruta rapidement le coffre et en découvrit un pavois en parfait état. L'objet était grand, son umbo fait de fer et son bois coloré de fresque qu'il ne connaissait pas. D'un bon que sa blessure rendit mal agile, Licnos se glissa dans la chariote, saisit le bouclier, se calla contre le fond et plaça sa tuile protectrice devant son corps, s'y dissimulant complètement.

Tchak.

Un bruit sourd qui claqua sèchement. Une pointe de fer vint se planter avec force dans la targe, perforant légèrement le bois. Licnos déglutit bruyamment. Être une cible ne lui plaisait vraiment pas. Alors, de sa voix chevrotante, il s'égosilla, espérant que malgré la barrière du langage, le ruvien comprenne son message.

« GALOP ! GALOP ! OU-DA ! FUIS ! FUIS ! OU-DA ! » 

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 2 Aoû - 9:39


Le sens des réalités échappait totalement à Asinius alors qu'il se jetait littéralement sur son adversaire. C'était comme si la mort de Severus avait annihilé tout ce qu'il y avait de tangible en ce monde. La crainte de se faire tailler en pièces par le géant aurait dû le clouer sur place, mais Asinius ne ressentait plus grand chose. D'une certaine manière, c'était comme s'il était déjà mort ; avec la perte de Severus, une part de lui-même s'était enfuie. Il n'avait jusqu'alors jamais réalisé que son grand frère, qu'il chérissait et adulait, à qui il cherchait tant à ressembler en dépit de leurs dissemblances et de sa foutue fierté, était la pierre angulaire de son existence. Sans lui, qui était-il ?

Et moi, je vous raconte tout ça pour vous émouvoir, mais vous, vous n'en avez rien à fiche, sacripant, vous voulez juste que je vous parle du combat. Du sang, de la baston, des épées transperçant les chairs et des claques dans le pif, c'est ça qui vous intéresse, pas vrai ? Pas de panique, on y vient.

Notez quand même que je pourrais vous décrire la scène en détail et vous abreuver de clichés, avec le héros qui souffre, passe tout près de la mort puis réussit une incroyable parade au moment où tout semblait perdu. En luttant contre le géant, cherchant la faille dans laquelle s'engouffrer pour remporter le duel de sa vie, Asinius accomplirait une sorte de rite initiatique révélant quel grand guerrier il était...
Ça vous intéresse, ça, bande de simples d'esprit ?

Moi, je voulais vous parler de l'homme. Avec ses blessures, ses failles. Occulter le combat sanglant pour en évoquer un autre, un combat mental, le combat d'un homme brisé contre sa nature profonde, une lutte acharnée qui vous laisse le cœur en lambeaux. Eh bien, quoi ? Ça fait tantouse ? Dès qu'on essaye d'être un peu sensible aujourd'hui... Vous m'écœurez.

Le géant se ruait lui aussi au contact, levant sa masse en poussant un rugissement de fauve. Asinius hurlait lui aussi, un rugissement aigu assez ridicule, comme je vous le disais tout à l'heure. Cachant son glaive derrière son bouclier pour ne pas laisser la possibilité à son adversaire d'anticiper sa frappe, il tira son arme au dernier moment et porta une méchante estocade au niveau de l'abdomen. Le barbare chancela, sa masse passa maladroitement à quelques centimètres du légionnaire ; de sa viande meurtrie suintaient des sillons de sang, mais il restait debout, les yeux révulsés par la rage, la mâchoire serrée tant par l'effet de la douleur que celui de la haine. Asinius ne broncha pas. Au contraire, la vision de son adversaire affaibli ne le fit qu'accentuer sa folle témérité, et il se mit à le vilipender vertement :

« Ectoplasme ! Sapajou ! Coloquinte ! Bougre d'extrait de cornichon ! »

Ces insultes terribles décuplaient la haine du barbare, bien décidé à laver l'affront. Autour d'eux, la bataille faisait rage, mais tout cela semblait si flou ; c'était comme s'ils étaient seuls, face à face, et même le tumulte environnant leur semblait être un lointain écho. Le colosse resserra son emprise sur sa masse, mais au lieu de tenter une nouvelle attaque inconsidérée, il garda celle-ci en position défensive, tout en avançant vers Asinius. Cette prudence aurait pu passer pour un aveu de faiblesse, si son visage n'était pas animé d'une détermination froide.

« Viens ici que j'te bute enculé ! » hurla Asinius, qui en avait assez d'attendre. Son impatience prenant le dessus, le légionnaire se rua à l'attaque. Grave erreur : le colosse l'attendait, prêt à le cueillir, lui réservant le même sort qu'à son frère. Le temps qu'Asinius soit sur lui, il avait déjà levé sa masse, prêt à l'abattre sur lui et lui enfoncer le casque jusque sur les épaules...
Asinius trébucha sur quelque chose de mou et se cassa la gueule. La masse fendit l'air, manquant sa cible. Son propre geste armé avec une force inouie déséquilibra le barbare blessé ; un temps mis à profit par le légionnaire qui n'avait pas tardé à se relever après une roulade et qui se retrouvait maintenant à côté de son ennemi, lequel n'avait eu le temps de protéger son flanc.

« Mon frère te salue, sale baiseur de chèvres » , déclama Asinius, et il lui trancha d'un geste vif une moitié de cuisse. Un flot de sang en jaillit comme d'une fontaine, et le colosse tomba à terre en poussant un hurlement inhumain. « Bonne nuit », murmura le légionnaire, avant de lui trancher la tête, nettement et proprement. Le cadavre décapité s'étendit lentement au sol, pendant que son chef roulait doucement. Asinius ramassa la tête sanguinolante et la jeta dans la mêlée ; quelqu'un la recevrait peut-être sur la gueule, mais il n'en avait cure. Il se laissa tomber auprès du cadavre de son frère, ce même cadavre qui, une minute plus tôt, lui avait sauvé la vie lorsqu'il avait trébuché dessus. Son regard vide s'attarda sur la face écrasée de Severus baignant dans son jus de cervelle.

Ils étaient en train de gagner le combat, mais il n'en avait plus rien à faire. L'issue de l'affrontement le laissait aussi indifférent que le sort de l'Aigle. Son frère n'était plus, et aucune victoire ne le lui rendrait jamais. Il resta là, sans savoir ce qu'il convenait de faire dans ce genre de moment.

On dit qu'il faut fermer les yeux des morts, mais Severus n'en avait plus.
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Belhiane le Rouge-Gorge

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MessageSujet: Re: L'Aigle de Corsilvam   L'Aigle de Corsilvam - Page 2 I_icon_minitimeDim 2 Aoû - 16:19

Du passé resurgissent les démons qui l’ont conduit à ce jour fatidique. Pictor se revoit tenir la main inerte de sa mère qui venait de rendre son dernier soupir. La pièce était à peine éclairée et c’est en voyant son sourire plein de compassion et son regard frappé du sceau de la peine qu’elle s’était éteinte, le laissant alors seul face à sa tristesse. Toutefois, en cet instant ce n’est pas la nostalgie ni même l’amour de sa mère qui lui revient à l’esprit. Ce n’est même pas la tristesse non plus, tout ce qui lui revient à la mémoire c’est la colère. Lancinante, bouillante… Vive ! Une colère corrosive qui le hante et suinte par ses yeux sous la forme de larmes, par sa bouche sous la forme d’une bave pleine de rage accrochée à un visage figé par ce même sentiment. Oui, en cet instant il n’est qu’un amas de haine sous la chaire, le cuir et le fer.

Une haine qui trouve sa racine sous les traits d’un homme plus vieux et qui lui ressemble. Un homme ivre et avachis dans une taverne, assis sur un tabouret qui menace de céder sous le poids irrégulier de ce tonneau qui tangue une fois à droite puis une fois à gauche, sous les vagues d’un océan d’alcool qui lui dévore l’estomac tout en lui réchauffant l’âme. Sous les moqueries des uns et des autres, l’enfant qu’il était traîne le poids mort de son passé qui menace sans cesse de l’écraser.

Père indigne…


La pluie masque le ciel et s’abat sur les pauvres âmes du monde du dessous. La peur l’ayant abandonné aussi surement que ne s’écoule son sang, c’est la colère qui l’animait à présent. Pourquoi repensait-il à cela ? On raconte que la mort arrive sous le manteau du souvenir lorsque le dernier moment est arrivé, serait-ce alors sa fin ? Nul temps de s’en préoccuper, sa douleur est vive et lui rappelle qu’il a toujours un cœur qui bat, qu’il fait toujours chaud dans sa poitrine et que le fer dans sa main ne s’est toujours pas dérobé à lui. La patience et la discipline avait raison des rangs ennemis. La répétition des phalanges qui avaient toujours fait le succès des campagnes de l’empire était sa doctrine qu’il suivait scrupuleusement. Les lames des barbares percutaient sans cesses les larges boucliers, à la recherche d’une faille, d’une faiblesse, mais la ligne tenait encore bon.

Soudain, sans qu’il puisse s’y attendre ou voir venir l’évènement, il se retrouvait au sol, bousculé par une masse qu’il n’aurait su contenir. Le centurion venait de tomber sur lui en partie et les deux hommes étaient à présent au sol, à la merci de l’inéluctable destin qui avait prit la forme d’un maraudeur aux traits durs et aux yeux ternis par la vue du sang depuis longtemps.

Si la peur l’avait quitté, Pictor était à présent poursuivi par la panique et transit d’impuissance. Au sol, le centurion près de lui dans un état grave. Là, sans geste précis, sans aucunes notions de stratégie pure si ce n’est le désespoir et la roublardise, le légionnaire lança de la boue au faciès du maraudeur. Ce moment avait suffit pour qu’il repousse le centurion sur le côté et qu’il se relève pour faire face à son avenir.

Le monde qui l’entourait n’existait plus. Seul il demeurait, face à son opposant qui était d’une toute autre trempe comme le laissait penser ses déplacements et l’état de son chef meurtri au sol. Après un instant à jauger son adversaire, Pictor engageât les hostilités. Les doigts crampés sur le pommeau de son glaive il fendait l’air à l’aide de sa lame qui sans cesse rencontrait celle du barbare. Les cris stridents de l’acier qui se rencontrent résonnaient dans sa tête. Les yeux grands ouverts, il regroupait ses dernières forces pour tenir le plus longtemps possible face à l’ennemi. Après avoir manqué sa cible, il était lourdement repoussé en arrière, contre un tronc d’arbre qui était devenu le dernier rempart à sa chute.

Respirant lourdement et n’ayant pas le dessus sur le plan martial, il réfléchissait à la suite des événements, mais ses chances de remporter le conflit s’amenuisait au fur et à mesure où il épuisait différentes tactiques pour s’en sortir. A un pas de la gloire, à plus rien de la mort...
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