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 La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]

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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeSam 20 Juin - 19:30


Onzième jour de Secundo Seminare 399,
Corculla, Telioprate


Par une nuit enchanteresse, sous un ciel étoilé qu'éclairait curieusement le soleil ardent d'un jour d'été au printemps, Titus Sevinius Merula chevauchait gaiement sur un cheval de feu. La cité était en liesse. Merula paradait, fièrement, tenant d'une main les rênes de sa monture, saluant de l'autre un peuple adulateur. Était-ce Edelmia ? Non, le Forum lui semblait différent. Ruvia, peut-être ? Allez savoir ! La chose, au fond, avait peu d'importance. On l'acclamait, et comme il agitait la main pour saluer la plèbe, Merula remarqua qu'il tenait une pique au bout de laquelle trônait la tête de son père. Cela l'intrigua d'abord, et puis à mieux y regarder, ce n'était pas celle de son père, c'était celle de l'Empereur. Merula ne l'avait jamais vu de sa vie, mais il le reconnaissait sans peine. Il ne savait pas pourquoi, mais la vue de ce macabre trophée semblait mettre la foule en joie, et puisque ça leur plaisait tant, Merula ne voyait nulle malice à offrir aux petites gens le crâne impérial.

« Merula ! Merula ! Merula ! » scandait la foule déchaînée. Les gens dansaient dans la rue ; des femmes se dénudaient devant lui, le suppliant de les épouser ou, à tout le moins, de leur faire un enfant. Merula promettait qu'elles auraient leur tour, mais qu'il leur faudrait être partageuses. Comme il poursuivait sa route, son cheval se mit tout à coup à partir au triple galop. Merula n'avait pas peur ; il était bon cavalier et la vitesse ne l'effrayait jamais. D'ailleurs, il ne risquait pas d'écraser quiconque, puisque sa monture ne tarda pas à prendre son envol. Agitant ses ailes incandescentes, la bête survolait la foule, tel un dragon magnifique. « Merula ! Merula ! » Comme il s'élevait haut dans le ciel, la cité disparut derrière les nuages, mais il entendait toujours la foule. « Merula ! » Quel bonheur c'était, de voler ainsi ! Pourquoi ne le faisait-il pas plus souvent ? C'était là un grand mystère.

« Tu es léger comme une plume », lui dit le cheval de feu. « Il n'existe pas de cavalier plus agréable à porter que toi.
- C'est ce que me disent toutes les montures »
, répondit Merula d'un ton égal. « Mais toi, qui es-tu, cheval de feu ?
- Je ne suis pas un cheval, Patricien. Je suis une licorne, et je me nomme Calpurnia.
- Calpurnia ? Ça me rappelle quelque chose.
- Cela n'a pas d'importance, Merula. Rien n'en a. Profite du voyage tant que tu le peux ; c'est la seule chose qui compte. »


Merula se tut. Pendant ce temps, Calpurnia s'était mise à chanter. Trouvant la mélodie agréable, il ne tarda pas à joindre sa voix à la sienne :

Je survole les nuages ​​tout bleus
Seul couché sur un édredon
Tu ne peux pas me voir
Mais moi je peux.
Paressant dans la rosée brumeuse
Assis sur une licorne
Tu ne peux pas m'entendre
Mais moi je peux. *

Merula ferma les yeux alors que le vent fouettait agréablement son visage. Il sourit, se sentant envahir par une sensation de bonheur intense. C'était comme si, d'une certaine manière, il n'aurait plus jamais peur, comme si désormais plus rien ne pourrait jamais l'atteindre, et ce sentiment de puissance et d'impunité le rendait passablement guilleret. L'idée de pouvoir jouir de l'existence sans jamais éprouver la moindre crainte des lendemains était une chose extraordinaire.

Mais au fond, n'était-ce pas ainsi qu'il avait toujours vécu ?


*  *


« Ghmpgn... », marmonnait Titus Sevinius Merula alors que, les yeux encore clos, son esprit endormi cherchait à échapper aux embruns obscurs de l'inconscience. L'une des premières choses qu'il perçut, c'était qu'il bavait abondamment. Il ne s'en formalisa guère, pas plus pressé que ça d'émerger de sa léthargie. Il était bien, là, après tout, abstraction faite de la tempête qui se jouait sous son crâne. Des images imperceptibles se mélangeaient dans sa tête ; réminiscences de la veille ou souvenirs plus lointains, voire pure invention de son esprit tordu, Merula ne pouvait le dire, car tout cela allait bien trop vite pour qu'il discerne quoi que ce soit.

Il ouvrit un œil, et au départ, il ne remarqua rien. Ce n'est qu'au bout d'un temps qu'il remarqua qu'il n'était pas dans son lit. Il fallut encore quelque temps pour qu'il remarque qu'il n'était pas dans un lit, d'ailleurs ; il était étendu à même le sol, sur un plancher miteux extrêmement inconfortable. Comme il prenait conscience de cela, son dos douloureux se rappelait cruellement à son bon souvenir, et il sut qu'il avait mal partout. Oh, misère de misère, mon bon Merula, où as-tu été traîner hier soir ? Il ouvrit son deuxième œil, sentant bien qu'il allait avoir besoin, sous peu, de toutes ses facultés mentales. Ce qui, en soi, était assez désespérant.

L'odorat lui revenait aussi, à mesure que s'insinuaient dans ses narines les flagrances immondes qui emplissaient la pièce. Il faisait sombre, trop sombre pour qu'il distingue la pièce dans son entier, mais il remarqua qu'une courbe sinueuse de dégueulis serpentait de sa position jusqu'à la porte. Visiblement, il était venu jusqu'en ces lieux de la même manière qu'un petit garçon semant des cailloux pour ne pas perdre sa route.

Un bruit sourd, non loin de lui, attira son attention. Quelqu'un bougeait dans l'ombre ; il n'était pas seul. « Condylome ? C'est toi ? » Il espérait que son esclave saurait le tirer de ce mauvais pas.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeSam 20 Juin - 20:41

Des flammes ... Du vin ... Une paire de loches généreuses ... Un être désarticulé et grimaçant ... Des cris de mulets ... Un assaut contre les murailles d'une forteresse barbare ... Un cul ... Un abreuvoir ... Des cloches ...

Quintilius avait ouvert les yeux et était assaillis d'image aussi étranges qu'incongrues ... Des relans de vomis s'accrochaient à ses amygdales alors qu'il regardait le plafond qui vrillait au-dessus de lui. Ses cheveux collaient sur son front et son cou était noyé d'une sueur gluante qui sentait l'alcool. Il tourna la tête sur la gauche et il eut l'impression que la moitié de la légion marchait en cadence entre ses oreilles. Il posa la paume de sa main sur son oeil droit en tentant de bouger. Si son cerveau était éveillé, le reste du corps était encore en train de cuver la cuite mémorable qui l'avait mis dans cet état cotonneux. Incapable de commander à ses jambes de manière convenable, le plébéien roula sur le flanc et observa un peu les alentours.

La pièce lui semblait inconnue. Un lit se trouvait à portée de bras et sur celui-ci, la forme galbée et rose de Calpurnia trônait avec prestance. L'animal ronflotait paiseblement, savourant le moelleux du matelas, elle qui était si habituée à l'inconfort de la porcherie et du sol du cabanon miteux qui servait de domicile à son maître. Sentant Lamius qui s'agitait, l'animal dressa ses oreilles triangulaires sur sa tête avant de lever le groin du coussin qu'elle s'était accaparé. Il tenta de passer sa langue entre ses lèvres mais il avait la sensation d'une limace qui rampait sur ses lipes en essuyant la salive collante qui s'était accumulé pendant son sommeil sans rêves. Pupu émit un petit grognement désapprobateur avant d'enfouir à nouveau sa tête dans la douceur de sa couche.

Ouais ... Bon ... Garde tes remarques.

Il lança sa main vers le bord du lit et s'y accrocha comme un marin au bastingage au coeur de la tempête. La pièce tanguait autant de toutes façons. À grand renfort de grommellements et de soupirs sonores, Quintilius parvint à se mettre à genoux, portant sa tête au niveau de sa truie qui l'observait à nouveau avec un regard désapprobateur. Etait-ce parce qu'elle le jugeait ou parce qu'il venait de la déranger pendant sa sieste ? Impossible de savoir. Lamius avait beau si connaître en goret, il ne parlait pas encore leur langue. Accoudé au bord du lit, il haletait comme s'il venait d'escalader les Montis Ermeticae. Une voix retentit dans son dos, lui donnant l'impression qu'il se tenait au centre d'une cloche gigantesque.

Ghmpgn...

Il ferma les yeux en espérant que l'accès de migraine s'estomperaient plus rapidement. Les mots s'échappèrent de sa gorge brûlée par l'eau de vie qui y avait coulé en trop grande quantité.

Chhhht ... Moins fort, par Valta !

Soufflant comme un boeuf, il puisa en lui une force digne de Ruvios en personne pour se redresser sur ses jambes. Ses yeux roulaient dans leurs orbites sans qu'il ne parvienne à les maîtriser. Il vacilla pendant une seconde et tendit les bras de chaque côté pour se stabiliser sur ce sol qui dansait la gigue. Tel un funambule, il parvint à faire un pas, puis deux, mais du tenir le mur qui tentait de s'échappait. Il balaya la pièce d'un regard vitreux pour tenter de trouver d'où venait la voix qui avait parlé quelques instants plus tôt. Au premier coup d'oeil, la pièce était vide en dehors de sa truie qui l'observait en remuant du groin. Il leva les yeux vers le plafond en envisageant un instant les pensionnaires des Palais Célestes comme des interlocuteurs valables.

Condylome ? C'est toi ?

La voix ne venait pas des hauturs mais de la pièce plongée dans la pénombre. Secouant la tête au point de s'en étourdir et de devoir une nouvelle fois s'appuyer contre le mur, le pénule s'écria.

Nan ... Quintilius qu'on m'appelle !

Il s'était donné mal au crâne en parlant aussi fort et il appuya son épaule contre le mur pour avancer vers une fenêtre fermé de persiennes qui laissait filtrer de fins raies de lumières. Il assura sa prise contre le mur et poussa un pan de volet pour faire entrer la lumière du jour. Des rues sales se dévoilèrent sous un ciel chargé et pluvieux.

Beh où c'est qu'c'est ça ?

Une question pertinente mais dont il ne réfléchit pas à la réponse lorsqu'il baissa les yeux. Ses sourcils se soulevèrent avec étonnement alors qu'il découvrait sa tenue.

Ah bah merde

Il était vêtu d'une toge noire aux liserets dorés, habit sacerdotale du clergé de Kuo et des Dieux des Enfers comme Paa, Uni et Kotha. Quintilius demeura interdit. Serait-il devenu un flamine pendant la nuit ? Et alors que ses yeux vaganbondaient dans le vide alors qu'il réfléchissait ; chose inhabituelle pour le bonhomme donc forcément qui demandait du temps. Il remarqua alors une silhouette chevelue qu'il connaissait, probablement propriétaire de la voix qu'il avait entendu plus tôt. Il regarda à son tour la tenue du fils de son employeur, identique à la sienne.

Titus ? Pourquoi qu'on ressemble à des curés ?
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMer 24 Juin - 21:37


« Tu poses là une question pertinente », acquiesça Merula tandis qu'il se frottait les yeux et se grattait les baloches. « Ce ne sont pas nos accoutrements ordinaires... et ça gratte en plus ! Normalement je dors avec une petite liquette en laine de mouton doublée de plumes de canard, aussi douce et confortable que le con soyeux d'une lupa. Par la barbe d'Alko, on a dû s'en mettre plein la lampe hier soir. » Il plissa les paupières, endurant la douleur lancinante qui lui vrillait le crâne. Tenter de rassembler ne serait-ce que des bribes de souvenirs de la veille ne faisait qu'amplifier sa gueule de bois ; le pauvre Quintilius semblait tout aussi paumé que lui. Inquiet, Merula balaya des yeux les alentours immédiats. Alors que son regard s'habituait peu à peu à la pénombre, la vision d'une ombre ronde et monstrueuse se dandinant dans un lit le saisit d'effroi - avant qu'il ne reconnaisse la bête. « On a dormi par terre en laissant le lit au cochon ? » Il considéra un moment cet étrange spectacle, caressant la barbe naissante qui ornait son menton.

Le rapport fusionnel qu'entretenait Quintilius avec sa truie interloquait la plupart des gens, mais Merula n'était pas de ceux-là. Il possédait lui-même une chienne très laide et à moitié cinglée ; dans certaines choses où la société ne voyait que laideur, Merula discernait parfois une étrange forme de noblesse. Et en cet instant précis, tandis qu'il lorgnait Calpurnia la truie trônant sur son matelas souillé, une pensée tenaillait le jeune patricien. Si seulement elle pouvait parler.

Il se releva péniblement, titubant et blême, la bouche pâteuse, les yeux pleins de merde, avec la sensation désagréable d'avoir les cheveux graisseux. Que n'eut-il donné pour se réveiller dans son lit, à Edelmia ! En cet instant, il ne désirait rien plus que d'y retourner et ne plus jamais le quitter.

Mais ils n'étaient pas à Edelmia.

Ils étaient arrivés à Telioprate, la veille au soir, à l'issue d'un voyage pour le moins rocambolesque. Merula avait entendu parler d'un vieil homme sage qui, dans les bas-fonds de Vespillia, mettait au service de curieux fortunés ses dons de voyance. Il avait emmené avec lui Quintilius Lamius, ainsi que son inséparable Condylome.
Mais de Condylome, aucune trace à l'heure actuelle...

« Remettons un peu d'ordre dans ce charivari croquignolesque, Quintilius », dit-il en déployant d'ardents efforts pour reprendre ses esprits. « On va bien réussir à reconstituer le fil des événements, après tout nous sommes deux hommes adultes, intelligents et responsables. Quand on est sortis de l'échoppe du marchand de bonbons, qu'est ce qu'on a fait ensuite ? »
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeJeu 25 Juin - 9:42

Tu poses là une question pertinente. Ce ne sont pas nos accoutrements ordinaires... et ça gratte en plus ! Normalement je dors avec une petite liquette en laine de mouton doublée de plumes de canard, aussi douce et confortable que le con soyeux d'une lupa. Par la barbe d'Alko, on a dû s'en mettre plein la lampe hier soir.

Le regard de Quintilius se posa sur une petite amphore poséesoigneusement dans un coin de la chambre. De son côté, le fils du Censeur Galba inspectait également la chambre et s'écria soudain en se grattant le menton.

On a dormi par terre en laissant le lit au cochon ?
Oh bah ... J'pense qu'elle est monté dedans en voyant qu'on en voulait pas. C'est qu'elle est fûtée cette petite.

Un sourire niais étirait les lèvres du pénule qui se tenait au mur pour ne pas basculer en avant alors qu'il voulait se saisir de l'amphore qui avait piqué sa curiosité. Son compagnon de beuverie s'était redressé et titubait à son tour entre les meubles chiches qui décoraient la chambre. Lamius se penchait précautioneusement vers l'amphore alors que Merula réfléchissait à voix haute.

Remettons un peu d'ordre dans ce charivari croquignolesque, Quintilius. On va bien réussir à reconstituer le fil des événements, après tout nous sommes deux hommes adultes, intelligents et responsables. Quand on est sortis de l'échoppe du marchand de bonbons, qu'est ce qu'on a fait ensuite ?

Une succession de mots trop compliqués pour Quintilius qui parvint enfin à se saisir de sa cible dans une suite d'expiration bruyante, comme s'il soulevait un chariot couché sur la route. Il attrapa la anse en se redressa en brandissant son trophée. Un bruit de liquide claqua à l'intérieur du récipient, signe annonciateur de la fin de la sécheresse pâteuse qui saisissait sa bouche.

J'ai trouvé de la flotte !

Sans en dire plus, il renversa l'amphore par-dessus sa tête et but à grande goulée. La sensation de goût revint petit à petit alors qu'il prenait une dernière gorgée et jeta un regard encore vasouillard à Titus.

Tiens, bois !

Il fit claquer sa langue entre ses dents. Le goût était acide et maintenant qu'il y prêtait atention, l'odeur était forte, presque comme celle d'une porcherie avant le nettoyage du matin. Il suspendit son geste et ramena l'amphore contre lui avant que Titus ne s'en saisisse.

Ah bah merde, c'est pas d'l'eau ... C'est d'la pisse ça.

Il ponctua sa phrase par un petit rot grave avant de regarer l'intérieur de l'amphore avec les yeux plein d'incompréhension. Avoir verbaliser ce qu'était en réalité le liquide lui provoqua un petit haut-le-coeur et il tira la langue en espérant que l'air chasserait le goût qui lui assaillait les papilles. Il laissa tomber son bras le long du corps sans lâcher le contenant qui avait visiblement servi de pot de chambre la veille. Il papillonna des yeux et croisa le regard de sa truie qui l'observait avec dédain. L'animal semblait parfois prête à lui faire des remontrances lorsqu'il faisait des conneries. Sa tête restait dans un étau alors qu'il tentait de rassembler ses souvenirs. Il n'avait aucune idée de qui était le marchand de bonbon qu'avait évoqué le jeune patricien et vu leur état, les sucreries devaient être frelatées.

C'est alors qu'un ensemble de clochettes résonna dans la rue et attira l'oeil vitreux du pénule. Un groupe de flamines arpentait la rue et le prêtre qui menait le cotège s'appuyait sur une crosse au bout de laquelle dodelinait le carillon. Venaient ensuite des pleureuses voilées de noir, puis un brancard sur lequel un corps enveloppait d'un linceul était couché entre des couronnes de fleurs. À leur suite, quelques personnes à la mine triste et aux yeux rougis de larmes accompagnaient le défunt jusqu'au bûcher funéraire.

Que Kuo veille sur lui ! Oh ... Par le con de Tidé ! Titus ... R'garde !

Il pointa les prêtres qui avançaient à l'avant du cortège funèbre. Les hommes de cultes portaient les mêmes tenues que les deux poivrots qui luttaient pour retrouver leur mémoire, à moins que ce soit eux qui portaient les mêmes habits que les prêtres. Une réflexion qui méritait d'être mené sur qui ressemblait à qui mais qui attendrait probablement un autre jour. L'index tendu vers la rue Quintilius poursuivit.

Y z'ont ... On a ... C'est ... C'est des prêtres de Paa ... J'ai vu qui y a un temple plus bas ... Tu crois pas qu'on devrait voir si qu'on est pas passé par là ? T'sais qu'on remonte la piste comme ... Comme un cochon truffier qui r'nifle les truffes ... Avec son groin. On peut demander à Pupu de renifler ... 'fin j'crois.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeDim 28 Juin - 22:39


Merula considéra avec un haut le cœur la bouteille de pisse que Quintilius avait failli lui faire boire. L'imbécile ! Il adorait ce garçon, mais Quintilius était ce qu'il était : un simple d'esprit et un ivrogne, aussi laid que rustaud, si éloigné du raffinement et de la sophistication qui caractérisaient le jeune patricien. Parfois, Merula espérait qu'à son contact, Quintilius parvienne à se bonifier, à devenir un peu moins sot, un peu moins cradot surtout... il n'était malheureusement pas au bout de ses peines.
Néanmoins, la propreté du pénule tout comme la bouteille de pisse devint assez vite le cadet de ses soucis.

Il rejoignit son acolyte près de la fenêtre pour contempler le cortège funéraire qui passait dans la rue. Tout en pinçant le nez pour lutter contre l'odeur pestilentielle qui émanait du pénule, Merula considérait avec circonspection le spectacle qui se jouait dehors. Des prêtres de Paa. Fringués de la même robe qu'eux. Visiblement, ils avaient eu affaire à des religieux la nuit dernière, et les dieux seuls savaient ce qu'ils avaient bien pu trafiquer. Mauvais, ça, songeait Merula ; si leur nuit de débauche leur avait mis à dos le messager de la mort, ils allaient s'en mordre les doigts.

« En ce moment, il y a deux prêtres de Paa à poil qui cherchent leurs fringues », fit remarquer Merula. « Si nous descendons au temple, nous serions bien avisés de nous changer, si nous ne voulons pas encourir le courroux des hauts dignitaires. » Il considéra d'un air absent la truie qui continuait de se prélasser au lit, trouvant qu'il y avait une drôle d'ironie dans le fait qu'une truie ait passé une meilleure nuit que lui. « Je me demande où nous sommes ? Cette maison doit bien appartenir à quelqu'un. En tout cas, elle me fiche la trouille. Brrr ! »

Était-ce l'écho du dingding des cloches au-dehors, qui se répercutait de façon étrangement sinistre dans la maison obscure ? Dans la semi-pénombre environnante, les rais de lumière qui filtraient par-delà les persiennes éclairaient des murs sales et nus, un sol maculé de poussière. L'odeur rance qui flottait dans l'air n'arrangeait rien, mais sur ce point, c'étaient probablement eux les coupables. N'empêche ! Quelle folie les avait traînés jusque dans cette chambre miteuse ? Au moins, nous sommes seuls. C'est probablement une bonne chose. Il en était là dans ses réflexions quand des coups sourds attirèrent son attention. Toc. Toc. Toc. Son regard avisa l'armoire située au fond de la chambre, d'où semblait provenir le son. Toc.Toc.Toc. Ils résonnaient, sinistres, comme le rythme monotone d'une vieille horloge.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeLun 29 Juin - 21:09

En ce moment, il y a deux prêtres de Paa à poil qui cherchent leurs fringues. Si nous descendons au temple, nous serions bien avisés de nous changer, si nous ne voulons pas encourir le courroux des hauts dignitaires.

Hé c'est qu'il en avait dans la courge le mec. Quintilius n'aurait jamais pensé à la réaction qu'auraient pu avoir les prêtres en voyant deux ivrognes portant leurs atours s'approcher de leur presbytère. C'était là qu'on voyait que les patriciens avaient plus de jugeotte que les gens du bas-peuple comme lui et que les castes se justifiaient d'elle-même. Quintilius était un homme simple et se contentait de son sort sans plus d'ambition. Il laissait volontiers les discussions compliquées et les mots trop long aux pensionnaires de la Curie. Et puis de toutes façons, les porcs n'avaient pas beaucoup de conversation donc inutile de savoir bien manier l'éloquence. Lui, ce qu'il aimait, c'est la bagarre et là encore, pas besoin de savoir bien parler pour envoyer valser sur son céans son adversaire. Utilisant son cerveau un peu plus, Titus poursuivit sa réflexion.

Je me demande où nous sommes ? Cette maison doit bien appartenir à quelqu'un. En tout cas, elle me fiche la trouille. Brrr !

Un petit sifflement d'admiration s'échappa des lèvres encore pisseuses du pénule. Il se gratta le haut du crâne en inspectant les alentours. Il avait d'abord pensé que c'était l'alcool et la migraine qui lui tenaillait les tempes qui faisait qu'il ne reconnaissait rien et puis il était passé à autre chose. Le tintement dans la rue attirait son attention comme un flambeau attirait les insectes. Il croisa le regard de Pupu et y lu une pointe de sarcasme tandis qu'elle dévisageait les deux ivrognes avant de laisser tomber sa tête une nouvelle fois dans le coussin moelleux dans un grognement satisfait. Lamius dit alors.

Oh bah moi j'connais pas grand chose de Telioprate. Y a bien que'ques tavernes et un bordel qu'j'ai visité deux ou trois fois ... Par le con de Tidé, c'est comment qui s'appelle déjà ? ... L'Fourreau Soyeux ... ou Juteux ? 'fin tu vois l'genre ... mais c'pas ça. Les murs y z'ont des tentures violettes. Là c'est ... Bah c'est jaune ... C'est moche l'jaune.

Des coups résonnèrent alors, achevant l'anecdote de Quintilius qui n'avait sûrement que peu d'intérêt. Même Calpurnia releva le groin pour tourner la tête vers le bruit. Au fond de la petite pièce, une armoire habillait chichement un pan de mur. Titus aussi avait entendu le bruit. Les deux hommes échangèrent un regard. Quintilius tenta de regarder dans la direction du jeune patricien mais ses yeux avaient du mal à rester fixés sur un point précis. Il mit son index sur ses lipes et mit sa main à la ceinture pour se saisir de son gourdin. Foutue tenue de flamine ! Le voilà qu'il était désarmé, incapable de faire face à ce qui cognait mollement derrière la porte. Quintilius fronça les sourcils, déterminé. Il faisait confiance à ses poings, épais comme des battoirs, pour assommer l'individu s'il se montrait vindicatif. Le pénule s'approcha à pas de loups de l'armoire qui résonnait des petits coups et il saisit une poignée en lançant un nouveau regard vers Titus. Il compta à mi-voix pour que le jeune patricien se tienne prêt.

Un ... Deux ... Euh ...

Il se trouva con l'espace d'une seconde, butant sur la suite, soudain assailli par le doute du chiffre qui venait après. Ne voulant pas passer pour un imbécile fini, il eut une idée lumineuse.

DEUX !

Il ouvrit la porte de l'armoire en grand et une poule s'envola dans une pluie de plume en caquettant avec affolement. La volaille bondit hors de sa cachette et sauta autour des deux hommes en agitant les ailes frénétiquement. À la fois surpris et pris au dépourvu, Quintilius n'eut pas le temps de réfléchir et préférant faire cesser les piaillements du galinacée, il envoya un magnifique coup de pied dans l'oiseau, qui vola à travers la pièce pour s'éclater dans le mur et pousser un cri de douleur étrange, projetant du sang autour d'elle, puis chuta sur le sol.

Bon ... Déjà elle fait pu d'bruit ! On crèvera pas d'faim !

Le sourire satisfait du pénule s'estompa rapidement lorsqu'il se tourna à nouveau vers le meuble pour voir s'il était vide. Bien entendu, il ne l'était pas. Un jeune homme au teint hâlé était recroquevillé et nu, la tête basculé en arrière et la gorge ouverte d'une oreille à l'autre. Le sang avait caillé autour de la plaie et coulé sur le torse imberbe et frêle du gaillard au nez épaté.

Ah bah merde ! Qui qu'c'est c'con là ?
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMar 30 Juin - 20:37


« J'ignore si c'est la mort qui fait cet effet-là, mais il a vraiment une tête énervante », observa Merula tandis qu'il contemplait le cadavre avec une moue de dégoût. Figé dans une prostration éternelle, le macchabée avait encore les yeux grands ouverts, et il y avait dans son regard quelque chose d'étrangement pompeux et prétentieux, comme si ce maigrichon s'avisait de les prendre de haut. « Ça explique peut-être pourquoi il a fini ainsi, remarque... »

En attendant, cette découverte maccabre jetait un sacré froid. C'était une chose de se réveiller amnésique dans un lieu inconnu après une soirée un peu trop animée ; on en riait après coup. Mais la dernière fois que ça lui était arrivé, Merula s'était éveillé dans un bordel, en charmante compagnie - selon ses standards. C'était tout autre chose que de se retrouver dans une chambre miteuse et sombre, vêtu d'une robe du culte de Paa avec un cadavre dans le placard, une poule hystérique éclatée contre le mur et une truie dans le lit.

« Mon bon Quintilius, mon petit doigt me dit qu'il s'est passé là de fort vilaines choses. Dans notre malheur, nous avons de la chance : une petite échappatoire s'offre à nous. Mieux vaut ne pas moisir dans les parages, et puisque notre compagnon de chambre n'est pas en état de nous dénoncer, nous ferions bien de filer à la clérige sans trop chercher à comprendre. »

Il avait à peine dit ces mots que son regard fut attiré vers la fenêtre. Entre les persiennes, il lui semblait distinguer, dans la rue, les prémices d'un attroupement. Son cœur se mit à battre un peu plus vite lorsqu'il remarqua que des hommes revêtus de la même robe qu'eux se regroupaient devant la maison.
C'est sûrement une coincidence, se rassura-t-il, avant de remarquer que les prêtres fixaient la maison avec insistance, la mine patibulaire.
C'est sûrement mon imagination qui me joue des tours.
Deux hommes entièrement nus apparurent alors dans la rue et, se mêlant aux prêtres, ils pointaient du doigt la maison en parlant d'un air très énervé.

« Je crois bien que ce sont les propriétaires des robes que nous portons », dit-il à Quintilius, « mais rassure-toi, ils ne peuvent pas savoir que nous sommes là. »

Une seconde plus tard, le groupe de prêtres commençait à s'avancer vers la maison d'un pas décidé. « Oh, par le con d'Hedelma... »
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMer 1 Juil - 20:04


Les deux ruviens étaient plantés comme deux poteaux devant l'armoire grande ouverte, toisant d'un regard interloqué le cadavre maigrelet qui avait élu domicile dans le meuble. C'est Merula qui brisa le silence gêné qui s'était installé dans la chambre.

J'ignore si c'est la mort qui fait cet effet-là, mais il a vraiment une tête énervante. Ça explique peut-être pourquoi il a fini ainsi, remarque...
Au moins, j'ai chopé le responsable il fera plus de dégâts.

Quintilius pointait le cadavre de volaille explosé sur le plancher avec une mine satisfaite. Ses collègues pénules ne le croiraient jamais lorsqu'il leur raconterait qu'un poulet avait égorgé un type. Sale bête que ces volatiles. Il avait encore le souvenir douloureux d'une de ses saloperies qui lui avait becqueté le bout des doigts lorsqu'il était enfant alors qu'il essayait de lui donner quelques grains. Il en avait chialé pendant près d'une heure et vouait depuis une méfiance totale envers la volaille. Titus le tira de ce souvenir amer en reprenant la parole.

Mon bon Quintilius, mon petit doigt me dit qu'il s'est passé là de fort vilaines choses. Dans notre malheur, nous avons de la chance : une petite échappatoire s'offre à nous. Mieux vaut ne pas moisir dans les parages, et puisque notre compagnon de chambre n'est pas en état de nous dénoncer, nous ferions bien de filer à la clérige sans trop chercher à comprendre.

Lamius hocha la tête. Il avait beau ne pas être le plus malin des hommes, il avait bien compris qu'il ne fallait pas faire de vieux os dans cet endroit. Entre l'état de la chambre et l'odeur qui devait s'en échapper, le poulet éclaté au sol, l'autre androgyne égorgé et les robes de flamine, quelques curieux pourraient croire qu'ils avaient quelque chose à se reprocher. Les enfoirés ! Des éclats de voix s'élevèrent depuis la rue et le jeune patricien s'approcha de la fenêtre et observa à travers les linteaux des persiennes. Il souffla vers le pénule à mi-voix, donnant l'impression à ce dernier de partager un secret.

Je crois bien que ce sont les propriétaires des robes que nous portons mais rassure-toi, ils ne peuvent pas savoir que nous sommes là ... Oh, par le con d'Hedelma...

La fin de la phrase laissa supposé que le début était caduque. Quintilius s'approcha juste à temps pour voir un groupe vêtus de toge identique aux leurs s'engouffrer dans le bâtiment, suivi par deux nudistes qui n'avaient pas l'air très heureux. Le cerveau du plébéien se mit en branle malgré la migraine qui continuait à lui vriller les sens et après quelques secondes de réflexion, il lui proposa un plan.

Quand y z'arrivent, j'les défonce un par un !

Voilà ! Un plan simple mais génial. Les types seraient obligés d'arriver les uns après les autres à cause de l'étroitesse de la porte et il les étalerait au sol à grand coups de gourdins dans la bouche. Convaincu que son idée ingénieuse leur sauverait la mise, il retourna un guéridon aux pieds épais et commença à tirer sur l'un d'eux. Etait-ce l'alcool qui imprégnait ses muscles ou le travail d'un artisan trop zélé, toujours était-il qu'il ne parvenait pas à démembrer le meuble qui lui servirait d'arme. Quintilius lança un regard déterminé à Titus avant de le haranguer.

Bah aide-moi au lieu de r'garder ! Y vont voir pourquoi qu'on m'appelle Clava !

Calpurnia aussi sentait que la tension montait et elle lâcha un énorme pet en descendant de son piedestal moelleux avant de rejoindre son maître et de se placer derrière lui. Toujours aussi futée, elle avait bien compris qu'elle gênerait si elle restait au milieu du pugilat qui s'annoncerait. Quintilius, pendant ce temps, continuait de tirer sur le pied en bois en hahanant comme un galérien sur le banc de rame.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeDim 5 Juil - 18:33


D'une main preste, Merula se saisit du guéridon que Quintilius s'échinait à démembrer. « Donne-moi ça », intima-t-il, « tu n'as pas assez de force ! » Il tira, tira, soufflant et grognant comme un buffle tandis que l'effort faisait prendre à son visage des teintes cramoisies. Cependant, comme les pieds du guéridon persistaient à demeurer solidement accrochées à l'assise, des bruits de pas résonnaient déjà dans le couloir. Inspiré d'une intuition soudaine, Merula renonça à sa tentative et préféra bloquer la porte en glissant un pied du guéridon derrière la poignée.

Quelques instants plus tard, quelqu'un tentait d'actionner celle-ci. La tentative fut suivie d'une salve de coups frappés à la volée.

« On fait comme si on n'était pas là », murmura Merula à l'attention de Quintilius, « ils vont quand même pas s'acharner sur la porte s'ils pensent qu'il y a personne derrière... »

Il avait à peine dit ces mots que Calpurnia se mettait à couiner comme la truie qu'elle était. « GROUIIIIIIIIIIIIK! Le cri de la bête déclencha aussitôt une salve de coups redoublés de l'autre côté de la porte. Des voix s'élevaient du couloir :

« Nous savons que vous êtes là ! Ouvrez !
- Vous n'avez aucune issue, rendez-vous !
- On ne vous fera pas de mal ! Nous voulons seulement le cochon ! »


Merula tourna un œil interloqué vers Quintilius, haussant un sourcil, l'air plus ahuri que jamais.

« Les salauds, ils veulent Pupu ! »
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeLun 6 Juil - 17:39

Donne-moi ça, tu n'as pas assez de force !

Titus s'empara du guéridon récalcitrant et s'acharna à son tour à tenter de faire céder le pied qui semblait avoir été scellé à l'assise avec la force d'un dieu. Du bruit commença à filtrer à travers la porte et Merula ayant fait chou blanc à son tour, glissa le petit meuble derrière la poignée pour bloquer l'accès à la chambre de deux compères. La clanche s'agita quelques secondes plus tard, augmentant l'admiration de Quintilius pour l'esprit d'analyse du fils de son employeur. C'est qu'il en avait dans le citron quand même. À voix basse, il expliqua au pénule ses intentions.

On fait comme si on n'était pas là ils vont quand même pas s'acharner sur la porte s'ils pensent qu'il y a personne derrière...

Lamius hocha la tête avec une mine concernée et Calpurnia signifia son approbation par un cri strident. Quintilius se tourna vers sa truie avec un léger sourire puis revint vers Titus avant de déclarer au même volume que son camarade de chambrée.

Elle a compris le plan aussi.

Il toisa la porte avec la même expression sérieuse en entendant les voixs à l'extérieur. Le bois étouffait une partie des mots, aussi Quintilius ne capta pas la teneur des mots de ceux au dehors mais Titus se tourna vers lui, horrifié.

Les salauds, ils veulent Pupu !

Les yeux de Quintilius s'écarquillèrent tandis que son visage s'empourprait de fureur.

DE QUOI ??!

Puis tout alla à une vitesse folle. Submergé par la rage de savoir que ces salopards en voulaient à son cochon, le pénule retira le guéridon de derrière la poignée et le brandit comme le marteau de Loïmu. Il ouvrit la porte d'un geste ample et abattit le meuble sur le crâne du premier type qui se trouvait sur sa route.

Bande d'enfoirés ! S'en prendre à un bébé !

Et vlan ! Et bim ! Le guéridon cassait des gueules en s'abattant sur les outrecuidants venus s'en prendre à la brave truie du plébéién. Au troisième bonhomme qui s'effondra au sol sous les coups de boutoirs de Quintilius, il réalisa qu'il ne tenait plus que le pied qui avait tant fait de résistance jusque là. Il se tourna vers Titus, triomphant.

C'est bon, j'ai l'pied !

La jovialité disparut de son visage alors qu'il se retournait vers les hommes en toge noire qui commençaient à hurler comme des pucelles face à une souris. Il balança un grand coup dans la tempe d'un homme et se fraya un chemin dans le couloir. Les esclaiers se trouvaient à quelques pas sur la droite et un homme nu se cachant le sexe à deux mains l'observait avec peur et incompréhension.

Sale fumier d'nudiste !

Quintilius écrasa sa sandale en plein milieu du torse de l'exhibitionniste qui vola en arrière pour tomber sur d'autres salopards vêtus de noir. Sans se tourner, Lamius beugla vers l'arrière.

Emmène Calpurnia et suis-moi ! On va pas s'laisser emmerder par ces empaffés !

L'arme du pénule s'abattit de nouveau sur un homme qui tentait de lui barrer la route alors qu'il descendait les marches en distribuant coups de poings et de gourdins. Il envoya son front en plein visage d'un autre type qui passait par là. Etait-il mêlé à l'affaire ? Rien n'était moins sûr mais il avait pris sa mandale comme les autres. Au cas où. Ivre de colère, Quintilius fini par atteindre la rue, ne laissant qu'un tas de corps gémissements et aux visages enflés et tuméfiés. Il jeta son gourdin de fortune sur le sol en gueulant une dernière fois.

AH LES SALAUDS !
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeJeu 9 Juil - 22:36


« Tu es fou Quintilius, ils sont trop nombreux ! » s'écriait Merula d'une voix effrayée tandis que le pénule se ruait au combat avec la férocité d'un minotaure. « Rendons-nous tant que nous le pouvons encore, pas la peine de courir une mort certai... Ah. » Il s'affola un peu moins en voyant de quelle manière le simplet alignait un à un les culs bénis, qui, apparemment, n'étaient pas particulièrement versés dans l'art du combat de rue en appartement. « En fait, je crois qu'on peut les battre ! » dit-il alors qu'un tas de types groggys étaient déjà étendus sur le sol, leurs dents baignant dans des flaques de sang. Imitant l'entrain de son acolyte, il donna quelques coups de pied dans les flancs d'une des victimes de Quintilius qui traînait par terre. « Par le con d'Aïka, je te botte le cul ! Voilà ce qui arrive aux fous qui osent s'en prendre à Titus Sevinius Merula, la terreur des quartiers ! »

Et comme Quintilius leur dégageait le chemin, le patricien se saisit de Calpurnia et s'élança à sa suite jusque dans la rue. Ah, l'air frais de Corculla ! Comparé à l'air renfermé de la pièce poussiéreuse où ils s'étaient éveillés, la douce odeur d'urine et de détritus qui flottait dans ces ruelles était une véritable bouffée d'oxygène, surtout avec sa gueule de bois.

Tout à sa joie d'être à l'air libre, Merula vomit. Peut-être était-ce simplement une énième vidange nécessaire, peut-être était-ce le contrecoup de ce réveil brutal et de ce déferlement de violence auquel il venait d'assister, mais en tous les cas, il vomit. Il y avait là des trucs innommables, composés de teintes diverses, mais le rouge vinasse restait prédominant. Lorsqu'il eut fini, Merula s'épongea la bouche d'un revers de sa manche de prêtre, ruinant un peu plus la robe qu'il avait empruntée. Se sentant libéré un fardeau, il laissa Calpurnia retomber sur ses pattes et alla enlacer son camarade.

« Bravo, mon champion, bravo ! Tu as parfaitement suivi mes directives à l'intérieur. Avec tes muscles et mon cerveau, nous aurons rapidement le fin mot de l'histoire. Allons chez le marchand de bonbons, nous devrions pouvoir ressituer le fil des événements de la soirée. Mieux vaut éviter le temple pour l'instant, vraiment je crois qu'ils ne seraient pas des plus amicaux... »

Comme ils prenaient le chemin de la boutique et qu'il achevait de prononcer ces mots, une jeune fille élégante et humble s'avançait à leur rencontre. Au début Merula fit mine de ne pas la voir, pensant qu'ils pourraient l'éviter, mais elle se planta devant eux, leur barrant la route et, croisant les bras, semblait décidée à s'accaparer leur attention. Cependant, son regard avait quelque chose d'implorant...

« Je vous en prie, messieurs les prêtres, il faut que vous veniez avec moi sans tarder. Mon père se meurt, et s'il trépasse sans recevoir les derniers sacrements, ce serait affreux... je vous en prie, venez avec moi, il n'y a pas une seconde à perdre ! »

Calpurnia fut la première à répondre en émettant un grognement interloqué. La fille jeta un œil surpris à la truie, s'apercevant tout juste de sa présence.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeLun 13 Juil - 13:32

Toujours couleur pivoine, des vestiges d'écume collant à la commissure des lèvres, Quintilius balayait la rue d'un regard rageux tandis que Titus déposait une galette visqueuse et bilieuse sur le pavé. La colère du pénule s'estompa lorsque les petits sabots de Pupu tintèrent sur le sol alors qu'elle venait réclamer quelques gratouilles derrière les oreilles. Il s'exécuta ce qui déclencha quelques petits grognements de contentement chez la truie, avant d'attacher la laisse qui pendait à sa ceinture autour de l'échine du goret. Titus s'écria alors, après s'être épongeait le menton.

Bravo, mon champion, bravo ! Tu as parfaitement suivi mes directives à l'intérieur. Avec tes muscles et mon cerveau, nous aurons rapidement le fin mot de l'histoire. Allons chez le marchand de bonbons, nous devrions pouvoir ressituer le fil des événements de la soirée. Mieux vaut éviter le temple pour l'instant, vraiment je crois qu'ils ne seraient pas des plus amicaux...

Il ne sut expliquer pourquoi les mots du patricien le gonflèrent d'orgueil. Il ne se souvenait pas avoir suivi d'ordre, ni même entendu la moindre directive de la part de son collègue de cuite, pourtant les félicitations de Titus sonnèrent comme celle de l'Imperator à ses soldats conquérants. Un sourire niais ourla les lèvres de Quintilius alors qu'il emboîta le pas du fils Sevinius. Il ne fallut guère de temps pour qu'une voix féminine n'interrompe les deux hommes et le cochon.

Je vous en prie, messieurs les prêtres, il faut que vous veniez avec moi sans tarder. Mon père se meurt, et s'il trépasse sans recevoir les derniers sacrements, ce serait affreux... je vous en prie, venez avec moi, il n'y a pas une seconde à perdre !

Calpurnia, prouvant une fois de plus qu'elle était la plus vive d'esprit du trio, grogna doucement en tournant le groin vers l'inconnue. L'élégante suidé tira alors en direction de la jeune femme, entraînant Quintilius à sa suite. Il lança un regard impuissant vers Titus alors qu'ils s'engouffraient dans une ruelle jonchée de détritus et qui fleurait bon l'urine sèche. Totalement dépassé par les évènements, Lamius entra dans une insula aux murs lézardés et perdant des pans entiers de peinture de mauvaise qualité. Une volée de marche plus tard, ils arrivèrent face à une porte qui grinça lorsqu'elle s'ouvrit. Pupu s'engagea dans l'appartement avec entrain, entraînant dans son sillage un pénule qui ne réalisait pas vraiment ce qu'il faisait là. La jeune femme indiqua une petite pièce plongée dans la pénombre où une lampe à huile offrait une faible lumière.

Il est là.

Quintilius observa Titus d'un air circonspect, puis plissa les yeux pour observer le mourant. Elle s'inclina avec respect, se retirant non sans lancer un dernier regard vers la truie. Dans le lit, un vieux à moitié désséché toussa à s'en décrocher les poumons. Le jeune patricien avait probablement une idée, lui qui était plein de ressources. Le plébéien se pencha vers son camarade et lui souffla.

J'sais pas comment qu'on fait moi ...

La quinte de toux du vieillard s'amplifia au point d'en faire trembler le lit pouilleux sur lequel il était allongé. Il fit quelques pas pour s'approcher et se pencha vers l'homme à l'agonie. Même sans savoir comment faire, il avait bien compris qu'il fallait donner le change. Il tapa sur l'épaule du type avec une compassion feinte.

T'inquiète pas mon gars. On va ...

La quinte de toux s'était arrêtée et le visage du vieil homme avait blêmi. Lamius posa la main sur le front où perlait quelques gouttes de sueur pour constater la froideur de la peau. Il se tourna vers Titus, les yeux écarquillés.

Il est crevé, le con.

Calpurnia posa son groin contre la main du défunt et émit un nouveau grognement comme pour confirmer le diagnostic. À croire que partout où ils passaient ils trouvaient des cadavres.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMar 14 Juil - 9:51


Merula observait, interdit, le triste spectacle de l'œuvre de Paa. La mort de ce vieil homme sous ses yeux, c'était bouleversant. Cela lui rappelait le jour où son caniche était mort. Il en avait pleuré pendant cinq bonnes minutes avant de le remplacer. Ce jour-là, il avait appris qu'il était dangereux de jouer à la balle au bord d'un ravin. Peut-être le décès de cet homme était-il destiné à lui apprendre quelque chose.

« La vie est un combat dont nous sommes les humbles serviteurs », énonça-t-il, parce qu'il se sentait le besoin de dire quelque chose d'intelligent et de profond. Mais sur le coup il n'était pas très inspiré. « Sauf que lui, il est mort. Voilà qui est triste, bien bien triste... »

Des bruits de pas annoncèrent le retour de la jeune femme. Celle-ci était partie chercher de l'eau, et comme elle revenait, et découvrait son père tout pâle, tout figé et tout silencieux, elle s'immobilisa tout net, comme si elle allait claquer elle aussi. Mais le mal dont elle souffrait était un mal bien plus douloureux : le chagrin.

« Très, très triste, répétait Merula.
- Mon... mon... mon p... mon pèpè...
- Hélas, ma douce enfant ! L'œuvre des dieux est implacable. Nous sommes nés grains de sucre, et tôt ou tard nous redeviendrons grains de sucre. C'est écrit. La mort est chose inéluctable. »


Les lèvres de la jeune femme tremblèrent. A bout de forces, elle lâcha la cruche d'eau presque sans s'en apercevoir, et celle-ci se brisa au sol dans l'indifférence générale, aspergeant la demoiselle d'eau en grande quantité. Le tissu blanc de sa robe, humide, se fit transparent par endroits, ce qui était tout à la fois indécent et délicieusement hors de propos. La malheureuse avait éclaté en sanglots, et son visage, tordu par le deuil et la crue des larmes, restait tristement beau. Comme Merula éprouvait le désir de réconforter la belle, voilà que celle-ci s'avançait vers eux, bras ouverts, toutes larmes dehors... Merula s'approcha d'un pas, mais la jeune fille préféra le contourner pour aller enlacer Quintilius et pleurer contre son épaule. Ça alors ! Comme elle se pelotonnait contre le pénule, elle murmura, pleine de colère et secouée par le chagrin :

« Ceux qui lui ont fait ça le paieront très cher, j'en fais le serment. »
Merula tressaillit, pris d'une désagréable intuition.
« Que... vous voulez dire que des gens lui ont fait du mal ?
- Lorsqu'il est rentré hier soir, il... il était transi de froid, les vêtements trempés, parce que des inconnus l'avaient fait boire et qu'il est tombé dans le Valis. Trois hommes...
- Trois, vous êtes sûre ?
- C'est ce qu'a dit mon père. Ils avaient aussi avec eux un cheval rose monstrueux. Ils l'ont obligé à le monter, et c'est en chevauchant l'animal qu'il est tombé dans le fleuve.
- Les scélérats.
- Ensuite ils ont décidé d'aller faire le tour des bordels, mais comme mon père tremblait de froid, ils l'ont abandonné devant la maison. Je jure, par tous les dieux, que je les retrouverai ! »


Malgré sa colère, la jeune femme se blottit un peu plus contre Quintilius. Elle semblait apprécier la chaleur du rustaud, comme une gamine avec son ours en peluche.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeJeu 16 Juil - 10:06

La vie est un combat dont nous sommes les humbles serviteurs. Sauf que lui, il est mort. Voilà qui est triste, bien bien triste... Très, très triste.

De sages paroles, d'une profondeur qui échappait un peu à Quintilius sur le moment, mais le pénule ne s'en formalisa pas. Les dires des flamines et des philosophes étaient trop profonds et obscurs pour lui et Titus avait l'habitude de ces discours et savait les imiter bien mieux que lui.

Mon... mon... mon p... mon pèpè...

Comment ça pépé ? Elle avait pas dit que c'était son père ? Où alors c'était une de ses familles où la mère était la fille et la tante la soeur. Des dégénérés ! Alors que ça moulinait dur sous le crâne de Lamius, l'échange entre la jeune femme et le jeune patricien se poursuivait.

Hélas, ma douce enfant ! L'œuvre des dieux est implacable. Nous sommes nés grains de sucre, et tôt ou tard nous redeviendrons grains de sucre. C'est écrit. La mort est chose inéluctable.

La cruche qu'elle avait amené glissa de ses mains fines et se brisa dans un fracas aïgu. L'eau trempa sa stola qui colla à sa peau, dévoilant quelques courbes féminines aguicheuses. Les larmes vacillèrent au coin de ses grands yeux de biches et elle vint s'effondrer contre l'épaule du pénule à grand renfort de sanglots. Entre deux vagues salées qui dégoulinaient sur les joues rosies par la peine, elle déclara, rageuse.

Ceux qui lui ont fait ça le paieront très cher, j'en fais le serment.
Que... vous voulez dire que des gens lui ont fait du mal ?
Lorsqu'il est rentré hier soir, il... il était transi de froid, les vêtements trempés, parce que des inconnus l'avaient fait boire et qu'il est tombé dans le Valis. Trois hommes...
Trois, vous êtes sûre ?
C'est ce qu'a dit mon père. Ils avaient aussi avec eux un cheval rose monstrueux. Ils l'ont obligé à le monter, et c'est en chevauchant l'animal qu'il est tombé dans le fleuve.

Calpurnia émit un petit grognement dé mécontentement d'être comparé à un cheval. Le noble animal avait tout de même bien plus de prestence qu'un vulgaire bidet. Quintilius, lui, était à milles lieues de faire la connexion entre l'histoire de la jeune femme et eux. Il se contentait de tapoter mollement l'épaule de l'éplorée, le regard vide alors que la migraine revenait lui vriller les tempes. Il écoutait le dialogue d'une oreille distraite.

Les scélérats.
Ensuite ils ont décidé d'aller faire le tour des bordels, mais comme mon père tremblait de froid, ils l'ont abandonné devant la maison. Je jure, par tous les dieux, que je les retrouverai !

Elle resserra son étreinte contre le pénule. La promesse de ce corps ferme et insouciant qui se collait à lui, commençait à faire naître une certaine tension dans le bas-ventre de Quintilius. Comme aimait à le dire Titus en de nombreuses occasions, ce soir il baisait. Du moins, c'est ainsi qu'il interpréta les attouchements attristés de l'orpheline. Rendu intrépide par la proximité des vêtements humides et sentant le galbe de la poitrine s'écraser contre son torse, le pénule intervint enfin dans l'échange, le regard déterminé.

On va les retrouver !

Les sourcils froncés et les maxilaires tendues sous la peau, il gonfla la poitrine et leva légèrement le menton avec la fierté du mâle qui paradait devant sa femelle. Il tourna le regard vers le visage scintillant de larmes de leur hôte et déclara avec aplomb.

Où qu'c'est le pont ? Et les bordels ? On va les retrouver ces trois fumiers !
La Valis coule à l'Ouest et des lupanars ... Il y en a partout à Corculla.

Il repoussa délicatement la jeune femme de son torse puissant et se dirigea vers la sortie d'un pas volontaire. Sans se retourner, il beugla.

PUPU !

La truie trottina à la suite de son maître en remuant sa queue tire-bouchonnée comme un petit chien. Il posa une main sur l'embrasure de la porte et dans un contre-jour digne d'une fresque légendaire, il se tourna légèrement pour lancer un dernier regard à la jeune femme.

Je les trouve et j'te les ramène ! Allez viens Titus !

Il fit deux pas, suivi de près par Calpurnia. Puis il vomit une belle flaque maronasse et odorante en retrouvant l'air vicié de la rue. La bonne nouvelle fut que la migraine s'estompa au même instant, comme s'il avait laissé les mauvais miasmes sur le sol au même titre que le trop plein de vinasse qui dormait dans son estomac. Il souffla un grand coup, gardant les mains sur les genoux pour cracher un dernier glaviot visqueux. Il tourna le regard vers Titus qui le rejoignait.

C'est moche quand même ces trois salopards qui balancent un gars à la flotte.

Il se redressa, toisant un côté de la rue puis l'autre. Il leva les yeux vers le ciel chargés de nuages bas qui dissimulaient l'astre du jour.

Bon ... Où qu'c'est l'Ouest ?
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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeSam 25 Juil - 8:51


Ah, l'innocence de Quintilius ! Merula s'en émerveillait souvent. C'était l'une des choses qu'il appréciait chez son compère, car cela lui rappelait, de manière agréable, qu'il était la tête pensante de leur duo, l'homme instruit, le stratège, le visionnaire. C'est généralement au milieu des simplets que rayonne le génie des Grands.

Ils étaient à peine sortis que, déjà, Quintilius faisait appel à la sagesse du jeune patricien. L'Ouest... Merula se caressa le menton, pensif, tandis qu'il jetait un œil au ciel. « C'est facile, Quintilius, pour trouver l'ouest il faut d'abord regarder où est le soleil. Bon, c'est un peu couvert aujourd'hui. Et si nous ne pouvons pas voir le soleil, Quintilius, cela signifie qu'il ne s'est pas encore levé. » Il aimait prendre des intonations de professeur lorsqu'il expliquait les choses. Il avait toujours aimé expliquer. C'était gratifiant, de transmettre le savoir. « Or, de quel côté se lève le soleil ? A l'ouest, naturellement. Mais puisqu'on ne le voit pas, ça veut dire qu'il se trouve encore à l'est ce matin. Et donc, euh...  » il fronça les sourcils, sentant qu'il se perdait dans sa propre explication. Mais du coup, c'est où l'est ? « Il faut aller par là », dit-il en indiquant une direction au hasard.

Tout en marchant, Merula se mit à réfléchir à haute voix à tout ce qu'ils avaient appris depuis leur réveil, au cours de cette matinée mouvementée.

« Récapitulons ce que nous savons, Quintilius. Hier soir, Condylome était bel et bien avec nous lorsque nous avons commencé à nous en jeter derrière la toge. Nous avons sympathisé avec des inconnus, noué de belles amitiés, qui se sont malheureusement soldées par quelques décès regrettables. Dans la foulée, nous avons perdu Condylome dans des circonstances qui demeurent mystérieuses, et nous avons aussi dérobé leurs vêtements à des prêtres de Paa qui semblaient vouloir nous voler Calpurnia - pour des raisons tout aussi obscures. Finalement, nous avons trouvé refuge dans la maison d'un maigrichon très laid qui s'est fait égorger par une poule - là encore, j'ignore pourquoi, même si je suppose qu'il l'avait bien mérité. »

Il fronça les sourcils. Quel casse-tête. Il espérait que leur petite enquête leur apporterait des réponses, et non de nouvelles questions. Peut-être pourraient-ils interroger les passants lorsqu'ils auraient atteint le pont. D'ailleurs, curieusement, il ne voyait ni pont ni fleuve ; ils s'enfonçaient dans des ruelles de plus en plus étroites et de plus en plus désertes. Des vieillards assis sur des marches les regardaient fixement, et Merula avala sa salive.

« Je me demande si cette garce de petite fille ne nous a pas envoyés exprès dans la mauvaise direction... c'était peut-être un piège. Elle ne m'avait pas l'air nette », dit-il en fronçant les sourcils, parce qu'il avait encore en travers de la gorge le fait qu'elle ait câliné Quintilius et pas lui. « Quintilius, j'ai peur, il n'y a que des vieux ici. Condylome est sûrement mort, on devrait peut-être arrêter les recherches et rentrer à Edelmia ? Je suis sûr que c'est ce qu'il aurait voulu. »
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeLun 27 Juil - 20:23

C'est facile, Quintilius, pour trouver l'ouest il faut d'abord regarder où est le soleil. Bon, c'est un peu couvert aujourd'hui. Et si nous ne pouvons pas voir le soleil, Quintilius, cela signifie qu'il ne s'est pas encore levé. Or, de quel côté se lève le soleil ? A l'ouest, naturellement. Mais puisqu'on ne le voit pas, ça veut dire qu'il se trouve encore à l'est ce matin. Et donc, euh...

Un raisonnement implacable. Probablement. Il l'avait perdu au bout de la deuxième phrase. Il y avait beaucoup trop de mots qui s'enchaînaient avec rapidité pour que le pénule ne se fusse pas noyé par la démonstration rhétorique de Titus.

Il faut aller par là.

Merula désigna une direction et Quintilius hocha la tête avant d'emboîter le pas de son compère, Pupu trottinant à ses côtés, levant le groin pour renifler les embruns de la ruelle. Titus récapitula calmement les quelques informations glanées depuis leur réveil vaseux dans le taudis de Corculla.

Récapitulons ce que nous savons, Quintilius. Hier soir, Condylome était bel et bien avec nous lorsque nous avons commencé à nous en jeter derrière la toge. Nous avons sympathisé avec des inconnus, noué de belles amitiés, qui se sont malheureusement soldées par quelques décès regrettables. Dans la foulée, nous avons perdu Condylome dans des circonstances qui demeurent mystérieuses, et nous avons aussi dérobé leurs vêtements à des prêtres de Paa qui semblaient vouloir nous voler Calpurnia - pour des raisons tout aussi obscures. Finalement, nous avons trouvé refuge dans la maison d'un maigrichon très laid qui s'est fait égorger par une poule - là encore, j'ignore pourquoi, même si je suppose qu'il l'avait bien mérité.

Les sourcils froncés, les lèvres pincés et les amygdales luttant contre les relans de vomi, Lamius tentait de prendre un air concentré pour reconstituer le puzzle de leur soirée teintée d'amnésie.

C'est vrai qu'il avait une sale gueule.

La remarque lui échappa, comme une épiphanie, un partage involontaire de ses pensées que Pupu salua d'un grognement appréciateur. Elle avait, semblait-il, elle aussi détester le faciès de ce maigrichon aux traits agaçants. À force d'arpenter les ruelles étroites du quartier, le trio déboucha, non pas sur le pont recherché mais sur une espèce de petite place aux pavés sales. Un groupe de vieillards les observaient en s'appuyant sur leurs cannes tordues. Titus se tourna vers Quintilius, visiblement mal à l'aise.

Je me demande si cette garce de petite fille ne nous a pas envoyés exprès dans la mauvaise direction... c'était peut-être un piège. Elle ne m'avait pas l'air nette. Quintilius, j'ai peur, il n'y a que des vieux ici. Condylome est sûrement mort, on devrait peut-être arrêter les recherches et rentrer à Edelmia ? Je suis sûr que c'est ce qu'il aurait voulu.

Le pénule se laissa entraîner par Calpurnia qui semblait intéressé par le groupe de vieux alors que Titus achevait sa phrase. Le suidé tâcheté émit un petit grognement devant le premier vieillard avant d'être prise d'une quinte de toux. Pour qui n'a jamais entendu un cochon tousser, l'expérience peut s'avérer cocasse, voir perturbante. Le corps rond de Pupu fut pris de convulsions et elle ouvrit grand la gueule. Dans un rot, dressant sa queue tirebouchonnée au-dessus de son fessier rebondi et cracha un objet doré sur le petit vieux qui fut aspergé de bile et de pelures à demi-digérées.

Oula, désolé vieil homme !

Il ne s'attarda pas plus sur le pauvre vieux qui avait servi de bassine pour vomi porcin et se pencha sur l'objet doré. On aurait dit une statuette représentant un homme ailé avec des chaînes entourant ses bras pour pendre jusqu'à ses pieds pour s'enrouler et former le socle de la petite sculpture. Quintilius leva l'objet devant son visage, fronçant le nez face à l'odeur et grattant la truie derrière les oreilles pour la soulager après avoir rendu ce qui la gênait tant. Il se tourna vers Titus en arquant un sourcil.

Dis, ça serait pas Paa ? J'veux dire Paa, pas papa hein ... Non parce qu'on aurait pu croire que je disais papa mais ...

Sentant qu'il s'enfonçait dans son explication plus qu'il s'en extrayait, il s'interrompit, fit un court silence avant de reprendre calmement.

C'est ptet pour ça qui voulaient Pupu ces salauds !

À croire que tout les menaient vers le temple du Dieu de la Mort et les prêtres que le pénule avaient copieusement rossé quelques instants plus tôt.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMar 11 Aoû - 8:40


Merula considéra avec circonspection la statuette dorée dégoulinante de jus de cochon. Il faudrait sans doute longtemps avant qu'il retrouve le goût de manger du boudin. Cela étant, les résidus de viscères porcines n'étaient pas ce qui le dérangeait le plus avec cet objet ; le problème, c'était ce que tout ça signifiait. Il aurait aimé que ce nouvel indice ne les ramène pas, une fois encore, vers le temple de la mort. Curieusement, il était assez réticent à l'idée de se frotter au clergé de Paa, même après la correction que Quintilius leur avait infligée. Ils risquent de nous en tenir rigueur.

Las, il fallait bien se rendre à l'évidence. Si même un simplet comme Quintilius avait compris que tout les ramenait au temple, un esprit aussi affûté que celui de Merula ne pouvait l'ignorer non plus. Il fallait regarder la vérité en face. Ils n'avaient pas le choix.

« Nous pourrions rapporter cette statuette au temple, et ils nous rendraient Condylome en échange... Ils pourraient aussi se venger et nous offrir en sacrifice à Paa pour calmer sa colère. Sans être d'un naturel anxieux, je dois avouer que cette éventualité ne me plaît pas des masses. » Il haussa les épaules. « Mais puisque je n'ai pas de meilleure idée, faisons ça. Après avoir mangé un morceau et trouvé de nouveaux vêtements. »

Il valait mieux ne pas se pointer là-bas dans les robes sacerdotales qu'ils avaient volées - et qui étaient maintenant tâchées de dégueulis et du sang des hommes que Quintilius avait fracassés tout à l'heure. Par ailleurs, l'estomac de Merula commençait à faire grouiiiiiiiiiiiikk, et il se sentait un peu faiblard... le contrecoup de leur réveil mouvementé et de la longue course qu'ils venaient de faire, sans avoir eu le temps de se remettre de leur douloureuse gueule de bois. Il allait probablement rendre tout ce qu'il allait manger, mais il avait besoin de reprendre des forces.

« Cette enseigne a l'air authentique, et la carte alléchante », dit-il en pointant du doigt une auberge miteuse enclavée entre deux insulas bondées. Au-dessus d'une porte étroite et rouillée, une vieille pancarte pendait tristement, menaçant de s'effondrer, et l'on pouvait y lire le coquet nom de l'établissement : Bien'vnu la Taverne de Chez Maman la Grosse Cochonne. « Si ce n'est pas là un signe du destin ! Allons nous restaurer, nous n'en serons que plus efficaces pour poursuivre nos recherches. »

Il n'attendit pas que Quintilius approuve cette décision. N'était-il pas, après tout, la tête pensante de leur duo ? Il poussa la porte avec entrain, laquelle s'ouvrit dans un grincement sinistre, et il lança à la cantonnade : « tournée générale ! » Cet appel provoquait d'ordinaire une salve d'applaudissements et de cris approbateurs, mais point aujourd'hui. Un profond silence régnait dans les lieux, il faut dire qu'en-dehors d'un vieux tenancier à l'air grognon qui les toisait depuis son comptoir, il n'y avait pas un rat dans le minuscule boui-boui. « Garçon, nous avons faim ! Qu'y a-t-il au menu ?
- On n'a pu d'cochon »
, grogna le tenancier, « y'a pu rien à servir aux clients... hé, mais deux s'condes, mais c'est-y pas qu'z'en avez un beau, vous, d'cochon. 'vec des pommes, c'peut être fameux. »

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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeJeu 13 Aoû - 17:48

Les deux compères restèrent aussi coi que con devant l'objet qu'avait expectoré la truie. L'animal semblait vaillant et ne prétait guère attention au dit objet et secouait la tête pour chasser quelques mouches aventureuses qui tentaient d'entrer dans ses grandes oreilles triangulaires. Titus émit alors sa conclusion, confirmant ce que Quintilius pensait déjà.

Nous pourrions rapporter cette statuette au temple, et ils nous rendraient Condylome en échange... Ils pourraient aussi se venger et nous offrir en sacrifice à Paa pour calmer sa colère. Sans être d'un naturel anxieux, je dois avouer que cette éventualité ne me plaît pas des masses. Mais puisque je n'ai pas de meilleure idée, faisons ça. Après avoir mangé un morceau et trouvé de nouveaux vêtements.

Le pénule hocha la tête, signifiant son accord avec le plan de Merula qui renchérissait en pointant une porte au-dessus de laquelle pendait une enseigne aux couleurs délavées. Quintilius ne sut lire le nom de l'auberge, mais le cochon qui trônait sur la plaque de bois lui inspirait confiance.

Cette enseigne a l'air authentique, et la carte alléchante. Si ce n'est pas là un signe du destin ! Allons nous restaurer, nous n'en serons que plus efficaces pour poursuivre nos recherches.

Un nouveau hochement de tête approbateur plus tard, le trio entra dans l'auberge alors que Titus gueulait son sempiternel salut en entrant dans le moindre estaminet.

Tournée générale !

L'annonce aurait eu bien plus d'effet si des clients étaient déjà attablés ou accoudés au comptoir. Seulement, ici, il n'y avait personne en dehors de l'aubergiste. Le jeune patricien ne s'en laissa pas compter et engagea la conversation avec le tenancier, à l'aspect aussi moisi que son commerce.

Garçon, nous avons faim ! Qu'y a-t-il au menu ?
On n'a pu d'cochon hé, mais deux s'condes, mais c'est-y pas qu'z'en avez un beau, vous, d'cochon. 'vec des pommes, c'peut être fameux.

Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous ces fumiers à vouloir cuire Pupu ? À l'évocation de l'aubergiste, Quintilius réagit au quart de tour avec toute la pédagogie qui le caractérisait. D'une main, il empoigna le col de l'aubergiste et le tira vers lui pour le faire passer par-dessus le comptoir. En plein vol, Lamius rabattit sa main gauche sur la face grêlée de petite vérole de l'enfoiré et lui planta la tête dans le bois vermoulu. Le pauvre homme geignit de douleur et Quintilius se pencha sur lui pour s'approcher de son oreille. Il chuchota mais l'agacement qu'il ressentait était tout à fait reconnaissable.

Et la langue de connard, tu connais ? Avec des pains dans la gueule, c'est fameux. Tes pommes tu peux te les carrer dans l'fion et si tu parles mal de mon cochon, c'est moi qui te les enfile ... PERSONNELLEMENT !

Il lâcha son étreinte furieuse et laissa le bonhomme glisser mollement de l'autre côté du comptoir. Il s'accroupit et caressa Calpurnia entre les oreilles avec un sourire presque enfantin. Sans un regard de plus vers le tenancier, il s'adressa à lui avec un ton qui ne semblait pas tolérer le refus.

Si qu't'as rien à manger, tu peux nous donner des stolae qu'on ait l'air un peu plus ... Euh ... Comment qu'on dit ?

Il avait tourné les yeux vers Titus, comme si le jeune homme avait la réponse inscrite sur son front. Il apparut que c'était le cas puisque le mot qu'il cherchait jailli dans son esprit simple.

Civil ! ... Et pi on prendra les pommes tant qu'à faire.

Il se redressa et abattit le plat de sa main sur le bar branlant.

Allez ! Au trot ! On doit r'trouver Condylome !
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMer 2 Sep - 23:31


Quintilius, avec ses mots à lui, savait attendrir les cœurs les plus revêches. Comme souvent, Merula se félicitait d'être accompagné de ce brave garçon plein de ressources, dont les qualités insoupçonnées savaient si bien compléter les siennes.

Le tenancier malmené maugréa bien quelque peu, mais le regard peu amène de Quintilius, comme le souvenir cuisant de la torgnole qu'il venait de se manger, l'avaient rendu doux comme un agneau. La générosité forcée du maître des lieux permit à nos deux héros de se régaler de quelques pommes. Il sera plus agréable d'avoir dans le ventre quelque chose à vomir, songeait le sage Merula, et tandis qu'il machonnait son dernier quartier, le tenancier leur rapportait deux stolae qui traînaient dans un de ses placards. « T'nez, c'devrait êt' vot' taille », leur dit-il en grognant, brandissant les tenues sous leur nez. Merula remercia d'un sourire le brave homme, avant de considérer avec curiosité les fripes qui leur étaient présentées. Il avait raison, c'était bien leur taille, et les vêtements étaient en bon état. Cela ferait merveille, à ceci prêt que ces stolae étaient des tuniques de femmes.

Merula allait relever ce petit désagrément et réclamer d'autres tenues, quand lui vint une idée de génie. Se tournant vers Quintilius, ses lèvres s'étiraient d'un large sourire. « Tu penses à ce que je pense ? » Le silence qui s'ensuivit était signe que non. « Nous allons nous déguiser en rombières, mon bon Quintilius, ce sera plus discret et plus facile pour approcher le temple sans que l'on nous reconnaisse. En plus, tu as la poitrine pour ! » Il illustra son propos en tapotant le téton gauche de son compère. « Il faut juste qu'on trouve des cheveux. »
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeVen 4 Sep - 14:15

Attablés, nos deux compères se remplissaient la panse de pommes à la peau verdâtre. Même Pupu eut droit à son fruit et la truie émit de petits grognements satisfaits en se délectant de son côté. Il ne fallut que peu de temps à l'aubergiste pour amener les vêtements qu'avait exigé le pénule à grands renforts de mandales.

T'nez, c'devrait êt' vot' taille

Le ton du bonhomme était légèrement contrit et Quintilius tempéra ses ardeurs d'un simple coup d'oeil en coin. Titus se montra plus cordial et poli et après avoir remercier le tenancier et considérer les stolae qu'on leur avait prêté. Une lueur de malice brilla dans les yeux du jeune homme qui se tourna avec entrain vers son camarade de gueule de bois.

Tu penses à ce que je pense ?

Merula plongea son regard au fond de celui de Quintilius et face à la profondeur abyssal du gouffre de l'incrédulité, il dut être pris de vertiges. Ne s'en laissant pas compter, il surenchérit, expliquant le fond de sa pensée devant le regard vitreux et éteint du plébéien qui demeurait interdit.

Nous allons nous déguiser en rombières, mon bon Quintilius, ce sera plus discret et plus facile pour approcher le temple sans que l'on nous reconnaisse. En plus, tu as la poitrine pour !

Comprenant à moitié l'insinuation du fils de son patron, il baissa son regard vers la main de Titus qui lui pelota le sein gauche du bout des doigts. Le pénule fronça les sourcils, ne sachant guère s'il appréciait de devoir se travestir. Il chassa bien vite ses doutes en se disant que Merula avait bien plus de sens que lui et qu'il avait sans doute raison.

Il faut juste qu'on trouve des cheveux.

Lamius se saisit le menton entre le pouce et l'index et se mit à réfléchir. Où qu'c'est-y qu'on pouvait trouver des cheveux ? La réflexion fut intense, le bougre n'était pas coutumier du fait, et il eut soudain une épiphanie. Il frappa de la main sur la table et se leva d'un bond en empoignant deux pommes.

Bouge pas !

Il se dirigea vers la sortie sous le regard incrédule de Calpurnia qui s'était étalé de tout son long sur le sol. Quintilius lança par-dessus son épaule avant de sortir.

Surveille Pupu, j'en ai pour deux minutes !

Il traversa la petite place où la truie avait vomi la statue dorée et se dirigea vers une échoppe de barbier. Il la dépassa sans un regard et se planta devant une paire de chevaux dont les rênes étaient noués à la va-vite autour d'un pilier. D'un geste prudent, il leur caressa le mufle et le chanfrain. Il offrit les pommes qu'il avait emmené quelques instants plus tôt et les animaux ne se firent pas prier pour avaler cet encas sucré. Il glissa sa main le long de la crinière et longea les bêtes qui ne prêtaient plus vraiment attention à lui. Il dégaina sa dague en arrivant au niveau de la croupe des chevaux. Il se saisit de la queue du premier en la tenant bien haut et coupa la queue de l'animal d'un coup sec. Il tapota le cul du bidet en lui adressa un petit claquement de langue appréciateur puis effectua la même opération sur le second animal. Il rengaina sa dague et reprit le chemin de l'auberge en passant de nouveau devant l'échoppe de barbier puis le groupe de petits vieux qui le toisaient en silence sur leur banc de pierre et ouvrit la porte de l'auberge en grand. Il brandit triomphalement le crin des animaux.

C'est bon ! Tu veux brune ou blonde ?

Des éclats de voix s'élevèrent depuis l'autre côté de la place. Parmi les vociférations et les noms d'oiseaux qui volaient, Quintilius ne saisit qu'une partie des cris de celui qui semblait être le propriétaire des chevaux.

Qui est l'enfant de putain qui a fait ça à mes bidets ?!

Quintilius referma la porte immédiatement et tourna vers Titus un regard d'enfant pris en pleine bêtise.

Par Kuo, j'avais pas pensé à ça.
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeDim 13 Sep - 1:46


Comme retentissaient les vociférations du propriétaire des chevaux mutilés, la première idée de Merula fut de prendre ses jambes à son cou. Ne s'étaient-ils pas fait assez d'ennemis ? Mais alors lui vint une meilleure idée. « Le brun t'ira mieux au teint », lança-t-il à Quintilius, et il s'empara de la queue de cheval blonde. Jetant la stola par-dessus ses épaules, il apostropha le tavernier : « il nous faudrait des châles, mon brave. » Le propriétaire des lieux les considérait d'un air des plus ahuris, mais il eut la présence d'esprit d'obéir. Quelques instants plus tard, Merula rabattait sur sa tête une palla, laissant dépasser judicieusement le crin blond afin de laisser entrevoir sa fausse chevelure. « Si nous devons abuser les prêtres du temple, mieux vaut mettre à l'épreuve notre déguisement tout de suite. »

Ainsi grimé, Merula sortit dans la rue et s'efforça d'adopter une démarche féminine. N'étant pas coutumier de ce type de rôle, peut-être exagéra-t-il quelque peu le personnage, comme en témoignait la manière dont il roulait du derrière en se dandinant. « Prends une voix aigûe, Quintilius... Quintilia, et essaie d'être moins, enfin, moins... bon, fais comme tu peux, mais ne montre pas trop tes dents. »

Le propriétaire des chevaux courait comme un dératé, soufflant comme un buffle, les joues rouges et le regard fou, prenant à parti les passants : « on a mutilé mes chevaux, enfants de putain ! Y'en a d'autres à qui on va couper la queue, c'est moi qui vous l'dit ! » Comme il passait à leur hauteur, Merula prit les devants :

« Quelle horreur ! » s'exclama-t-il d'une voix suraigûe, « mais quel malotru peut bien s'en prendre à d'innocentes bêtes ? Ah, je suis outrée, je suis même furieux... euse ! » Se tournant vers Quintilius, il ajouta : « n'es-tu pas outrée, Quintilia ? Oh, mais Quintilia, tu aurais pu te raser ce matin, tout de même ! »
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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeDim 13 Sep - 15:25


Depuis l'intérieur de l'auberge, on entendait les cris contrariés du propriétaire des chevaux mais Titus parvint en faire fi pour mettre en oeuvre son plan génial. Le jeune patricien se saisit de la touffe blonde en offrant à Lamius la brune.

Il nous faudrait des châles, mon brave.  Si nous devons abuser les prêtres du temple, mieux vaut mettre à l'épreuve notre déguisement tout de suite.
Ah ouais ?

Et sur ces mots plein d'à propos, Titus se grima puis aida son rustaud de compagnon à en faire de même. Le regard du tavernier s'emplit d'une lueur moqueuse en découvrant nos deux compères travestis mais il se retint de rire devant Quintilius qui le considérait d'un mauvais oeil. Même Pupu demeurait ébaubi devant le spectacle du patricien qui ouvrait la porte du boui-boui en donnant ses consignes au pénule.

Prends une voix aigüe, Quintilius... Quintilia, et essaie d'être moins, enfin, moins... bon, fais comme tu peux, mais ne montre pas trop tes dents.

Fiooouu ! Il était doué le salaud. Jouant de sa voix de falsetto, roulant du bassin comme la pire des catins qui appâtait le chalan, Quintilius dut admettre que le jeune patricien avait du talent. On y croyait, du moins lui il y croyait. Il s'efforça d'imiter le déhanché chaloupé de son camarade mais il n'avait pas la grâce naturelle de Titus. Il bougeait ses hanches de droite à gauche mais son corps formait des angles droits et on aurait plus dit qu'il avait un problème articulaire lorsqu'il se déplaçait que le pas félin d'une femme. Pupu, elle aussi, roulait des jambons, pensant sûrement que c'était un nouveau jeu que Quintilius lui proposait et dans lequel elle était avide de plonger. Le gueulard continuait ses plaintes sonores en approchant du trio.

On a mutilé mes chevaux, enfants de putain ! Y'en a d'autres à qui on va couper la queue, c'est moi qui vous l'dit !
Quelle horreur ! Mais quel malotru peut bien s'en prendre à d'innocentes bêtes ? Ah, je suis outrée, je suis même furieux... euse ! N'es-tu pas outrée, Quintilia ? Oh, mais Quintilia, tu aurais pu te raser ce matin, tout de même !

La fausse Quintilia porta machinalement la main sur son menton et ses joues, et les poils en repousse crissèrent sous ses doigts larges et calleux.

Ah ouais !

Sa voix grave et légèrement enrouée était venu naturellement et il tenta de poursuivre en déguisant sa voix. malheureusement, c'était plus une voix pincée et nasillarde qui quitta ses lèvres alors qu'il rabattait le pan de son voile devant son visage.

T... Toi aussi Titus ... Sia ... Ce n'est pas convenable devant ces messieurs !

Pupu n'avait pas de voile pour se cacher et n'en avait pas besoin. Personne n'aurait pu remettre en cause la féminité de la truie qui suivait les deux gaillards postichés. Quintilia saisit sa compagne par le bras et essaya de l'entraîner vers la ruelle d'où ils avaient émergés quelques temps plus tôt.

Viens, Condylome nous attend au temple !
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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeDim 27 Sep - 12:33


Le propriétaire des chevaux se contenta de leur jeter un regard plein de dégoût. Réprimant un haut-le-cœur, il se désinteressa rapidement des deux immondes bonnes femmes et traça sa route. « Notre plan a fonctionné », se réjouit Merula tandis que Quintilius l'entrainaît dans la direction du temple. « C'était remarquablement bien pensé, mais en même temps, c'était mon idée. »

La suite, malheureusement, allait s'avérer être une autre paire de manches. Comme ils arrivaient devant le sinistre édifice consacré au dieu des morts, Merula fut pris d'un frisson. Malgré leur déguisement infaillible, il ne pouvait s'empêcher d'avoir le sentiment de se jeter dans la gueule du loup. Et puis, pour ne rien arranger, des hommes portant la bure des prêtres distribuaient aux passants des parchemins sur-lesquels étaient griffonnés des dessins. « Ouvrez l'œil et prévenez-nous si vous voyez ces dangereux criminels ! » lançait l'un d'eux, et comme ils passaient à proximité, Merula trouva que les dessins lui évoquaient étrangement son propre visage (en moins beau) et celui de Quintilius (en moins laid), et il y avait même un cochon.

« Bonjour, on vient prier, faites pas attention à nous », dit Merula en passant devant l'un des prêtres, reprenant sa voix suraigue de vieille catin défraîchie.

Le prêtre haussa les sourcils en remarquant Calpurnia, et son regard passa tour à tour du dessin à l'étrange équipage qu'ils formaient tous les trois.

« Les cochons ne sont pas admis au temple, dit le prêtre.
- C'est pour faire une offrande, répondit Merula et, sentant que Quintilius risquait de s'inquiéter pour sa truie, il ponctua cette phrase d'un clin d'œil appuyé pour son camarade.
- Pourquoi lui fais-tu un clin d'œil ? » s'étonna le prêtre. « Vous êtes très bizarres, tous les trois.
- Un clin d'œil ? Mais pas du tout ! J'ai une faiblesse à l'œil droit à cause d'un accident, j'ai euh, je me suis pris une porte l'autre jour. Mon œil cligne tout seul depuis.
- Il cligne plus, là.
- Si, si, regarde, il cligne.
- Tu fais exprès.
- Absolument pas, c'est totalement involontaire.
- Il clignait pas tout à l'heure.
- Mais si.
- Mais non.
- Mais si.
- Mais non.
- Mais si. »


La conversation semblait bien partie pour durer.
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Quintilius Lamius

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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeMar 29 Sep - 18:58

Notre plan a fonctionné. C'était remarquablement bien pensé, mais en même temps, c'était mon idée.

C'était bien vrai que ce jeune homme avait oublié d'être con. À chaque nouvelle strate d'improvisation, Quintilius ne pouvait que s'étonner de l'inventivité de Merula autant que de la réussite systématique de son plan. Lui, il avait des plans bien plus simples qui, même s'ils se montraient efficaces et radicaux manquaient de finesse, même lui le remarquait. Il devait se nourrir de la capacité d'adaptation de son compère, il en était convaincu. Une fois de plus, Titus fit preuve de sa réactivité lorsque les deux mégères mal rasées et leur élégante truie de compagnie déboulèrent devant l'entrée du temple de Paa où les membres du culte s'activaient à chercher deux individus et un cochon. Les portraits griffonnés sur le vélin étaient assez grossiers pour qu'ils puissent correspondre à la moitié de la cité, mais la présence de leur camarade porcin réduisait grandement le champ du possible. Malgré tout, Titus prit les devants avec sa voix de fausset.

Bonjour, on vient prier, faites pas attention à nous.

Simple, élégant, discret. Intérieurement, Quintilius prenait note et tentait d'intégrer les rouages subtiles avec lesquels son camarade jouait pour que leur mensonge ne fusse évanté. Cependant, un des prêtres les héla d'une voix sèche.

Les cochons ne sont pas admis au temple.
C'est pour faire une offrande.

Ah le salaud ! Le clin d'oeil fit comprendre au pénule que cela faisait parti de la comédie qu'ils jouaient. Comme si s'habiller en donzelles ne suffisait pas. Le prêtre observa les travestis d'un oeil inquisiteur avant de rétorquer d'un air réprobateur.

Pourquoi lui fais-tu un clin d'œil ? Vous êtes très bizarres, tous les trois.

Un clin d'œil ? Mais pas du tout ! J'ai une faiblesse à l'œil droit à cause d'un accident, j'ai euh, je me suis pris une porte l'autre jour. Mon œil cligne tout seul depuis.
Il cligne plus, là.
Si, si, regarde, il cligne.
Tu fais exprès.
Absolument pas, c'est totalement involontaire.
Il clignait pas tout à l'heure.
Mais si.
Mais non.
Mais si.
Mais non.
Mais si.

L'échange durait et Lamius sentait bien que c'était à lui de mettre fin à celui-ci. Il était déterminé à faire honneur à son camarade en usant de subtilité et de capacité d'improvisation. Après quelques instants de réflexion, une solution lui apparut, limpide. Il s'écria avec sa voix pincée de Quintilia.

Par Kuo, attention, une guêpe !

S'en suivit un immense coup de pied dans l'entrejambe du prêtre qui fut pris d'une telle douleur qu'aucun son ne sortit de sa bouche pourtant grande ouverte. Il s'immobilisa, les genoux pliés et rentrés vers l'intérieur, les mains empoignant son paquet remonté derrière son pubis et rougit avant de blémir en émettant un petit sifflement et de tomber à la renverse. Quintilia poussa Titusia du coude pour s'éloigner tranquillement du prêtre qui se tortillait au sol, de grosses larmes roulant sur ses joues. Pupu ouvrit la voie et alors que les deux compères s'éloignaient, le pénule s'écria en gardant sa voix féminine.

La malédiction de Sanaan ! Il est maudit par Sanaan ! Faites venir un medicus !!

La foule se tourna vers l'homme qui se roulait de douleur sur les pavés en émettant des hoquets choqués et dégoutés. Les curieux s'approchaient du malheureux avec un voyeurisme malsain qui servit d'écran aux deux travelos qui passaient les colonnes qui les séparaient de la pénombre qui régnait dans le lieu saint. Des vapeurs d'encens vinrent chatouiller les narines de Quintilius qui fronça le nez pour ne pas éternuer avant de se tourner vers Titus.

Bon ! Au moins, on est d'dans !
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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius]   La Légende des Chevaucheurs de Truie [Quintilius] I_icon_minitimeLun 26 Oct - 22:29


Décidément, notre duo fait des merveilles, songeait Merula tandis qu'ils pénétraient dans le temple. En dépit du merdier dont ils cherchaient tant bien que mal à se dépêtrer, chacun de leurs stratagèmes semblait porter ses fruits. C'était à croire que la main de quelque dieu les guidait pour mieux les mener à Condylome. Mais était-ce vraiment pour leur bien, ou s'agissait-il au contraire de les conduire dans la gueule du loup ? Cela, ils le découvriraient sous peu ; en tout état de cause, il était trop tard pour faire marche arrière.

Le temple de Paa était un endroit sinistre et austère. Les poutres du plafond étaient chargées de toiles d'araignées dont s'échappaient des filaments, lesquels flottaient dans le vide avant d'échouer sur un sol de grès noir poussiéreux. Quelques effigies accrochées aux murs, grossièrement sculptées dans du bois de mauvaise qualité, semblaient représenter le dieu, tout juste reconnaissable à ses grandes ailes. Au fond de la longue salle, un groupe d'individus en robes noires s'adonnait à la prière. Ils murmuraient des choses inaudibles, que l'écho transportait d'un bout à l'autre de la salle sans les rendre intelligibles.

Tout en marchant, Merula se tourna vers Quintilius et Pupu. « Tâchons de ne plus nous faire remarquer désormais. » Il trébucha sur une carafe qui traînait par terre, et il se vianda avec fracas. Les prieurs se retournèrent, leur jetant un regard tout à la fois interloqué, agacé et dubitatif, avant de retourner à leur culte. « A partir de maintenant », précisa Merula en se relevant.

A droite du groupe de prière, Merula repéra une porte discrète. Désignant celle-ci d'un signe de tête, il souffla à son comparse :

« Cette porte permet probablement d'accéder au soubassement du temple. Là où le clergé de Paa entasse tous ses noirs secrets. Objets magiques, trésors cachés, esclaves et prisonniers. Songes-y, Quintilius ; je mettrais ma main au feu que nous y trouverons Condylome... nous touchons au but. »

Restait à trouver un moyen ingénieux pour qu'on les laisse emprunter cette porte. Une occasion pour Merula de mettre en œuvre, encore une fois, tout le génie dont il était capable.

« Frappe-moi et dis-leur que j'ai essayé de te tripoter les nichons. Ainsi, ils m'emmèneront en bas pour me faire prisonnier. Ensuite... il ne te restera plus qu'à trouver un moyen de nous libérer, Condylome et moi. »

Il esquissa un grand sourire, très fier de son stratagème. Néanmoins, il avait l'impression d'omettre un détail. Hmm, c'est une bonne idée mais tout bien réfléchi, ça ne va peut-être pas nous avancer à grand-chose.

« En fait, non, attends, on va faire autrement. Accorde-moi une minute, il faut que je réfléchisse. Dis à Pupu de me lécher les genoux, ça m'aide à me concentrer. »

Pendant qu'il réfléchissait, les prêtres poursuivaient leurs prières. Deux d'entre eux psalmodiaient des propos incompréhensibles, mais le timbre de leur voix évoquait une lamentation, comme s'ils pleuraient une perte terrible. Sur l'autel disposé en face d'eux se tenait tout un tas de babioles, et au milieu, il y avait un socle en bronze, imposant, probablement destiné à exposer quelque chose d'important, mais il n'y avait rien dessus. Merula remarqua bien cette étrangeté, mais son attention ne tarda pas à être accaparée par tout autre chose.

Des bruits de pas résonnaient derrière eux. Se retournant, Merula distingua une jeune femme au visage beau et triste. Il fallut quelques secondes à son esprit embrumé pour la remettre : c'était la fille du vieil homme qu'ils avaient entraîné dans leur folie hier soir et qui était mort sous leurs yeux ce matin. Oh, misère, mais que vient-elle faire ici ?

La jeune femme, elle, mit beaucoup moins de temps que lui à les reconnaître - et ce en dépit de leur déguisement sophistiqué.

« Je pensais bien vous retrouver ici... » avança la jeune femme, timidement, avant d'ajouter : « Pourquoi êtes-vous déguisés en prostituées ? »
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