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 Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]

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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeLun 16 Nov - 0:41


Troisième jour de Tertio Seminare 399

Le printemps tirait vers l'été, et le Valis scintillait de reflets bleu vert sous les rayons d'un soleil éclatant. Suivant le cours du fleuve, chevauchant un bel étalon bai, Titus Sevinius Merula savourait la quiétude ambiante, en dépit de la fatigue qui marquait durement ses traits. Son visage était émacié, ses paupières étaient alourdies de cernes, ses vêtements maculés de poussière, et il puait... ! Il exhalait une espèce d'odeur de moisi, mêlée de transpiration et moult choses inavouables, qui tenait les curieux à l'écart quand son allure ne suffisait pas.

Le voyage n'avait pas été une partie de plaisir, loin s'en faut. Son départ précipité d'Edelmia l'avait vu improviser une équipée en solitaire, privé de son escorte et de ses bagages. La route était suffisamment fréquentée pour qu'il n'ait trop à s'en faire pour sa sécurité - du moins pour ce qui était du brigandage - mais il s'était retrouvé livré à lui-même, sans argent ni vivres, avec pour seuls vêtements ceux qu'il avait sur le dos à son départ - et qui avaient changé de couleur au fil des jours - ne pouvant compter, pour se rassurer, que sur sa bonne épée Chaude-Pisse, et pour seule compagnie, l'étalon bai qu'il avait chipé au fils du préteur. Les premiers jours, il avait longé les lisières du Quenicum. Contraint de dormir sous le couvert des arbres, il n'avait osé s'aventurer trop loin dans les profondeurs du bois hanté. Il avait bien fallu, pourtant, qu'il trouve à se nourrir, aussi avait-il improvisé une partie de chasse, mais sans arc ni matériel adéquat, ni aucun talent en la matière, il avait dû se rabattre sur d'autres expédients. Il les avait trouvés en tombant par hasard sur des champignons, dont il s'était largement rassasié, ce qui lui avait permis de s'endormir contre une souche d'arbre le ventre bien plein. Le lendemain, une chiasse de tous les diables lui avait déchiré les boyaux, et le sort lui aurait probablement été fatal sans l'aide providentielle d'un prêtre itinérant qui bivouaquait lui aussi dans les parages. Le vieil homme l'avait soigné à l'aide d'herbes dont il avait le secret, et l'avait nourri de viande séchée dont il avait quantité en sa besace. Le soir, son bienfaiteur avait rassasié Merula des récits de ses voyages, avant que le sommeil ne les prenne tous les deux. Au petit matin, Merula était reparti, laissant son bienfaiteur dormir quelques heures de plus - et accessoirement, l'ayant délesté de sa besace avec ses provisions.

A partir de là, les choses s'étaient déroulées plus simplement. La faim n'étant plus un problème, la solitude était devenu le principal souci de Merula, qui s'était mis à faire la conversation à son cheval. Mais l'étalon bai n'était pas un compagnon des plus loquaces.

Un matin, il avait été réveillé par des hennissements de chevaux dans le sous-bois où il s'était endormi. Il avait aussitôt éteint les dernières braises du maigre foyer qu'il avait allumé la veille, et guidé son cheval derrière d'épais fourrés. Caché entre les ronces et les orties, il avait vu des cavaliers se livrer à une inspection des environs. Ceux-ci avaient finalement tourné bride, allant poursuivre leurs investigations plus loin. Merula avait repris sa route, la peur au ventre pesant sur ses intestins encore convalescents. Une autre fois, alerté par des bruits de voix, il avait passé une journée entière caché dans une souche d'arbre, avant de réaliser qu'une famille pique-niquait dans les parages. Par bonheur, depuis qu'il avait rejoint le cours du Valis et qu'il s'était éloigné des lisières du Quenicum, il n'y avait pas eu de nouvelle alerte.

N'empêche ! Il n'était pas fâché de toucher au but. Cela étant, comme les murs de Valtaia s'élevaient à l'horizon, surplombés par l'Aedes Valtai, Merula se sentait chagrin. Jusqu'à présent, il s'était laissé guider par un but, celui d'atteindre Valtaia en un seul morceau. Cette quête avait remisé à plus tard toutes les questions liées à la situation merdique dans laquelle il s'était fourré. Or, maintenant qu'il renouait avec la civilisation, la question s'immiscait doucement dans sa tête, et elle ne le lâcherait plus : et maintenant, qu'est-ce qu'il faut faire ?

« Je cherche un homme très laid, une belle jeune fille, un gamin un peu niais et un cochon », lançait Merula, interrogeant les passants au hasard tandis qu'il errait au gré des maisons sur pilotis du quartier d'Actaéa. « Quelqu'un les aurait vus ?
- Tu schlingues, l'étranger ! »
cria une vieille femme édentée en lui jetant à la figure un chat infesté de puces. « Fous le camp, résidu de foutre avarié !
- Quelle malotrue ! »
gémit Merula en s'éloignant au petit trot.

Il savait que Quintilius avait prévu d'emmener Honoria à la ferme de son père, dont les terres appartenaient d'ailleurs aux Sevinii. Hélas, où elle était exactement, Merula n'en avait aucune foutue idée.
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Quintilius Lamius

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeLun 16 Nov - 20:57

Quintilius passa un bras autour de l'homme de paille qu'il avait confectionné rapidement et le planta dans le sol en grognant. Pupu observait la scène, attentive bien qu'interloquée devant cette forme bizarre qui pendait sur un bâton. Le pénule fit pivoter le bout de bois sur son axe pour l'enfoncer un peu plus avant de se tourner vers Honoria, donc les boucles d'ors avaient cédés la place à une chevelure moins bien peignée et plus sauvage. Le séjour commençait à être long et même si elle gardait une allure et un port de tête naturel, témoins de son ascendance, ce séjour loin d'Edelmia avait fait quelques dégâts à son image proprette de patricienne.

Du coup, si qu't'es devant un gars, l'mieux c'est d'taper là, là ou là !

Il avait désigné le ventre, la gorge et l'aisselle du mannequin grossier. Il se gratta le haut du crâne en observant la victime habillée d'une stola puante et déchirée qui laissait voir la paille derrière. Il pointa l'index sur le ventre, faisant tomber un épi à travers un accroc dans le vêtement.

L'bide, c'est l'plus facile. C'est l'plus gros truc à viser, c'est au milieu, 'fin t'as compris. et tu frappes toujours de bas en haut !

Il mima le geste en remontant son bras vers la tête de foin de l'épouvantail.

Jamais de haut en bas ! C'comme ça qu't'accroches les os. De bas en haut !

Il se retourna vers la jeune femme, souriant comme un enfant alors qu'il poursuivait son cours magistral.

Bon après ... Faut pas qu't'es peur du sang. Pa'ce que y en aura partout : sang, boyaux et même d'la merde si qu'tu tapes assez bas !

Un petit éclat de rire plus tard, le pénule se ressaisit pour poursuivre sa démonstration.

Après l'cou ! Bon c'plus technique quand même ! L'mec voit l'coup arriver, y s'débat et tout ... Du coup l'mieux c'est de l'faire après un coup qui l'fout par terre. L'plus efficace, ça reste un grand coup d'latte dans les burnes ! Après normalement, l'gars il pleure ses grands morts par terre, y a p'us qu'à. Et ça rentre comme dans du beurre. Mais pareil, ça pisse le sang ... et l'gars fait des bruits bizarres. T'sais comme quand l'eau elle bouille ! Bah pareil mais avec du sang quoi !

Il pointa enfin la jonction entre le torse et le bras, fronçant légèrement les sourcils, comme pour se donner un air sérieux.

Sous l'bras, c'est l'plus dur, mais l'plus prop' ! L'mieux c'est si qui veut t'choper les ch'veux ou l'cou. Bim ! Faut qu'ta main longe l'bras et tu plantes jusqu'au bout, d'toutes tes forces ! Tu y bousilles tout ! Poumons, coeur, l'type y est raide en deux s'condes et ça saigne pas trop ! Mais bon, on va d'jà voir l'coup au bide !

Il s'avança pour se placer à côté de la jeune femme et lui tendit sa dague. Il observa d'un oeil expert la façon qu'elle avait de tenir la garde et grommela avant de la corriger.

Tiens le bien, par Soltar ! Les doigts bien serrés, l'pouce qui touche les autres doigts. Voilà ! Bien ! Bon maint'nant, vas-y ! Oublie pas, quand tu mets ton coup, toujours vers l'avant, avec tout ton poids. Allez, fais-y r'monter les tripes dans la gorge !

Il fit un pas en arrière pour laisser la place à Honoria de pratiquer lorsqu'il entendit le pas fatigué d'un cheval qui marchait à l'entrée de l'agricola. Il colla sa main sur son front pour atténuer les rayons bas du soleil matinal. Il ne fallut pas très longtemps pour qu'il reconnaisse la silhouette altière et la façon si précieuse de tenir la bride. Titus les rejoignait enfin. Et alors que dans son dos retentissait le cri hargneux d'une femme lacérant un épouvantail, Quintilius leva la main pour faire signe au nouveau venu.

Ah bah, l'v'là !

À ces mots, Pupu se mit à caracoler en direction du cavalier, reconnaissant elle-aussi le jeune patricien qu'elle aimait tant. La série de grognements surexcités qu'elle poussa était semblable à une déclaration d'amour pour le jeune homme. Le spectacle en était presque émouvant. Mais à mesure que le cavalier avançait, le visage fatigué et la chevelure un peu pouilleuse se révélèrent et firent douter Quintilius.

Ah bah ... Ptet pas ...
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMar 17 Nov - 20:49


Le moyen de garder un maintien élégant quand elle vit à l’écart de toutes les commodités et conforts divers auxquels elle est habituée ! Des jours à porter les mêmes habits, et cela même si elle les a lavés au moins deux fois, pas de peigne, pas de soins, pas d’onguent ni d’huile parfumée, rien de ce qui procure un rien de beauté ou d’élégance, de bien-être à la jolie patricienne. Alors certes son apparence n’est pas à son meilleur niveau mais elle demeure ce qu’elle est en se contentant des moyens mis à sa disposition, et cela même si elle aurait bien besoin de longues ablutions en eaux chaudes et d’une ornatrix afin de prendre soin de ses longues boucles d’or. Manius, lui, vit comme un véritable petit sauvageon, libre de faire ce qu’il lui plaît et comme cela lui plaît, heureux de ne plus se soucier de rien. Le parfum typique des personnes à l’hygiène discutable le suit désormais en permanence, sans que cela ne l’indispose le moins du monde.

- De bas en haut. Pour ne pas accrocher les os…

Elle lève les yeux au ciel, un instant, en répétant.

-…un coup de latte dans les burnes…oui oui…ça semble pertinent comme attaque…

Un fou rire de Manius, tout de suite calmé par un regard excédé.

- Excuse-moi, je ne m’y ferai jamais de t’entendre parler comme ça, c’est tout…
- Donc, pour en revenir à ce qui nous occupe…Sous le bras, là ? Pour atteindre le cœur et le reste ?

Elle hoche la tête, pensive. Apprendre à manier une arme et à s’en servir contre une autre personne, voilà bien quelque chose qui risquerait de heurter la sensibilité de son père, à n’en point douter. Cela étant, Scorpa est loin. Et il n’est jamais inutile d’apprendre à défendre sa vie, surtout quand on est une femme. Peut-être qu’un jour, ces leçons lui sauveront la vie. Ou qu’elles cloueront le bec à cet insupportable Primo Minor.

Lorsqu’il lui tend la dague et qu’elle ferme ses doigts sur l’arme, elle ne peut s’empêcher de frémir un peu. Donner une arme à quelqu’un c’est lui donner le pouvoir de prendre la vie et de défendre la sienne. C’est un sentiment étrange qui l’embarrasse quelque peu, à vrai dire, comme si cet objet n’avait pas sa place entre ses mains…un peu comme si on plaçait un légionnaire devant un métier à tisser…Elle inspire puis expire profondément, plaçant ses doigts correctement tout en suivant ses instructions puis murmure :

- Je vais essayer.

Elle observe l’homme de paille, sous le regard de Manius qui ne dit pas un mot. Il est un peu jaloux en réalité. Elle peut tenir une arme et pas lui. Il croise les bras sur sa poitrine tandis qu’il regarde sa sœur qui ne bouge pas du tout. En réalité, Honoria essaye juste de cristalliser toutes ses colères, toutes ses peurs et toute sa rage en cet homme de paille là bas, juste devant elle, avant de se précipiter enfin et d’y planter avec vigueur la lame en plein milieu de ce qui serait un ventre. Elle attend quelques secondes, les paupières papillonnant frénétiquement alors qu’elle entend son petit frère applaudir. Un sentiment de soulagement lui étreint le cœur alors qu’elle demande, d’une voix claire :

- Alors, Quintilius, qu’en penses-tu ?

Elle se retourne et cherche son regard, un grand sourire sur les lèvres avant d’aviser là bas au loin un cheval et son cavalier en train d’approcher. La patricienne s’éloigne quelque peu de l’homme de paille, non sans en avoir au préalable extirpé la lame et va rejoindre son frère, plissant les yeux pour mieux voir.

- Qui est-ce ?

Vu la réaction de la truie, il s’agit d’une personne connue – et appréciée.

- Quintilius ?
- On dirait un mendiant sur un cheval à deux doigts de crever.

Honoria se place devant son frère, attendant une réponse.

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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeDim 22 Nov - 21:57


Le cheval avait, il est vrai, fort mauvaise mine. L'œil hagard, le mors suintant d'écume, le crin moite et crasseux passaient pour autant de signes d'un interminable périple. En réalité, l'épuisement de la bête s'expliquait surtout par la négligence du cavalier, guère habitué à suppléer l'absence d'un palefrenier. C'était déjà un miracle que Titus Sevinius Merula soit parvenu à s'occuper de lui-même, alors d'un cheval, pensez donc ! D'ailleurs, l'enfant prodigue du censeur Galba était bien loin d'imaginer l'état de fatigue de l'animal. Il n'avait pas davantage conscience de sa propre allure, puisqu'il y avait belle lurette qu'il ne s'était vu dans une glace - un comble, lui qui avait toujours aimé se regarder.

« Par les mamelles de Vehna ! » s'exclama Merula tandis qu'il guidait sa monture à l'entrée de l'agricola et qu'un animal dodu et rose galopait dans sa direction en remuant la queue, comme un adorable chien sans poils. « Pupu ! Oh, Pupu, est-ce toi ? Les dieux soient loués ! »

Ses dernières paroles furent secouées d'un sanglot qu'il eut peine à réprimer. Les effusions de la truie joyeuse qui gambadait vers lui, braillant à en rameuter tout le quartier, venaient rappeler au jeune patricien combien la vie en société lui avait manqué. Après plusieurs jours de solitude, c'était si bon ! D'ailleurs, pouvait-il vraiment se targuer d'avoir jamais su ce que c'était qu'être aimé ? Sa retraite campagnarde lui avait donné l'occasion de gamberger. L'amour que lui démontrait Pupu en cet instant précis, l'avait-il jamais vu dans les yeux de quiconque ? Il sentit ses yeux se charger d'humidité et monter en lui une bouffée d'affection sincère pour la truie. N'écoutant que son cœur, il commanda à sa monture de franchir au galop les derniers mètres qui le séparaient encore de sa compagne rose.

Mais l'étalon bai, qui ne connaissait personne ici, ne partageait point leur joie des retrouvailles. Et comme Pupu se jetait entre ses jarrets, le cheval poussa un hennissement plaintif. Alors, se redressant de toute sa hauteur, le cheval se cabra, obligeant Pupu à freiner des quatre pattes ; il s'en fallut d'un cheveu que les sabots de l'équidé ne lui enfoncent le groin. Dans la manœuvre, le cavalier fut projeté en arrière et alla s'échouer dans un buisson de ronces qui bordait les limites de la propriété.

Prenant ses pattes à son cou, Pupu revint sur ses pas. Quintilius, Honoria et Manius pouvaient la voir revenir dans leur direction, encore effrayée, un peu vexée aussi, triste surtout. Peu après, c'est un Titus Sevinius Merula encore plus pitoyable que prévu qui s'approcha, tenant par la bride le récalcitrant cheval, le corps couvert d'épines.

« Ave, compagnons, ave ! » En dépit de son allure affreuse, Merula ne semblait pas avoir perdu sa faconde habituelle. « Quelle aventure, par Kuo, mais quelle aventure ! » Il planta son regard sur Quintilius, et se réjouit de le voir, fidèle à lui-même et toujours aussi laid. « Quintilius, mon ami, mon brave, c'est bon de te revoir. » Ses yeux glissèrent sur Honoria. « Ma chère Honoria, je vois que le bon air de la campagne te... » Il s'interrompit, hésitant, parce qu'elle faisait drôlement négligée par rapport à la dernière fois qu'il l'avait vue. « Tu as bonne mine. » S'intéressant enfin au mioche qui composait ce curieux trio, il ajouta : « pourquoi il est ici, celui-là ? »
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeLun 23 Nov - 20:52

Le pénule observait le nouvel arrivant, un silhouette et des façons semblables à celui qui était attendu depuis des jours, mais à l'allure d'un loqueteux à moitié crevé bien loin de la stature de Merula. Une voix dans son dos lui fit tourner la tête.

Qui est-ce ? Quintilius ?
On dirait un mendiant sur un cheval à deux doigts de crever.
Ouais ... On dirait qu'y font un concours de c't'y qui claqu'ra l'premier.

Pendant ce temps, Pupu paraissait sautiller de bonheur en s'approchant du mystérieux cavalier. La truie fut probablement trop enthousiaste pour le canasson qui piétina un instant avant de se cabrer en battant des sabots. Vive, Calpurnia fit un petit bond de côté pendant que le cavalier passait cul par-dessus tête, pour chuter dans un buisson merdique.

Grouiiiiiiiiiiiiiiik !

Pupu détala pour s'en retourner vers son vieux camarade et les Sicinii. Le type s'extirpa tant bien que mal de l'étreinte épineuse de son nouvel ami à picots et s'approcha d'un pas las, le visage lacéré de petites entailles qui devaient être particulièrement douloureuse. Malgré la dégaine pouilleuse et les cheveux ébourrifés que le pénule ne pouvait critiquer, il ne fit rapidement plus aucun doute sur l'identité de nouveau venu. Titus Sevinius Merula, cerveau et commanditaire du faux enlèvement des enfants du Préteur.

Ave, compagnons, ave ! Quelle aventure, par Kuo, mais quelle aventure ! Quintilius, mon ami, mon brave, c'est bon de te revoir. Ma chère Honoria, je vois que le bon air de la campagne te... Tu as bonne mine. Pourquoi il est ici, celui-là ?
Bah toi ... T'as pas l'air en forme. Et l'môme ... Baaah ... C'est elle qu'a voulu qu'on l'prenne. Y chialer.

Il se tourna vers Manius en se grattant l'arrière du crâne, toisant le gamin d'un air incrédule. Il revint à Titus, souriant un peu niaisement.

Par contre j'ai fait comme que t'as dit ... Dis-cré-tion !
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMar 24 Nov - 10:17


Honoria plisse les yeux, incrédule, avant de poser l’arme qu’elle tient au sol, avec prudence. Elle approche, un sourcil haussé, avant de sourire gentiment.

- Titus ?

Elle l’observe de haut en bas puis de bas en haut, dissimulant un rire par un habile jeu de regard. La patricienne n’est pas peut-être pas à son avantage mais elle l’est plus que lui, c’est une certitude. Enfin du moins elle est propre et elle ne ressemble pas à un gamin qui s’est écorché la figure en suivant un lapin dans un buisson de ronces.

- Je suis heureuse de te revoir.

Manius, lui, rejoint sa sœur et observe Titus qui parle de lui, avant de se pincer le nez entre son index et son pouce.

- Pouah…T’as marché dans de la merde ou quoi ?

Honoria esquisse un sourire malicieux avant de répondre, la main posée sur la tête de son frère.

- Je te présente mon petit frère, Manius. Manius ? Voici Titus.

Le gamin renifle avec ostentation, avant de reculer d’un pas ou deux, vers la lame nonchalamment abandonnée dans l’herbe.

- Ave…ça te dérange si je m’occupe…un peu plus loin ?

Honoria hoche la tête avant de reporter son attention sur Quintilius qui vante son sens tout particulier de la discrétion. Une petite toux viendra couper ce bel élan.

- Une discrétion telle que tout le monde a été massacré devant la porte de la maison de mon père. Et en cherchant bien, je suis certaine qu’il doit encore y avoir des dents coincées entre les pavés…

Elle esquisse un autre sourire, ravissant et moqueur, pour celui qui a veillé sur son frère et elle aussi bien qu’il a pu. Détournant son regard vairon, elle le plante dans celui de Titus, avant de secouer la tête.

- Tu as une mine affreuse. Ton voyage n’a pas été de tout repos, à priori…

Elle tend la main vers sa joue, tranquillement, et en retire une épine, amusée.

- Que t’est-il arrivé ?
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMer 25 Nov - 8:18


Comme le mioche s'éloignait, Merula se mit à renifler à son tour, mais il ne décela aucune odeur particulière. Il s'était peut-être habitué à sa propre puanteur. Possible. Mais cette solution ne le satisfaisait guère sur le plan moral, aussi préféra-t-il mettre cela sur la crétinerie notoire d'un enfant dont le propre père l'avait affublé du cognomen de Simplex. Une chose que même Lucius Sevinius Galba n'avait osé faire, c'était dire ! Soit l'enfant est très con, soit son père est un fumier encore pire que le mien. Quoiqu'il en soit, il se retrouvait avec un otage de plus sur les bras. Ce n'était pas prévu, mais au vu de la situation merdique dans laquelle il s'était fourré, qui sait ? Il faudrait bien trouver moyen d'en tirer avantage, d'une façon ou d'une autre.

« Tu as fait de ton mieux, Quintilius », dit-il en tapotant gentiment l'épaule du pénule. « Il y a eu du bon, mais pas que. On fera un petit bilan. » Avant d'en revenir à Honoria qui, doucement, entreprenait d'ôter l'une des épines qui lui entaillaient la joue. Son geste était délicat, sa peau était douce. On aurait pu ajouter qu'elle sentait bon, mais pas tellement. « A vrai dire, il s'est passé beaucoup de choses. J'ai hâte de vous raconter tout ça, mais ce long voyage à cheval m'a tanné le fondement comme le cuir. Quintilius, tu veux bien me faire visiter la maison ? Je prends la plus belle chambre ! Combien y en a-t-il chez ton père, huit, neuf ? » On eut pu croire qu'il plaisantait, mais rien n'était moins sûr. Sans attendre la petite compagnie, il commença à prendre la direction de la baraque, entraînant son cheval par la bride. Tout en marchant, il glissa laconiquement quelques informations, histoire de tenir en haleine son auditoire : « ensuite on pourra parler. J'ai quelques bonnes nouvelles, et pas mal de mauvaises. Au fait, Honoria, tu reconnais ce cheval ? Il est à ton frère. Pas le simplet, l'autre, celui qui est méchant. »
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMer 25 Nov - 13:56

Quintilius et Honoria restait estomaqué de l'allure qu'affichait le fils du censeur , Manius se montra moins circonspect et beaucoup plus direct dans son approche.

Pouah…T’as marché dans de la merde ou quoi ?

Une entrée en matière aussi frontale qu'agressive, surtout venant d'un môme capable de brouter des fougères à même la plante. Titus eut la bonne idée de ne pas prêter beaucoup d'attention à l'enfant alors que sa soeur aînée émettait des doutes sur la discrétion que revendiquait Quintilius.

Une discrétion telle que tout le monde a été massacré devant la porte de la maison de mon père. Et en cherchant bien, je suis certaine qu’il doit encore y avoir des dents coincées entre les pavés…
Eh bah ? C'c'que j'dis !
Tu as fait de ton mieux, Quintilius. Il y a eu du bon, mais pas que. On fera un petit bilan.

Il haussa les épaules tandis que la Sicinia extirpait une épine du visage du Sevinius, s'enquérant des péripéties de son voyage. Cependant, le patricien avait bien d'autres pensées en tête puisque qu'il déclara en emmenant sa monture.

A vrai dire, il s'est passé beaucoup de choses. J'ai hâte de vous raconter tout ça, mais ce long voyage à cheval m'a tanné le fondement comme le cuir. Quintilius, tu veux bien me faire visiter la maison ? Je prends la plus belle chambre ! Combien y en a-t-il chez ton père, huit, neuf ? Ensuite on pourra parler. J'ai quelques bonnes nouvelles, et pas mal de mauvaises. Au fait, Honoria, tu reconnais ce cheval ? Il est à ton frère. Pas le simplet, l'autre, celui qui est méchant.
Ouais alors ... Euh ...

Quintilius se mit à suivre Merula en se grattant l'arrière du crâne, alors que Pupu faisait de petits bonds excités devant eux. Il empoigna la bride pour arrêter le cheval et son cavalier.

D'jà, laisse-moi le ! J'vais m'en occuper d'ton canasson. Et pi niveau chambre, c'facile, y en a pas. L'père dort sur une vieille paillase moisie dans un coin pi voilà. C'est gros comme baraque mais c'est pa'ce que la grange et l'étable ça prend d'la place. C'est là-bas qu'on dort.

Il pointa l'étable du bout du doigt avant de tirer l'animal exténué vers l'écurie qui les abritait et qu'il avait aménagé tant bien que mal. Le cheval renâcla un instant en secouant la tête puis se laissant emmener la tête basse. Le pénule désigna la truie qui trottinait devant eux.

'garde ! Pupu va t'montrer où c'est qu'on peut dormir. Pa'ce que l'père Quintus, y va t'jeter des trucs si qu'tu tentes d'rentrer chez lui. L'est très très con.

Il se tourna alors vers Honoria, souriant légèrement avec un air un peu désolé.

Bon bah on r'prendra plus tard l'entraînement. Et ...

Il fronça les sourcils en laissant son regard dérivé par-dessus l'épaule de la patricienne. Il donna un coup de menton après avoir laissé échapper un soupir exaspéré.

Et dis-y d'arrêter d'bouffer les fleurs d'courge ... C'plein d'abeilles ces trucs au printemps.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMer 25 Nov - 20:41


C’est très rare, mais en ce moment même, la patricienne ne sait pas très bien comment réagir. D’ordinaire, elle trouve toujours une parade, quelque chose qui l’extirpe d’une situation malaisante, mais là…il faut bien admettre qu’elle ne sait pas vraiment sur quel pied danser.

L’arrivée de Titus signifie la fin d’une parenthèse extraordinaire dans sa vie. Cela signifie aussi qu’un retour à Edelmia est en train de se profiler mais dans quelles conditions…Le cheval volé à son frère semble en très piteux état et affaibli, Titus lui-même aurait bien besoin d’une franche savonnée dans de l’eau chaude, d’un repas et d’une bonne nuit de sommeil, et surtout…comment rentrer ? Toutes ces questions agitent l’esprit en ébullition de la jolie patricienne tandis que Titus s’inquiète de sa chambre et de son confort, ce qui ne manque pas d’amuser Honoria entre deux questionnements silencieux.

- Il n’y a pas de chambre, nous dormons à l’étable, sur de la paille. Tu verras, on dort très bien là-dessus.

Elle ne parvient pas vraiment à dissimuler son amusement cette fois. Un petit rire s’élève derrière les deux hommes.

- Et je te conseille en effet de ne pas approcher le vieux Quintus. En plus d’avoir l’esprit dérangé, il est constamment ivre.

Honoria observe Titus, d’un air tout à fait malicieux, avant de tourner les talons et de rejoindre Manius qui est effectivement dans les courges, à manger les grosses fleurs jaunes pleines de bestioles.

- Manius, mais enfin…
- C’est meilleur que l’hibiscus ! Tu veux gouter ?
- Non merci…


Elle observe les deux hommes là-bas au loin puis soupire un peu. Un manège qui n’échappe pas au gamin.

- Il pue la mort.
- Je sais. Ce n’était pas très poli de le lui faire remarquer, Manius.
- Et il a volé le cheval de Primo Minor. Il doit sans doute pleurer comme une fillette dans les genoux de mère en criant que c’est trop injuste…
- Peut-être bien…Ce qui me surprend justement, c’est que Primo ait laissé son cheval sans surveillance…Ce n’est pas tellement son habitude. D’autant que Titus doit posséder lui aussi ses propres chevaux…


Manius ne comprend pas ce que dit sa sœur, ce sont des considérations bien trop terre à terre pour lui. Tout ce qu’il voit, c’est Titus là-bas qui discute avec Quintilius qui emmène le cheval à l’écurie.

- On va devoir rentrer, hein, c’est ça ?
- On dirait bien, oui…Je dois en savoir plus, ne t'éloigne pas trop d'accord?

Manius baisse la tête et ne dit plus un mot. Honoria, elle, passe une main distraite sur les cheveux sales de son frère avant de s’éloigner et de revenir auprès de Titus, l’air songeur.

- Tu dois être exténué. Viens prendre un peu de repos. Ce n’est certes pas le grand luxe ni le confort que tu connais mais il y fait chaud et tu pourras t’asseoir sur quelque chose de plus confortable que le dos d’un cheval.

Elle lui tend même la main, avec un sourire aimable.

- As-tu faim? Ou soif?

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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeSam 28 Nov - 2:09


« Une vieille paillasse moisie ? Dans une étable ? Quel humour, vous deux, quel humour, hahaha ! Voyons, personne ne dormirait dans... » Son rire se figea alors qu'il réalisait que ses compagnons n'étaient pas en train de faire une blague. « Oh... » murmura-t-il, soudain amer. Eh, quoi ! Il avait fait tout ce chemin et risqué sa vie, combattu la faim, les privations et la peur, et alors qu'il s'imaginait trouver le réconfort dans une maison douillette, il réalisait que le pire restait à venir. Tandis qu'il considérait le corps de ferme avec effarement, Honoria lui prit la main, et la douceur de la patricienne tempéra quelque peu sa frustration. Pas assez, cependant, pour le dissuader de se morfondre dans un élan mélodramatique :

« J'ai faim, j'ai soif, et j'ai froid, et j'ai peur et je suis malheureux, Honoria. Ah, quelle immonde déveine ! Après tout ce que j'ai enduré, voilà qu'il me faut dormir dans une étable. Une étable ! Dans de la paille ! Mais qui peut bien vivre ainsi ? Même un animal refuserait. » Devant lui, Pupu trottinait joyeusement vers l'étable comme pour contredire ses paroles. « Et puis, cela doit être infesté de rats et de chauve-souris... » Il se tourna vers Quintilius. « J'aurais deux mots à dire à ton paternel sur son sens de l'hospitalité, mon ami. Mais on verra ça plus tard. »

Comme ils arrivaient à l'étable, une odeur mêlée de paille fraîche et de bois humide lui emplit les narines. L'odeur en elle-même n'avait rien de terriblement rebutant, mais Merula se sentait suffoquer rien qu'à la perspective de passer une nuit entre ces murs.

« Au moins, il n'y a pas de bêtes », constata-t-il avec soulagement, avant de plisser le nez. Son odorat discernait une autre odeur s'assimiler à la première, une odeur parasite, autrement plus désagréable. « Pas de vaches, mais ça sent comme s'il y en avait vingt. Par les dieux, qu'est-ce qui peut bien puer comme ça ? »

L'odeur était la sienne, mais si cela pouvait être évident pour les autres, Merula ne s'en était pas encore rendu compte.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeDim 29 Nov - 10:38

Titus, fidèle à lui-même, ne comprit pas immédiatement le sérieux des déclarations du pénule. Pour un jeune homme né avec une cuillère en argent dans la bouche et pétant dans des draps de soie depuis son premier cri, la perspective de dormir dans une bâtisse en bois, sentant encore la luserne et le cheval, sans marbre, mosaïque et impluvium avait de quoi décontenancer.

Une vieille paillasse moisie ? Dans une étable ? Quel humour, vous deux, quel humour, hahaha ! Voyons, personne ne dormirait dans... Oh...

Il déchanta en arborant un visage décomposé, réalisant la précarité dans laquelle Honoria avait vécu loin de la capitale, à moins que ce ne fut que son propre inconfort qui l'abattit ainsi, et connaissant l'énergumène, il y avait fort à parier que se fut le cas. Honoria rejoignit les deux hommes bien vite après avoir sermonné son jeune frère et s'enquit du bien-être du commanditaire du faux enlèvement.

Tu dois être exténué. Viens prendre un peu de repos. Ce n’est certes pas le grand luxe ni le confort que tu connais mais il y fait chaud et tu pourras t’asseoir sur quelque chose de plus confortable que le dos d’un cheval. As-tu faim ? Ou soif ?
J'ai faim, j'ai soif, et j'ai froid, et j'ai peur et je suis malheureux, Honoria. Ah, quelle immonde déveine ! Après tout ce que j'ai enduré, voilà qu'il me faut dormir dans une étable. Une étable ! Dans de la paille ! Mais qui peut bien vivre ainsi ? Même un animal refuserait. Et puis, cela doit être infesté de rats et de chauve-souris...
Boarf, on s'y fait.
J'aurais deux mots à dire à ton paternel sur son sens de l'hospitalité, mon ami. Mais on verra ça plus tard.

Quintilius haussa les épaules, arquant un sourcil en croisant le regard de Merula. Avec la meilleure volonté du monde, il n'était pas sur que son père comprendrait un traître mot que lui dirait Titus et était convaincu qu'il l'écouterait encore moins. Pupu entra dans l'étable dans une série de petits bonds avant de resortir le groin pour observer ses camarades, l'oeil frisant de jovialité. Elle disparut derrière les battants de bois avant d'aller se rouler dans la paille avec entrain lorsque le petit groupe la rejoignit. Après avoir remué les pattes vers le ciel, elle finit par s'immobiliser sur le flanc et commençait à s'assoupir.

Pas de vaches, mais ça sent comme s'il y en avait vingt. Par les dieux, qu'est-ce qui peut bien puer comme ça ?

Quintilius renifla bruyament, avant de tordre sa bouche en une moue interrogative.

J'sens rien moi.

Il se tourna vers Titus, reniflant une nouvelle fois dans sa direction et releva les sourcils avec innocence.

'fin si. Tu pues la merde, la pisse, la sueur et l'bidet. C'vrai qu'd'habitude, tu sens l'huile d'lavande. P'tet c'est ça.

Il poursuivit, emmenant la monture du patricien vers la stalle la plus éloignée de l'entrée et commença à ôter la selle, le harnais et le mors du cheval avant de se saisir d'une brosse pour chasser la poussière et les croûtes de boue qui mouchetaient la robe bai de l'animal. Le pénule gratta le chanfrain de l'étalon du bout des doigts avant de lui souffler à mi-voix.

Eh bah mon gros, y t'a pas ménagé l'Titus. J'vais t'donner du foin et tu vas t'r'poser que'ques temps. Gamin !

Manius apparut, quelques pétales à demi machonnés collant sur sa stola poussiéreuse. Quintilius lui lança un regard légèrement las en jaugeant les vestiges des fleurs de courge avant de lui donner ses directives.

Va chercher d'l'eau. Y doit crever d'soif c'machin. Et pi, m'faudra d'la paille aussi.

Il laissa les deux patriciens échangeaient dans son dos, se concentrant sur la bête dont les yeux étaient éteint tant la fatigue lui fourbissaient les pattes. Encore un peu, et l'animal se serait affessé sous son cavalier. Un jour, il faudrait qu'il prenne le temps d'expliquer le fonctionnement de ces bestioles à Titus. Un jour, mais pas ce jour-là.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeLun 30 Nov - 11:09


La patricienne écoute sa tirade dramatique, sans l’interrompre un seul instant. Elle le comprend très bien, c’est, à peu de choses près, ce qu’elle a pensé en arrivant ici, fiévreuse et secouée par une opiniâtre toux sèche. Cependant, elle s’est adaptée assez vite, malgré l’absence du plus élémentaire confort. Ses besoins essentiels ont été comblés, elle a eu chaud, elle a mangé, elle a pu prendre soin d’elle, dans les limites offertes par l’endroit et elle a pu réaliser un rêve. Les choses ne sont donc pas si horribles et c’est parée de cette certitude qu’elle lui répond, de sa voix douce.

- Moi j’ai vécu ici, c’est donc la preuve que tout est possible, Titus. Tu verras, la paille tient bien au chaud. Le toit est bon, il ne laisse pas passer la froideur de la nuit et nous sommes en sécurité. Quintilius…

Elle se tourne vers le pénule pour le remercier d’un geste de la tête et d’un sourire.

- …y veille.

Inutile de mentionner les incidents provoqués par Quintus, cela ne ferait que plonger davantage le patricien dans le désarroi. Ou la panique. Et ce n’est ni le lieu ni le moment pour cela, de toute façon. Le plus urgent serait, en fait, d’apporter quelques soins au patricien afin que tout le monde puisse respirer dans l’étable sans suffoquer à chaque seconde. Si à l’extérieur, il y avait moyen de dissimuler à peu près cette odeur grâce à une petite brise salutaire, il n’en est rien en un endroit clos et bientôt la puanteur dégagée par Titus devient atroce. Assez en tout cas pour qu’Honoria se permette de suggérer quelque chose, en gardant le sourire.

- J’ignore par quelles épreuves tu as du passer mais il semble, en effet, que ton voyage n’a pas été de tout repos. Hem…Peut-être serait-il opportun de chauffer un peu d’eau afin de te laver, et de laver…faire bouillir tes vêtements surtout. Ils sentent vraiment très mauvais. Qu’en penses-tu ?

Elle reste douce et polie, même si la puanteur qu’il dégage est en train de lui friser les poils du nez. Cependant, un fin sourire en coin se dessine sur cette bouche rose, à l’éventuelle perspective de voir Titus laver son linge vêtu d’habits de rechange, de pauvres habits loin du faste qu’il connait d’habitude. L’épreuve sera terrible pour lui, c’est une certitude. Ce serait une nouvelle occasion pour elle de voir comment il réagit face à une situation détestable.

- Viens t’asseoir là-bas. Pupu nous a précédé comme tu peux le constater.

La patricienne reste digne, même si ses cheveux sont mal peignés et que ses habits sont plus que modestes. Elle ne porte aucun parfum mais elle est propre et compte tenu des circonstances, c’est presque miraculeux. Elle prendra place sur un tas de foin, avec un large sourire, montrant par là même la marche à suivre à celui qui les a rejoints sur une monture à deux doigts de mourir d’épuisement. Honoria a d’ailleurs un regard pour ce cheval, ainsi que pour Quintilius qui s’en occupe déjà. Manius, lui, arrive dans l’étable les bras croisés sur son torse, les sourcils en V, boudeur, répondant à l’appel du pénule.

- Arrête de m’appeler comme ça…Chu plus un gamin.

Manius soupire d’agacement à la demande de Quintilius mais sort en trainant les pieds, prenant tout son temps pour revenir avec un seau d’eau fraîche qu’il dépose près du cheval. Le garçon reste près du pénule, apportant de la paille à la monture, non sans regarder Titus d’un œil torve et grommeler dans la barbe qu’il n’a pas.

- J’ai pas envie de rentrer moi…

Il s’assoit ensuite à même le sol, près de Quintilius, les jambes croisées, les coudes enfoncés dans ses cuisses tandis que ses mains supportent son visage renfrogné. Non, il n’a pas du tout envie de rentrer à Edelmia. La vie ici est rude mais il vit en paix sans personne pour le rabrouer sans arrêt. L’idée même de revoir ses parents ne lui apporte aucun soulagement, aucun réconfort. Il baisse la tête et se met à curer ses ongles noirs, pensif. Triste. Un manège qui n’échappe pas non plus à Honoria qui fronce un instant les sourcils avant de revenir à Titus.

- Comment se fait-il que tu montes le cheval de mon frère ?

La patricienne plante son regard vairon dans celui du patricien, un regard luisant de malice et d’espièglerie.


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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMer 2 Déc - 11:12


Pourquoi il mange des fleurs, ce con-là ? pensa Merula en jetant un regard distrait au petit frère d'Honoria. Non pas que la réponse l'intéressât réellement ; il s'inquiétait surtout à l'idée que ce puisse être le genre de repas auquel il aurait droit désormais dans sa nouvelle vie de fugitif. Est-ce donc ainsi que vivent les pauvres ? Quelle horreur, songeait-il non sans effroi. Il s'assit dans la paille, ainsi qu'Honoria lui avait dit, et trouva cela moins inconfortable qu'il l'aurait imaginé, mais tout de même étrange. Son regard parcourait les quatre coins de l'étable, et pendant quelques instants, il ressembla à Manius dans la façon qu'il avait de contempler le monde, comme si les choses les plus insignifiantes nourrissaient sa curiosité. Il ne tarda cependant pas à redevenir lui-même. « Je me demande bien pourquoi des gens acceptent de vivre comme ça », fit-il remarquer, bien loin d'imaginer une seconde que ces gens-là n'avaient peut-être pas le choix. Il se gratta une éruption de boutons qui lui rongeait le cou, la faute aux orties et à son hygiène douteuse des derniers jours, tout en considérant Quintilius qui s'affairait avec le cheval. Ce même cheval, d'ailleurs, qui attisait la curiosité d'Honoria pour des raisons bien compréhensibles. Il se tourna vers la patricienne, et pendant une seconde, le regard qu'elle lui jetait le fit légèrement flipper. Ce n'était pourtant pas un regard de reproche, loin de là, c'était... bizarre, comme une étincelle de folie, comme si elle attendait une réponse qui allait la mettre en joie alors qu'elle devrait, en principe, lui déplaire.

« C'est une longue histoire, je te préviens, une très très longue histoire. » Il s'interrompit, se demandant par quoi il devait entamer ce si long récit. « Normalement, on devait simuler ton enlèvement, sans que personne ne puisse nous soupçonner, et puis je te ramenais saine et sauve à Edelmia, tu te rappelles. Le hic, c'est que ta famille a tout compris. » Il esquissa un sourire gêné, comme celui qu'ont les enfants quand ils doivent avouer une grosse bêtise. « Quintilius a, disons, par mégarde, assommé tout un tas de gars qui étaient pourtant censés vous aider, et comme il les a laissés agoniser dans la rue juste devant ta maison, la discrétion n'a pas été aussi efficace que prévu. Le pot aux roses a été découvert, et quand j'ai voulu quitter Edelmia, ton frère, ce benêt de Primo Minor, m'a tendu un guet apens. Je lui ai demandé d'épargner mes hommes et j'ai proposé de me rendre, mais il n'était pas là pour m'arrêter ; il voulait me tuer. Je n'ai pu sauver mes hommes, malgré toutes mes tentatives... » Son visage se fendit d'une moue attristée. « Ensuite, ton frère m'a défié en duel. Alors, on s'est battus, et ce fut un combat mémorable, mais ma supériorité technique était évidente. Je lui ai laissé une jolie petite entaille sur la tronche, mais je ne l'ai pas trop abîmé, rassure-toi. Je lui ai piqué son cheval, j'ai filé à l'anguse, et me voici. Bon, tout compte fait, ce n'était pas une si longue histoire. »

Il laissa son auditoire assimiler les dernières nouvelles, et en profita pour se relever, parce que le foin lui grattait désagréablement le fondement. « J'en ai marre de ces fringues moisies », dit-il en commençant à se déssaper sans façons. « Quintilius, tu n'aurais pas une de tes tuniques hideuses à me prêter ? »
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMer 2 Déc - 15:16


Arrête de m’appeler comme ça…Chu plus un gamin.

Le pénule considéra le mouflet avec un brin de dédain, jaugeant le glabre de ses joues lisses et rosées avec une lueur de malice dans les yeux. Il n'eut guère besoin d'insister pour que Manius ramena un seau rempli d'eau fraîche, avant de s'asseoir non loin de Quintilius en boudant.

J’ai pas envie de rentrer moi…

La brosse chassait la poussière qui s'était incrustée dans le pelage du cheval qui clignait des yeux en luttant contre la fatigue qui le tenaillait. Le pénule eut un petit gloussement amusé en tournant son regard vers le mioche mécontent, puis posa quelques instants la brosse pour remplir l'abreuvoir de la pauvre bête qui se mit à lapper à même le seau. Quintilius reposa le seau vide et chuchota à l'intention de Manius avant de se remettre aux soins du canasson.

J'suis pas sûr qu't'as l'choix. Déjà, t'aurais pas du v'nir ici, alors va falloir qu'tu rentres chez toi à un moment.

Pendant ce temps, Titus avait rejoint Honoria sur un tas de foin et se mit à décrire les péripéties qu'il dut affronter avant de fuir Edelmia.

C'est une longue histoire, je te préviens, une très très longue histoire. Normalement, on devait simuler ton enlèvement, sans que personne ne puisse nous soupçonner, et puis je te ramenais saine et sauve à Edelmia, tu te rappelles. Le hic, c'est que ta famille a tout compris. Quintilius a, disons, par mégarde, assommé tout un tas de gars qui étaient pourtant censés vous aider, et comme il les a laissés agoniser dans la rue juste devant ta maison, la discrétion n'a pas été aussi efficace que prévu. Le pot aux roses a été découvert, et quand j'ai voulu quitter Edelmia, ton frère, ce benêt de Primo Minor, m'a tendu un guet apens. Je lui ai demandé d'épargner mes hommes et j'ai proposé de me rendre, mais il n'était pas là pour m'arrêter ; il voulait me tuer. Je n'ai pu sauver mes hommes, malgré toutes mes tentatives... Ensuite, ton frère m'a défié en duel. Alors, on s'est battus, et ce fut un combat mémorable, mais ma supériorité technique était évidente. Je lui ai laissé une jolie petite entaille sur la tronche, mais je ne l'ai pas trop abîmé, rassure-toi. Je lui ai piqué son cheval, j'ai filé à l'anguse, et me voici. Bon, tout compte fait, ce n'était pas une si longue histoire.

Heureusement que le pénule ne prêtait qu'une attention toute relative aux propos de Merula, car il aurait pu faire remarquer qu'il avait parfaitement suivi le plan prévu. Est-ce que c'était sa faute si on ne l'avait pas prévenu qu'il y aurait d'autres faux ravisseurs ? Et puis d'ailleurs, quel besoin de ces pauvres pignoufs quand Pupu et lui étaient tout à fait capables de gérer la situation ? Ils l'avaient prouvés, autant à Edelmia qu'ici, dans les faubourgs de Valtaia. Au lieu de protester, Quintilius s'occupait du cheval avec soin, traçant des sillons dans la robe bai avec les poils durs de la brosse. Titus se redressa, attirant un peu plus l'attention du palefrenier de fortune.

J'en ai marre de ces fringues moisies. Quintilius, tu n'aurais pas une de tes tuniques hideuses à me prêter ?
Euh ... Ouais ... Mais ...

Il laissa choir la brosse en considérant d'un regard circonspect le jeune patricien qui commençait à se désaper sans pudeur. Candide, Titus n'avait pas la moindre conscience de son allure de freluquet et de celle bien plus épaisse de Quintilius. Il ouvrit une malle où était fourré quelques stolae et en tira une bleu délavé pour la tendre au fils Sevinius.

C'est p'tet un chouïa grand ! Et pi ... T'veux pas t'laver avant ? Y a un ruisseau au bout du champ.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMer 2 Déc - 21:00


Dès les premiers mots qu’il prononce, l’étincelle qui luit dans ce regard intelligent et doux s’éteint. Elle l’écoute pourtant, sans l’interrompre, pâlissant au fur et à mesure que les secondes s’égrènent, mesurant un peu plus, à chaque instant, la gravité de la situation et le danger qui plane désormais sur sa tête.

- Ils savent… ? Comment…Ce sont ces hommes au sol qui ont parlé ?

La patricienne serre instinctivement sa stola au plus près d’elle, le visage fermé, le front plissé par une légitime inquiétude. Si son père sait tout, il doit être dans un état de rage épouvantable. Primo Minor s’est même lancé à sa poursuite, selon toute vraisemblance. Honoria ne peut s’empêcher de frémir à l’idée même de la scène horrible qui a du faire trembler les murs de la villa sicinii quand Scorpa a tout découvert. Elle passe une main sur son front, tentant de garder la tête froide.

- Tu pouvais l’éliminer, cela ne m’aurait fait ni chaud ni froid. C’est un insupportable imbécile doublé d’un paon orgueilleux alors que sa voix d’homme n’est même pas encore posée. Enfin, tu n’as rien, c’est l’essentiel. Es-tu certain qu’il ne t’a pas suivi, Titus ?

Un profond et sincère sentiment de lassitude l’étreint. Pas de peur, non, juste…une lassitude, un épuisement face à une situation catastrophique qui va, sans doute possible, lui coûter très cher. Si Primo Minor met la main sur elle, il s’en gaussera jusqu’à sa mort, c’est une certitude. Quant à son père…Un frisson la secoue à nouveau rien qu’en y songeant. Il n’a jamais eu d’estime pour elle et après un scandale pareil, la situation sera pire encore. Sa vie sera un véritable enfer, cela est aussi une certitude.

- Il va me tuer.

Des mots prononcés d’une voix douce et résignée, dans lequel il n’y a aucune colère, aucune fureur, aucune angoisse. Il s’agit juste de la conclusion logique d’un cheminement de pensée chaotique. Honoria a un regard pour son petit frère, un regard qui en dit long. Manius se lève et la rejoint d’ailleurs, inquiété par cet échange silencieux.

- Honoria, qu’est-ce qu’il y a ?

La patricienne a un sourire avant de poser une main fraîche sur la joue sale du garçon, une main légère et qui tremble un peu.

- Tu aurais du rester là-bas…Va t’amuser dehors, tu veux bien ?

Elle se détache de son frère et attend qu’il soit sorti pour dire, après quelques instants de réflexion :

- Primo Minor est bien capable de t’avoir fait suivre jusqu’ici. Nous ne sommes pas en sécurité dans cet endroit. Il est insupportable et je le déteste mais il vaut mieux ne pas le sous-estimer. Quant à nos pères respectifs, Titus…

Honoria lève son regard sur le patricien occupé à se déshabiller et regarde bien vite ailleurs, gênée, tout en plissant le nez. Quintilius a raison, qu’il se lave, par les Dieux. L’odeur est plus forte à chaque mouvement qu’il fait et à chaque morceau de tissu qu’il ôte. Insoutenable.

- …ils doivent certainement se détester encore plus qu’avant. Et va te laver, oui, s’il te plaît…

Elle se lève à son tour et sort, sans dire un seul mot, préférant être seule quelques instants pour réfléchir. Assise sur un gros rocher, près du four, elle passe une main sur son visage, tentant de mettre de l’ordre dans ses idées, les yeux fermés. Rentrer à Edelmia est impossible, pour l’heure. Elle ne peut pas revenir chez son père comme ça, comme une fleur, frapper à la porte et réintégrer sa chambre comme s’il ne s’était rien passé. Il y a des règles. Et au-dessus de ces règles, il y a son père, qui va certainement user de son autorité pour reprendre l’ascendant sur sa personne. Et même s’il la laissait revenir chez lui, dans quelles conditions cela se déroulerait-il... Après un tel scandale, il est évident que la réputation de son père est définitivement tâchée et que c’est cela, uniquement cela, qui l’a mis en colère. Et elle sait qu’elle ne fait pas le poids face à une réputation…La situation lui semble totalement désespérée, soudain. Assez pour que, pour la première fois depuis des semaines, elle se laisse aller en silence à quelques larmes de dépit, sans aucun sanglot pour les accompagner. Des larmes vite effacées, d’un revers rageur de la main.

- Il doit y avoir une solution…

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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeJeu 3 Déc - 22:25


Les inquiétudes légitimes d'Honoria glissèrent sur le brave Merula comme un pet sur la croupe d'un cheval : il les entendit sans y prêter une attention particulière. C'est qu'il avait eu le temps de gamberger sur la route, suffisamment pour bien ruminer le fait qu'ils étaient dans une mélasse de premier choix. L'avenir s'annonçait sombre et chargé d'embuches, mais Merula n'avait jamais été très porté sur l'avenir. Sur le passé non plus, d'ailleurs, ce qui lui évitait de nourrir quelques regrets sur les mauvais choix qui les avaient mis dans le pétrin. Seul importait le présent, et dans l'immédiat, il avait besoin d'un bain. Il acheva de se foutre à poil tandis qu'Honoria était sortie puis, avisant les lieux, se mit en quête d'une baignoire emplie d'eau chaude. Il n'en trouva nulle part.

« Un ruisseau ? » s'exclama-t-il, fixant Quintilius d'un œil incrédule. « Vous vous lavez dans un ruisseau, ici ? De mieux en mieux. » Et pourquoi pas boire dans l'abreuvoir des vaches, tant qu'on y est ? « Bon, ça ne fait rien. Je suis un aventurier, après tout, j'ai l'habitude. »

Il attrapa les nippes que lui tendait le pénule sans s'inquiéter de leur taille, et, les tenant à bout de bras, s'avança vers la sortie de l'étable, nu comme au premier jour, sa virilité oscillant de gauche à droite puis de droite à gauche au fil de ses pas, tel un pendule au pouvoir hypnotique. Une fois dehors, le vent frais suscita des frissons dans tout son corps, la chair de poule s'emparant de ses extrémités. Il faisait froid, mais ce n'était pas si désagréable ; en fait, cette brise marine était revigorante et lui redonna le sourire. C'est donc gaiement que Merula se dirigea à grandes enjambées vers le ruisseau. Quelle belle journée, songeait-il tout en saluant de la main Honoria qui se trouvait à bonne distance, assise seule sur un rocher. Un peu plus loin, il remarqua le petit frère qui fouinait dans un parterre de fleurs, et haussa un sourcil circonspect. Ce gamin est vraiment bizarre. Merula ne s'en formalisa pas davantage et poursuivit sa marche jusqu'au ruisseau. Tout compte fait, il prenait vite goût à la simplicité propre aux petites gens. Tout à son allégresse, il s'écria : « tu vois, Honoria ? C'est ça, vivre en-dehors des conventions ! N'était-ce pas ce que nous voulions ? Il n'y a pas de baignoire, mais pourquoi s'en soucier ? Le monde entier est ma baignoire, à l'image de ce divin ruisseau ! » Il ponctua ce trait d'esprit d'un grand rire, et il se mit à courir, car il avait hâte de se tremper. Il laissa tomber la stola pour franchir les derniers mètres, avant de ralentir l'allure ; vu la température, il ferait bien de s'y glisser petit à petit, par étapes bien précises. Mais comme il descendait le talus qui donnait sur le ruisseau, son pied se prit dans une racine. « Et mmmmeeeeeeerde », beugla-t-il comme un veau alors qu'il dégringolait le reste de la pente pour plonger tête la première et tout entier dans la flotte, dans un grand plouf ponctué d'un sursaut d'écume.

Comme il fallait s'y attendre, elle était glacée.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeSam 5 Déc - 10:36

Honoria retrouva la mine triste qu'elle arborait au début de leur aventure commune. Elle avait depuis retrouvé des traits moins tragiques mais les paroles de Titus et l'évocation de sa famille avait le même effet sur elle que sur son cadet. Décidément, la famille n'était pas souvent un gage de bonheur en Oncmélie, peu importait le rang social. Elle sortit de l'étable à la suite de Manius tandis que Merula se dévêtissait en charriant des relans de crottin et d'urine. Il attrapa la stola que tendait le pénule en protestant sur les conditions de vie qu'il lui proposait.

Un ruisseau ? Vous vous lavez dans un ruisseau, ici ? De mieux en mieux. Bon, ça ne fait rien. Je suis un aventurier, après tout, j'ai l'habitude.

Et il sortit, Pupu trottinant sur ses talons, elle-même suivi par Quintilius. La virilité du patricien s'agitait comme un pendule entre ses cuisses, alors qu'il avançait d'un pas décidé dans la direction que lui avait indiqué Lamius. La fausse captive de Quintilius s'était assise sur un petit rocher non loin, paraissant plongé dans d'intenses réflexions, ou dans une amertume intense, le pénule n'aurait pas su le dire.

Tu vois, Honoria ? C'est ça, vivre en-dehors des conventions ! N'était-ce pas ce que nous voulions ? Il n'y a pas de baignoire, mais pourquoi s'en soucier ? Le monde entier est ma baignoire, à l'image de ce divin ruisseau !

Il détala en riant, emmenant dans son sillage la truie qui gambadait avec joie dans les herbes folles qui lui chatouillaient la panse. Le spectacle aurait pu être mignon si Titus était un jeune enfant, courant dans la luserne dans un gliussement enfantin, vêtu comme le jour de sa naissance, seulement le patricien était un homme fait, en piteux état certes, mais adulte. L'image lui évoqua Florus, un benêt qui arpentait les rues de Valtaia à poil en se vantant d'être un artiste et qui était devenu une sorte de mascotte d'Actéa avant de disparaître sans réelles explications. Ce souvenir s'évanouit aussi rapidement qu'il était apparu, au moment où Titus s'engageait sur le talus qui menait au ruisseau.

'ttends, fais g ...
Et mmmmeeeeeeerde !!

Le plouf qui suivit le juron laissait présager une entrée dans l'eau assez spectaculaire. Pupu prit cela pour un jeu et se mit à galoper un peu plus vite avant de sauter à quelques coudées de l'eau pour plonger dans l'eau dans une grande gerbe blanche. Quintilius rejoignit le duo au moment où la truie sortait le groin de l'eau pour nager en cercle autour d'un Titus légèrement abasourdi. Une flaque de crasse marronasse se diluait autour du corps du patricien qui frissonnait. Le pénule haussa les épaules avant de poser ses poings sur les hanches pour jauger Merula du regard.

Nan mais ... T'sais qu'c'est dangereux d'sauter dans d'la flotte fraîche comme ça ? T'aurais pu t'foutre en l'air, comme si qu'tu t'prends un éclair dans la tronche. Un médicus qui m'avait dit. Toujours t'mouiller la nuque et les bras avant !

Quintilius tourna le regard vers l'arrière, détaillant un bref instant les Sicinii derrière eux. Honoria ne semblait pas prête de sortir de sa réflexion, ni à descendre de son rocher, Manius, lui, avait retrouvé quelques fleurs sauvages et semblait choisir celle qu'il allait goûter pour passer sa déception de devoir bientôt rentrer chez lui. Pauvre gamin et même pauvre gamine, le marasme dans lequel ils avaient plongés avec la même rapidité que Titus dans le ruisseau, montrait bien que vivre à procimité du Préteur Scorpa était encore pire que ce qu'on laissait entendre. Le pénule profita malgré tout de ce moment en tête à tête avec le commanditaire pour tenter de comprendre comment la famille des faux otages avaient compris le coup fourré.

Du coup ? Où qu'c'est qu'ça a merdé ? D'mon côté, tout à rouler comme ... Comme sur des roulettes. À part l'mioche mais elle a insité et t'avais dit d'prendre soin d'elle. Si que l'gamin v'nait pas j'aurai du y coller un pain dans la gueule, j'me suis dit qu'ça t'plairait pas.

Pendant un petit temps, le silence fut uniquement brisé par le remou que produisait les jambons de Calpurnia qui s'agitaient pour que l'animal barbotte joyeusement en zigzaguant entre les ridules qui fronçaient l'eau autour de Merula.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeSam 5 Déc - 21:41


Des solutions, il y en a oui. Des tas. Elle peut décider de rester là, avec son frère et embrasser une existence rude, difficile, à laquelle elle n’est absolument pas préparée. Une existence de labeur et de sueur, qui ne lui laissera qu’une faible espérance de vie. Elle peut aussi décider de s’enfuir à nouveau, pour une destination inconnue et avec tous les risques que cela comporte, évidemment. Honoria est belle et intelligente mais, une fois de plus, elle n’est pas préparée du tout à une vie d’errance, à la merci du premier venu. Elle peut rentrer à Edelmia la mine basse et pleine de repentir, mais il n'est pas dans sa nature de demander pardon pour quelque chose qu’elle a toujours désiré. Elle pourrait tuer Titus aussi, pourquoi pas ? Il ne semble pas mesurer le danger quand il se présente sous son nez, après tout. Peut-être qu’en lui montrant un bout de peau, un début de décolleté, il s’y laisserait prendre, ce fat personnage, assez en tout cas pour proprement lui planter une dague là où ça fait le plus de dégâts, comme le lui a appris le pénule. Plus de Titus, plus de problème. Cela étant, ce projet est totalement irréalisable, tant que Quintilius est dans les parages. Cet homme-là…Il pourrait la tuer d’une seule main et sans même forcer. Tuer Titus n’est donc, pour l’heure, pas une option.

Alors que lui reste-t-il exactement ? Elle inspire et soupire, l’œil attiré par la dégaine nonchalante du patricien nu comme un ver. La patricienne ne répond pas à son salut, se contentant d’observer en silence cette virilité flasque et diminuée par la fraîcheur ambiante, sans que cela ne lui inspire le moindre désir. Jamais cela ne l’a attirée. Jamais. Le plus tranquillement du monde, elle regarde ensuite ailleurs, pensive. Des rouages, retenus par une volonté puissante et par une nature farouchement opposée à tout contact masculin, se mettent péniblement en branle dans son esprit tourmenté par les perspectives sombres qui s’offre à lui. Se laisser abattre n’est pas une solution, ni une option. Il lui faut, en tout état de cause, réfléchir pour deux puisque son complice semble plus soucieux de son confort que du sort qui l’attend à son retour en la cité d’Edelmia.

-Vivre en dehors des conventions, hein ?

Il ne peut pas l’entendre évidemment. Cela dit, elle a un sourire à cette phrase somme toute banale. Les conventions…Oui. Ce sont des armes redoutables, pour qui sait s’en servir.

Elle se lève soudain de son rocher et serre sa stola contre elle, replaçant une boucle de ses cheveux derrière son oreille. De là où elle se trouve, elle voit Manius, tout occupé à manger on ne sait quoi là bas. Pour lui aussi la situation est critique. Complice de sa sœur, elle ne donne pas cher de sa peau à son retour. La patricienne se détourne de son rocher et avance, d’un pas lent et mesuré vers la rivière, ayant entendu le cri et le bruit d’une entrée fracassante dans le  petit cours d’eau. Nul doute que Titus s’est une fois de plus donné en spectacle et lorsqu’elle le voit au milieu de l’eau glacée, la truie s’ébattant joyeusement à ses côtés, elle ne peut s’empêcher de sourire, puis de rire discrètement, en secouant la tête. Bienheureux les simples, a dit un homme un jour croisé dans une des rues d’Edelmia. Rien n’est plus juste et plus évocateur quand on observe Titus.

Plutôt beau, selon les standards communément plébiscités par les femmes, une jolie prestance – quand il porte des vêtements -, patricien connu de tous, il traîne pourtant une réputation sulfureuse et une bêtise crasse qui en font la fable de la ville, en secret. Elle a déjà entendu des choses à son sujet, elle a pu l’observer de près, le jauger dans cette taverne dans laquelle il l’a emmenée et le résultat est sans appel. Titus Sévinius Merula est un idiot, doublé d’un pleutre aux talents limités à l’exploration des mystères féminins. Ce dernier point est peut-être le seul point qu’ils ont en commun, en dehors d’être des fauteurs de troubles au sein de leur famille respective. Pourtant, sous la bêtise, il y a une certaine candeur, un peu d’ingénuité qui en fait un homme plus naïf que méchant, un homme plus attendrissant que redoutable. Et c’est précisément ce qui la fait sourie, au moment précis où Quintilius terminait sa phrase. Elle se place à côté de lui et ajoute, de sa voix douce :

- Cela ne m’aurait pas plu non plus, Quintilius. Père n’a jamais été vraiment aimant à mon égard mais ce n’est rien en comparaison de Manius. C’est mon frère, je ne pouvais pas le laisser là-bas, c’est tout.

La patricienne a un regard pour Titus, alors qu’elle se tient, bien au sec sur la berge, observant avec curiosité l’eau ruisseler sur ce corps frissonnant. Il a déjà meilleure mine, le teint moins brouillé par la longue chevauchée et l’inconfort de vêtements souillés.

- Quintilius a pris soin de nous. Et je l’en remercie.

Elle a un sourire aimable pour le pénule avant de regarder à nouveau le patricien.

- Fais attention à toi…le fond de la rivière est tapissé de galets visqueux, tu risques de glisser et de te faire très mal. Mais…te sens-tu mieux, Titus, maintenant que tu es…approximativement propre ?

Oui, après tout, il n’a aucun onguent sous la main. Alors, même si l’essentiel de la crasse s’est dissout dans l’eau, il n’en demeure pas moins qu’il ne va pas sentir la lavande mais la vase, s’il reste trop longtemps là dedans. Et c’est une odeur particulièrement détestable, en endroit clos, comme l'étable dans laquelle ils vont tous dormir tout à l'heure.

- Je ne sais pas comment tu fais, c’est tellement froid et tellement…dangereux…

Un frisson la secoue d’ailleurs, en voyant l’eau buter contre ce grand dadais au sourire ravageur. Elle serre sa stola au plus près contre elle, faussement inquiète pour le patricien.

- Quintilius t’a-t-il parlé des anguilles mangeuses de chair qui se tapissent sous les rochers ?

Elle regarde le pénule, d’un air tout à fait sérieux.

- Tu ne lui as rien dit ??

Il brille une fugace lueur de malice dans ce regard vairon.

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeSam 5 Déc - 23:23


Le froid glacial lui rougissait la peau. Merula s'était redressé en grelottant, d'abord furieux de sa mésaventure ; l'arrivée de sa compagne à quatre pattes - nous parlons bien ici de Pupu - lui rendit néanmoins le sourire, car l'enthousiasme de la truie était contagieux. Son corps s'accommodant bon gré mal gré de la température, le patricien résolut de nager un peu. Ses compagnons d'infortune, Quintilius d'abord, Honoria ensuite, ne tardèrent pas à apparaître sur la berge. Tout en s'attelant à sa toilette, Merula écouta distraitement les sermons et les justifications du pénule. « Ce qui est fait est fait », répliqua-t-il avec désinvolture, faisant montre à cette occasion d'un sens de l'observation pointu et d'une certaine forme de sagesse. Quel besoin Quintilius avait-il de se soucier du pourquoi du comment ? C'était Merula l'intellectuel de la bande, il serait bon que le pénule ne l'oublie pas.

Tandis qu'il frottait avec vigueur son épiderme avec une cadence qui témoignait d'un long entraînement, Merula sentait peser sur sa personne le regard insistant d'Honoria. Oh, il fit mine de ne pas l'avoir remarqué, pensez donc ; il avait l'âme trop pure pour la mettre mal à l'aise. Il cherchait un moyen commode de l'inviter à se joindre à la baignade lorsqu'elle s'enquit du froid et des dangers tapis au fond de la rivière.

« Voyons, Honoria ! L'eau n'est pas si froide, tu devrais v... » Il fronça les sourcils tout à coup. « Hein, quoi ? Des anguilles ? » Dans un réflexe de survie, probablement conditionné par des siècles de craintes ancestrales poussant les hommes à protéger en premier lieu cette partie de leur anatomie, il couvrit de ses deux mains son service trois pièces pour le préserver de la voracité des créatures aquatiques. « A MOI ! AU SECOURS ! » beugla-t-il tandis qu'il s'essayait à sortir de là sans perdre l'équilibre ni ficher un pied dans un trou ou sur un caillou pointu, ou pire, sur une anguille. La démarche maladroite et ridicule - elle l'eut été même s'il n'était pas nu et grelottant - il finit par s'échouer comme une tortue sur la berge. Il n'était plus qu'un amas de chair pâle et blanche comme la lune, laquelle, en cette occasion, était bien visible en plein jour. « Quintilius, pourquoi n'avoir rien dit... » Il écarquilla les yeux, comprenant soudain, et pointa vers le pénule un index accusateur. « Par le con velu de Metsa, tu cherchais à m'éliminer ? D'abord Condylome, et maintenant toi ? »
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeDim 6 Déc - 12:23

Ce qui est fait est fait.

Une telle affirmation, bien que tout à fait exacte, ne répondait en rien aux interrogations du pénule. Lui qui était convaincu d'avoir suivi le plan à la lettre, usant de dis-cré-tion, sortant d'Edelmia rapidement et voyageant dans le plus grand secret jusqu'au fin fond de Valtaia dans une agricola que peu connaissait et que les autres préféraient oublier. La seule raison qui plongeait Titus dans ce mutisme semblait être que la faute venait du patricien et que, plutôt que d'assumer l'erreur ouvertement, il préférait se taire. Quintilius aurait fait de même, aussi comprit-il tout à fait les raisons qui poussaient Merula à se montrer si fataliste et philosophe.

Honoria les rejoignit, se portant à hauteur de Lamius, tandis que le mioche était en train de farfouiller dans une gerbe d'herbes folles à la recherche de son prochain en-cas. Le pénule justifiait à nouveau la présence du bambin pendant que Titus se frottait tant bien que mal pour chasser la crasse qui s'accrochait à sa peau et à ses cheveux emmêlés. Honoria répondit à l'affirmation de Quintilius avec un certain aplomb.

Cela ne m’aurait pas plu non plus, Quintilius. Père n’a jamais été vraiment aimant à mon égard mais ce n’est rien en comparaison de Manius. C’est mon frère, je ne pouvais pas le laisser là-bas, c’est tout. Quintilius a pris soin de nous. Et je l’en remercie.

Il rendit le sourire que lui adressait la jeune femme et y ajouta un clin d'oeil complice. Il ne l'avouerait sûrement jamais, mais cette décade en compagnie des Sicinii avait été bien plus amusante et reposante que les missions que lui confiaient le père de Titus. "Convaincre" de nouveaux fermiers de devenir des clients de Galba ou pousser les mauvais payeurs à s'acquitter de dettes qui mettaient trop de temps à être remboursés étaient des occupations assez exténuantes, bien que fracasser quelques membres apportaient son lot de joie au pénule. Honoria serra sa stola contre elle pour se protéger de la fraîcheur ambiante avant d'ajouter.

Fais attention à toi… le fond de la rivière est tapissé de galets visqueux, tu risques de glisser et de te faire très mal. Mais… te sens-tu mieux, Titus, maintenant que tu es… approximativement propre ? Je ne sais pas comment tu fais, c’est tellement froid et tellement… dangereux…
Voyons, Honoria ! L'eau n'est pas si froide, tu devrais v...
Quintilius t’a-t-il parlé des anguilles mangeuses de chair qui se tapissent sous les rochers ?
Hein, quoi ? Des anguilles ?

Le patricien se mit à hurler en mettant ses mains en coupe au-dessus de ses bijoux de famille qu'il trimballait fièrement quelques instants plus tôt.

A MOI ! AU SECOURS !
GROUIIIIIIIIIIIIIIIK ! GROUUUIIIIIK !

La panique se propagea et atteignit Pupu qui se mit à crier à son tour en agitant frénétiquement ses pattes pour regagner la berge à son tour. La Sicinia se tourna vers Quintilius en le jaugeant d'un air désapprobateur.

Tu ne lui as rien dit ??

Le plébéien tourna un regard incrédule vers celui dépareillé de la jeune femme. Il n'y avait jamais eu d'anguilles dans ce foutu ruisseau. Et puis, il n'y aurait jamais eu assez de profondeur pour que ces bestioles puissent chasser convenablement. Les sourcils du pénule se soulevèrent en décelant l'amusement dans les yeux de la patricienne. Titus se jetait hors de l'eau, ahanant et grelottant avant de se mettre à vociférer sous l'oeil amusé d'un Quintilius qui comprenait -avec un temps de latence bien habituel- la taquinerie.

Quintilius, pourquoi n'avoir rien dit... Par le con velu de Metsa, tu cherchais à m'éliminer ? D'abord Condylome, et maintenant toi ?

Pupu rejoignit la berge et dérapa avant de grimper le talus à l'abri d'un Titus aussi mécontent que dégoulinant de flotte. Le rire de Quintilius tonna en seule réponse à l'inquiétude du patricien. Il lorgna un bref instant vers Honoria et lui lança avec un large sourire.

C'pas bien d'faire ça. Haha. Y connaît rien à ces bestioles là.

Il attrapa la stola que Merula avait fait tomber pendant sa course folle vers le point d'eau et entreprit de descendre le petit talus jusqu'au nudiste frigorifié et mécontent. Il tendit la main vers Titus pour l'aider à se redresser en gardant un visage joyeux.

Elle s'fout d'toi, Titus. Y a jamais eu d'anguilles ici. Y en a plus à l'Ouest, dans l'estuaire, mais pas là !

Il laissa le jeune homme se remettre de ses émotions alors que Calpurnia venait poser son groin avec affection sur la joue du fils du censeur. Quintilius fronça ses sourcils alors qu'il finissait d'analyser les mots de son compagnon.

Et pi, si que j'voulais t'tuer, j'te péterais l'crâne à coup de gourdin, pas en t'faisant patauger là-d'dans.

Il attendit que Titus saisit sa poigne pour l'aider à se remettre sur pieds avant de renchérir.

Ah ouais, pi ... Comme qu't'en parles ... Y s'pourrait qu'j'ai vu Condylome. Y a un gonz qui y r'ssemb' pas mal à côté des teintureries. L'type est arrivé y a pas trois décades à c'qui parait.

Etait-il possible qu'un nouveau chapitre de la traque légendaire se joua ici, sur les bords de la Mare Tenebris ?
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeVen 11 Déc - 13:11


- Je sais que ce n’est pas bien. Mais c’est drôle.

Et de fait, la patricienne place le bout de ses doigts sur ses lèvres pour dissimuler son rire. Il ne s’agissait que d’une petite taquinerie sans importance, quelque chose de familier qui l’amusait beaucoup, un moyen plus ou moins innocent de mesurer deux ou trois choses. Et le résultat de ces mesures est à la hauteur de ce qu’elle espérait.

- Je suis désolée Titus, c’était plus fort que moi, je n’ai pas pu m’en empêcher…Pardon…hem…pfrrrr...HAHAHAHAHA….

Un son assez surprenant les entoure alors. Un rire communicatif, doux, provenant d’une Honoria hilare, obligée de s’asseoir pour mieux rire à son aise. D’un geste délicat, elle essuie l’ébauche d’une  larme de joie qui menace de crever la surface de ses yeux, les joues rouges, le corps secoué de spasmes incontrôlables.

- Pardon…Je ne le ferai plus, c’est promis.

Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas ri de la sorte. Il y avait bien longtemps aussi que Manius n’avait pas entendu cela. Occupé à mâcher on ne sait quoi, il se demande d’ailleurs s’il a déjà entendu sa sœur s’esclaffer de cette façon. Il hausse les épaules et repart dans ses fourrés, laissant les adultes discuter, sans plus s’inquiéter, du moins pour le moment. Quant à la patricienne, elle se calme progressivement, cessant de rire peu à peu pour ne garder qu’un large sourire et une lueur espiègle au fond de ses prunelles vairons accrochées sur le corps de Titus.

Il est pâle, plutôt bien fait. Elle comprend qu’il puisse avoir du succès auprès des femmes, sans le moindre doute. Il doit avoir la peau douce de celles et ceux qui vivent loin du labeur et des travaux de la terre, loin des combats et des privations. Une peau comme celle de la patricienne, en somme. Lorsque le pénule le redresse, elle se mord la lèvre, rieuse, retenant le fou rire qui se débat encore dans sa gorge, préférant regarder ailleurs pour ne pas être surprise en pleine observation.

Il n’est certes pas la flèche la mieux taillée du carquois mais il n’en demeure pas moins amusant et attendrissant, grâce à cette candeur qu’il manifeste, cette crédulité qui l’a fait surgir des flots à toute vitesse. Non, certes, ce n’était pas bien, ce n’était pas gentil mais au moins elle en sait un peu plus sur Titus.

- Vois le positif de la situation, tu es propre désormais. Et tu ne sentiras pas la vase. Tu aurais fini par dégager une odeur infecte, à rester là dedans plus longtemps…

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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeSam 12 Déc - 18:59


Il avait hésité à attraper la main du pénule, craignant de voir tomber le coup de grâce ; finalement, les explications de Quintilius se révélèrent assez convaincantes. Se pouvait-il que ce brave simplet ait fini par acquérir quelques rudiments de logique ? Merula allait décidément de surprise en surprise, mais comme il comprenait maintenant que la mise en garde d'Honoria n'était qu'une cocasse sarabande, il ne tarda pas à retrouver sa riante faconde. Du moins avant qu'Honoria ne soit en proie à un incontrôlable fou rire. Femme qui rit, femme qui est contente, disait le proverbe, n'empêche ; il résonnait dans ses ricanements quelque chose d'un brin effrayant, comme l'écho d'une folie profondément enfouie. Il la considéra d'un air circonspect comme l'évidence le frappait soudain : au vu de l'engeance maudite dont elle était issue - qui avait notamment engendré un amateur de fleurs de courges - il n'était que justice qu'elle ait aussi, à sa manière, un grain. Merula se garderait bien de la juger ; il éprouvait pour les fous des sentiments assez confraternels. Au moins, il était ravi de la voir heureuse. De toute évidence, elle prenait assez bien les dernières nouvelles ; le retour à Edelmia s'avérant compromis pour l'instant, elle devait se réjouir à l'idée de prolonger son séjour loin des siens. Mieux valait prendre les choses de la sorte plutôt que de s'inquiéter des lendemains ; de toute façon, ils allaient probablement tous mourir.

Après s'être relevé à l'aide de Quintilius, Merula se saisit de la tunique que lui tendait le pénule. Il l'enfila rapidement, voilant d'un peu de décence l'arrogante et pitoyable nudité qu'il exhibait jusqu'alors, mais le résultat ne le rendait pas moins ridicule. La tunique était si grande qu'elle lui pendait tristement le long des bras, le col, immense, lui tombant jusqu'aux épaules comme le décolleté plongeant d'une lupa. Paradoxalement, Merula trouvait ce vêtement plutôt confortable : il lui faisait l'effet de devenir quelqu'un d'autre. Il avait toujours aimé être lui-même, mais en homme de spectacle qu'il était, il ne rechignait jamais à jouer un rôle.

« Regardez-moi, héhé ! » Il se mit à tourner sur lui-même, faisant voleter les pans de sa tunique comme une cape. « On dirait un empereur ! » Il ne se risqua pas à préciser lequel, d'empereur. « Par les dieux, je revis ! Ah, je revis ! Me voilà pleinement opérationnel. Vous allez voir, les enfants, tonton Titus va nous concocter un plan parfait pour tout arranger. Hmm, peut-être que ça attendra demain, quand même. » Il se tourna vers Quintilius, intrigué par la révélation que ce dernier lui avait faite. « Condylome, ce maudit fuyard, ce vil dégonflé, que dis-je, ce déserteur, qui m'a si lâchement abandonné, tel le mauvais faon qui, du jour au lendemain, oublie la biche qui l'a nourri de sa propre mamelle ? » Un tic nerveux lui agita les lèvres, comme son habituel sourire se tordait en une méchante grimace. « Je vais en faire de la chair à saucisses, je vais le molester, l'émasculer, le désosser, je vais l'écarteler, oui, je vais le saigner comme un goret, je vais l'étrangler de mes mains, et après quoi je l'abandonnerai pieds et poings liés au fond d'une cave jusqu'au restant de ses jours ! Ah, par les dieux, Quintilius, c'est le destin qui nous a conduits ici, cela ne fait aucun doute. » Il se fendit d'une brève explication à l'adresse d'Honoria : « Condylome est mon esclave personnel ; il servait ma famille avant que je ne vienne au monde, et mon père l'avait attaché à mon propre service, parce qu'il était le meilleur esclave de la maison et qu'il voulait me récompenser de ma droiture et de ma bonne conduite. » La vérité était que Condylome était le plus laid et le plus inutile des serviteurs des Sevinii et que Merula était le plus idiot et le plus incapable des fils du censeur, mais il avait tant pris l'habitude d'arranger cette histoire à sa sauce qu'il ne s'en rendait même plus compte. « Hélas, il y a environ un mois, Condylome nous a abandonnés, il nous a méchamment laissés tomber, comme on laisse tomber un subligaculum trop sale. » Il ajouta pour Quintilius : « tu saurais le retrouver ? »
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Quintilius Lamius

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeDim 13 Déc - 13:00

Je suis désolée Titus, c’était plus fort que moi, je n’ai pas pu m’en empêcher…Pardon…hem…pfrrrr...HAHAHAHAHA….

Le fou rire qui s'empara de la jeune femmefit naître un sourire légèrement benêt sur le faciès patibulaire du pénule. En une décade, il ne l'avait jamais vu aller plus loin dans la jovialité qu'un sourire en atteignant le front de mer. Il s'avérait qu'elle était donc capable d'une expression supplémentaire, en dehors de la moue triste et le sourire à demi-triste. Quintilius oscillait entre le regard réprobateur de se moquer ainsi du fils de son employeur et l'amusement de la naïveté de ce dernier. Il tourna son regard vers honoria qui tenta de reprendre contenance en luttant pour ne pas exploser de rire une fois encore.

Pardon…Je ne le ferai plus, c’est promis.

Elle jaugea Titus d'un oeil assez morne, sans gêne, ni envie pour ce qu'elle voyait, du moins ce fut l'impression qu'eut le pénule. Elle renchérit en haussant doucement les épaules.

Vois le positif de la situation, tu es propre désormais. Et tu ne sentiras pas la vase. Tu aurais fini par dégager une odeur infecte, à rester là dedans plus longtemps…

Merula fit bonne figure en s'emparant de la tunique bien trop grande pour lui et en l'enfilant. On aurait dit un enfant revêtant la stola de son père. Il tournoya sur lui-même, dévoilant ses fesses dans une volte experte.

Regardez-moi, héhé ! On dirait un empereur ! Par les dieux, je revis ! Ah, je revis ! Me voilà pleinement opérationnel. Vous allez voir, les enfants, tonton Titus va nous concocter un plan parfait pour tout arranger. Hmm, peut-être que ça attendra demain, quand même.

Aucun doute là-dessus. S'il y avait bien un esprit brillant capable d'accoucher d'un plan infaillible pour rattraper les failles du premier plan infaillible qu'il avait échaffaudé, c'était bien Titus. Cependant, Quintilius dévoila au patricien l'emplacement supposé de Condylome, son esclave disparu à Telioprate, un mois plus tôt. Malgré une enquête rondement mené, les deux hommes et Pupu avaient fait chou blanc et le fuyard semblait s'être évanoui dans la nature. Titus quitta sa frivolité pour adopter un discours plein de morgue passionnée.

Condylome, ce maudit fuyard, ce vil dégonflé, que dis-je, ce déserteur, qui m'a si lâchement abandonné, tel le mauvais faon qui, du jour au lendemain, oublie la biche qui l'a nourri de sa propre mamelle ? Je vais en faire de la chair à saucisses, je vais le molester, l'émasculer, le désosser, je vais l'écarteler, oui, je vais le saigner comme un goret, je vais l'étrangler de mes mains, et après quoi je l'abandonnerai pieds et poings liés au fond d'une cave jusqu'au restant de ses jours ! Ah, par les dieux, Quintilius, c'est le destin qui nous a conduits ici, cela ne fait aucun doute.
Ouais !
GROUIK !

Ce discours enflammé avait décuplé l'ardeur de Pupu et Quintilius, tous deux prêts à reprendre l'enquête et à faire payer à ce sinistre et servile crétin la monnaie de sa pièce. Titus n'avait peut-être pas toutes les qualités d'un meneur d'homme, mais d'un meneur de cochon et de pénule, à n'en point douter. Il expliqua brièvement les origines de sa verve revancharde à Honoria.

Condylome est mon esclave personnel ; il servait ma famille avant que je ne vienne au monde, et mon père l'avait attaché à mon propre service, parce qu'il était le meilleur esclave de la maison et qu'il voulait me récompenser de ma droiture et de ma bonne conduite.  Hélas, il y a environ un mois, Condylome nous a abandonnés, il nous a méchamment laissés tomber, comme on laisse tomber un subligaculum trop sale.
L'fumier !
Tu saurais le retrouver ?

Le pénule opina du chef et pointa son index vers l'Ouest.

Oh bah ouais. Les teintureries c'par-là ! C'pas dur à trouver, tu r'montes la Valis et pi quand  qu'c'est bleu, la flotte hein, c'est qu't'es pas loin.

Il se tourna vers Honoria, les sourcils légèrement froncés.

T'souviens ? Quand qu'on est allé voir Albertus, on est passé à côté.

Il se retourna vers Titus sans attendre la réponse de la jeune femme.

Y a pas trois jours, ch'uis allé cherché des crabes, pa'ce que l'gamin y en avait marre d'bouffer des carottes, 'fin bref, eh bah c'là qu'j'lai vu. Y portait un seau plein d'escargots ... J'crois qu'y z'en font du jus pour la teinture, truc du genre. J'ai r'connu sa face d'pet foireux direc' !

Ses yeux firent un aller-retour entre Titus et Honoria pour prendre ses deux compères à témoin de sa bonne foi. Il se gratta la tempe du bout de l'index avant de déclarer, un brin sceptique.

Où alors l'a un jumeau avec l'même bec de lièvre et une verrue sur le pif.

En quelques instants, tout avait basculé. Les doutes quant à leur retour sain et sauf à Edelmia s'était volatilisés et Quintilius avait même totalement oublié que le plan imparable de Titus était tombé à l'eau et les avaient mis dans une merde noire. Le pénule ne pouvait se concentrer que sur une information à la fois et si personne ne venait à lui rappelait ses obligations, il risquait bien de tomber des nues lorsqu'on lui apprendrait une fois de plus que le faux enlèvement avait causé un trouble bien profond à Edelmia. Ainsi était la vie d'un bourrin de plébéien.
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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeMar 15 Déc - 9:11


S’inquiéter, c’est souffrir deux fois. Et il se trouve que, toute proportion gardée, la patricienne a largement eu son content de souffrance morale ces derniers mois, ces dernières années. Bien sûr, elle dort dans de jolis draps, a ses propres esclaves, elle a toujours mangé à sa faim et n’a jamais manqué de rien, du moins au niveau matériel. Cela étant, cela ne signifie pas que sa vie est absolument idyllique.

Cette impression d’être autre chose que ce à quoi on la cantonne constamment, cet ardent désir d’apprendre, de savoir, de lire et d’échanger en compagnie de personnes qui partagent ou non ses opinions et ses goûts, ces envies et tous ces désirs perpétuellement refoulés…Vivre avec un masque…en permanence…Le masque d’une jolie femme de la classe patricienne, silencieuse et obéissante, toujours dans l’ombre, voilà ce qu’elle a du afficher aux yeux de tous, alors que dessous, sous ces fards légers et ces silences lourds s’entrechoquent vingt idées à la seconde, des élans du cœur difficiles à contenir, des sentiments violents toujours bridés.

Il est difficile de se défaire d’une telle carapace, d’un tel masque. Ce n’est pas le genre d’accessoire qu’on ôte et qu’on abandonne dans un coin, non. L’ôter revient à montrer qui elle est réellement, il faut donc procéder avec méthode et circonspection, prendre le temps, laisser les fards s’écailler et les laisser tomber petit à petit pour révéler sa vraie personnalité. Et c’est très précisément ce qui est, lentement, en train de se produire, dans cette agricola non loin de la Valtaia.

Il lui a fallu du temps pour s’habituer, prendre ses repères, mais l’absence de remarques déplaisantes, de mâle dominant toujours à la rabrouer, tout cela a beaucoup joué dans la découverte de cette attitude dont sont témoins Manius, Quintilius et Titus.

S’inquiéter c’est souffrir deux fois donc, elle aspire à ne plus réellement s’inquiéter en se disant qu’il sera toujours temps de songer à tout cela plus tard, cette nuit par exemple, quand tous ces hommes seront occupés à ronfler la bouche ouverte et la bave roulant sur la joue. Au moins, ils se tairont, tous, et elle pourra un peu mieux échafauder ses plans pour la suite.

Pour l’instant, elle s’amuse. Elle s’amuse de voir Titus dans des habits trop larges pour lui. La différence entre les corps des deux compères est flagrante. D’ailleurs, elle observe Quintilius comme si elle le regardait pour la première fois. La jolie blonde n’a jamais prêté attention à sa carrure qui détonne complètement face à celle de Titus, qui a l’air d’un jouvenceau à côté du pénule. Nul doute que ce dernier pourrait très bien, lui aussi, abattre son jeune maître d’un coup bien placé, sans la moindre difficulté. Tout cela, elle le détaille d’un regard acéré, pensive, avant de sourire encore en voyant son pseudo sauveur se trouver magnifique dans cette tunique qui pourrait en abriter deux comme lui. A dire vrai, il ressemble à Manius, le jour où elle l’a retrouvé dans la chambre parentale à essayer les vêtements de leur mère…mais ça, elle ne le dira jamais évidemment.

- Pourquoi ton esclave s’est-il enfui ? En as-tu une idée ?

Elle ne croit pas un seul instant à ses menaces, elle sait que s’il y a du sale boulot à effectuer, ce sera à Quintilius de l’assumer. Elle lui reconnaît toutefois un élan passionné, digne du comédien qu’il est, ce qui la fait sourire plus encore.

- Parce que quitter ton service pour aller se réfugier dans l’endroit le plus malodorant de cette cité…ce n’est pas très avisé.

Et ce n’est rien de le dire. Elle se souvient très bien de l’odeur qui stagnait près du fleuve alors qu’ils se rendaient tous les trois au bord de mer. Elle se lève, remettant de l’ordre dans sa tenue, avant de dire, le plus tranquillement du monde :

- He bien pendant que vous partirez en duo à la chasse à l’esclave renégat, je continuerai de m’entraîner avec ce poignard et ce fantoche de paille…Sous l’aisselle, pour provoquer le plus de dégâts, c’est bien cela Quintilius ?

Un sourire étire ses lèvres, fendant largement son visage.

- Vous n’aurez pas besoin d’une femme après tout. Quant à Manius…C’est Manius. Cela étant…

Elle approche de Titus, avec la prestance d’un chat, avant de le regarder, de nouer ses bras autour de son cou pour déposer un doux baiser sur sa joue et murmurer ensuite, à son oreille :

- Essaye de rester en vie, mon ami. Qu’adviendra-t-il de nous, si tu disparais ?

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MessageSujet: Re: Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius]   Les désastreuses retombées d'un plan parfait [Honoria, Quintilius] I_icon_minitimeLun 21 Déc - 19:45


« On devrait y aller tout de suite ! » s'exclama Merula, tout excité. La perspective d'exercer sa vengeance sur ce lâche de Condylome le mettait dans une joie comparable à celle d'un môme attendant la visite du père Noellus. Ne connaissez-vous point ce vieux monsieur qui, à une époque, distribuait des bonbons aux enfants dans les bas-fonds d'Edelmia ? Une charmante histoire qui avait pris fin l'année précédente, lorsqu'on avait découvert qu'il les droguait pour les molester ensuite. Le forban avait fini crucifié, et c'était précisément le sort qu'envisageait aujourd'hui Merula pour son valet. Si cette idée le mettait autant en joie, ce n'était pas tant pour le plaisir d'exercer un châtiment ; c'était avant tout parce qu'elle lui offrait une distraction salutaire, lui permettant de repousser encore un peu le moment où il faudrait affronter les événements d'Edelmia. La question d'Honoria, toutefois, tempéra quelque peu son ardeur : pourquoi, oui, pour quelle absurde raison Condylome avait-il pu éprouver le désir d'échapper à son bienveillant joug ? Cela, Merula était bien incapable d'y répondre. N'avait-il pas été un bon maître ? N'avait-il pas toujours associé Condylome à ses distractions, du moins presque toutes ? Il en était venu à considérer l'esclave comme son plus vieil ami. « C'est un grand mystère », reconnut-il, « et le seul homme à détenir la réponse ne va pas tarder à nous la fournir. »

Pourquoi se faire chier à réfléchir, quand on pouvait arracher la vérité au concerné sous la torture ? Merula avait toujours eu l'esprit pratique. Il regrettait, toutefois, qu'Honoria ne se joigne pas à leur petite escapade. Ce n'était pas qu'ils aient spécialement besoin d'elle, et d'ailleurs, il était plus prudent qu'elle ne vienne pas... mais l'idée de la quitter si tôt après leurs retrouvailles le rendait chagrin. Un sentiment que n'allaient pas atténuer les attentions câlines de l'intéressée. Surpris de la trouver si affectueuse à son égard, Merula en vint à se rappeler pour quelle raison il s'était lancé dans cette aventure : un peu pour faire chier leurs pères à tous les deux, certes, mais aussi et surtout pour impressionner la donzelle. Et comme elle accrochait à présent ses bras autour de son cou, le patricien en déduisait, fort lucidement, qu'il était parvenu à ses fins. Merula en était heureux, bien sûr, et en même temps, il espérait que ça n'allait pas finir par le mettre dans l'embarras - comprenez, un autre embarras que celui d'être recherché pour enlèvement et séquestration de deux des enfants du préteur Scorpa. Si elle s'amourachait de lui, comment lui faire comprendre qu'il ne pouvait se résoudre à devenir l'homme d'une seule femme ? Elle allait vouloir l'épouser, lui donner une ribambelle de gamins, qui seraient probablement tous aussi niais que son petit frère... Merula n'était guère emballé, mais il résolut de repousser cette question à plus tard. Il aurait tout le temps d'y repenser, une fois qu'ils auraient passé au moins une nuit ensemble. Peut-être deux, si la première était concluante. Et ensuite, il lui ferait comprendre avec tact et doigté qu'ils s'étaient bien amusés, ensemble, mais qu'il était temps qu'elle retourne chez son père.

« Ne t'inquiète pas, ma belle » murmura-t-il à l'oreille d'Honoria, d'une voix douce et rassurante. « Il n'est pas né, celui qui peut faire disparaître Titus Sevinius Merula. Ou alors il vient tout juste de naître, mais dans ce cas il est encore un peu jeune. » Sur ces paroles empreintes d'une grande sagesse, le patricien trouva de bon goût d'ajouter : « pendant notre absence, tu n'as qu'à nous arranger un joli coin dans la grange. Les nuits se font fraîches, il est imprudent de les passer seul. » Il ponctua ces paroles romantiques d'un clin d'oeil, avant de se tourner vers Quintilius. « Allons-y, mon brave Quinquin. Allons-y ! Toi, moi, Pupu, comme au bon vieux temps. J'espère qu'il y aura de la castagne, je tiens une forme épatante. » Il se fendit d'un rapide regard vers Honoria à ces mots, un regard qui signifiait qu'il entendait bien le lui prouver sous peu.
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