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 Le père et la mer (PV Honoria)

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Quintilius Lamius

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MessageSujet: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMer 30 Sep - 17:54



20e jour de Secundo Seminare
An 399

Voilà bien des années que Quintilius n'avait pas posé les yeux sur le grand temple de Valta qui dominait la ville du haut des falaises surplombant les masures crasseuse de la populace. Même à des lieues de distance, les puissantes colonnes de l'Aedes Valtai étaient visibles, comme le Grand Phare de la ville ... Mais depuis la terre. C'est dans cet état d'esprit un brin poétique que le pénule observa l'édifice alors que la charrette s'engouffrait dans les venelles boueuses d'Actéa pour ressortir un peu plus loin de la cité et retrouver la ferme de son enfance. Et terré dans cette bicoque branlante, le pire être qu'il avait jamais connu, un sac à vinasse à la main leste et au langage fleuri, Quintus Lamius, son père.

Durant le long voyage qu'il avait effectué avec Calpurnia et ses deux vrais faux prisonniers, le temps avait semblé filé au ralenti. Il y avait bien longtemps que près de cinq jours lui avait paru le double. Ce gamin n'était pas méchant, mais il avait le chic pour poser des questions aussi inutiles que nombreuses. Et qu'est-ce que c'est que cette bestiole ? Et quand est-ce qu'on arrive ? Et pourquoi le cochon il a des tâches ? Et c'est quand qu'on mange ? ... À une ou deux reprises, la paluche de Quintilius l'avait démangé de lui faire ravaler ses interrogations en même temps que ses dents. Et pendant ce temps là, Honoria répondait avec un petit sourire, patiente et pédagogue. Comment cette bonne femme faisait pour ne pas avoir envie de tarter ce mioche à longueur de temps ? Voilà bien une chose qui lui échappait totalement. En même temps, il n'avait pas eu le meilleur exemple lorsqu'il grandissait et il le savait bien.

Alors que le corps de ferme se dessinait au bout du chemin à l'horizon, le pénule se tourna vers sa vraie fausse otage qui caressait les cheveux de son frère qui s'était enfin assoupi. Pupu aussi pionçait à l'arrière, ses ronflements rauques ne laissaient aucun doute sur son occupation de l'instant. Elle avait subi le gamin autant que lui et lorsqu'il s'écroulait de fatigue, la truie ne tardait guère à l'imiter. Quintilius abaissa la comissure de ses lèvres en observant le spectacle et émit un petit grognement appréciateur.

Tu feras une bonne mère.

Il croisa le regard de la jeune patricienne l'espace d'un instant avant de tourner ses yeux vers son fief natal. Lamius tendit l'index vers l'avant avant de poursuivre sur un tout autre sujet.

On arrive. Personne viendra jamais nous chercher là-bas. Par contre ... Faudra faire gaffe à mon paternel ...

Il lâcha une longue inspiration honteuse et pleine d'appréhension avant de confier.

L'est violent ... Et con ...

Et quand on savait de qui venait cette phrase, il y avait de quoi s'attendre au pire.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMer 30 Sep - 20:14


Si le temps avait semblé long à Quintilius, il en a été de même pour Honoria. Manius a, lui, passé les plus beaux jours de sa vie, coincé entre des victuailles, sa sœur et une truie, parlant sans arrêt, posant des questions dans tous les sens et sur tous les sujets, à sa sœur, au cochon et même au pénule qui a laissé son exaspération se manifester plus d’une fois. Toujours, Honoria réussissait à apaiser l’enfant. Et ce fut là sa seule distraction pendant ces longs jours de voyage. Elle a le dos en miettes, elle a très mal aux jambes et rêve de pouvoir s’allonger sur quelque chose de doux et de chaud, fut-ce même un ballot de paille dans une grange. Cependant, ces petits maux ne sont rien en regard de la satisfaction qu’elle a éprouvé en regardant les paysages défiler. Pour la première fois de toute son existence, un sentiment de liberté l’envahit alors qu’elle est, paradoxalement, enlevée et séquestrée par un homme qui a fort proprement éclaté des mâchoires sur le pas de la porte de la villa sicinii.

Quand Manius et Calpurnia parvenaient – enfin – à s’endormir, elle glissait jusqu’au bord du plateau et laissait ses jambes balloter dans le vide, avec un sourire, le corps appuyé contre la paroi de bois grinçant. Dans les campagnes, elle pouvait ôter le voile de laine qui cachait sa personne, elle profitait donc du soleil, du grand air, les yeux fermés, les rouvrant sur un ciel bleu ou une nuit pleine d’étoiles.

Ce sentiment nouveau, cette découverte, cette sensation là…C’est fort et intense et elle regrette de ne pas avoir de parchemin sur lequel coucher tout ce à quoi elle pense, tout ce qui lui vient à l’esprit. D’autant qu’elle ne peut partager ses réflexions avec le pénule pour qui le voyage est semble-t-il une purge infinie. Leurs échanges se limitent à de brèves phrases, des mots grognés ou des mouvements de la tête. Aussi lorsque le pénule e retourne, ce jour-là, pour les regarder, elle et son frère, avant de lui dire qu’elle ferait une bonne mère, Honoria en a presque un hoquet de surprise.

- Merci Quintilius

Une bonne mère ? Juste parce qu’elle s’occupe de son frère ? Elle regarde ailleurs. Peut-être qu’elle sera une mère admirable, oui, peut-être pas. Elle n’est de toute façon pas pressée de le savoir.
Elle est cependant ravie de savoir que le voyage touche à sa fin. Descendre de là. Passer de l’eau sur son corps, essayer de se reposer…ce serait idéal. Mais…

- Ton père ?

Elle se redresse un peu, prenant garde de ne pas réveiller Manius qui sourit en dormant. Le sommeil du juste.

- Pourquoi serait-il violent avec nous ? Nous nous ferons tous petits, il ne saura même pas que nous sommes là…

C’était aller un peu vite en besogne et surtout c’est oublier la présence de Manius…l’élément instable dans une situation critique. Ses longs doigts glissent sur la chevelure de son frère, pensive.

- Il n’y a plus qu’à espérer que Titus ne nous oublie pas alors…Je ferai en sorte de ne pas gêner ton père, Quintilius. Manius restera près de moi.

La violence verbale, elle peut l’encaisser. Question d’habitude. La violence physique par contre…Elle n’est pas certaine d’y parvenir et elle préfèrera se dérober, rester à l’écart de tous les problèmes plutôt que de les affronter. Ce n’est que quelques jours, après tout…Cela devrait bien se passer, si tout le monde y met du sien. Non ?


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Quintilius Lamius

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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeJeu 1 Oct - 20:56


La carriole cahotait sur le sentier tandis que les murs jaunies de l'agricola grossisaient face à l'équipage hétéroclite. La jeune ne peut s'empêcher de réagir aux paroles du conducteur en se tortillant sur son céans en tentant de ne pas réveiller son benjamin.

Ton père ? Pourquoi serait-il violent avec nous ? Nous nous ferons tous petits, il ne saura même pas que nous sommes là…

Quintilius haussa les épaules et répondit amèrement en tordant sa bouche.

Pourquoi que l'soleil y s'lève le matin et s'couche le soir ?

Les barrières qui délimitaient les champs de choux qui entouraient la maison de son enfance encadrèrent bientôt la route. Honoria laissa échapper un commentaire d'un ton pensif.

Il n’y a plus qu’à espérer que Titus ne nous oublie pas alors…Je ferai en sorte de ne pas gêner ton père, Quintilius. Manius restera près de moi.

Elle ne reçut comme réponse qu'un unique grognement approbateur. Il ne le formula pas, mais lui aussi espérait que le jeune patricien les rejoindraient rapidement. Ce n'était pas la compagnie de son otage, ni celle, pourtant un brin exaspérante, du petit frère de celle-ci qui l'ennuyait, mais bien d'être retour dans cette sinistre baraque et de devoir côtoyer le sac à purin qui lui servait de géniteur. Il tira sur les rênes pour faire s'immobiliser la bête qui les avait tracté pendant des jours entiers. Pendant un instant, il resta prostré, toisant sans un mot la porte de bois close qui perçait le mur. Il expira longuement, comme pour se donner le courage d'aller affronter l'énergumène qui hiberner à l'interieur. Il se frotta le plat des mains contre ses cuisses, cherchant à se donner l'élan nécessaire pour descendre de son banc de conduite. Prenant son courage à deux mains, il se redressa et sauta les deux pieds dans la boue. Il se tourna vers sa passagère en lorgnant sur le poids mort qui l'entravait.

Bon ... Donne-le. J'vais l'porter. Si qui peut rester endormi encore un peu, ça s'ra toujours ça.

Il entreprit de faire le tour du cheval pour venir se poster du côté de la patricienne. Il posa un pied sur le marchepied et se redressa pour coller sa cuisse contre le rebord en bois. Il passa une main sous la tête du gamin, puis enroula son bras sous son dos et le souleva sans effort. Il plaqua le petit corps endormi contre lui et retrouva le plancher des vaches. L'action fut aussi rapide que délicate et hormis un petit ronchonnement endormi, Manius ne se fit pas prier pour continuer sa sieste. Son avant-bras bien calé sous les fesses du môme, le pénule se la joua gentilhomme en tendant sa main libre vers Honoria pour l'aider à descendre. Sentant le regard de la jeune femme posé sur lui, il chuchota tout en gardant les yeux rivés vers la porte non loin.

Ouais j'ai l'habitude ... Quand on r'tire les procelets à leur mère, faut être rapide et ... comment qu'on dit déjà ? Délicat !

Et alors qu'il sentait les doigts fins de la patricienne qui acceptait son appui pour descendre de son perchoir, l'huis tant redouté s'ouvrit avec fracas pour dévoiler une silhouette épaisse aux cheveux gris, le nez et les joues écarlates et les joues rongées de petite vérole. Vouté et bedonnant, malgré le poids des ans qui pesaient sur lui, Quintus Lamius apparaissait dans un état d'ébriété faisant honneur aux souvenirs que le pénule avait de lui. Des tâches de sueur et de boue ornaient sa stola marron et assez courte pour qu'on puisse voir ce qu'il y avait dessous au moindre pas de travers. Le vieil homme éructa bruyamment en traînant une petite amphore au cul rond avant de s'écrier.

AH TE V'LÀ SALE PETIT MERDEUX ! ... Qui qu'c'est qu'tu m'ramènes chez moi ?!  HEIN ??! 'CORE UNE PUTAIN  DE LA VILLE ?!

Il eut un hoquet violent avant de dégobiller ses tripes dans une gerbe jaunâtre immonde. Des vestiges de son coup d'éclats vinrent s'encroûter sur lui et il vacilla un instant avant de se rattraper au chambranle de la porte.

Grouik ?

La truie avait été réveillé par les cris et pointait le groin en dehors de la charrette. Quintilius se tourna vers Honoria en levant les sourcils, impuissant.

Voilà ... Le pater familias ... Et 'core, là il est d'bonne humeur.
C'quoi qu'tu portes ? ... L'est gros pour un chevreau c't'y-ci !

Sans prêter plus attention à son pochtron de père, il fit un signe de la tête à Honoria indiquant de le suivre avant de déclarer.

J't'avais dit ... L'est con comme une porte.

Sur ses entrefaits, le petit Manius s'éveilla de son sommeil dans les bras du pénule qui n'avait pourtant pas que ça à faire de devoir gérer le petit fouteur de merde en plus ...
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeSam 3 Oct - 14:14


Honoria ne dit rien. Elle se contente de regarder les alentours, les champs de choux, la maison, la boue du sol. Et toujours elle ne dit rien. Elle protège Manius de son mieux, le gardant contre elle, tout en le berçant avec une tendresse teintée d’inquiétude. Les paroles relatives à cet hôte violent et…con…trottent en son esprit, si bien qu’elle en a perdu le sourire. L’attitude de Quintilius, pleine de déférence et de délicatesse, ne parvient pas à lui ôter cette inquiétude latente. Voir son petit frère dans les bras de cet homme si fort qu’il pourrait le casser en deux lui fait un peu peur. Elle se saisit pourtant de sa main pour descendre, glissant ses longs doigts fins dans la main épaisse afin de ne pas tomber dans la boue.

- Merci Quintilius…Est-ce q…

La porte s’ouvre alors pour révéler un homme. Pas le plus beau et pas le plus digne, c’est certain. A peine couvert, sale, ivre et grossier, il invective directement le pénule avant de qualifier Honoria de putain. Honoria a un regard pour son vrai faux ravisseur et hoche la tête avant d’observer Manius.

- Je reste près de toi, Quintilius, si tu le permets…Ton père n’a pas l’air très aimable…

Le hoquet dégoutant annonçant les vomissures lui fait fermer les yeux, elle préfère regarder ailleurs. Cet homme ressemble à ces indigents qui trainent la patte dans les mauvais quartiers, la dent pourrie, l’haleine fétide et le bras leste. Elle regrette, maintenant, d’avoir entraîné son frère là dedans. Alors elle reste derrière Quintilius, se cachant sans honte derrière l’imposant pénule, afin d’échapper aux regards du pater familias.

- Honoria ?, dit une faible voix.

La patricienne approche de Manius et passe une main sur son front, murmurant des paroles à son oreille :

- Manius, je t’en supplie, ne dis rien maintenant. Attends que l’on soit à l’intérieur…C’est Quintilius qui te porte, tu es trop lourd pour moi…
- Pourquoi il crie le monsieur ?

Il regarde l’homme qui le porte, cherchant à se blottir contre lui.

- J’suis pas une chèvre…

Honoria a un regard très très inquiet pour l'homme qui éructe tout seul là bas. Elle se cache sous les pauvres tissus de sa tenue, ses pieds s’enfonçant dans la boue. Oui…Il est vraiment à espérer que Titus ne tardera pas à les tirer de là…
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeSam 3 Oct - 17:55

Je reste près de toi, Quintilius, si tu le permets…Ton père n’a pas l’air très aimable…

Un sacré euphémisme que cette affirmation pensa Quintilius. Pas en ces termes exacts, bien entendu, mais l'idée était la même. Manius s'éveilla suite aux vociférations du vieil homme et à son geyser de gerbe billieuse. L'aînée des enfants Sicinii tenta de faire faire profil bas au plus jeune qui malgré ses yeux encore rougis de sa sieste s'offusqua devant l'affirmation du père de son porteur.

J’suis pas une chèvre…

Encore une fois, l'affirmation était pleine d'évidence mais pour l'oeil embué d'alcool du vieux Quintus, il n'était qu'un amas de chair flou et potelé. La donzelle se terrant dans son ombre et le bambin se blotissant dans ses bras, Quintilius devait être celui qui menait l'échange. Il avança du pas le plus assuré qu'il put vers son père qui cracha un immonde glaviot jaune et moucheté de noir devant lui. Au même moment, Calpurnia descendit de la carriole avec toute l'élégance et la grâce de son espèce. Elle se laissa glisser mollement jusqu'au sol et toucha la boue dans un bruit humide avant de s'ébrouer pour envoyer de la terre un peu partout autour d'elle. Elle s'approcha ensuite de la jeune femme et la suivit tranquillement en remuant le groin pour s'imprégner des odeurs de la campagne. Quintus lorgna vers l'animal avant de rire entre ses dents pourries et de s'exclamer.

AH ! ... C't-y qu'au moins t'as ram'né d'la bouffe !
Grouik ?

Le regard exaspéré de Quintilius se mua lentement en un toisage haineux. Il saisit Manius sous les bras et le laissa glisser vers le sol. Il souffla à Honoria, à mi-voix et sans lâcher l'ivrogne du regard.

Garde-le deux minutes.

Il approcha de son père et fut saisit par l'odeur qu'il dégageait et pourtant le pénule n'était pas des plus regardants sur cet aspect. Il fut obligé pourtant de froncer le nez et un goût de métal vint lui agiter le fond de la langue. Prenant sur lui, il saisit le col de son père et gronda en froissant sa stola dégueulasse, ce qui eu pour effet de montrer que l'ivrogne était cul nu.

Tu la touches pas ! Tu touches personne ! On sera parti dans pas long ... Picole et pionce dans ton coin ... Et ferme la, vieil homme !

Il continua d'avancer vers l'intérieur en traînant à moitié son pochtron de père par son unique vêtement. À bien y penser, il se pouvait très bien que les deux otages de Quintilius eussent une vue troublante du fessier poilu et mal torché de l'épave qui servait de père à leur ravisseur. Les deux hommes pénétrèrent dans la masure qui sentaient le renfermé et la pisse froide. Le bois était vermoulu un peu partout et des pelures en décomposition décoraient le sol. Le vieux avait réussi à rendre ce taudis encore plus ignoble que dans les lointains souvenirs de son fils. C'est à cet instant que le soudard réalisa qu'il était tenu de façon mençante et qu'il tenta de se débattre en reprenant ses hurlements incohérents.

LÂCHE-MOI, SALE BAISEUR DE VACHES !

Il rua, s'agita, battit des bras, se tortilla pour finalement écraser sa petite amphore sur le crâne de Quintilius. Des morceaux de terre cuite volèrent autour de sa tête et l'eau-de-vie à demi-frelatée se répandit sur son visage et coula dans son cou. Pour unique réponse, il envoya son front rencontrer le visage de son agresseur qui partit en arrière pour venir s'échouer sur les fesses un peu plus loin. Il sortit en furie de la bicoque branlante et rejoignit ses otages. Il grogna alors.

On va prendre le p'tit étable là-bas ... Y a plus d'bestiaux d'puis des années et on s'ra mieux qu'avec ce vieux débris !

Il dépassa les Sicinii et Pupu inspecta l'intérieur rapidement pour voir le père de son camarade d'aventure allongé dans la crasse. Elle émit un petit grognement appréciateur avant de suivre Quintilius. Il ôta les attaches du cheval et l'emmena par la bride vers un bâtiment plus large que haut à quelques pas sur leur gauche. Il se tourna vers Honoria, dévoilant un filet de sang qui coulait sur son front depuis le haut de son crâne.

Par Soltar, vous v'nez ou quoi ?

Sur ces mots, Pupu se mit à trottiner pour le rejoindre. Au moins elle, elle l'écoutait. Et les deux compères avançèrent vers l'étable en espérant que les deux patriciens auraient la bonne idée de suivre l'exemple de la truie.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeSam 3 Oct - 21:13


Décrire tout ce que ressent la jolie patricienne en ces instants n’a rien de bien compliqué. Il s’agit d’un mélange de sentiments honteux, oscillant entre la franche panique et le plus total dégoût. La perspective de côtoyer un homme aussi déplaisant n’est pas sans risques, surtout vis-à-vis de Manius. Le petit garçon est dans ses bras à présent, parce que le pénule a saisi son père par cet affreux vêtement qui le couvre pour l’entraîner à l’intérieur du taudis. Les deux patriciens ont donc tout le loisir d’observer les parties les plus charnues de son anatomie, lesquelles ne se distinguent guère par leur propreté. Honoria préfère regarder ailleurs, Manius, lui, ouvre la bouche sans dire un seul mot, fasciné par la violence dont fait preuve Quintilius vis-à-vis de son géniteur.

- C’est quoi un baiseur de vaches, Honoria ?

La patricienne garde son frère tout contre elle, et caresse ses cheveux, tout en répondant, après une petite toux gênée :

- Ce sont des mots grossiers d’ivrogne. N’y prête pas attention, Manius.
- Ils se tapent dessus !

La patricienne reste les pieds dans la boue, immobile, à écouter et à voir tout ce qui se passe à l’intérieur de la masure. Elle voit le « père » abattre son amphore sur la tête du pénule, ce qui lui fait poser sa main sur sa bouche, de stupéfaction. La réaction de Quintilius ne se fait pas attendre, évidemment, et elle est à la hauteur de ce qu’elle a pu voir sur le pas de la porte de la villa de son père. Il vient tout simplement d’envoyer valser son géniteur d’un coup de tête bien placé. Honoria blêmit en le voyant sortir, furieux, gardant Manius contre elle, notant le sang coulant sur la figure de leur ravisseur. Elle jette un regard à l’étable, prostrée, avant d’être rappelée à l’ordre par Quintilius. Elle prend la main de Manius et suit donc le duo, sans dire le moindre mot.

Tout sera préférable à la présence de cet individu qui éructe toujours, seul, les fesses posées sur le sol. Dans l’étable, Honoria fait asseoir Manius sur un petit tas de paille puis ôte la palla qui couvre sa tête et le haut de son corps pour en draper les épaules de son frère. Il fait froid ici et elle n’a pas envie que son frère attrape un rhume. Elle dépose un baiser sur son front, le laissant profiter du vêtement chaud et de la paille, avant de regarder Quintilius.

- Tu saignes.

Un autre regard pour la truie puis pour le cheval, puis pour les lieux, tristes. Elle plisse les lèvres, résignée.

- Je suis désolée d’être une source de problèmes. Une fois de plus,
finit-elle en pensée.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeDim 4 Oct - 16:36

Pestant dans sa barbe naissante, Quintilius entra dans l'étable d'un pas décidé, suivi par le cheval puis Pupu. Quelques seconds plus tard, honoria et Manius les rejoignirent. Même si le bâtiment n'abritait plus de bovins depuis plusieurs années, le toit et la charpente paraissait avoir bien moins souffert que ceux de la demeure du père. D'un geste expert, il retira le mord et les rênes pour les suspendre un crochet en fer avant d'étaler un petit ballot de paille devant l'animal. Pendant ce temps, la jeune femme emmitouflait son petit frère sous sa palla et se tournait vers son ravisseur.

Tu saignes.

Il passa sa main sur le visage avant d'observer sa paume teintée de rouge. Il expira bruyamment en étalant plus qu'il n'essuyait le carmin qui coulait sur son visage. La jeune femme dit alors, la mine contrite.

Je suis désolée d’être une source de problèmes. Une fois de plus.

La remarque autant que le ton firent tourner les yeux de Quintilius vers Honoria. Calpurnia sentit également l'amertume de la jeune femme et vint se coller à sa jambe afin de lui assurer son soutien. Quintilius haussa les épaules avant de répondre.

Pourquoi qu'tu t'excuses ? C'est lui l'problème ... L'aime rien à part sa bibine et l'est pas assez malin pour arrêter de têter l'goulot. C'comme ça d'puis qu'chuis né.

Il se saisit d'un autre petit ballot de paille et l'étala dans une stalle adjacente à celle où il avait mis le cheval. Les fêtus voletaient autour de sa tête tandis qu'il oeuvrait, le visage fermé.

Vous pourrez dormir là ! Alors ouais, ça vaut pas la chambre d'ta domus mais 'devriez avoir chaud.

Puis sans un mot de plus, il retira son haut de tunique pour l'étendre sur la séparation entre les stalles. La vinasse de son père collait sur sa peau et dans ses cheveux et quelques gouttes de sang avaient trouvés leur route jusque sur le torse du pénule. Au contraire de son père, il avait la présence d'esprit de porter une paire de braies courtes et épargna à ses otages la vision de son fessier. Ils ne purent voir que la solide musculature du bonhomme qui se dissimulait sous une forêt de poils bruns et frisés. D'un mouvement sec, il arracha un petit pan de la dite tunique et la plia avant de la poser sur le haut de son front pour stopper le flot de sang qui continuait de ruisseler de part et d'autre de son nez. Sans vraiment réaliser s'il se montrait impudique avec Honoria, il s'approcha d'elle et vint s'adosser contre une poutre de soutènement. Il observa les deux enfants du Préteur et ne put retenir sa curiosité.

Dis ... J't'ai pas 'core demandé ... Mais pourquoi qu'Titus y voulait que j't'enlève pour de faux ?

Pupu vint le rejoindre en se dandinnant et il lui caressa le bas du dos, juste au-dessus de sa queue tirebouchonnée pour le plus grand plaisir de l'animal qui émit une espèce de ronronnement en secouant la tête.

Y m'a dit "Va là et mets la fille dans la carriole" mais j'ai pas pensé à d'mander pourquoi.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeDim 4 Oct - 20:31


Honoria n’est pas très à l’aise avec les animaux, aussi quand la truie vient se frotter à elle, elle a une petite hésitation mais vient gentiment tapoter le dos de l’animal, en douceur, pour la remercier de sa sollicitude. Un petit contact tout délicat qui ne dure pas plus de deux secondes. Quelque part, cela la touche un peu, surtout qu’elle a toujours pensé que les cochons sont juste bons à être mangés, rien de plus, rien de moins.

Le visage de la patricienne se tord quelque peu en un rictus d’amertume aux paroles de Quintilius. Quel que soit leur rang social, il semble que tous les pères ont de sérieux problèmes avec l’éducation de leurs enfants…Cela étant, elle ne répond rien, elle le regarde étaler la paille dans une autre stalle, un frisson parcourant son dos à présent. Il ne fait pas très chaud ici mais bon Manius est au moins protégé par son vêtement. Elle se frotte les avant-bras avant d’inciter son petit frère à se lever et à la suivre. Elle lui montre le tas de paille et Manius s’y précipite, se jetant dans les fétus avec un rire, se blottissant de son mieux, comme dans un cocon douillet. Couvert par la palla de sa sœur, allongé sur un chaud matelas odorant, le petit garçon ne tarde pas à s’assoupir, sous le regard attentif de son aînée.

Une sœur qui observe à la dérobée leur vrai faux ravisseur avant de regarder ailleurs. On ne peut pas dire que la pudeur soit respectée. Loin de là. Après une vision qui risque de la hanter pour longtemps, celle du postérieur affaissé et dégoutant de Quintus Lamius, la voilà à proximité immédiate d’un homme si peu vêtu qu’elle en ressent un certain malaise. Elle fait d’ailleurs un pas de côté pour s’en éloigner.

- Tu as toujours vu ton père boire jusqu’à la déraison…Moi j’ai toujours vu le mien faire comme si je n’existais pas, il n’y a que la politique, sa carrière et sa gloire qui comptent. J’ai juste voulu lui rappeler que je ne compte pas pour rien…Mais…

Elle souffle sur ses doigts froids, avant de poursuivre :

- Je ne suis même pas certaine que cela aura un effet…Je ne sais même pas s’il se rappelle qu’il a une épouse déjà…Si ça se trouve, il est bien content en fait…

Elle regarde le pénule sans ciller.

- Titus a tenu parole. Je dois lui concéder cela. J’espère juste qu’il ne tardera pas…Autant pour toi que pour nous…

Honoria a un regard pour la masure et baisse la tête. Elle comptait prendre un peu de repos, il ne faut pas y songer un seul instant avec un pareil énergumène dans les parages. Un homme violent et idiot, sale et dégoutant…Un frisson d’horreur la parcourt, à moins que cela ne soit l’humidité.

- Est-ce qu’il y aurait ici une vieille couverture, quelque chose pour me réchauffer un peu ? Le petit a ma palla et je n’ai plus rien pour me prémunir du froid.
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Quintilius Lamius

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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeLun 5 Oct - 20:53


Honoria avait beau avoir montré une attention remarquable envers son petit frère, elle frissonait et soufflait dans ses mains tandis qu'elle se risquait à faire une comparaison entre son père et l'épave qu'était celui du pénule.

Tu as toujours vu ton père boire jusqu’à la déraison… Moi j’ai toujours vu le mien faire comme si je n’existais pas, il n’y a que la politique, sa carrière et sa gloire qui comptent. J’ai juste voulu lui rappeler que je ne compte pas pour rien… Mais… Je ne suis même pas certaine que cela aura un effet… Je ne sais même pas s’il se rappelle qu’il a une épouse déjà… Si ça se trouve, il est bien content en fait…

Un sourcil s'arqua pour courber le cours du sang qui s'écoulait sur son front. Quintilius avait un peu de mal à comprendre tant de pessimisme et d'amertume chez une fill née avec des esclaves pour l'habiller et la coiffer, de l'argent à ne plus savoir quoi en foutre et comme unique souci ce que pouvait bien penser son père d'elle. Elle poursuivit entre deux frissons.

Titus a tenu parole. Je dois lui concéder cela. J’espère juste qu’il ne tardera pas… Autant pour toi que pour nous…

Elle le toisait avec insistance, s'enlassant elle-même pour tenter de garder le maximum de chaleur. À moins que ...

Est-ce qu’il y aurait ici une vieille couverture, quelque chose pour me réchauffer un peu ? Le petit a ma palla et je n’ai plus rien pour me prémunir du froid.

Ah la chaudière ! C'était donc ça les oeillades, les mains doucement posées sur son bras, les confessions à mi-voix en se penchant vers lui et cette pose lassive qu'il avait naïvement pris pour une tentative de lutter contre le froid dans l'étable, c'était en fait un stratagème pour bomber sa poitrine un peu plus. Quintilius n'était peut-être pas un spécialiste des femmes, mais Titus lui en avait appris quelques unes sur ces êtres. Lamius se redressa, écarquillant un peu les yeux en comprenant le jeu de séduction auquel se livrait la succube en toge. Aussi ravissante et aux formes galbées qu'elle était, le pénule ne pouvait se résoudre à lui servir de bouillote pour la nuit, au milieu du foin et en présence du petit frère aussi débile fusse-t-il. Et puis c'était la chasse gardée de Titus, il le rosserait au centuple des plaisirs qu'il pourrait connaître entre les cuisses de la jeune femme. Un peu déstabilisé, Quintilius bégaya.

Euh ... Euh ... Ouais, attends-là !

Et sans un mot de plus, il sortit de la baraque d'un pas haltier, fonçant vers la carriole sans se retourner. Il grimpa sur le plateau arrière d'un bond et fouilla activement à la recherche d'une couverture. Il ne put retenir un hoquet satisfait en trouvant ce qu'il cherchait et retourna vers l'étable sous le regard de Pupu qui avait passé le groin entre les deux grandes portes de l'étable. Il rejoignit la truie et les deux patriciens dont le plus jeune n'avait pas tardé à embarquer à bord de la barque des Rêves d'Uni. Il leva la couverture au-dessus de sa tête avec une certaine nervosité.

Tiens ... Voilà ... J'ai trouvé ...

Il dépassa la jeune femme et étala la couverture dans la stalle ou le gamin bavait déjà tant il se délectait de son matelas de foin. Il pointa son index vers l'entrée de l'étable en poursuivant.

J'vais fermer les portes et dormir là ... Avec Pupu ... J'surveille, t'inquiètes pas !

Il se tourna vers sa truie qui s'allongeait dans un petit tas de paille et la rejoignit. Il s'assit en osant à peine croiser le regard de la jeune femme. Il ne fallait pas la regarder trop frontalement ou elle reprendrait ses avances. Il se savait magnétique, une fellatrix du Bassium lui en avait déjà parlé même s'il n'avait pas bien comprit le sens, alors il préférait éviter de la magnétiser par mégarde. Il lança alors en s'allongeant.

Dors ! D'main on ira sur l'bord de mer ... Titus s'ra pas là avant que'ques jours ! Mais t'en fais pas pour con d'père ... Il doit ronfler dans sa gerbe maint'nant.

Etait-ce vrai ? Probablement. Cela serait-il le cas toute la nuit ? Moins probable ...
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMar 6 Oct - 19:44


Honoria ne comprend pas très bien pourquoi Quintilius semble si surpris. Elle ne demande qu’une couverture, quelque chose de plus ou moins propre à déposer sur ses épaules, pour ne plus ressentir l’humidité. Rien de plus qu’un bout de tissu. Elle le regarde sortir l’étable, un peu perplexe, observant les lieux avec inquiétude, puis son petit frère avec résignation, tout en frissonnant. Manius dort bien au chaud, c’est une consolation. Une toute petite consolation.

Lorsqu’il revient avec la couverture, Honoria grelotte littéralement désormais. Elle file rejoindre son frère en murmurant un rapide :

- Merci…

Puis se glisse sous la couverture tout en se recroquevillant dans la paille. C’est chaud, certes, mais ca pique les bras, les aisselles, donc elle s’enroule dans la couverture, jusqu’à approcher son frère et se blottir contre lui afin de conserver la chaleur. Les paroles du pénule lui parviennent, elle ne répond rien. Elle ne va pas beaucoup dormir, cette nuit. Elle a faim, elle a envie de prendre un bain, elle a peur aussi. Cet homme ivre pas très loin, ivre et violent, n’est pas pour la rassurer. Puis…Il y a Quintilius. Il reste un homme inconnu qui dort pas tout tout près…

Elle passe une main douce et tranquille sur les cheveux de son frère, et serre la couverture contre elle avant de fermer les yeux. Il faut qu’elle dorme un peu. Le voyage l’a fatiguée et une douleur lancinante vrille sa tête…Sûrement trop de fatigue et trop d’émotions d’un coup.

Seule la perspective de voir la mer, enfin, parvient à lui arracher un petit sourire. Avec un peu de chance, peut-être pourra-t-elle laver ses pieds, faire quelque chose pour ses bras salis et contempler ce spectacle qu’elle n’a jamais vu. Des bateaux…de l’eau à perte de vue…le soleil qui fait miroiter les vagues. S’asseoir sur la plage et démêler ses cheveux avec ses doigts…Prendre un peu le soleil…

Radieuse perspective troublée par une petite quinte de toux.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMer 7 Oct - 18:59

C'est vrai qu'il caillait un peu dans cette étable, surtout en aillant fait tomber le haut. Quintilius observait de loin la jeune femme qui grelottait et qui se recroquevilla près du mouflet qui lui profitait du sommeil sans paraître dérangé une seconde par la température. Pupu s'était allongé lattéralement, remuant légèrement la couenne pour creuser un petit trou dans la paille qui épousa plus à sa convenance son corps galbé. Le pénule s'allongea à ses côtés et fixa le plafond qu'il devinait à peine dans la pénombre. Petit à petit, le sommeil le gagnait. Puis une quinte de toux le fit se redresser, les sens en alerte. Machinalement il se saisit du gourdin qui pendait d'ordinaire à sa ceinture sans le trouver. Les doigts épais de Lamius ne trouvèrent que du tissu et de la peau et il se souvint alors qu'il l'avait laissé sous le banc de conduite de la charrette.

Il demeura immobile un instant, remettant assez de neurones à l'endroit pour se souvenir qu'il y avait deux autres personnes dans le bâtiment. Une nouvelle quinte de toux retentit et une série de pas qui faisaient "floc" dans la boue. Il resta assis, en silence, alors que Pupu se relevait à son tour, aux aguets. L'individu approchait des portes closes et semblait faire le tour de l'étable. Le pénule ne se posait pas vraiment la question de l'identité du rôdeur, il était persuadé que son père avait retrouvé ses facultés et venait chercher sa revanche. Il se leva et ouvrit une des portes en grand alors que les pas étaient tout proches.

T'en r'veux, vieux débris ?!

Une ombre fila devant lui et s'engouffra à toute vitesse dans l'étable. Dans une série de bêlements apeurés, une chèvre fit une série de petits bonds à l'intérieur, bientôt suivi par Quintus, toujours ivre mort et brandissant un couteau. Son nez avait éclaté sous l'impact du front de son fils mais l'alcool l'anesthésiait à tel point qu'il n'y prêtait aucune attention.

VIENS LÀ ... Sale ptite gneumugnugnu ...

D'une main vive, il saisit de nouveau le col de son père. C'était la deuxième fois depuis qu'il était revenu et l'espace dun battemant de cil, le pénule sembla savourer l'ironie qui voulait qu'avant c'était l'inverse. Il le secoua comme un prunier en lui beuglant dans les oreilles.

Mais tu vas nous fout' la paix ou merde ?

D'un geste ample, Quintilius déploya son bras et envoya le soudard voler dans la boue quelques pas plus loin. Il le suivit pour lui envoyer un grand coup dans les fesses et le faire rouler un peu plus loin.

Rentre chez toi et dors !

Il lui tourna le dos alors que le vieil homme geignait le nez dans le limon. Le pénule revint à l'intérieur de l'étable et lança à ses faux otages en se frottant les mains.

Bon y r'viendra pu ... D'la biquette au dîner ça vous dit ?
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeJeu 8 Oct - 19:27


Elle n’a pas le temps de fermer longtemps les yeux. Le bruit de pas s’enfonçant dans la boue l’inquiète terriblement. La patricienne rouvre les yeux pour regarder la porte, apercevant dans la pénombre la silhouette de Quintilius. Une suée brille sur son front, sans qu’elle ne s’en rende compte, tout au plus s’en aperçoit-elle lorsque qu’un courant d’air glacial lui rappelle la présence de cette humidité sur son front.

Elle est inquiète.

- Quintilius, que se passe-t-il ?, dit-elle en essuyant son front du revers de sa main.

Le père du pénule. Encore lui. Honoria ne dit rien, elle écoute et n’ose regarder la scène de peur de revoir ce postérieur immonde qu’elle a eu le déplaisir d’observer tout à l’heure. Elle préfère veiller sur son frère, qui ne se réveille pas, la bouche ouverte laissant échapper un petit filet de bave. Elle l’envie, là, tout de suite…

Lorsqu’il envoie son père s’écraser dans la boue, Honoria relève la couverture jusqu’à son menton. La brutalité ne fait pas partie du monde de la jeune femme et toutes ces démonstrations récentes l’effrayent. Elles l’effrayent assez en tout cas pour qu’elle reste muette un long moment, ne répondant pas de suite à Quintilius.

La perspective de rester enfermée dans cette étable durant plusieurs jours achèvent une résistance amoindrie par un état de fatigue important.

- J’ai faim mais j’ai l’impression que si je mange, je vais ne rien garder du tout…

Elle ne baisse pas la couverture, les mains gelées, enfoncée dans la paille qui pique sa peau.

- …

Son petit frère vient d’ouvrir les yeux. Un petit frère qui la regarde et qui fronce les sourcils.

- T’es toute blanche. T’as vu un fantôme ?
- Non, j’ai eu un peu peur, ce n’est rien, rendors toi.

Elle lui tend les bras et l’installe confortablement près d’elle, veillant à son confort et à son bien-être, comme elle en a l’habitude à la villa sicinii.

- Il va avoir faim, lui, dit-elle en désignant Manius. Si tu as de quoi le nourrir, j'accepte volontiers…

Honoria a un regard pour la porte de l’étable et demande :

- Il va revenir…ton père ?
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeVen 9 Oct - 17:48

Le calme retomba dans l'étable et Honoria demeura interdite, brandissa sa couverture comme un rempart entre elle et l'ignoble ivrogne qui avait été jeté dehors. Elle tremblait mais le pénule n'aurait su dire s'il s'agissait de froid ou de peur. Elle répondit timidement lorsqu'il proposa de casser la graine.

J’ai faim mais j’ai l’impression que si je mange, je vais ne rien garder du tout…

Quintilius haussa les épaules alors qu'elle échangea à mi-voix avec son petit frère qui émergé de sa couche, un brin de paille collé à sa tempe. Lamius échangea un regard avec Pupu qui lorgnait vers le fond, observant la chèvre qui s'était terré dans l'ombre d'une stalle voisine à celle des Sicinii. La jeune femme ajouta alors, tenant le petit bonhomme dans ses bras.

Il va avoir faim, lui. Si tu as de quoi le nourrir, j'accepte volontiers…

Un simple hochement de tête eu valeur de réponse et le pénule se dirigea vers la biquette qui haletait après sa course effrenée. Il se posta à l'entrée de la stalle, faisant face à l'animal qui avait peut-être échappé au père mais qui n'échapperait pas au fils.

Il va revenir… ton père ?

Une fois de plus, Lamius haussa les épaules, toisant la biquette en levant les mains doucement pour ne pas effrayer l'animal. Dans ces cas-là, tout était une question de confiance. Si l'animal paniquait, il devrait se livrer à une course poursuite et à des coups de cornes et de sabots qui pouvaient vous éborgner comme pour rire. Il fallait y aller doucement, lentement, presque tendrement. Il répondit à la patricienne, avec une voix douce en approchant pas à pas de l'animal qui poussait quelques petits bêlements essouflés.

J'pense pas ... Au pire j'y r'pète sa gueule et ... J'TE TIENS !

Joignant le geste à la parole, il enroula son bras bras autour de la gorge de la chèvre et se saisit des cornes. Les bêlements reprirent de plus belle, tandis que l'animal tentait de ruer mais ne parvenait pas à lutter contre le poids du gaillard. Prise d'excitation -ou d'une panique contagieuse- Calpurnia se mit à pousser une série de cri à son tour. S'en suivit un galimatia obscur entrecoupé de jurons.

Bêêêêêêh !!
Saloper ...
GROUIIIIIIIIIIIK !!
De put ....
GROOOOUUUUIIIIIIKKKK !
Bêêêêêêêêêêh !!
De bestiole de m ...
Bêêêêh !!!
Grouuuiiiik !
T'vas crev ...
BÊÊÊÊÊÊÊÊÊHHH !!!
GRRRRROOOOOUUUUIIIIIKKK !

CRAC ! Les cervicales de la biquette cédèrent enfin.

Grrrooooouuuuuiiik ! Grooouuuuiiiikkkk !
Bon ça va, calme-toi !
Grouik ?

Quintilius réapparut de derrière les quelques lattes de bois qui séparaient les deux stalles. Ses cheveux collaient à son front et des gouttes de sueur roulaient le long de sa nuque pour venir se perdre dans les poils qui ornaient son torse, toujours nu.

C'est bon ! Y p'u qu'à cuire !

Il leva le cadavre de son adversaire, valeureuse mais impuissante face à la force du pénule. L'animal semblait aussi mou qu'une outre vide et ondula lorsque Quintilius agita le trophée, un sourire comblé sur le visage. Ce n'était certes pas un combat héroïque, comme dans les légendes, où un homme avait vaincu un lion à mains nues, mais il y avait tout de même une satisfaction virile d'avoir terrassé la bête sans armes. Il jeta la carcasse sur son épaule et se dirigea vers la sortie. Il ajouta alors.

J'vais la faire cuire. J'peux pas l'faire ici, y a tout qui va cramer. Je r'viens ! Pupu, tu surveilles !

Et il disparut derrière le grand battant de bois.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeDim 11 Oct - 20:28


La perspective de revoir cet affreux bonhomme incroyablement sale et ive la fait frissonner. A moins que ce ne soit le froid. Peut-être même bien les deux en fait. La patricienne n’a pas tellement l’habitude de vivre à la dure de cette façon. Des journées de voyage à dormir en plein air, avec pour seul confort la planche bien rude d’un plateau de charrette…Puis cet endroit, dépourvu de la moindre chaleur, de la moindre commodité, ce qui va malmener son besoin d’intimité. Sans parler de cet homme ignoble qui rôde tout autour de l’étable…Elle s’était imaginée une retraite paisible, loin des soucis, de son père, de son insupportable cadet, de cet homme à qui on la destine…Tout ce qu’elle voulait, c’est voir la mer, prendre de la distance, tout en rappelant à son père qu’elle existe et qu’elle ne compte pas pour rien.

La réalité se rappelle cruellement à elle. Elle est seule en compagnie de son frère débile aux membres grêles, loin de toute civilisation, dans une étable humide, sale, et en passe de tomber malade. Les nuits s’annoncent courtes, les rêves sont déjà loin. Il ne lui reste plus qu’à prier en silence que Titus tienne sa parole et vienne la chercher rapidement. Maigre consolation, Quintilius ne semble pas chercher à profiter de la situation.

- …Il est surprenant qu’il ne soit pas encore mort…Avec tout ce qu’il a pris sur le nez depuis notre arrivée…

Elle allait ajouter quelque chose mais les bruits dans la stalle voisine sont ignobles. La lutte semble terrible, elle a un regard pour Manius qui ne comprend pas tout de suite.

- Qu’est-ce qu’il lui fait, à la chèvre ?

Honoria ne répond rien. Elle se contente de caresser ses cheveux, pâle comme une morte, le dos secoués de frissons d’horreurs. Ou de froid.

- Je pense que Quintilius cherche à nous procurer un repas, Manius.

Le bruit de la lutte conjugué à ceux émis par la truie forment une cacophonie terrible. Un chahut qui se tasse quand la chèvre rend les armes – et l’âme au passage – vaincue par la force brute du pénule qui semble satisfait et qui se dirige vers la sortie pour cuire ce qu’il faut.

Honoria ne dit rien. Elle le regarde s’en aller, puis ramène ses jambes contre elle, pour les enlacer de ses bras fins et quelque peu salis. Elle pose son front sur ses genoux et ne dit pas un mot. Quelle horreur…

- Honoria, j’dois faire pipi, je reviens.

Manius se lève et suit le pénule, pour aller se soulager plus loin, sûrement un prétexte pour observer Quintilius. Honoria, elle, reste là, sur la paille, la tête vrillée par une douleur terrible, tant et si bien qu’elle s’allonge enfin, ramenant la couverture sur ses épaules, les tempes palpitant au même rythme que son cœur. Rapidement. Une autre quinte de toux la secoue. Elle ferme les yeux quelques secondes.

Elle n’a pas la force de suivre son frère là dehors, elle profite de ce moment de calme pour essayer de se reprendre. La mer…oui c’est cela. La mer. Ils iront demain, qu’il a dit. Alors elle se focalise là-dessus, les paupières closes.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeLun 12 Oct - 20:13

Le fond de l'air avait toujours été frais lorsque le soleil décliné au-dessus de Valtaia. Les embruns venant de la Mare Tenebris charriaient autant le sel que le froid. En franchissant les portes de l'étable, Quintilius se souvint qu'il avait fait tomber le haut et enroula la carcasse de chèvre autour de son cou pour s'en faire une écharpe de fortune. Même si le pelage de l'animal mort le réchauffa un brin autour des épaules, ses tétons durcirent rapidement au point de pouvoir couper du verre. Finalement, peut-être que la patricienne n'exagérait pas tant que ça lorsqu'elle s'était mise à grelotter. Il balaya les alentours du regard et s'étonna de ne pas trouver son épave de père qui pataugeait dans la boue. Il fit fi de cette absence pour se diriger vers le four à bois qui avait été construit au coin de l'agricola. En passant à proximité de la charrette, il y récupéra gourdin et poignard. Poignard pour préparer la bête et gourdin pour éloigner l'autre bestiole avinée qui servait d'hôte au pénule et à ses otages.

Il lança un regard vers l'étable pour apercevoir une petite silhouette qui regardait le ciel. Le gamin s'était aventuré en dehors.

Qu'est-ce qui br ... Hey ! Gamin ! Rentre !
Mais je dois faire pipi !
Ah ... Bah pisse.
Mais j'ai peur dans le noir !

Foutu mioche débile à la vessie de moineau. Par le con de toutes les catins qui écartent les cuisses pour Ukko, pas foutu d'aller pisser tout seul, à son âge. Tout à son grommelment et son vocabulaire fleuri, Quintilius s'approcha du mouflet pour le toiser de toute sa hauteur. La tête de la chèvre ballotait sur son pectoral gauche, la langue dépassant de sa gueule inerte. Lamius posa ses poings sur les hanches.

Suis-moi !

Sans un mot de plus, il retourna vers le four suivi de près par Manius. Il tendit son index sur sa droite.

Là !

Il se pencha pour saisir d'un rondin de bois qu'il enfourna. Il ouvrit la petite lanterne qui pendait sur la gauche de la colonne qui coiffait le four. Quelques brins de pailles sèches étaient rangés dans une petite alcôve et le pénule s'en saisit pour les embraser avec la flamme vacillante de la lanterne. Il jeta la paille au fond du four et lentement le rondin mis précédemment s'enflamma. Sans prêter plus d'attention au gamin, il dégaina le poignard et s'appliqua à dépecer l'animal qu'il avait fait glisser de ses épaules.

Pendant ce temps, la jeune femme semblait s'endormir lentement, emporté par le silence enfin retrouvé dans l'étable. Uni attendait à quai pour qu'elle puisse monter à bord de sa barque et voguer sur la mer des Songes. Parvint-elle à sentir le corps rondouillard et chaud qui venait se lover contre elle pour venir souffler dans sa nuque ? Ou était-elle déjà au plus profond de son sommeil ?
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeLun 12 Oct - 21:39


Tout à sa commission, Manius regarde Quintilius allumer le four et dépecer la bête avant de se retourner, un peu pâle. C’est que ce genre de spectacle n’est pas commun du tout pour le jeune garçon. Ce n’est pas tant le sang qui le gêne que la façon désinvolte et leste qu’a Quintilius de s’occuper de la carcasse encore chaude. Rangeant son outillage là où il doit être rangé, soulagé d’un poids qui s’écoule désormais entre les hautes herbes, le gamin s’approche du pénule, pas assez pour être à portée de taloche mais assez toutefois pour mieux voir ce qu’il fait.

- Où t’as appris à faire ça ?

Le sang roule sur la lame avant d’éclabousser le sol, en une petite flaque qui se dirige vers ses pieds. Il s’écarte, pour reprendre ensuite son observation, les mains dans le dos. La vue de la chair ensanglantée le fait sourire un peu.

- ça pue.

Il regarde Quintilius puis les environs avant de demander, pensif, très concentré.

- Ton père, il est où ? Il est rentré dans sa maison ?

Non, il n’est pas rentré dans sa maison, non. Le sac de vin ignoble au derrière crotté se vautre sur la paille, présentement lové contre Honoria qui se protège du froid comme elle le peut. Elle grelotte, elle a très froid, puis elle a chaud, elle ne sait comment se mettre pour être bien mais elle ressent enfin une chaleur salutaire, là, dans son dos. Les tremblements s’estompent, apaisés par une chaleur intense.

Une espèce de langueur cotonneuse s’empare d’elle. La vérité est qu’elle a de la fièvre, qu’elle lutte contre un mal commun, ramassé le long du chemin lors des nuits à la belle étoile, un bon gros rhume qui l’achève et qui l’oblige à rester allongée. La tête lourde, les paupières serties de plomb, le cœur en vrac, tout autant que son moral, la patricienne n’aspire qu’à une chose. Du repos. Pour ne plus penser à rien. Pour que le temps passe plus vite. Et…mais c’est quoi cette odeur ?

Elle rouvre les yeux et tourne le visage vers l’arrière, avant de pâlir. Livide, elle a un regard pour cette outre de vinasse qui lui souffle une haleine dégoutante dans la nuque. Elle est tellement sous le choc à cause de cette présence, à cause de ce contact qu’elle ne dit rien, muette de surprise, d’indignation et de colère.

- …

Rester calme, garder la tête froide. Du moins essayer.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMar 13 Oct - 18:59

Le morveux observait Quintilius dépiauter la bête avec expertise. Au grand dam de ce dernier, son compagnon de l'instant était des plus bavard et se livrait à quelques commentaires qui irritait le pénule en silence.

Où t’as appris à faire ça ? ... ça pue. Ton père, il est où ? Il est rentré dans sa maison ?

La lame qui glissait entre la chair et les poils de la chèvre s'arrêta lorsque Lamius leva un oeil inquisiteur vers le mioche. Il était là, souriant à moitié comme un demeuré, les mains derrière le dos en imitant une posture d'adulte. Ses traits ronds de poupon n'avaient pas encore pris le pli de l'adolescence qui les durciraient irrémédiablement. En voyant ses grands yeux friands de réponse, l'envie de baffer le curieux s'évanouit et après une petite expiration, Quintilius répondit en reprenant son labeur.

Où qu'j'ai appris ? Ici. C'est là qu'j'ai grandi. Si ça pue c'est pa'ce que c'est une bête crevée. Et mon père peut bien aller s'faire foutre par ces métèques de sintamiens qu'ça m'f'ra rien.

Il dépeçait toujours, lorgnant de temps à autre sur le petit spectateur qui ne perdait pas une miette du spectacle. Aussi agaçant que pouvait être ce petit merdeux, il avait en lui une bonhommie qui attirait la sympathie. La preuve il avait pas encore pris la baffe qui démangeait le bras du pénule depuis des jours. Alors, sans trop y penser, après quelques secondes de silence, il se résigna à faire la conversation.

Eh, dis-moi, gamin. Pourquoi qu't'as suivi ta soeur ? T'aurais pas été mieux avec tes parents, chez toi ?

Alors que le pénule faisait connaissance avec Manius et que la chèvre était entièrement dénudé et prête à être vidé, un tout autre rapprochement avait lieu un peu plus loin, dans l'étable. Dans la paille, au coeur d'une stalle plongé dans la pénombre, deux corps se blotissaient l'un contre l'autre. Fusse un mouvement un peu vif ou un hoquet de surprise un peu trop sonore, toujours fut-il que la masse qui s'était collé contre la jeune femme endormie sursauta.

GROUIIIIIIK ! GRRROOOOUUUIIIIIK !

Calpurnia, dans un élan de bonté et d'empathie, avait bien remarqué l'inconfort et les grelottements de la patricienne. Elle s'était lové contre elle, lui offrant la chaleur de sa couenne et alors qu'elle sombrait à son tour dans un sommeil mérité, elle fut prise de peur et se mit à détaler en hurlant et en tournant en rond dans la stalle, envoyant de la paille voler partout autour d'elle. Les oreilles de la truie s'agitaient comme des ailes grotesques battant sur son front alors qu'elle courrait comme un dératée. Et dire qu'on l'avait confondu avec cet ignoble humain qui sentait l'alcool ... Heureusement qu'elle ne l'apprendrait jamais.
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMer 14 Oct - 19:45


Les mains toujours nouées dans le dos, Manius penche la tête, à la question du pénule. Lui ? Mieux chez ses parents qu’ici ? Ha ?

- Honoria, c’est la seule qui est gentille avec moi. Mes parents, ils m’aiment pas beaucoup. Et mes autres frères et sœurs, ils s’en fichent. Honoria, c’est la seule qui veille sur moi.

Il se gratte la nuque avant de fourrager son nez à l’aide de son index, envoyant d’une pichenette une crotte de nez dans le décor avant de renifler.

- Alors quand je l’ai vue sur la charrette, bah je l’ai suivie. Puis elle est drôle, tu sais. Parfois elle raconte des blagues. C’est pas toujours marrant mais je rigole pour lui faire plaisir. T’as des frères ou des sœurs, toi ?

Manius a un grand sourire content. Quelqu’un d’autre que sa sœur lui parle gentiment et sans le prendre ouvertement pour un idiot. Il regarde le sang couler, la lame filer dans les chairs, sans que cela ne le dégoûte. Il a faim et un morceau de viande est plus que bienvenu après tous ces jours de voyage.

Un cri les alertera pourtant, un cri qui n’a rien d’humain. Calpurnia est en train de courir à toute vitesse dans l’étable, sous le regard perdu et vague de la patricienne au front trempé de sueur. Des cheveux collent sur la peau humide, elle suit du regard, autant que faire se peut, l’animal en panique. Honoria ferme les yeux et inspire profondément, avant de s’allonger à nouveau. Non, elle n’a pas vraiment la force de se poser des questions, pas plus qu’elle n’en a pour calmer l’animal. De toute façon, elle est quasiment certaine que Quintilus va se précipiter pour savoir ce qui arrive à la femelle de sa vie. Elle se pelotonne donc dans la paille, gardant la couverture contre elle, comme si c’était la chose la plus précieuse qui soit sur la terre et essaye de ne plus penser à rien. Avec ce raffut, il est difficile de parvenir à rester calme, c’est sûr.

Elle grelotte de froid, le corps secoué par une toux sèche, désagréable, et pourtant ne dit rien, parce qu’il n’y a rien à dire, rien à faire. Elle est loin de tout, dans une étable humide, sans le moindre confort, la moindre étincelle de chaleur et elle sait que cela ne risque pas de s’arranger dans les prochains jours. Elle se résigne donc, endurant le tout sans broncher. Parce que ça ne sert à rien de se plaindre quand la situation est de toute façon sans issue.


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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeJeu 15 Oct - 18:33


La lame éventra la carcasse et les entrailles se déversèrent sur le sol dans un bruit peu ragoûtant. Pendant ce temps, le gamin répondait à la question du pénule en lançant un de ses doigts en fouilles spéléogiques dans sa narine.

Honoria, c’est la seule qui est gentille avec moi. Mes parents, ils m’aiment pas beaucoup. Et mes autres frères et sœurs, ils s’en fichent. Honoria, c’est la seule qui veille sur moi.

Le pénule suspendit son geste alors qu'il sortait les poumons sanguinolents du thorax ouvert du capri. Il tourna vers son petit compagnon un regard intrigué. Il venait de lui faire une confession qui aurait troublé plus d'un et lui avait déclaré cela avec un détachement étonnant pour un mouflet de son âge. Imperturbable, s'arrêtant un bref instant pour faire voler dans les ténèbres le trésor que son index avait saisi au fond de son nez, il poursuivit la discussion.

Alors quand je l’ai vue sur la charrette, bah je l’ai suivie. Puis elle est drôle, tu sais. Parfois elle raconte des blagues. C’est pas toujours marrant mais je rigole pour lui faire plaisir. T’as des frères ou des sœurs, toi ?
Nan ... Ma mère est morte j'devais avoir deux ou trois ans d'moins qu'toi aujourd'hui. Et l'père a jamais été capable d'se r'marier. T'as vu l'machin. L'a bien du culbuter une ou deux brebis mais ça donne pas des enfants. Et t'sais p'tit, pas b'soin d'parents pour d'venir un honnête homme.

Soudain un cri, au loin. Le pénule redressa la tête pour écouter les hurlements de son amie porcine. Il secoua la tête avant de plier sans langue pour la coller entre ses dents et souffla de toutes ses forces. Un sifflement puissant et aigu retentit dans la nuit et les cris cessèrent instantanément. Il acheva de vider la bête et considéra le four un instant.

Ouais ça va l'faire.

Il enfourna la chèvre et referma la porte en fer pour laisser le repas cuire. Ce ne serait pas de la grande cuisine, loin des standards de ses faux otages, mais cela remplirait les estomacs pour la soirée. Manius observait Quintilius avec de grands yeux émerveillés, la bouche en cul de poule. Lamius arqua un sourcil en remarquant le faciès du petit garçon avant de lui aboyer dessus.

Quoi ?
Comment t'as fait ça ?
Hein?
Le bruit là !
Beeeh ... J'ai sifflé ! Elle criait comme quand qu'elle voit une souris. L'aime pas ça les souris. Du coup j'siffle et elle se calme.
Comment on fait ?
De quoi ?
Siffler !
J'sais pas moi, tu pinces les lèvres et tu souffles.

Par Hedelma, cette discussion aurait-elle une fin, un jour ? De l'autre côté de notre récit, la truie s'était en effet immobilisé en entendant le sifflement de son maître et ami. Elle regardait la jeune femme, les oreilles dressées, témoignant de son piteux état. Elle s'approcha une nouvelle fois d'elle dans une série de grognements courts. Cette fois, elle se montra plus prudente et elle vint renifler le visage où quelques mèches étaient collés par la sueur. Elle sentait la chaleur et la transpiration mais elle grelottait sous sa couverture effilochée aux bords. Elle posa son groin sur le visage trempé et ne sachant quoi faire de plus, elle se coucha à ses côtés, veillant sur la jeune femme souffrante. Quintilius saurait sûrement quoi faire.


Dernière édition par Quintilius Lamius le Ven 16 Oct - 19:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeJeu 15 Oct - 20:37


- Culbuter des brebis ? Ha ?

Manius se frotte le menton, perplexe. Il demandera à Honoria ce que ça veut dire. Quant à devenir un honnête homme…

- Je sais pas trop. J’essaye d’être un bon fils, j’ai même arrêté de manger les fleurs du patio, mais il est jamais satisfait. T’as jamais vu mon père, je crois…Quand il est fâché, c’est comme quand il est content. On sait pas en fait. Je pense pas qu’il ait jamais été content de moi. Mais bon c’est pas grave. C’est comme ça.

Il hausse les épaules et observe les viscères tomber en bruit humide sur le sol, sans que cela ne semble le perturber le moins du monde.

- T’es un honnête homme, toi, Quintilius ?

Le gamin observe le pénule enfourner la brebis puis ouvre de grands yeux tous ronds à l‘écoute de ce bruit issu de sa bouche. Il se rappelle avoir vu Hémigomphe gifler un esclave parce qu’il se permettait de siffler comme ça, en prenant le risque de déranger ainsi le digne Scorpa en pleine concentration. Du coup Manius se retrouve à souffler comme un fou, pliant la langue dans tous les sens, sans parvenir à sortir un son correct. A souffler comme il le fait, de nombreux postillons fendent l’air, donnant au petit garçon un aspect comique et un peu triste à la fois.

De l’autre côté, Calpurnia pourra bien faire tout ce qui lui chante, Honoria est tombée en un demi-sommeil agité et plein de fièvre, une inconscience éveillée tandis qu’elle grelotte comme jamais encore elle ne l’a fait. Elle se couvre jusqu’au menton, cherchant un réconfort dans la paille, sans parvenir à le trouver, le corps secoué de spasmes et mis à rude épreuve par une toux sèche et irritante. Elle a senti, bien sûr, la présence de la truie mais elle n’a pas la force de rouvrir les yeux et de voir une potentielle apparition terrifiante. Il ne manquerait plus que, sous l’effet de la fièvre, elle voit son père la toiser de son œil dur tout en secouant la tête de désapprobation.

Elle a un hoquet de rire. Même là, elle est persuadée que son père ne trouverait pas son attitude digne…
Lorsque la truie se couche à ses côtés, elle se sent de plus en plus mal, le cœur au bord des lèvres, les tempes battant au même rythme que son cœur. Manius prend beaucoup de temps pour revenir…Elle n’a pas la force de lever la tête vers la sortie de l’étable, elle s’enfonce donc dans un sommeil agité, aux côtés de la truie, sans dire un seul mot.

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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeVen 16 Oct - 20:25

Je sais pas trop. J’essaye d’être un bon fils, j’ai même arrêté de manger les fleurs du patio, mais il est jamais satisfait. T’as jamais vu mon père, je crois… Quand il est fâché, c’est comme quand il est content. On sait pas en fait. Je pense pas qu’il ait jamais été content de moi. Mais bon c’est pas grave. C’est comme ça.

Eh bah ce petit père avait déjà acquis une certaine philosophie de la vie. Là où plus d'un s'appitoeirait sur ce mésamour et se blâmerait de tous les maux, lui se contentait de raconter sa triste enfance avec détachement et une certain fatalité.

T’es un honnête homme, toi, Quintilius ?

En voilà une bonne question. Tellement bonne que Quintilius ne se l'était jamais réellement posée. Il haussa les épaules avant d'enfourner la chèvre et de pousser le long sifflement qui mis un terme aux hurlements de Pupu, au loin. Le gamin se mit alors à essayer d'imiter le pénule en soufflant et en posillonnant. Ses petites joues se gonflèrent et rosirent de plus en plus. Pourtant aucun sifflement ne retentit mais une série de sons plus proche de "pffrrrrt". Le pénule leva les yeux vers la lune après avoir laissé Manius galérer misérablement pendant quelques minutes.

Nan ... Rentre plus la lèvre du bas vers tes dents. La langue collé derrière. Inspire par le nez et souffle comme que tu éteins une bougie.

Il tendit un instant l'oreille pour s'assurer que les cris de Pupu ne reprenaient pas de plus belle. La truie semblait s'être calmée et la connaissant, elle devait ronfler, étalée sur son flanc au milieu de la paille. Alors que le môme poursuivait son entraînement, en vain, la question de ce dernier continuait de tourner dans la tête du pénule. Un homme bien. Qu'est-ce que c'était un honnête homme ? On l'avait taxé de bourrin, de débile, de bon à rien, de costaud, de dur à cuire, mais jamais d'homme honnête. Il se gratta le menton faisant crisser les poils durs qui transperçaient sa peau.

J'sais pas si j'suis un homme bien. J'fais c'que m'dit mon patron, j'gagne mon pain sans l'voler et j'peux élever mes cochons en paix. J'dirais qu'ça fait d'moi un homme honnête. 'Fin j'sais pas trop. Plus que mon outre à pinard qui m'sert de père et apparemment plus qu'ton couillon d'père qu'est jamais content. Y parait qu'c'est les gens tristes qui sont toujours d'mauvais poil. Ptet qu'il est triste ton père. En même temps, y s'trimballe une sacrée réputation d'connard, ça aide pas.

Quintilius saisit une bûche supplémentaire avec laquelle il tira la poignée de la porte du four pour observer la viande en train de cuire. Une odeur de grillade vint assaillir les naseaux des deux compagnons du soir avant que l'huis de fer ne se referma pour laisser la viande poursuivre sa cuisson.

'Fin bon, t'bile pas pour tes parents. Si qu't'es avec la seule personne qui compte ... Bah ... C'est c'qui compte quoi.

Il n'était pas doué pour faire de belles phrases et de grandes pensées philosophiques mais il essayait de réconforter le petiot qu'il avait de plus en plus de mal à trouver agaçant. Un peu pénible et un peu con, certes, mais il avait un côté attachant ce môme. Comme les cochons à bien y penser ...
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeDim 18 Oct - 19:55


Tandis qu’il essaye de siffler en suivant les instructions du pénule, Manius écoute ce que raconte l’homme qui lui fait face. Evidemment, il ne comprend pas toujours tout, il a un sens de la logique qui n’appartient qu’à lui et une vision de ce monde qui lui est propre mais il n’en demeure pas moins que le garçon est observateur. Et que voit-il, là ? Un grand homme aux bras gros comme ses cuisses, tout poilu, qui sait débiter les chèvres et les faire cuire, en plus de siffler comme un oiseau et de donner de sévères corrections à son père. Son rêve secret. Si Honoria attend un geste un peu humain de la part de son géniteur, Manius, lui, n’en attend rien du tout parce qu’il sait qu’il n’aura jamais rien de plus qu’un regard sévère ou franchement agacé. Ce qui est, certes, mieux que rien, il est vrai. Cela étant, revenir en la villa, et lui botter les fesses, comme le pénule l’a fait avec son ivrogne de père…Quelle satisfaction cela serait ! Mais Honoria l’en empêcherait évidemment…

- Je sais pas s’il est triste. Il travaille beaucoup. Quand il parle, on dirait qu’il est toujours ennuyé. Je sais pas si je l’ai déjà vu sourire, tiens…tu as peut-être raison.

Dans l’esprit de Manius, il est impossible que son père soit malheureux. Il a tout ce qu’il veut. Une jolie maison, une femme, des enfants, et une belle position là dehors, qui fait que les gens s’inclinent un peu, parfois, quand il passe. Même s’il ignore pourquoi ils font ça.

- Oui…Je suis avec la seule qui compte. Tu sais je voulais pas qu’elle se marie. Elle aurait du quitter la villa, et je ne l'aurais plus vue du tout. Du coup, comme elle est partie, je la garde rien que pour moi.

Il essaye une nouvelle fois et produit alors un son si strident qu’il en sursaute. Les yeux ronds, le sourire large, il a un grand rire joyeux. Heureux.

- Heeee ! Tu as entendu ça ! Merci Quintilius !!! Faut que je fasse écouter ça à Honoria ! HONORIAAAAAAAAA !!!!!

Le voilà qui détale comme un fou, faisant irruption dans l’étable avec un rire, les joues toutes rouges, cherchant la haute silhouette de sa sœur. Il ne verra que la truie qui vient de redresser la tête et une masse informe à ses côtés, allongée sous la couverture.

- Honoria ! Ecoute ça ! Prrrrt fffpprrttttt…PFFFRRRRRRTRTRTRTRT…Mais ça marche pluuuus !!!

Il tape du pied et s’énerve, parvenant auprès de sa sœur qui ne dit pas un mot et qui ne bouge pas. Il soupire, excédé, et observe la patricienne. Les cheveux sur ses tempes sont mouillés, elle tremble sous la couverture même si elle ne dit rien. Une quinte de toux, sèche et sifflante, la secoue brièvement. Manius pose sa main sur son front et la retire, restant là un petit moment, sans trop savoir quoi faire. Le petit Manius sort de l’étable en se grattant la nuque et revient vers Quintilius en trainant les pieds, déçu de ne pas avoir pu montrer à sa soeur sa petite performance.

- Je crois qu’elle dort mais elle a les cheveux mouillés et elle tremble. Tu aurais une autre couverture, dis ? Elle tousse, en plus.

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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeLun 19 Oct - 20:22

Les paroles de Quintilius semblèrent trouver un écho dans la petite caboche de Manius.

Je sais pas s’il est triste. Il travaille beaucoup. Quand il parle, on dirait qu’il est toujours ennuyé. Je sais pas si je l’ai déjà vu sourire, tiens…tu as peut-être raison. Oui…Je suis avec la seule qui compte. Tu sais je voulais pas qu’elle se marie.

Les sourcils du pénule se relevèrent, peu enclin à suivre la digression du môme plus bavard que malin. Il fit une nouvelle tentative et parvint à siffler pour la première fois de sa vie. Les traits enfantins de Manius s'illuminèrent d'un sourire radieux et d'yeux ébahis. Aussi fataliste qu'il avait paru jusque là, il devint joyeux, riant et souriant avec un entrain qui chatouilla le coeur dur de Lamius.

Heeee ! Tu as entendu ça ! Merci Quintilius !!! Faut que je fasse écouter ça à Honoria ! HONORIAAAAAAAAA !!!!!

Il détala comme un lapin. Ses petites jambes tricotèrent à toute vitesse à travers les ténèbres et il disparut un bref instant à l'intérieur de l'étable. Pendant cet instant de calme, Quintilius, qui avait, malgré lui, vu partir le gamin avec un sourire attendri, ouvrit une nouvelle fois la porte du four pour surveiller la viande en train de se colorer d'une belle teinte caramélisée. Mine de rien, cet échange avec le petit pète-noix faisait passer le temps et même s'il se l'avoua pas, il apprécia le voir revenir vers lui alors qu'il refermait la porte du four.

Je crois qu’elle dort mais elle a les cheveux mouillés et elle tremble. Tu aurais une autre couverture, dis ? Elle tousse, en plus.
Ah ouais ?

Les sourcils de Quintilius se fronçèrent en entendant la déclaration de Manius. Il n'était pas medicus mais il savait reconnaître un coup de froid quand il en voyait un. Sueur, toux, frisson, il n'y avait pas vraiment de doute à avoir. Le pénule se gratta le sommet du crâne avant de pointer la carriole un peu plus loin.

Bah ... Doit y en avoir que'ques-unes là-d'dans ... Reste là deux minutes et si qu'ça commence à sentir l'cramé, tu ouvres la porte et tu gueules. Compris ?

Il quitta l'enfant d'un pas décidé, prenant une couverture supplémentaire dans la charrette avant de retourner dans l'étable. Pupu leva le groin vers lui avant de se redresser et avancer vers lui pour réclamer une gratouille entre les oreilles. Il se posta à l'entrée de la stalle en se passant une main sur la nuque, ne sachant pas vraiment comment aborder les quelques recommandations qu'il devait faire à la jeune femme.

Bon ... Euh ... Ave ... Euh ouais ... Y a le p'tit qui dit qu'tu tousses et tu trembles. Du coup v'là des couvertures en plus ... Mais ... Comment qu'on dit ... Faut pas qu'tu restes à suer dans ta stola, 'paraît qu'ça f'ra qu'empirer ...

Il toussa légèrement embarassé avant de reprendre.

C'que j'veux dire c'est ... Euh ... Bah faut qu'tu t'foutes à poil quoi ... Tu t'enroules bien dans les machins ...

Il désigna les couvertures qu'il venait de définir comme les "machins". Il n'avait jamais été un grand orateur, mais devoir demander à une jeune patricienne de se dénuder n'était clairement pas dans ses habitudes. Les quelques femmes qu'il avait vu nues étaient plutôt du genre à ne pas être très couvertes de base et à avoir reçu paiement pour ôter les quelques voiles qui les couvraient. Il poursuivit en tentant de garder contenance.

Et pi faut qu'Pupu s'colle à toi en plus. Comme ça tu t'réchauffes encore plus ... Et pi j'fous tes affaires à sécher ... Voilà, voilà ... Hey ! Tu m'entends ?
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMar 20 Oct - 20:06


- D’accord…

Rester près de la porte et crier si ça sent le brûlé, ça va, ce n’est pas trop compliqué. Il prend place au sol, tout près de la porte du four et observe le pénule, du coin de l’œil. Il le voit prendre une couverture et se rendre à l’étable. Manius grommelle alors quelque chose d’incompréhensible, dessinant des formes fantastiques sur le sol à l’aide d’un bout de bois pour passer le temps.

Dans l’étable, Quintilius peut bien parler, Honoria n’entend qu’un bruit de fond permanent, comme s’il parlait dans une amphore à l’écho infini. Elle rouvre les yeux et tourne son visage vers le pénule, sans comprendre un mot, de prime abord, puis fait l’effort de se concentrer pour appréhender l’essentiel de son message. Elle transpire et grelotte à la fois, les cheveux trempés de sueur, les yeux quelque peu rougis par la fièvre. La patricienne a pourtant ce même regard farouche à l’approche de cet homme dont elle ne sait presque rien.

- Hey…Tu m’entends ?
- Oui…


Elle tend une main vers la couverture, lui suggérant de la lui lancer.

- Je garde mes vêtements.

Une quinte de toux la secoue, la faisant se recroqueviller dans la paille.

- Par contre, si tu as de l’eau fraîche, j’en veux bien un peu. S’il te plaît.

Elle la gorge sèche et irritée, un peu d’eau apaiserait au moins un peu cette douleur-là.

- Où est mon frère…Il n’est pas revenu, je ne le vois pas…

Honoria tente de rester digne, elle se redresse, comme elle peut, les longues boucles de soie d’or ternies par un manque de soin et de coiffage récent tombant devant elle. Elle tousse encore, la tête lourde, les oreilles bourdonnant d’un bruit de fond très désagréable, disposant la première couverture sur elle, de manière à ne pas ressentir la morsure du froid. Il est absolument hors de question qu’elle se dénude ici, dans cette étable avec pour seule compagne féminine une truie, pour ensuite devenir une cible facile. Bon, habit ou non, cela ne changerait de toute façon pas grand-chose compte tenu de son état mais la dignité passe aussi par les habits. Et tant qu’elle les portera, elle restera Honoria Sicinia. Pas une de ces femmes quelconques qui perdent le sens commun dès qu’un mâle approche un peu trop près.

- Où est Manius ?
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MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) I_icon_minitimeMer 21 Oct - 13:09

La tronche en vrac, les cheveux collés au front, la sueur perlant sur sa peau blanche, Honoria donnait l'impression de s'éveiller d'un lendemain de cuite mémorable. Sans les tremblements malgré la couverture, on aurait pu croire qu'elle s'était vidé quelques amphores la veille et avait du mal à remettre ses idées en place. Elle tendit une main fébrile vers Quintilius avant de déclarer d'une voix légèrement éraillée par la fièvre.

Oui… Je garde mes vêtements. Par contre, si tu as de l’eau fraîche, j’en veux bien un peu. S’il te plaît.

Quintilius dodelina de la tête, signifiant son désaccord avec la patricienne. Elle voulait garder un semblant de dignité pensa-t-il, bien que si elle voyait le visage rubicond et dégoulinant de sueur odorante qu'elle offrait au pénule, elle serait moins encline à jouer les grandes dames pudiques. Il s'approcha d'elle en déployant la couverture au-dessus d'elle alors qu'elle poursuivait son intérrogatoire avec un ton qui trahissait la pâteuse qui s'étalait sur sa langue.

Où est mon frère…Il n’est pas revenu, je ne le vois pas… Où est Manius ?
T'inquiète pas pour lui. L'est pas loin, à côté du four. Y s'entraîne à siffler. Ou à cracher j'sais pas trop en vrai.

Pupu patientait à côté de son ami accroupi devant la couche de la jeune femme. Il tordit sa bouche en une moue concernée. Il tenta de croiser le regard fiévreux de la patricienne avant de lui dire avec un ton aussi paternaliste que sincère.

J'vais t'amener d'la flotte, l'puits est à côté. Maint'nant, 'coute-moi bien. C'que j'te disc'est pour ton bien. Qu't'ai peur de te désaper d'vant moi et tout, qu'tu crois que j'vais mater ou t'sauter d'ssus, j'comprends. Mais j't'assure qu'c'est pour ton bien et que j'te ferai rien. Déjà pa'ce que si ça se sait j'suis bon pour m'faire crucifier à l'entrée d'Edelmia et pi pa'ce que j'ai promis à Titus qu'j'm'occuperai bien d'toi. Et j'ai qu'une parole !

Il se redressa et s'éloigna de la jeune femme avant de se retourner une fois à la porte de l'étable.

Là j'sors, t'as l'temps d'faire c'que j'tai dit ... Ou pas ... Mais si tu m'claques dans les pattes et qu'j'dois me farcir ton neuneu d'frangin, faudra pas v'nir chialer d'vant Kuo pour sortir d'son Royaume ! J'tenvoie ton frère t'ramener d'la flotte et quand que la viande est cuite, tu manges ! Après j'f'rai un feu pour la nuit et d'main on va à la mer. À toi d'voir si tu préfères louper ça pour une paire de nichons sous les couvertures et d'la pudance ... Puderie ? ... J'sais pas comment qu'on dit, mais l'truc qu'on veut pas qu'les aut' y nous voient l'cul à l'air. Et pi, Pupu elle s'en fout, c't'une fille aussi.

Sur ces mots, il franchit la porte et retrouna vers le four. Il vit la petit silhouette du mouflet qui montait la garde prêt du four en jouant avec un bâton en guise de fusain et le sol en guise de papyrus. Le pénule fit signe à Manius et le héla.

Hey !
J'TE TIENS CHÈVRE QUI PARLE !

Surgissant des ténèbres, l'outre pleine de merde qu'était Quintus se jeta sur le petit qui poussa un cri. Une lame longue et fine luit sous la lune alors que Quintilius s'était mis à courir vers le four.

Lâche-le, sac à merde !

La sandale de Lamius vint s'écraser sur le visage parcourut de vénules violacées de son géniteur qui bascula en arrière pour libérer sa proie. D'un geste ferme, il mit le môme sur ses pieds en le tenant par le col.

Gamin, fous l'camp dans l'étable et prends d'l'eau pour ta soeur. Reste là-bas, j'reviens avec la bouffe dans cinq minutes !
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