[FORUM FERME]
 
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 

 Le père et la mer (PV Honoria)

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant
AuteurMessage
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeVen 23 Oct - 10:31


Il n’a pas l’air méchant. Il est juste brutal. C’est ce que se dit la patricienne drapée de ses deux couvertures chaudes. Elle ne dit rien, elle l’écoute et elle l’observe parce que c’est ce qu’elle fait de mieux. Ce qu’elle a toujours fait de mieux. Se dissimuler dans les couloirs, écouter son père, écouter les invités, elle a entendu tellement de discours plein de platitudes, plein de choses avec lesquelles elle n’est pas d’accord. Elle a appris à se taire, elle n’a par contre jamais cessé de réfléchir et d’apprendre par tous les moyens mis à sa disposition. Ce qui fait d’elle une personne éduquée, intelligente, pleine d’esprit, du moins quand ce dernier n’est pas embrumé par la fièvre.

Or, que dit le pénule, là présentement ? L’esprit analytique se met en route, autant que faire se peut. Il lui dit que se déshabiller relève du bon sens, et elle ne peut lui donner tort sur ce point. Ses vêtements sont trempés, elle sent très mauvais et, de mémoire, cela ne lui est jamais vraiment arrivé de dégager de pareils effluves dégoûtants. Elle a besoin de se sécher, de se laver, à défaut d’enfiler des vêtements de rechange, puisqu’elle n’en possède aucun.

Elle sait aussi que si jamais il pose ne serait-ce qu’une main sur elle pour assouvir de coupables désirs, il signera son arrêt de mort. Et il semble en être parfaitement conscient lui aussi. La parole donnée à Titus n’a aucune valeur à ses yeux, elle se fie uniquement à ce que fera son père si jamais il apprend que des gestes pareils ont été portés envers son nom à lui, pas envers son corps à elle. A priori, le seul souci que cela poserait à son père, pense Honoria, c’est qu’elle aura été déshonorée par un plébéien et que son nom sera à jamais flétri. Et pour effacer cela, il est bien capable, en effet, de le crucifier lui-même à l’entrée de la ville.

Le compte semble donc pencher en faveur du pénule.

- D’accord.

La voix est douce et un peu rauque, ébranlée par une quinte de toux qui la secoue alors qu’il se dirige vers l’extérieur. Elle attendra qu’il soit sorti pour enfin regarder Calpurnia puis, résignée, enlève ses habits trempés de sueur pour les déposer en un tas à ses côtés. Le froid de l’étable est juste abominable sur sa peau moite aussi s’enroule-t-elle dans les tissus chauds tout de suite. Sa nudité a été affichée quelques secondes, pas assez pour troubler un potentiel voyeur. Et, au contact du tissu sec, les choses lui semblent soudain supportables. De mauvais gré, elle admet qu’il avait donc raison.

Dehors, les choses semblent plutôt bien se passer pour Manius qui, étrangement, ne fait aucune sottise, il reste là à surveiller la cuisson, tout en dessinant des choses au sol, pensif. Le retour du pénule signe la fin de la distraction mais…

- ….. !!!

Il ne l’a pas vue venir celle-là. Il hurle à la vue du couteau, écrasé par le poids malodorant de cet homme qui les a si mal accueillis tout à l’heure. Une sandale viendra pourtant le libérer de l’emprise, lui permettant de s’enfuir à toutes jambes vers l’étable. Il s’enfuit, sans remercier le pénule, terrifié, arrivant auprès d’Honoria, à bout de souffle, les joues toutes rouges.

- Le vieil homme ! Il a essayé de me tuer !!

Il se rue vers sa sœur, cherchant un réconfort dans ses bras, sans qu’elle ne puisse le repousser. Il ne dit rien, il s’apaise de cette façon puis, après de longues secondes de silence, voit le linge au sol, et fronce les sourcils.

- Ben t’es toute nue ?
- Mes habits sont trempés de sueur, Manius…
- C’est lui qui t’a ….. ?
- Non.


Même avec son frère, elle a du mal à garder une certaine proximité en se sachant nue sous les couvertures. Elle le repousse d’ailleurs, en disant, d’une voix faible :

- Manius, je veux que tu gardes en permanence un bâton à tes côtés. Pour te défendre au moins un peu. Je suis malade, je ne peux pas te protéger…

L’œil luisant de fièvre, le front moite et les cheveux emmêlés tombant de graciles épaules rondes, elle n’a pourtant pas perdu sa superbe. Manius replace une couverture correctement sur son dos.

- D’accord.
- Je suis épuisée…Je ne serai pas tranquille si je sais que tu vas au devant des ennuis. Reste près de moi. Ou reste près de Quintilius. Mais ne reste pas tout seul.

Elle s’effondre dans la paille, les yeux brûlants, le cœur battant à toute vitesse.

- Il a dit qu’il allait apporter à manger bientôt, t’endors pas maintenant hein…
- Je n’ai pas très faim, Manius, par contre j’ai soif, est-ce que tu veux bien aller puiser un peu d’eau ? Il a dit que le puit est juste à côté…

Manius plisse les lèvres, inquiet pour elle, mais se redresse et fait ce qu’elle a dit. Elle n’a pas été très maternelle, elle ne l’a pas réconforté, elle lui a dit de prendre un bâton et de se défendre. Il grommelle un peu, déçu de ne pas avoir eu les embrassades auxquelles il a toujours droit quand il ne va pas bien. Il reviendra, quelques minutes plus tard, avec un seau de bois rempli d’eau. La patricienne y plonge la main et boit sans retenue, passant sa main mouillée sur son front pour apaiser la brûlure de la fièvre puis se recouche, écoutant Manius raconter la puanteur de cet homme qui l’a confondu avec une chèvre.
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeDim 25 Oct - 17:16


Alors que le petit mangeur de bégonias s'enfuyait à toutes jambes, Quintilius bourrait la tête de son père à grands coups de latte, entrecoupant chaque coup d'un mot.

Tu ... vas ... nous ... fout' ... la ... paix ... par ... Ukko !

Imbibé d'alcool, le vieux Quintus ne semblait pas sentir les coups qui pleuvaient sur lui. Les bleus et les bosses commençaient à recouvrir son visage tuméfié et l'ivrogne était tellement chargé que ses plaies paraissaient se désinfecter d'elle-même. Etait-ce à cause des la série de mandales qu'il venait de prendre dans la tronche ou son taux d'alcoolémie, mais lorsqu'il tenta de geindre, il émit d'étranges sons.

Gngngngneu gnéééé gné ... Gnugnug gmnugnu faim !

Au moins le dernier mot parut intelligible et alors que l'odeur de grillade flottait autour du four, indiquant que le capri était à point, Quintilius ouvrit la porte en métal. Il se saisit du couteau que son paternel brandissait quelques instants plus tôt et piqua la viande pour en tester la fermeté. Sous la peau qui avait légèrement caramélisée, une pointe de jus vint suinter le long d'une patte. Il sortit la viande du four et trancha avec force le haut de la cuisse qui se sépara sans de gros efforts. Il jeta la patte chaude au visage de Quintus en reniflant, excédé.

V'là ... Bouffe et va t'coucher, vieille carne ! J'te r'vois, c'toi que j'fous dans l'four. Compris ?
Bugnugnugnugnignigné

Sans un regard de plus, le pénule se dirigea vers l'étable en emportant la broche qui traversait la carcasse de part en part. Après un rapide passage à la carriole pour récupérer des écuelles et un peu de petit bois, il entra dans l'étable en étant devancé par l'odeur de grillade qu'exalait la chèvre cuite. Il retrouva le bambin debout à côté de sa soeur enroulée sous les couvertures. Il était assis à côté d'un petit seau à moitié rempli d'eau.

Allez, à la bouffe. C'coup-ci, y viendra p'us. L'a mangé et j'l'ai suffisament cogné pour qu'il r'commence pas avant demain.

Il posa la broche sur le bord d'une stalle avant d'étaler le bois sur le sol avant de tendre les écuelles à Manius.

Tiens ça gamin.

Il se mit à découper quelques tranches fines et les déposa dans la première assiette.

Pour toi !

Il poursuivit son ouvrage et déposa la viande dans la gamelle suivante.

Pour elle !
Elle dit qu'elle veut pas manger.

Le pénule tourna son regard vers le mioche avant d'observer la jeune femme. C'est là qu'il remarqua les vêtements mis en boule à côté d'elle. Finalement, elle l'avait écouté. Quintilius expira avant de planter la lame dans le flanc de l'animal qui se faisait réduire en tranches juteuses. Il se pencha vers Honoria en fronçant les sourcils.

Hey ... HEY ! ... Faut manger ... Même un peu. T's envie, t'as pas envie, j'men fous ! Tu t'forces et pi voilà. Pas moyen que j'te laisse crever la dalle, fièvre ou pas.

Il attrapa la dernière assiette et s'attela à couper une belle pièce de viande. Il planta une nouvelle fois son couteau dans le cul de l'animal et se saisit du bout de viande qu'il porta à sa bouche. Il arracha un morceau avant de s'accroupir et de rassembler le bois en une sorte de petit fagot mal branlé. Il avala sa bouchée et héla le petit gars.

Hey p'tit. Ramène-moi des cailloux. Des gros hein ! Pour faire l'foyer. Viens !

Il ingurgita une dernière bouchée avant de s'essuyer les mains dans la paille. Il se redressa et se saisit des affaires de la jeune femme qui l'observait les yeux embrumés de fièvre. Il la regarda à peine, ne voulant pas risquer d'apercevoir un bout de chair dénudé qui lui amènerait des ennuis gros comme le cul d'Alko.

J'vais t'laver ça et après j'fais un feu. Toi tu manges et tu dors ! D'main ça ira mieux.

Et ils sortirent de nouveau, Manius s'attela à la pêche aux cailloux et Quintilius à une lessive sommaire au-dessus du puits. Ils s'absentèrent quelques instants, le temps que Pupu vint se coller un peu plus près de la jeune patricienne pour lui offrir le plus de chaleur possible. Le pénule tint parole et en rentrant, il délimita le foyer avec les pierrres de manius et fit prendre un petit feu qui réchauffa rapidement l'entrée de la stalle où Honoria se reposait. Alors qu'il tisonnait les braises du bout d'un bâton, il se tourna vers son jeune camarade.

Dors, gamin. J'vais pendre le linge pas loin et surveiller l'feu. D'main, on va faire un tour sur la plage, ça s'ra moins pourri qu'ici.

Il veilla, laissant la fratrie Sicinii recouvrir ses forces et ne sombrant dans le sommeil qu'au milieu de la nuit.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeDim 25 Oct - 19:53


- Je n’ai pas faim, bon sang, il faut le dire comment ?

Elle n’a ressenti aucune envie de manger, même quand l’odeur de viande cuite est parvenue à son nez. Ce serait même franchement l’inverse, en fait. Un profond dégoût de la nourriture en général l’envahit, le bruit du couteau dans la chair, le son des gargouillements en provenance du ventre de son frère, et cette odeur…S’il y a bien une viande qui dégage une odeur puissante à la cuisson, c’est celle-là. Elle s’emmitoufle dans la couverture pour ne pas renifler cette senteur terrible.

Elle est un peu agacée. Non, en fait elle est excédée. Elle se sent terriblement impuissante et inutile, vaincue par une fièvre imbécile, en compagnie d’un frère qui l’est tout autant et d’un homme dont elle ne sait presque rien et qui pourtant agit comme si elle était une enfant. C’est difficile à supporter pour Honoria.

- Je ne mangerai pas parce que je n’ai PAS FAIM ! Laisse-moi tranquille !

Une douleur à la tête lui vrille les tympans et elle se redresse un peu, posant le coude dans la paille pour soutenir sa tête d’une main. Elle essaye de rester calme mais c’est extrêmement difficile. Pourtant, elle sent, elle sait que Quintilius n’a aucune intention d’être méchant, il fait juste son boulot et essaye de prendre soin d’elle parce que Titus le lui a demandé. Elle le comprend très bien et dit, en murmurant, la tête dans sa main :

- Je sais que tu fais de ton mieux et que ce n’est sans doute pas amusant pour toi non plus. Cependant je ne suis pas une enfant, si je te dis que je n’ai pas faim, c’est que je n’ai pas faim. D’accord ? Merci pour tout ce que tu fais, je laisse ma part à Manius. Et s’il en reste un peu, je mangerai un morceau froid demain matin…Là, j’ai juste soif. Et sommeil. Tu comprends ?

Elle se redresse un peu sur son coude et l’observe, les joues rouges, le regard trouble et le front en sueur. Il vient de prendre ses habits sales. Elle allait ajouter quelque chose mais un courant d’air froid sur son épaule brièvement dévoilée lui impose un silence embarrassé. Elle se recouvre immédiatement et s’enroule dans ses couvertures, ne disant plus un seul mot de la soirée. Lorsque Calpurnia vint au plus près de la patricienne, elle avait déjà sombré au pays des songes. Et ce n’est que bien plus tard que Manius vint à son tour se lover contre sa sœur, passant un bras autour de sa taille pour lui apporter sa chaleur. Tous les deux s’endorment donc dans un confort rustique et approximatif sous l’œil d’un homme aux manières discutables et le groin d’une truie compatissante.

Le lendemain matin, lorsque la patricienne ouvre les yeux, elle ne voit que du rose. La peau de Calpurnia. Elle recule la tête, les paupières papillonnant à cause de la lumière du jour, avant de s’apercevoir qu’une main est posée sur son ventre. Manius. Elle plisse les lèvres et remue un peu, bousculant le gamin à l’aide de son coude, pour qu’il ôte sa main de là :

- Manius…Réveille toi.

L’enfant ouvrit un œil, puis l’autre avant de s’étirer comme un chat, faisant craquer ses jointures.

- Tu ronfles quand tu dors, Honoria, tu le savais ?
- C’est pas moi, c’est Calpurnia.

Honoria a un sourire. Le premier depuis des jours. Elle se tourne vers la truie et la gratifie même d’une caresse légère sur le haut de la tête.

- Elle m’a réveillée plusieurs fois mais elle tient chaud.

La patricienne a un regard pour l’étable, cherchant le pénule.

- Quintilius ?
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeLun 26 Oct - 10:28

21e jour de Secundo Seminare
An 399

La nuit fut courte pour le pénule mais il était habitué à dormir peu. Le sommeil l'avait rattrapé plusieurs heures après ses faux otages ce qui ne l'empêcha pas de se réveiller le premier, en même temps que le soleil qui dissipait les ténèbres de la nuit. Il lorgna un instant vers le trio qui dormait à moitié enchevêtré, s'offrant leur chaleur mutuelle. Le feu s'était presque totalement étouffé et il dut s'employer à remuer les braises pour attiser les flammes dans lesquelles il jeta quelques brindilles de paille supplémentaires. Il laissa les dormeurs récupérer du voyage et de cette soirée agitée. Il sortit de l'étable et remplit le seau afin d'avoir de l'eau fraîche et fit le tour du bâtiment pour s'assurer son père ne se terrait pas dans un coin, prêt à bondir sur Honoria et Manius pour une quelconque raison ridicule. Les Dieux furent loués, l'ivrogne semblait bien être rentré pour cuver son vin.

Il s'éloigna légèrement de l'étable pour se diriger vers un des petits bosquets qui délimitait la parcelle qui appartenait à sa famille. Il n'eut pas à chercher très longtemps avant de retrouver les fraisiers sauvages qui poussaient depuis sa plus tendre enfance à cet endroit. Il cueillit les fruits rouges et les fourra dans un pli de sa stola qui avait séché pendant la nuit. Il revint dans l'étable, juste à temps pour entendre la voix de la jeune femme.

Quintilius ?

Calpurnia accompagna l'appel de la jeune femme d'un "grouik" interrogatif et à moitié endormi. Elle se redressa et fit cliqueter ses petit sabots sur le sol en se dirigeant vers la porte d'entrée. Le pénule croisa le groin de la truie avec un petit sourire.

J'suis là ! Bien dormi ?

Il fit tomber les fraises devant le feu et tâta les vêtements de la patricienne qu'il avait étendu un peu plus loin. Le linge était sec et Honoria pourrait enfiler une tenue lavée des miasmes qui vivaient dans la sueur des fiévreux.

T'as la dalle c'matin ? Tiens, p'tit, goûte-moi ça !

Il gratouilla l'arrière du crâne de Pupu avant de s'asseoir près du foyer en toisant la jeune femme toujours enroulé dans les couvertures, quelques brins de pailles piqués dans sa chevelure dorée.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMar 27 Oct - 9:15


- J’ai un peu faim, oui…

Elle laisse Manius se lever pour rejoindre le pénule et tend le bras pour prendre la louche plongée dans le seau. Elle boit une longue gorgée d'eau, les yeux fermés, savourant la fraîcheur roulant dans sa gorge. Honoria essuie ensuite sa bouche du revers de ses doigts et regarde Manius à la dérobée. Il est en train de se goinfrer de petites fraises des bois, près du feu. Un pâle sourire s’affiche sur son visage avant qu’elle ne glisse un regard vers Quintilius pour constater qu’il la toise toujours. Elle détourne rapidement le visage et ajuste une couverture déjà parfaitement ajustée sur ses épaules, embarrassée.

- Mes vêtements…Sont-ils secs ?

Il est bien entendu hors de question de se lever uniquement drapée de quelques couvertures. Il y a des limites. Elle reconnait volontiers la pertinence des conseils donnés hier mais elle ne tient pas particulièrement à demeurer dans cet état, même si une quinte de toux sèche la surprend encore de temps à autre.

- Je voudrais m’habiller, s’il te plaît. Manius ?

Elle apostrophe directement son frère et le regarde. Le gamin lui renvoie son regard, perplexe, la bouche pleine de fraises, le menton tâché.

- Je voudrais que tu débarbouilles ton visage après ton repas. Tu as de la terre sur le front et du jus sur le menton.
- Et toi …t’as de la paille dans les cheveux, et t’es toute décoiffée !

Honoria passe une main dans ses cheveux et en retire un ou deux fétus, ce qui la fait sourire.

- Tu as raison…Je m’arrangerai un peu. Comme je le peux. Mais tu te débarbouilleras, il n’y a pas à discuter.

Manius croise les bras sur son torse, boudeur, demandant un soutien à Quintilius. Un soutien du regard, silencieux.

Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMar 27 Oct - 19:26

J’ai un peu faim, oui…

Le pénule aurait pu le parier. Même bouillant de fièvre, un jeune n'était pas une bonne solution pour retrouver ses forces. Alors que le petit frère se délectait des fraises des bois fraîchement cueillies, l'aînée observa les alentours en s'enroulant un peu plus dans les couvertures.

Mes vêtements…Sont-ils secs ?
Ouais !

Il indiqua d'un regrd rapide le linge suspendu tandis qu'il tranchait dans ce qui restait de la chèvre pour remplir une écuelle.

Je voudrais m’habiller, s’il te plaît. Manius ? Je voudrais que tu débarbouilles ton visage après ton repas. Tu as de la terre sur le front et du jus sur le menton.
Et toi …t’as de la paille dans les cheveux, et t’es toute décoiffée !
Tu as raison…Je m’arrangerai un peu. Comme je le peux. Mais tu te débarbouilleras, il n’y a pas à discuter.

Le môme tourna vers Quintilius un regard désabusé, semblant attendre une intervention de sa part. Il haussa les épaules en amenant la gamelle remplie de viande froide à la jeune femme.

Me r'garde pas, gamin. Tu t'débrouilles avec ta soeur. Allez viens Pupu !

La truie leva le groin des fraises qui avaient roulés jusqu'à sa portée et emboîta le pas de son ami sans demander son reste. Lamius lança par-dessus son épaule avant de sortir.

J'te laisse t'habiller et manger un morceau. J'vais aller préparer la carriole avant qu'on aille sur la côte. Et pi pour être sur que l'père va pas r'venir emmerder le monde. J'suis là dans dix minutes !

Il laissa les Sicinii entre eux, s'éloignant avec Calpurnia pour retrouver un peu de la sérénité qui régnait entre les deux compères. Il leva le nez pour voir un ciel dégagé et un soleil doux qui laissait présager d'une belle journée sur le sable blanc qui longeait la mer gris-marron.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMer 28 Oct - 9:44


Honoria attend qu’il soit sorti de l’étable pour tendre le bras vers l’écuelle préparée pour elle. De la viande. Elle prend le morceau entre ses longs doigts et mord dedans en plissant un peu le nez, confortablement assise dans la paille.

- Tiens…

Manius dépose les vêtements à ses côtés, avant de se diriger vers le seau et d’y plonger la main pour s’éclabousser ensuite la figure, en une toilette sommaire. Honoria l’observe, la poitrine secouée par une toux un peu désagréable. Elle termine son écuelle, la dépose dans un coin, puis dit, d’une voix enrouée :

- Merci Manius. Je vais m’habiller, peux-tu sortir s’il te plaît ?

Le gamin hausse les épaules avant de sortir et de rejoindre Quintilius, silencieux, la mine un peu sombre. Pendant ce temps là, la patricienne utilise l’eau restant dans le seau pour faire de même, passant de l’eau fraîche sur son visage, ses bras et son corps, aussi adroitement que possible compte tenu des circonstances. Elle frissonne évidemment, peu habituée de se laver à l’eau froide, mais elle parvient au moins à retrouver une apparence un peu plus digne, à tout le moins dépourvue de traces de boue. La jolie blonde enfile rapidement ses vêtements et soupire d’aise. Elle est plus ou moins propre, plus ou moins en forme et dans l’ensemble, tout va bien, hormis cette toux sèche qui la secoue de temps en temps. La perspective de voir enfin cette mer dont elle a si longtemps rêvé galvanise un peu la patricienne.

Assise dans le foin, elle passe ses doigts dans ses boucles, ôtant minutieusement chaque petit fétu de paille qu’elle ressent sous sa peau, longtemps. Ce n’est évidemment pas aussi efficace qu’un peigne mais cela fera l’affaire. Elle arrache un petit morceau de sa stola avant de tresser avec application ses longs cheveux, nouant l’épaisse natte à l’aide de ce petit morceau de tissu. Elle a l’air toute menue et toute fragile, le visage ainsi dégagé et propre, dans des habits simples. Elle drape ses épaules d’une des couvertures et sort, levant le nez pour observer le ciel. Un sourire. Tout petit. Avant d’aviser Quintilius et Manius là bas.

Elle les rejoint, emmitouflée avec soin, avant de dire :

- Je te remercie d’avoir lavé mes vêtements, Quintilius.

Elle les observe tous les deux et demande, d’une voix qui trahit un peu son impatience :

- Est-ce loin d’ici, la mer ?

Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMer 28 Oct - 16:50

Le pénule abandonna la fratrie à sa toilette matinale, fouillant un peu le plateau de la charrette pour y trouver quelques ustensiles de pêche. Un petit filet de lancer avait été plié sous le banc de conduite et un petit trident ferait office de harpon au cas où la poiscaille se révélait suffisamment bête pour venir frayer à portée de lui. Pupu observait tant bien que mal la distance qui la séparait du plateau. Autant l'animal pouvait se laisser glisser pour rejoindre le sol, autant la montée nécessitait l'assistance de son camarade. La truie lui lança un regard interrogatif en poussant une série de petits grognements pressés, toute impatiente qu'elle était d'aller se dégourdir les jambons dans le sable.

Attends deux minutes. Y z'en ont pour que'ques temps j'crois.
Grouigrouik !
Oui bah t'attends quand même ... R'garde y a même pas l'bidet ! J'attends qu'y sortent pour aller l'chercher.
Grouiiik !
Eh bah c'pareil !

Il croisa les bras en s'adossant à la charrette alors que Pupu se détournait en levant le groin d'une façon ostensiblement désappointée et se mit à arracher de rage une herbe folle qui bordait le chemin par lequel le petit groupe était arrivé la veille. Le bambin ne tarde pas à le rejoindre, la mine boudeuse, surement encore agacé de voir sa soeur se comporter comme sa mère. Quelques minutes plus tard, c'est Honoria qui les rejoignit, le visage encore marqué par la nuit chaotique et maladive qu'elle avait passée. Manius était non loin, dessinant des spirales du bout du pied dans la terre et Pupu grignotait ses feuilles sans vraiment prêter attention à la nouvelle arrivante.

Je te remercie d’avoir lavé mes vêtements, Quintilius. Est-ce loin d’ici, la mer ?
Pas d'quoi. C'est c'qui faut faire ... Et en comptant que j'dois harnacher l'cheval et prendre deux-trois trucs, genre la bouffe, on y s'ra dans moins d'une heure.

Sur ces mots il se dirigea une fois de plus vers l'étable pour aller récupérer le cheval et revint à la charrette rapidement. Il s'attela à nouer les sangles autour du buste trapu de la bête de bât et colla le mord au fond derrière ses dents. Il fit un autre aller-retour pour récupérer quelques tranches de viande pour le voyage et balança le reste de la carcasse devant le four qui avait servi à cuire l'animal. Finalement, une fois que tout fut près, il se dirigea vers Calpurnia qui faisait mine de ne pas s'intéresser à lui.

Allez, on y va Pupu !

Il la saisit sous le ventre et la soulèvement dans un grommèlement grave alors que Pupu battait des sabots à la recherche du sol. Il la posa sur le plateau arrière et, après avoir soufflé un grand coup, jeta un coup d'oeil vers Honoria et son frangin.

Bon bah ... On peut y aller !
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeJeu 29 Oct - 11:03


Honoria opine en silence, elle reste près de son petit frère, préférant finalement poser un pan de la couverture sur ses cheveux. Mine de rien, le fond de l’air est froid et elle en ressent toute la fraîcheur sur sa nuque dégagée. Manius, boudeur, garde les bras croisés sur sa poitrine, ce que ne manque pas d’observer la patricienne.

- Manius ? Que se passe-t-il ?
- Rien.
-…


Elle approche et pose une main sur son épaule avant qu’il ne se dégage avec impatience de sa légère emprise, s’écartant de deux pas pour être certain qu’elle n’y revienne pas. Honoria hoche la tête, suivant un instant du regard les mouvements de Quintilius, puis revient à son frère :

- Qu’est-ce que j’ai fait ?
- T’es pas ma mère. Arrête de faire comme si j’étais un petit enfant !

Honoria fronce les sourcils et croise les bras à son tour.

- J’essaye de prendre soin de toi, est-ce donc mal ?
- Mais j’ai pas besoin que tu fasses ça, devant lui !
- hoooo donc…je peux te materner mais pas en public pour ne pas froisser ton petit orgueil de mâle, c’est bien ça ?
- Ouais ! …Heu…non….Rhaaa ! Tu me retournes la tête, encore, arrête de faire ça !
- D’accord.


La jolie blonde ne dit plus rien et regarde ailleurs. Donner un peu d’affection à son frère, c’est bien plus que cela pour elle, c’est aussi la seule vraie occasion de chérir quelqu’un et de se rappeler qu’elle n’est pas uniquement un joli glaçon. Elle soupire et s’éloigne de lui, pour aller caresser les chevaux, en silence. Peut-être a-t-il raison. Il a grandi, il n’est plus un petit enfant. Elle l’observe et a un sourire, avant de regarder Quintilius. Il essaye de passer pour un homme en face d’un autre homme et son attitude ne l’aide pas. Peut-être est-ce même la seule et unique chance de briller un peu pour Manius. A la villa Sicinii il est moins bien considéré que le chien à qui on permet tout. Ici, il peut être enfin libre. Pourtant, il a tellement été rejeté…même par ses propres parents. Elle ne pensait pas à mal, elle voulait lui juste lui apporter un peu de ce qu’elle-même n’a jamais eu non plus.

Lorsque le pénule revient vers la charrette, elle approche à son tour, et grimpe comme elle peut sur le plateau arrière, pour aller se blottir dans un coin. Elle n’a pas eu besoin d’aide et elle n’aidera pas Manius non plus. Elle veut juste se protéger du vent et rester tranquille, se drapant dans sa couverture.

- Je ne monte pas là devant, il y a du vent. Peut-être que Manius…

Lui laisser l’avant, en compagnie d’un autre homme…Peut-être que cela l’apaisera un peu. Manius a d’ailleurs un regard rempli de joie pour le pénule, demandant à nouveau, en silence, son assentiment.
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeJeu 29 Oct - 20:33


Pendant les différents aller-retours que fit Quintilius, il ne prêta qu'une attention très relative aux échanges que faisaient les Sicinii. Le petit bonhomme semblait plutôt mécontent et sa soeur cherchait à comprendre les raisons de sa mauvaise humeur. Ah les mômes ! Et par cette pensée, le pénule englobait les deux. La jeune femme avait beau être en âge de se marier et d'enfanter, elle avait déjà montré quelques sautes d'humeurs puériles, notamment la veille, enfiévrée et enroulée dans les couvertures. Une gamine qui se prenait pour une adulte ... Voilà qui était bien une attitude d'enfant.

Finalement, après hissé la truie sur le plateau, Quintilius mit un terme à la querelle en invitant les Sicinii à monter à bord. Ils allaient enfin rejoindre la plage et respirer un peu d'air iodé. Il y avait bien trop longtemps qu'il était resté à arpenter les ruelles des quartiers populaires d'Edelmia ou les agricolae des faubourgs entre la capitale oncmélienne et Telioprate, retrouver le roulis des vagues et le cri des mouettes allait lui changer les idées. Même s'il devait se coltiner deux faux otages dont un qui se montrait de plus en plus collant et l'autre de plus en plus toussante. Il mit un pied dans l'étrier qui l'aidait à monter vers le banc de conduite lorsque la patricienne déclara.

Je ne monte pas là devant, il y a du vent. Peut-être que Manius…

Les sourcils du pénule se levèrent bien haut sur son front. À croire que cette nuit collé-serré avec Pupu avait rapproché Honoria de l'animal pour qu'elle veuille partager l'arrière avec celle-ci. Il baissa les yeux vers le gamin qui l'observait en attendant visiblement quelque chose même si Lamius n'aurait su dire quoi. Il haussa les épaules avant de s'installer à la place du conducteur.

Ouais, m'en fous.

C'était visiblement la bonne réponse car le petit gars émit un gloussement ravi avant de rejoindre le pénule à l'avant. Honoria monta à l'arrière pour rejoindre la truie et Quintilius donna un coup de rênes sur les reins du cheval qui se mit à avancer au pas. Le voyage fut aussi court que Quintilius l'avait dit. Ils traversèrent les boyaux d'Actéa, puis contournèrent Nisaea et s'éloignèrent progressivement de l'imposante silhouette de l'Aedes Valtai, gagnant le nord de la cité. Ils passèrent un pont qui enjambait un des bras du delta de la Nera et bifurquèrent vers l'Ouest. Les rires des mouettes retentirent bien avant que le sable blanc qui se faisait lécher par la Mare Tenebris ne se dévoila aux regards du petit équipage. Les eaux du fleuves se teintaient d'un bleu profond que les rayons du soleil rendaient plus éclatant.

Wooooaaaah, c'est beeeaaaauu !

Les yeux du mouflet étaient ronds comme des billes en découvrant la teinte presque féérique. Un petit sourire au coin des lèvres, Quintilius tempéra bien vite l'enthousiasme de son petit compagnon de route.

Ouais ... Mais va pas t'baigner là-d'dans ... Si c'est bleu c'est pa'ce qu'y a les teintureries pas loin. C'pas bleu, la mer.

Il désigna des hauts bâtiments avec des moulins à aubes et aux en pentes douces.

C'est l'truc là. Y paraît qui font ça avec du jus d'coquillage. J'ai jamais compris comment qu'y font.

Quelques minutes de plus et ils débouchèrent sur un ensemble de petites dunes où la végétation éparse dansait au gré du vent. Le soleil continauit sa course ascendante et réchauffait tranquillement l'atmosphère. Le bruits des vagues, bien que lointain, battaient la côte à un rythme régulier. Entre deux pentes douces, ils la virent. Grise aux reflets marrons et verdâtres, constellée d'écume blanche sur les crêtes de vagues, la Mare Tenebris les attendait.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeJeu 29 Oct - 22:31


C’était visiblement la bonne décision. Il est content et c’est bien tout ce qui importe pour Honoria là, en cette minute précise. Oui, elle est pénible parfois, à toujours vouloir régenter sa vie de manière chronique et insistante, oui elle est parfois très dirigiste et quelque peu glaciale dans sa façon de s’exprimer, elle manque de chaleur et de spontanéité, souvent. La faute à une éducation surveillée de près et à l’exemple d’un père qui est à lui tout seul l’ennui, la gravité et la condescendance personnifiés. Dernièrement, il n’y a que Titus qui a pu observer de près qui elle est en réalité. Mais bon, à cela il ne faut plus y songer. Seuls les murs d’un bouge des bas quartiers et quelques poivrots avinés ont assisté à cette découverte. En plus de Titus, évidemment.

Assise dans un coin de la charrette, elle se repose, en réalité. La nuit n’a pas été des plus tranquille, coincée qu’elle était entre le corps d’un frère terriblement envahissant qui déposait ses mains sur elle et la masse ronflante d’une truie qui tressautait dans son sommeil, remuant la paille aux oreilles de la patricienne. Au moins, elle a eu chaud. Et c’est probablement grâce à cela qu’elle se sent mieux aujourd’hui. Pourtant, elle n’est pas non plus en sa meilleure forme donc elle s’installe aussi confortablement que le lui permettent les planches de bois et ferme les yeux. Ballottée par le pas lent du cheval, elle finit par s’assoupir, assez profondément pour rêver.

Les rêves d’Honoria sont toujours plein de couleurs et de rires, de danses et de femmes, belles et vives, aux longs cils courbés vers le ciel, des corps dignes d’être sculptés, des visages flous qui l’invitent dans leurs danses, qui rient avec elle. Des bras qui l’enlacent. Des lèvres qui disent des choses douces à son oreille. Et ce matin ne fait pas exception aux autres. Au moins, quand elle rêve, elle est dans un monde qui n’appartient qu’à elle.

Le cri d’une mouette la sortira de ses songes, l’exclamation ravie de son frère lui fera ouvrir les yeux. Elle écoute ce qu’ils disent, sans vraiment y prêter attention, intriguée par le vol de ces oiseaux plein de grâce. Honoria a un sourire, drapée dans sa couverture. Elle y est presque. Elle sait qu’elle s’en approche, de ce tout petit rêve de rien du tout. L’air lui-même charrie des odeurs particulières, propres au bord de mer, un air de sel, piquant et vif qui lui chatouille le nez. Elle se redresse un peu dans la charrette, elle observe le bleu du fleuve, un bras appuyé sur la paroi, y déposant son menton d’un air rêveur.

Elle écoute les explications de Quintilius, elle ne dit toujours rien même si elle sait, elle, que la pourpre dont sont parées les toges et les habits de prestige est issue d’un coquillage broyé, pêché en ces eaux qu’elle s’apprête à découvrir.

Lorsque le paysage change à nouveau, pour laisser apparaître des dunes de sable, elle sourit plus encore. Au-delà de ces dunes, il n’y a rien. Juste l’horizon. Et une vaste étendue grisâtre, parfois marron, qui danse sous un ciel bleu clair et un soleil éclatant. La patricienne ouvre bien grands les yeux pour regarder. Les vagues…L’écume…Les goémons collés sur de grosses pierres ou abandonnés sur le sable…Les mouettes…Et cet air qui lui fouette le visage, qui fait voltiger les petites boucles près de ses oreilles…

- C’est beau…

Elle le pense vraiment. Et elle sourit largement cette fois. Parce qu’elle est heureuse. Elle a réussi quelque chose, elle a atteint un objectif qui lui semblait, il y a quelques semaines, totalement irréalisable.

- Tout est donc possible…

Si elle est parvenue à atteindre la mer, elle est donc capable de tout faire. Quoiqu’en disent ces hommes qui aimeraient tant la museler à jamais au fond d’une villa sans vue, sans air et sans joie. Elle a un regard pour Manius. Un Manius qui lui aussi semble s’émerveiller de ce qu’il voit.

- Quintilius, arrête toi, je voudrais descendre, s’il te plaît.
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeVen 30 Oct - 15:42


Le cheval remuait la tête pour chasser les quelques grains de sable charriés par le vent qui étaient venus se coller dans ses oreilles. Même si Quintilius observait paisiblement l'horizon argenté qui miroitait sous les rayons du soleil, ses faux-otages avaient bien du mal à cacher leur enthousisme. Manius paraissait pousser des exclamations à chaque pas qui les rapprochaient des dunes et des vagues. À l'arrière, Calpurnia avait posé le bas de sa tête sur le bastingage, imitant Honoria qui admirait le paysage en silence. La truie poussaitde petits grognements satisfaits, découvrant, elle aussi, pour la première fois l'immensité grise de la Mare Tenebris.

Quintilius, arrête toi, je voudrais descendre, s’il te plaît.

Le pénule se retourna un bref instant vers la jeune femme. Il dit alors.

Ouais, attends encore deux minutes ! On est bientôt arrivé.

Il posa de nouveau son regard vers l'avant alors que la carriole prenait un léger virage vers la plage. Les dunes rapetissèrent et devant eux, une bicoque de pêcheurs, plus large que haute, se dévoila. La maisonnette ne payait pas de mine et trônait au milieu du sable. Une jetée partait de la grosse cabane et avançait dans la mer grâce à de larges poteaux où des moules s'accrochaient et se faisaient baigner par l'écume. Il donna un petit coup de menton vers la bâtisse avant de s'exclamer.

On va là-bas. La famille Albertus brasse d'la bière fameuse et souvent, on peut manger des moules et d'autres trucs d'la mer. Z'allez voir.

Il avança le plus possible avant de tirer fermement sur les rênes. Il descendit du banc de conduite avant de contourner la charrette pour arriver à l'arrière, prêt à aider les passagères à descendre.

Si qu'on va plus loin, l'chariot va p'us avancer. À cause du sable, t'sais. Faut finir à pied.

Le bruit des vagues s'enroulant sur elles-même était semblable au battement d'un coeur, tant il était grave et régulier. Il n'y avait que les mouettes qui se chachutaient et cette bicoque à quelques pas pour briser leur solitude face à l'étendue salée.


Dernière édition par Quintilius Lamius le Sam 31 Oct - 16:34, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeVen 30 Oct - 22:24


Elle ne répond rien à sa remarque un peu bourrue. Tout ce qui lui importe, c’est d’être là. Et elle n’est pas seule pour vivre ce tout petit moment ridicule aux yeux de tous sauf aux siens. Manius est là aussi et semble aussi excité qu’elle si ce n’est plus. Parce qu’en plus du reste, Quintilius vient de prononcer le mot « bière ». Si cela n’évoque rien à Honoria, il n’en va pas de même pour le garçon qui se frotte déjà les mains à l’idée de gouter ce breuvage absent de la villa Sicinii. Aussi, lorsque le pénule arrête la charrette, il est le premier à en descendre, enfonçant ses pieds dans le sable avec étonnement.

- Honoria ! Regarde, ça chatouille les orteils !

Honoria se redresse dans la charrette et regarde le sable envahir les sandales de son frère. Elle a un sourire et se drape dans la couverture avant de descendre, sans attendre un coup de main du pénule. Elle s’accroupit et prend une poignée de sable, qu’elle laisse filer entre ses doigts avant de lever un regard ravi et doux sur le faux ravisseur. Elle l’observe, ne dit rien pendant une seconde, peut-être deux puis se met à rire. Un vrai rire sincère, quelque peu atténué par une quinte de toux.

- Tu n’étais pas obligé de nous amener ici. Merci…

Elle se redresse et s’échappe déjà pour prendre son frère par la main.

- Regarde ça, Manius ! La mer !

Elle a un regard pour son frère puis ôte prestement sa main de la sienne.

- Excuse-moi, l’habitude…

Elle enfouit la moitié de son visage dans la couverture, observant l’horizon avec une certaine dévotion, quelque chose d’impatient. Qu’est-ce qu’il y a là-bas ? Est-ce qu’il y a d’autres terres ? D’autres mondes ? Est-ce qu’on tombe si on navigue trop loin ? Est-ce que les…

- C’est rien. J’suis désolé pour tout à l’heure.

Honoria cesse de songer à tout cela puis passe un bras autour de ses épaules et le serre brièvement contre elle avant de se tourner vers le pénule, tout sourire.

- Allons voir cet établissement dont tu parlais tout à l’heure…

Heureusement que le soleil est de la partie. La jolie blonde avance d’un pas légèrement hésitant, peu habituée à ressentir du sable sous ses pas. Pourtant, elle ne cesse de sourire. Elle n’est peut-être pas au mieux de sa forme mais le grand air lui rend quelques forces. Elle prodigue même une caresse à la truie, entre les deux oreilles.

- Tu viens souvent ici, Quintilius ?
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeSam 31 Oct - 16:57


La patricienne n'attendit même pas que Quintilius ne lui tende la main qu'elle sauta au bas de la charrette avec un empressement que seul celui de son petit frère dépassait.

Tu n’étais pas obligé de nous amener ici. Merci…

Sans attendre de réponse du pénule, elle rejoingit son frère et ils se mirent à avancer tous deux vers la mer. Lamius garda les yeux ronds en les regardant s'éloigner, puis tourna son regard interloqué vers Pupu.

Merci de quoi ? C'pas moi qui ai fait la flotte. Tu crois qu'elle m'prend pour Valta ?
Grouik ?

Il haussa les épaules avant de passer ses bras sous le ventre rebondi de la truie et la fit descendre de la carriole. Les Sicinii échangeaient quelques babillages un peu plus loin. Il les rejoignit, précédé de Pupu qui ne comprenait pas vraiment de quoi était fait le sol. C'était bien la première fois, foi de truie, qu'elle devait poser ses sabots sur ces grains bizarres. Elle les renifla pour vérifier si c'était comestible et dans le doute, en prit une petite bouchée. Elle recracha bien vite le sable avant d'éternuer en faisant balloter ses oreilles au-dessus de son crâne. Honoria serra son frère contre elle et se tourna vers le pénule, toute souriante.

Allons voir cet établissement dont tu parlais tout à l’heure…
Ouais, bah c'est là !

Il désigna l'endroit en le pointant de l'index. Il se gratta l'arrière de la tête en cherchant à comprendre la jeune femme. S'il avait choisi cet endroit et leur avait indiqué en arrivant, c'était bien pour y aller. Et puis, de toutes façons, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire dans les parages.

Tu viens souvent ici, Quintilius ?
Hein ? Euh ... Baaaah ... Bof !

Il avait haussé les épaules en dodelinant de la tête. Il sentit bien que sa réponse méritait un peu plus de développement. Depuis le départ d'Edelmia, c'était probablement la première fois qu'elle lui posait une question qui ne concernait pas sa petite personne ou celle de son frangin. Et c'est quand qu'on mange ? Et il fait froid ! Et j'ai mais à la tête, au bide, aux jambes ... Et le p'tit doit dormir ... Et gnagnagna ... Il compléta finalement sa réponse.

Quand que j'vivais encore dans l'coin, ouais ! V'là des années que j'vis à Edelmia, du coup j'viens moins. 'fin quand j'suis dans l'coin quoi !

Ils arrivèrent au pied de la baraque et ils virent au bout de la jetée deux petits navires à voiles carrées qui y étaient amarrés. Quintilius grimpa les marches qui s'extirpaient du sable pour rejoindre la petite terrasse surélevée en donnant un coup de menton vers les coques de noix qui dansaient sur les vagues.

L'pater familias est là, y a les bateaux ! Y a p'us qu'à espérer qu'la pêche était bonne !

Il frappa à la porte, alors que Pupu venait se placer juste derrière ses jambes.

Ave ! Albertus ! Possible de casser la graine ?!
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeDim 1 Nov - 7:17


Toujours chaudement emmitouflée dans sa couverture, Honoria écoute Quintilius. Elle est apaisée et se sent bien, elle a un de ses objectifs sous les yeux, il y a du soleil, Manius est heureux…elle est sans doute moins sur la défensive que depuis leur départ de la villa sicinii.  Après tout, elle a du donner sa confiance à un homme qui a salement démoli ses comparses sur le pas même de la maison de son père, un homme qui ne brille pas par sa conversation mais par l’utilisation de ses muscles, un homme rustre. Honoria n’a confiance en personne. Pas même en Manius, et avec raison, sur bien des points et ce, même s’il est son frère. Alors…Côtoyer un tel homme pendant des jours dans une charrette, puis dans cette étable, totalement nue et en état de faiblesse, avec le spectre d’un autre homme aviné et violent rôdant dans les parages…ça n’incite guère à la détente.

La vue de l’immense étendue d’eau dansant sous le soleil, l’air vif et piquant, les grains de sable sous ses pieds, les cris des mouettes, tout cela a considérablement apaisé ses craintes, tout comme cela a probablement abaissé ses défenses. Honoria se montre presque aimable, en fait.

Presque. Parce que se comporter naturellement, comme elle le voudrait, en compagnie d’un homme tel que lui, est absolument impossible. Honoria aime les débats, les discussions vives et animées, pleines de bon sens et d’esprit, elle adore la lecture et la musique, apprendre. Discuter d’un point de détail pendant des heures. Compter les points. Rien ne lui plaît plus que les défis et de troubler ces hommes en toge par une répartie cinglante servie avec un sourie tendre. Comme elle a pu le faire avec ce Barbatus auquel on la destine et, dans une moindre mesure, le Procurateur lui-même. Elle songea, en avançant dans le sable, en direction de l’établissement désigné par Quintilius, à cet homme tout nimbé d’une aura de pouvoir, traînant avec lui les effluves de la capitale. Un énorme poisson dans une toute petite mare. Et comme tous les gros poissons, il fera sans doute tellement de mouvements pour s’y installer que les petits poissons en mourront. Ou se rebelleront. Elle dissipe cette pensée d’une inspiration lente, pour dire tranquillement :

- Tu as de la chance, Quintilius, de pouvoir profiter de tout ceci. Le paysage est beau ! Bien plus beau qu’à Edelmia.
- C’est vrai !

Manius ponctue sa phrase d’un sourire avant d’observer les bateaux. Là aussi, le spectacle en vaut la peine, même s’il ne s’agit que de deux petits bateaux de pêche. Honoria, elle, se soucie soudain d’un détail pratique. Elle rejoint Quintilius et pose ses doigts sur son avant-bras juste après qu’il ait ébranlé la porte d’un coup de poing.

- Quintilius…je n’ai pas d’argent et nous sommes trois…Cet homme va vouloir sans doute être payé pour son travail…Je…Enfin…cela me gêne un peu.

A dire vrai, prendre un repas à l’extérieur de la villa est une chose encore nouvelle pour elle. Tout est toujours servi à l’heure, chez son père. Et quand elle ne mange pas sous son toit, elle mange chez les hôtes de ses parents, à des soirées officielles. Titus avait agrémenté son ardoise de quelques boissons, il y a quelques jours, dans cette taverne clandestine. Qu’en sera-t-il ici ? L’idée d’avoir une dette, même minime, ne lui plaît pas beaucoup. Elle ôte rapidement sa main de son bras et la range sous sa couverture, embarrassée.

- Je n’ai pas pensé à cela avant de quitter la villa.

Elle regarde la porte avec une certaine appréhension maintenant, craignant que cet Albertus ne les chasse comme s'ils étaient des miséreux.


Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeDim 1 Nov - 13:42

Tu as de la chance, Quintilius, de pouvoir profiter de tout ceci. Le paysage est beau ! Bien plus beau qu’à Edelmia.
C’est vrai !

Il adressa un regard interloqué aux deux patriciens en haussant doucement les épaules. Pour lui, tout se valait. Edelmia avait une beauté urbaine, avec de grandes statues élégantes qui côtoyaient d'impressionnantes colonnades qui soutenaient le fronton de temples opulents. L'arrière-pays valtaien possédait une autre beauté, plus sauvage, là ou la nature possédait des droits que même les Hominii n'avaient su contester. De là à pouvoir faire un classement sur où se trouvait la plus grande beauté, le pénule n'était pas convaincu. Tout était beau pour lui, ou moche en fait. Il s'en tamponnait le cul avec un battoir à tapis pour être tout à fait honnête. Il allait frapper à la porte d'Albertus lorsque la main de la jeune femme se posa sur son avant-bras.

Quintilius…je n’ai pas d’argent et nous sommes trois…Cet homme va vouloir sans doute être payé pour son travail…Je…Enfin…cela me gêne un peu. Je n’ai pas pensé à cela avant de quitter la villa.

Il cogna lourdement contre l'huis avant de répondre aux inquiétudes de la patricienne par un rire amusé.

Ah, vous les patriciens ! C'toujours pareil ! À croire qu'y a qu'la tune qui compte !
Entre !

Il poussa la porte et le petit groupe pénétrèrent dans une pièce où avaenit été disposés quelques tables rondes. À l'opposé de la porte, un petit comptoir derrière lequel un petit bonhomme dégarni s'appliquait à dégorger un poisson aux écailles argentées. Tertius Albertus les observa avant de s'exclamer en écartant les bras.

Quintilius ! Des années que j't'ai pas vu dans l'coin !
Ouais, trois ans qu'j'suis pas r'monté !
Déjà ? Par Valta, le temps passe trop vite !
Possible de manger du coup ?
Bien sûr, mon grand ! J'ai remonté quelques bars c'matin ! Sinon on a eu une sacrée moisson d'moules !

Le pénule se tourna vers honoria et lui fit un clin d'oeil complice avant de l'inviter à entrer à sa suite et celle de Pupu.

Par tous les Dieux des palais Célestes, tu t'trimballes encore ton cochon ?!
Bah ouais, pourquoi pas ?
Pour rien mon ami ! Comment ça va, p'tit jambonneau ?
Grougrougrouik !

La truie avança en remuant sa petite queue, comme un chien ravi de retrouver un vieil ami perdu de vue depuis longtemps. Albertus remarqua alors les deux silhouettes qui étaient dans l'ombre de Quintilius. Il arrondit ses yeux et sa bouche avant de s'écrier.

M'dis pas qu't'es marié ?!! Et ... C'est-y pas un gamin ? Ave, ma belle ! C'gros nigaud t'a fait boire un philtre d'Aïka, t'es bien trop jolie pour lui !
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeDim 1 Nov - 17:33


- La…tune ?

Honoria a un regard pour Manius qui lève les mains en haussant les épaules. Quoi que soit cette tune, elle ne saura jamais ce que c’est. Elle entre donc à la suite de Quintilius, restant prudemment à l’arrière avec son frère. Le pénule ne semble pas inquiet par la question de l’argent. Elle reste donc emmitouflée dans sa couverture pour observer les lieux, posant son regard sur les tables, le comptoir et cet homme qui salue chaleureusement le faux ravisseur. Elle n’interrompt pas les retrouvailles, polie, entendant vaguement une histoire de bars et de moules, tordant la bouche en un sourire gentiment moqueur au clin d’œil de l’homme de main. Manius, lui, reste à ses côtés, silencieux pour une fois, même s’il semble fasciné par les gestes de leur hôte en train d’éviscérer un poisson.

- Honoria, regarde ça ! Tu as vu ce gros poisson ?

La jeune femme abaisse quelque peu le pan de sa couverture pour libérer ses cheveux tressés et avance de quelques pas. Elle croise alors le regard surpris d’Albertus et ne peut s’empêcher de rire, toujours gentiment, ses longs doigts fins posés sur sa bouche. Manius, lui, glousse sans gêne.

- Ave Albertus. Non, je ne suis pas son épouse. Quintilius nous fait découvrir les charmes de Valtaia et a songé à nous mener ici. Il a parlé de bière fameuse et de produits de la mer…

La patricienne ne tient pas à ce que le pénule soit mal à l’aise. Elle corrige poliment la bévue sans se moquer ni accabler Quintilius. Le regard de Manius, lui, pétille de malice.

- T’façon, personne ne veut d’elle, elle est trop chiante.

La jeune femme se pince l’arête du nez en fermant les yeux, secouant la tête. Elle inspire et expire doucement, avant de reprendre :

- Nous ne sommes que de passage.

Elle a un regard pour les tables puis pour Quintilius, une fugace inquiétude s’affichant sur son visage. Titus est-il déjà en route ? Peut-être. Peut-être pas. Quoiqu’il en soit, elle reste parfaitement polie et approche même le pénule, en confiance. Manius, lui, avance vers ce gros poisson en train d’être vidé, les mains dans le dos, le cou tendu pour mieux voir.

- Je serais heureuse de goûter à ce que tu as pêché, Albertus.
- Et moi j’veux gouter la bière !

Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeDim 1 Nov - 20:37

Honoria ne put retenir un éclat de rire en entendant le vieil Albertus qui lui faisait remarquer le couple mal assorti qu'elle formait à le pénule bourru.

Ave Albertus. Non, je ne suis pas son épouse. Quintilius nous fait découvrir les charmes de Valtaia et a songé à nous mener ici. Il a parlé de bière fameuse et de produits de la mer…
T’façon, personne ne veut d’elle, elle est trop chiante.

Ce fut au tour de Quintilius de lâcher un éclat de rire en tournant un oeil rieur vers le bamabin qui semblait vivre sa meilleure vie. Elle massa ses arêtes de nez du bout des doigts avant de souffler sur un ton légèrement contrit.

Nous ne sommes que de passage.

Elle devait être gêné tant elle chercha à changer de conversation bien vite. Le petit gars, paraissait hypnotisé par la poiscaille en train de se faire vider comme une outre percée.

Je serais heureuse de goûter à ce que tu as pêché, Albertus.
Et moi j’veux gouter la bière !

Le pénule posa une main sur la tête du môme en souriant. Ce petit avait déjà un sacré sens des priorités, le sang et la gnôle, un peu comme lui au même âge. Lorsque le gamin leva les yeux vers lui, il désigna une table sur leur droite d'un coup de tête.

Ouais, allez vous asseoir là-bas ! Deux bières du coup ! Honoria, tu veux boire quoi ?

Il releva un sourcil en attendant la réponse de la patricienne, alors qu'Albertus arrachait une poche pleine d'oeufs noirs du giron du poisson.

Oh ! C'était une femelle ! R'gardez-moi tous les oeufs qu'y a !

Il jeta les entrailles par la fenêtre sans daigner y accorder un regard avant de poser le poisson vidé devant lui. Il se mordit la lèvre inférieure l'espace d'un instant, paraissant réfléchir à toute allure.

Bon, pour Quintilius, ça s'ra des moules j'suppose ?
Comme d'hab' !
Et pour vous les touristes ? Tu vas pas avaler que d'la bière, p'tit gars !
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeLun 2 Nov - 7:05


Si Manius vit sa meilleure vie ? Evidemment que oui ! Le gamin qui n’en sera bientôt plus un, il faut bien le dire, est en totale roue libre sans personne pour lui rappeler qu’il est idiot. Il peut faire ce qu’il veut, regarder ce qui lui plaît, faire tout ce qu’il a envie de faire. Honoria peut bien essayer de le tenir, il semble qu’elle ait enfin renoncer à s’entêter à prodiguer des efforts dans cette lutte quotidienne qui consiste à tenter de faire de Manius un homme correct. C’est plus fort que lui, il faut toujours qu’il aille fourrer son nez partout et qu’il pose des tas de questions. Sa fascination quelque peu morbide pour les viscères et le sang qui coule n’a pas échappé à sa sœur qui ne peut s’empêcher de froncer les sourcils en prenant place à table. Enfin…Quintilius semble l’apprécier un peu, c’est une bonne chose. Et de cela, Manius n’est pas peu fier, évidemment. C’est la première fois qu’un homme – un vrai ! – lui prodigue une marque de sympathie publique. Devant sa sœur !

C’est le torse bombé, tout gonflé d’importance, que le gamin rejoint Honoria qui ne sait pas trop quoi demander. De l’eau ? Du vin ? Elle manque de force, peut-être qu’une boisson alcoolisée l’aiderait à se sentir mieux mais elle doute honnêtement qu’un brasseur possède des amphores de vin.

- Je veux bien gouter un peu de cette bière dont tu parlais tout à l’heure.

Ce sera une première pour elle aussi. Manius, d’ailleurs, ne manque pas de le souligner d’un coup de coude moqueusement complice.

- Détends-toi un peu, t’es tellement coincée…Il y a la mer, de la bière et des hommes, ça ne te convient donc pas ?
- Manius…Je t’aime de tout mon cœur mais s’il te plaît…ferme la.
- Allez quoi…Regarde comme il est gentil avec nous, Quintilius. De quoi t’as peur enfin ? Il va pas te manger ! Et il nous a défendu face à son propre père ! C’est un homme bien !


Manius a un regard pour l’homme de main, presque admiratif, soudain.

- J’voudrais bien être fort comme lui. Plus tard. Tu aurais vu comment il a savaté son père...C'était énorme.

Honoria se recroqueville sur son tabouret. Peut-être est-il plus sage de garder ses considérations personnelles pour elle. Manius semble s’amuser et reprendre un peu confiance en lui, ce n’est pas le moment de lui rappeler que son père est toujours en vie et qu’à priori…il n’a pas vraiment le choix de sa destinée. Tout comme elle. Ce n’est pas davantage le moment de lui rappeler que Quintilius est un homme de main, celui de Titus, et qu’il ne fait que son travail. A aucun moment une quelconque affection n’entre en compte dans tous ces événements qui se produisent quotidiennement et qui pourtant ne se ressemblent jamais.

- J’veux des moules. Comme Quintilius ! Honoria tu veux quoi ?
- Quelque chose de léger. Peu importe. Ce que tu as à offrir, Albertus.

Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeLun 2 Nov - 20:47

Je veux bien gouter un peu de cette bière dont tu parlais tout à l’heure.

Quintilius hocha la tête et se dirigea vers un tonneau mis en perce qui trônait sur un tréteau en croix, juste à côté du comptoir. Alors que les deux Sicinii échangeaient en patientant autour de la table que leur avait indiqué le pénule. Il se saisit de trois chopes et les remplit jusqu'à ce que la mousse forme une belle couronne ivoire au sommet du liquide aux reflets ambrées. Alors qu'il reprenait le chemin de la table, Albertus interrogea ses invités sur ce qu'ils voulaient manger.

J’veux des moules. Comme Quintilius ! Honoria tu veux quoi ?
Quelque chose de léger. Peu importe. Ce que tu as à offrir, Albertus.

Le vieil homme gloussa doucement. Quintilius posa les chopines sur la table en renversant un peu de mousse sur sa main. Il fit la distribution des commandes et suçant le dos de sa main pour s'abreuver du nectar de houblon que brassait leur hôte. Il se tourna vers Honoria en fronçant légèrement les sourcils.

Ouais, alors ... Du coup ... Y t'a demandé d'choisir, pas d'faire des politesses. T'as jamais pris de décisions ou quoi ? Dis c'que tu veux bouffer ... C'pas compliqué !
Bar, sardines, J'ai quelques congres et pi des moules aussi. Fais ton choix, ma belle.

Le vieux pêcheur souriait en écaillant le poisson qu'il avait vidé en quelques instants. Quintilius s'affala sur sa chaise avant de faire glisser les chopes devant leurs propriétaires. Il se saisit du manche et leva son verre devant lui.

À la vôt' ! Et à la Mare Tenebris !
Grouik !
Et à Pupu !

Il observa ses deux commensaux en lorgnant sur sa chopine, attendant qu'ils daignent trinquer avec lui.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMar 3 Nov - 7:16


Elle entend le vieil homme glousser. Honoria ne sourit pas, elle. A-t-elle dit quelque chose de drôle ? Elle regarde le pénule déposer sur la table trois chopines de bière, scrutant les petites bulles qui crèvent la surface mousseuse avant de le regarder lui. Manius ne dit plus rien, il observe sa sœur, puis Quintilius avant de tendre la main vers la première bière qu’il peut atteindre, tout en soupirant. Il hoche la tête, restant sagement en dehors de la bourrasque qui arrive. Il sait, lui, ce que signifie ce regard qu’Honoria jette à l’homme de main. Ce n’est pas bien compliqué, c’est le même que celui de son père. Sauf que celui-là, il n’invite pas à la moquerie. Plutôt à la méfiance. Honoria se redresse sous sa couverture, le dos droit, les mains nouées sur la table.

- Nous allons revoir ensemble une chose essentielle, Quintilius.

Elle penche la tête, regarde Albertus et répond, d’une voix parfaitement mesurée et froidement polie :

- Un morceau de ce poisson que tu découpes. Avec quelques légumes cuits. Si tu en as.

Honoria ne touche toujours pas la bière, son regard vairon se plante dans celui du pénule. Manius se ratatine sur son tabouret.

- Je suis une femme. Mais je ne suis pas TA femme. Est-ce clair ?
- Honoria…


La patricienne a un regard pour son frère, qui tourne la tête tout de suite. Il déteste quand elle se fâche de cette façon, sans devenir toute rouge ou en frappant les murs, comme lui. Parce qu’il sait qu’à l’intérieur d’elle, ça bouillonne tellement qu’il a toujours peur que ça déborde et que ça brûle tout le monde, même si elle reste en apparence parfaitement calme.

- Je suis ici parce que toute ma vie les hommes m’ont parlé de cette façon. Je ne le tolère plus, je n’y parviens plus. C’est tout. Et, pour ta gouverne, la politesse veut, en effet, qu’on ne se montre pas trop gourmand quand on se présente quelque part sans le moindre sou.

Elle inspire profondément avant de prendre une des chopes dans sa main droite. Elle n’est pas assez forte pour tenir tête longtemps. Déjà le mal de tête s’annonce, éveillé par cette colère brutale et soudaine qu’elle essaye de maîtriser au mieux.

- A des jours meilleurs.

Elle renifle la boisson. Manius, lui, voyant sa sœur lâcher un peu de lest, prend la chopine et en boit goulument la moitié, posant son verre sur la table, le nez garni de mousse, avec un rire.

- C’est pas bon. Et c’est bon en même temps.

La patricienne boit une gorgée et dépose le verre sur la table, en toussant un peu, avant d’essuyer ses lèvres tâchées de blanc.

- C’est un peu étrange ce mélange. De l’acidité, de l’amertume et du piquant sous une mousse toute douce.

Elle a un sourire léger. La colère vient de s’envoler. Aussi vite qu’elle est arrivée. Elle boit une seconde gorgée avant de se détendre un peu. C’est comme s’il ne s’était rien passé. Rien du tout. Pourtant, elle a laissé voir, le temps de quelques secondes, tout le feu qui brûle sous ses boucles blondes sagement tressées. Jamais elle n’a laissé ce brasier prendre le dessus. Heureusement…

- Je te remercie de m'avoir fait découvrir cela, Quintilius.
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMar 3 Nov - 20:58

La jeune femme sembla piquée au vif en entendant la remarque de Quintilius et elle répondit un peu sèchement en prenant des airs de grande dame.

Nous allons revoir ensemble une chose essentielle, Quintilius. Un morceau de ce poisson que tu découpes. Avec quelques légumes cuits. Si tu en as. Je suis une femme. Mais je ne suis pas TA femme. Est-ce clair ?
Honoria…
Un cabillaud !

Elle avait glissé la commande au milieu de ses remontrances, pensant peut-être que cela adoucirait les choses. Elle observa brièvement son frère devant un pénule au visage stoïque avant de poursuivre son plaidoyer, comme pour se convaincre plus qu'elle ne souhaitait convaincre son auditoire.

Je suis ici parce que toute ma vie les hommes m’ont parlé de cette façon. Je ne le tolère plus, je n’y parviens plus. C’est tout. Et, pour ta gouverne, la politesse veut, en effet, qu’on ne se montre pas trop gourmand quand on se présente quelque part sans le moindre sou.

En réponse, elle ne reçut dans un premier temps qu'une invitation à trinquer, mêler les mousses entre elles dans un signe de camaraderie, bien peu représentatif des valeurs patriciennes. Elle cogna son godet contre celui de Quintilius, la mine moins ravi que son compagnon.

A des jours meilleurs.

Le pénule lorgna la réaction des Sicinii. Le gamin but ça comme du petit lait. Un petit sourire naquit sur le visage de Lamius en entendant son commentaire mais préféra attendre le retour de la jeune femme.

C’est un peu étrange ce mélange. De l’acidité, de l’amertume et du piquant sous une mousse toute douce. Je te remercie de m'avoir fait découvrir cela, Quintilius.

Il garda ses yeux plantés dans le regard de la patricienne. Le sourire crispé qui déformait son visage tomba petit à petit alors qu'il s'avançait en posant ses coudes sur la table.

Gamin ? Va d'mander à Albertus que'ques fruits secs. Avec des noix, ça passe encore mieux !

Il n'en fallut pas plus pour que Manius sautasse de son tabouret pour se diriger vers le comptoir. Il le regarda s'éloigner de quelques pas avant de revenir faire face à Honoria.

Du coup ... Moi aussi, j'vais mettre deux trois trucs au clair.

Il s'approcha un peu plus, assez près pour qu'elle sente son haleine. Son regard avait perdu le peu de chaleur qu'il y avait jusque là. Elle avait voulu jouer les domina, mais elle n'était pas tombé sur un esclave docile.

Si qu'ça t'emmerde tant qu'ça qu'on t'dise quoi faire, arrête d'jouer les pimbêches qui fait à moitié la gueule par ... comment qu'on dit ? Politesse ? ... Si qu'ton but c'est d'pouvoir être libre, sois le et arrête de materner l'gamin comme une neuneu ou d't'excuser d'vouloir bouffer que'que chose ! Ch'uis pas ton père, ni ton mari, ni qui qu'ce soit, alors sors-toi la tige que t'as dans l'fion et profite un peu ! Tu fais la gueule depuis l'départ, un coup t'as mal là, un coup t'aime pas qu'on dise ci ... Arrête de t'plaindre et vis la ta vie, par Sanaan ! T'veux qu'ton frangin, y t'voit toujours comme un grand machin triste ? Y m'a raconté pour vos parents, comment qui s'occupent pas d'lui et tout ... j'savais qu'ton père était un sale con ... Tout l'monde l'sait en vrai. Mais si qu'tu veux qui t'voit pareil dans que'ques années, continue à jouer les patriciennes au visage larma ... loirma ... qui pleure ... Titus y m'a dit qu'fallait qu'tu t'sentes bien ... Même si fallait s'taper le père Quintus, eh bah j'essaye mais c'pas facile ... D't'à l'heure t'as rigolé et ton frère l'était heureux ...T'sais pourquoi ? Pa'ce que c'est la première fois en une demi-décade qu'tu passais pas pour un tuodiale mal branlée ... T'étais c'te bonne femme que tu dis vouloir être.

Il but une longue rasade de bière avant de tourner la tête en voyant Manius revenir avec un bol en bois rempli de noix, un sourire radieux sur le visage. Le pénule se pencha une dernière fois vers Honoria, avant que le gamin ne parvint à leur hauteur.

Si qu'tu veux pas qu'un homme t'dise quoi faire, conduis-toi comme une femme, pas une gamine. Merci p'tit gars !

Il piqua une noix du bout des doigts et la refila à Pupu sous la table, avant d'en prendre une pour lui. Il jeta un dernier regard vers la patricienne avant de jauger son frangin et lever la chope vers lui.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMer 4 Nov - 14:11


Manius ne se le fait pas dire deux fois. Le gamin se dirige vers Albertus, autant pour demander les fruits secs que pour l’observer préparer le repas, très intéressé par ce qu’il voit. Il pose des tas de questions, les mains nouées dans le dos, le cou tendu pour mieux voir, tandis que plus loin, l’atmosphère est loin d’être à la détente. Elle semble même devenir passablement électrique, un peu plus à chaque seconde.

Elle ne recule pas tandis qu’il approche. Elle tient même étonnamment bien sa position, tout en ne le quittant pas des yeux.

- Je comprends un mot sur deux mais à priori je crois avoir compris l’essentiel.

La patricienne prend une gorgée de bière et sourit. Un splendide sourire poli.

- Donc ta solution pour que je me sente mieux ce serait d’arrêter de materner mon frère, de cesser de faire la tête et de retirer une tige de mon fondement ?

Une toux la secoue un peu, sèche et dérangeante, durant quelques secondes.

- ça a l’air d’être facile, quand on t’écoute. Simple. Je te retourne la question en te mettant toi face au même problème. Si tu devais entrer à la Curie par exemple, ou dans une soirée mondaine pleine de ces requins en toge, si on te sortait de tout ce que tu as toujours connu et qu’on te jetait comme ça dans un monde dont tu ignores tout…Tu penses que tu t’en sortirais mieux que moi ?

Une nouvelle gorgée de bière, tandis qu’elle l’observe de biais.

- Tu m’amènes ici comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. As-tu seulement songé au fait que cela n’est jamais arrivé, de payer pour manger ? Ou tout simplement d’avoir le choix ? Il y a toujours eu quelqu’un pour me dire quoi faire, quoi dire, quoi porter. Tu me parles mal, en me disant de ne pas jouer à la mijaurée…J’ai presque l’impression d’entendre mon insupportable cadet. Toujours à sortir des phrases toutes faites et à enfoncer des portes ouvertes, celui-là…Et c’est lui que mon père aime le plus.

La patricienne a un frisson et sert la couverture sur ses épaules. Elle a un regard pour Manius là bas qui rit à gorge déployée.

- Les choses sont différentes pour lui. Personne n’a jamais rien attendu de la part de Manius. Pour toute ma famille, c’est un crétin toléré. Moi je l’aime. Parce qu’il est sincère dans ses affections et dans ce qu’il dit. Honnête dans ses actes. Aucun calcul n’encombre son esprit parce qu’il est tout simplement incapable d’être mauvais. Il agit selon son propre code de conduite. Pour moi, les choses sont différentes. J’ai été élevée pour devenir une bonne épouse, une bonne mère et c’est tout. Me taire. Ne pas faire honte à mon époux. Porter SES enfants, qui ne seront jamais vraiment les miens. Et ce n’est pas ce que je veux. Alors j’ai fait en sorte de braver tout cela, toutes les fois où j’ai pu le faire. Alors ne me dis jamais plus que j’agis comme une gamine. Parce que tu ne sais pas ce que c’est, d’être à ma place.

Elle arrête de parler alors que son frère revient, un bol de noix dans les mains. Manius les regarde tous les deux et demande, en se grattant la nuque :

- Vous vous êtes disputés ?

Honoria a un sourire tranquille.

- Non, nous avons échangé nos points de vue. Chacun à notre manière.
- Ah ben je préfère ça. J’aime pas quand tu te fâches.

La patricienne lève son verre en direction de Quintilius.

- A des jours meilleurs. C’est tout ce que je souhaite et que j’ai toujours souhaité.
Revenir en haut Aller en bas
Quintilius Lamius

Citoyen

Quintilius Lamius

Messages : 76
Date d'inscription : 07/06/2020

Personnage
Âge: 35
Métier: Pénule
Statut: Plébéien


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMer 4 Nov - 18:18

Elle ne trésaillit pas, ni n'esquissa le moindre geste de retrait lorsque le pénule s'approcha. Au contraire, elle maintint son regard et répondit aux affirmations du pénule avec un aplomb féroce.

Je comprends un mot sur deux mais à priori je crois avoir compris l’essentiel. Donc ta solution pour que je me sente mieux ce serait d’arrêter de materner mon frère, de cesser de faire la tête et de retirer une tige de mon fondement ? Ca a l’air d’être facile, quand on t’écoute. Simple. Je te retourne la question en te mettant toi face au même problème. Si tu devais entrer à la Curie par exemple, ou dans une soirée mondaine pleine de ces requins en toge, si on te sortait de tout ce que tu as toujours connu et qu’on te jetait comme ça dans un monde dont tu ignores tout…Tu penses que tu t’en sortirais mieux que moi ?

Il l'imita en prenant une gorgée de bière et la laissa continuer sa longue litanie. Il en aurait eu des choses à dire mais il préféra la laisser vider son sac. Il n'était pas le plus empathique des hommes, mais il sentait bien qu'elle en avait besoin.

Tu m’amènes ici comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. As-tu seulement songé au fait que cela n’est jamais arrivé, de payer pour manger ? Ou tout simplement d’avoir le choix ? Il y a toujours eu quelqu’un pour me dire quoi faire, quoi dire, quoi porter. Tu me parles mal, en me disant de ne pas jouer à la mijaurée…J’ai presque l’impression d’entendre mon insupportable cadet. Toujours à sortir des phrases toutes faites et à enfoncer des portes ouvertes, celui-là…Et c’est lui que mon père aime le plus.

Elle tourna son regard vers son jeune frère, invitant Quintilius à en faire de même, avant de poursuivre.

Les choses sont différentes pour lui. Personne n’a jamais rien attendu de la part de Manius. Pour toute ma famille, c’est un crétin toléré. Moi je l’aime. Parce qu’il est sincère dans ses affections et dans ce qu’il dit. Honnête dans ses actes. Aucun calcul n’encombre son esprit parce qu’il est tout simplement incapable d’être mauvais. Il agit selon son propre code de conduite. Pour moi, les choses sont différentes. J’ai été élevée pour devenir une bonne épouse, une bonne mère et c’est tout. Me taire. Ne pas faire honte à mon époux. Porter SES enfants, qui ne seront jamais vraiment les miens. Et ce n’est pas ce que je veux. Alors j’ai fait en sorte de braver tout cela, toutes les fois où j’ai pu le faire. Alors ne me dis jamais plus que j’agis comme une gamine. Parce que tu ne sais pas ce que c’est, d’être à ma place.

Pauvre petite fille riche, gâtée à l'extrême et dont le seul malheur était d'être moins aimé que son frère. Il haussa les épaules en secouant la tête, lui adressant un regard presque moqueur tant elle ne voyait le monde que par son petit prisme égoïste. Elle avait peut-être une vie prédestinée, mais une vie pleine de richesse, d'esclaves et de culture. Une vie ou elle n'aurait jamais besoin de se salir pour gagner quelques deniers afin de se nourrir, se loger ou se vêtir. Une vie où sa principale préoccupation serait de savoir quel fard s'accorderait à quelle toge et où une armée de larbins accoureraient au moindre pet de travers d'elle ou de sa marmaille. Une fois encore, elle se comportait omme une petite gamine capricieuse et elle ne semblait pas le voir. Autant pisser dans un cornicem que de lui faire comprendre qu'une vie de privilégiée, même décidé par son trou de balle de père, valait cent vies de plébéien dans cet empire et probablement mille vies d'esclave. Manius revint enfin, s'inquiétant de la teneur de leur discussion.

Vous vous êtes disputés ?
Non, nous avons échangé nos points de vue. Chacun à notre manière.
Ah ben je préfère ça. J’aime pas quand tu te fâches.

Echanger des points de vue chacun à leur manière. Une drôle de tournure de phrase pour décrire la collision verbale qui venait de se produire. Elle leva sa chope, feignant un sourire innocent et paisible.

A des jours meilleurs. C’est tout ce que je souhaite et que j’ai toujours souhaité.

Il trinqua sans un sourire, gardant une mine renfrognée en tordant sa lipe en une moue boudeuse. Il répondit dans un souffle.

À c'qu'on f'ra d'ces jours qui s'ront meilleurs qu'en y mettant du sien !

Il échangea un regard avec la patricienne, gardant la même froideur implacable dans ses pupilles. Il but une gorgée sans la quitter des yeux avant de se lécher le haut de la lèvre supérieure, couverte d'une moustache de mousse qui fit glousser le bambin. Il dit alors, sur un ton faussement léger.

T'sais ... Si qu'j'avais d'mandé à m'faire am'ner à la Curie pour échapper à ma vie d'bouseux ... J'essaierai tout avant d'me plaindre ... Voir l'himi ... L'émimyc ... L'truc où qui parlent les curiates ... La statue d'Tuodé ... L'bureau du Procurator et du Tribun ... Profiter d'la vie qu'j'ai pour p'us penser à ma vie d'avant ... 'fin bon, j'peux pas comprendre, hé ...

Il ponctua sa phrase d'un petit haussement d'épaules avant de se tourner vers Manius pour qu'il n'est pas la sensation que l'échange entre adulte était plus acide qu'il n'y paraissait.

Et toi, gamin ? Tu f'rais quoi si qu'tu pouvais visiter la Curie ?

Le fumet de poisson en train de frire dans l'huile et le bouquet de rondelles de panais, carottes et navets en train de se faire poêler, venaient chatouiller les narines du pénule qui du coin de l'oeil, aperçu Albertus qui était en train d'achever la confection des plats de ses invités. Il fila une nouvelle noix à Pupu qui avait posé sa tête sur la cuisse de son camarade pour réclamer quelques caresses derrière les oreilles.
Revenir en haut Aller en bas
https://oncmeliaminor.forumotion.com/t187-quintilius-lamius#800
Honoria Sicinia

Citoyen

Honoria Sicinia

Messages : 108
Date d'inscription : 14/04/2020

Personnage
Âge: 19 ans
Métier: Patricienne
Statut: Citoyenne


Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitimeMer 4 Nov - 20:20


Rien que le fait de pouvoir s’exprimer de la sorte est une nouveauté. Dire les choses. Mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Tout cela est énormissime pour Honoria. Et Quintilius a le bon sens de ne pas se moquer, de ne pas tenter de lui enlever cela. Peut-être est-ce une réelle délicatesse de sa part. Peut-être ne s’agit-il là que d’une simple envie d’en finir au plus vite. Elle ne le saura jamais vraiment mais elle apprécie. En tout cas, ça change des regards désapprobateurs de son père et des moqueries de son cadet.

Elle dépose sa chopine sur la table et l’écoute à son tour, hochant la tête à ses propos, ne se permettant pas de l’interrompre.

- Titus pourrait te faire entrer dans ce genre d’endroits, lui. Son père et le mien ne s’entendent guère, certes, mais je dois reconnaître que Titus est un homme de parole. Sinon je ne serais pas ici. Et du peu que j’ai vu…il ne semble pas craindre les difficultés, pas plus que les obstacles.

La patricienne a un sourire en songeant à leur rencontre lors de cette représentation théâtrale qui a tourné au désastre.

- Mais peut-être est-ce un peu prétentieux de ma part de songer à lui demander une faveur pour toi. Tu as certainement vu plus de choses à Edelmia que je n’en ai vu moi-même, grâce à lui.

Honoria dissimule une toux derrière sa main et reprend une gorgée de bière. Elle apprivoise l’amertume petit à petit et tourne enfin son regard vers son frère qui se goinfre de fruits secs. Au moins, ça change des fleurs d’hibiscus. Il cesse pourtant de mâcher en réfléchissant à la question posée par Quintilius, avant de répondre, la bouche pleine.

- Je sais pas trop, Père parle parfois de ce qu’il se dit là-bas. Ça ne donne pas tellement envie. Ils font rien que se disputer.

Il avale et continue, enthousiaste.

- Mais si je pouvais m’y rendre, je demanderais une belle toge, je me ferais beau et je prendrais place là quelques minutes, juste pour voir ce que ça fait. Puis j’irais sans doute manger des gâteaux au miel avant de tout raconter à Honoria qui pourra jamais y aller.
- …

La jolie patricienne regarde ailleurs.

- J’y serais infiniment plus compétente que cet imbécile de Primo Minor, c’est une certitude…
- Je sais, mais c’est pas toi qui iras. C’est lui. Alors arrête de penser à ça. Hein Quintilius, t’es d’accord avec moi ? Une femme à la Curie, ce serait trop bizarre

Honoria finit son verre d’un coup et le dépose sèchement, vide, sur la table.

- J’ai faim maintenant…et je veux bien une seconde bière, s’il te plaît.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé






Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le père et la mer (PV Honoria)   Le père et la mer (PV Honoria) - Page 2 I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Le père et la mer (PV Honoria)
Revenir en haut 
Page 2 sur 3Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Oncmelia Minor (fermé) :: Province impériale d'Oncmelia Minor :: Valtaia :: Actaéa-
Sauter vers: