Pour la famille (pv Marius)

11ème jour de Tertio Seminare

Suite aux tractations entre Marius et Caecilia, une semaine défila sans nouvelle du Pater de la famille Tullius. Et pour cause, la sagesse était une vertu dans ce genre d'affaire aux répercussions réelles et sérieuses. Rufius Tullius Usurius avait donc longuement réfléchi à la proposition que lui avait soumis son fils et héritier. Il était veuf et l'opportuniste Lubania l'était également, même si deux générations les séparaient une alliance d'influence n'était pas pour déplaire à ce quinquagénaire plutôt bien conservé par le temps.

Optant pour la discrétion, le puissant usurier préféra n'envoyer aucune tablette en guise de réponse à la jeune femme, préférant adresser une invitation orale par l'un de ces plus fidèle esclave. Le rendez-vous était donc donné au huitième jour du Tertio Seminare et ce non pas en ville au coeur d'Edelmia mais sur le domaine jouxtant la cité, comme en possédait bon nombre d'influent curiate.

La Villa Urbana était un imposant complexe de terres et de bâtiments.  La maison principale était construite dans un style classique. L'avant étant subdivisé en tours d'affilage plus ou moins hautes et en portique. On y accédait par un portique conduisant à une cour intérieure où le maitre des mieux pouvaient disposer de bain chauffés.


La villa urbana Tullius est un lieu de séjour d'agrément à la campagne doté d'un aménagement de qualité et même de luxe, comme en témoignent le mobilier de prix, mosaïques, marbres, piscine, gloriette et pièces dédiées à un point de vue esthétique sur le paysage, jardins et bassins, autant de manière d'aménager à la campagne un lieu qui combine le confort de la vie urbaine et le charme d'une nature domestiquée, idéal de la civilisation antique. Rufius prenait ainsi du recul sur ces affaires sans réellement les abandonner et c'est pour cela qu'il résidait la majeur partie du temps dans ce lieu où il pouvait se plonger sans désagrément dans la méditation et la réflexion. La demeure se trouvait à quelques minutes seulement à cheval d'Edelmia et d'ailleurs le point de vue sur la capitale Oncmélienne était fort agréable.


Dès lors que la patricienne et son frère Caïus accéda à la requête du Pater de Marius, on escorta la calèche, aux plus belles heures de la journée, jusqu'à cette villa qui jouissait d'un étage ainsi qu'une large terrasse de toit verdoyante. Le véhicule pouvait franchir un plus imposant jardin que celui du domus où résidait le fils de son hôte avant de se retrouver dans une cours intérieure pour ensuite être invitée à quitter l'habitacle et patienter dans le patio. Caecilia et son frère pouvaient ainsi s'imprégner des lieux qui seraient, peut être pour la veuve,sa nouvelle résidence principale si l'accord aboutissait. D'ailleurs, la domesticité insista bien sur le fait que les invités pouvaiznt librement visiter les lieux et qu'au besoin, à l'étage, à hauteur de patio se trouvait une large banquette où les deux Lubania pouvait s'y étendre au besoin et à l'ombre du soleil qui en ce jour semblait présent plus que d'ordinaire.

Finalement, leur attente fut de très courte durée lorsqu'apparut la silhouette d'un homme à l'allure qui n'avait rien d'un vieillard même si la crinière argentée trahissait l'âge de l'Usurier. Rufius semblait prendre soin de sa personne, un trait de famille avec son fils et il s'avança à la rencontre de ces invités sans arrogance ni supériorité de quelques manière que ce soit.


Drapé lui aussi d'une toge de patricien, le Pater glissa un attentif regard sur les deux individus. Il fallait bien avouer que la jeune femme avait mit toutes les chances de son cotée dans une toilette remarquable, ce qui donnait déjà le ton sur les intentions bien tenaces d'une alliance qui sacrifierait la jeune veuve sur l'autel de l'influence politique.


- Avé Caïus, Avé Caecilia ! Soyez les bienvenus en mon humble demeure.

La villa était tout sauf humble mais l'homme à la voix légèrement rocailleuse se plaisait à trouver ces richesses presque comme une banalité. Dans l'exercice d'un accueille qui se voulait chaleureux et avenant, il invita le duo à s'asseoir. Sans pour le moment que son attention ne s'appuie sur la beauté obsidienne qui accompagnait le curiate, Rufius s'installa dans le coin opposé de la large banquette et fixa Caïus longuement et pensivement. Le quinquagénaire à l'allure argentée diffusait une certaine forme de sagesse que ne possédait pas encore son fils et ces émotions étaient de fait plus complexe à cerner.

- Mon fils Marius m'a fait part de votre proposition, Caïus et je dois bien t'avouer que j'ai longuement hésiter.

Il le fixa d'un regard scrutateur, comme pour chercher à lire dans les yeux de Caïus la moindre faiblesse.

- Tes intentions d'obtenir la magistrature de l'édile sont louables et le soutien de la famille Tullius n'est évidemment pas sans sacrifice. Je crois que mon fils à eu une conversation plutôt intéressante avec ta sœur et le compromis évoquée semble loin d'être inintéressant. Mon fils comme ta sœur sont audacieux, tout deux à leur façon, ne partage-tu pas mon avis Caïus ?

Si Caïus semblait partir vite en besogne, ce n'était pas le cas de sa sœur. En patricien averti, Rufius se contenta d'écouter sans mot dire les réactions du jeune homme désireux de voir sa carrière prendre un nouvel essor. Un jeune coq parmi tant d'autre de prime abord qui cherchait l'opportunité d'une alliance avec une famille riche et bien établi dans la cité d'Edelmia. "régner sur l'Oncmelia Minor" voilà une affirmation bien présomptueuse qui aurait pu faire froncer les sourcils gris velu du sage usurier qui jusque là ne portait pas le moindre intérêt à la femme se trouvant tout à coté de son interlocuteur principal. Mais peut être par anticipation, par crainte que cet engouement et cet altruisme juvénile ne soit mal perçu par le doyen de la famille Tullius, voilà que Caecilia s'offrit le culot d'arrondir certains angles.

Si d'ordinaire, le pater aurait, avec bienséance, réclamer à la jeune veuve de se taire, il n'en fut rien. Rufius reporta alors lentement son attention sur le petit bout de femme qui venait de s'exprimer avec une forme de retenue toute louable. Si elle n'avait pas prit la main dans ces tractations, nul doute que l'hote aurait prit le parti de mettre en difficulté Caïus dont l'enthousiasme révélait une forme d'imprudence par des affirmations quelques peu hâtives. Joignant index et pouce sous son menton comme pour méditer sur les sages paroles de cette voix cristalline, Rufius prit l'initiative de ne porter son intérêt que sur cette intrigante jeune femme.

Son regard s'attarda enfin sur sa robe azur criblée de perles, corsetée de dentelle resserrant ainsi sa taille fine et mettant en valeur sa poitrine. Il l'observa suffisamment longtemps pour laisser place à un silence qui pouvait être source d'angoisse pour Caïus, mais qu'à cela ne tienne, Rufius était en position d'imposer son propre tempo dans ces tractations.

- Voilà de sages paroles.

Sans se départir de ce regard rivé sur la jeune femme, il rajouta à l'attention de Caïus.

- Ta sœur parle bien, comme a pu m'en avertir mon fils. Lève toi Caecilia et approche, que je puisse t'observer d'un peu plus prêt.

Non sans rester installer sur sa propre assise, il attendit que la patricienne s'exécute non sans rajouter.

- Il est en effet tout sauf aisé qu'une telle entreprise ne se réalise sans que certaines menaces ne viennent planner sur un tel projet. D'autant que mon fils va se lier lui aussi à une famille influente de la Curie. Nos détracteurs seront légions. Et comme tu le dis avec justesse, les intérêts communs primes sur le reste. Crois-tu avoir les épaules pour t'engager dans des intrigues que la raison répudie ?

Rufius s'interdit toute autre parole, préférant dans un premier temps, constater des réactions de Caecilia. Une période d'observation allait débuter et la moindre parole, comme la moindre attitude allait être décortiqué méticuleusement par l'esprit aguerrit de l'Usurier qui n'avait pas bâti son empire sur des opportunités sans en avoir les valeurs. Le centre d'intérêt venait de se reporter sur Caecilia contre toute attente et il ne fallait pas que la jeune femme laisse passer cette opportunité. De quoi était-elle capable, voilà ce que cherchait à savoir le vieux sage

Avec une modestie toute dissimulée sous le sourire malicieux qu'elle arborait en se présentant docilement face au riche usurier, Caecilia se comportait avec une infinie justesse, contrairement à son frère. Cette attitude tendait à rassurer Rufius qui ne la quitta pas une seconde du regard mais sans pour autant émettre la moindre émotion. Opinant simplement du chef, le vieil homme l'écoutait religieusement et il appréciait certainement la représentation qu'elle s'offrait face à lui et son propre frère qui pourtant représentait bien là le cœur même de l'affaire qui réunissait les Tullius et Lubanius.

Entrevoyant sans conteste son audace et les possibles agréments d'une vie commune, Rufius n'était pas au bout de ces délicieuses peines lorsque la fougueuse jeune veuve s'offrit le luxe de remettre en cause l'alliance qu'avait tisser les Tullius à la famille du prêteur en place. La mâchoire de Rufius se crispa soudainement, non pas sous le coup de la colère ou du mécontentement, non, il décelait simplement chez cette créature un potentiel certain et d'ailleurs, elle su anticiper les évènements en regagnant séance tenante son assise pour s'y pavaner avec une certaine forme d'assurance et d'aisance, comme si, elle avait déjà prit possession des lieux comme femme.

Paradoxalement, elle écartait ainsi volontairement son frère Caïus des échanges, le résignant à un rôle presque "décoratif" car en effet, toute l'attention de l'usurier restait fixé sur la silhouette de Caecilia. Un silence pensant s'installa, l'hôte soutenant le regard agréablement effronté de la jeune femme.

- Tu es insolente Caecilia, mais j'admire ton audace. Crois-tu qu'une famille comme la mienne n'envisage pas des solutions de repli ? Pour l'heure, sache que mon fils et moi avons fait le choix du parti le plus avantageux qu'il soit. Quiconque tombe entraine certaines choses collatérales, mais, il faut simplement savoir se prémunir de cela. Les Tullius comptent des atouts qui leurs permettrons de faire face à une telle situation, mais, je ne crois pas ce scénario probant. J'ose espérer que tu ne remet pas en doute mon discernement ?

Sans sourire, il inclina légèrement la tête de coté et toisa Caecilia sous un autre angle avant de reprendre.

- Tu dis ton amitié acquise ? N'aurais-tu pas dû dire que l'amitié de ta famille m'est acquise ? Mais... si je peux excuser ta maladresse, sache que ton esprit m'intéresse. Tu semble vive d'esprit. Feu ton mari devait t'apprécier pour cela j'imagine.

Lissant sa barbe argenté, il resta un instant à la fois pensif, perplexe et également attiré par l'aura que se dégageait de la jeune femme, physiquement comme psychologiquement.

- De belles paroles, comme j'ai pu en entendre souvent durant ma longue vie. Je ne suis pas ici, dans ce luxe, par le plus grand des hasard. Il va te falloir me prouver ton amitié. Ton veuvage ta offert quelques fortunes et te voilà aujourd'hui sans sous, tout du moins de insuffisant pour les œuvres de ton frère, un constat peu rassurant. J'ose imaginer qu'une femme comme toi à d'autres atouts que tu me révèlera volontiers en gage d'amitié et d'intérêt pour l'affaire que tu porte aujourd'hui devant moi ?

Rufius soupçonnait que la jeune femme pouvait être une intrigante intéressante qui devait peut être posséder son propre réseau d'influence à Edelmia ? Alors, il tentait une approche, comme une autre, pas les même que son fils qui lui aurait ainsi proposer de coucher avec lui afin de sceller l'alliance, non, son père jouait avec un peu plus de méthode et de prudence.