Contexte actuel

Il est de nombreuses langues pour dire que l'Empire a aujourd'hui atteint ses limites. Ses frontières, sans cesse repoussées au gré des conquêtes, ont fini par faire de Ruvia la cité la plus puissante du monde connu. De toute évidence aussi, cette puissance est également la plus convoitée et l'empereur Numerius Julius Paetus est en bonne position pour le savoir. Depuis maintes années déjà son pouvoir et sa légitimité sont discutées dans l'ombre. Lorsque certains lui reprochent son incapacité notoire à prendre des directives claires et précises concernant les provinces de son vaste Empire, d'autres contestent encore silencieusement sa véritable filiation aux derniers dirigeants ruviens. Ces derniers n'ont pourtant guère fait mieux et ont conduit l'Empire depuis plusieurs décennies maintenant sur une insidieuse pente déclinante.

Le temps des conquêtes est révolu et les frontières défendues par le Limes sont désormais assaillies quotidiennement. Ne pouvant se retrouver partout à la fois, les quelques légions encore existantes peinent véritablement à contenir leurs assaillants et menacent même d'arrêter de se battre si l'empereur ne verse pas leur solde. Car l'argent vient aussi à manquer ! Comment l'expliquer ? Jamais l'Empire Ruvien n'a censé être aussi grand et prospère ! La raison est aussi simple que sa solution paraît incurable. La monnaie produite ne circule plus à cause des populations barbares. Pendant des années, ces derniers ont commercé avec les ruviens, échangeant produits contre espèces sonnantes et trébuchantes qu'ils firent fondre pour être troquées par la suite. Ne pouvant interdire le commerce avec les populations extérieures, l'Empire se retrouva progressivement à devoir renflouer les caisses qui perdirent irrémédiablement de leur valeur. l'effet, aussi dévastateur qu'il put l'être, entraîna des crises répétées provoquant la faillite de nombreuses familles; qu'elles soient modestes ou aisées.

Le pouvoir impérial perd lui aussi de la valeur. Face à l'incapacité d'offrir des solutions, les derniers empereurs périrent tous de  manières bien mystérieuses. La Plèbe gronde et les membres du Sénat en ont pour plupart tous profité afin d'affaiblir les pouvoirs de leurs dirigeants successifs, quitte à précipiter la fin de leur existence. Il semble d'ailleurs qu'en cette année 399 l'histoire se répète à nouveau. L'empereur Numerius Julius Paetus, qui malgré son physique disgracieux et ses crises de convulsion répétées, a réussi jusque-là à tenir tête au Sénat en s'entourant d'hommes de confiance comme le jeune Caïus Protero Feles. Conscients de la menace représentée par cet homme pouvant assurément être choisi comme le successeur adoptif de l'impotent Paetus, le Sénat choisit plutôt de le nommer Procurator de l'Oncmelia Minor afin de l'éloigner de Ruvia. Ne pouvant aller à l'encontre de la décision sénatoriale, le prometteur Caïus quitte la cité pour gagner la tempétueuse Oncmelia.  

Ce qui devait arriver arriva lorsqu'au petit matin est découvert le corps sans vie de l'empereur. Les prétoriens de garde cette nuit-là sont tous tués le jour même en guise de châtiment pour n'avoir su défendre leur suzerain (ou pour les faire taire). S'ensuit ensuite une véritable ruée des sénateurs plus divisés que jamais. La question de la succession est assurément l'élément déclencheur d'une guerre couvant depuis longtemps entre eux et qui vient peu à peu s'immiscer dans leurs Provinces respectives. Certaines sont même à présent sur le point de lever les armes et de partir en guerre les unes contre les autres.

Bien loin de toute cette agitation qui ne évidemment pas à traverser les Montis Ermeticae tôt ou tard, les Oncmeliens ont vu depuis quelques mois les nouvelles mettre plus de temps à leur parvenir ; tout comme les marchands chaque jour moins nombreux venant vendre leurs denrées sur la grande place du Forum. Isolés du reste du monde, l'inquiétude commence à guetter la plupart des patriciens. Et ce n'est pas l'arrivée imminente du plus fidèle ami de l'empereur qui saura réellement les rassurer.

Car tous l'ignorent encore mais quelque chose de grave s'est passée à Ruvia.

Ce n'est assurément plus qu'une question de temps avant qu'ils ne comprennent enfin qu'ils n'auront jamais été aussi isolés qu'à partir de maintenant.

Citation :

Bien loin de toute cette agitation qui ne évidemment pas à traverser les Montis Ermeticae tôt ou tard, les Oncmeliens