Là où la foule acclame les champions (PV Marius) [Terminé]

8e jour de Secundo Seminare 399

Une fois n'était pas coutume, le ciel maussade qui coiffait Edelmia avait cédé la place à quelques rayons timides d'un soleil blafard qui réchauffait à peine les rues. Au détour de ses occupations journalières, le Procurator avait fait un petit détour en sortant de la Curie pour aller se balader dans les artères de la capitale provinciale. Après avoir prié quelques instants dans le grand temple d'Ukko et flâné sur le forum pour écouter quelques joutes oratoires, Caïus, entouré de ses licteurs, s'était arrêté face à l'opulente silhouette du Colosseus. L'arène était une copie du Colisée de Ruvia, imitant l'architecture et sa rondeur. Bien que plus petit et moins haut que son frère de la capitale impériale, on ne pouvait qu'admettre se trouver en face d'une merveille architecturale ruvienne. Nombre de statues de héros anonymes, qui avaient versés leur sang sur le sable ocre, fixaient de leurs yeux de marbre les passants qui ne levaient plus la tête pour les admirer. Les hautes arches arrondies marquaient les entrées vers les tribunes et des fanions multicolores claquaient sous les bourrasques qui s'engouffraient dans ces dernières.

Seulement, à y regarder de plus près, quelques lézardes se faisaient voir sur les colonnes et une crasse noirâtre s'accrochait dans les angles du monument. Aussi grandiose fut-il, le Colosseus semblait ne pas avoir accueilli de public depuis des mois, voir même des années. L'entretien d'un pareil édifice devait coûter cher à la province et s'il servait à accueillir des réjouissances une fois par an pour les Alkales ou pour fêter le début de la nouvelle année, il paraissait difficile de garder l'immense bâtisse dans un état resplendissant. Plus il découvrait Edelmia et la province, plus il se demandait ce que faisait son prédécesseur et les membres de la Curie. Les luttes intestines entre les deux grandes lignes de pensées pouvaient parfois mener à des impasses où à défaut de concessions, on se contentait d'un statu quo insipide. Pourtant, tout le monde aimait les jeux du Cirque, qu'on soit Optimates ou Populares, plébéien ou patricien, homme ou femme. Chacun aimait criait le nom d'un gladiateur qui avait défait son ennemi dans un combat sans merci, montrant la beauté d'un combat où l'expertise de ces colosses huilés était à l'honneur. Et puis c'était une arme politique immense, et bien des complots et des accords avantageux s'étaient noués dans les travées du Colisée de Ruvia, nul doute qu'il pourrait en être de même dans celui d'Edelmia.

Il fut tiré de ses réflexions en voyant une silhouette passer non loin de lui. Même si les noms de chaque curiate lui échappait encore, il s'était fait un devoir de retenir au moins ceux des magistrats en cours d'activité ainsi que celui de leur prédécesseur. Ce grand gaillard à la barbe fournie et au cheveu ras, entouré de quelqes licteurs et portant encore la toge prétexte, il l'avait déjà croisé plusieurs fois. Un homme relativement discret dans les tribunes curiates, n'affichant pas ouvertement son appartenance aux optimates mais semblant chercher à s'attirer leurs bonnes grâces et notamment celles du Préteur Scorpa. D'un geste du menton, il indiqua à ses licteurs le groupe d'hommes qu'il voulait rejoindre et s'approchant d'un pas altier, il héla le jeune magistrat.

Ave, Questeur Tullius ! Comment te portes-tu ?

Un franc sourire ourlait les lèvres du Feles qui tentait de paraître le plus aimable possible. Une façade qu'il parvenait à garder à chaque fois qu'il échangeait avec ses pairs et les citoyens de plus basse extraction. Comme aimait à le répéter Laelia régulièrement, ils n'étaient après tout que des bouseux, tentant d'imiter la prestance des vrais ruviens, mais ils étaient SES bouseux. Ceux que le Sénat -maudit soit-il- lui avait confié. Même si tout ceci n'avait été que manoeuvre plitque de bas étage pour mettre fin au règne du sage Imperator Paetius, le Procurator s'était juré de faire de cette province méprisée, l'écrin d'une nouvelle gloire au fin fond de l'Empire. La tâche serait ardue, certes, mais pas impossible. Il y avait le potentiel pour réaliser tout ceci, ne restait plus qu'à réaliser ce potentiel. Il tendit la main vers le Colosseus, parlant toujours avec amabilité et sympathie.

Quel bel ouvrage que ce Colosseus, n'est-ce pas ?

Qui aurait pu croire qu'après la séance à la Curie en ce 8ème jour de Secundo Seminare, que le questeur tomberait nez à nez avec le procurator nouvellement nommé depuis à peine quelques semaines ? Non rien n'en présageait puisque les deux invididus avaient quitté, entouré de leur licteurs respectif, le haut lieu politique d'Edelmia dans des directions opposés. Si le Feles s'était offert le luxe d'une balade à travers le forum, pour Marius Tullius, avant de retrouver son domus, il avait fait un détour au ludus qu'il finançait ou plutôt, entretenait gracieusement. Le temps de s'entretenir avec le laniste, propriétaire et entraîneur des gladiateurs, il s'était également permit de s'enquérir de la santé des cane corso qu'il avait généreusement offert, avant de regagner l'artère principale. Comme la caserne de gladiateurs se situait à proximité du Colisée, le questeur devait donc longer l'ouvrage afin de pouvoir emprunter alors une rue qui lui permettrait de regagner sans encombre ses pénates.

Mais voilà, tandis que le magistrat pensait pouvoir bientôt troquer sa toge prétexte pour quelque chose de plus conventionnel, voilà qu'au loin, un groupe d'individu fondait en sa direction. Il aurait tôt fait de les ignorer et passer son chemin tranquillement en laissant ses licteurs lui ouvrir la voie si l'individu à l'initiative de cette opposition n'était autre que Caïus Protero Feles. L'homme qui lui faisait bientôt face était de sa génération, ni trop vieux ni trop jeune, la bonne trentaine passé pour avoir une certaine expérience de la vie. Il était également d'une bonne stature, à dire vrai les deux hommes pouvaient se targuait d'une constitution physique enviable à certains de leurs congénères.

Mais voilà, Marius n'aimait guère être prit de cours et comme lui rappelait souvent son père, il était plus prudent de préparer en amont les confrontations avec les plus imminents représentant de l'Empire, ce qu'il avait fait successivement avec l'édile puis le prêteur. Mais voilà que le procurator le prenait de court... un homme qui ne remportait pas encore l'adhésion de ses pères de surcroit. Masquant son inquiétude par un sourire de façade, il s'évertua alors à se montrer digne de son rang.

- Avé Procurator Protero ! J'imagine aussi bien que ces rayons de soleil qui illumine un peu notre quotidien jusque là grisâtre. Je te retourne la question, même si j'ose à penser tu puisse rejoindre mon avis.

Echange d'amabilité de circonstances en toute légèreté. C'était fait, mais Marius ne s'y trompait pas, l'étranger à la tête de la plus haute magistrature provinciale ne s'était pas porter à sa rencontre pour parler de la plus et du beau temps ni même de sa santé. C'est donc un questeur prudent qui s'affichait devant le procurator, comme il s'était efforcer d'ailleurs de l'être depuis la nomination de ce dernier. Finalement, il eut rapidement à se rendre compte que l'objet de l'échange allait certainement tourner autour de l'imposante oeuvre qui se trouvait derrière eux. C'était aussi vrai pour Marius que pour les autres administrés,  il ne levait plus la tête pour admirer les statues de ces héros anonymes, qui entourait l'édifice. Il se retourna légèrement pour prendre le temps d'admirer le Colosseus et quelques regrets intérieurs refirent surfaces sans qu'il n'en émette la moindre expression physique ou verbale, préférant se cantonner à l'étiquette exigé face à un tel personnage.

- Un très bel ouvrage en effet, mais le Colisé de Ruvia n'a sans doute pas son pareil avec celui d'Edelmia, toi qui peux te targuer de les avoirs tous les deux observés, j'imagine ?

Le visage du questeur trahissait pourtant un regard passionné pour l'ouvrage, ce lieu aurait mérité plus d'attention et de ferveur, seulement il n'était que le trésorier d'Edelmia et non celui en charge de rendre son quotidien plus festif. En tout cas, par la force des choses, Feles pouvait sentir Tullius sur la retenue et de toute évident, si le procurator s'était un tant soit peu renseigner sur le questeur, il aurait su prendre connaissance de son ancien engagement dans la légion et également ce lien qu'il entretenait avec l'un des ludus jouxtant ce haut lieu "sportif" et de spectacle qui pourtant peinait à s'inscrire dans cette province.

L'amabilité était de mise entre les deux patriciens tandis que Marius rendait son salut au Feles.

Ave Procurator Protero ! J'imagine aussi bien que ces rayons de soleil qui illumine un peu notre quotidien jusque là grisâtre. Je te retourne la question, même si j'ose à penser tu puisse rejoindre mon avis.

Un sourire et un hochement de tête plus tard, Caïus attirait l'attention du Questeur vers le Colosseus. Une lueur passionné se mit à luire dans les prunelles de Barbatus qui avait tourné son regard vers la silhouette fantastique du bâtiment.

Un très bel ouvrage en effet, mais le Colisée de Ruvia n'a sans doute pas son pareil avec celui d'Edelmia, toi qui peux te targuer de les avoir tous les deux observés, j'imagine ?

Caïus secoua de nouveau le chef en entendant les mots de son interlocuteur. Il répondit en gardant les yeux rivés sur une des statues qui gardait ce temple festif depuis son alcôve.

Il est plus petit que celui de Ruvia, en effet. Rien de bien étonnant à ce que la capitale de l'Empire soit doté des plus grands chefs d'oeuvre architecturaux. Mais il n'a pas à rougir de la comparaison pour autant, ceux qui ont érigés ce monument ont fait un bon travail.

Il décrocha son regard d'un mirmillon triomphant, tenant le long de sa cuisse le casque qui définissait sa classe d'armes, pour croiser celui du Questeur. Il reprit tandis que son sourire s'estompait pour offrir le visage sévère qui était bien souvent celui de Protero.

Parlant de bel ouvrage, j'ai pu échanger brièvement avec l'Edile Tuccius il y a quelques jours. As-tu eu vent de son projet de faire construire un aqueduc entre les Montis Ermeticae et Edelmia ? Un tel projet demanderait de grandes dépenses, non ?

D'un bel ouvrage à l'autre, il n'y avait qu'un pas que le Procurator franchissait sans hésitation. Qui de mieux que celui qui tenait les cordons de la bourse de la cité pour avoir une idée du coût que pouvait représenter un tel chantier ? Caïus avait déjà une idée de où il voulait amener le curiate mais il lui fallait prendre son temps pour que la conversation semble dériver naturellement sur le sujet qu'il souhaitait réellement aborder. Commencer par un échange économique qui concernait la cité n'était que la première étape.

Rien de bien étonnant en effet que le siège de l'empire soit doté du plus, grand, du plus faste Colosseus qu'il soit. Après tout, la capitale ruvienne devait être en tout point le symbole de la puissance de ses bâtisseurs. Mais, le procurator semblait pourtant admettre que sa petite soeur n'avait pas à rougir de sa beauté architecturale. Mais voilà, le colisé ne semblait être qu'un prétexte afin d'aborder un tout autre sujet et le changement de faciès du haut magistrat Protero venait confirmer que sous couvert d'échanges d'amabilité, une affaire bien plus importante allait être au cœur des discussions.

Le couperet tomba bien vite, Caïus informant le questeur qu'il avait eut vent d'un vaste et onéreux projet d'Aqueduc. Sans la moindre hésitation, le procurator venait donc d'interpeller le magistrat en charge du trésor afin d'obtenir son opinion à ce sujet. Quoi de plus normal après tout ? Sa fonction, la plus importante de la province d'Oncmelia, l'obligeait à chapoter toute initiative aussi dépensière soit-elle et évidemment qui mieux que le questeur pouvait donner son avis sur ce poste de dépense prévisionnel.

- Je te l'accorde volontiers, l'édile est venue me trouver à ce sujet afin de m'exposer son projet. Cet ouvrage est somme tout prometteur, il a su se montrer convainquant sur les bienfait d'un tel ouvrage.

Sa mine se durcit alors, comme pour prouver qu'il était bel et bien préoccupé par l'aspect financier non négligeable qui en découlait.

- Je ne te l'apprend peut-être pas, mais mon père est un usurier de renom à Edelmia et j'ai beaucoup apprit à ces côtés après avoir servit dans la légion. Je n'ai évidemment pas accorder le moindre crédit à ce dépensieux projet sans avoir quelques garanties. J'ai donné à l'édile du temps pour boucler certains paramètres. Loin de moi le désir de ruiner notre cité malgré l'intérêt certain qu'apporterait cet Aqueduc pour notre province. Ainsi, je lui ai fais savoir qu'il allait devoir rogner sur certains autres postes de dépenses afin de pouvoir équilibrer nos comptes, sans quoi je ne mettrais pas à disposition les fonds nécessaires. Il en va de ma responsabilité. J'ose espérer qu'il saura se montrer aussi convainquant dans les actes que dans les paroles.

Tullius exprimait donc à la fois de l'intérêt pour ce bijou architecturale que de l'inquiétude. Gardien du trésor il se savait en première ligne si d'aventure les vœux de l'édile ne tenaient pas toutes leurs promesses. Au delà des bienfaits que procurerait l'Aqueduc, il fallait préserver la bonne santé financière d'Edelmia sans quoi le peuple pourrait gronder et réclamer la tête du questeur.

- Tu l'auras donc comprit,  il ne s'agit pour l'heure que d'un projet parmis d'autre et je n'engagerais aucune dépense tactique il n'aura pas exposer le mode de financement en détails. Gage à lui de me convaincre qu'il ne s'agirapas làd'un gouffre financier.

- Je te l'accorde volontiers, l'édile est venue me trouver à ce sujet afin de m'exposer son projet. Cet ouvrage est somme toute prometteur, il a su se montrer convainquant sur les bienfaits d'un tel ouvrage.

Un sourcil s'arqua sur le visage du Procurator. L'édile avait donc été bien plus bavard et explicatif avec le Questeur qu'avec lui. Barbatus poursuivait.

Je ne te l'apprend peut-être pas, mais mon père est un usurier de renom à Edelmia et j'ai beaucoup appris à ses côtés après avoir servi dans la légion. Je n'ai évidemment pas accordé le moindre crédit à ce dépensieux projet sans avoir quelques garanties. J'ai donné à l'édile du temps pour boucler certains paramètres. Loin de moi le désir de ruiner notre cité malgré l'intérêt certain qu'apporterait cet Aqueduc pour notre province. Ainsi, je lui ai fais savoir qu'il allait devoir rogner sur certains autres postes de dépenses afin de pouvoir équilibrer nos comptes, sans quoi je ne mettrais pas à disposition les fonds nécessaires. Il en va de ma responsabilité. J'ose espérer qu'il saura se montrer aussi convainquant dans les actes que dans les paroles. Tu l'auras donc compris,  il ne s'agit pour l'heure que d'un projet parmi d'autre et je n'engagerais aucune dépense tactique Il n'aura pas exposé le mode de financement en détail. Gage à lui de me convaincre qu'il ne s'agirapas là d'un gouffre financier.

Caïus scrutait le visage de Marius avec un air interdit. Le bonhomme avait l'art de ne pas donner son avis. Impossible de savoir ce qu'il pensait du projet en réalité. Il admettait les bienfaits d'un tel chantier pour en déplorer le prix dans la même phrase. On le disait prudent, mais aux yeux du Feles, il était surtout un suiveur se rangeant à l'avis majoritaire sans froisser quiconque en prenant un parti ferme. Probablement que le bonhomme se voyait comme un opportuniste mais pour le Procurator c'était surtout un mouton qui choisirait le pré avec l'herbe la plus grasse une fois que les loups étaient rassasiés de ses camarades plus impétueux. Qui plus est, l'homme aimait se faire mousser en parlant de "sa responsabilité", "d'engager des dépenses tactiques" alors qu'il suffisait d'un simple mot de lui pour que Barbatus ouvrit les cordons de la bourse. Le Procurator ne put retenir un regard teinté de condescendance face au Questeur lorsqu'il s'imagina le pauvre hère se noyer face au banc de requins qui rôdaient dans les couloirs du Sénat. Ces mêmes requins qui avaient pris la vie de Paetius quelques semaines plus tôt. Il surenchérit, s'amusant du manque de parti pris de son interlocuteur.

Certes ... Mais toi, qu'est-ce que tu en penses ? J'ai personnellement du mal à comprendre l'intérêt d'un aqueduc alors que la Neropola s'écoule en plein milieu de la cité. L'édile Firmius a juste évoqué le sujet sans entrer dans les détails. Peut-être en as-tu quelques uns qui m'aiderait à comprendre la volonté d'une telle construction ?

Il leva les yeux vers un groupe d'oies sauvages qui les survolaient en cancanant avant de disparaître derrière les hauteurs du Colosseus. Les prunelles sombres du Feles se posèrent alors sur les arches mal entretenues de l'édifice gigantesque.

Je me dis qu'il y aurait une bien meilleure utilisation à faire de l'argent public.

Le nouveau procurator était un personnage bien avisé et il n'était pas bien difficile pour ce dernier de se rendre compte que le questeur ne prenait aucun parti prit pour ce vaste projet d'aqueduc. Marius se montrait prudent, un peu trop prudent au goût de son interlocuteur qui occupait la plus haute magistrature d'Edelmia et naturellement Caïus cherchait à lui faire quitter sa zone de confort. Ainsi et face à l'abnégation de son vis à vis, le trentenaire n'avait plus d'autre choix que d'entrer dans les détails de ce projet qui engendrerait de folles dépenses s'il devait un jour se réaliser.

- L'Édile Servius Tuccius m'a en effet vanter les bienfaits d'un tel ouvrage. Son mandat n'est pas le mien et je n'ai donc pas le même recul qu'il peut avoir. Pour lui, si nous n'agissons pas, la Neropola deviendra tôt ou tard impropre à la consommation. Celon ses rapports, les eaux usées se jettent en masse dans notre cours d'eau aussi vital soit-il. L'Aqueduc aurait donc un intérêt certain quant à l'irrigation de l'eau essentielle à la consommation.

Il marqua un temps d'arrêt avant de rajouter.

- Celon ces rapports, si nous ne réagissons pas, la pollution sera de grande ampleur et ce projet, couplé à la réalisation d'une série de moulins, nous permettrait l'endiguer un fléau tout aussi dangeureux qu'une guerre, un mal bien plus sournois et meurtrier.

Le questeur ne prenait pas encore réellement parti, exposant des faits et échanges qu'il avait eut avec l'Édile à ce sujet.

- De surcroît, il vante également les mérites d'une telle œuvre qui serait symbole de puissance de notre grand empire. J'ose croire en sa sincérité et à la véracité de ses arguments, mais comme tu le souligne à juste titre, les dépenses pour un tel ouvrage sont colossaux et il nous faudrait trouver des moyens de le financer. Je lui ai donc demander de sacrifier d'autres postes de dépenses et évidemment trouver une autre source de financements et c'est en ce sens qu'il me suggérait de solliciter les plus riches qui ainsi pourront se distinguer et asseoir leur crédibilité face au peuple. Je trouve l'idée prometteuse mais ce ne sont que des mots et comme tu le sais fort bien, je ne me repose pas sur des promesses mais des faits.

Petit à petit, Marius déliait sa langue, donnant son point de vue que la situation. Ce n'était pas son rôle que de convaincre le procurator et Caïus devait certainement en etrr conscient, Marius rappelant que son rôle était bien de pérenniser les finances d'Edelmia et non de la voir sombrer dans l'endettement.

- Mon avis est mitigé, même si j'y voit un intérêt politique et social. Ma magistrature m'impose une forme de prudence toute vénale soit-elle. Mais si l'Édile saurait lever les fonds necessaire par le biais de donations conséquentes, ce qui impliquerait qu'il puisse convaincre nos semblables, ce projet aurait bien un intérêt sur le long terme. Il est certain que nous ne verrions pas tomber les fruits de ce monument magistral avant plusieurs années, cela va s'en dire. Croit bien qu'il est inconcevable d'utiliser une partie conséquente de l'argent publique pour ce projet, cela restera à la marge et l'Édile semble en avoir conscience car je vois mal sur quel secteur de dépenser nous pourrions rogner. Mais après tout, cela dépasse mon mandat, je suis la pour veiller à ce que nos finances restent saines.

L'Édile Servius Tuccius m'a en effet vanté les bienfaits d'un tel ouvrage. Son mandat n'est pas le mien et je n'ai donc pas le même recul qu'il peut avoir. Pour lui, si nous n'agissons pas, la Neropola deviendra tôt ou tard impropre à la consommation. Selon ses rapports, les eaux usées se jettent en masse dans notre cours d'eau aussi vital soit-il. L'Aqueduc aurait donc un intérêt certain quant à l'irrigation de l'eau essentielle à la consommation. Selon ces rapports, si nous ne réagissons pas, la pollution sera de grande ampleur et ce projet, couplé à la réalisation d'une série de moulins, nous permettrait d'endiguer un fléau tout aussi dangeureux qu'une guerre, un mal bien plus sournois et meurtrier.

Ce type était incroyable. Il faisait des tours et des détours pour exposer des faits dont Caïus se lavait les mains. À croire que donner son avis était une chose plus qu'inhabituelle pour le Questeur, voir infaisable. Il lui avait demander son avis et il s'appliquait à exposer celui de l'Edile. Il poursuivait avec assurance, ne se rendant même compte qu'il n'intéressait pas vraiment son interlocuteur.

De surcroît, il vante également les mérites d'une telle œuvre qui serait symbole de puissance de notre grand empire. J'ose croire en sa sincérité et à la véracité de ses arguments, mais comme tu le soulignes à juste titre, les dépenses pour un tel ouvrage sont colossaux et il nous faudrait trouver des moyens de le financer. Je lui ai donc demander de sacrifier d'autres postes de dépenses et évidemment trouver une autre source de financement et c'est en ce sens qu'il me suggérait de solliciter les plus riches qui ainsi pourront se distinguer et asseoir leur crédibilité face au peuple. Je trouve l'idée prometteuse mais ce ne sont que des mots et comme tu le sais fort bien, je ne me repose pas sur des promesses mais des faits.

"Symbole de puissance de notre grand empire" ... Tu parles. Les Ruviens avaient déboisés et irrigués ces terres barbares, ils avaient érigés des bâtiments gigantesques à l'image du Colosseus tout proche ou de l'Aedes Valtai de Valtaia, tracés des grandes artères pavés à travers la province, civilisés les quelques pégus qui s'étaient placés sous la coupe bienveillante de Ruvia, il était là le symbole de puissance de l'Empire, pas dans un vulgaire aqueduc et trois moulins pour que le fleuve soit plus propre qu'il ne l'était déjà. Les lèvres de Caïus se tordirent en une moue légèrement contrite alors qu'il laissait continuer Barbatus sans dire un mot.

Mon avis est mitigé, même si j'y vois un intérêt politique et social. Ma magistrature m'impose une forme de prudence toute vénale soit-elle. Mais si l'Édile sait lever les fonds nécessaires par le biais de donations conséquentes, ce qui impliquerait qu'il puisse convaincre nos semblables, ce projet aurait bien un intérêt sur le long terme. Il est certain que nous ne verrions pas tomber les fruits de ce monument magistral avant plusieurs années, cela va s'en dire. Crois bien qu'il est inconcevable d'utiliser une partie conséquente de l'argent public pour ce projet, cela restera à la marge et l'Édile semble en avoir conscience car je vois mal sur quel secteur de dépense nous pourrions rogner. Mais après tout, cela dépasse mon mandat, je suis la pour veiller à ce que nos finances restent saines.

Un avis mitigé ... Autant dire pas d'avis. Il en avait à présent la conviction, le gaillard était incapable de donner une réponse aussi simple que "oui" ou "non". Cependant au milieu de ces lapalissades et autres billevesées neutres et fades qu'avait déblatéré Marius, un détail avait fait tiqué le Feles. Il croisa le regard du barbu et le toisa avec flegme avant de déclarer, sceptique.

Inconcevable de dépenser de l'argent public ? Tu veux dire que cet aqueduc serait financé par des fonds privés ?

Le sourcil droit de Caïus s'était élevé bien haut au-dessus de son oeil en formant quelques rides sur son front. Il poursuivit, presque candide.

À quoi servirait l'argent public alors ? Si c'est un projet qui se veut utile à chaque habitant de la cité, il me semble normal que les impôts servent à le payer. Les citoyens, même riches, payent leur dû aux censeurs, j'imagine leur tête lorsqu'on viendra leur quémander plus d'argent.

Il se gratta le menton du bout de l'index, semblant réfléchir à voix haute. Il jouait l'ingénu comme il aimait le faire parfois pour sonder les volontés de ceux qui se présentaient face à lui.

Les Populares ne laisseront jamais passer un tel édit. Et je crois que les Optimates non plus à bien y réfléchir.

Le Procurator leva les yeux vers le Colosseus, admirant un très bref instant les gravures qui ornaient une colonne qui montait jusqu'au sommet des tribunes.

Je préfèrerai encore organiser des jeux. De nombreuses familles patriciennes sont déjà mécène de ludii et ce genre d'évènement ramène autant d'argent qu'on en dépense, peut-être même plus pour les propriétaires des combattants vainqueurs. Sans parler des artisans qui dressent leurs échopes à l'entrée et les parieurs officiels qui font s'échauffer les passions.

Un petit sourire étira ses lèvres et une flamme pleine d'envie brilla au fond de ses yeux lorsqu'il adressa un nouveau regard au Questeur.

Qu'en dirais-tu ? J'y vois là des dépenses bien plus intéressantes et aux retombées plus immédiates. J'ai entendu dire qu'il y avait même quelques écuries de gladiateur réputées dans le quartier. Peut-être que l'une d'elle possède le champion qui fera vibrer les foules et délier le cordon des bourses bien remplies pour remplir les caisses.

Face au scepticisme du procurator, le questeur haussa des épaules par aveux de franchise.

- Le coût financier d'un tel projet ne peut reposer sur la levée de fond public en l'état. Il faut se montrer réaliste si nous voulons maintenir nos comptes pérennes. J'estime que ce projet serait viable si nous levons aux deux tiers des fonds privés, d'où mon scepticisme. Gage à l'édile de convaincre nos semblables et de ce fait il est le seul garant pour concrétiser la viabilité d'un tel ouvrage.

Le procurator était un personnage plutôt franc, direct et un tantinet condescendant, mais peut-être était ce indispensable pour endosser un tel rôle ? Marius ne se formalisa pas sur l'attitude de son interlocuteur, prenant la mesure de ses déclarations sommes toutes claires et cohérentes.

- Je n'ai pas dit que nous ne lèverons pas de nouveaux impôts et que nous n'utiliserons pas l'argent public dans l'éventualité que ce projet soir entériné. Seulement il faut se rendre à l'évidence, cela sera loin, très loin de suffir et nous ne pouvons prendre à la gorge nos citoyens et leur imposer encore plus de taxe qu'ils n'en payent déjà.

Le reste, il n'en avait cure. Apres tout, il n'était en rien l'instigateur d'un tel projet, son devoir était d'équilibrer les comptes public et si l'édile n'avait su convaincre Protero, ce n'était pas à Tullius de le faire. Se faisant, Barbatus suivit du regard le procurator s'intéressant à nouveau au Colosseus. Un intérêt que le questeur partageait avec cet étranger venu de la capitale de l'empire pour administrer Edelmia. Sur ce sujet, Marius allait sans doute sortir de sa réserve.

- Je suis de ces mécènes et je venais justement de quitter l'un de ces ludus. Je venais m'enquérir entre autre de la bonne santé de mes Canis pugnax.

Marius exprimait les même émotions physique que son acolyte. Évoquer le sujet des jeux au Colosseus le rendait plein d'entrain et il partageait complètement l'avis du procurator.

- Si je t'accorde volontiers ma retenue au sujet de l'Aqueduc, je dois bien t'avouer te rejoindre mot pour mot sur ce sujet. Ce serait une formidable mane financière que d'organiser plus régulièrement des jeux. Le peuple n'en sera que plus ravi comme le sera nos recettes. Et qui puis est, les retombées seront directes. Je m'associerais volontiers à cette démarche et t'appuierais le cas échéant si le besoin se ferait sentir. J'attache un intérêt particulier à cet univers qui me rappelle par quelques aspects à mon passé dans la légion.

Lui adressant un fin sourire entendu, Marius clôtura.

- Ce serait profitable à tous, à l'économie comme à l'humeur de nos concitoyens. Et j'imagine certainement me laisser entraîner par cette passion, toute mesurée soit elle.

Le Questeur haussa les épaules en répondant aux interrogations de Caïus.

Le coût financier d'un tel projet ne peut reposer sur la levée de fond public en l'état. Il faut se montrer réaliste si nous voulons maintenir nos comptes pérennes. J'estime que ce projet serait viable si nous levons aux deux tiers des fonds privés, d'où mon scepticisme. Gage à l'édile de convaincre nos semblables et de ce fait il est le seul garant pour concrétiser la viabilité d'un tel ouvrage. Je n'ai pas dit que nous ne lèverons pas de nouveaux impôts et que nous n'utiliserons pas l'argent public dans l'éventualité que ce projet soit entériné. Seulement il faut se rendre à l'évidence, cela sera loin, très loin de suffir et nous ne pouvons prendre à la gorge nos citoyens et leur imposer encore plus de taxe qu'ils n'en payent déjà.

La pensée de Marius était difficile à suivre. De cette logorhée, le Procurator avait compris quelque chose comme "on ne demandera pas d'argent aux gens mais on leur créera un nouvel impôt malgré tout". Il n'était pas versé dans la comptabilité et maîtrisait mal, il l'avouait volontiers, les arcanes de la questure, mais il gardait cette sensation de soit avoir affaire à un personnage aussi inexpérimenté que lui en la matière et qui tentait de formuler des phrases un peu compliquées mais qui s'embrouiller tout seul, soit être face à un cuistre qui s'amusait à le perdre dans des circonvulotions de langage qui le faisait passer pour un abruti. Le Feles n'appréciait aucune des deux hypothèses et ses maxilaires se mirent à battre au rythme de son coeur. Il amena malgré tout la discussion sur un autre terrain, celui sur lequel il voulait être depuis le début à dire vrai. Les Jeux, les combats de gladiateurs, la foule qui ovationnait et conspuait. Barbatus sembla partager l'enthousiasme de Caïus pour le sujet.

Je suis de ces mécènes et je venais justement de quitter l'un de ces ludus. Je venais m'enquérir entre autre de la bonne santé de mes Canis pugnax.

Une nouvelle fois, Protero arqua un sourcil interrogatif. Des chiens de guerre dans un ludus, voilà qui avait de quoi être original. À moins que ce soit le nom de son écurie, qui pouvait en être sûr ? Le Questeur poursuivait.

Si je t'accorde volontiers ma retenue au sujet de l'Aqueduc, je dois bien t'avouer te rejoindre mot pour mot sur ce sujet. Ce serait une formidable mane financière que d'organiser plus régulièrement des jeux. Le peuple n'en sera que plus ravi comme le sera nos recettes. Et qui puis est, les retombées seront directes. Je m'associerais volontiers à cette démarche et t'appuierais le cas échéant si le besoin se ferait sentir. J'attache un intérêt particulier à cet univers qui me rappelle par quelques aspects à mon passé dans la légion. Ce serait profitable à tous, à l'économie comme à l'humeur de nos concitoyens. Et j'imagine certainement me laisser entraîner par cette passion, toute mesurée soit elle.

Le faciès du Procurator ne quittait plus la moue interloquée qui s'y était figé quelques instants plus tôt. Il aurait juré que le Questeur penchait vers les Optimates, pourtant son discours et ses centres d'intérêts semblaient indiquer qu'il se revendiquait des Populares. À moins qu'une fois encore, il se jouait de lui ... Ou qu'il n'avait pas compris le clivage entre les deux courants de pensées majoritaires qui divisaient la Curie d'Edelmia ... Ou qu'il n'ait pas su prendre une décision sur où placer son allégeance. En retenant silencieusement la dernière option, un sourire ourla les lèvres du Procurator qui plongea son regard sombre dans celui du patricien barbu. Il leva les mains, paumes ouvertes, tentant de calmer les ardeurs de Marius.

Je ne parle pas d'organiser des jeux "souvent". Même à Ruvia, nous avons dû calmer les évènements afin de faire des économies, seules les arènes de petites envergures proposent des combats plus réguliers. Je parle d'un sul évènement, du moins dans un premier temps. À voir ce qui en découlera et si la possibilité de créer des jeux ponctuels se présente, mais chaque chose en son temps.

Il baissa les bras avant de réajuster le pan de toge qui pendait depuis son épaule tout en continuant son intervention.

Je me dis que les derniers évènements ont été bien sombres pour la province, entre la mort de mon prédécesseur et celle de l'ancien Imperator. Il serait bon de donner une bonne nouvelle aux citoyens. Il faudrait proposer la motion à la Curie.

Le sourire du Feles retomba légèrement et son regard se fit un peu plus acéré alors qu'il enchaînait.

Cependant je pense qu'il faudrait que la proposition ne vienne pas directement de moi. Il y aura toujours des détracteurs pour penser qu'en proposant des jeux, je cherche à faire une propagande quelconque contre tel ou tel personne, alors que si la motion est proposée par un curiate, ses pairs ne se défieront pas.

Le Procurator posa une main sur l'épaule du Questeur et afficha de nouveau un large sourire.

Te sentirais-tu d'être ce porte-parole ? Plus que toi qui appuie ma proposition, ce serait l'inverse. Je pense que nos intérêts sont communs et vont de pair avec ceux des citoyens.

Avec ce nouveau procurator, on ne savait pas vraiment sur quel pied danser tant il réagissait avec d'inquiétantes mimiques pas vraiment rassurante. Le questeur se demandait après chaque réplique s'il avait user de bon mots ou si il nourrissait un certain agacement auprès du plus haut magistrat de la cité d'Edelmia. Il fallait se rendre à l'évidence, Marius était en quelque sorte sujet à un entretien de motivation et au pieds du Colosseus allait certainement se jouer sa crédibilité devant Feles. En tout état de cause, il semblait fort probable qu'il n'était pas doué pour convaincre son interlocuteur et l’atmosphère semblait quelque peu pesante, forçant cette sensation.

Bien heureusement, Caïus n'avait pas l'intention de malmener plus encore le questeur sur ce sujet épineux touchant aux finances de la cité qu'il administrait, reportant les échanges sur un sujet qui semblait tenir à cœur l'une et l'autre des parties en présence. Certes, dans sa réaction, Marius Tullius semblait plein d'entrain, voir même un peu trop, mais au moins, pour une fois il affirmait clairement sa position, favorable, à redonner un peu plus de vie à l'édifice qui leur offrait un peu d'ombre en cette journée.

- Je te l'accorde, chaque chose en son temps, mais l'idée de mettre à contribution les plus petites arènes ne doit pas être éludée. Comme tu le dis si justement, procédons par étape.

Après les mouvements de bras de Caïus pour tempérer le questeur, ce fut son regard acéré qui se posa sur le barbu et Marius n'arrivait hélas toujours pas à sonder l'esprit de ce nouveau personnage sur la scène politique d'Edelmia ce qui avait tendance à l'incommoder, mais il n'en montra aucune forme, physique ni verbal, se contentant d'écouter religieusement la proposition qui suivit. Cette main qui finalement se posa sur son épaule ne le rassura pas d'avantage. Devant un jeune coq, sans doute que le Procurator aurait senti la fougue juvénile mais pas devant le questeur qui n'avait tout de même pas vingt ans. Fixant un instant son épaule, il reporta finalement son regard émeraude sur Protero avant de lui apporter du grain à moudre.

- Je comprend ta position et si cela peut servir un intérêt commun, je ne vois pas de raison de refuser ta proposition. Je serais donc le porte-parole de cette initiative. Evidemment si tu as quelques suggestions, quelques conditions quand à l’organisation de ce dit événement qui viendra, j'en suis convaincu, recevoir les faveurs de nos citoyens, je reste à ta disposition.

Au moins cette rencontre n'était pas totalement dénuée d'intérêt ni ne porterait préjudice au questeur. Mais il fallait toutefois l'avouer, ce premier contact entre les deux hommes n'était qu'à moitié fructueux et Marius était bien conscient qu'il serait hative de voir en ce personnage un allié providentiel.

Je te l'accorde, chaque chose en son temps, mais l'idée de mettre à contribution les plus petites arènes ne doit pas être éludée. Comme tu le dis si justement, procédons par étape.

Le Procurator cligna des yeux, encore une fois surpris par les mots du Questeur. Il connaissait encore mal Edelmia et ses recoins, mais il était quasiment sûr qu'il n'y avait pas de "petites arènes" dans la cité. À moins qu'il parlait d'arènes clandestines, échappant à la supervision de la Curie, mais Marius étant lui-même curiate, il était étonnant qu'il vende la mèche à un des Diumvir d'Oncmélie. Barbatus poursuivit après avoir jeté un regard rapide vers la main amicale que posait le Procurator sur son épaule.

Je comprends ta position et si cela peut servir un intérêt commun, je ne vois pas de raison de refuser ta proposition. Je serais donc le porte-parole de cette initiative. Evidemment si tu as quelques suggestions, quelques conditions quand à l’organisation de ce dit événement qui viendra, j'en suis convaincu, recevoir les faveurs de nos citoyens, je reste à ta disposition.

Les lèvres de Caïus restaient étirés en un sourire aimable même s'il n'était qu'une façade. S'il avait bien appris une chose à force de côtoyer des sénateurs et la politique, c'était de sourire lorsqu'il n'en avait aucune envie. Et puisque Marius lui tendait la perche, il se fit une joie de s'en saisir à pleines mains.

Je te donnerai le discours à prononcer pour proposer la motion devant nos pairs. Toutes mes conditions et mes suggestions seront consignées sur une tablette de cire et il te suffira de les lire.

Au moins pas de bégaiement, pas de faux semblant et de louvoiement dans le discours du Questeur. Il devait être sûr de lui et affirmer avec conviction ses dires et non pas user de ce discours en demi-teinte qu'il servait depuis le début de cette rencontre. Si Caïus devait faire le ventriloque et lui le pantin, c'est ainsi que cela se déroulerait. Le Procurator ne pouvait se permettre de voir ces jeux être sujet à des débats interminables parce que celui qui les proposait était incapable d'affirmer son avis. Dans le meilleur des cas, Marius verrait cela comme un coup de pouce pour l'aider à sortir de son cocon. Dans le pire, il aurait la sensation d'être utilisé comme un homme de paille et se ferait un ennemi du Feles. Les deux options ne déplaisaient guère à Caïus, certain de sa supériorité rhétorique et politique sur le Questeur. Il ôta sa main de l'épaule de son interlocuteur et ajouta.

N'hésite pas à évoquer la tenue de jeux avec tes camarades curiates afin de sonder leurs pensées et d'arriver avec le plus de soutiens possibles le jour de la session à la Curie. Je suis sûr que nombreux seront les mécènes de ludii à vouloir mettre en avant leurs écuries.

Protero fit un pas sur le côté, prêt à laisser le Questeur vaquer à ses occupations avant de reprendre les siennes. Il toisa une dernière fois le curiate à la barbe fleurie avant de lancer.

À moins que tu aies des questions ou des retenues, je dois me rendre chez moi. Ma femme arrive aux termes de sa grossesse et je souhaite être là lorsqu'elle accouchera.

Tout portait à croire que cette rencontre avait été prémédité par le procurator en personne. Toujours sous couvert de ce sourire de façade qui laissait bien songeur le questeur, Caïus prit son interlocuteur au mot en lui donnant la réplique séance tenante. L'étranger d'Edelmia avait donc en tête d'utiliser Marius jusque dans le discours qu'il prononcera devant la Curie afin de faire passer la motions celons ses désirs. Qu'à cela ne tienne, cela lui laisserait du temps pour s'occuper d'autres affaires, même si le questeur serait tout de même attentif à ce qu'il développerait devant ses pairs. A dire vrai, il se sentait à la fois patin du procurator mais également fort de pouvoir sortir d'une certaine manière de sa zone de confort. La sensation était étrange certes mais finalement les risques d'être perdant dans une telle alliance de circonstances étaient minime.

La rencontre semblait porter à sa fin, les gestes que Feles s'exécutaient à réaliser le confirmait seconde après seconde. Opinant du chef, Marius allait donc se libérer de la présence de Caïus qui en son antre, attendait un heureux événement prochainement et de fait, la courtoisie à cet égare en était indispensable.

- Tu saluera ta femme de ma part et je prie Hedelma pour cet heureux événement qui approche. Pour le reste, je n'ai nul doute que certains lobby encourageront nombres de camarades à soutenir cette motion. Je m'y attellerais le plus tôt possible, soit en assuré. J'attendrais ta tablette et te ferais part de mes remarques s'il devait en avoir. je te souhaite à présent une très bonne fin de journée.

Après les salutations d'usages, Marius Tullius Barbatus prit alors congé du haut magistrat. Cet évènement n'avait rien d'anodin pour le questeur, sans doute était-il bien plus important pour lui que cela ne l'était pour le procurator. En tout cas, Marius en tira bien des enseignements, c'était certain, même si Feles, ce personnage, était encore des plus énigmatique.