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 A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]

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MessageSujet: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 5 Sep - 15:53

15e jour de Secundo Seminare
An 399
Curie d'Edelmia



   La matinée était belle, pour autant que l’on pouvait qualifier le ciel d’Oncmélie mineure de dégagé. D’épais nuages venaient à jouer avec les rayons placides du soleil d’été, et les gens qui se massaient sur le forum étaient piqués de la fraîcheur d’une brise du Nord. Pour autant, le lieu ne manquait pas de vie ; chacun s’animait çà et là, parlait à son voisin avec la bonhommie des gens civilisés. Jamais, au cœur même d’Edelmia, l’on n’aurait pu se douter d’être si proche de contrées encore empruntes de barbarie. Ruvia portait son étendard culturel si fièrement que même la grisaille – pourtant commune – ne ternissait son éclat. Publius, lui, contemplait avec satisfaction la mélasse indistincte qui s’étendait au-devant de la Curie. La journée s’annonçait riche. Le Duumvir avait su se faire discret les dernières semaines ; on lui prêtait une mauvaise toux. Pour autant, l’homme mûr n’était guère malade. L’arrivée du Procurateur avait créé assez d’émules, et pour toute franchise, il avait préféré prendre du recul pour s’assurer de l’honnêteté de celui qui partagerait les plus hautes fonctions à son côté. Pouvait-il seulement lui faire confiance ? La question se dissipa presque aussi vite de son esprit, tirant à ses lèvres un léger sourire : la jurisprudence exigeait qu’il n’existe aucune confiance parmi les patriciens. Et même s’il était homme de bonne volonté, Publius Acilius Ravilla n’était pas fou.

Il ajusta un brin sa toge alors qu’à contre cœur, il quitta la place animée des yeux. Au pieds des quelques marches qui distinguaient la bâtisse de la chaussée, il salua brièvement les confrères qu’il croisa. Les jours d’audience avaient une saveur particulière, et l’annonce encore récente de la destitution de l’empereur laissait à la province une multitude de questions qu’ils devraient bientôt résoudre. Car s’il avait été méfiant à leur rencontre, la proximité de son commensal avec les instances du Sénat lui faisait redouter l’avenir. Il n’avait pas eu le loisir d’en discuter avec le charismatique Caïus, mais une chose était certaine : le tribun consulaire se rangerait toujours aux intérêts d’Oncmelia.
    « Il y a foule aujourd’hui, lança Appius en s’approchant de son allié. Le tribun lui accorda un sourire et une accolade amicale, qu’il ponctua d’un long soupir.
    – Oui… Et la moitié tient d’avantage du charognard que de l’homme de valeur.
    - En a-t-il été un jour autrement ? »
Les deux amis hochèrent la tête de manière entendue lorsque la désagréable silhouette de Scorpa franchit, à un mètre d’eux, la porte de la Curie. La séance promettait d’être longue et harassante et pourtant, au fond de lui, naissait enfin l’excitation qu’il ressentait toujours à l’approche d’une session. Galvanisé par le brouhaha de l’hémicycle bondé, il abandonna sans plus de procès Appius pour se rendre à sa place. Celle qu’il occupait depuis toujours. Celle qui lui conférait certainement la meilleure vue sur l’assemblée bourdonnante.
Pour les joueurs:
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Caïus Protero Feles

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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 5 Sep - 18:36


Un ciel chargé avait accompagné le Feles depuis chez lui jusqu'aux colonnes massives qui marquaient l'entrée de la Curie. Entouré de ses licteurs, il grimpait les marches blanches qui s'élevaient vers le haut lieu politique depuis le forum qui bourdonnait déjà des discussions des citoyens et des marchands qui se rassemblaient en ce lieu chaque jour. Au passage, le Procurator saisit au vol des bribes de conversation, ici un homme qui marchandait le prix d'un esclave, là des philosophes qui débattaient sur le sens de la vie, là encore, un échange animé entre pater familias au sujet du montant de la dot qui scellerait l'accord pour le mariage de leur progéniture. Peu attentif à toute cette agitation, Caïus relisait une dernière fois le discours qu'il avait fait écrire pour le Questeur Barbatus. Un fin sourire se dessinait sur son visage alors que défilaient les mots sous son regard concentré. Une fois le mot final lu, il redressa les yeux vers le bâtiment et tendit la tablette de cire à Pesca, son magister qui marchait à ses côtés. Sans un regard, Protero donna ses dernières consignes.

Assure-toi que le Questeur reçoive ça avant d'entrer dans l'hémicycle.
Oui, Dominus.
Et ...
Discrètement, Dominus, je sais.

C'est à cet instant que le patricien jeta un regard vers l'esclave. L'homme commençait à avoir le visage marqué par les années, les petites pattes d'oie qui étaient apparues au coin de ses yeux étaient de plus en plus profondes et ses joues commençaient à perdre de leur galbe, pourtant, même si le temps faisait son oeuvre, il gardait l'esprit vif et savait encore anticiper les désirs et ordres de son maître. Le sourire de Caïus se fit un peu plus franc en croisant le regard du magister qui se saisissait de la tablette avant de s'incliner légèrement et de s'extirper de l'escorte pour disparaître de la vue du Procurator.

À mesure qu'il s'approchait de l'entrée monumentale du bâtiment, il sentait son estomac se serrer légèrement. Cette session serait la première où tous les curiates seraient présents depuis l'annonce de la mort de Paetius. Il y avait bien eu des sessions plus anodines, avec une présence aléatoire dans les gradins de marbre mais c'est aujourd'hui qu'il allait devoir affronter les questions et les griefs des patriciens. Le moindre d'entre eux serait soutenu par ses camarades, qu'ils fussent Populares ou Optimates. Il en avait déjà eu un avant-goût avec le Préteur Scorpa chez lui, mais en ce jour, les assauts pourraient arriver de tous les côtés. Pourtant, ce n'était pas la panique qui lui tenaillait les tripes. Il avait hâte de se retrouver dans l'arène autant qu'il le craignait. C'était le jour où il pourrait faire ses preuves et faire taire les critiques qui étaient nées par sa simple nomination.

Les licteurs s'arrêtèrent à l'entrée de l'hémicycle et le Procurateur rejoignit son siège, à côté duquel le Tribun Acilius attendait déjà. Les deux hommes se saluèrent en s'empoignant l'avant-bras de manière virile mais sans engager la discussion pour autant. Caïus monta la marche qui surélevait légèrement les sièges des Duumvirs et s'installa dans son siège. Tandis que les curiates entraient à leur tour pour gagner leurs places dans les tribunes, le Feles se mit à pianoter sur l'accoudoir en observant ses pairs avec solennité. Son regard fut alors attiré par un mouvement répété à l'entrée et il coula un regard prudent vers Pesca qui hocha la tête pour signifier que le Questeur Barbatus avait bien reçu la tablette qui lui était destiné. Caïus avait veillé à ce que sa proposition de motion soit inscrite à l'ordre du jour et le barbu n'avait plus qu'à prononcer les mots que le Procurator lui collait dans la bouche lorsque l'assesseur lui donnerait la parole. Bientôt les bâtons allaient heurter le marbre et marquer le début de la session et le trac qui avait fait vriller les entrailles du Procurator s'envola aussi vite qu'il était venu.
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Marius Tullius Barbatus

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeLun 7 Sep - 12:23

Le Secundo Seminare de l'An 399 avait quelque peu bouleversé le quotidien du questeur vis-à-vis de deux éléments majeur. Le premier était celui de sa rencontre avec Primo Scorpa, le prêteur de la cité d'Edelmia avec qui une alliance était sur le point de prendre forme. Un mariage arrangé avec sa fille aînée, Honoria, allait le contraindre à enfin faire un choix politique et rallier le camp des Optimates. Un virage dans sa carrière, mais également dans sa situation familiale, lui qui est encore célibataire du haut de ces trente printemps. Le second événement marquant était sa rencontre avec le nouveau procurator, déjà décrié par certains. Fort heureusement le personnage jouissait pour l'heure d'une certaine forme de jurisprudence et une grande majorité des curiates attendaient ses premières décisions politiques avant de forger une réelle opinion sur lui.

Et cela allait très certainement, rapidement avoir lieu. Mais ce qui rendait Barbatus quelque peu perplexe voir anxieux résidait en le fait que le mystère planait toujours sur le courant politique de Caïus Protero Feles et cela pouvait compliquer les premiers appels du pied de ce dernier à son endroit. Il le savait, cette nouvelle session à la Curie pouvait être mouvementée, mais pas autant qu'il l'aurait cru alors qu'il se dirigeait vers l’hémicycle pour soudainement voir sa route croiser le magistrat à la solde du procurator. A l'abri des regards, Marius réceptionna une tablette et pas des moindre, Caïus, comme promis, lui confia la tâche d'exposé la proposition de motion dont le duo avait débattu devant le Colosseum quelques jours plus tôt.

Son introduction dans les travées de la Curie ne fut pas immédiate et Marius prit le temps de lire et relire la tablette qu'il allait devoir exposer devant ses semblables. Conscient de devoir incarner le porte-parole, mot pour mot, des souhaits du procurator, Tullius savait la lourde responsabilité qui pesait sur ces épaules et surtout la nécessité de convaincre comme si ces mots avaient été écrits de sa propre main et non pas de ce personnage qu'une partie des patriciens d'Edelmia voyait d'un mauvais œil, lui cet étranger à la province qui avait été mandaté expressément de la capitale de l'empire.

Au bout de quelques minutes, il pénétra finalement dans l'hémicycle, tablette sous le bras, pour se diriger lui aussi à sa place, roulant discrètement un regard tour à tour vers les Hauts Magistrats avec qui il avait récemment pactisé pour des raisons différentes. Rien dans son attitude ne trahissait la moindre hésitation, la moindre émotion, il ne le fallait, il ne le fallait jamais dans ce monde de requin où tous les coups bas étaient permit. S'il ne s'était pas préparé à devoir prendre la parole au nom du procurator, qui avait attendue la dernière minute pour le mettre à l'épreuve, il n'allait pourtant certainement pas se défiler devant cette épreuve. D'ailleurs, cela pouvait lui apporter une notoriété nouvelle, lui qui n'avait pour habitude de proposer de motions, s'attachant plutôt à son rôle de questeur pour approuver ou rejeter ce que ces semblables portaient de leur voix dans ce lieu central de la vie d'Edelmia.
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Primo Sicinius Scorpa

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeMer 9 Sep - 0:00


Qu'ils sont laids, songeait Scorpa dans un bref moment de distraction alors que se remplissaient petit à petit les travées de la Curie. La chose l'avait soudainement frappé, comme il contemplait, le visage tordu dans une moue dédaigneuse, la marée déferlante de toges blanches. Oui, ils étaient moches, tous, chacun à sa manière : l'un, trop bedonnant - un goinfre doublé d'un paresseux ; un autre, beaucoup trop maigre au contraire - un faiblard, donc, ce qui ne valait pas mieux ; celui-là, avec le nez beaucoup trop près de la bouche et le front trop loin des yeux, pouvait bien être le fruit d'une liaison incestueuse ; et que dire de ce garçon au nez épaté et aux cheveux ras, qui s'agitait en de grands gestes efféminés tout en tenant conciliabule avec ses voisins ? Tous avaient l'air terriblement niais. Tels sont les patriciens d'Edelmia, songeait Scorpa avec effaremment, car voilà à quoi en était réduite l'élite de la société oncmélienne ! L'abêtissement des jeunes générations, qu'il n'avait eu de cesse de dénoncer, gagnait tous les niveaux. De jeunes générations qui feraient le monde de demain.

Le préteur d'Edelmia ruminait ces sombres pensées tandis qu'il prenait place au premier rang, sur la rangée la plus basse. Si certains Curiates jugeaient judicieux de viser les rangées les plus hautes, croyant à tort que prendre physiquement de la hauteur était synonyme d'ascension sociale, Scorpa aimait à se trouver proche de la place de l'orateur ; une proximité dont plus d'un avait déjà fait les frais, car il n'hésitait jamais à les prendre à partie sous les yeux de tous.

Autour de lui se rassemblaient des hommes dont il partageait les desseins et les idées. Certains étaient certes laids, eux aussi, mais au moins défendaient-ils de justes causes. Et comme ils prenaient place, Scorpa songeait avec soulagement, comme souvent, que rien n'était perdu. Tant que veilleraient les Optimates, l'espoir demeurerait. Ce jour, alors que devait s'ouvrir sous peu la séance, c'était une énième bataille que Scorpa et les siens s'apprêtaient à livrer. Et les Optimates ne passaient pas pour retenir leurs coups.

Comme la Curie continuait de se remplir, le regard oblique du Préteur accrocha celui de Marius Tullius Barbatus, le jeune Questeur à qui il avait récemment promis la main de sa fille- espérant par là s'attacher sa loyauté. Et comme Scorpa le regardait avancer dans l'hémicycle en se demandant s'il viendrait s'asseoir avec eux, son œil le plus fiable s'attarda sur la tablette que ce dernier tenait dans ses mains.
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Sepion Vosegus Comatus

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeJeu 10 Sep - 15:53



Sepion toise l'hémicycle d'un regard torve et ce qu'il y voit, ne le fait pas sourire.

A dire vrai, Sepion ne sourit que rarement, son visage se trouve perpétuellement barré par nombres de cicatrices sévères que ses rides creusent à foison sur son antique faciès. Certains médisant vont jusqu'à dire qu'un regard sur sa trogne se compare aisément avec le tracé des routes de l'ensemble de l'empire ruvien. Mais ces vaines paroles ne l'atteigne pas, lui, honorable Censeur de sa contrée. Sa gêne est plus pragmatique en cet instant : la douleur le déchire de l'intérieur et déteint avec force sur son humeur. Sa vieille blessure semble ce réveillé autant par temps de pluie, que par grand jour de réunion.

Entre ses lippes il bougonne depuis qu'il se trouve inconfortablement installé sur se banc de pierre. Qui est donc l'horrible inventeur de ce long séant? Symbole de déférence pour ceux siégeant à la Curie, son assise se trouve réservé membres ayants l'honneur de faire partie de cette honorable institution. En somme, Sepion considère que c'est ici une bonne chose, ; mais pourtant  continue d'en maudire son artisan et inventeur, trop sur qu'il s'agit d'un vulgaire du peuple qui trouva le moyen de se venger des puissants en omettant d'ajouter un ou deux coussins à sa création.

Mais le Censeur délaisse un moment sa mornerie pour saluer d'un mouvement de tête Primo Sicinius Scorpa qui vint se placer parmi les Optimates. Cet homme est un rare phare parmi ceux qu'il nomme les autres. Car si Sepion est accompagné dans son dos par ses suiveurs les plus proches ; ses véritables proches, ceux sachant que la solution viendra des armes et pas des textes ; Scorpa reste un modéré qu'il apprécie. Peut être son regard fou y est t'il pour quelque chose ? Sepion semble détecter en lui un caractère prompt à tirer le glaive, mais peut être est ce là une impression lié à son héritage ? L'avenir le dira.

Enfin, il braque ses mires sur les deux personnalités présidant ce rendez vous indélicat.
Le premier en la personne du Duumvir Publius Acilius Ravilla. Sa simple vue le rend malade, comment un homme avec de telles idées à t'il put graver autant de marche à Edelmia ?! Un fieffé coquin ne méritant en rien son rang et sa prestance.  
Le second, en la personne du Procurator Caïus Protero Feles. Sepion ne sait se prononcer sur sa personne ; il lui trouve je ne sais quoi de fourberie, mais ses manières restent bien plus respectable.

Sepion grommelle dans sa barbe et lâche un pet majestueux, signe manifeste de son impatience grandissante. D'ailleurs, ou se trouve ce porc mielleux de Galba ? Il ne l'a pas encore sentit et espère que cela durera. Une séance en sa présence ressemble plus à de la torture qu'autre chose. Sepion préfère de loin batifoler avec des oies et des brouteuses malades que ce tas de saindoux qui lui sert de duo.



Dernière édition par Sepion Vosegus Comatus le Dim 13 Sep - 8:58, édité 1 fois
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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeDim 13 Sep - 1:16


Titus Sevinius Merula n'était pas connu pour sa ponctualité. Les séances de la Curie démarraient toujours trop tôt à son goût, et il n'était pas rare que quelque chose le retienne au lit - et ce quelque chose, disons-le, était bien souvent la flemme. C'est qu'il devait se faire violence pour quitter le confort de son lit douillet, et la perspective d'écouter pendant des heures de vieux grigous s'invectiver sur des sujets auxquels il ne comprenait pas grand chose n'avait rien de réjouissante. Il s'y soumettait néanmoins, parce que là était sa place et que son père exigeait qu'il y soit. Cela dit, lorsqu'il honorait la noble assemblée patricienne de son auguste présence, le fils prodigue du Censeur Galba était rarement en avance.
Et ce jour ne ferait pas exception.

« Excusez-moi. Pardon. Ave. Pardon. » Merula jouait des coudes dans l'assemblée bondée, cherchant à se frayer un chemin jusqu'à une place qui ne soit pas trop éloignée de celle de son père. « Je sais, désolé, ça doit faire mal », s'excusa-t-il comme il passait entre les rangs, écrasant au passage les orteils de Curiates assis, s'attirant les grognements agacés de ses semblables. « Il est à qui, ce pied ? Oh, pardon. Ave. Désolé, je voudrais passer. Ave. » Autour de lui, les esprits s'échauffaient déjà ; certes, c'était à cause de lui, mais qu'est-ce que ça allait être quand la séance allait commencer !

Dans les rangs même des Populares, la faction dont était issu son père, chacun soupirait à la vue de ses bouffonneries, constatant qu'il ne loupait jamais une occasion de se faire remarquer. Cette entrée distinguée occultait pourtant un détail qui, en d'autres circonstances, aurait sauté aux yeux d'un Curiate attentif : il y avait, dans l'attitude du jeune patricien, une nervosité inhabituelle, une tension cachée sous son sempiternel masque d'insouciance. Il ne s'attardait guère, comme pressé de gagner sa place, et lors même qu'il s'excusait auprès des propriétaires de pieds qu'il écrasait, il évitait soigneusement leurs regards. Mais qui s'en rendrait compte ? Chacun s'arrêterait à son retard et sa maladresse, et jugerait en conséquence que tout était parfaitement habituel.

Ses pérégrinations le conduisirent finalement auprès de son père. Entouré de ses amis Populares, celui-ci était aisément repérable : l'imposant Censeur, le visqueux Lucius Sevinius Galba, occupait deux ou trois places. « Navré, père, je ne suis pas en avance. Il y avait une grosse chèvre qui encombrait la rue et j'ai dû contourner par le sud, tu sais, par la venelle qui passe par le quartier où il y a les statues de canards devant les domus et les haies taillées en forme de pinces de homard. Et là, j'ai encore perdu du temps parce qu'une femme était en train d'expliquer comment il faut s'y prendre pour manger un ortolan, et c'était vraiment intéressant. » Le regard que lui rendit son père en disait long sur l'intérêt que son explication pouvait avoir à ses yeux. « Enfin, aucune importance. Me voici. »

Maintenant qu'il était enfin installé, Merula pouvait jeter distraitement un œil autour de lui. Comme à chaque séance, il pouvait reconnaître les mêmes faces de fion que d'habitude. L'ennui le guettait déjà. Son père lui avait bien dit, pourtant, que la séance d'aujourd'hui serait d'une importance capitale. A cause de la chute de l'Empereur, a priori. Merula voyait difficilement qu'est-ce qu'on pouvait en avoir à fiche, en Oncmélie mineure, si loin de Ruvia, mais il fallait bien trouver de nouveaux prétextes de désaccord pour nourrir les séances de la Curie.

Dans l'immédiat, il avait bien autre chose à l'esprit que les questions impériales. Apercevant le préteur Scorpa parmi les rangs des Optimates, il songea à Quintilius ainsi qu'aux hommes qu'il avait embauchés pour une mission bien précise à la Villa Sicinii. Une mission qu'ils étaient en train de mener en ce moment-même et qui pouvait potentiellement causer du grabuge. Pourvu que tout se passe bien, songea-t-il nerveusement, tout en s'efforçant de se rassurer : ça devrait bien se passer ; sur ce coup, je n'ai mis que des gars sûrs.
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Caecilia Lubania

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeLun 14 Sep - 23:27

Caius Lubanius Celer est assis dans son fauteuil et relit encore une fois la lettre qu'il a reçue quelques jours plus tôt. Ainsi tout ce qu'on raconte est vrai. C'est inquiétant mais par la même occasion, le changement est plein d'opportunités qu'il faut saisir au vol. Un empereur est tombé, un autre prendra sans doute la place. Il se demande ce que ça va entraîner pour Oncmelia Minor, et le meilleur moyen de le savoir est de se rendre à la Curie le jour même.

Sa sœur Caecilia pénètre dans la pièce. Elle porte une longue chemise dont l'étoffe légère lui colle à la peau, et ses cheveux encore humides exhalent les huiles parfumées du bain. Elle s'installe sans bruit près de lui, attend qu'il achève sa lecture. Son regard le fixe patiemment, il ne relève pas la tête mais il devine qu'elle brûle qu'il lui accorde son attention. Lorsqu'il lève enfin la tête, Caecilia peut lui révéler ce qu'elle a à l'esprit. Les yeux de sa sœur brillent comme des saphirs.

- Il faut que tu ailles à la Curie aujourd'hui.
- J'en avais l'intention.
- Mais as-tu un plan ?
- Bien sûr que oui... Ils seront tous là, les magistrats, le Procurator, le Tribun... Ils vont tous parler de la mort de l'empereur, de ce qu'il faut faire. Je vais tirer mon épingle du jeu. Tout le monde voudrait en savoir plus sur ce qui s'est passé à Ruvia.... Personne ne sait vraiment ce qui était reproché à l'empereur, et si ses bourreaux ne sont pas les véritables traîtres ?.. Je vais leur proposer d'aller à Ruvia pour enquêter.
- Hors de question.

Visiblement, Caius ne s'attendait pas à un refus si catégorique puisqu'il reste muet un moment. Caecilia en profite pour enfoncer le clou.

- C'est trop dangereux. Le voyage est si long, la route est périlleuse ! Et puis, qui te dit que la guerre civile ne va pas éclater d'ici ton arrivée ? Les prétendants au trône impérial vont se déchirer, Ruvia sera peut-être bientôt à feu et à sang.
- C'est un risque à courir.
- Cesse de faire l'enfant. Tu n'es pas un soldat, et le risque est trop grand. Et puis, que veux-tu apprendre ? Tu vas revenir la queue entre les jambes, et tu auras perdu ton temps.
- Je ne me rappelle pas t'avoir demandé ta permission, sœurette.

Elle reconnaît son ton buté. Il n'en démordra pas. Elle se contient pour ne pas laisser éclater sa colère, elle sait que c'est une faiblesse et qu'elle réfléchit mal lorsqu'elle s'énerve. Elle doit faire appel à son intelligence, et le raisonner, mais c'est peine perdue. Elle avale sa salive, regarde Caius se lever et se retirer sans un mot.

Elle a peur pour lui.


Quelques heures plus tard, Caius est arrivé à la Curie. Ses servants et gardes l'accompagnent mais ne peuvent pas entrer dans l'édifice, alors il entre seul et se joint aux patriciens. Il regarde les visages des hommes les plus connus et se flatte qu'un jour il pourra en faire partie. Il s'asseoit au hasard, sans se soucier des tensions qui opposent les différents partis politiques. Et il attend avec impatience que la séance commence...
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Harmonia Iustia

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeVen 18 Sep - 22:26

Bien propre sur lui, la stola bien ajustée, ainsi s'avancait Murena dans l'entrée du forum. Il croisa plusieurs visages connus, les salua très poliment avant de s'installer dans les gradins. Il observa du coin de l'oeil Marius Tullius Barbatus. Cette canaille était-elle du côté de l'Imperator défunt ? Il esquissa un sourire diabolique. La garce d'Harmonia semblait fricoter avec l'héritier des Tulii. Si la famille se retrouvait taxée de rénégats par les autres membres du sénat, ne resterait plus qu'à la faire exécuter dans le lot. Ainsi, il adopterait l'ennuyeux petit Lucianus et... Tout le monde sait que peu d'enfants à notre époque atteignent l'âge adulte.

Ce fut donc avec un léger sourire aux lèvres qu'il regarda le questeur s'installer, tablette de pierre à la main. Il avait hâte d'entendre ce que ce dernier allait dire. Pour sa part, aujourd'hui, l'orateur qu'il était ferait silence. C'était une guerre silencieuse qui allait se livrer aujourd'hui dans la curie et mieux valait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir. Il ne voulait pas terminer comme un certain brillant avocat parmi ses ancêtres qui, pour s'être mis à dos la mauvaise personne au mauvais moment, avait fini décapité, sa tête et ses deux mains exposées à la vue de tous sur un panneau devant la place. La Murène avait une règle : rester tapie entre les coraux, à l'abri des ennemis et se saisir de sa proie prestement, au bon moment.
La patience était la plus redoutable des armes.
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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 19 Sep - 16:48

Bien calé au fond de son siège curule, Caïus observait les gradins en arc-de-cercle se remplir de nobles patriciens en toge blanche à bords rouges dans un bourdonnement excité, semblable à un essaim entrant dans sa ruche à la nuit venue. Quelques visages s'étaient tournés vers lui et le tribun Acilius pour les saluer d'un petit hochement de tête ou pour les toiser avec un air vindicatif. Les magistrats étaient assis au premier rang, les plus proches du centre de l'hémicycle alors que leurs suiveurs peuplaient la tribune dans leurs dos. Tout en haut de celles-ci, les plus jeunes membres de la Curie observaient leurs aînés sans avoir le droit de siéger pour le moment. Ces pedarii étaient bien souvent les derniers-nés de familles patriciennes et plutôt indécis quand à leur appartenance aux factions ennemies que représentaient le Préteur Sicinius et le Censeur Sevinius. Ces derniers se faisaient face, uniquement séparés par le centre marbré de la salle. Du coin de l'oeil, le Feles nota que le Questeur Barbatus arrivait en tenant la tablette qui lui était adressé sous le bras et qu'il se faufilait entre quelques doyens Optimates déjà assis. Un petit sourire naquit sur les lèvres du Procurator en voyant que Pesca avait rempli sa mission, il ne restait plus qu'à espérer que Tullius en fasse de même.

Assis devant les Duumvirs, l'assesseur, un vieillard cacochyme au visage parcheminé, se voûtait sur son bâton en échangeant à mi-voix avec les pages qui l'assisterait pendant la séance. Les jeunes hommes s'égayèrent aux quatre coins de l'hémicycle et après un échange de regard entre eux, se mirent à frapper le sol avec des bâtons semblables à celui de l'assesseur. Petit à petit, le silence se fit dans les gradins et les regards se tournèrent vers l'estrade centrale où siégaient Caïus et Publius. L'assesseur posa son bâton en travers de ses jambes maigrelettes et s'exclama d'une voix brisée par l'âge.

Curiates d'Oncmélie, vous avez répondu au cogere des Duumvirs en ce jour ! De nombreuses affaires seront traitées aujourd'hui pour le bien de la province et sous le regard bienveillant des Dieux. Qu'ils daignent témoigner que nos intentions sont pures et que nos décisions seront prises pour le bien de tous ! Le quorum est largement atteint ! La séance est ouverte !

L'assesseur tendit à un des pages qui était resté à ses côtés un petit sceptre peint en blanc. À chacune de ses extrémités, une boule d'or était cise dans un anneau du même métal et en son centre était frappé le casque de Ruvios et l'Aigle, les deux symboles de l'Empire Ruvien. Le jeune homme s'approcha avec humilité du Procurator et du Tribun du Peuple avant de tendre l'ojet en s'inclinant avec respect. Caïus échangea un regard avec le tribun qui hocha la tête brièvement en l'invitant silencieusement à se saisir du témoin. Cet objet traditionnel symbolisait le curiate ou le magistrat à qui était donné la parole et celui qui le détenait était en position de proposer des motions et des lois. Une fois le témoin rendu à l'assesseur, les débats débutaient, dérivant parfois -souvent- jusqu'à la cacophonie désordonnée, puis se terminaient par un vote. Lorsqu'on confiait à un Duumvir le témoin en début de séance, il devait s'acquitter du verba fecit, le discours d'ouverture. Malgré son air aimable et le sourire doux que lui offrait le Tribun Ravila, ce n'était pas vraiment un cadeau qu'il offrait à son confrère. Caïus se leva de son siège et se saisit du petit bâton blanc avant de lever l'autre main pour prendre une pose oratoire. Sa voix grave retentit bientôt entre les colonnes blanches de l'hémicycle.

Nobles Curiates ! Je découvre avec plaisir que vous êtes très nombreux à avoir répondu au cogere et je ne doute pas que la session du jour sera de celle qui marquera Edelmia pour les mois à venir.

Il tourna le visage vers la droite et rencontra le regard convergent du Préteur, au devant des Optimates, flanqués par le censeur Vosegus qu'on lui avait présenté comme un belliciste convaincu. Il parcourut les tribunes en dévisageant les autres curiates pour terminer son tour d'horizon par la face adipeuse et rougeaude de l'autre censeur, chef de fil des Populares, Lucius Sevinius Galba, lequel portait un cognomen des plus approprié tant sa masse s'étalait autour de lui. Le Procurator reprit.

Je constate avec regrets que l'Edile d'Edelmia n'a pas daigné répondre au cogere. Une absence aussi regrettable que remarquée, surtout qu'il semblait avoir de grands projets pour notre cité et qu'il était inscrit à l'Acta Diurna.

Le regard du Feles se posa une nouvelle fois sur le Préteur Scorpa. Il était connu que l'Edile Firmius était un conservateur convaincu et son absence pouvait porter préjudice au poids que représentait les Optimates. Il sourit au Préteur, le laissant seul juge de la sincérité du rictus, avant de reprendre son discours inaugural.

Avant de laisser la parole aux magistrats, afin que nous fassions un état des lieux de la province et que nous évoquions ses besoins et que les débats ne se lançent, je souhaite dissiper les doutes dont on a déjà fait part à mon égard. Je suis et resterai le Procurateur de cette province et de la Legio Aquila. Nous avons tous entendus les sinistres nouvelles venant de Ruvia et même si je fus un des proches de l'ancien empereur Numerius Julius Paetius...

Son coeur se serra alors qu'il prononcé le nom de celui à qui il devait tant, mais il s'efforça de garder sa rancoeur et sa morgue bien caché derrière le masque solennel qu'il avait enfilé pour dire son discours.

Je fais confiance à la Justice et aux autorités de l'Empire en ce qui concerne cette affaire. Je demeure à mon poste et je suis déterminé à remplir le rôle que le Sénat m'a confié par acclamation jusqu'à mon dernier souffle, pour le bien de l'Oncmélie Mineure et celui de l'Empire !

Les applaudissements s'élevèrent de la tribune qui s'arrondissait devant lui alors qu'il tendait le témoin au page avec un petit hochement de tête. C'était à présent aux magistrats de prendre la parole et de livrer le bilan de leur champ d'activité. Puis viendrait le temps des débats et des prises à partie. Ainsi était la théorie, mais en pratique les joutes oratoires étaient prêtes à se lancer. Le page avança vers les Optimates pour donner la parole au Questeur.
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Lucius Sevinius Galba

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeDim 20 Sep - 9:10

Galba n’avait jamais su blairer le moindre Optimate en cette auguste assemblée. Pourtant, entre Scorpa et Sépion, le choix était vite fait : l’odeur méphitique du barbu ne tardait jamais à lui prendre au nez, forçant ses larges narines à se froisser, ses lippes à s’ourler de désagréable manière. Quelle indignité qu’un étron pareil ait pu ne serait-ce qu'élever sa vieille carcasse à la dignité censoriale. Fort heureusement pour lui, la vieille carne était loin de son nez délicat, et ce n'était que lorsqu'ils devaient collaborer que son odorat souffrait d'horribles miasmes. Galba ne passerait pas cette séance en compagnie d'ennemis puants, mais entourés d'alliés, et même d'un homme dont l'apparition provoqua chez beaucoup l'étonnement, Lucius le premier.

Contre toute attente, ce fils indigne de Titus venait tout de même honorer son père de sa présence ! Plus que le retard, c’est le fait qu’il soit effectivement venu qui peignait le visage du censeur de surprise et d’inattendu. Pendant un instant, Lucius était prêt à voir son fils sous un autre jour, à lui accorder quelque chose dont il ne l’avait plus honoré depuis fort longtemps : un sourire. Un instant seulement. Car dès qu’il ouvrit la bouche, toute envie de lui témoigner tel sentiment retomba comme un mauvais soufflé. Il se contenta d’ignorer ses explications creuses, et l’invita à se taire d’un geste de la main, préférant se concentrer sur la session elle-même, un œil sur les duumvirs, un autre sur Scorpa.

Ce fut le nouveau représentant du pouvoir impérial qui ouvrit les hostilités. Au moins, le Caïus avait la voix portante et la prestance des grands rhéteurs. Mais voilà, aussi flamboyant et digne puisse-t-il être, Caïus Protero Feles jouait son spectacle sur des planches branlantes et fendues. Car avec les terribles nouvelles parvenues du sud et leurs tragiques conséquences, avait-il ne serait-ce encore qu’une once de légitimité sur ce poste tant convoité ? Après tout, l’autorité impériale dont il se revendiquait avait une plaie béante et suintante en lieu et place du cœur, et mangeait les pissenlits par la racine. Numerius mort, le prochain Imperator pouvait fort bien faire sauter Caïus. Une position précaire… mais qui pouvait s’avérer avantageuse pour celui autour de lui capable d’en tirer parti. Tirer la couverture à soi était un jeu auquel le premier des Sevinii excellait, n’en déplaise à sa frêle épouse.

C’est donc muré dans le silence, et l’air grave, que Galba frappa des mains tout en verrouillant son regard sur le duumvir. Il tentait de capter son regard, d’y découvrir ne serait-ce qu’une infime part de peur, d’appréhension. Qu’attendre de cette journée ? Les dieux avaient maintes fois prouvé qu’ils savaient se montrer farceurs à l’occasion. Le numéro pouvait commencer, au sein de cette Curie divisée et ébranlée en ses propres fondations. Pour l’heure, Galba resterait muet comme une carpe, il n’avait encore rien à dire. Mais quelque chose lui disait que Scorpa ne tarderait pas à griller la politesse à tout le monde, car ce vil serpent, en plus de l’avoir fourchue, avait la langue bien pendue.

Il souffla néanmoins à son fils, sans même se retourner, inclinant seulement son énorme masse sur le côté :

« Attends que les grandes affaires soient portées à la connaissance de tous. Ensuite, ce sera notre tour de proposer ce que tu sais. »

Il restait vague pour le reste des oreilles indiscrètes autour de lui, mais Galba et Merula savaient tous deux de quoi il en retournait. Plus un pas en arrière possible. Le monde s’ouvrait béant devant eux, ne leur demandant qu’à s’engouffrer dans la brèche.
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Marius Tullius Barbatus

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeLun 21 Sep - 10:29


Si jusqu'alors le questeur prenait généralement place dans l'hémicycle à la frontière entre les Optimates et les Populares, en ce jour de séance un peu particulière, le patricien changea ses habitudes. Sans doute à la satisfaction d'un Primo Scorpa dont le regard s'était attardé sur Marius, ce dernier pu constater que son futur gendre venait s'installer dans ses rangs, marquant ainsi une sans doute remarquée prise de position politique, jusque-là absente. Le questeur se sentait naturellement observé pour cette première séance plénière qu'allait animer le nouvellement nommé Procurator Feles. Posant sa tablette sur ces cuisses, il rajusta sa toge de magistrat avant d'adopter une attitude aussi humble que discrète alors que l’hémicycle se remplissait. Mais comme tout à chacun, une absence remarquée éveilla l'étonnement de Marius, celle de l'édile.

Très vite, pourtant, le questeur reporta son attention sur le devant de la scène, croisant la silhouette de Caïus Protero qui par protocole, ouvrit la séance après la brève prise de parole de l'assesseur. Le haut magistrat semblait constater avec satisfaction de la participation active des curiates d'Edelmia et espérait que cet engouement se pérennise sur le long terme. Le Procurator ne manqua ensuite pas de relever l'absence de l'édile et Marius, en cet instant, ne vendait pas cher de la peau de Servius Tuccius Firmius dans la prochaine confirmation de ces fonctions s'il persistait à bouder l'assemblée. Le discours de Caïus avait le mérite d'être clair, même si, à travers les sinistres événements que tout à chacun connaissait à présent, sa situation pouvait du jour au lendemain devenir précaire celon les décisions qui pourraient être prises en haut lieu.

Pour l'heure, cela importait peu au questeur qui en ce jour, devait tenir sa fonction et confirmer au prêteur que leur alliance naissante serait belle et bien affirmé et remarqué parmi leurs semblables. Lorsque la prise de parole du Procurator fut fini, Barbatus imita sans la moindre hésitation ces voisins, applaudissant brièvement avant de suivre du regard le page munie de l'objet symbolique de prise de parole. L'individu s'avança alors à sa rencontre. À présent, la parole était donnée aux magistrats afin de livrer le bilan de leur champ d'activité et l'on commençait naturellement par la plus modeste d'entre elle. Récupérant le petit sceptre peint en blanc, Marius se redressa, posant, face cachée, sa tablette sur son assise de pierres. Se raclant la gorge un court instant pour s'éclaircir la voix, il se plia alors volontiers à l'exercice, laissant naturellement en suspend la motion qu'il allait plus tard soumettre à l'assemblée.

- C'est sans grande surprise que je vous annonce la bonne santé de notre questure. La mise en œuvre des règles de dépenses et d'encaissements, ratifiés précédemment par cette assemblée, se déroule pour l'heure, sans grande difficulté notoire. Les rares débiteurs insolvables de notre chère cité, sont sous le coup de procédure de recouvrement, comme le veut nos lois, un court délai leur ai octroyé. Je reviendrais naturellement devant vous à mi-mandat pour dresser un premier bilan de l'année en cours, chiffres à l'appui. Je laisse la parole pour revenir un peu plus tard vers vous.

Il rendit alors le sceptre au page afin de laisser les autres magistratures s'exprimer avant que les motions dont la sienne soit enfin dévoilée et sujet à débat d'orateurs. Qu'en penserait son nouvel allié le prêteur ? La patience et la sagesse étaient après tout des vertus.
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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeMer 23 Sep - 23:30


Tandis que s'exprimait le Procurateur, le préteur Scorpa observait un pieux silence, imité en cela par les patriciens réunis autour de lui. Nul chahut pour interrompre l'orateur ; la voix de Feles résonnait claire dans les travées, signe que l'assemblée était encore disciplinée en ce début de séance.

Si Scorpa se garda bien d'intervenir, son visage se renfrogna à quelques reprises durant le discours d'ouverture. Il y avait d'abord l'absence remarquée de Servius Tuccius Firmius, laquelle ne manquerait pas de donner du grain à moudre aux adversaires des Optimates ; Scorpa maudissait intérieurement ses compères pour l'avoir poussé à soutenir la candidature de ce lourdaud lors des dernières élections. Il avait eu l'intuition que Firmius n'aurait pas les épaules pour ce poste ; si seulement il s'était écouté ! Déjà agacé par cet impair, Scorpa ne put réprimer un tic nerveux de la mâchoire lorsque Feles évoqua sa volonté de se maintenir à son poste de Procurateur, sans faire grand cas de la situation paradoxale qu'était la sienne, comme si toutes les objections légitimes qu'on pourrait lui présenter étaient négligeables à ses yeux. La Curie lui refuserait-elle le droit de la diriger, il eut autrefois argué qu'il représentait l'Empereur ; l'Empereur déchu et mort, il se revendiquerait dorénavant du Sénat. C'était commode. Il sentait le vent tourner, il se ceignait donc des bonnes grâces de ceux-là même qui avaient tué son ancien protecteur, arborant cette singularité comme une armure. Aussi arriviste que cynique. Patience, Caius Protero Feles, murmurait imperceptiblement Scorpa dans sa barbe inexistante, patience, nous n'avons pas fini d'en parler.

Oh, certes non, le sujet était loin d'être clos, mais il était encore bien trop tôt. Amoureux des traditions, Scorpa se devait de respecter le formalisme des séances. Il attendrait que vienne le temps des débats. Pour le moment, les magistrats étaient invités à rendre compte de leur gestion respective. Une forme de tour de table sans table, un exercice que redoutaient les néophytes, et dont se méfiaient même les vieux briscards. Le Questeur Barbatus ouvrait le bal. Ce dernier, en dépit de son jeune âge, n'en était pas à son coup d'essai, et livra sans trembler une situation de début d'exercice sans entaille. De quoi décevoir certains Curiates prompts à la critique, quoique les plus habiles trouvaient toujours quelque chose à redire.

« Un court délai accordé aux débiteurs insolvables ? » chuchota Messilianus à l'oreille du Préteur, avant d'ajouter, sarcastique : « Aucun intérêt, s'ils sont sans le sou, pourquoi attendre ? Il faut les réduire en servitude.
- Le Questeur a jugé bon de procéder ainsi »
, répondit Scorpa. « La suite nous dira s'il a eu raison.
- C'est un mou. Un mou !
- Modère tes paroles, Messilianus. »


Le Curiate se tut, mais son regard lançait des éclairs. Au vrai, Scorpa ne savait que trop bien ce que reprochait Messilianus au Questeur. Messilianus avait manifesté quelques mois plus tôt l'ambition d'obtenir la main d'Honoria, la fille de Scorpa ; un honneur qu'allait finalement remporter le Questeur. Si la nouvelle n'était pas officiellement annoncée, la rumeur courait déjà bon train, et Messilianus en avait probablement eu vent. Lorsqu'il avait pris place parmi les rangs Optimates quelques instants plus tôt, Marius Tullius Barbatus n'avait fait que confirmer ce que chacun avait deviné. Cela ne manquerait pas de susciter des dissensions dans les rangs de sa faction, Scorpa en avait conscience. Il trouverait un moyen d'atténuer la rancœur de Messilianus, d'une manière ou d'une autre.

Comme Barbatus terminait son exposé, Scorpa se leva à son tour, s'emparant du témoin. L'Edile absent ne pouvant rendre compte de sa gestion, c'était déjà à lui de vanter l'excellent travail qu'il accomplissait à la Préture depuis près de cinq mois.
Il en était très fier.

« Ave, nobles Curiates. En tant que garant de la justice edelmienne, j'ai le privilège et le devoir de vous livrer une information aussi concise qu'exhaustive sur l'activité de notre prétoire. Avant d'aborder le fond, j'évoquerai l’efficacité de notre justice, bien que cette vision ne soit que celle du magistrat. Je vous livrerai cet exposé en quatre points fort différents, et pour entamer le premier point, j'aimerais tout d'abord faire une petite parenthèse... comme vous le savez très certainement, le prétoire edelmien traite environ sept cents affaires par an, à raison de deux séances de justice par mois, ce qui est colossal. A titre de comparaison, c'est davantage que ce que traitent les tribunaux de Valtaia et Telioprate réunis. Et je ne parle là que des affaires ayant passé la phase de postulatio. De ce point de vue, le traitement d'un si grand nombre de rôles avec si peu de moyens humains pour de si honorables résultats ne peut qu'être jugé efficace. »

Il se lança ainsi dans un long discours, aussi passionnant pour lui que pénible pour son auditoire, sur les innombrables billets de delatio qu'il rédigeait quotidiennement, ces documents qui fixaient le cadre de chacun des procès qu'il était amené à diriger ; il insistait sur le soin qu'il mettait à préparer ces séances, le sérieux avec lequel il fixait la mise au rôle des séances de justice, et la transparence avec laquelle il admettait ou rejetait les mesures coercitives réclamées par les justiciables. Le tout, bien sûr, en noyant les uns et les autres de circonvolutions doctrinales proprement imbitables pour le profane. Pour faire passer le tout, il se permit un ou deux traits d'humour, mais les plaisanteries étaient à chaque fois trop pointues et sibyllines pour être comprises de la masse. Il n'avait jamais été très doué pour faire rire volontairement les gens.

« Si la justice est appliquée avec la sérénité nécessaire, je ne puis m'empêcher de dresser un constat alarmant de certaines réalités dont je suis, de par ma charge, un spectateur de tout premier plan », conclut Scorpa avec gravité. « Les incivilités explosent. Elles sont chaque mois plus nombreuses et plus sordides. A titre d'illustration, j'ai eu à connaître, pas plus tard que le mois dernier, de trois parricides et deux incestes. Des femmes vont jusqu'à délaisser la couche de leur époux pour s'amouracher d'esclaves dont elles embrassent la condition. Mais où est-on ? Va-t-on enfin appeler la plèbe à un peu de décence ? » Si ce n'était que la plèbe, aurait-il pu ajouter, comme son œil torve lorgnait les rangs des Populares, avant d'aller se figer sur le Tribun consulaire affalé dans sa chaise curule au milieu de l'estrade. « Voilà pourquoi j'ai pris le soin de durcir mes actes de delatio, mais plus les peines que je fixe sont sévères et moins les jurés sont enclins à retenir la culpabilité le jour du procès. Les plebéiens sont comme des enfants, ils ne discernent guère ce qui est bien de ce qui est mal ; c'est à nous, nobles patriciens, de les recadrer et de sévir. J'en appelle à cette noble assemblée, car il est de notre devoir à tous d'inspirer le peuple, de lui inculquer les bonnes manières avec fermeté et rigueur comme nous le faisons avec nos enfants. Ceux qui me connaissent savent que j'ai toujours été ferme avec les miens, et je sais que je n'aurai jamais à le regretter. »

C'est sur ces paroles que Scorpa rendit au jeune page le témoin, ignorant que, peut-être, il serait amené sous peu à revoir la véracité de sa dernière phrase.
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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeJeu 1 Oct - 1:38


Que c'était long, mais long ! C'était une chose que de se trouver là, dans cette assemblée, entouré de Curiates - compagnie déplaisante s'il en est. Voilà qu'à présent, les magistrats se succédaient, un à un, pour s'autocongratuler d'avoir fait semblant de bosser ces derniers mois. Les magistrats étaient les pires de tous ; des hommes aux dents aussi longues que leurs idées étaient courtes. Des hommes comme son père. Ils n'étaient peut-être pas tous aussi laids et gras que le Censeur Galba en apparence, mais leur cœur était tout aussi noir à l'intérieur. Noirs, tous, y compris celui du Questeur Barbatus, ce jeune faraud aux airs de gendre idéal qui vantait la bonne tenue de ses comptes. Il plairait tant à mon père que je sois comme ce type, pensait le fils prodigue, mais je suis sûr qu'il y a quelque chose de bien vicelard derrière cette barbe.

Pendant qu'il faisait mine d'écouter, Merula laissait son regard traîner dans la salle. Quelque chose manquait désagréablement dans cette assemblée remplie d'hommes. Ça manquait de femmes, justement. Une ou deux paires de seins pour égayer l'atmosphère, était-ce trop demander ? Pas étonnant qu'ils soient tous aussi détendus qu'un subligaculum trop court.

Luttant contre l'ennui, il sortit de sa toge une miche de pain, en grignota une partie et se servit du reste pour envoyer des boulettes sur le crâne d'un Curiate assis quelques rangs plus bas. Il s'interrompit au moment où l'intéressé tournait la tête, et reconnut ainsi Primus Cassius Murena, l'avocat qu'il avait brièvement croisé lors d'une soirée chez Harmonia Iustia. Merula se demandait d'ailleurs ce que devenait cette généreuse bonne femme au cœur débordant d'amour. Un de ces jours, il irait lui témoigner son affection... s'il le pouvait. Car tandis qu'il s'adonnait à ce petit jeu de patience, les pensées de Merula le ramenaient sans cesse à ce qui se tramait en ce moment hors de la Curie.

Pourvu qu'ils réussissent, pourvu que tout se passe sans accroc, pensait-il, comme si se faire le scénario dans son esprit pouvait influer sur le cours réel des évènements. Si concentré qu'il était, la dernière phrase de Scorpa lui arracha pourtant un rire franc qui résonna dans les travées. Il s'empressa de l'étouffer dans les plis de sa propre toge, mais il était trop tard pour ne pas attirer l'attention.
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Caecilia Lubania

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeDim 4 Oct - 18:55

Caïus suit les discours avec attention bien que la patience n'est jamais été son fort. Il observe, il attend. Il se demande comment il pourrait profiter de la situation et il remarque déjà que les choses vont vite. L'Edile n'est pas là, et son absence ne semble pas avoir été prévue... Sa place serait-elle bientôt vacante ? Ce serait une belle opportunité. Il est jeune mais il fait partie de ces hommes qui n'ont pas de temps à perdre. Ce n'est pas quand il aura cinquante ans passés qu'il devra commencer sa carrière. Il pourrait tirer son épingle du jeu. Mais il sait que c'est une course qui attirera sans nul doute son lot de concurrents et que la bataille sera rude.

Le frère de Caecilia Lubania s'est assis à côté de Primus Cassius Murena. Ce dernier a l'air incommodé et regarde autour de lui comme si on lui avait jeté quelque chose. Caïus connaît peu cet homme mais Caecilia lui en parle souvent, car ce n'est nul autre que le beau-frère d'Harmonia Iustia.

- Ave, Primus. Comment va ta femme Cornélia ? Et ta fille ?

Il hésite à demander des nouvelles d'Harmonia D'après Caecilia, la Murène tisse sa toile autour de sa belle-sœur comme une araignée qui piège sa proie. Ce n'est pas étonnant. Elle est veuve, n'a qu'un fils et une belle fortune. Même Caïus l'envisage comme un choix possible pour un mariage futur, même s'il n'en a jamais parlé à Caecilia. Car en plus d'être un bon parti, c'est une très belle femme et il est hors de question qu'il épouse autre chose qu'une très belle femme. Mais si ça doit arriver, il faudrait se préparer à affronter la Murène. Et peut-être aussi le Questeur Marius qui est en train de parler devant l'assemblée. Caïus a entendu dire que cet homme était aussi un proche d'Harmonia, et même de Caecilia, car ils vont ensemble au théâtre. Il ferait bien de le surveiller également.

Après le Questeur, c'est au tour du Préteur de parler et ce dernier parle pendant très longtemps. Le discours ne captive pas vraiment Caïus qui ne s'intéresse pas à la justice, mais la fin attire son attention. Le Préteur se plaint du peuple et de ses mauvaises manières, il pense qu'il faut sévir, mais n'a-t-il pas peur de la révolte ? Caïus reste sceptique et il n'est pas le seul, dans la foule des patriciens on entend un homme rire. Il se retourne en se demandant qui cela peut-il être...
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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeVen 9 Oct - 19:40

Sans la décence et une certaine retenue, Galba se serait sans doute joint aux ricanements de son fils lorsque ce grandiloquent de Scorpa finit ses diatribes. L’idée sournoise de souligner ses dernières paroles en désignant son aîné prodigue lui piquait furieusement les papilles, comme un vilain aiguillon de manticore prêt à cracher son venin. Finalement, ce fut le gloussement sonore de son fils qui acheva de lui en ôter l’envie. Il admonesta même Titus d’un regard de reproche, légèrement déridé par la commissure narquoise de ses lèvres. Une désapprobation, mais pour le geste, car sa dignité censoriale lui empêchait de se mêler de trop aux joutes enfantines auxquelles se livraient parfois les curiates. En somme, et c’était étrange à concevoir, mais Merula son fils lui avait peut-être rendu service.

Après le discours plat du questeur et la verve pompeuse du préteur, il était de bon ton qu’un membre de la magistrature censoriale s’exprime. Or, afin d’empêcher cette vieille bique de Sépion de déranger l’auditoire de son haleine de bouquetin, ce fut Galba qui releva son imposante bedaine pour faire face à l’assemblée ; exploit tout aussi impressionnant qu’il n’y avait sans doute que lui-même pour supporter son poids parmi tous ces gens. Débordant de gras et de gravité patricienne, Lucius tendit un bras bouffi vers le porteur de témoin. Son regard se perdait dans la Curie tandis qu’il attendait que le jeune homme lui apportasse le sceptre, mais une fois que ses doigts boudinés se refermèrent sur l’ivoire de l’instrument, son expression se figea et il tourna la tête vers le procurateur sur sa chaise de duumvir.

« J’aimerais porter à l’attention de tous une affaire à laquelle j’ai mûrement réfléchi, en ma qualité de censeur de la province. »

Galba fit une petite pause, s’assurant que les babillements de certains s’estompent devant le poids écrasant du silence, puis il reprit de sa voix portante :

« En accueillant le procurateur Feles en Edelmia, il me paraissait de bon ton d’envisager de graver son nom dans le registre alloué aux honorables patriciens de notre belle province d’Oncmélie ! »

Faisant un léger pas de côté tout en levant les bras, il reprit :

« Les tragiques événements s’étant déroulés à-même la capitale m’ont fait craindre qu’une telle décision soit prise à la hâte… Néanmoins, je maintiens ma proposition : malgré sa collusion avec l’usurpateur, il nous faut conserver des hommes comme le procurateur. »

Un sourire en coin, le censeur donne à nouveau de flasques gestes dans le vide, joignant le geste à la parole comme ces fameux natifs de la vieille Ruvia savaient le faire.

« Jamais n’ai-je vu en si peu de temps patricien s’accommoder si vite à notre parfois capricieuse province. Non seulement s’est-il comporté avec toute la dignité due à sa magistrature ; Caïus Feles s’est aussi illustré, à peine arrivé, par sa sollicitude en rendant une visite aux légionnaires gardant notre tumultueuse frontière, faisant fi des barbares outre le limes. »

Là encore, avec un regard en biais pour Publius, il décocha :

« Et ne dit-on pas que derrière chaque homme de grandeur se trouve une femme de qualité ? Depuis son arrivée, elle ne fait qu’être sur les lèvres de tous ceux que je croise. Laelia Antia Protera incarnerait, selon certains, la personnification des vertus de la matrone ruvienne. Pieuse, digne, fidèle et venant d’une famille de renom. Oui, je vous le dis sans gêne aucune, mes bons amis : malgré la tragédie, c’est une bénédiction que de tels exemples s’en soient venus s’établir en notre belle Oncmelia Minor. Qui sait, Scorpa, peut-être est-ce avec plus de ces bons Ruviens que tu pourrais sauver la face de la préture ? »

Une mélopée de ricanements flotta un instant dans les rangs populares, amorcés par quelques amis du gros Galba. Ce dernier conclut de sa voix riche et forte :

« C’est donc sans plus de palabres que, malgré les remous impériaux et la situation… familiale du procurateur, que je soumets cette honorable assemblée à un vote afin d’inscrire Caïus Protero Feles au registre de nos patriciens locaux. »

L’énorme censeur ne put s’empêcher un regard malicieux pour le vieux Sépion, à l’autre bout de l’hémicycle.
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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 10 Oct - 14:45


Publius regarda tour à tour les orateurs, avec la gravité de celui qui juge. Car là, bien assis sur sa chaise de Duumvir, il ne savait que trop bien que les discours n’iraient que de mal en pire ; si d’abord l’exposé placide du jeune Barbatus l’avait laissé de marbre, la prise de parole de la vipère Scorpa ne l’avait point déçu. Toujours prompt à la grandiloquence de ceux qui manquaient de charisme, l’optimate s’était une nouvelle fois rendu coupable d’une agitation certaine dans les tribunes. Ses mots, même bref sur son commensal procurateur, n’était là que la traînée d’huile que Galba enflammerait bientôt. Le gras personnage, même s’il partageait ses opinions, n’avait guère les mêmes méthodes que le tribun. Drapé de sa toge, celui que tous redoutaient comme le loup blanc s’exprima avec sa verve habituelle.

Il était étonnant de voir son cou grassouillet se mouvoir dans des ondulations sinistres, alors que ses petits yeux porcins semblaient luire d’intelligence. Quoiqu’il lui en coûta de l’admettre, le tribun consulaire ne pouvait nier l’aisance politique de Galba : il était aussi gras que vif en la matière. Il écouta avec attention, cherchant le sens sous les mots savamment choisis par la Magistrature. C’était là le début d’une joute d’intention dont, certainement, il se serait bien passé. Publius n’était plus le fringuant jeune homme qui entrait dans l’hémicycle pour la première fois ; lassé sûrement des mêmes querelles, il glissa à nouveau ses mires vers Caïus Protero Feles. Non, ce n’était pas comme les autres fois. Il se jouerait aujourd’hui une partie bien plus importante que toute les précédentes, car si d’aventure chacun venait à légitimer la position d’un apostat, le Chat pourrait asseoir toute autorité sur la Province. Si loin de Ruvia, il était important de mesurer chaque décision avec précaution. D’autant que le sage tribun n’avait encore réussi à statuer sur celui qui siégeait à sa droite.

Devait-il réellement lui faire confiance ? Quoiqu’il voila avec pertinence quelques affirmations assassines – bien mieux que Primo en tout cas -, Galba semblait enclin à tenter la chance. A moins qu’il ne s’agisse ici que d’un prétexte pour faire réagir l’assemblée ? Les Populares attendaient certainement de lui qu’il s’exprime sur la proposition du chef de file, et à l’aube de son allocution, il n’avait encore aucune foutue idée de ce qu’il allait pouvoir répondre. Que Kohta s’amuse donc de lui ! Il ferait confiance à son instinct. Et alors qu’un brouhaha s’élevait des gradins, le tribun se leva avec calme, une main sur la poitrine, l’autre levée en signe d’apaisement.

« Je souhaiterais prendre la parole ! ».
Sa voix claire raisonna juste assez fort pour couvrir le bruit ambiant, mais pas de trop pour ne pas paraître autoritaire. C’était là sa façon bien à lui d’imposer le calme et d’obtenir de l’assesseur un mouvement de tête lui donnant ce qu’il demandait.
« J’ai entendu comme vous ce que nos magistrats ont dit. J’ai entendu à travers chaque discours à quel point la situation de notre chère province demeure précaire.
« N’est-ce pas là un fait établit depuis trop longtemps maintenant ? N’avons-nous pas pour devoir, nous curiates, d’offrir à cette terre la prospérité ? »
. Il balaya l’assemblée d’un regard déterminé. « Aujourd’hui je ne peux qu’abonder dans le même sens que mes confrères. Il nous faut remédier aux problèmes intestins qui nous immobilisent, et nous libérer de ces chaînes invisibles. Moi, Publius Acilius Ravilla, je refuse d’avoir été nommé pour être esclave. Et je ne ferais pas du Procurateur Protero un libérateur ».
Il laissa sa phrase s’envoler dans les quelques discussions de l’hémicycle.
« Car Caïus est l’un des nôtres, tenu par les mêmes liens. Aussi, je soutiens en mon nom, la demande du Censeur Galba. Il n’y a que l’honneur et la dévotion d’hommes de valeur qui pourra changer l’Oncmélie Mineure durablement. Devant les Dieux dans leurs palais, je vous demande instamment de bien réfléchir ; jugez-vous qu’un autre serait plus digne de siéger ici devant vous ? ».

Le vieux Publius s’arrêta pour de bon, et regagna son siège déjà froid. N’était-ce pas là ironique ? La gelure de son postérieure lui rappela âprement l’équilibre chancelant de son statut. Et presque aussitôt que la sensation le gagnait, l’assesseur s’exprima de sa voix chevrotante :
« Patriciens, vous avez entendu les arguments de ceux qui proposent la motion. Que ceux qui souhaitent encore s’exprimer sur le sujet se fasse connaître avant que nous passions au vote de l’assemblée. ».

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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 10 Oct - 15:51


Assis sur son siège curule, le coude posé sur l'accoudoir et la main repliée sous son menton, Caïus écouta les magistrats faire le bilan de leurs fonctions l'un après l'autre. Questure, Préture, Censure, chaque pan de la magistrature eut droit à son moment. Les premiers murmures et éclats de rire résonnèrent de part de d'autre de l'hémicycle, alors qu'Optimates et Populares se faisaient un devoir de chahuter leurs adversaires. Au centre, les curiates modérés -que leurs détracteurs appelaient les mous- se contentèrent de jouer les spectateurs du duel qui ourdissait déjà.

Le témoin blanc passa de main en main jusqu'à l'extrémité gauche, où le censeur Lucius Sevinius Galba s'employa à montrer sa verve autant que son embonpoint. Par tous les Dieux des Palais Célestes, Le Feles se demandait comment un tel mastodonte pouvait se mouvoir. Au contraire de son nemesis, le Préteur Sicinius, il était une succession de bourrelets engoncé dans une toge où l'on aurait pu abriter trois hommes. Du coin de l'oeil, Protero observa les réactions du camp adverse lorsque le censeur interpela directement le chef de file Optimate sous les ricanements de ses suiveurs.

Malgré une allocution enrobée de miel, les mots utilisés par Galba n'étaient pas si innocents qu'il pouvait y paraître. Même si de prime abord, il faisait l'éloge du Feles, il ne manquait pas de rappeler sa proximité avec le défunt Imperator, allant jusqu'à évoquer une "collusion avec l'usurpateur", des termes forts et à la limite de l'insulte pour qui voulait chercher l'affront. Caïus garda un visage neutre, se contentant d'un léger sourire pour accueillir la proposition de Galba, dissimulant du mieux qu'il put son amertume. C'était un acte politique autant que symbolique que venait de proposer le censeur. Le Feles serait ainsi reconnu comme un membre légitime de la Curie et l'engageait à demeurer dans la province sans chercher à vouloir tirer vengeance de l'assassinat de l'oncle de son épouse. Tout ceci enterinnerait une rupture définitive avec la capitale de l'Empire et ses complots dans les travées du Sénat. Jusque dans la mort, la mémoire de Paetius serait piétinné, lui que beaucoup trop appelait dorénavant "l'Usurpateur".

Le Tribun se leva ensuite, demandant la parole avec assurance. Le Duumvir attendit l'assentiment de l'assesseur et que le calme fut retrouvé dans les tribunes où les esprits s'échauffaient déjà. Ses mots retentirent forts et clairs.

J’ai entendu comme vous ce que nos magistrats ont dit. J’ai entendu à travers chaque discours à quel point la situation de notre chère province demeure précaire. N’est-ce pas là un fait établit depuis trop longtemps maintenant ? N’avons-nous pas pour devoir, nous curiates, d’offrir à cette terre la prospérité ? Aujourd’hui je ne peux qu’abonder dans le même sens que mes confrères. Il nous faut remédier aux problèmes intestins qui nous immobilisent, et nous libérer de ces chaînes invisibles. Moi, Publius Acilius Ravilla, je refuse d’avoir été nommé pour être esclave. Et je ne ferais pas du Procurateur Protero un libérateur.

Les rangs curiates bruissèrent de quelques chuchotements alors que Caïus avaient vus les regards se tourner vers lui à l'unisson. Il demeura de marbre, écoutant paisiblement l'intervention de son honorable confrère.

Car Caïus est l’un des nôtres, tenu par les mêmes liens. Aussi, je soutiens en mon nom, la demande du Censeur Galba. Il n’y a que l’honneur et la dévotion d’hommes de valeur qui pourra changer l’Oncmélie Mineure durablement. Devant les Dieux dans leurs palais, je vous demande instamment de bien réfléchir ; jugez-vous qu’un autre serait plus digne de siéger ici devant vous ?

Le Feles échangea un regard avec Publius et hocha la tête. Le vieil homme avait pris sa défense à demi-mot, tentant de faire oublier les sourdes menaces qui hérissaient la prise de parole de Galba. L'assesseur frappa son bâton sur le sol avant de déclarer.

Patriciens, vous avez entendu les arguments de ceux qui proposent la motion. Que ceux qui souhaitent encore s’exprimer sur le sujet se fasse connaître avant que nous passions au vote de l’assemblée.

Se redressant légèrement, faisant quitter à son menton la paume de sa main, le Procurateur intervint d'une voix paisible.

J'aimerais prendre la parole un instant, honorable assesseur.

Le vieillard se tourna vers lui, relevant ses sourcils neigeux en creusant une ribambelle de sillons dans son front tavelé. Il hocha la tête et le Procurator se leva avant de faire un pas en avant.

Avant de procéder au vote et par souci de transparence, je souhaite m'abstenir sur ce sujet. Il n'est pas de mon ressort de statuer sur mon cas et bien que je suis honoré de la proposition du censur Galba, ainsi que de ses éloges envers moi et ma famille ...

Il coula un regard vers l'homme ventripotent, plissant légèrement les yeux pour lui offrir un sourire aimable mais pas dupe. Si le pachyderme avait la moitié du sens politique qu'on lui prêtait, il saurait décoder ce bref échange visuel. Le Feles poursuivit.

Je vous laisse, chers pairs, être seuls juges et accepterai avec humilité votre choix quel qu'il soit.

Le Procurateur regagna son siège et tourna son regard vers le camp Optimates qui s'agitait légèrement. Les curiates échangeaient déjà leur point de vue sur la chose et nul doute qu'un de leurs chefs de file se lèveraient sous peu pour prendre la parole.


Dernière édition par Caïus Protero Feles le Dim 11 Oct - 11:59, édité 1 fois
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Sepion Vosegus Comatus

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 10 Oct - 21:01



Dans son dos, les biens avisés parlent. À voix basse, de manière grinchante, pestent et suintant pour certains ; Sepion ne capte que des brides de leurs palabres chuchotante, mais leur dirent résonnent de meilleurs manières à ses esgourdes que la lie chuintante qui dégobille des centaines de glissoirs à foutre se trouvant dans cette pièce. À dire vrai, le Comatien à du mal à garder son attention fixée sur un point précis ; son esprit virevolte d'un endroit à l'autre de la salle et dévisage aussi bien les jeunes éphèbes, puceaux que les plus vils vociférant au teint grisonnant. Ces derniers sont ses préférés : à les toiser ainsi, on pourrait presque apprécier la façon d'ont, ils se tiennent, se croyant maîtres de cette assise de merde sur laquelle ils posent leurs séants.

Mais ils se trompent, car au-dessus de cette mêlée de moineau ne volent que quelques vieux corbeaux et un seul aigle. Sepion lui, connaît son rôle et cette demande bien quel genre de volatile croit être ce nouveau Procurator. Ses paroles sont vives, pas mauvaise, et encore moins fausse et la menace qui pointe sous ses dires réussis même à lui tirer quelques satisfactions. Car Sepion le sait, ils sont nombreux ceux à n'attendre qu'une faille pour s'y insérer ; véritable nuée grouillante fondant sur une plaie pour tenter d'y chier son immonde descendante. Le Feles serait t'il l'homme de la situation ? Seul le temps le dira. Sa mission se veut longue, car le nombre d'incompétent se veut légion.

Pourtant, il le voit, certains essayent de faire quelques efforts, comme le jeune Barbatus par exemple. Son discours se veut droit, sa parole est franche et il ne tremble pas quand il annonce son bilan ; c'est une bonne chose. Mais derrière tout ce faste, le Censeur détecte les vices des gens de sa sorte, il cherche à enfumer l'audience en récoltant les lauriers de la multitude œuvrant dans l'ombre. Car si Marius Tulius Barbatus fait exception par rapport à la masse, il ne fait pas exception à la règle : il reste un parfait indolent, flâneur et tire-au-flanc.

L'exposé de Scorpa lui, se veut plus intéressant. Une nouvelle fois, Sepion écoute plus par attrait personnel en la personne de l'Édile que pour sa prose. Cet homme produit sur lui un effet des plus curieux ; le Comatien, détecte quelque chose sous ses traits malfaits ; une grandeur, une folie, une flamme brûlante dans ses mires désaxées qui si son instinct ne le trompe pas, le mèneront un jour au plus haut des prestiges.

La suite, n'est qu'un immense ramassis de conneries. Les jeunes laissent la place au plus vieux sans que le débat ne s'en voit bien nourris. Car les fringants indolents ne donnent en vieillissant que de fieffer merdeux. Surtout chez ces lécheurs de chibres plébéiens que sont les Populares.
Le Gras au loin, lui sourit. Il pense sûrement avoir réussi à couper l'herbe sous le pied des meilleures âmes que la sienne ; trop englué par le saindoux qui lui baignent dans la caboche, il pense que des lauriers divins sortis du cul des dieux lui tomberont sur le faciès pour avoir proposé une motion qu'il juge surprenant. Hors, il ne s'agit là que d'une formalité, une simple formalité pour ceux sachant sacher.

Décidant qu'il est temps de rentrer dans la danse, le Comatien se lève de tout son long faisant signe à l'assesseur qu'il souhaite s'exprimer. L'Ancêtre qui répond au nom d'Aulus Pleminius Bestia n'est pas un mauvais bougre, mais autant dire que la bête en lui, se trouve aujourd'hui bien loin. Quand le témoin lui arrive dans les mains, Sepion ménage son effet, garde un instant le silence, tirant une trogne qui ferait passer la porte des enfers pour sympathique.

« Quant à l'horizon, pointe funestes nouvelles, le faible s'empresse toujours de se réfugier derrière le fort en jurant que quand l'heure viendra, il se joindra à l'effort. De tout temps, il en fut ainsi et l'histoire, notre histoire, regorge de faible s'étant octroyé les victoires héroïques d'hommes plus forts qu'eux. L'histoire politique, quant à elle, est souvent, hélas, le cimetière des différentes âneries humaines, aujourd'hui encore, cette motion proposée par l'honorable Galba en fait exemple, car, avons-nous réellement besoin de nier l'évidence ? Notre province, notre peuple, notre armée, requièrent un chef et nous disposons de ce chef, il se tient ici, devant vous. Aveugle et sot serait celui que souhaite le nier. Ce choix n'en est pas un, car il n'existe aucune autre route si nous souhaitons conserver les acquis qui sont les nôtres. S'il n'ait pas encore dans vos cœurs, il doit l'être dans vos esprits : je le dis et je l'affirme, Caïus Protero Feles est aussi Oncmélien que n'importe lequel d'entre nous. »

C'est sciemment qu'il avait omis le rôle du Duumvir dans cette affaire, c'est sciemment qu'il avait piqué au vif les mous des bancs Populares, car Sepion sait que les règles imposent de passer par l'encre des registres ces formalités, mais il ne peut se résigner à laisser le Gras sourire plus longtemps sur son tas d'immondices. Il a agrémenté sa prose de gestes secs avant de se rasseoir tout aussi rudement. Un nouveau vent s'échappe de son fondement, mais il se trouve couvert par les applaudissements nourris de ceux qui suivent sa pensée. Son regard lui, ne se pose que sur le Procurator : c'est une fleur qu'il lui fait ici, car ils sont seuls à savoir qu'aucun lien ne les lient encore réellement. Sepion à de façon ostentatoire et publiquement prit son parti et compte bien recevoir la monnaie de sa pièce que le temps sera venu.

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeMar 13 Oct - 10:08

Si certains pouvaient aisément voir transparaître platitude et discours pompeux, le laurier du plus brillant intervenant était à offrir à l'imposant et disgracieux Lucius Sevinius Galba. Le patricien venait de proposer un motion qui ne laissait nul doute à l'interprétation et il n'était même pas envisageable d'imaginer la vision de cette homme gobant tout entier les joyaux de la plus haute magistrature.  Mieux valait pour Marius, applaudir intérieurement cette suggestion qui, soyons honnête, n'allait sans doute pas rencontrer une franche hostilité. Cependant, fait plus inquiétant, l'opulent curiate semblait attaquer de front le nouvel allié du questeur et Tullius était bien intrigué par la future réaction qu'allait indéniablement formuler le prêteur.

Pour l'heure, Marius n'avait pas à reprendre la parole, son heure viendrait. Noyé dans l'assemblée, le patricien suivrait sans doute l'avis de Scorpa lorsque ce dernier se déciderait à se prononcer sur la question d’inscrire Caïus Protero Feles au registre de nos patriciens locaux. Ce n'était nullement de la lâcheté, seulement une forme de prudence car il venait après tout de quitter un courant politique neutre pour rejoindre les rangs des Optimates dans cet hémicycle, une fois n'est pas coutume, jouant à quelques exception, à guichet fermé.  
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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeJeu 15 Oct - 1:14


« Je demande la parole. »

Tandis que l'assesseur portait le témoin au préteur, nombre de Curiates, y compris dans ses propres rangs, se demandaient bien quelle position ce dernier allait adopter. Chacun pouvait deviner que la motion proposée par le Censeur Galba, son ennemi juré, était pour lui un sale coup ; outre qu'elle permettait aux Populares de s'attirer les bonnes grâces du Procurateur - coupant l'herbe sous le pied des Optimates - la proposition le plaçait lui, Scorpa, devant un choix difficile. Devait-il l'approuver ou la rejeter ? L'approuver lui éviterait probablement de se mettre le Procurateur à dos, mais Galba en conserverait tout le crédit - et cet immonde phacochère n'aurait de cesse de se targuer d'avoir fait l'unanimité. De cela, Scorpa ne voulait pas, et par principe, il lui était impossible d'approuver quoi que ce soit qui sorte de la bouche visqueuse de Lucius Sevinius Galba.

Fallait-il rejeter la motion, alors ? C'était encourir l'inimitié du Procurateur, tout en le poussant encore plus sûrement vers les rangs des Populares. Un choix difficile et dangereux. Un choix que vint compliquer encore l'initiative de Sepion Vosegus Comatus, qui prit le parti d'approuver la motion tout en se fendant de remarques acerbes à destination de Galba. Intérieurement, Scorpa bouillait ; d'une certaine manière, Sepion lui forçait la main. Puisque ce dernier avait accepté la motion, la sagesse voulait qu'il l'accepte lui aussi. Les deux hommes étaient alliés, ils représentaient chacun une frange conséquente du courant Optimate ; émettre un avis différent, c'était révéler au grand jour une divergence d'opinion.

Oui mais bon...

« Voilà une touchante initiative, Censeur Galba. Et fort désintéressée, je suppose. Une fois de plus, tu fais montre d'un talent remarquable dans l'art de la flatterie. »

Les paroles du préteur résonnèrent dans les travées, soulevant des rires dans ses rangs, auxquels répondirent les huées dans le reste de l'hémicycle. Mais ce n'était là qu'une mise en bouche, auquelle chacun avait l'habitude ; quel que soit le sujet, Scorpa et Galba commençaient toujours par s'envoyer des fions. L'essentiel venait après.

« Je m'associe bien volontiers à la célébration des vertus de notre Procurateur. Je crois, oui, que Caïus Protero Feles est à la hauteur de la fonction qui est la sienne ; une fonction, dois-je le rappeler, dont la nomination n'est point de notre ressort... » Il laissa traîner ces paroles quelques instants, comme pour leur laisser le temps d'imprégner les cerveaux les plus lents. « Puisque le Procurateur est la voix de l'empereur dans la province, comment cette voix pourrait-elle être oncmélienne ? Depuis que l'Oncmélie est, les empereurs choisissent leurs représentants dans leur entourage, à Ruvia ; s'ils avaient voulu nommer un Oncmélien, il y a bien longtemps qu'ils nous auraient délégué la responsabilité de le désigner. »

Pendant que son œil oblique fixait une colonne, l'autre parcourait l'assemblée, toisant avec mépris le Tribun Acilius avant de s'attarder plus longuement sur le Procurateur Feles.

« Caïus Protero Feles n'est pas Oncmélien, et c'est précisément ce qui fait toute son importance. Il peut porter sur notre institution le regard d'un étranger, avec le recul et la hauteur qui inspirent les meilleures décisions. Et parce qu'il n'est pas des nôtres, il peut conduire et arbitrer nos débats sans se laisser influencer par nos vieilles querelles partisanes. C'est à ça que sert un Procurateur, et le noble Censeur Galba nous propose ni plus ni moins que de priver Caïus Protero Feles d'un tel atout. Aussi je m'interroge, oui, je m'interroge sur le sens de sa proposition... tout comme je m'interroge sur la façon dont cette initiative sera interprétée à Ruvia. »

Il n'en dit pas davantage ; il avait instillé le doute dans l'esprit d'une partie des Curiates, et le doute est à la fois plus efficace et moins fatigant qu'une longue démonstration.
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Titus Sevinius Merula

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeSam 17 Oct - 18:32


Merula baillait à s'en décrocher la mâchoire. Par politesse, il prit le soin de couvrir d'une main sa bouche grande ouverte, mais le son n'en résonna pas moins dans les travées. Heureusement, les débats accaparaient toutes les attentions ; du moins celles des Curiates qui arrivaient à suivre. Ce qui n'était guère le cas de Merula, qui peinait à garder les yeux ouverts et était forcé de recourir à divers subterfuges, comme d'imaginer le Tribun habillé en rose. Le truc fonctionnait toujours, même s'il était parfois obligé de varier les couleurs.

L'intervention du préteur Scorpa et son interminable baratin auraient pu être le coup de grâce, l'ultime épreuve qui l'aurait vu sombrer dans les méandres du sommeil ; mais pas aujourd'hui. Car tandis que Scorpa parlait et déféquait allègrement sur leur gang, Merula songeait plus que jamais à Honoria. Comment un être aussi morose et triste que Scorpa avait-il pu engendrer pareille merveille ? Elle devait forcément être la fille d'un gladiateur. Elle était tout ce que son père n'était pas : belle, rêveuse, pleine de vie, avide d'expériences et d'aventures, et elle avait même des seins. Aussi, à mesure que parlait Scorpa, Merula plantait sur le préteur un regard plein de défi - même si, compte tenu de la foule, il était peu probable que ce dernier le remarque. Ce dernier était trop occupé à vilipender ses adversaires, leur reprochant de lécher les bottes du procurateur pour mieux pouvoir les lécher à son tour.

« Il est en train de te manquer de respect », chuchota Merula à l'oreille de son père comme s'il ne s'agissait pas d'une évidence. « Le faquin ! »

L'attaque du préteur contre le censeur Galba avait déclenché les premières huées. Il n'avait pas fallu longtemps pour que la Curie retrouve ses bonnes vieilles habitudes ; les patriciens oubliaient généralement le sens de la retenue à partir du moment où l'un d'eux se mettait à élever la voix. Aussi Merula profita-t-il du brouhaha ambiant pour cracher à haute voix son venin lui aussi. Malheureusement, le brouhaha retomba juste avant qu'il l'ouvre, et sa voix résonna distinctement dans les travées :

« Et nous, on s'interroge de pourquoi t'es con à bêcher de la flotte, vieux chattemite fini à la pisse ! »

Comme nombre de regards se tournaient dans sa direction, Merula prit un air surpris et fit mine de chercher lui aussi qui venait de proférer pareille grossièreté.
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Caecilia Lubania

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeDim 18 Oct - 12:34

Caïus observe attentivement les débats. La première motion proposée divise l'assemblée et chacun des magistrats fait savoir son opinion, sauf l'Edile qui est absent et le Questeur qui reste silencieux. Le frère de Caecilia réfléchit à la manière dont il peut profiter de la situation actuelle. Il doit se préparer au vote et cela va l'obliger à choisir un camp. Ceux qui sont favorables à la motion ont l'air plus nombreux même si l'intervention du préteur en fait douter plus d'un. Certains perdent même leur sang froid et l'un d'entre eux prononce une phrase des plus virulentes contre l'orateur. Caïus n'étant pas placé très loin est presque sûr que cette phrase vient de Titus Sevinius Merula.

- Quel imbécile.

Glisse Caïus à la Murène. Dans cette assemblée il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Comme la Murène, Caïus attend toujours le bon moment pour agir et ce moment est peut être arrivé. Il lève la main pour réclamer la parole,bien décidé à saisir sa chance.

- Comme beaucoup d'entre nous je pense que notre Procurator est digne d'avoir son nom sur les tablettes d'Oncmelia Minor. Mais je rejoins Scorpa, nous ne savons pas comment Ruvia pourrait le prendre. L'un de nous doit se rendre à la capitale pour rappeler notre loyauté à l'Empire. Je me porte volontaire.

Il espère que sa proposition ne récoltera pas qu'indifférence. Représenter la Curie à Ruvia serait un honneur mais pour Caïus, c'est d'abord une chance de se faire remarquer. Et puis, en tant que messager, il sera au courant de tout avant tout le monde, et ainsi le premier à pouvoir profiter des opportunités de tout ce qu'il pourra découvrir. Cet instant est peut être l'un des plus importants de sa carrière...
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Harmonia Iustia

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeDim 18 Oct - 19:17

"Ma femme et ma fille se portent à merveille, je t'en remercie."

Murena n'a pas le temps de poursuivre la conversation que les débats commencent. Depuis le début, en observant le procurator, l'avocat se dit qu'il serait très mal avisé de s'en faire un ennemi. Cependant, les liens du procurator avec le rénégat ne vont pas manquer de poser problème. Aussi, ne peut-il s'empêcher d'approuver silencieusement. De plus, comment ce Feles avait-il ainsi réussi à obtenir aussi vite les appuis du si prudent et corpulent Galba ?

Il n'a pas le temps de s'interroger davantage qu'une joute oratoire démarre et que Scorpa traite allégrement l'obèse de flagorneur.

« Et nous, on s'interroge de pourquoi t'es con à bêcher de la flotte, vieux chattemite fini à la pisse ! »

La répartie de Merula fait sursauter la murène qui retient un léger rire, approuvant du chef la remarque de son voisin. Une fois de plus, Merula montre à quel point son intelligence est proportionnellement inverse à ses appétits sexuels ; Murena sait que l'impertinent tourne de autour de sa belle-soeur. Il se retient d'ailleurs à grande-peine de lui jeter qu'avec une grossièreté pareille, il n'est guère étonnant qu'il ait échoué à la mettre entre ses draps. Lucianus Iustius Primus était tout de même un patricien d'une autre trempe, un homme de grande classe. Ce premier mariage a rendu Harmonia vaniteuse et l'on peut être sûr qu'elle ne se contentera pas du premier parti venu.
Avant cependant qu'il ne se soit accordé le plaisir d'humilier un peu le fils du censeur, il entend cependant son acolyte prendre la parole.

"Comme beaucoup d'entre nous je pense que notre Procurator est digne d'avoir son nom sur les tablettes d'Oncmelia Minor. Mais je rejoins Scorpa, nous ne savons pas comment Ruvia pourrait le prendre. L'un de nous doit se rendre à la capitale pour rappeler notre loyauté à l'Empire. Je me porte volontaire."

Là, Murena se sent obligé d'intervenir.

- Si tu fais cela, Caïus, tu as de grandes chances d'en revenir la tête coupée et les pieds devant. La révolution a visiblement été violente et une véritable chasse aux traîtres ne va pas tarder à s'en suivre, si ce n'est pas déjà le cas. Il y a de grandes chances que des patriciens valeureux se voient arrêter au moindre prétexte. Tu n'as pas besoin de prendre autant de risques. Il y a mieux à faire.

Il marque une pause :

- Je rejoins Scorpa concernant la prudence. Combien de procès se sont ouverts par une accusation trop tôt prononcée ? Combien de morts inutiles ont été provoquées par un déchaînement de violence subvenu par l'ambition démesurée de quelques uns ?
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Lucius Sevinius Galba

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeMer 21 Oct - 10:42

Galba, sourire en coin, observa la graine de discorde plantée en plein hémicycle gonfler ses sarments autour des patriciens avides et calculateurs. Il avait imaginé provoquer des débats, mais de cette virulence, c’était presque inespéré. Évidemment, Scorpa ne tarda pas à venir frotter ses écailles de serpent contre la motion de son ennemi juré, prévisible comme une pluie sous un gros nuage. Lucius dut reconnaître cependant que le préteur partageait avec lui l’art de détourner les mots, et c’est d’un air amusé que le gros censeur croisa les bras sur son énorme coffre. Tout en préparant son contre-argument, laissant une oreille distraite écouter ce que son exécrable fiston venait lui susurrer, Galba tournait sa langue sept fois dans sa bouche comme le lui avait appris son mentor des années auparavant.

Et puis tout partit de travers.

Lorsque son propre fils se rua dans la brèche des quolibets, Galba tourna si rapidement la tête que son triple menton en remua une demi-seconde encore. Chattemite fini à la pisse ? Par tous les mânes des Enfers, où donc son insolente progéniture avait donc appris pareilles insanités ? Pas sous son toit en tout cas… Mais pire encore, la volée avait résonné dans tout l’hémicycle, gorgeant d’un brouhaha plus assourdissant encore les travées de la Curie. Devant un tel déchaînement d’insultes, de vexations, d’outrages, Galba savait qu’il n’arriverait pas à reprendre la parole si facilement. Tout en envoyant un coup d’œil désapprobateur à son enfant, il leva les mains en se tournant vers l’assemblée, tel un aigle plein de grâce (mais surtout de graisse), pour tenter d’appeler au calme.

Il dut tendre ses oreilles bien fort pour pouvoir écouter les autres curiates. Caïus Lubanius et Primus Cassius peinaient à se faire entendre dans cette assemblée en proie aux sempiternelles luttes fratricides connues sous le nom de politique. Mais il en perçut suffisamment pour comprendre que les deux patriciens jouaient les timorés. Il souhaita tout d’abord les apostropher, mais cela le détournerait sans doute de son bras de fer avec l’ennemi de toujours. Il prit donc le pari de leur répondre à tous trois d’une seule et même pièce. Les bras toujours levés, il tenta de ramener sur lui l’attention en usant de son coffre de chantre, de sa voix chaude et forte :

« De quel empereur le procurateur est donc la voix, préteur Scorpa ? »

Attendant que sa question fasse baisser d’un ton les lanceurs de fions comme son garnement, il continua dès que le flot des babillages s’amincit :

« Caïus Protero Feles fut envoyé ici par Paetius. Or, ce Paetius est mort. Nul empereur ne siège à l’heure actuelle sur le trône impérial, et ma proposition ne saurait donc offusquer quelqu’un qui n’existe tout simplement pas. Ce sont des heures chaotiques et incertaines que nous vivons, et qui sait ce que l’avenir pourrait réserver à notre procurateur, si d’emblée un nouvel Imperator se fait acclamer en la capitale ? Dès lors, un autre prendrait sa place, et nous perdrions un homme de valeur en le laissant être renvoyé en ses pénates, humilié. Je ne prétends pas imposer à l’Empire notre propre procurateur ; je prétends juste que faute de merle, il nous reste une grive, et que la situation actuelle ne nous permets pas de nous passer d’un homme tel que Feles. »

Le gros curiate ne fit une pause que pour reprendre son souffle et pointer du doigt Scorpa tandis que son autre main se refermait sur la bande pourpre de sa toge.

« Qui sait, Caïus Protero Feles ferait peut-être un bien meilleur préteur que toi, à la manière dont il inspire le peuple. Une inspiration dont tu es aussi dépourvu qu’un poisson n’a de langue. »

Il détourna ensuite son regard et son gros doigt boudiné du magistrat, pour apostropher Celer et Murena :

« Nous sommes tous loyaux à l’Empire, mes bien chers patriciens. Mais pour l’instant, tant qu’il n’y a pas d’empereur, qui pourrait prétendre savoir à quel homme livrer sa loyauté ? »

S’humectant les lèvres, le censeur arrêta ses diatribes, se drapant dans son orgueilleuse superbe, sa tête bouffie relevée, sa grosse main posée sur sa toge prétexte démesurément large.
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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie]   A tous les curiates d'Oncmélie Mineure [Session à la Curie] I_icon_minitimeMer 21 Oct - 12:26

L'assesseur cogna son grand bâton sur le marbre de la Curie pour appeler au calme. Les pages qui l'assistaient en firent de même et bientôt les échos de la bastonnade firent diminuer le tumulte qui s'était emparé de l'assemblée de patriciens qui se chamaillaient comme des enfants à la sortie de l'école. La voix usée du vieil homme s'éleva alors, suffisament forte pour être entendu par les derniers rangs et assez ténue pour forcer les garnements turbulents à faire silence et à retrouver le calme.

La motion du censeur Galba a été proposée et débattue. À en juger par les discussions et contre argumentaire proposés par les respectés membres de cette assemblée, aucun ne s'oppose formellement à son adoption. La motion est donc acceptée à l'unanimité et sera compilée céans dans l'Acta Diurna !

Le vieil homme toisa l'assemblée sous ses sourcils épais et blancs. Quelques murmures bruissèrent à travers les gradins tandis que certains avaient encore du mal à avaler la fin abrupte des échauffourées. Il frappa le sol une fois de plus avec son bâton pour enterriner sa décision et mettre fin aux chuchotements mécontents. Il était le témoin des Dieux et sa voix, aussi enrouée soit-elle, était celle qui prévalait aux yeux des résidents des Palais Célestes. Il baissa les yeux vers la tablette qu'il avait posé sur ses genoux cagneux et consulta l'ordre du jour. Il releva le regard pour abattre une fois encore son bâton et annoncer la proposition suivante.

Le Procurator Feles a une motion à proposer à la Curie !

Caïus se leva de son siège curule et tendit la main pour se saisir du bâton d'orateur. Il avança au bord de la marche qui surélevait les sièges des Duumvirs avant de lever les bras en signe de paix.

C'est tout d'abord avec une profonde reconnaissance que je m'adresse à vous. J'ai entendu les doutes à mon égard et les comprend. Je m'attèlerai avec humilité à les dissiper et à me montrer digne de la confiance qui m'est faite aujourd'hui en rejoignant les listes patriciennes de la province.

Il changea la position de ses mains pour adopter la pose de l'allocution officielle. Il reprit son discours avec un ton calme et assuré.

C'est donc en tant qu'oncmélien que je me présente devant vous pour proposer ma première motion. Comme l'a souligné le censeur Sevinius, j'ai rendu visite aux courageux soldats qui gardent notre frontière des invasions hirsutes. Ces hommes braves qui veillent sur la province, ultime rempart de la civilisation, et dont j'ai l'honneur d'assurer le commandement manquent pourtant de moyens efficaces pour remplir leur devoir. Une partie non négligeable de la Legio Aquila doit prendre ses quartiers au sein de la cité de Telioprate et se retrouve à faire un travail de milice du Guet tout en étant exposé aux tentations que la ville et ses tavernes. De plus j'ai constaté avec un certain désagrément que la frontière Est est loin d'être hermétique aux allers et venues barbares. Un fait des plus étonnant lorsqu'on connaît l'histoire tragique de ce que nos chroniquers ont appelés la Grande Guerre.

Le Procurateur modifia légèrement sa pose avant de conclure sur la proposition de la motion de manière concrète.

C'est pour cela que je propose à votre jugement éclairé, très chers pairs d'Oncmélie, la motion suivante. Je souhaite lancer la construction d'un nouveau castrum à la frontière avec le peuple Anguse. Telioprate serait ainsi soulagé du poids que peut représenter des centuries en faction, tant en terme de nourriture que de logement. La constitution d'un vraie Cohors Urbana dans la cité, créant des emplois et sortant une part de la population de l'oisiveté dans laquelle elle se complait. La frontière deviendrait moins perméable en cas d'agitation barbare et renforcerait notre sécurité à tous, et offrirait à la légion un fonctionnement plus fluide et efficace en cas de besoin.

Le Procurator tendit le bâton blanc au page qui patientait à ses pieds et retourna à sa place le menton bien haut. Sa motion soulèverait une nouvelle fois les chamailleries, mais il pensait avoir suffisament argumenter son propos pour que les curiates lui apportent son soutien sans trop se disperser dans un échange de quolibets et d'insultes.

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