Une ombre dans la nuit [PV Marius]

En cette soirée du vingtième jour de Secundo Seminare 399, le prêteur était en effet à son domus, non pas en une charmante compagnie comme bien des gens aurait pu le croire ! Mais bien en deux charmantes compagnies !! Après tout, il fallait bien encore profiter de son célibat avant que ne sonnent les cloches du mariage, aussi nécessaire soit-il. En tout état de cause, l'arrivée impromptue de la sœur du curiate Lubanius Celer allait en effet le surprendre, c'est le moins que l'on puisse dire ! Si nous passerons volontiers les détails de toute sorte de positions du kamasutra dont le trio semblaient s'en donner à cœur joie, de longues heures durant dirons les historiens, attardons nous sur la réaction du questeur lorsqu'un domestique osa frapper à la porte de sa chambre afin de lui annoncer l'arrivée de la jeune femme.

- Par tous les fondements du Procurator !!! On ne peut donc pas BAISER en paix ! Que veut-elle, rah !!!

Il se tourna vers les deux somptueuses créatures aux courbes alléchantes avant que son air courroucé ne se mue en sourire mielleux. Tour à tour, il embrassa les tétons des ces dames avant de se redresser et mettre fin à ces folles galipettes du soir. Adressant une claque sur chacune des deux croupes, il indiqua par ce geste la fin de la sauterie, regagnant une console pour y récupérer les stola des deux jeunes femmes qu'il leur jeta.

- Rhabillez-vous et quittez discrètement mon domus par l'arrière. Je ne veux pas que vous soyez vues. Allez, on se dépêche mesdames.

Les deux jeunes femmes gloussèrent avant d'obtempérer, filant tels des ombres dans un lieu qu'elle semblait connaître assez bien pour ne pas hésiter à emprunter des couloirs qui les menaient dans l'arrière-cour où un autre domestique les firent quitter la résidence sans qu'on puisse remarquer leur présence. Ce faisant, rembruni par la perspective de voir sa nuit prendre une toute autre tournure, Marius enfila une stola légère et inspira profondément pour chasser sa mauvaise humeur. Pendant ces longues minutes, la domesticité ne laissa évidemment pas la patricienne attendre dans l'obscurité de la nuit, la faisant emprunter le fauces puis l'atrium avant de l'inviter à prendre place dans le vaste salon où se faisait face deux lits de réceptions.

L'on fit patienter Caecilia en lui proposant un rafraîchissement, quelques victuailles avant qu'enfin le propriétaire des lieux n'apparaisse dans un atour léger qui mettait son physique plutôt bien en valeur. Son regard se posa alors sur la jeune femme, un regard curieux au vu de l'heure tardive de sa visite.

- Avé Caecilia Lubania. Aurais-je oublié un rendez-vous ? Qui puis-est à une heure si tardive ?

Il secoua la tête de façon théâtrale, comme s'il réfutait toute oubli de sa part.

- Non, non, je m'en serais certainement souvenu. Surtout en si charmante compagnie que la tienne.

Finit-il pas susurrer de son regard en coin charmeur. Mais il se doutait bien que la donzelle n'était pas venue pour s'offrir à lui, même si l'idée n'était pas déplaisante, alors, Marius reprit son sérieux tout en se dirigea vers le lit laissé libre face à son invité de dernière minute.

- J'ose espérer que tu es venue escortée. Les ruelles la nuit sont dangereuse pour une femme, on y faire souvent de mauvaises rencontres.

Caecilia possédait de nombreux point commun avec l'un de ces semblable, une certaine Harmonia. Toutes deux étaient des femmes veuves qui avaient quitté depuis longtemps tout esprit de oisiveté. Si Lubania était assez insolente pour s'inviter chez le questeur, nul doute qu'elle en avait mesurer les conséquences en amont. Cette femme avait la réputation de ne pas se reposer sur ces acquis et savait jouer de sa position pour obtenir ce qu'elle désirait. Marius ne prenait donc pas cette venue à la légère, même si ces propres atours étaient bien léger ce soir, mais il pouvait compter sur une légère pilosité entretenue pour éviter tout coup de froid.

Avisant de son regard émeraude la patricienne, le ton semblait très vite donné par cette dernière qui égale à elle même, jouait d'allusions, de charme et d'un sens aigu pour plaisanter tout en se montrant sérieuse dans le fond de ses propos. C'était le genre de femme qu'on devait redouter, mais qui possédait aussi un grand pouvoir d'attraction, ce qui obligeait Tullius à se montrer prudent non sans tout de même donner du répondant et du grain à moudre au personnage qui lui faisait face. D'ailleurs, il était bien difficile de ne pas s'attarder sur les lèvres charnues de la jeune femme, invitant à l'ivresse. Chassant quelques pensées de son esprit, à sa décharge, ne venait-il pas d'être interrompu dans le plus agréable des moments qu'offre la vie, il fini par rompre le silence.

- Tu as raison, il faut d'avantage se méfier de l'eau qui dort. Je ne vais en effet pas te contredire, un curiate aspire à s'élever, mais il doit avant tout assurer sa position, une condition que tu partage sans l'ombre d'un doute ? L'on ne va pas se cacher derrière des prétextes, ma condition d'usurier et la réputation de mon père m'ont grandement aider à obtenir et conserver la questure. Mais pour gravir le sénat il faut se montrer patient et ne pas se montrer excessivement gourmand.

Il prit quelques secondes pour dévisager la jeune femme avant de légèrement plisser les yeux à son endroit.

- Mais laissons de coté la bienséance, je doute que tu sois venue à cette heure tardive pour flatter mon égo, ni même pour partager ma couche et qu'en retour je vante tes atours. J'imagine que ta discrétion pour rejoindre mon domus n'est pas d'ordre personnel, mais... peut être que je me trompe ?

Il en profita alors pour attraper une petite amphore et se servir une coupe de vin avant de se redresser de son lit d'apparat.

Cette Caecilia était décidément peu réceptive à toute allusion graveleuse, preuve en fut dans sa réponse et dans son air de lassitude qu'elle exprimait sans complexe. Femme frigide, pieuse ou plutôt attirée par quelques autres appétits peu conventionnels ? Marius n'avait pour l'heure pas la moindre réponse à cette amusante interrogation. Et cette grimace à peine retenue ? Le questeur préféra ne pas se formaliser sur tout ceci, laissant la jeune femme venir finalement expliquer sa virée nocturne au domus du patricien.

Cocasse et à la fois amusant, voilà le ressenti du magistrat à l'énoncé de la requête de la sœur de Caïus. Ce dernier briguait donc le prestigieux poste d'édile, voilà qui était intéressant, et il semblait avoir besoin de fonds pour couvrir les frais de sa campagne. Marius resta un instant pensif, interdit de toute réponse. Caecilia avait certainement frappé à la bonne porte, seulement l'équation n'était pas totalement écrite, il manquait en effet les contreparties.

Son regard se perdit de longues secondes sur la silhouette de la jeune femme avant d'enfin entrouvrir les lèvres.

- Tu es bien audacieuse, une qualité que j'apprécie. Ton frère sait que tu es ici ? Sur le principe, je ne vois pas de contre-indication à t'apporter mon aide financière, mais... car il y a un "mais", évidemment, tu n'es pas sans savoir que je convoite la main de la fille du prêteur. Un optimate pure souche. Cette alliance m'est d'une importance capitale, bien que pour l'heure, je n'ai pas encore passé la bague au doigt d'Honoria.

Il prit une pause pour laisser son interlocutrice digérer les informations que le questeur avaient soigneusement lâché.

- J'imagine que tu as besoin d'une réponse au plus vite. La grande interrogation demeure en le fait que si je finance la campagne d'un futur populares, je risque de fâcheuses déconvenues. Jusqu'alors j'étais disons le, plutôt neutre sur l'échiquier politique à la Curie, tout comme ton frère, il me semble. Alors, il me faudrait une garantie pour que si ton frère accède à cette magistrature, il ne viendrait pas afficher quelques conflits avec mes intérêts auprès du domus Primo.

Il se gratta alors le menton avant de fixer de ses émeraudes le minois de la patricienne.

- Ton frère saura sans doute s'en rappeler, mais toi, oui toi, que serais-tu en capacité de m'apporter ? J'aimerais bien le savoir.

Dès lors que la jeune femme se mordille la lèvres inférieure, Marius fut certain qu'elle était venu de son propre gré sans concertation avec son frère. Une initiative personnelle qu'elle confirma sans détour quelques instants plus tard par les mots qui glissèrent d'entre le pulpe de ces lèvres. Pourtant, le plaidoyer de la veuve n'avait rien pour rassurer le questeur et d'ailleurs, Caecilia semblait prendre un malin plaisir à omettre de répondre aux inquiétudes nombreuses du propriétaire des lieux. Et quelques instants plus tard, tout portait à croire qu'un malentendu, peut être une incompréhension semblait s'installer entre les deux interlocuteurs. L'air surpris qu'elle arbora le laissa perplexe, n'étais-ce pas elle même si avait laissé insinuer qu'elle saurait se rappeler d'un éventuel accord financier avec la maison d'usurier la plus influente de la cité d'Edelmia ?

Finalement, Marius haussa des épaules, comme si ce n'était pas à lui de proposer, seulement de juger si les propositions de cette dernières pouvaient ou non l'intéresser.

- Tu es prête à tout ? Mesure tout de même tes paroles, heureusement que je suis pas patricien à prendre au pied de la lettre tes mots. Non, vois-tu je préfèrerais que ces initiatives viennent de toi, comme celle qui t'as amener à frapper à mon domus en cette heure si tardive.

Si son sourire semblait taquin, il retrouva bien rapidement son air plus sérieux et concentré.

- Crois-tu que je ne cours aucun risque ? Un Curiate cours toujours des risques dans la moindre de ces entreprises. Si tu arrive à me convaincre, je saurais aider ton frère, tu as ma parole. Fait montre d'opportunisme comme tu le fais, qui sait, pourras-tu peut être jouer un rôle dans quelqu'uns de mes échiquiers. Mais bien entendu, il me faudra des "gardes fous", car je suis peu désireux de perdre le moindre de mes acquis, tu le conçoit aisément.

Il redonnait en quelques sort la main à son invitée qui pour l'heure, manquait un peu de mordant et d'intérêt tant tout restait encore bien flou. C'était fort étrange sachant qu'elle avait pourtant braver bien des dangers en requérant l'aide du questeur, telle une "ombre dans la nuit".