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 [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)

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Lucius Sevinius Galba

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Lucius Sevinius Galba

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MessageSujet: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeLun 26 Oct - 8:23


21ème jour de Secundo Seminare,
Villa Sevinii,
Après-midi ensoleillé, astre déclinant

L’Oncmélie, à l’heure où le printemps succédait à l’hiver, se parait de couleurs nouvelles. Les premiers surgeons tombés, c’était les plus forts qui avaient prospéré, et les arbres tout comme certaines fleurs s’épanouissaient pour l’été à venir. Il en était de même pour les domaines agricoles sortant de leur léthargie hivernale. Çà et là, on préparait le terrain pour l’été et la prochaine récolte. La Villa Sevinii fourmillait d’activité dans les champs et sur les coteaux, coteaux dont l’exposition aurait été optimale… à Ruvia. Ici, dans le nord de l’Empire, le soleil timide et les températures parfois rudes rendaient la production de vin à la fois aléatoire et fastidieuse. La piquette des Sevinii était vendue au bas peuple à un prix raisonnable, tandis que les bonnes années étaient jalousement réservées par quelques patriciens locaux, et par le maître de maison lui-même.

C’est en sirotant un vin coupé venu de bien plus au sud que Galba observait son domaine agricole en plein réveil. Assis sur une énorme chaise renforcée, l’énorme censeur s’était installé sur une terrasse exposée et dominant des champs en plein labour. Les esclaves de ses domaines étaient nombreux, et leur tâche harassante. Fort heureusement, le gros curiate avait depuis longtemps opté pour de petites dépenses en extra auprès de certains de ses clients les plus pauvres, histoire de ne jamais avoir de problèmes avec ses serviteurs les plus récalcitrants. On pouvait voir, dans ces champs travaillés, les silhouettes menaçantes et armées des pénules, ces affreux mâtons au gourdin facile et à la mine patibulaire.

Galba s’était retiré à la campagne, peu après le débat houleux ayant secoué la Curie quelques temps auparavant. Le censeur aimait venir se ressourcer loin du tumulte d’Edelmia, trop bruyante et malodorante. Ici, l’air était pur et sain, l’atmosphère était propice au calme, et mis à part les punitions octroyées aux esclaves ne tenant pas la cadence, le domaine était paisible et serein en toutes circonstances. Ce, bien sûr, jusqu’à l’arrivée de Cubicullus, l’esclave intendant de la villa. Le bougre était essoufflé, et sa propension à suer voilait déjà d’atroces auréoles le tissu de sa tunique. Galba fut bien incommodé de le voir arriver, et le sentit même bien avant de l’entendre.

« Maître… Maître... »

Lucius posa sa coupe sur le côté, ne faisant que légèrement tourner sa tête.

« Qu’y a-t-il, Cubicullus ? »

Les mains sur les genoux, puis un doigt levé vers le ciel, l’esclave reprenait son souffle. Après quoi, toujours haletant mais un peu plus assuré, il annonça sans ambages :

« Un convoi… Un convoi, avec des licteurs… Ils viennent ici… »

Galba tourna bien sa tête vers l’intendant, cette fois.

« Fais préparer la maison pour leur venue. Promets le bâton à quiconque ne tiendra pas sa place. Oh, et va trouver Lucullus, il sait déjà quoi faire. »

Cubicullus acquiesça promptement, avant de se mettre de nouveau en route en soufflant comme un bœuf tirant la charrue. Galba, enfoncé dans son siège, se releva lentement, observant une dernière fois les champs avant de se mettre en route pour accueillir le magistrat comme il se devait.

Il avait parié que le procurateur passerait par ici. Après tout, ils n’avaient pas eu l’occasion de discuter plus longuement de la raison pour laquelle il avait tant défendu sa personne devant l’hémicycle tout entier…
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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeLun 26 Oct - 18:11


Bientôt deux mois que Caïus avait pris ses fonctions, presque un entier que la terrible nouvelle faisant état de l'assassinat de Paetius et bientôt une décade que le petit Terentius avait poussé son premier cri. Ces premiers temps en Oncmélie avaient été chargés pour le couple Protero. Il était temps pour eux de s'éloigner un peu du tumulte de la cité -bien qu'anecdotique pour qui avait vécu en la capitale depuis sa naissance. Le Feles avait hâte de découvrir la villa fraîchement retapée qu'il avait déniché sur les hauteurs de Valtaia, à quelques minutes à pied du somptueux Aedes Valtai. Laelia avait eu bien trop d'émotions et il espérait que ce présent lui ferait retrouver un peu de baume au coeur après la disparition de son oncle et l'absence de nouvelles de sa famille.

Une longue et éprouvante session débatoire à la Curie avait battu son plein dans l'hémicycle et les opinions s'étaient échangées au même titre que les noms d'oiseaux. De toutes les décisions qui avaient été prises pendant les débats, l'une d'elle, la première à vrai dire, avait sucité autant de surprise que de passion. Caïus était à présent un noble d'Oncmélie, inscrit sur les tablettes de la censure. La motion était venu de l'énorme boule de gras qui servait de chef de file aux Populares mais elle avait été soutenu par l'autre censeur, Optimate belliciste reconnu, le vieux Sepion. Bien qu'on les isait opposé en tout, c'est avec l'appui des deux censeurs et avec une contestation sur la forme plus que sur le fond que l'assesseur avait conclu à une adoption de la proposition.

Comme il s'y était attendu, un pli fermé par le cachet du censeur Sevinius n'avait pas tardé à arriver chez lui, l'invitant à une rencontre informelle en sa demeure. Dans un premier temps, il avait refusé, ne souhaitant pas reporter son séjour en bord de mer, ni raccourcir le temps qu'il pouvait consacrer à ses enfants et à sa belle épouse. Cependant, Galba avait de la ressource et sut se montrer opiniâtre en renouvellant l'invitation dans sa villa, hors des murs de la capitale oncmélienne et le long de la route qui menait à la cité de Valta. Il insistait poliment pour servir d'étape nocturne pendant le voyage du Procurator et de sa petite famille. Mais sous cette hospitalité et les pirouettes manuscrites, Caïus ne doutait guère que tout ceci servirait à discuter politique, alliance et magistrature. Après le chef de file Optimate, il était de bonne guerre que son homologue et adversaire souhaita s'entretenir avec lui. Même Laelia accueilla la nouvelle avec légerté, préférant dormir dans la villa d'un patricien, même pachydermique, que dans une auberge ou à la belle étoile. Il n'avait pas répondu officiellement à la seconde missive et préféra attendre de voir à quelle vitesse le petit convoi et son escorte avançaient.

Alors que dans le ciel, Aurin commençait à descendre vers l'horizon occidental, les contours d'une villa opulente à flancs de côteaux verdoyants s'offrit à son regard. Les Dieux semblaient déterminés à ce que l'entrevue avec le censeur se fisse ce jour-là et pas plus tard. Etait-ce le hasard ou un habile calcul de la part du censeur ? Seul les résidents des palais Célestes avaient la réponse à cette question. Chevauchant à l'avant des chariots et entourés de ses licteurs, le Procurator tira sur la bride de son cheval pour le faire quitter la route principale et s'engager dans le chemin qui menait à la villa agricola colossale (à l'image de son propriétaire). Le convoi s'enfonça entre champs et vergers jusqu'à passer le mur d'enceinte qui donnait sur une large cour où caquetaient paisiblement quelques poules à la robe noire et blanche. D'une main leste, le Feles dénoua l'attache de cuir qui maintenait son casque droit sur sa tête et l'ôta en apercevant une silhouette gargantuesque qui se dessinait depuis le haut de la volée de marche qui menait à l'entrée. Aucun doute n'était permis sur l'identité d'un tel individu et Caïus s'écria en levant la main.

Ave Censeur ! J'étais pris dans les préparatifs de ce voyage et je n'ai pas eu le temps de répondre à ta dernière lettre. J'espère que ton invitation est toujours d'actualité !
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Laelia Antia Protera

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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeLun 26 Oct - 21:10


L’on aurait pu en Oncmélie Mineure trouver de femme plus heureuse que Laelia Antia Protera le jour du départ pour Valtaia. Une décade après la naissance de l’héritier, elle sautillait presque sur place, aboyant ses derniers ordres alors que tous vivaient avec la même émotion le voyage vers la cité côtière. Quelques esclaves qu’elle avait pu interroger lui avait dit beaucoup de bien de cette perle perdue au Nord de l’Empire. Et plus que de changer d’air, c’était de pouvoir enfin profiter pleinement de son époux qui l’enchantait dix fois. Il n’y avait commune mesure pour expliquer l’étrange satisfaction qu’elle ressentait alors qu’elle tirait le Procurateur de ses mornes prérogatives. Ils avaient assez soupé de politique pour l’heure ! Alors, jetant un regard pétillant à Caïus, elle le bouscula presque pour qu’ils se mettent enfin en route. Car c’était là la raison de toute patricienne : si l’on ne prenait les choses en main, vite et bien, les hommes avaient tendance à s’échapper comme des anguilles pour retourner à des occupations dont elles se tenaient loin.

Pour certains, c’était là l’apanage masculin que de fuir la compagnie de son épouse. On prêtait alors quelques maîtresses, de chair ou d’intellect. Et si elle ne doutait pas du Chat quant à sa sincérité de quelconque amourette inexistante, il aimait parfois bien plus le pouvoir qu’elle-même. Il lui fallait alors ruser pour rappeler à l’habile félidé que de tous ses ennemis, il y en ait un qu’il ne pouvait vaincre. Se muant presque en chimère, la terrible Domina s’imposait alors, tantôt par force de cris, tantôt par quelques procédés bien plus plaisant. Et comme toute bonne morale, voilà ce qu’il fallait en retenir : personne, fusse-t-il Empereur, ne résistait à la Protera. Et non contente de cette écrasante vérité, conférée sûrement par les Dieux eux-mêmes, elle veillait au grain afin que jamais son époux ne se détache d’elle de trop. Ainsi, elle maîtrisait avec la même fougue sa maison et son mariage.

Un mariage qu’elle avait tôt fait de maudire lorsque le chariot qui les menaient, ses enfants, Naïra, la nourrice et elle-même, chahutait d’un trou à l’autre, secouant le petit équipage. Même Octavia s’en retrouva le cœur au lèvre une ou deux fois. Caïus ne lui avait-il pas promit quelques jours plaisant ? Ce malin greffier lui avait sciemment omis qu’avant d’obtenir ce qu’elle convoitait, elle devrait subir les aléas d’une route de campagne. Elle pesta, une fois ou deux, sous l’œil désapprobateur de Naïra et le rire franc d’Octavia. Nul doute que la petite saurait répéter mot pour mot les jurons tant de sa mère que de son père. Elle était vive et espiègle, et il était certain qu’elle ne manquerait aucune bêtise si tant est qu’elle soit à sa portée. Lové dans les bras de sa nourrice, le gourmand Terentius tétait plus avidement que son géniteur le sein généreux qu’on lui tendait. Il était déjà fort, et beau. Nul doute qu’il rendrait fier toute la famille en grandissant de la sorte.

Il fallut encore attendre une éternité avant qu’on ne vienne annoncer l’arrivée imminente à la demeure des Sevinii. Soulagée, et même reconnaissante de l’invitation du censeur, elle guetta le moment où l’on arrêterait le convoi. Quelques fois, elle repoussa la toile pour observer le paysage qui entourait la riche propriété. Nul doute que les plantations et les allées étaient entretenues avec soin. Un petit sourire flotta sur ses lèvres, car cela engageait un hôte propre et dont la notion du détail comptait beaucoup. Bien qu’elle se serait passé d’une réception, elle demeurait intriguée par l’étrange homme qui menait les Populares – aux dires de son époux. Si fait qu’il lui ait rapporté la séance et la motion de la Curie, elle n’avait pu s’ôter de l’esprit que le gras curiate avait une chose bien moins honorable en tête. Car c’était là l’essence même des plus cauteleux politiques ; ils avaient le doigté si fin qu’il parvenait à dissimuler leurs ambitions même aux yeux les plus avisés. Si ce Galba était de cette trempe, alors le Protero avait là un bien beau partenaire de jeu. Bien plus que Scorpa, qui malgré une intelligence certaine, n’avait guère plus de finesse qu’un boucher.

Lorsqu’enfin se stoppa le chariot, on l’aida à descendre dans la seconde, suivie de près par Octavia et Naïra. Pesca n’était guère loin, accélérant le pas pour rejoindre le Chat qui, resplendissant, avait mis pied à terre plus vite qu’elle. Là, debout sur le perron, leur faisait face l’hôte. Il était tel que l’avait décrit Caïus, un ou deux plis en plus. Sa fille que le voyage avait harassée se précipita sans considération dans les jambes de son père, l’enserrant de ses petits bras. Ce ne fut qu’une fois le nez devant l’imposant censeur qu’elle leva sa petite tête, ses yeux écarquillés par l’étonnement. Sa bouche s’entrouvrit sans qu’elle ne trouva la force de parler, préférant même se cacher derrière Caïus en fronçant les sourcils. Lorsque Laelia remarqua cette étrange petite bouille, elle sut que la petite réfléchissait. Il était vrai qu’elle n’avait jamais vu pareil gras. Arrivant à hauteur du Procurateur, elle adressa un sourire poli à Galba.

« Ave. J’espère que tu sauras pardonner l’impolitesse de Caïus, Censeur Sevinius. Nous aurions dû te prévenir en avance de notre venue ; je serais néanmoins plus que ravie de faire connaissance en abusant de ton hospitalité. Le voyage a été éprouvant pour les enfants ». Elle inclina respectueusement la tête. Elle se chargeait généralement des tâches que sa tête de mule de mari rechignait à exécuter, mais dans le tumulte des préparatifs, elle n’avait, elle non plus, pas pris le temps de devancer le mauvais caractère du Ruvien.  
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Lucius Sevinius Galba

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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMar 27 Oct - 9:35


Galba attendait telle une calme sentinelle sur son perron l’arrivée de ses invités pas si inattendus. A ses côtés, le magistrat avait réuni du personnel de maison : Cubicullus ne manquait pas à l’appel, bien qu’il ait été forcé de plonger rapidement la tête dans un tonneau d’eau pour ne pas incommoder son maître et ses hôtes. Parmi le comité d’accueil cependant, nul autre membre de la gens des Sevinii : aucune trace de Merula, et Aurelia avait exprimé son souhait de rendre visite à son père. Lucius regrettait déjà d’avoir accepté en voyant que le procurateur était venu jusqu’à lui accompagné de toute sa famille. Cette étrange solitude le ramena aux jours où sa lignée comptait encore un homme valeureux et moral, un homme qui aurait dû le remplacer au firmament une fois sa propre étoile déclinant. Galba ne s’attarda guère sur ces pensées, cependant. Elle ne pouvaient que lui faire du mal, surtout après la désastreuse introduction de son puîné dans les affaires chaudes de la Curie.

Alors le censeur se contenta de sourire, écartant ses lourds battoirs pour leur faire embrasser l’air ambiant et l’arrogant domaine de son ancêtre.

« C’est toujours pour moi un plaisir d’accueillir un vrai Ruvien dans les murs de ma villa agricola. »

Il les invita à approcher, restant engoncé dans son large et élégant pallium. Le censeur observa la petite Octavia du coin de l’œil, dont les pattes d’oie riaient de la fascination de l’enfant pour son imposante carrure. Était-ce le premier obèse qu’elle voyait ? Sans doute pas, mais il était en tout cas le plus flamboyant !

« Entrez donc en mon domaine, aujourd’hui j’ai sacrifié à Tuodé. La déesse me récompense de délicieux hôtes. C’est un plaisir de t’accueillir, procurateur Protero, toi et ta charmante épouse. »

Il salua le magistrat et sa femme de son imposant chef, avant de poser son regard amusé sur la jeune gamine s’empêtrant dans les jambes de son père. Puis il reprit en faisant un pas de côté et en montrant le portique d’un geste à la fois dramatique et impressionnant d’agilité pour un homme de cette corpulence :

« Venez, mes amis. Cubicullus va vous trouver un endroit où vous pourrez vous reposer. Vous êtes harassés, cela, je peux le comprendre. Je n’ai jamais aimé ces routes, et voilà des années qu’elles devraient être refaites. Malheureusement, tant que l’on continuera d’élire des pingres à la questure, ces pavés resteront délogés… Mais je m’égare ! »

Il fit un signe à son vilicus, qui s’empressa alors d’indiquer quel chemin emprunter, baissant la tête en signe de soumission. Galba observa les charrois un instant, puis frappa de ses puissantes mains. Des esclaves vinrent aider ceux du Feles pour prendre leurs affaires et les mener dans la cubicula prévue aux invités de marque. Cette chambre, que Cubicullus présenta au couple au détour d’un large couloir, était une vaste pièce carrelée, dotée d’un grand lit et d’un coin organisé en étude pour la lecture et l’écriture. Une bibliothèque de parchemins à la droite du lit renfermait quelques volumes philosophiques, et à l’opposé de ce mur trônait une magnifique mosaïque représentant une scène bucolique au centre de laquelle trônait sereinement Vehna dans sa robe blanche. Cubicullus s’humecta les lèvres avant d’ajouter :

« Mon maître assure qu’un lit sera amené pour la petite Octavia dans les plus brefs délais… »

Pour le berceau, en revanche, Galba n’en avait pas sous la main. Mais il imaginait sans mal que dans les chariots du procurateur, il devait y avoir largement de quoi faire. Le petit esclave fit une révérence, évitant la lourde charge d’un esclave qui s’approchait dangereusement de sa tête, avant de rajouter :

« La cena se déroulera au coucher du soleil… Si tu as le moindre désir que je puisse combler, procurateur, fais appel à moi. »

Cubicullus fit encore montre de toute sa servilité, au moins une ou deux fois, avant de se retirer des appartements se remplissant des affaires du couple ruvien. Au dehors, Galba se dirigeait vers les cuisines en se frottant les mains. Lucullus, son secrétaire et cuisinier, avait comme toujours pris soin de préparer des plats d’une grande finesse…
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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMar 27 Oct - 15:38


Alors que les esclaves avaient aidés Laelia à descendre de son chariot couvert, Caïus avait mis pied à terre pendant que l'opulente silhouette du censeur se dirigeait vers lui de sa démarche rebondie. Pesca vint le rejoindre rapidement alors que sa fille se précipitait en courant pour venir heurter ses jambes avec force. L'enfançonne se cachait à moitié derrière son père qui baissa vers elle un regard un peu surpris. Elle, d'ordinaire bavarde et téméraire, se retrouvait intimidée et silencieuse face à la bedaine gigantesque du censeur. Son épouse arriva à leur hauteur en saluant Galba avec politesse, lequel sourit à pleine dents, dessinant des bourrelets au-dessus d'autres bourrelets sous son menton.

C’est toujours pour moi un plaisir d’accueillir un vrai Ruvien dans les murs de ma villa agricola. Entrez donc en mon domaine, aujourd’hui j’ai sacrifié à Tuodé. La déesse me récompense de délicieux hôtes. C’est un plaisir de t’accueillir, procurateur Protero, toi et ta charmante épouse.

Sevinius fit un pas de côté avec une souplesse assez remarquable pour une baudruche pareille en indiquant le portique d'entrée. Il poursuivait son discours d'accueil.

Venez, mes amis. Cubicullus va vous trouver un endroit où vous pourrez vous reposer. Vous êtes harassés, cela, je peux le comprendre. Je n’ai jamais aimé ces routes, et voilà des années qu’elles devraient être refaites. Malheureusement, tant que l’on continuera d’élire des pingres à la questure, ces pavés resteront délogés… Mais je m’égare !

Un égarement bien commode pour qui voulait souligner que la questure, poste occupé par des Optimates depuis des années, était d'une compétence relative. Il ne fallait pas être rompu aux arcanes politiques pour entendre "les Populares feraient mieux". Le Procurator répondit d'un simple hochement de tête reconnaissant avant de poser sa main sur la tête de sa fille pour la faire avancer à ses côtés. Ils pénétrèrent dans la villa richement décorée et suivirent le dénommé Cubicullus jusqu'à une chambre qui donnait sur les vergers en fleurs que le convoi avait traversé quelques instants plus tôt.

Mon maître assure qu’un lit sera amené pour la petite Octavia dans les plus brefs délais…

Le train de bagages que charriait les esclaves des Proterii les suivit dans un silence uniquement brisé par le souffle de ceux qui portaient les malles de vêtements et le berceau de Terentius.

La cena se déroulera au coucher du soleil… Si tu as le moindre désir que je puisse combler, procurateur, fais appel à moi.

Les yeux du Feles s'attardèrent un bref instant sur le paysage qui s'offrait à ses yeux. Le soleil déclinant teintait de rose et d'orange le ciel, ainsi que les fleurs qui constellaient les branches d'arbres fruitiers. Même s'il n'était pas un esthète dans l'âme, il devait bien admettre que le cadre était somptueux. Tiré de sa contemplation par les paroles de l'esclave du censeur, il tourna les yeux vers lui, un sourire aimable accroché aux lèvres.

Une petite casse d'eau serait parfaite. Nous avons voyagé dans la poussière depuis ce matin et j'ai l'impression d'être couvert de crasse. Pesca va t'accompagner.

Un simple échange de regard suffit à faire se placer le magister de Caïus à côté de Cubicullus. Pesca dépassait bien d'une tête le petit homme au service de Galba et son port de tête altier tranché totalement avec la position soumise qu'adoptait le servus de son hôte. Le Procurator surenchérit avant qu'il ne disparaisse.

Et remercie ton maître pour son hospitalité !

Caïus mit les mains sur ses hanches pour observer la mosaïque qui décorait la cubicula. Il leva les sourcils, dubitatif. Décidemment, il ne comprendrait jamais l'art. Le va-et-vient des esclaves se poursuivit pendant un long moment et Pesca revint bientôt avec l'esclave de Galba pour apporter deux bassines rempies d'eau claire et fraîche. La nourrice de Terentius coucha le nourrisson qui semblait bien peu dérangé par le tumulte qui l'entourait. Octavia n'avait pas quitté l'ombre de son père et gardait les sourcils froncés en observant le rideau qui fermait la chambre. Elle se gratta la joue avant de taper doucement contre la cuisse de Caïus.

Père ?
Oui ?
Il est très gros le censeur quand même !

Caïus rit, amusé par la candeur de la petite fille. Il saisit sa fille sous les bras et la souleva avant de la coller contre lui, un bras en équerre servant de siège à Octavia. Il lança un regard amusé à son épouse pour s'assurer qu'elle avait entendu la remarque de leur progéniture, puis il se pencha vers l'oreille de la petite pour lui chuchoter en secret.

Oui. Je crois qu'il fait au moins vingt fois ton poids.

Elle brisa le seau du secret en s'écriant, les yeux arrondis.

Wooaaah ! C'est beaucoup !
Enorme même !

Un doux sourire étirant ses lèvres, le Procurator posa sa fille sur le bord du lit et donna un petit coup d'index sur le bout de son nez.

Maintenant, il faut qu'on se change, Octavia. Il ne faut pas que nous allions manger avec de la poussière pleine le visage.

Elle hocha la tête avant d'avoir un petit rire amusé par le geste de son père. Ce dernier se tourna vers Laelia en se dirigeant vers la bassine pour se laver les mains et les bras.

Alors, qu'en penses-tu de cette villa ?

Il serait bien vite temps de rejoindre le ventripotent Galba mais il ne pouvait s'empêcher de savourer cet instant d'intimité, la clique d'esclaves les entourant mise à part.
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Laelia Antia Protera

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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMar 27 Oct - 18:09


Laelia regarda amusée les visages complices du père et de sa fille. La petite Octavia avait retrouvé sa langue et la candeur de sa question lui tira même un gloussement étouffé alors qu’elle retirait doucement la palla de sa tête pour découvrir ses longs cheveux. Elle aurait bien volontiers pris un bain ; elle se sentait plus sale qu’elle ne l’aurait cru. Elle s’abstint de participer à la conversation secrète qui animait la pièce, préférant caresser du bout des doigts le visage de Terentius qui gardait des yeux bien ronds de curiosité. Il fallait avouer que la pièce qu’on leur avait assignée était décorée avec goût, et semblait bien moins rustique que ce que la patricienne aurait pu penser. Ses propres mires avaient d’abord été attirée par la fresque au mur, qui était certes bien réalisée mais qui manquait d’un quelque chose pour qu’elle ne satisfasse tout à fait l’œil aguerrit de la ruvienne. Plutôt, ce qui l’intéressa d’avantage, c’était les quelques manuscrits déposés sur les étagères non loin de là. Avec douceur elle en frôla le papier, un petit sourire en coin.

L’imposant Sevinius lui avait fait bonne première impression. Il était accueillant et jovial, et elle avait su discerner dans son œil une lueur propre aux gens réfléchis. Et sa première réflexion, que le Chat n’osa relever, l’assurait de ce qu’elle pensait de lui plus tôt. Cet homme serait sûrement un partenaire de jeu idéal pour le Protero ; sa réflexion, bien trop pesante pour être tout à fait innocente, donnait le ton. A croire dès lors que le Censeur n’avait guère fait ça ni pour souligner tout à fait l’incompétence des Optimates, ni pour s’imposer comme meneur Populares. Car ces choses-là, ses invités le savaient déjà. La Patricienne y voyait d’avantage une humeur grossière pour instaurer, plus tard, un dialogue plus fin et plus pragmatique. L’état des routes, quoiqu’étant un sujet important, était somme toute relatif face à des réalités plus pressantes. Elle était presque certaine que cette badinerie rhétorique n’était qu’un pied de nez à la véritable vocation de son invitation.

Adonc, elle ne fût guère surprise de voir quelques traités philosophiques garnir l’étagère. C’était là sûrement pour s’assurer que les invités possédaient tous les atours de l’intelligence qu’attendait l’hôte. Pour sûr, une forme d’excitation naissait en son cœur. C’était un jeu auquel elle ne s’était pas adonné avec plaisir depuis leur départ de Ruvia. Aussi, peut être que cette pause – méritée – dans la villa agricola lui redonnerait assez de goût pour ces choses, elle qui avait vécu son comptant d’angoisses pour l’année. Octavia avait quitté son père pour se précipiter près de Tindu qui déjà, commençait à la débarbouiller alors que Caïus se lavait les bras et les mains.

« Fort éclairante sur notre hôte. Je suis positivement étonnée ». Laelia lui offrit un sourire sincère et ses prunelles grises brillaient d’amusement. « Ne dit-on pas que la domus est le reflet de ceux qui y vivent ? ». Elle rit un peu et s’approcha un peu pour l’imiter, lavant ses doigts doucement. « Il est encore plus étonnant de voir une bâtisse si… ruvienne ici, en Oncmélie. La barre est haute Caïus Protero Feles. J’espère que celle où nous nous rendons dépasse doublement celle-ci ». La taquinerie n’en demeurait pas moins vraie ; si jamais ils n’arrivaient à s’imposer comme les astres nouveaux qu’ils étaient, jamais ils n’obtiendraient la considération de personne. Et cela passait aussi pour l’ostentation de leur pouvoir et de leur influence.
« Le Censeur Galba semble être un homme important. Et il me plait d’avantage que Scorpa. Tu ne m’as réellement dit ce que tu pensais de lui ». Elle tourna son visage vers son époux, attendant patiemment sa réponse pour forger un avis définitif, qui viendrait teinter ses discussions ce soir.

D’ailleurs, à peine quelques minutes plus tard, on les invita à se rendre à la cena. Dans un calme relatif au vu des questions incessantes d’Octavia au pauvre Pesca, la famille s’enjoignit à l’imposant et truculent Lucius Sevinius Galba.
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Lucius Sevinius Galba

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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeJeu 12 Nov - 16:55

Les cuisines étaient un véritable enfer.

Partout couraient des petites mains, des esclaves en course folle portant récipients et mets délicats. Volaille, viande de bœuf, amphores et amuse-gueules tournoyaient dans un ballet chaotique, sous le tonnerre de la voix de Lucullus. Son timbre agressif était le plus stimulant des fouets pour les autres commis, qui redoublaient d’effort comme la chiourme des galères. Les cailles n’étaient pas encore arrivées, Hortensia avait lâché une amphore de garum sur le sol, et comble du comble, son crétin de compagnon avait glissé sur la flaque et avait emporté une autre amphore dans sa chute, du vin cette fois.

Lucullus était tyrannique, les yeux injectés de sang. Son ton montait dans les menaces, ses ordres se faisaient plus secs, plus rapides. Il virevoltait dans la salle comme un forcené, apostrophant les mous et distribuant des mandales aux deux esclaves qui venaient de risquer la bonne tenue du repas. Il s’occupa bien vite de les faire punir par Cutio, l’énorme pénule qui surveillait le garde-manger. Lorsqu’il revint en cuisine arranger tout ce capharnaüm, le son tonitruant de sa voix se mêla aux sanglots brisés des deux fautifs, et aux ahanements sourds du terrible Cutio.

Dans la Villa Sevinii, les cuisines étaient un véritable enfer. Si infernales que l’on dit, à raison, que lorsque Paa fait sa tournée macabre, c’est dans les fourneaux du vieux Galba qu’il s’arrête pour casser la graine…

Loin de toute agitation, loin de tout bruit intempestif, le triclinium de la demeure de Sevinius passait lui pour un havre de paix. Les mosaïques murales s’enjouaient de figures estivales et pastorales, montrant là un épisode des travaux des champs, là quelques femmes musant avec les bergers. La mensa, au centre de la pièce, accueillait déjà quelques mets de première bouche : huîtres de Valtaia, crustacés de rivière, le tout accompagné de coupelles de vin de mulsum. Trois esclaves lavés attendaient en silence la venue des invités, que le petit Cubicullus était parti chercher il y a peu. Enfin, de l’autre côté de la pièce trônait la véritable énormité de cet endroit : Galba lui-même. Le curiate cachait tant bien que mal son impatience : après tout, cela faisait un moment qu’il souhaitait pouvoir discuter avec le procurateur, et rencontrer sa délicieuse femme. Le port ruvien lui avait toujours fait tourner la tête, et la cena serait l’occasion de pouvoir abuser de cette friandise visuelle sans vraiment se faire remarquer.

Alors qu’il repensait à sa chère épouse, et disons-le, à toutes les autres, Cubicullus se présenta à l’entrée du triclinium en abaissant la tête de soumission. Galba ne lui offrit pas un regard, préférant se lever et poser les yeux sur le couple entrant dans la pièce. Avec l’air aimable qu’on lui connaissait si bien, Lucius déclara :

« L’heure est enfin venue de faire plus amples connaissances ! Venez donc, installez-vous. En ce jour, c’est moi qui régale, et je n’ai pas mon pareil en la province, croyez-moi bien. »

Déjà accouraient esclaves portant des pichets, ou replaçant les coussins garnissant les fauteuils de la pièce. Il était évident que le plus imposant d’entre eux était réservé à leur hôte pachydermique…
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeSam 14 Nov - 16:10

Caïus faisait couler l'eau sur ses avant-bras et ses mains tandis que Laelia répondait à sa question.

Fort éclairante sur notre hôte. Je suis positivement étonnée. Ne dit-on pas que la domus est le reflet de ceux qui y vivent ? Il est encore plus étonnant de voir une bâtisse si… ruvienne ici, en Oncmélie. La barre est haute Caïus Protero Feles. J’espère que celle où nous nous rendons dépasse doublement celle-ci.

Elle l'avait rejoint autour de la casse d'eau claire, et même si pétillait dans ses prunelles grises une douce et complice malice, il savait au fond de lui que cette remarque n'était entièrement innocente. Laelia avait ceci de particulier qu'elle ne souhaitait pas être parmi les meilleurs, ou possédait parmi les plus belles choses, elle devait être la meilleure et posséder les plus belles choses. Beaucoup suggéraient que cela était dû à son éducation impériale, auprès de Paetius qui n'avait jamais caché sa complicité avec sa nièce. Caïus savait, lui, que cela allait beaucoup plus loin, enracinée en elle et qu'elle irait jusqu'à concurrencer les Dieux en personne si elle le pouvait. C'était une combattante, ambitieuse et impitoyable, qui ne tolèrerait pas de n'être pas au sommet dans tout ce qu'elle entreprenait. Le Procurator relva le regard et déclara avec une fausse bonhommie pleine d'ironie.

Elle est deux fois plus petite et il y a des trous dans chaque mur avec des graffitis obscènes. Tu vas adorer patauger dans les marécages environnants les teintureries.

Il échangea un regard avec son amour, ne parvenant pas à retenir un sourire légèrement moqueur devant la moue désapprobatrice qu'il voyait. Par Aïka, qu'il l'aimait, même lorsqu'elle ne supportait pas son humour taquin. Elle préféra répliquer sans prêter attention à la pique de son idiot de mari.

Le Censeur Galba semble être un homme important. Et il me plait d’avantage que Scorpa. Tu ne m’as réellement dit ce que tu pensais de lui.

Il s'aspergea le visage afin d'enlever les quelques grains de poussière qui s'était réfugié dans les ridules qui commençaient à poindre aux coins des yeux et derrière les oreilles. Il prit un linge enroulé autour d'une anse pour s'éponger le front et le cou avant de répondre.

Un très bon orateur, charismatique, sûr de lui et possédant un vrai soutien de ses pairs. Il force le respect, même de ses opposants. Autant Scorpa à un abord glacial et direct qui crée une certaine antipathie à son égard, autant le côté plus mielleux du censeur me fait penser qu'il est tout aussi dangereux. On ne devient pas un chef de file à la Curie comme au Sénat en étant uniquement un rhétoricien exemplaire. On le dit habile et séducteur, alors attends-toi à surprendre quelques regards insistants sur ta chute de rein et ta poitrine. Nous verrons ce soir si j'ai raison de rester méfiant à son égard.

Du coin de l'oeil, il vit Pesca commençait à sortir quelques stolae et toges d'une malle aux bords ferreux. Il tendit l'index vers on magister avant de déclarer.

Prépare la bleue bordée d'argent.

***

Le soleil teintait de feu l'occident lorsque les proterii rejoignirent le maître des lieux dans le triclinium. Comme annoncé, Caïus avait enfilé une stola blanche et avait enroulé autour de lui une toge d'une bleu profond. Un liseret argenté s'enroulait en volûtes élégantes depuis ses chevilles jusqu'aux épaules. À son bras, Laelia resplendissait comme toujours, semblable à une Valtéide sortie des flots. Ils pénétrèrent dans la pièce à la suite de Cubicullus, pour se retrouver face à l'obèse qui se redressait tant bien que mal pour les accueillir dignement.

L’heure est enfin venue de faire plus amples connaissances ! Venez donc, installez-vous. En ce jour, c’est moi qui régale, et je n’ai pas mon pareil en la province, croyez-moi bien.

La pièce, à l'image de tout ce qu'il avait vu de la villa jusqu'ici, était richement décoré et arrangé avec goût. De grands fauteuils ouverts où les convives pouvaient s'asseoir autant que s'allonger avaient été disposés autour d'une table où patientaient des coupes finements ciselées. Caïus hocha la tête avant de répondre au censeur.

Nous te remercions pour cet accueil grandiose, Censeur. J'espère que je pourrais te rendre la pareille en t'accueillant bientôt chez moi.

Caïus accompagna Laelia jusqu'à sa place, lui prêtant son bras jusqu'à ce qu'elle prennen la position la plus confortable qui lui seyait, puis il s'assit à son tour dans le fauteuil attenant. Le Feles laissa vaganbonder son regard alentour pendant un instant, avant de déclarer.

Ton épouse ne nous rejoint pas ?
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMar 17 Nov - 18:24

Elle avait elle-même choisie un tissu sobre mais richement ciselé de soie, qui laissait entendre sa position. Au bras d’un Caïus resplendissant, nul doute que le couple Protero marquerait leur hôte positivement. Et si toutefois elle s’était retenue de plus amples commentaires pour préférer quelques trivialités, elle partageait l’avis de son époux ; Sevinius n’était certainement pas censeur sans raison, et derrière les paroles sucrées devait se cacher un homme habile et ambitieux. De quoi donner un sourire franc à la patricienne ; voilà longtemps qu’elle n’avait pas goûté aux plaisirs d’une discussion fine et aboutie. Le précédent repas, en compagnie du Préteur, n’avait guère été un franc succès. Entre le deuil pas encore écoulé et la discussion triviale qui avait suivi avec la pauvre Sicinia, lui laissait le goût amer de la frustration. Ainsi, elle portait de grands espoirs sur cette soirée.

Non qu’elle prévoyait de faire du gras Galba un allié à leur cause, - cela aurait été trop rapide et bien trop hasardeux -, la jeune femme souhaitait trouver dans la chaleur du foyer un air bien connu, une madeleine perdue depuis leur départ de Ruvia. Puisque l’imposant personnage semblait contenir toutes les qualités demandés pour tenir une conversation, si non agréable au moins passionné, elle comptait bien faire preuve de zèle et s’adonner à quelques élans propres aux gens bien éduqués. Et puis, lorsque ses yeux roulèrent vers le Procurateur, elle se pensa peut-être utile pour une fois. Il l’avait lui-même confessé : l’adipeux bonhomme avait de l’appétence non seulement pour les mets délicats, mais aussi pour les femmes. N’était-elle point une femme elle-même ? Alors elle avait pris soin de paraître bien, et belle, sans non plus se montrer désirable. Elle aimait les choses simples, que la beauté d’une ligne, d’une matière, d’une courbe pouvait sublimer sans effort. Laelia se cachait peu derrière un monticule de bijoux et d’huiles, préférant choisir une unique pièce. Ainsi le regard ne pourrait se déconcentrer sur autre chose, et toute l’attention porté rendrait hommage à l’ouvrage savamment assemblé.

Plus pressée que jamais, ses longs cheveux ondulaient librement au rythme de leur marche. Bientôt on les accueillit avec déférence, dans une pièce à l’image de ce qu’avait été la villa agricola jusqu’ici ; propre et de très bon goût. Sevinius pouvait bien se targuer d’avoir trouvé une domina de talent, qu’elle se prit à envier une minute. Elle balaya le triste ressentiment d’un coup d’un seul, en pensant que bientôt l’éclat de l’hôtesse se fanerait devant elle ; elle était au ciel ce que l’Imperator était à l’empire. Après avoir été installée, elle demeura assise, accoudée à sa droite. Ses yeux balayèrent la pièce, toute aussi surprise que Caïus de ne pas avoir l’insigne honneur de découvrir la matronne de ces lieux. Sûrement que le gros Censeur, dans une fringale, l’avait engloutie. Car c’était là l’effet qu’il lui faisait, avec ses difformités pulpeuses et son menton trilobé.

« Il est vrai que j’aurais aimé la rencontré. Une maison si bien entretenue mérite quelques félicitations. Tu as de la chance d’avoir trouvé pareille perle, Censeur Galba ». Elle lui offrit un sourire. Ce qu’elle disait était tout à fait vrai ; elle n’aurait pensé trouver en Oncmélie des gens éduqués convenablement. « J’imagine, par contre, que les traités de philosophie sont les tiens ».
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMer 18 Nov - 8:52


Sous les plis de sa toge safranée, le corps de Galba dictait ses propres lois à l’apesanteur. La grâce qu’il pouvait dégager dans ses mouvements, qu’un autre homme de sa corpulence aurait eu patauds, n’était pas une mince affaire : c’était l’entraînement de toute une vie. La mesure dans les pas, les mouvements dans les bras, tout dans sa démarche était calculé, car il aurait été hors de question pour le censeur de laisser ses ennemis le voir chanceler comme un ours de cirque. Il offrait donc la même danse aux Proterii, prenant son travail d’hôte à cœur, pour qu’un temps seulement ils puissent revivre le faste d’une Ruvia miniature, une Ruvia que Galba ne pouvait que fantasmer. En effet, bien qu’il se soit toujours considéré comme l’un des plus ardents Ruviens de la province, il n’avait jamais vu ni posé le pied en la capitale.

Tout en faisant s’installer ses convives, et faisant de discrets signes de main à un esclave pour qu’il aille s’enquérir de la situation aux cuisines, l’immense curiate baissa lentement la tête en acquiesçant aux remarques de ses invités. Brillant par son absence, il manquait une perle à l’écrin sévinien.

« Aurelia n’est malheureusement pas parmi nous ce soir, je le crains. Mon épouse est restée en ma domus edelmienne, elle se sentait trop faible pour entreprendre le voyage jusqu’en mon domaine agricole. Mais n’ayez guère d’inquiétude : son père Aurelius possède l’un des médecins les plus compétents de la cité. »

A la vérité, elle était déjà sans doute guérie, mais tardait à venir en ces lieux. Depuis qu’elle avait découvert la villa, elle lui avait préféré la domus urbaine. Elle n’aimait pas le gardien Cutio, ni les effluves désagréables émanant de Cubicullus quand il s’agitait un peu de trop. Elle n’appréciait pas plus de voir les pénules brutaliser la chienlit servile dans les champs lorsqu’elle souhaitait se reposer au dehors. Galba ne pouvait pas lui en vouloir, mais en ne venant pas l’accompagner pour ce dîner, Aurelia l’empêchait de lui-même exhiber son épouse. La nouvelle matrone de Galba était encore jeune, et magnifique, méritant son cognomen de Pulcherrima.

Son regard glissa vers la délicieuse Laelia, qu’il découvrait enfin de très près. Malgré deux grossesses, dont un accouchement récent, sa fraîcheur et sa jeunesse venaient arrogamment souligner les plus nombreuses années des deux patriciens de la pièce. Lucius trouva Caïus bien chanceux de s’être trouvé une de ces femmes au port altier et à l’éducation parfaite, que l’on ne peut trouver que dans la Cité Éternelle. Aurelia, pour somptueuse et éduquée qu’elle puisse être, restait réservée et sans doute moins cultivée que son invitée. Car la première chose qui s’échappa de sa bouche désirable concernait les traités de philosophie qu’il gardait dans ce qui leur servait de chambre. Un rictus en coin, le censeur leva une main sur le côté, faisant passer son regard du procurateur à son épouse :

« Lorsque je ne donne pas de mon temps à la province, c’est à la lecture que j’occupe mes journées. J’ai réussi à mettre la main sur une magnifique collection philosophique, des premiers auteurs cyniciens aux nouveaux épicuriens, en passant par les grands auteurs classiques des Salfarides. »

En fait, c’était plutôt le travail de fourmi de Lucullus, son esclave secrétaire, qui lui avait permis de trouver tous ces parchemins. Les finances des Sevinii, si elles avaient connu des jours ombrageux lors des récoltes désastreuses des décennies précédentes, avaient tout de même servi à augmenter le patrimoine culturel de sa maison. Il lâcha un petit rire joyeux, s’autorisant déjà à prendre une des huîtres posées sur un large plateau d’argent.

« Tu sembles amatrice de philosophie, Laelia Protera. Tu es un homme chanceux, Feles, ou devrais-je oser, Felix ? »

Le trait d’humour se conclut d’un lever de bras, accompagné d’une morsure brutale sur l’huître avant de l’avaler goulûment. Le censeur jeta la coquille dans un petit panier tendu par un esclave juvénile, avant de se saisir avidement d’une autre de ces merveilles de Valta.

« J’ai également une grande passion pour les traités culinaires. La cena de ce jour sera d’ailleurs inspirée des travaux de Papillius, qui fut le cuisinier des empereurs ruviens. Mais je ne vous apprends rien à tous deux, vous qui venez de la Cité Éternelle. »

Le gras politicien se mit bien plus à l’aise sur son triclinium, toujours paré de son sourire empreint de bonhommie. Une nouvelle huître disparut dans son large gosier, tandis que l’hôte signifiait à ses invités qu’ils pouvaient déguster les mets qu’il avait fait parvenir pour eux.
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMer 18 Nov - 14:16

Aurelia n’est malheureusement pas parmi nous ce soir, je le crains. Mon épouse est restée en ma domus edelmienne, elle se sentait trop faible pour entreprendre le voyage jusqu’en mon domaine agricole. Mais n’ayez guère d’inquiétude : son père Aurelius possède l’un des médecins les plus compétents de la cité.

Caïus hocha la tête à la suite d'un petit hoquet silencieux, comme pour signifier à leur hôte qu'il comrenait l'absence de la matrone. À ses côtés, Laelia était plus rayonnante qu'un soleil d'été, belle à en brûler les rétines et affichant un sourire immense que Caïus n'avait pas revu depuis leur départ de Ruvia. Elle ne manqua pas de relever la qualité de la bibliothèque du censeur qui ne put dissimuler sa fierté derrière la cascade de bourrelets qui pliait sa stola.

Lorsque je ne donne pas de mon temps à la province, c’est à la lecture que j’occupe mes journées. J’ai réussi à mettre la main sur une magnifique collection philosophique, des premiers auteurs cyniciens aux nouveaux épicuriens, en passant par les grands auteurs classiques des Salfarides.

Un petit rire plus tard, s'emparant d'une huître qui sembla trembler devant l'ogre qui s'apprêtait à l'avaler, il coula un regard vers le Feles.

Tu sembles amatrice de philosophie, Laelia Protera. Tu es un homme chanceux, Feles, ou devrais-je oser, Felix ?

Le trait d'esprit reçut un léger éclat de rire en réponse. Il fut un temps, il lui paraissait bien lointain, où Felix était le cognommen de Caïus. C'était avant son mariage avec Laelia, avant toutes les enquêtes menées au nom de Paetius, avant d'être veuf. Une autre vie, un autre temps, un autre lui. Le bruit de succion du censeur fut suivit de celui de la coquille qui heurta le fond du panier tenu par un esclave non loin. Il saisit sa prochaine bouchée, bientôt imité par le Feles.

J’ai également une grande passion pour les traités culinaires. La cena de ce jour sera d’ailleurs inspirée des travaux de Papillius, qui fut le cuisinier des empereurs ruviens. Mais je ne vous apprends rien à tous deux, vous qui venez de la Cité Éternelle.

Il eut du mal à retenir un sourire et dans son regard frisait une pointe de moquerie en jaugeant la bedaine fantastique de Galba, le bien-nommé. Le Feles fit glisser l'huître hors de sa coquille et l'avala avec délectation. Un sourire naquit sur les lèvres du Procurator qui répondit avec amabilité.

Et grâce à toi, ce soir, nous en retrouvons un peu la saveur et l'atmosphère.

Il laissa tomber la coquille vide dans le panier avant de poursuivre.

Je m'étonne de ne pas voir de recueils des grands rhétoriciens de Rutgie. J'ai cru reconnaître leurs pattes pendant la dernière session à la Curie.

Il but une gorgée de vin avant de se pencher pour se saisir d'une nouvelle coquille grise.

J'en profite d'ailleurs pour te remecier de m'avoir fait l'honneur de rejoindre les registres de la censure de la province.

Le ton était affable mais son regard trahissait une certaine curiosité face à cette motion proposée par Galba. Caïus se doutait bien qu'il y avait derrière cette proposition d'apparence innocente, une raison bien plus profonde et probablement bien moins généreuse qu'on pouvait le penser de prime abord. Restait à voir si l'obèse assumerait pleinement la chose en se dévoilant un peu plus qu'à travers sa politesse et son sens de la conversation.
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMer 18 Nov - 17:51

L’immense sourire ne semblait pas décidé à quitter les lèvres de la patricienne, qui non contente de s’adonner à la verbeuse cérémonie, commençait à déceler chez l’Eléphant la même flamme qu’avait annoncé son époux un peu plus tôt. A l’instar de son commensal, le monacal Primo, le Censeur Galba était d’un naturel jovial et rythmait la conversation avec plus d’aisance que ne l’avait fait le triste Préteur. Néanmoins, derrière les éclats complices et les œillades malicieuses, elle décelait sans mal une intelligence savamment étayée avec le temps, et une langue sûrement aussi tranchante qu’elle savait être mielleuse. Dès lors, son avis sembla tout à fait ficelé : qu’importe qu’il devienne ou non un opposant, elle aurait du plaisir à se confronter à lui ; pour sûr, Caïus devait ressentir la même chose. Il y avait donc sur ces terres reculées et embourbées à l’autre bout de l’Empire des personnes dignes d’eux.

Ce constat passé, elle ne pleura pas longtemps l’absence remarquée de la matrone. Ainsi, elle serait bien plus à même de montrer l’étendue du pouvoir des Proterii sans à avoir, en plus, à servir de compagnie pour esprits plus simplistes. A Ruvia, les patriciennes ne l’intéressaient guère, sauf une poignée qui – bien éduquée -, avait quelques traits tout à fait dignes qu’elle aimât exploiter une ou deux fois chaque mois. Ainsi, ces riches héritières et épouses, se prêtaient volontiers à des petits jeux d’esprit, invitant parfois quelques philosophes à la mode et d’autres moins connus. Laelia, à qui la réflexion ne posait aucun problème, demeurait plus admirative encore de la rhétorique : sensible à cet art particulier, elle n’en était pas pour autant une bonne élève. Alors elle veillait à combler ses lacunes auprès des meilleurs, et de toutes les écoles, prenant à chacun le meilleur et délaissant le pire. Toutefois, le manque de pratique depuis leur départ de la capitale avait dû entacher ses capacités déjà peu suffisantes à son goût. Qu’importait, elle supplierait Caïus pour reprendre ses activités en faisant venir à leur domus les plus brillants d’entre-eux.

Car si toutefois elle était partie du principe que la Sevinia était de celle qu’elle n’appréciait pas, il demeurait une chance que la perle soit moins terne qu’annoncé. La nièce de l’Imperator, qui n’avait jamais réellement connu de défaite, n’aimait pas non plus la concurrence lorsque l’effort à fournir pour briller d’avantage était trop importante. A l’image des grands dirigeants, elle voulait sa victoire nette et écrasante en tout point. Et si son illustre ancêtre avait su faire plier l’Oncmélie avant elle, elle mettrait le monde à genoux devant elle – d’Edelmia à Valtaia. Pétrie d’un orgueil propre aux Julii, elle admira un instant Caïus ; n’était-ce pas elle la plus chanceuse de tous ? Elle gouta quelques fruits de mer à son tour, qu’elle trouva bien assaisonnés. Les produits étaient de qualité, et à en juger par le goitre de Galba, ce n’était pas un homme à manger de la merde. Plutôt, elle profitait sereinement de ce début de cena.

« Nous venons peut-être de Ruvia, mais je peux t’affirmer sans crainte aujourd’hui que nos cœurs appartiennent à l’Oncmélie. La Curie ne pouvait faire plus grand honneur à notre famille, et je suis certaine qu’un jour bientôt nos pairs oublieront même que nous ne sommes pas nés d’ici ».
Elle adressa une moue malicieuse et entendu à son époux. Bien sûr que le fossé resterait toujours entre eux et les patriciens oncméliens. La Curie représentait si peu de choses pour qui avait connu le Sénat. Mais au moins, ces quelques mots pourraient faire office d’hommage respectueux à leur hôte. Il serait malvenu de lui rappeler, à lui qui les accueillait avec bon cœur, qu’ils n’étaient pas faits du même bois.
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeVen 20 Nov - 9:13

A peine la conversation était-elle entamée que Galba sentait qu’il allait grandement apprécier cette soirée. Naguère membres du cercle impérial, ses hôtes avaient tout pour être des hôtes de choix, et voilà bien des années qu’il n’avait pas eu à sa table quelqu’un pour parler d’autre chose que de politique et de cette province boueuse et lointaine sur laquelle son ancêtre avait bâti sa fortune. Aussi, lorsque Caïus releva quelques détails intéressants dans ses dernières interventions à la Curie, il ne put s’empêcher de sourire. Cela prouvait deux choses : la première, c’était que le procurateur était un homme s’intéressant à l’art subtil de l’éloquence ; la seconde, c’était que ce même homme ne se laissait pas berner si facilement par les grands rhéteurs. Tout en se penchant en avant, il confia à Caïus comme s’il s’agissait d’un secret, mais assez fort pour que Laelia soit dans la confidence :

« Ces volumes-là, procurateur, je ne les laisse pas entre toutes les mains, penses-tu ! »

En réalité, il avait tenté d’enseigner l’art complexe de la rhétorique à ses fils. Si feu l’aîné avait toujours été un élève rigoureux en passe de devenir un maître comme son père, le cadet n’en avait fait qu’à sa tête, et bien que Titus ait le sens du verbe et de la prestance, la manière dont il l’utilisait montrait à quel point certains traités entre les mauvaises mains produisait le même résultat que de la bonne confiture donnée aux cochons.

« Ma motion était certes avantageuse pour vous, les Proterii, mais je pense sincèrement qu’elle l’est plus encore pour la province. »

Le gros censeur se redressa, se servant un peu de vin de mulsum. Comme il s’agissait d’un vin arrangé pour être plus doux, il avait pris de sa propre production, histoire de ne pas gâcher le vin du sud qu’il conservait pour ses invités de marque. Puis il reprit :

« Après tout, Laelia, ton mari s’est montré un procurateur bien plus entreprenant que ne le fut le précédent. Pulcher, Kuo veille aux mânes, avait beau être un homme capable, il n’en restait pas moins enclin à l’oisiveté et laissait à mon ami Ravilla bien plus de travail. »

Et cela l’avait bien aidé à la formation de son parti politique, à l’époque. Mais la raison pour laquelle Lucius avait proposé cette motion restait encore obscure. Ou l’était-elle vraiment ? Ne pouvaient-ils voir pourquoi le gros censeur s’était rapproché du procurateur, bien que ce dernier ait bâti son piédestal sur des sables mouvants ? Et tandis que d’autres entrées faisaient son apparition, dont ses fameuses langues d’alouettes, il continua sur un ton mondain :

« Qui sait donc de quoi l’avenir sera fait ? Je voulais permettre à la province de profiter d’un peu de nouveau sang ruvien dans ses veines, tout en gardant ce nouveau sang d’éventualités… fâcheuses. »

Et sur ces paroles sibyllines, il ne put s’empêcher de se saisir d’une nouvelle denrée entre ses doigts boudinés, denrée qui finit invariablement par être engloutie dans son estomac gargantuesque.
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeVen 20 Nov - 16:59

La lueur malicieuse que Caïus lut dans le regard de Galba et le ton de fausse confidence qu'il employait en complicité, lui fit comprendre qu'il n'était pas insensible à sa remarque.

Ces volumes-là, procurateur, je ne les laisse pas entre toutes les mains, penses-tu !

Amabilité, éducation, le gros censeur déployait toute sa bonhommie et sa sympathie avec une éloquence attendue. Laelia semblait séduite par le pachyderme et lorsque vint l'heure d'amener la discussion vers la motion de leur hôte, elle se montra aussi prompte que le Feles pour le remercier d'avoir fait d'eux de véritables oncméliens.

Nous venons peut-être de Ruvia, mais je peux t’affirmer sans crainte aujourd’hui que nos cœurs appartiennent à l’Oncmélie. La Curie ne pouvait faire plus grand honneur à notre famille, et je suis certaine qu’un jour bientôt nos pairs oublieront même que nous ne sommes pas nés d’ici.

Ils échangèrent un bref regard. Caïus savait très bien ce qu'elle pensait réellement, les Dieux etaient témoins du mépris avec lequel elle appréhendait la compagnie des citoyens de cette province pluvieuse de l'autre bout de l'Empire. Pourtant, il se doutait qu'elle appréciait la compagnie du censeur ventripotent, tant elle s'appliquait à prendre les pincettes qu'elle n'envisageait même pas en présence des autres magistrats qu'ils avaient pu rencontrés depuis leur arrivée à Edelmia. Galba se servit un peu de vin en poursuivant la conversation.

Ma motion était certes avantageuse pour vous, les Proterii, mais je pense sincèrement qu’elle l’est plus encore pour la province. Après tout, Laelia, ton mari s’est montré un procurateur bien plus entreprenant que ne le fut le précédent. Pulcher, Kuo veille aux mânes, avait beau être un homme capable, il n’en restait pas moins enclin à l’oisiveté et laissait à mon ami Ravilla bien plus de travail.

Il semblait que lentement mais surement le censeur allait se livrer. De nouveaux mets délicats arrivèrent dans de grands plateaux portés par des esclaves qui gardaient la tête basse. Les yeux porcins de Galba s'arrondirent de gourmandise en lorgnant sur les prochaines victuailles qui tomberaient dans sa panse. Il déclara alors, jaugeant quel met aurait l'honneur de tomber derrière son gloître.

Qui sait donc de quoi l’avenir sera fait ? Je voulais permettre à la province de profiter d’un peu de nouveau sang ruvien dans ses veines, tout en gardant ce nouveau sang d’éventualités… fâcheuses.

Le Feles coula un regard vers son épouse, haussa légèrement les sourcils, à peine surpris par le sous-entendu de l'ogre en stola qui leur faisait face. Il avait beau être l'exact opposé de Scorpa, tant dans l'apparence que dans les idées, il partageait un discours laissant planer quelques menaces subtiles. Le censeur avait la délicatesse d'enrober ses paroles de miel, là où le Préteur était bien plus frontal et sec. Comme Caïus l'avait évoqué un peu plus tôt, dans l'intimité de leur cubicula, cela ne rendait pas l'obèse moins dangereux que le bigleux. Dans un cas comme dans l'autre, il feignerait la surprise et la bonne foi.

Des éventualités fâcheuses ?

Il imita Galba en enfournant une langue d'alouette qu'il mâcha rapidement avant de l'avaler et de se rincer le gosier d'une bonne rasade de vin. Il tendit sa coupe sur le côté pour que le jeune esclave non loin la remplit sans avoir l'honneur de recevoir un seul regard de la part du Procurator.

Si tôt après ma nomination ? Je n'ai pas encore eu le déplaisir de me faire des ennemis en Oncmelia ... Et ce ne sont pas les grognements orduriers de Murena qui m'inquiètent ... À moins que tu aies ouï dire des choses que j'ignore.

Il porta sa coupe aux lèvres et prit une nouvelle rasade de vin. De vin, une réelle insulte à Alko et au palais de bien des connaisseurs, mais les épices qui avaient massérés dedans le rendait au moins buvable. Un petit sourire apparut derrière la coupe et le Feles le révéla à son hôte en abaissant celle-ci. Dans une démonstration de crédulité remarquable, il joua les innocents en prononçant la phrase suivante.

À moins que ... Tu penses que nous soyons la cause de ces éventualités fâcheuses ?

Il jeta un bref regard vers Laelia, ne quittant pas sa moue surprise et incrédule devant la possibilité qu'on leur prêta des intentions mauvaises. Voilà qui était tout à fait ... Etonnant ? Insultant ? Impossible ? ... Juste ?
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MessageSujet: Re: [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia)   [Villa Sevinii] De la semence, le grain (Caïus - Laelia) I_icon_minitimeMer 25 Nov - 11:45

Les doigts de la patricienne se saisissaient de quelques mets délicats, dont le coup lui paraissait bien moins fade que ce qu’elle avait pu goûter en Oncmélie jusqu’alors. A croire que trop heureux de les recevoir, le ventripotent Censeur avait mis les petits plats dans les grands. Toutefois, elle ne s’en réjouissait de trop ; au vu de la carrure du mastodonte, il s’agissait sûrement de son propre plaisir coupable plutôt qu’une réelle motivation à impressionner ses invités. A dire vrai, elle doutait même que Galba soit de ceux que l’on impressionne. Sûr de lui et l’œil vif, il s’exprimait avec éloquence et sans ciller une minute face à l’écrasante supériorité du couple Protero. Plutôt il divaguait poliment vers des sous-entendus moins obscurs, qui lui tirèrent presque un sourire.

Ainsi donc, le cachalot montrait son vrai visage. Caïus n’avait pas mentit : il était plus sucré que son commensal Scorpa, mais à y regarder deux fois cela ne le rendait pas moins dangereux. Hélas, trois fois hélas, elle aurait apprécié s’être d’avantage trompé. N’était-il pas possible de croiser en ce bout de rien de l’empire, un homme intelligent sans avoir à se méfier de sa morsure ? Se consolant bien vite de sa maigre désillusion, elle jeta la coquille vide avec ses consoeurs. Elle n’avait jamais espéré mieux que quelques alliés de circonstance ici. Au moins, à l’instar du Bigleux préteur, lui semblait-il plus agréable et plus enclin à servir – un peu – leurs intérêts communs.

Les récents événements à la capitale avait quelque peu ébranlé la famille cadette des Julii. Et plutôt que de rester moribonds, fuyants des ennemis trop empressés de salir leur nom et leur réputation, Caïus était déterminé à rester là, au milieu de la fange et de barbares à peine instruits. Si Laelia lui vouait une confiance inébranlable, elle n’était pas encore persuadée du bien-fondé de leur entreprise. Ils étaient précisément là où les infâmes serpents du Sénat les avaient envoyés, attendant sagement le moment opportun pour se débarrasser définitivement d’eux. Car tout courageux qu’ils étaient, vautrés dans le luxe de Ruvia et jubilant d’une honteuse victoire, l’ombre du Chat planait toujours d’autant que la naissance de l’hériter ne venait que prolonger un peu plus la vie de l’illustre lignée Impériale. Aussi, pour cette même raison, les Proterii devait se prémunir du danger en instillant dans le cœur des Oncméliens quelques sympathies à leur égard.

Ils ne parviendraient sûrement pas à s’attirer la bonhommie de l’entièreté de la Curie, mais certains éléments clefs leurs seraient forcément favorables à un moment donné. Et si, malin comme l’était le Censeur, il l’avait compris, alors peut-être pourraient-ils trouver un terreau propice à l’émergence d’une volonté commune. Il n’existait aucun homme dépourvu de toute ambition, et le couple, drapé de la plus jolie des façons, pouvait bien s’accorder à aider son prochain pour mieux s’aider soi-même. Et, afin de donner le change, elle leva les sourcils dans une incrédulité toute faussée d’hypocrisie lorsqu’enfin arriva à mi- mot les accusations que tous s’entendaient à soulever à leur propos. Ils n’étaient après tout que des étrangers ici, et les récentes manipulations des bancs curiates par le Procurateur n’engageait rien de bon pour les petites affaires des uns et des autres. Les négociations allaient pouvoir commencer.

Laelia regarda le Félin avec la même incrédulité, se redressant un peu de son siège avant d’accorder une œillade peinée à Sevinius, acteur malgré lui d’une pièce de théâtre qu’ils maitrisaient que trop bien.

« Là, Censeur Sevinius, tu m’en vois fort blessée… Que de telles accusations, quoiqu’à peine prononcée, nous parvienne d’un homme de peu de goût comme le Préteur Scorpa est une chose, mais j’avoue être déçue de l’entendre de tes lèvres ». La voix de la jeune femme trembla presque de tristesse. « N’avons-nous pas montré toute notre reconnaissance à l’accueil que l’Oncmélie nous a fait ? Quelle affreuse ignominie avons-nous donc commise pour que l’on se méfie de nous comme de deux pesteux ? Est-ce donc mon sang qui t’inquiète ? Car si c’est cela que tu blâmes, je ne suis pas responsable d’être née ».
Elle tendit un verre sans se soucier de l’esclave qui lui remplit presque aussitôt. « En revanche, nous savons nous montrer reconnaissante envers ceux qui plutôt que du doute, savent montrer quelque franche amitié ».
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