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 En l'honneur de Valta (PV Laelia)

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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeMar 1 Déc - 12:59


1er jour de Tertio Seminare
An 399

Entre chien et loup, alors que le manteau indigo de la nuit s'effaçait devant l'éclat d'Aurin émergeant dans le ciel, Caïus passa le pan de sa toge pourpre autour de son bras avant de se tourner vers Pesca. Le magister rabattit le bord brodé sur l'épaule de son maître en pinçant légèrement les lèvres, concentré sur sa tâche. Il inspecta les joues et le menton du Procurator avant de ranger le rasoir, qu'il avait utilisé un peu plus tôt, dans un étui en cuir. Il croisa le regard de son dominus avant de hocher la tête avec un petit sourire satisfait au coin des lèvres.

Le Feles rendit le hochement de tête à son fidèle esclave et sortit du tablinum pour traverser l'hortus entourés d'élégantes colonnades blanches. L'aube charriait encore la fraîcheur de la nuit et une légère brume s'accrochait au toit de la villa. Les cris rieurs de quelques mouettes planant dans les cieux brisèrent le silence qui régnait au-dessus des falaises surplombant le Joyau d'Oncmélie. Il rejoignit le tablinum pour attendre Laelia  et les enfants. Terentius, du haut de ses, à peine, trois décades, resterait probablement assoupi pendant quelques heures, surtout après que sa nourrice l'eut nourri après ses premiers cris matinaux. Octavia, malgré ses petits yeux encore bouffis de fatigue et mi-clos, avança vers son père en tenant la main de Naïra. Caïus observa la vieille femme qui baissait le regard vers la petite fille avec bienveillance.

Où est la domina ?
Avec Tindu, dominus. Elle m'a demandé de te rejoindre avec la jeune domina avant notre départ.

Octavia lâcha la main de la magistera pour trottiner vers son père et enlacer sa jambe. Le Procurator posa une main bienveillante sur la chevelure ondulée de sa fille qui avait été parsemée de petites fleurs blanches.  Le père s'accroupit pour se mettre au niveau de sa descendance en lui souriant doucement. L'enfançonne se frotta l'oeil droit avant de questionner son père.

Pourquoi est-ce qu'on doit se lever aussi tôt ?

Il caressa la joue de sa fille du bout des doigts, avec autant de précaution que si Octavia était faite de cristal. Il arqua un sourcil en élargissant le sourire qui illumnait déjà son visage.

Quel jour sommes-nous ?
Le premier de Tertio Seminare !
En effet. Et tu sais ce que m'ont dit l'édile et le pontife de Valtaia, lorsque nous sommes arrivés ici ?
Nooon ...

Les yeux de la petite fille s'écarquillèrent avec une envie de connaître la réponse qui semblait être essentielle. Il laissa son index descendre la petite arête du nez d'Octavia en lui donnant la réponse.

Aujourd'hui, nous célébrons Valta pour ses bienfaits et pour qu'il continue de veiller sur la cité. Qui est Valta ?
C'est le Dieu des Mers et des océans, le frère d'Ukko !
Oui. Alors il ne faut pas l'offenser en manquant la fête en son honneur, n'est-ce pas ?
Oh non, ça serait pas bien.

Il se releva et tourna son regard vers le couloir décoré d'une élégante mosaïque représentant Tidé, lance à la main et entourée de chouettes en plein vol. La silhouette de son épouse apparut, précédant la jeune Tindu et la nourrice qui tenait son héritier chaudement emmaillotté. La vision parvint à lui élargir encore un peu plus son sourire.
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Laelia Antia Protera

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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 6 Déc - 13:54


Au loin, les vagues s’agitaient, noires et scintillante sous le reflet d’une lune qui ne tarderait à s’évanouir. Le ciel laissait apercevoir quelques nuages épars, alors que l’air emmenait dans son sillage quelques embruns maritimes chargés d’iode. Les mèches lâches s’affolèrent sous le souffle paisible, puis retombèrent malgré elles. Un instant encore, elle guettait l’immensité silencieuse, à peine perturbée par les ressacs dont le fracas sur la roche, en contrebas, offrait une agréable mélodie. Combien de fois avait-elle profité d’un tel spectacle avant ? Avant. Il lui semblait des siècles qu’elle avait quittés biens et amis, pour se réfugier ici, à des lieues de ce qu’elle avait pu appeler « chez soi ». C’était également bien avant l’infamie, l’irréel méprise, le blasphème à son sang. Les ondulations marines ne parvenaient plus à apaiser son cœur ; qu’était-il advenu des siens ? De ceux qu’elle chérissait tendrement ? Les souvenirs lui échappaient à mesure que soufflait l’Helm, comme la tempête se débarrassait des choses humaines. Le jour allait bientôt poindre, aussi l’on parvenait à discerner, à quelques brasses de la rive, tout au bas de l'à-pic, la statue immuable qui affrontait seule les éclats cristallins d’une eau froide et vive. Le marbre jamais n’avait failli. Et alors, plus sûre que jamais, Laelia Antia Protera détourna ses yeux de la mer.

Laissant aux soins de Mutsa ses tourments, elle ajusta une nouvelle fois sa palla. Le printemps touchait presque à sa fin et pourtant, aux confins du monde, il ne faisait guère chaud. Tindu, restée muette, s’approcha enfin les yeux rivés au sol pour tendre à sa maîtresse quelques bijoux. Les flammes qui éclairaient la cubicula vacillaient périodiquement, offrant à la pièce une étrange lueur réconfortante. Pour autant, les ombres qui se projetaient çà et là rappelaient à chacun qu’à chaque lumière subsistait une part de ténèbres. La main assurée de la patricienne saisie une parure, une chainette d’argent dont le centre s’abimait d’une perle. A l’aide de deux épingles, de part et d’autre, elle en ceint son front avant de décréter que cela suffisait bien. Elle était heureuse de la villa que lui avait offert Caïus, bien que cela ne parvenait à panser toutes ses blessures. Elle espérait que ses prières du jour seraient entendues à qui-de-droit, et qu’enfin son cœur retrouve la paix.

Mais avant de pouvoir s’adonner aux quantiques, la Protera devait se dépêcher de rejoindre son époux qui devait l’attendre déjà. D’un geste, elle obligea la jeune esclave qui l’avait aidé ainsi que la nourrice à se mettre en route.
« Couvre-le mieux que cela ». Le regarde sévère de la mère se posa sur le nouveau-né qui dormait paisiblement. « Ou je te tiendrais pour responsable s’il attrape une mauvaise toux ».
L’instruction donnée à la volée, elle accéléra le pas jusqu’à apercevoir les silhouettes de sa famille. Bien que son humeur ait été maussade, elle ne put réprimer un sourire conquis. Elle était chanceuse, peut-être la plus chanceuse des femmes de l’Empire. Elle possédait un époux dévoué, dont l’amour mutuel avait donné deux enfants merveilleux et en bonne santé. Et même s’ils se disaient peu ces choses-là, un simple regard suffisait à mille mots. Bientôt, leur bonheur serait complet. Elle avait vu les signes dans un rêve. Avec précaution, elle s’approcha du Procurateur en lissant un pli de sa toge. Il était beau. Et à eux deux, ils éblouiraient le monde.

« J’espère ne pas t’avoir trop fait attendre. Tindu n’arrivait à mettre la main sur cette maudite tenue en bleu de Valta ». Elle avait sciemment omis de lui dire qu’en vérité, elle avait sûrement passé plus de temps à regarder par le balcon qui surplombait la mer qu’autre chose. De toute façon, il la connaissait assez pour le deviner. L’aube s’amorçait déjà au dehors. Une petite pression contre sa jambe lui fit baisser les yeux, offrant à la jeune Octavia un sourire tendre. Elle était tout aussi jolie que son père, et les fleurs dans ses cheveux illuminaient son visage enfantin.
« Nous allons honorer Valta, mère ! C’est père qui me l’a dit ».
Elle ne put retenir un petit rire en caressant une joue du bout des doigts. « Eh bien, heureusement que ton père ne dit pas que des bêtises, sinon j’aurais à m’occuper de deux idiots à la maison ». La petite Octavia gloussa à la boutade, et Laelia reporta son attention sur son Soleil. « Es-tu prêt ? ».
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Caïus Protero Feles

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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 6 Déc - 14:48

Trois femmes apparurent, mais une seule éblouissait le regard de tout être qui le posait sur elle. En découvrant son épouse, parée d'une élégante palla qu'elle avait rabattue sur ses cheveux bouclés, Laelia faisait battre le coeur du Procurator un peu plus vite. Pouvait-on encore douté un seul instant qu'elle était la plus belle femme de tout l'Empire ? Ce n'était les fades matrones qui étaient nés dans ce lopin à l'extrémité de l'Empire qui pourraient un jour lui arriver à la cheville. Elle s'approcha de lui, lui rendant un sourire aussi radieux qu'était le sien, avant de déclarer d'un ton légèrement las.

J’espère ne pas t’avoir trop fait attendre. Tindu n’arrivait à mettre la main sur cette maudite tenue en bleu de Valta.

Le Feles tourna son regard vers la jeune esclave qui gardait le sien rivés vers le sol. Naïra et Pesca imitèrent leur dominus, prêts à émettre quelques reproches à la jeune femme à la peau brune lorsqu'ils ne seraient plus en présence des dominii. Caïus croisa le regard de la magistera de son épouse qui été la première à quitter des yeux Tindu. Ils échangèrent un petit sourire, sans un mot. Tous deux avaient bien compris que la faute n'était pas celle de l'esclave, puisque la tenue avait été préparé la veille. Pendant ce temps, Octavia venait quérir un peu d'attention auprès de sa mère.

Nous allons honorer Valta, mère ! C’est père qui me l’a dit.
Eh bien, heureusement que ton père ne dit pas que des bêtises, sinon j’aurais à m’occuper de deux idiots à la maison.

Malgré son retard, elle trouvait le moyen d'être taquine en ces heures matinales. Caïus leva les yeux au ciel avant de croiser le regard amusé de Pesca. Le Feles soupira légèrement en voyant que ce matin tout le monde semblait d'humeur à participer à la boutade et préféra se taire en observant les deux femmes de sa vie qui riaient de lui ensemble. Laelia releva les yeux, satisfaite de sa pique, pour le questionner.

Es-tu prêt ?

Il haussa les sourcils avant de hocher la tête et plia son coude pour le proposer à Laelia. Octavia retrouva la main de la vieille Naïra et la petite famille sortit de la villa après que Caïus eut un regard attendri pour son fils qui ne semblait même pas avoir remarqué qu'on l'avait sorti de son lit. Les Proterii ouvraient la marche, suivis de près par Octavia qui avançait aux côtés des magisterii et de la nourrice de son frère. Ils remontèrent l'allée de gravillons blancs qui lézardaient depuis la villa jusqu'au chemin qui menait au grand temple de Valta. Bien vite, ils rejoignirent une foule qui se massaient autour du Pontife dont la toge aux liserets d'or le démarquait du reste. Les flamines de Valta, tout de bleu vêtus, s'aidaient de leurs tridents pour se redresser un peu plus ou apporter un appui bienvenu aux plus vieux. L'orient s'embrasait de couleurs flamboyantes et déjà le fond de l'air se réchauffait. Le Pontife s'approcha de Laelia et Caïus en jouant un peu des coudes pour faire s'écarter quelques curieux qui lui bouchaient le passage. Les licteurs de Caïus firent le reste du travail en ouvrant un passage au milieu de la foule.

Procurator ! Procurator ! Quelle joie et quel honneur de t'accueillir parmi nous en ce jour !
Allons, Pontife, je t'en prie. Les honneurs sont pour Valta, le protecteur de la cité et des océans. Je ne suis là qu'en humble pélerin.

Rien n'était plus faux que cette affirmation. Bien évidemment qu'il était bien plus qu'un pélerin, bien plus même que le moindre habitant de la ville et de la province ; il était le Feles de l'Imperator, le Procurateur d'Oncmélie Mineure, le Héros de Ruvia. Autant de titre qu'il avait mérité et acquis car il était bien meilleur que la majorité de ceux qu'il devait gouverné. Mais face aux représentants des Dieux, sous le regard même des pensionnaires des palais Célestes, il ne pouvait se permettre de se montrer trop arrogant et imbu de lui-même. Il leva sa main libre pour désigner l'enchanteresse créature qui avait enroulé un bras gracile autour du sien.

Laisse-moi te présenter mon épouse, Laelia.

Il poursuivit son geste et présenta leur descendance.

Et voici mes enfants, Octavia et Terentius.

La face joufflue du Pontife s'égaya d'un doux sourire alors qu'il s'inclinait avec respect devant la petite famille, puis il ajouta joyeusement.

Tu es un homme chanceux, Procurator. Quelle belle famille que la tienne !

Il se lissa la barbe avant de se tourner vers l'avant du cortège et de lancer par-dessus son épaule dans un petit gloussement.

Nous allons pouvoir commencer la procession, si vous voulez bien me suivre !

Les proterii lui emboîtèrent le pas et Caïus se pencha doucement vers laelia pour lui souffler à mi-voix, en complicité.

Et nous voilà partis pour voir toutes les Valtéides. Ne t'agace pas si ce vieux bonhomme ne marche pas assez vite, d'accord ?

Il offrit un regard emplit de malice à sa jeune épouse. Lui aussi savait se montrer taquin malgré l'aurore.
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Laelia Antia Protera

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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 6 Déc - 16:11

La foule s’amassait, agitée par des conversations sonores qui habillaient le matin. Laelia jeta un œil à la plèbe, avant de s’en détourner. L’ensemble bigarré de fidèles offrait à la famille du Procurateur une bien drôle de vision, et il était trop tôt pour s’en soucier. Parmi ces gens se tenaient des jeunes et des vieux, des femmes et des hommes, tous ayant fait l’effort de quitter leur bourbier pour prendre le chemin rocailleux qui menait à l’Aedes Valtaï. La bâtisse attendait impassible sur son promontoire. Et si toute l’Oncmélie Mineure n’avait parut qu’un amas boueux à la patricienne, elle retrouvait à Valtaïa quelques élans de civilisation prospère. De jour, pour sûr, la cité avait mérité son nom de Joyau. La perle posée en bordure de la Mare Tenebris resplendissait en comparaison à la fade Edelmia, et ce qu’elle avait entendu de la bouche de Caïus concernant Télioprate n’augurait rien de mieux. Et puis, outre la beauté de la ville balnéaire, elle était un poumon économique majeur pour la région. Aussi, il était peu étonnant que le Procurateur en ait fait son lieu de villégiature. Bien sûr, il savait que le cadeau produirait l’effet voulu sur son épouse, mais elle aurait pu parier que ce n’était pas là un hasard. Après tout, une villa agricola aurait très bien pu suffire à combler les besoins de Laelia, pour peu que celle-ci soit la meilleure en tout point.

Elle l’aimait pour ça. Elle n’avait aucune honte à s’afficher à son bras, les doigts délicatement posés sur son muscle. Il était digne d’elle et de son rang. Il l’avait toujours été ; son oncle n’était pas dupe : le Chat avait mérité sa place au sein de la famille impériale et il l’avait su à la hauteur de la tâche qui l’attendait, car combler la Protera n’était pas une mince affaire. Et fort heureusement, le Héros de Ruvia offrait à la belle toute la distraction physique et intellectuelle qu’elle désirait. De plus, comment pouvait-il en être autrement lorsqu’il la présentait toujours aussi orgueilleusement, même face au Pontife de la ville ? Laelia se contenta de sourire poliment, remarquant à peine l’affreux tic de l’ecclésiaste à s’astiquer la barbe. Voilà qui présumait une bien longue cérémonie si le vieux bouc s’en venait à caresser sa barbiche constamment. Si elle n’avait été aussi humble, elle aurait sûrement juré que c’était elle qui le rendait nerveux. Préférant garder la boutade pour elle-même, le couple repris sa marche, bien encadrés par des licteurs aux aguets. Ils n’étaient pas sortis à deux pour une raison aussi officielle depuis des lustres, et ce petit bout de roche au fin fond de l’Empire semblait vouer une curiosité malsaine pour ses visiteurs prestigieux. Les hommes d’armes avaient bien du mal à écarter les fidèles sans bousculer quelques enhardis qui tendaient des mains inutiles.

Un instant, l’on eut pu croire du dégoût passer dans les mires grisailles de Laelia, mais cela se dissipa presque aussitôt. Elle avait appris à faire avec, à composer avec les plus vilains comme avec les plus lents. Pourtant – comme lui fit si bien remarquer son époux -, la patience lui faisait souvent défaut et si le vieux bouc piétinait, cela userait bien vite ses ressources. Mais plutôt, elle offrit à Caïus une œillade déjà désespérée.

« Tu es sûr que l’on va voir toutes les Valtéides ? Je pensais que nous avions déjà passé le stade de la Nuptiis nuntiatam ».

Les trente Valtéides étaient toutes représentées sur le chemin vers le temple, et il était courant, la veille d’un mariage, que la jeune vierge vienne chercher auprès de ces divinités féminimes quelque réconfort et protection. Les Compagnes étaient certainement les bijoux les plus précieux de leur père, Valta, mais la ruvienne avait bien du mal à comprendre l’utilité d’un tel parcours. Il ne fallut pas deux minutes d’ailleurs pour que la procession s’arrête une première fois. Le pontife accompagné de flamines s’avança vers la jouvencelle de marbre, et déposa à son pied une couronne de fleurs comme il était d’usage. Installés au premier rang, le Procurateur et son épouse ne furent point déçus lorsque les hommes entamèrent une liturgie. La foule se bousculait derrière eux pour tenter d’apercevoir ce qu’il se tramait à l’avant, et pourtant la Protera aurait donné cher pour ne pas rester à prendre racine durant de longues minutes. Elle se pencha légèrement vers son époux et murmura à voix basse pour ne pas déranger la cérémonie.

« Pitié Caïus, à ce rythme-là, nous atteindrons le temple ce soir ».
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 6 Déc - 16:58


Les prêtres, Pontife en tête, avançèrent d'un pas tranquille le long du chemin pavé qui s'enroulait autour des falaises au sommet desquelles trônait l'Aedes Valtai. Laelia se pencha à son tour vers Caïus.

Tu es sûr que l’on va voir toutes les Valtéides ? Je pensais que nous avions déjà passé le stade de la Nuptiis nuntiatam.

Un doux sourire se dévoila sur les lèvres du Feles. Si la patience était mère de toutes les vertues, elle était étrangère à la nièce de feu Paetius. À en croire ce que lui avait dit Pesca, ce trait de caractère s'était transmis à leur fille et il espérait secrètement que Terentius saurait l'apprendre dès son plus jeune âge. À en juger par la tranquillité avec laquelle le bébé dormait dans les bras de sa nourrice, il avait bon espoir que son fils le fusse. Les pélerins se massaient autour d'eux, leur lançant des regards curieux et avides. Pour quelques plébéiens, ils seraient le sujet d'histoires fièrement racontées à leur descendance pendant les longues nuits de Nix. Ils affirmeraient qu'ils y étaient, qu'ils avaient vus, croisés le regard ou parfois même serrés la main du Procurator d'Oncmelia Minor.

Il jeta un rapide regard par-dessus son épaule, pour s'assurer que sa fille n'était pas bousculé par un zélote trop entreprenant en voulant lui adresser un mot. Les licteurs assuraient une escorte solide et hermétique, laissant la fillette profiter d'un peu d'espace pour observer l'immense statue blanche qui se dressa bientôt devant elle. Les flamines déposèrent une couronne de fleurs avaient d'entonner des chants sacrés en l'honneur d'Erato, la première Valtéide à croiser leur route. L'impatience de Laelia ne tarda guère à se faire entendre dans un chuchotis soufllé au creux de son oreille.

Pitié Caïus, à ce rythme-là, nous atteindrons le temple ce soir.

Il leva les yeux vers le ciel qui prenait une teinte bleu clair, vierge de tout nuages. L'astre du jour s'élevait lentement depuis l'horizon, témoignant de l'heure matutinale. Il répondit dans un souffle à son tour.

Nous y serons bien avant Meridies. Et pour répondre à ce que tu as dit plus tôt. Nous avons dépassé ce stade mais nous ne l'avons jamais effectués cette marche sacrée. Si cette cérémonie, aussi longue soit-elle, peut me rappeler le jour béni où je me suis lié à toi, alors je n'en louperai pas un seul instant.

Il déposa un petit baiser sur la joue de sa bien-aimée et en profita pour jeter un oeil vers Octavia qui questionnait Pesca. Le magister au visage si pincé d'ordinaire avait toujours un regard plus doux lorsqu'il échangeait avec la fille de son dominus. Il poursuivit, en profitant de ses lèvres si proche de l'oreille de sa belle épouse pour murmurer la suite.

Et il est important qu'on nous voit ici, honorer les Dieux et montrer l'exemple à la plèbe. Si ces bouseux en sont capables, ça ne peut être qu'une formalité pour toi, mon amour.

Le cortège reprit sa route quelques instants plus tard et s'arrêta devant une autre statue de jeune femme à peine vêtue, puis une autre, et encore une autre et à chacune d'elle, prières, chants et couronnes de fleurs furent offert. L'opulente silhouette du temple grossissait à mesure que la foule grimpait sur ces falaises. Une fois là-haut, le Procurator savait bien que la cérémonie serait plus festive et ... sanglante. De quoi raviver l'intérêt de Laelia qui avait un goût certain pour les sacrifices.


Dernière édition par Caïus Protero Feles le Mer 9 Déc - 15:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 6 Déc - 21:00


Laelia souriait alors que les lèvres du Procurateur rencontrait la peau de sa joue. Caïus n’était pas un homme démonstratif, il était même plutôt du genre taiseux alors elle profitait toujours de ces attentions anodines qui ajoutaient d’autant plus de crédit à son discours. Car si aujourd’hui elle ne doutait plus de l’affection sincère qu’il lui portait, le souvenir de leurs noces la rendait amère. Ce jour si particulier avait été une occasion politique de plus pour l’homme qui se tenait droit à son flanc ; elle lui en avait tellement voulu, bien qu’elle parvenait – après toute ses années – à comprendre son geste. Elle retint un petit rire. Oui, le jour de son mariage elle avait compris qui elle avait épousé et n’en regrettait pas une seule seconde. Certes il avait le don de la mettre hors d’elle-même, mais c’était également le seul qui la comprenait tout à fait. Il était un pilier, un roc solide sur lequel elle pouvait s’appuyer. Il aspirait aux mêmes choses qu’elle. Son oncle ne s’était décidemment pas trompé. Elle était la femme la plus chanceuse de tout l’Empire.

La marche était tout de même pénible. Les mêmes liturgies étaient répétées inlassablement à chaque statue, si bien qu’à la fin, elles n’étaient devenues qu’un bourdonnement pénible aux oreilles de la patricienne. Il n’y eu, dans toute leur procession, que la fois où les flamines avaient laissé Octavia déposer la couronne de fleur que ses yeux s’allumèrent d’intérêt. Du reste, le chemin boisé était joli en cette matinée ensoleillée, mais les langueurs des prêtres lui donnaient presque la nausée. Pour autant elle avait pris son mal en patience, râlant parfois juste assez fort pour que son époux le remarque mais observait toujours la même posture fière. Il avait raison ; ils montraient le vrai visage de la civilisation à la plèbe qui s’amoncelait de plus en plus. Le cortège ne semblait plus avoir de fin, à croire que la ville entière s’était massée pour la cérémonie. Elle avait pu discerner quelques patriciens, toutefois elle ne leur avait accordé un bref regard. Ces gens, aussi richement vêtus pouvaient-ils être, n’étaient rien de moins que des bouseux.

Ce ne fût pas sans soulagement qu’ils pénétrèrent enfin les marches du temple. La bâtisse, aux colonnes hautes d’au-moins cinq hommes, portait fièrement des teintures bleues. Le marbre blanc du sol soulagea les pieds de la ruvienne. La lueur du jour éclairait sans mal la cella. Seuls les privilégiaient rentreraient dans la demeure de Valta sur terre, et ils en faisaient partie. Octavia avait fini dans les bras épais de la magistera alors que Terentius dormait toujours à point fermé. Le nouveau-né n’ouvrirait les yeux que pour quémander sa pitence, d’ici une heure ou deux. Quant à sa fille, la marche et le lever matinal avait eu raison d’elle, et après quelques plaintes, Naïra avait finalement soulevé la petite dans les airs. Les petites billes brillantes de fatigue, elle ne tarderait pas à s’endormir elle aussi, la tête dans le cou de l’esclave. Les flamines avaient brûlé de la sauge et de l’encens, et les chants s’élevaient plus forts dans l’enceinte abritée de l’Aedes Valtaï. C’était un beau temple, qui tranchait sans mal avec la fange des marécages alentours. Elle était d’ailleurs étonnée qu’une telle œuvre ait pu voir le jour ici, mais n’en fût pas mécontente. Cela lui rappelait Ruvia.

Alors que tous se préparaient à la cérémonie, l’on attendait les dernières personnes influentes de la ville. Profitant de l’accalmie, et toujours aussi bien placés, la Protera observait le Pontife qui se grattait toujours la barbe avec le même geste angoissé. Voilà qui aurait de quoi occuper l’œil moqueur de la patricienne, qui se pencha vers son époux.
« Crois-tu que le Pontife se lustre aussi bien la barbe que le chibre ? Car il serait là le plus heureux des hommes ». La remarque grivoise la satisfit quelques instants, avant de finalement rompre à nouveau le silence. « Tu devrais demander à te faire oindre de l’offrande. Nous avons bien besoin de prospérité en ce moment ».
Bien plus sérieuse cette fois, sa voix laissait entendre la lassitude des derniers événements, et ses craintes fondées de l’avenir. L’occasion d’une véritable prière ne se refusait pas, et elle trouvait que Caïus avait négligé ses devoirs envers les Palais Celestes ces derniers temps. Bien sûr, il était occupé, et elle excusait sans mal le Procurateur de se soucier de ses ouailles. Mais qu’adviendrait-il de leur famille si jamais les Dieux se mettaient à répudier leur nom ? Elle craignait le châtiment divin.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeLun 7 Déc - 19:47

Comme les heures pouvaient parfois sembler des jours entiers. Caïus avait beau connaître la patience, au contraire de sa jeune épouse qui ne manquait pas de souffler ou de passer d'un pied à l'autre pour marquer son agacement, il n'en demeurait pas moins que cette cérémonie doublé de l'ascencion et des nombreux arrêts pour honorer chaque Valtéide était des plus rébarbatives. Toutes y passèrent, d'Actea à Xantho en passant par Léagore. À chaque fois, couronne de fleurs, chants et prières furent offerts aux statues qui contemplaient de leurs yeux de marbre la foule qui se massait à leurs pieds. Octavia déposa la couronne florale devant la statue de Doto, faisant se gonfler de fierté la poitrine du Feles. Même Laelia sembla mettre de côté son ennui en voyant leur fille sortir de la foule pour être le centre de toutes les attentions.

Deux Valtéides plus loin, la petite avait finalement succombé à la fatigue pour imiter son cadet en s'endormant dans l'étreinte rassurante de la vieille magistera à la peau d'ébène. Heureusement, à mesure que le soleil se hissait haut dans le ciel, une douce chaleur venait accompagner la procession qui voyait l'Aedes Valtai grossirent un peu plus à chaque halte. Finalement, après qu'Eika eut du tourner cent fois sa clépsydre, du moins le semblait-il au Procurator, ils entrèrent sous les immenses colonnades gravées du grand temple de Valta. Suivant toujours, quelques pas en retrait, le pas traînant du Pontife qui se tripotait la barbe sans cesse, Caïus prit le temps d'admirer la vue depuis les hauteurs qui surplombait le Joyau d'Oncmélie. Voilà un surnom que la cité n'avait pas usurpé. Là où Edelmia était une belle cité mais plutôt quelconque, comme il en existait des centaines dans tout l'Empire, et Telioprate, plus proche d'un taudis aux routes pavées que d'une réelle cité, Valtaia avait un charme unique, autant grâce aux falaises abruptes qui ceignait la ville élégamment qu'à son architecture en niveau et à ses quartiers bien organisés. Le grand phare qui défiait la houle au côtés de la statue du Dieu des mers permettait à une multitude de voiles d'entrer et de sortir d'un port qui bouillonnait d'activité.

Au bout du temple, une nouvelle statue monumentale du Dieu, triomphant sur son char tiré par quatres hippocampes, toisait de toute sa divine stature les pélerins qui avançaient dans des murmures respectueux vers le centre de sa demeure. Comme de coutume, les murmures de Laelia se révélèrent bien moins pieux qu'on aurait pu le penser.

Crois-tu que le Pontife se lustre aussi bien la barbe que le chibre ? Car il serait là le plus heureux des hommes.

Le Feles pinça ses lèvres pour retenir un éclat de rire avant de lancer un regard oscillant entre reproche et amusement à son épouse. Elle paraissait très satisfaite par sa déclaration déplacée. Elle renchérit bientôt en dissipant la flamme amusée qui illuminait ses grands yeux gris.

Tu devrais demander à te faire oindre de l’offrande. Nous avons bien besoin de prospérité en ce moment.

Les traits du Procurator se crispèrent légèrement alors qu'il détournait le regard vers les flamines qui formaient un arc de cercle autour du Pontife. Ce dernier se mit à grimper un petit escalier qui menait à une large plateforme percée en son centre. Des bruits de chaine se faisaient entendre depuis l'étage. Caïus se pencha doucement vers Laelia pour lui souffler doucement.

L'offrande est en l'honneur du dieu protecteur de la cité. Vouloir m'imposer ici et me substituer au divin me parait être une bonne façon de m'attirer l'inimitié des citoyens de la cité.

Il observa le vieil homme qui grimpait lentement les marches qui l'emmenait vers la plateforme qui trôner au-dessus de la tête de la statue gigantesque. Des cliquetis de chaines se firent entendre avant un meuglement anxieux. La tradition allait être respecté et un taureau serait sacrifié en l'honneur de Valta. Caïus poursuivait, un brin plus taquin cette fois.

Je suis sur que tu le sais déjà. Je te trouve bien dévôte pour quelqu'un qui s'inquiète de la façon dont ce vieux machin s'astique le membre.

Il posa une nouvelle fois son regard vers le Pontife qui escaladait les dernières marches en soufflant, s'appuyant lourdement sur son bâton. Les traits du Procurator se durcirent, reprenant son visage solennel qui convenait mieux à l'ambiance de la cérémonie. Il souffla enfin, tandis que le Pontife présentait la dague qui allait offrir le sang au Dieu Protecteur du Joyau.

Et si je dois me faire oindre d'une offrande, ce sera à Edelmia, devant le regard d'Ukko et au moment le plus opportun. Il y a encore beaucoup à faire avant de demander la bénédiction des Dieux.

Il arqua un sourcil en coulant un regard déterminé vers son épouse. Un petit sourire vint une nouvelle fois froncer le coin de ses lèvres avant qu'il ne leva les yeux pour écouter la prière que le Pontife adressait à Valta, le poignard levé au-dessus de la tête. Dans son dos, la bête s'agitait quelque peu, sentant sa fin toute proche.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeMer 9 Déc - 14:22

Laelia levait ses yeux impatients vers l’autel, quelques marches au-dessus d’eux. Déjà se faisaient entendre les tintements acides des chaînes de fer, et les cris sordides de l’animal aux abois. Voilà qui lui convenait mieux que les longues processions ; elle n’avait jamais été la plus dévote des fidèles, mais elle appréciait grandement les jours fastes des sacrifices sanglants. Et de tous ceux qu’elle avait eu la chance de voir, lui restait en mémoire le souvenir béat de l’hécatombe à Ruvia pour Ukko lui-même. Une semaine de liesse avait suivi la mort des cents bovidés, et toute la capitale avait été en émoi. L’on racontait que cela n’était pas arrivé depuis le propre triomphé de son père, Antius Victor. Et outre l’esthétique particulier de ces cérémonies, il y avait une étrange atmosphère qui se dégageait des temples. Le mélange des herbes que l’on brûlait, les prières à genoux et parfois la silhouette discrète d’un oracle offrait aux Hommes un bref aperçut de l’image qu’elle entretenait des Palais Célestes. C’était, en outre, l’espace d’un instant, d’une journée, d’une décade, l’impression de faire partie intégrante de l’inaccessible. Elle avait rêvé plus d’une fois que Soltar s’en venait à elle, comme un père aimant retrouvait son enfant au soir. C’était là dans ses veines, dans chacun de ses organes. Elle plus que quiconque dans ce temple méritait l’éclat des divins.

Ses lèvres se décollèrent dans un petit sourire. Qu’avait-elle espéré en proposant la chose à son époux ? Elle savait qu’il aurait décliné, et bien qu’elle ne partageait pas complètement son avis, elle ne pouvait l’y contraindre. Elle prierait pour deux encore quelques temps, jusqu’à ce que Caïus puisse enfin rendre l’hommage mérité à Ceux-qui-veillaient. Silencieusement, elle espérait de tout cœur qu’ils leur accorderaient leur protection, comme ils avaient toujours été bons avec eux. Mais les Dieux étaient insaisissables pour les mortels, et leurs desseins échappaient bien souvent à la compréhension de ces derniers. Alors la patricienne resta prudente, alors qu’elle lâcha dans un murmure :

« Je crois plutôt qu’il y a beaucoup à faire après avoir obtenu leur bénédiction. Certains hommes attendent une vie entière pour avoir un triomphe illusoire ; ne soit pas de ceux-là Caïus ». Ses mires grises glissèrent sur le côté pour l’observer. « Les Dieux sont plus susceptibles que les hommes. Ne déçois pas les alliés que nous avons dans les Palais Célestes ».

Et quoique l’allusion était toute pleine de dévotion, le rictus satisfait sur sa figure ne trompait pas : il y avait un intérêt certain à mêler les instances religieuses à une carrière politique. Ici, où tout était à construire pour le Procurateur, il ne pourrait s’imposer sans l’aide des cultes. La Protera, prévoyante, avait déjà amorcé le travail de sape. Bientôt le temple d’Ukko d’Edelmia recevrait l’imposante statue, cadeau du couple nouvellement arrivé. Et s’ils ne voulaient pas se faire targuer de quelques complotismes, le Chat devrait se montrer ruser, et abuser ses pairs par quelques prières ostentatoires. Plus on le verrait, et moins cela serait soupçonneux. Avant même qu’il n’eut pu répondre, la voix du Pontife s’éleva bien haut, résonant dans le temple avec une force insoupçonnée. Aussitôt, tous se mirent à genoux alors qu’il commençait le rituel en se lavant les mains.

« Ecoute-moi, dieu au trident d’argent, toi qui protèges Valtaïa
Et les Valtéides toutes divines, toi qui règnes avec puissance sur les océans !
Tu nous as jadis écouté dans nos prières,
Une fois encore, exauce notre vœu :
Rends nos terres prospères et nos eaux clémentes »*.
Quelques flamines se mirent à agiter d’avantage les bouquets de sauges brûlants. La paume levée vers le ciel, Laelia respirait tranquillement.
« En échange de ta protection, de ton pardon, de notre salut,
Nous partageons aujourd’hui avec toi cette offrande.
Puisses-tu t’en régaler et t’en souvenir ».

Les mots qui concluaient la prière se virent abimé par le bruit des chaînes et des sabots sur le marbre. Quelques secondes à peine s’écoulèrent quand apparut à la gauche du Pontife l’impressionnant taureau. Les muscles saillants de son poitrail et ses grandes cornes présumaient qu’il avait été entretenu avec soin. Les habitants du Joyau d’Oncmélie faisait peser de nombreux – peut-être trop nombreux – espoirs sur l’échine de la brave bête. Un petit rire moqueur lui échappa devant l’ironie de la situation. Bien qu’elle n’aurait osé manquer de respect aux Dieux, les hommes avaient cette fâcheuse habitude de s’en remettre à la chance plutôt que de s’en saisir. Persuadée de son idée, l’héritière Julia ne pouvait que conspuer la paresse ; l’on ne pouvait se satisfaire d’un sort qui pouvait être amélioré par des efforts consentis. Voilà la différence entre ceux qui priaient derrière eux, et le couple Protero : ils étaient maîtres de leur destin.

*toute ressemblance avec le chant I de l'Iliade n'est pas fortuite.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeMer 9 Déc - 15:37

Alors que la foule levait les yeux vers le vieux pontife qui s'apprêtait à déclamer sa litanie, Laelia poursuivit l'échange à mi-voix avec son époux.

Je crois plutôt qu’il y a beaucoup à faire après avoir obtenu leur bénédiction. Certains hommes attendent une vie entière pour avoir un triomphe illusoire ; ne soit pas de ceux-là Caïus. Les Dieux sont plus susceptibles que les hommes. Ne déçois pas les alliés que nous avons dans les Palais Célestes.

Le Procurator fit claquer sa langue en fronçant les sourcils, légèrement agacé par la réflexion de son épouse. Elle avait raison de vouloir attirer le regard bienfaiteur des Dieux sur eux, mais son impatience maladive, résultat de l'éducation qu'elle avait reçu où tout lui été donné dès qu'elle le souhaitait, était parfois un brin exaspérante pour un Feles plus mesuré. La randonnée matinale semblait avoir rendu le Feles un peu moins apte à tempérer les ardeurs de la mère de ses enfants, et il avait pris la remarque comme si elle supposait qu'il avait oublié de s'attirer les bonnes grâces du culte. Il ne put répondre avant que le Pontife ne se mit à beugler sa prière.

Ecoute-moi, dieu au trident d’argent, toi qui protèges Valtaïa
Et les Valtéides toutes divines, toi qui règnes avec puissance sur les océans !
Tu nous as jadis écouté dans nos prières,
Une fois encore, exauce notre vœu :
Rends nos terres prospères et nos eaux clémentes
En échange de ta protection, de ton pardon, de notre salut,
Nous partageons aujourd’hui avec toi cette offrande.
Puisses-tu t’en régaler et t’en souvenir.

La bête massive à la robe noire, avança de quelques pas, ses énormes muscles frissonnant sous la peau fine. Les flamines encadraient le taureau dont le mufle se teintait de blanc alors que sa respiration se faisait plus rapide. Les prêtres saisirent la tête de l'animal pour la pencher en arrière, forçant le taureau à regarder vers les cieux. Caïus profita de cet instant critique, où les ouailles agglutinaient dans la demeure du Dieu des Océans avaient les yeux rivés ver le puissant animal, pour manifester sa mauvaise humeur.

Si nous sommes là, aujourd'hui, c'est justement pour ne pas négliger les Dieux et pour y être vus. À vouloir trop m'imposer, on risque de me cataloguer comme un tyran en devenir. Je ne gâcherai pas ma vie, ni la tienne, à attendre un triomphe. Mais je ne donnerai pas de prétextes à ceux qui voudront me salir. Chaque chose en son temps. Si le Pontife me le propose, ce sera autre chose, mais je ne m'imposerai pas.

La lame cérémonielle refléta la lueur des braseros qui éclairaient le temple, déclanchant un meuglement rauque de la part du taureau qui comprenait bien ce qui l'attendait. Le Pontife se pencha en avant et fit un grand mouvement du bras. La plainte de l'animal se répercuta en écho entre les colonnes du temple. Un cri déchirant, semblable à un sanglot qui s'étouffait dans son propre sang. Le fluide vital s'échappa de la plaie en torrent et malgré quelques soubresauts qui firent transpirer les flamines qui assitaient le vieux tripoteur de barbe, la bête s'affessa sur elle-même dans un râle sinistre. Une clameur s'éleva dans le dos des Proterii, assez forte pour que Terentius les accompagna en poussant un cri. Le Procurator tourna le regard vers l'arrière et observa la nourrice qui le berçait lentement en tentant de le rendormir. Octavia redressa la tête de l'épaule de Naïra, cherchant à comprendre où elle avait atteri.

Le sang commençait à ruisseler à travers le trou percé au centre de la plateforme surélevée et venait s'écraser sur la statue de Valta. Les prêtres s'attelaient à récupérer le reste dans de grandes vasques alors que le Pontife confiait la lame rituelle à d'autres flamines qui se mirent à dépecer la carcasse. Bientôt ils se mettraient à découper la bête et on entamerait le banquet qui clôturerait les festivités. Les pleurs du nouveau-né continuaient de retentir, faisant se plisser d'inquiétude le front de sa nourrice. Le Feles posa son regard sur Laelia alors que des applaudissements retentissaient pendant que le Pontife descendait de son perchoir.

Notre fils a visiblement beaucoup de choses à dire à Valta aujourd'hui. On dirait Murena pendant nos sessions à la Curie.

Le vieux membre du culte avait dévalé les marches bien plus vite qu'il ne les avait grimpé et déjà sa silhouette voûtée claudiquait vers le Procurator et son épouse. Nul doute qu'il allait encore venir les solliciter. Si Caïus se devait d'être vus dans de telles cérémonies, le vieil homme semblait particulièrement enclin à être vus en leur compagnie. Même dans le sacerdoce on trouvait toujours un fond de politique.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 13 Déc - 12:55

Les yeux gris de la patricienne mesuraient chaque gouttelette se déversant sur le poitrail du noble animal. Son meuglement funéraire n’entacherait pas sa gloire passée et future ; la bête était morte pour le salut des hommes, et rejoindrait bientôt les Palais Célestes dont les jardins accueillaient chaque offrande. Il n’y avait sur terre plus belle fin que celle-ci. Et outre le sacrifice que cela représentait, il y avait quelque chose d’infiniment beau, d’infiniment saint que de tout donner, y compris sa vie. Dès lors, il était à se questionner sur l’importance du corps sur l’esprit. Cette question – quoique fondamentale – était sûrement la raison pour laquelle Laelia préférait aux longues parades, les hécatombes. Les choses matérielles, les os, les muscles et les humeurs, étaient bien peu de choses comparés à l’esprit. Car si ce que l’on pouvait toucher finissait fatalement par s’user, et mourir, l’invisible lui restait. Il en allait de même avec les mots, l’éducation, les souvenirs. Longtemps la ruvienne s’était instruite auprès de nombreuses écoles, écoutant avec rigueur les préceptes des uns et des autres, argumentant tantôt en faveur, tantôt en désaccord avec ses maîtres. Mais tous avaient participé à l’élaboration de sa propre conscience, et de sa propre science.

Elle aimait toujours à débattre de ces choses-là, aiguisant son sens rhétorique aussi bien que son esprit critique. Car il lui arrivait parfois encore de ne pas trouver de logique ou de réponse assez cohérente au problème posé. Alors, peut-être par orgueil, elle allait fouiller, chercher, dénicher encore et toujours la Vérité. Aussi peu absolue qu’elle soit, Laelia aimait à offrir sa vision du monde à ses proches et n’en déplaise à Caïus, elle avait tendance à s’imposer plus que de raison. C’était peut-être là son charme. Souriant à la boutade de son époux, elle jeta un regard au solide bambin qui donnait de la voix dans le temple de Valta. Terentius était leur fierté, autant que pouvait l’être Octavia. Les enfants Proterii étaient l’avenir de leur famille, et la certitude chevillée au corps, ils seraient un jour appelés Julii. La nourrice berçait le petit être en chuchotant une comptine, les traits serrés de s’être ainsi fait remarquée. Mais la Domina ne lui fit aucune remarque. La femme aux grosses mamelles s’occupait bien de leur fils, et qu’il s’exprimait ainsi n’était qu’un bon présage ; un jour il aurait à s’exprimer pleinement aux Dieux, et elle espérait qu’ils se souviendraient de sa dévotion.

« Eh bien peut-être devrions nous offrir un goûter à Terentius en invitant les Optimates de la province. J’ai l’étrange sentiment qu’ils pourraient tenir avec notre fils de longues conversations ».

La boutade faisait écho au désastreux repas avec le Préteur. C’était un homme fort intelligent, mais dont l’arrogance n’avait d’égal que la complainte hébété d’un garnement mal éduqué. Pour l’heure, seul le Censeur Galba lui avait fait bonne impression. Le seul qui ne s’était directement plains au couple, accusant mollement les autres de sa propre incompétence. C’était là un comportement d’enfant ; parfois – souvent même -, Laelia se réjouissait de ne pas assister aux sessions tant à la Curie qu’au Sénat. Ce que lui rapportait son oncle, son père ou même Caïus n’augurait que des chamailleries puériles, motivées la plupart du temps par un intérêt personnel. Les institutions n’étaient en somme que le théâtre d’ambitions égoïstes, au détriment du peuple Ruvien. La patricienne s’était résignée à cette triste réalité. Bientôt le Pontife, dont la toge était constellée de sang, leur fit face un large sourire souligné par sa barbiche.

« Procurator ! Quelle joie de t’avoir parmi nous ! Le sacrifice s’est parfaitement déroulé, je suis certain que Valta sera ravi ! ». La phrase présomptueuse du vieillard fit lever un sourcil à la dévote qui garda le silence, focalisant son attention sur la main qui astiquait de nouveau les poils du menton. « Et je crois qu’il lui plairait davantage encore que toi et ta famille partagiez le repas avec moi et quelques flamines.
« Vois-tu, ta présence ici ne peut être qu’un signe de prospérité pour notre ville et ses habitants. »

La Protera ne résista pas à un petit gloussement amusé. La politique rendait les hommes si peu habile. Mais là, Caïus avait raison. De se montrer ici était bon pour leur image, et quoique la compagnie du prêtre ne l’enchantait pas plus que cela, c’était une opportunité qu’ils ne pouvaient refuser.

« Qui sommes-nous pour refuser l’invitation des Dieux eux-mêmes. Je disais justement à Caïus que tu nous as fait trop d’honneur en nous offrant les meilleures places ; n’était-ce pas là une cérémonie pour les habitants de la citée ? ». Un sourire fin et aimable éclairait le visage de la ruvienne, alors qu’elle plongea ses mires grises dans celles du Pontife.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 13 Déc - 17:35


Eh bien peut-être devrions nous offrir un goûter à Terentius en invitant les Optimates de la province. J’ai l’étrange sentiment qu’ils pourraient tenir avec notre fils de longues conversations.

Caïus hocha la tête de gauche à droite, s'étonnant à peine de l'aversion que formulait sa bien-aimée envers l'aile traditionnaliste de la Curie. Pouvait-il vraiment lui en vouloir ? Le seul avec qui elle avait eu le loisir d'échanger était d'une compagnie sinistre et son strabysme n'avait pas suffi à lui attirer la sympathie qu'elle éprouvait pour celui de son défunt oncle. Il se résigna pourtant à prendre la défense de Scorpa, aussi dérangeant fusse-t-il.

Leur chef de file est moins chouineur et bien meilleur orateur que tu peux le penser. Cependant même Octavia devrait prendre le dessus sur ses suiveurs dans une joute oratoire, c'est vrai.

Il laissa son regard vagabonder jusqu'à sa fille qui glissait de la tendre étreinte de Naïra pour se frotter les yeux encore encroûtés de sa sieste. Il ne put retenir un léger sourire bien vite évanoui en entendant les pas traînants et la voix usée du Pontife qui s'approchait.

Procurator ! Quelle joie de t’avoir parmi nous ! Le sacrifice s’est parfaitement déroulé, je suis certain que Valta sera ravi ! Et je crois qu’il lui plairait davantage encore que toi et ta famille partagiez le repas avec moi et quelques flamines. Vois-tu, ta présence ici ne peut être qu’un signe de prospérité pour notre ville et ses habitants.

Valta ou lui ? Même si la question de savoir si le Dieu Protecteur de la cité en avait quelque chose à faire de sa présence ou non lui brûlait les lèvres, il se retint de la poser ouvertement à l'astiqueur de barbiche qui lui faisait face. Laelia prit les devants, sentant peut-être la saillie acide qui couvait sur la langue de son époux.

Qui sommes-nous pour refuser l’invitation des Dieux eux-mêmes. Je disais justement à Caïus que tu nous as fait trop d’honneur en nous offrant les meilleures places ; n’était-ce pas là une cérémonie pour les habitants de la cité ?

Le Procurator toisa roidement le Pontife qui se mit à rougir légèrement en balbutiant devant le sourire de la belle ruvienne.

Eh bien ...T... Toute la province est la bienvenue pour honorer Valta. Un Procurator en est le digne représentant ... Même ... Même ton prédécesseur nous avait fait l'honneur de nous accompagner, il ya de ça ... Douze ans maintenant !

Au moins Caïus ne s'était pas trompé en acceptant d'assister à la cérémonie dès son arrivée en Oncmelia Minor. Bientôt la plèbe répandrait la nouvelle qu'il était un homme pieux et soucieux de la protection de toute la province. Aussi rédibitoire et longue qu'avait été cette marche et ce sacrifice, l'effet populaire resterait celui escompté. Se montrer en compagnie des flamines ne ferait que renforcer tout ceci, il n'y avait donc pas à hésiter.

C'est avec plaisir et humilité que nous vous accompagnerons, toi et tes flamines.

Même si la matinée avait creusé l'estomac du Procurator, un autre appétit que le Pontife ne saurait comblé, voir même plutôt dissiper, commençait à étreindre le Feles. Demeurer aussi longtemps au bras de sa ravissante épouse, vêtue telle la déesse Aïka elle-même, n'avait jamais laissé de marbre Caïus et la perspective de retrouver son épouse nue contre lui dans leur lit commençait à lui échauffer les sangs. Les enfants lui servirent de prétexte pour émettre un bémol à son affirmation.

Cependant, Pontife, je ne peux garantir que nous resterons jusqu'en fin d'après-midi. Mes enfants sont encore jeunes et il est de mon devoir de père de veiller à ne pas trop les épuiser. Je suis certain que tu sauras le comprendre.

Tout en parlant, il remonta sa main le long du dos de Laelia et finit par effleurer la nuque de son épouse avant de couler vers elle un regard fripon. Un petit sourire en coin étira ses lèvres avant qu'il posa une fois de plus ses yeux sévères sur le vieux prêtre.

Nous te suivons !
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 13 Déc - 20:26


Un frisson manqua de peu de saisir son corps entier, alors que les doigts taquins de son époux remontaient jusqu’à sa nuque. Elle le connaissait assez pour comprendre ; d’ailleurs n’importe qui l’aurait compris. Elle se contenta de retenir un bref instant son souffle, espérant que cela passe inaperçu, coulant un regard à la fois réprobateur et taquin à Caïus. Les mots du Procurateur à l’endroit du Pontife n’avait guère été tendre, et elle se félicita presque de l’avoir devancé. Elle n’était guère patiente, mais lui savait se montrer plus froid que la pierre avec qui l’ennuyait. Au moins partageaient-ils le même avis sur le vieillard à la barbiche. Nul doute que le prêtre s’enorgueillissait de leur présence à tous les deux, et voulait montrer à tous la bonne entente du culte de Valtaïa avec son dirigeant. C’était presque trop évident, et cet égard assurerait au couple quelques convoitises de la part de patriciens régionaux. Cela lui était personnellement bien égal ; elle n’avait que pour seul but de servir leur famille dignement. Aussi ne rechignait-elle presque pas à la tâche.

Pour sûr, elle se serait volontiers épargnée la longue marche monotone. Mais elle ne regrettait pas d’avoir assisté au sacrifice. C’était une belle cérémonie, bien menée, qui saurait satisfaire les Dieux pour la décade. Elle enverrait sûrement un plateau d’offrandes avant leur départ, mais le devoir était plus que rendu par cette belle journée. Et si les choses allaient en s’améliorant alors le banquet promettait d’être fort agréable et son retour à la villa surplombant la mer d’autant plus. Un large sourire éclairait son visage, incapable de réprimer la satisfaction d’une journée bien remplie. Elle ne regrettait pas ce voyage, et aimait à profiter de chaque instant au côté du Chat ; ces moments trop courts se faisaient rares, et il ne lui restait bien souvent que les doux souvenirs pour combler le manque.

Reprenant un pas lent, elle attrapa le bras de son compagnon en l’enserrant doucement. A voix basse, elle profita de la distance relative avec l’homme de foi pour glisser :
« Ton devoir de père de veiller à ne pas trop les épuiser hein ? N’as-tu pas honte de prendre tes enfants pour excuse ? »

La boutade lui fit plisser les yeux d’amusement, alors qu’il parvenait dans une salle plus discrète, où deux tas de viande avaient été séparés. L’un contenait les entrailles de la bête sacrificielle tandis que l’autre disposait des mets de choix ainsi que de la cuisse. Ce dernier serait à destination du Dieu lui-même, et le reste devait être consommé dans la journée. C’était ainsi que s’établissait le lien de bonne entente entre les Palais Céleste et les Hommes sur terre. L’odeur âcre du sang et de la mort lui fit plisser le nez, et tira à Octavia une réflexion un peu trop sonore pour ne pas être réprimandée par un regard noir de sa mère. La petite avait la fâcheuse habitude de dire tout haut tout ce qui lui passait par la tête, fusse-t-il déplacé. Quelques privilégiés se tenaient déjà là, à discuter vivement, riant et saluant les invités de prestige à leur passage. Les flamines restaient en retrait, préparant le taureau pour le repas. La pièce donnait sur la mer qui berçait de ses ressacs les conversations des uns et des autres. C’était un point de vue imprenable sur la ville en contrebas et sur les flots agités de la Mare Tenebris.

« Depuis combien de temps officiez-vous ici Pontife ? Cela doit être une chance de servir un Dieu aussi généreux avec les habitants de la ville ».
« Aussi loin que je m’en souvienne. La vie ici n’est pas plus désagréable qu’ailleurs, mais les coquillages y sont bien meilleurs ! » Le vieillard se retourna vers le couple en riant doucement. « Je dois avouer cependant me trouver fort aise d’accueillir le Procurateur. C’est une chance que nous avons eu bien trop peu de foi pour porter vraiment d’égard à l’homme derrière la fonction ». Il toussota derrière l’allusion à peine voilée de l’incompétence des prédécesseurs du Feles. Il n’y avait rien d’étonnant à cela, mais cela ne pouvait qu’attirer les interrogations d’un culte laissé à l’abandon – si l’on omettait l’opulence dont faisait preuve le temple.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 13 Déc - 21:09

Ne lâchant pas le vieux grigou des yeux, il laissa ses doigts caresser la nuque offerte de son aimée et sentit son coeur cogner dans sa poitrine lorsqu'elle fut sujette à un petit frisson. Le Pontife s'éloigna, bientôt suivi par les Proterii et leurs esclaves. Terentius s'était tu, probablement ereinté par son chant glorieux adressé à Valta. Laelia se pencha vers Caïus, une moue suspicieuse étirant ses traits fins et harmonieux.

Ton devoir de père de veiller à ne pas trop les épuiser hein ? N’as-tu pas honte de prendre tes enfants pour excuse ?

Les dents du Feles se découvrirent lorsque ses babines se retroussèrent en un sourire amusé. Il arqua un sourcil, feignant la surprise en se tournant vers elle pour lui chuchoter.

Mes devoirs de père consistent aussi à espérer un autre enfant de toi. Même s'il est trop tôt, quel pater familias serais-je si je n'honorais pas ma sublime femme dès que je le peux ?

L'obstetrix et les medicii avaient été formels, une femme devait récupérer pendant plusieurs mois après son accouchement avant de pouvoir porter un nouvel enfant. Il en allait de la survie de la mère autant que du nouveau-né. Caïus souhaitait d'autres enfants, mais il désirait avant tout sentir la douceur de la peau de Laelia contre la sienne, la chaleur de son souffle qui se mêlait au sien, la fièvre avec laquelle elle le couvrait de caresses et sa frimousse qui se crispait légèrement lorsqu'elle atteignait l'extase sous son étreinte et ses assauts. Rien que d'y penser, le Procurator en fut assez ému pour que la chaleur n'enflamma son bas-ventre. Un simple regard au Pontife qui boitillait quelques pas devant eux suffit à calmer ses ardeurs.

Ils pénétrèrent dans une salle attenante à la nef principale du temple. Quelques familles de notables de la ville s'étaient déjà engouffrés dans cet endroit pour y babiller et lorgner avec respect et jalousie vers le couple vedette de la journée. Le taureau avait été proprement débité et réparti en deux tas sanguinolents. L'un serait brûlé en l'honneur des Dieux, et plus particulièrement Valta en ce jour, l'autre servirait à remplir la panse des patriciens et des flamines qui se massaient autour du Feles et de sa famille. Un petit hoquet de surprise retentit et Caïus n'eut guère besoin de tourner ses mires sombres pour reconaître la voix de sa fille. Elle ravala un de ses commentaires, très certainement, mal venu lorsque Laelia posa sur elle un regard sévère. L'enfançonne quitta alors la poigne rassurante de Naïra pour venir se saisir du bas de la toge de son Procurateur de père. Pesca tenta d'objecter en suivant de près la petite fille mais Caïus tempéra son magister d'un simple geste de la main. Il posa une main bienveillante sur la chevelure parsemée de fleurs de sa descendance alors que son épouse relançait la conversation avec le tripoteur de barbiche.

Depuis combien de temps officiez-vous ici Pontife ? Cela doit être une chance de servir un Dieu aussi généreux avec les habitants de la ville.
Aussi loin que je m’en souvienne. La vie ici n’est pas plus désagréable qu’ailleurs, mais les coquillages y sont bien meilleurs ! Je dois avouer cependant me trouver fort aise d’accueillir le Procurateur. C’est une chance que nous avons eu bien trop peu de foi pour porter vraiment d’égard à l’homme derrière la fonction.

Le bonhomme avait du souffle de proférer pareille remarque envers ses prédécesseurs. Probablement que le comité restreint des oreilles indiscrètes suffisait au Pontife pour lancer une pique à Pulcher, et peut-être même à l'adresse du Procurator précédent. Cet homme hors d'âge avait bien pu connaître les dirigeants de la province depuis la Comata. Ceci dit, il servait sur un plateau d'argent une occasion de briller devant les patriciens de Valtaia, une aubaine qu'il devait saisir. Arborant un large sourire, il caressa lentement les cheveux d'Octavia qui se collait contre sa cuisse dans une étrainte affectueuse.

Encore une fois, Pontife, c'est bien trop d'honneur que tu me fais. N'est-il pas du devoir de chaque bon ruvien d'honorer les Dieux ? Face à leur toute puissance, je ne peux que m'incliner et les servir. Qui plus est, ici, sous l'oeil de Valta, dans sa ville, le Joyau d'Oncmélie ! Sobriquet très loin d'être usurpé !

Quelques gloussements emplis de fierté s'élevèrent de la foule qui tendait l'oreille pour ne rien manquer des mots du Feles. Le regard du Pontife brillait, avide d'entendre le dignitaire continuait de flatter son petit ego de provincial. Il se tourna un bref instant vers laelia, roulant légèrement ses yeux vers le haut avant de poursuivre sa comédie.

Mon épouse et moi avons toujours portés les Dieux et leurs représentants en haute estime et nous nous faisons un devoir de sublimer leur grandeur. De même que moi, je désire sublimer la province toute entière. pas seulement à Edelmia, mais j'entends faire prospérer Valtaia également. Si aujourd'hui, la cité est connue dans tout l'Empire, j'espère que demain, elle sera cité en exemple. J'en fais le serment devant Valta, dans sa maison et devant ses interprètes dans notre monde.

Ce discours improvisé fut accueilli par un petit battement de mains excités venant d'Octavia. L'enfançonne fut imité par une patricienne, puis un couple plus loin et bientôt la petite assemblée applaudissait la verve du Procurator. Il leva une main pour faire mourir les applaudissements bien vite, s'efforçant de se montrer empli d'une humilité bien factice pour qui le connaissait un peu.

Allons, mes amis. S'il est un homme que nous devons applaudir aujourd'hui, c'est le Pontife qui a mené cette célébration avec piété et solennité.

Il joignit le geste à la parole en se metta à frapper des mains en plongeant un reagrd enjoué dans les yeux du vieillard. Ce dernier virait au pivoine tant sa fierté faisait tourner son sang à toute vitesse. Le Feles espérait bien s'être mis le vieux prêtre dans la poche après cette pirouette. L'appui du sacerdoce était un atout dont il aurait sûrement grand besoin plus tard.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 27 Déc - 17:03


Les yeux gris ne pouvaient s’empêcher de briller lorsqu’ils se posaient sur la silhouette assurée à sa droite. Droit, parlant bien et fort, la lumière s’amusait à jouer dans les reflets châtains, comme une caresse des Dieux eux-même. Car parmi les hommes, à n’en pas douter, Caïus Protero Feles était sûrement celui qui méritait le plus sa place dans les Palais Célestes. Et à le regarder comme ça, plus beau que tout l’Empire réunit, elle l’aurait usé cent fois, marquant dans le marbre de sa mémoire les traits subtils, et son expression convaincue. Mais de toutes les choses qui le rendait séduisant, - et elle se battait assez contre les flagorneuses pour en connaitre tous les atouts -, elle préférait ses mires perçantes qu’aucun de la Curie au Sénat n’avait su soutenir assez. Au-delà même de l’amour qu’elle portait à son époux, Laelia s’enorgueillissait de fierté de pouvoir se tenir à son bras. La patricienne était convaincue : il était de ceux qu’on raconterait encore dans mille ans, de ceux qui font la légende. Ce n’était pas peu de choses ; car s’il demeurait une angoisse profonde dans le cœur de la belle, c’était celle de l’oubli.

Puis, lui comme elle ne se battait pas seulement pour leur propre nom. Un jour Octavia et Terentius prendraient leur relève, et ce jour-là ils devraient assumer les charges laissées par leurs aînés. Les Proterii, descendants de Soltar, ne pouvaient jeter l’opprobre sur leur maison ; c’était ce que l’on attendait d’eux. Puis dans un sourire lorsque sa fille se mit à applaudir le discours de son père, elle songea aux paroles de Caïus, quelques minutes plus tôt. Son cœur manqua de sauter de ses lèvres, et des picotements dans son ventre lui rappelaient avec vivacité tout ce qu’elle pouvait ressentir pour cet homme qu’elle avait suivi jusqu’au bout de l’Empire. Bien sûr, la nièce de l’empereur se gardait bien de lui dire à haute voix tout cela, d’exprimer le profond respect qu’elle avait pour le héros de Ruvia. Mais étaient-ils des mots suffisamment puissants pour rendre justice à ce qu’Aïka lui avait offert ? Alors, à défaut de parler trop peu ou trop mal, elle se taisait, laissant les gestes et les regards abimer les silences douloureux.

Ses dents pinçaient sa lèvre inférieure lorsqu’enfin, elle se décida à applaudir avec la plèbe réunie. Le Pontife à la barbiche avait viré au rouge, et pourtant elle ne lui adressa qu’une brève œillade. La Protera avait bien mieux à regarder que le vieux bigot. La petite Octavia ne lâchait pas la cuisse de son géniteur, trop heureuse des caresses reçues sur sa frimousse enjouée. Elle avait les mêmes traits que lui, et cela devenait encore plus flagrant lorsqu’elle se hissait à son côté. Laelia était une femme comblée.
Revenant à ses esprits, cessant de divaguer à des préoccupations plus attrayantes, elle examina la salle qui s’était presque immobilisée pour boire les paroles de Caïus. Le Ruvien avait su faire montre de son habilité à jouer de la situation ; maintenant, ils étaient à peu près certains d’avoir quelques alliés de choix parmi les notables Valtaïens. Et si cela ne suffisait pas, Laelia veillerait à convaincre les indécis. Glissant une main jusqu’à celle du Protero, elle souriait aimablement.

« J’appuie les dires de mon époux. Et cette ovation demeure une maigre récompense à votre dévotion et à celle des honnêtes habitants de Valtaïa ». Elle tourna la tête vers son époux, les yeux scintillant de malice. « Ne pouvons-nous pas faire parvenir au Pontife deux offrandes supplémentaires ? Il me coûterait si ces gens n’accédaient pas à la prospérité qu’ils méritent. Et puis, cela serait l’occasion d’offrir aux braves gens le privilège que nous goûtons là, de partager la même chaire que Valta ».
Elle s’arrêta un bref instant devant la circonspection du Pontife. La moue rieuse accrochée au visage, elle ne quittait guère l’étreinte formée. Ils resplendissaient. « Je gage que tes fidèles n’en seront que plus dévôts, et qu’ainsi tu rendras ton temple et ton office encore plus prospère ». La richesse venant du peuple, une idée qui ne sembla pas déplaire au vieillard dont le sourire s’étira un peu sur sa bouille ridée.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 27 Déc - 18:05

Octavia se collait contre la jambe de son père, les yeux brillants d'une fierté d'enfant qui lui faisait penser que son géniteur était l'homme le plus incroyable que le monde accueillait. Pas loin de penser la même chose de lui, le Feles se fendit d'un grand sourire en observant la réaction du vieux tripoteur de barbe, mêlant fierté et orgueil. Laelia s'approcha de son époux, frappant doucement des mains et lançant un regard vers le Feles, de ceux qui rendent un homme plus fort et capable d'aller défier les caprices de Kotha. Flanqué des deux femmes qui embellissaient sa vie, le Procurator balayant la foule d'un regard rempli d'humilité et tourna ses yeux sombres vers Laelia lorsque celle-ci surenchérit à ses propos, une fois les applaudissements éteints.

J’appuie les dires de mon époux. Et cette ovation demeure une maigre récompense à votre dévotion et à celle des honnêtes habitants de Valtaïa. Ne pouvons-nous pas faire parvenir au Pontife deux offrandes supplémentaires ? Il me coûterait si ces gens n’accédaient pas à la prospérité qu’ils méritent. Et puis, cela serait l’occasion d’offrir aux braves gens le privilège que nous goûtons là, de partager la même chaire que Valta.

Habile politicienne, elle avait appris du meilleur. Même passé dans le royaume de Kuo, le vieux Paetius vivait encore à travers sa nièce favorite. Caïus opina du chef alors que son épouse en rajoutait une couche, faisant naître des teintes carmins encore plus intenses sur les joues rongées de barbe du Pontife et faisant naître quelques hoquets appréciateurs dans la foule.

Je gage que tes fidèles n’en seront que plus dévôts, et qu’ainsi tu rendras ton temple et ton office encore plus prospère.

Le Feles posa une main sur la tête d'Octavia et la laissa descendre en coupe jusque l'arrière du crâne fleuri de la petite. Son autre main avait trouvé l'étreinte réconfortante et douce de Laelia. D'un geste doux mais sans contestation possible, il fait se détâcher sa fille de sa jambe et la poussa tout doucement vers naïra qui s'accroupissait déjà pour se mettre au niveau de sa fille. Il s'écria alors, laissant son regard voyager entre Laelia, la foule et le Pontife.

Tu as tout à fait raison, mon épouse. Pesca ?

Le magister s'approcha d'un pas leste et vint se placer à côté du couple Protero. Ses mains étaient nouées dans son dos et son visage pincé s'inclina doucement vers le sol en se présentant devant son maître.

Dès demain, à l'aube, tu feras venir deux huches à pain pleines ! Et tu iras sur la criée pour acheter un plein panier de crabes bien gras !
Comme tu le souhaites, Dominus.

Les yeux du Procurator se tournèrent une fois de plus vers le vieux prêtre qui ne savait plus qui de Laelia ou lui il devait regarder pour se confondre en remerciement.

Puissent ses offrandes bénéficier à tous !
Je n'en doute pas, Procurator. Merci de ta ... de votre générosité !

Caïus se tourna vers Laelia et plongea son regard dans celui au couleur d'acier de sa jeune et belle épouse. Au milieu de cette comédie, après avoir surenchérit l'un après l'autre et avoir joué les parfaits petits dévôts, il ne ressentait qu'amour et désir pour cette petite femme à l'ambition aussi haute que la sienne. S'il n'y avait pas tous ces curieux, s'il pouvait les congédier d'un ordre, il l'aurait déjà déshabillé et fait l'amour à même le marbre. Pour le moment, seule sa main dans la sienne offrait un contact charnel qu'il espérait prolonger et accentuer lorsqu'ils auraient enfin retrouver leur villa et quitter le temple.
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MessageSujet: Re: En l'honneur de Valta (PV Laelia)   En l'honneur de Valta (PV Laelia) I_icon_minitimeDim 27 Déc - 20:57


Le regard complice des Proterii éblouissait à lui seul les mires boueuses de ces habitants du bout du monde. Plus fière que jamais, ses doigts entrelacés à ceux de Caïus se serrèrent doucement, dans une étreinte modérée mais affectueuse. Ils ne pouvaient – ni ne voulaient – faire montre de trop de sentiments face au monde ; s’il y avait sûrement de la pudeur, c’était aussi en partie pour ne pas paraître trop faibles. Ainsi côte à côte, ils formaient un tout uni et sans faille que quelques niaiseries auraient facilement ébranlé. Alors les Ruviens préféraient la retenue, que leurs yeux ne savaient exercés. Les balbutiements du Pontife caressèrent l’orgueil de la femme, qui galvanisée, ne sut perdre son sourire triomphant. Il n’avait guère fallu beaucoup de temps pour faire plier l’ancestral tripoteur de barbiche, et bientôt, elle en était convaincue, l’Empire tout entier. Car bien que préoccupée par les prérogatives nouvelles de son charmant époux, elle n’en oubliait pas moins leur promesse : l’Oncmélie Mineure n’était qu’un passage obligatoire avant de regagner la capitale et le palais. C’était là que devait demeurer les véritables Julii.

Après quelques brefs échanges que l’on eut voulu chaleureux avec le vieillard, il les conduisit à divers groupes. Tantôt des flamines, tantôt quelques patriciens de Valtaïa, le couple s’occupa à offrir à chacun des convives une phrase ou, au mieux, une courte discussion rapidement interrompue. Ils étaient aimables et reconnaissants, poursuivant sans mal la comédie dans laquelle ils s’étaient lancés en sortant de leur villa. Et bien qu’elle aimât y jouer, ce petit jeu commençait à l’agacer. Laelia Antia Protera n’était pas réputée pour sa patience, ni son goût pour la médiocrité. Il n’y avait au mieux que trois ou quatre personnes qui avaient retenu son attention assez pour qu’elle ne désespère pas de trouver un égal dans ce pays de pluie et fange. Mais pouvait-on vraiment rivaliser avec les Deux Soleils ? Quelques fois, pour tromper l’ennui, elle glissait un doigt sur l’avant-bras découvert de Caïus. Un effleurement à peine perceptible qu’elle aurait volontiers accompagné de quelques paroles que les chastes haliotides de l’assemblée n’auraient supportées. D’ailleurs, alors qu’ils déambulaient encore, elle se pencha juste assez pour lui glisser à l’oreille des mots qui lui brulèrent presque le ventre.

De son côté, Octavia avait rencontré des enfants de son âge, avec qui elle s’amusait sous l’œil vigilent de Naïra. La petite se faisait entendre de ses camarades, sourcils froncés et mauvais caractère dès que l’un d’eux ne se pliait à sa volonté. Certains se plaignaient déjà de sa mauvaise humeur, mais il n’était guère de bon ton de souligner la maladresse l’enfançonne à des géniteurs si prestigieux. Elle apprendrait d’elle-même à tempérer ses ardeurs, avec le temps. Du moins c’était là l’espérance de la mère, et la consigne donnée aux esclaves qui peinaient à suivre les caprices de la petite domina. Terentius, toujours aussi calme, s’était réveillé dans les bras de sa nourrice et regardait les patriciens bigarrés avec de grands yeux ronds et curieux. Il n’avait que quelques décades, et pourtant il faisait déjà la fierté de ses parents.

Une bonne heure passa ainsi, alors que l’on servait enfin la viande cuite. Un agréable fumet s’en dégageait, et la petite ne se fit guère prier pour engloutir sa part. De son côté, Laelia piqua quelques bouts plus pour honorer Valta que par véritable faim. La conversation dans laquelle ils s’étaient engagés semblait s’éterniser. Plus le temps filait, et plus la promesse de l’après-midi avec Caïus faisait son chemin. Cachant son impatience dans un sourire, elle grignota distraitement l’offrande. Des musiciens avaient commencé à jouer et un véritable air de fête se dégageait de la pièce qui surplombait la mer. Et pourtant, à toutes les joies de cette mémorable réception, elle souhaitait des joies plus intimes, de celles qui ne se disaient que dans un souffle trop court. Alors que les picotements grandissaient dans son ventre, le Pontife et les invités semblaient partis dans un long débat sur les teintureries qui faisaient la fierté de la ville. Un bref instant, elle croisa le regard de Caïus ; juste assez pour qu’ils se décident enfin à prendre congés.

« Patriciens, Pontife, je crains devoir couper court à votre discussion. Terentius doit se reposer et je crains que son intérêt pour la teinturerie ne l’en empêche ». Quelques rires francs sortirent des gosiers. « Je peux rentrer seule si tu désires rester Caïus ». Elle ne rentrerait pas seule.
« Mes amis, j'ai décidé de venir à valtaia pour passer du temps avec ma famille. Aussi agréable que soit votre compagnie, je ne peux manquer à ma parole. Je vous abandonne donc pour aujourd'hui, mais j'espère que nous pourrons continuer cette conversation dans les jours prochains. L'édile nous a fait l'honneur de nous inviter chez lui dans deux jours, j'espère que j'aurai le plaisir de vous y retrouver ».
Et à ces mots, après un dernier échange d’amabilités, ils s’éloignèrent pour rejoindre l’intimité de leur villa.
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