[TERMINE]In vino veritas est... In vino venenum est... [pv Marius]

Il n'était pas un secret que le questeur était un amateur de bon vin comme l'était son père et son grand père avant lui. Il était tout naturel donc de le voir se manifester auprès des influents producteurs de la cité d'Edelmia et la famille Iustius comptait parmi les noms les plus prisée en ce domaine. Mais cette famille avait été la victime il y a quelques année d'un drame encore inexpliqué à ce jour, celui de la mort du pater, laissant les rennes du domus et des affaires à son épouse, la Veuve Iustia. Une situation assez précaire lorsqu'on savait également qu'elle avait un fils. Qui voudrait se marier et accepter de reconnaître son fils comme le sien ? Cela n'aurait été qu'un sujet de moquerie si la donzelle n'était pas doté d'une beauté saisissante.

La rencontre avait donc été programmé bien à l'avance pour le 7ème jour de Primare Seminare au domus de la famille Iustius et malgré quelques mises en garde de son propre père, Ruffus, le questeur avait maintenu sa visite non sans toujours mettre un point d'honneur à ce montrer coqué et propre sur lui. Ainsi, il se présenta devant demeure dans une tunique aux couleurs fraîche et à la fois douce qui semblait s'accorder à la perfection à sa toge d’apparat qui lui donnait toujours cette étrange prestance en communion avec sa barbe pointant légèrement sur le poivre et sel. Ses calceus d'aristocrate venaient parachever le tout alors qu'il les fixa un dernier instant avant de frapper à la porte de son hôte.

La domesticité, certainement une esclave, prit acte de son nom et l'invita à quitter la grisaille extérieur pour la chaleur du domus et bientôt de l'atrium où se tenait déjà la veuve ruvienne. Avait-elle volontairement entreprit de s'offrir au regard du questeur dans une position des plus aguicheuse, léchant presque sensuellement la colonne avec l'une de ses épaule dénudée? Rien n'était moins sûre, mais les rayons du soleil qui transpercèrent à cet instant les nuages vinrent dévoiler par la transparence des nombreux plis de sa tenue, certains appétissant attraits physique d'Harmonia. Pour une veuve, elle n'avait rien perdue des offrandes que lui avait faite à sa naissance la déesse de la beauté, Aïka. Si quelques salaces pensées traversèrent une fraction de seconde l'esprit du magistrat, il fuit rapidement l'attention porté aux atours de la jeune femme pour poser enfin, ce n'était pas trop tôt, son regard sur son visage et sa chevelure flamboyante. Richement décorée de la tête au pied par de nombreux bijoux, il était un fait que la veuve Iustia prenait grand intérêt à soigner son apparence, mais... dans quel but ? Afin d'inciter quelques hommes à mordre à l’appât de son apparence ? Il relégua cette interrogation dans son esprit pour sourire amicalement à son hote.

- Merci pour ton hospitalité Harmonia Iustia et pourrais-je refuser une coupe de ce qui fait l'objet ma visite de ce jour en ton domus ? Evidemment que non. Si ton vin possède la même robe et le même bouquet que ta prestance, nul doute que nous ferons affaire aujourd'hui, si Sanaan y est également disposé.

Léger sourire charmeur et entendu aux lèvres, Marius s'approcha un peu plus de la patricienne avant de balayer la salle du regard. Il s'interrogeait de l'absence de son fils, elle qui de réputation, l'emmenait partout avec elle, jusque même aux thermes. Mais pour l'heure, il s'interdit de toute question à ce sujet, laissant la patronne du domus dicter sa ligne de conduite quant au déroulement de cette entrevue d'affaire.

La veuve Lustia devinait-elle les pensées du questeur ? Cela semblait probable l'absence du fils de son hôte l'interrogeait. Mais c'était un facteur anecdotique de cette entrevue bien que la faculté de lire dans le regard de Marius pouvait trahir ou faire défaut à ce dernier quant à la suite de l'entrevue. En maîtresse des lieux douée d'un sens certain de l'hospitalité, Harmonia ne se fit finalement pas prier pour conduire son noble invité vers un endroit du domus plus convivial et douillet. La pièce dans laquelle le duo allait traiter affaire ne manqua pas d'éveiller curiosité et intérêt pour Marius. Appréciant les marques de richesse dans la décoration et la disposition de l'oecus, le patricien laissa alors traîner ses doigts sur certains objets de décor, flirtant volontiers avec les pourtours de la table, de certains pots et mosaïques pour s'imprégner de l'âme de la pièce alors que son hôte avait reprit la parole.

Non sans prêter une oreille attentive à son verbiage, un sourire s'esquissa a la commissure de ses lèvres sachant déjà quelle amphore il écarterait par défaut. Mais tout à coup, un élément perturba légèrement la sérénité du questeur, c'était bien entendu l'étole qui découvrait le haut du corps de la veuve. Cette pièce de tissu venait indéniablement de perdre de son utilité alors qu'Harmonia prenait la pause, allongée sur un lit, le lit qui lui faisait justement face.

Si la jeune femme n'avait pas été de patricienne lignée, l'on aurait pu croire qu'elle tentait d'user de ses charmes telle une femme de petite vertu en laissant la vision de la voluptueuse forme de sa poitrine. Un acte d'une subtile indécence qui éveilla a la fois crainte et lubricité chez le magistrat venu pourtant acheter du vin au sein de cette maison réputée dans ce secteur. Mais la jeune femme ne semblait pas vouloir s'arrêter en si bon chemin, cherchant à cristalliser l'attention  de son invité sur sa personne en jouant d'une forme d'érotisme toute mesurée en portant une douceur sucrée à sa bouche, laissant une lèvre pulpeuse briller d'une goutte d'ambre provenant du miel qui venait de jaillir de ce met délicat.

Cherchait elle à nourrir quelque désir chez le patricien ? Offrir le dessin de sa poitrine, relever le charme de ses lèvres ? Etait-ce là un appel à la dégustation buccale de ses seins et de ses lèvres ? Marius n'aurait su le dire pour l'heure alors qu'Harmonia le prenait de court en justifiant l'absence de son fils. C'était à présent une certitude, il se devait d'afficher le moindre trait, la moindre attitude, le moindre geste trahissant ses pensées. Offrant à sa semblable un sourire de convenance, il gagna finalement le moelleux de l'assise où on l'avait invité à s'installer tout en restant muet. S'efforçant alors difficilement de quitter du regard la poitrine puis les lèvres de la jeune femme, il se racla la gorge avant de prendre ses aises sur le lit, revenant bien malgré lui vers l'objet de sa visite.

- Laisse moi goûter à ton vin qui me porte le moins d'intérêt, celui le plus jeune. Peut-être serais je surpris ? Auquel cas, je me concentrerais sur tes deux autres choix qui éveillent plus mon intérêt.

Estimant ne pas être intéressé par un vin peu mâture, il espérait une bonne surprise mais n'y croyait guère.

- Tu sais, je suis un homme de caractère et il me faut un vin qui ait de la robustesse en bouche, du cachet, du... corps si je puis m'exprimer en ces termes. Le vin, c'est aussi comme une femme en certains aspects.

Y avait il matière à y comprendre un message subliminal? Marius s'efforçait de maintenir un soupçon de mystère. Quant à l'absence du fils chéri de la jeune veuve,  nul besoin de deviser sur son compte, même si son absence et la manière dont Harmonia s'affichait à sa vue lui donnait matière rester perplexe pour l'heure.

Il ne fallut pas plus d'un verbiage emprunt de sous entendu de la part du questeur pour que la propriétaire de vignoble ne se prête elle aussi à cet exercice. Se désintéressant de l'esclave qui s'exécuta à ses devoirs, le ruvien se saisit de la coupe de vin, trinqua et porta finalement à ses lèvres le doux nectar non sans scruter méticuleusement la jeune femme, cherchant à discerner le vrai du faux dans son attitude à son endroit. Seulement l'aveux était sans appel, malgré son expérience, il lui était pour l'heure compliqué de se faire une opinion de la personnalité à la fois accueillante et provocante d'Harmonia. La confusion fut alors totale lorsqu'elle replaça son étole pour dissimuler des attributs qu'elle avait sciemment laissé offert au regard charmeur de Marius. S'en suivi alors une forme d'interrogatoire dont le patricien en fut la cible ou la victime, façon de voir les choses.

L'attitude de la veuve ne laissait plus guère de doute au magistrat. Telle une louve, elle mesurait en quelque sorte la dangerosité de sa proie, même si le contexte de ce face à face semblait pourtant dénuer de toute menace. Seulement, les intrigues se retrouvaient partout dans les hautes sphères ruviennes d'Edelmia et les deux riches personnages en étaient coutumiers. La maîtresse des lieux était naturellement au fait des dernières acquisition de son potentiel client ce qui dénotait un intérêt certain à son endroit, provoquant chez ce dernier un rictus d'auto-satisfaction. Gardant religieusement le silence pour ne pas commettre d'erreur hâtive, le questeur semblait choisir ces mots tout en gardant de longues secondes durant le précieux nectar carmen en bouche. Les saveurs se diffusaient sans mal, chatouillant les papilles du curien qui retrouvait en effet les notes piquantes et boisées de ce vin à l'allure jeune et fraiche.

- Hmmm... je reconnais que cette cuvée m'interpelle. Il conviendrait parfaitement à des femmes au palais délicat.

Il se lissa la barbe à hauteur de menton tout en noyant son regard acier dans la grisaille mystérieuse d'Harmonia. Déglutissant finalement, il reposa la coupe non sans s'offrir le luxe de prendre un peu plus ses aise sur le lit, offrant les dessins d'un galbe musculeux, vestige de ses années de services dans la légion. La veuve pouvait s'attarder sur la silhouette de l'étalon, elle devait pourtant avoir remarqué que son client omettait de répondre à ses questions et c'était bien volontaire de sa part... Etait-ce une manière de la faire languir?

- Tu es bien curieuse Harmonia Iustia. La réponse est peut-être... tout ou rien ? Qui sait après tout ? Mais trêve de bavardage, combien vend-tu cette amphore ? Qui sait si un jour je trouverais épouse, en aurais-je fort intérêt à servir ce cru, à moins qu'il ne me serve pour quelques conquêtes sous les draps.

Taquin, Marius mesurait pourtant ses paroles pour ne pas offenser son hôte mais l'attirer peut être vers plus de curiosité. Duperie ou sincérité, il était encore une fois difficile de cerner le vrai du faux. Se faisant, il remarqua le regain de prudence dont la ruvienne faisait à présent preuve après avoir bien attiser quelques peu chaste scène chez son interlocuteur et préféra lui donner quelques bribes de réponse, même s'il ne se dévoilait pas pour autant sur ces intentions.

- Rassure-toi, je ne suis pas venu t'acheter une ou deux amphores, j'aurais pour cela envoyé l'un de mes licteur tout au mieux. Mais ne te fourvoie pas, ma dernière acquisition est modeste même si je puis volontiers t'en faire découvrir ces charmes si l'envi t'en dit. Elle sera en effet à louer lorsque je ne m'y rendrais pas personnellement ou que je n'y proposerais quelques convivium en petit comité...

La louve avait rentré crocs et griffes et en était que plus dangereuse. Marius préférait resté bien flou même s'il donnait quelques gages de bonnes intentions.

Soucieux d'entretenir une part de mystère quant à ses réelles intentions à l'égare de la veuve propriétaire terrien, le questeur n'en oubliait toutefois pas la dangerosité de jouer à ce jeu quelque peu malsain. Harmonia Iustia semblait avoir pleinement conscience que son invité se livrait à quelques attitudes séductrices et loin de trouver cela déplaisant, elle n'hésitait pas à croiser le fer en cette joute d'une tonalité bien moins guerrière. A la fois par sa verbe que par ses gestes, la maîtresse des lieux se faisait provocante et complice d'échanges pleins de sous entendus.

Devait-il alors négocier le prix afficher et ainsi voir les qualités en matière de négociations que pouvait posséder la rousse, détenteur d'un patrimoine non négligeable ? Ou allait-il accepter séance tenante et affirmer sa riche ? Un dilemme que Marius devait rapidement balayer d'un revers de pensé pour poursuivre cette entrevue au parfum quelque peu épicé et pimenté.

- Tu semble parfaitement comprendre quel rôle jouera donc ces amphores de ce vin. Je n'ai aucun doute que tu puisse gérer d'une main de maître les affaires de feu ton époux, alors, je ne vais guère te tourmenter dans quelques tractations commerciales. Ton prix sera le mien Harmonia, reste à savoir de combien de ses amphores il me faudra m’acquitter pour quelques enivrantes soirées de luxure.

Il lui adressa un discret clin d'oeil non sans contempler l'attitude féline qu'elle dévoilait à son regard bleu acier. A la lecture des derniers mots de la ruvienne, tout portait effectivement à croire que la jeune femme tenait son fils sur un piédestal, ce qui était tout à son honneur en tant que veuve mais qui le serait moins si d'aventure elle cherchait a regagner l'intérêt d'un parti jeune et fertile comme pouvait l'incarner Marius Tullius Barbatus. Lui décochant un charmant sourire, il reprit une très fine gorgée de vin avant de reposer sa coupe, conscient que d'autres dégustations se profilaient.

- Pendant que nous buvons, parle-moi un peu de tes projets Harmonia et de ton avis sur ce nouveau procurator. Oh et dit à ton esclave de préparer la prochaine dégustation. J'imagine que nous avons un peu de temps devant nous pour deviser sur quelques sujets ?

Le questeur était-il aussi prévisible quant à ses intentions à l'endroit de la veuve Iustia ? Peut-être pas autant que cette dernier put le croire. L'homme semblait jouer plusieurs partitions afin de déstabiliser la rousse et mettre en branle toute certitude qu'elle aurait pu se forger à l'endroit de son charmant client fortuné. Ne cessant évidemment pas de se montrer plein de sous-entendu, il sondait à présent les intentions et surtout la position de la patricienne sur l'échiquier politique local. S'il n'avait nullement tout saisi de son allocution concernant son beau-frère, il releva en effet que la propriétaire terrien ne s'était pas affichée durant la soirée organisé par le Tribun pour accueillir comme il se devait le nouveau procurator. Mais très vite pourtant elle concéda avoir rencontrer ce dernier ce qui leva donc toute suspicion dans l'esprit du magistrat venu chez elle pourtant pour affaire.

Son avis sur Caïus Protero Feles était bien tranché et malgré tout, ce franc parlé plaisait à Marius. Fier, condescendant, élégant et suffisant, voilà un tableau plutôt riche que lui dressait la veuve à l'endroit du nouvel homme fort de la cité d'Edelmia. Avait-il obtenu ces aveux par la force de son charisme et de ces quelques attitudes à stimuler l'intérêt de sa comparse de conversation ? Comme il l'avait prévu, Harmonia cherchait enfin à obtenir le change en souhaitant connaître la position du questeur et que ce dernier affirme ou infirme les rumeurs courant sur le procurator.

Seulement voilà, amener à trahir son opinion n'était point chose aisée. Harmonia allait devoir sérieusement cravacher pour que son prestigieux client lui donne ce qu'elle attendait sur un plateau d'argent. Lui adressant un sourire, Marius ne fut nullement amadoué par la posture dolente de la flamboyant maîtresse des lieux. Il lui fallait plus, mais jusqu'où était-elle prête à aller pour obtenir son dû ? Le ruvien esquissa un léger sourire à la commissure de ses lèvres avant d'ignorer dans un premier temps la requête.

- Alors, ce vin ? Ton esclave s'est endormi ? Je suis tout de même venu faire affaire ?

Il s'étira ensuite langoureusement sur le lit avant de toiser Harmonia d'un regard acier taquin et joueur.

- Quant à mes impressions sur ce personnage ? ... Hmmm... je suis peu bavard... à part dans certaines situations...

Il appuya son regard tout du long du dessin de la silhouette d'Harmonia. Invitation à la luxure ? Qui sait ! N'était-ce qu'une mise à l'épreuve pour savoir jusqu'où était capable d'aller la veuve dans sa quête d'aveux. En tout cas Marius se faisait changeant dans son attitude pour ainsi mieux mettre en doute quelques certitudes de sa comparse. Mais ce jeu du "chat et de la souris" était extrêmement dangereux, il fallait donc ne commettre aucune imprudence pour arriver à ses fins.

Il semblait s'instaurer entre les deux patriciens, un jeu aussi taquin que complice. Harmonia donna volontiers la réplique au sous entendu que le questeur lui gratifia et elle n'avait nullement sembler blessée dans sa fierté lorsque le ruvien exigeait qu'on lui fasse goûter séance tenante la seconde amphore de vin. Les directives à ce sujet furent données séance tenante mais voilà que la flamboyante veuve s'offrit le luxe de surprendre son client en s'arrogeant l'exclusivité de le servir.

Elle semblait capable de pimenter le jeu et ce n'était pour déplaire à Marius Tullius, tout comme il n'était pas désagréable d'une nouvelle fois avoir la primeur de déguster du regard la naissance de son décolleté, devinant volontiers les délices formes de sa généreuse poitrine qui appelait volontiers à être pétrie. Mais en parfaite jouteuse, elle ne lui laissa qu'un court instant jouir de ce privilège, le temps qu'il s'empare de cette nouvelle coupe de vin. Apres quoi, si la description de ce cépage semblait bien plus convenir au palais de l'usurier, la suite de l'entrevue a présent à huit-clos, acheva de stimuler le côté intrigant du haut magistrat.

Contrairement à lui, Harmonia semblait enclin à quelques aveux d'importance. Elle était donc bien en quête d'un nouveau parti pour s'assurer de préserver sa place dans un contexte politique quelque peu chamboulé par l'arrivée d'un procurator étranger à la province d'Oncmelia. Bien entendu, tout le problème de la situation de la veuve résidait en la présence de son héritier. Qui voudrait accueillir et légitimer un "bâtard" ? Mis à part un patricien d'un certain âge, trop vieux et plus assez vigoureux pour donner les graines d'un héritage. Mais... Marius le savait, énoncer de telles choses risqueraient de créer un forme d'animosité et de se faire de la veuve, une ennemie. En ces temps, il valait mieux éviter cela.

Cela n'empêchait qu'il jouait un jeu dangereux et s'il aurait pu voir certains aveux de la part de la propriétaire viticole comme gage de faiblesse, le timbre mielleux qui s'en suivi, ôta tout doute à ce sujet. Sa question d'ailleurs était bien équivoque. Il l'avisa quelques secondes durant d'un regard énigmatique et perplexe avant de finalement porter la coupe à ses lèvres pour verser un peu de ce liquide carmen dans sa bouche et en capter toutes saveurs et son essence. Il déglutit finalement et d'une paume, tapota l'assise.

- Ne reste pas debout voyons, je vais me sentir mal à l'aise.

Lui adressant un léger sourire en coin, Marius profita de ce subterfuge pour peser ses mots avant de lui donner enfin la réplique.

- Je te conseillerais de ne pas mettre en avant ton fils dans une telle perspective. A moins que tu ne vise un parti qui te rendrait rapidement veuve pour la seconde fois. Il faisait référence à quelques patriciens célibataire et dont l'âge les rapprochait du cimetière. Tu es soucieuse de l'avenir de ton fils, certes, alors mieux vaut, si tu souhaite qu'il devienne l'héritier de ton patrimoine, user de quelques élixirs qui... après tes devoirs conjugaux honorés, t'éviterons d'enfanter avec ton nouveau mari. Il s'agit de prudence, c'est bien ce que tu voulais entendre ?

Il lui adressa un fin sourire, conscient qu'il n'avait pas offert la réponse qu'elle attendait ou qu'il lui avait donner une réponse sous couvert de sous entendus.

- Tu es une mère et tu veux protéger Lucius, ton fils. C'est tout à ton honneur, mais dois tu te priver des bonnes choses de la vie pour autant ? Ta situation n'est pas incertaine, loin de là. Je serais toi, je profiterais un peu de ma liberté. Ton projet se concrétisera certainement, ta dote est conséquente et tu conserve une beauté certaine. La Curie sera ton terrain de chasse, alors ne te prive pas de goûter son gibier et de poser ton dévolu sur la proie qui sera le plus adapté au goût et a la finesse de ton palais.

Loin de lui l'affront de la comparer à une putain, non, justement, elle possédait le rôle de chasseur et non de proie ou victime et Marius lui faisait donc comprendre qu'elle était en mesure de disposer plutôt que de se soumettre au premier venu. En tout cas, tant que la nature préserverait ses charmes.

La rouquine arborait cet air à la fois détaché et charmeur. Si le questeur mettait sans doute fin à tout suspens quand à un éventuel intérêt à la prendre pour épouse, tout portait à croire qu'elle n'en était point offusquée outre mesure. Pire, elle se targuait de profiter de la vie et d'exprimer une allusion laissant peu de doute dans l'esprit masculin du magistrat d'Oncmelia. L'allusion avait été soufflée tandis qu'Harmonia Lustia venait de s'étendre de façon plus alanguie sur le lit de banquet, dévoilant des bribes de peau jusqu'à mi-jambe.

Le jeu prenait un parfum un peu plus décomplexé et Marius pencha la tête sur le coté pour la fixer du coin de l'oeil, s'offrant alors le luxe de montrer les canines avant de reprendre une gorgée de vin.

- Je me tiens à ta disposition si tu cherche poser tes griffes sur un parti qui saura te contenter, toi et ton fils. Pour le reste...

Son regard se posa sans détour sur les jambes de son hôtesse avant qu'il ne passe sa langue sur ses lèvres, indiquant par sous entendu qu'il y avait de quoi le mettre en appétit.

- Si cela m'inspire ? Je t'en prendrais trois amphores... peut-être même une ou deux de plus... à voir... si son corps puissant et épicé me reste en bouche assez longtemps pour me décider...

Il lui adressa une oeillade taquine avant de prendre plus encore ses aises sur son propre lit, n'osant encore le quitter pour briser quelques convenances encore présentes mais bien légères à présent.

- J'ai... encore besoin de voir... que dis-je d'apprécier cette cuvée pour me décider. Mais si tu souhaite conclure la vente au plus vite, je comprendrais, peut-être ton fils t'attend.

Dit-il en cherchant à la pousser à dévoiler un peu plus son jeu. Seulement cet atout n'avait-il pas été utiliser trop tôt dans la partie ? A voir...

Devisant en la compagnie de l'alcool de vigne, les deux patriciens semblaient rapidement quitter le terrain d'une rencontre exclusivement orientée vers le négoce de vin. Non, la partie qui se jouait était aussi dangereuse que délicieuse. Les sous entendus avaient laissé place à quelques aveux et propositions, sous couvert d'un parfum de luxure qui en devenait de plus en plus évident.

D'ailleurs, Marius releva un sourcils lorsque la veuve Lustia requérait ses services pour d'autres fin encore, lui laissant alors le libre arbitre quand à la nature du paiement à prévoir. Une échange de bon procéder ? Un robe qui semblait se relever, dévoilant un peu plus encore le grain de peau de la rousse? Il ne fallait pas être devin barbare pour comprendre où Harmonia voulait en venir.

Les lèvres du questeur s'étirèrent plus encore alors qu'il dévorait du regard la silhouette de la ruvienne en comprenant les tenants et aboutissants de sa proposition et il s'en trouvait rapidement bien plus apaisé au point d'accepter de prendre une part de ce gâteau. En dévorant une bouchée, il toisa la jambe dénudée de la veuve avant de rajouter.

- Peut etre bien qu'un échange de bon procédé pourrait être de mise... mais il faudra pour cela m'éclairer sur tes projets et me donner une petite avance... Disons qu'en affaire, cette pratique est on ne peut plus normal non ? On ne peur pas demander de service à quelqu'un si l'on a aucun garanti d'être payer. Éclaire moi donc sur ces deux points important ma chère ? Et en échange... qui sait, je pourrais ajouter une amphore à ma commande ?

La rencontre devenait sur plusieurs points fort intéressante. Quels projets autre que de trouver un bon parti pouvait ainsi réclamer les services du questeur ? La falsification de comptes ? Elle paierait son impôt, cela était d'ordre publique et Tullius ne mêler sa fonction aux aspects plus privé que s'il était sure de s assurerbun bénéfice.

- Alors... ?

Il la fixait d'un regard lubrique, sans vergogne, s'étirant et ainsi voir la réaction de son hôte. Voudrait elle garder ses distances? Se porter à sa rencontre ou l'inciter à se rapprocher d'elle ? L'atmosphère c'était en tout cas charger d'une odeur pesante, d'un air chargé de sensualité toute dangereuse soit elle.

Pourquoi diantre ce priver des bonnes choses de la vie? Pourquoi ne pas lier l'utile à l'agréable? Pourquoi ne pas prendre le beurre, l'argent du beurre et la crémière ? Marius Tullius était audacieux et le pouvoir, l'influence comme la richesse souriait généralement aux audacieux. L'appel du pied du questeur ne fut, il faut bien l'avouer, pas un mirobolant succès. Parler d'une défaite ne serait pas non plus approprier. L'attentisme et la raison de la veuve démontrait en tout cas à quel point Harmonia n'était pas prête à vendre son corps pour quelques précieux avantages. Mais la patience était après tout une vertu et avant d'attraper une proie, il fallait naturellement l’appâter.

Evidemment, l'exercice était périlleux puisqu'il pouvait se retourner contre soit, mais pour l'heure, Marius ne distingua aucune réaction belliqueuse et sournoise de la part de la jeune femme avec qui il faisait commerce et qui semblait s'intéresser à son influence auprès de la Curie. Les sollicitations de la rouquine restaient néanmoins mystérieux bien qu'elle affirmait qu'aucun conflit d’intérêt ne serait à prévoir avec les fonctions de magistrature qu'occupait le charmeur trentenaire à la barbe soignée qui lui valait son surnom de Barbatus.

Dans une atmosphère toujours légère, les deux patriciens continuaient à deviser tout en dégustant le troisième cépage qui avait été convenu au programme. Ce nectar avait en effet une puissance tout autre en bouche et associé au regard carnassier que lui servit la veuve Iustia, semblait également éveiller les appétits lubrique du questeur. Mais avant qu'il ait pu décrire la saveur qui se diffusait dans sa bouche, la donzelle lui tendit un piège et ce dernier ne pouvait s'en retrouver qu'efficace face à la faiblesse des hommes qu'on disait le sexe fort alors que dans les faits... il pouvait en être bien totalement l'inverse.

Harmonia laissait donc miroiter les prémisses d'une relation un peu plus intime. Elle ne donnait nul accord mais ne réfutait pas les appels du pied de son client et l'occasion était donc toute trouvée de faire mijoter le magistrat s'occupant des comptes d'Edelmia jusqu'à la prochaine réception d'Attia Silia. Réceptif, cela donnait d'ailleurs une saveur plus complexe à cette possible affaire de moeurs légères. Faire de cette veuve non pas une épouse mais une amante avait des avantages et ne pas obtenir facilement quelques choses que l'on convoitait vous donnait plus de stimulation pour se l'approprier. Ainsi, regard regard brillant d'une lueur lubrique, Marius répliqua, mêlant affaire et intimité dans des propos à double sens.

- Ce vin est... surprenant. En bouche, il ne vous offre pas immédiatement tout son goût. Il vous laisse découvrir sa robe, puis ses rondeurs en bouche avant de s'annoncer à votre gorge à la fois souple et puissant. Il est d'une élégance et d'une intensité remarquable. Il reprit une gorgée alors que son regard restait irrémédiablement figé sur la silhouette allongée de la jeune femme, puis déglutissant il en conclu. Le final est long et laisse augurer d'un très joli vin de garde...

Acceptant la proposition de la veuve propriétaire viticole, le ruvien en réserva deux amphores. Autant dire qu'Harmonia avait à faire à un client plutôt généreux si l'on faisait le compte de la soirée et cette soirée d'ailleurs avait laisser d'agréables saveurs pour l'un comme pour l'autre. Si Harmonia ne souhaitait plus deviser sur des sujets d'affaire ou de cuisses, sans doute deviseraient-ils sur des banalités avant que leur chemin ne se sépare... enfin... avant quelques promesses de retrouvailles dans les plaisirs d'une réception où l'on avait la coutume de laisser libre cours à quelques instincts primaires.

Harmonia portait ce regard plein de sensualité en direction du questeur. Ce dernier n'en boudait nullement son plaisir d'autant que les mots de la rouquine nourrissaient des allusions plus qu'équivoque. Sans vraiment pouvoir l'affirmer, les deux ruviens semblaient donc remettre quelques plaisirs de la chair à plus tard, une promesse qui semblait ravir les deux parties en présences. Iustia comme Tullius recadrèrent alors leurs échanges sur des sujets bien moins grivois. La propriétaire terrien semblait désireuse de prendre des nouvelles du père de son invité de marque. C'était à la fois surprenant mais finalement tout aussi courtois. Cherchait-elle à sonder les positions de chacun dans la famille Tullius ? Mais pour quelle raison ? Haussant des épaules, le magistrat se plissa pensivement le bout de son menton barbus avant de daigner répondre.

- Il se porte, à ma connaissance, merveilleusement bien. Je te l'accorde, il semble se mettre quelque peu en retrait ses dernier temps. Cherche-t-il à affirmer sa passation de pouvoir ? Hmmmm... le connaissant, rien ne me le garanti. Mais je te l'accorde volontiers, je le trouve plus que de raison sur ses gardes ou sa réserve. Comme si... quelque chose le préoccupait. Mais cela passera j'imagine.

Il prit une courte pose, honoré par le compliment de la veuve Iustia avant de reprendre, un regard coquin en coin.

- Tu te languira bien plus de moi que de mon père, je peux te l'assurer. Sa carrière fut indéniablement longue et riche en succès, laissons le prendre un peu de recul. Je gage qu'il profite de vert pâturage. Tu sais, depuis le décès de ma mère, il ne s'est jamais octroyer quelques temps libre.

Déclara-t-il sur un ton léger après un début de discourt pourtant bien plus sérieux et préoccupé.

- Voudrais-tu que je lui fasse part de tes inquiétudes ? Rassure toi, il n'est pas reclus à son domus mais il est vrai qu'en ce moment, il préfère des établissements plus discret pour ses quelques sorties dans Edelmia.